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 | Les Portes V - Cette fois je ne fais pas l'erreur de donner un titre à l'avance |

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Adriæn Kælaria
~ Sirène ~ Niveau I ~

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Adriæn Kælaria
Sam 11 Mai 2024, 10:33

| Les Portes V - Cette fois je ne fais pas l'erreur de donner un titre à l'avance | - Page 7 Zwbn
Image par Kelogsloops
Les Portes V
Lambert



Le ballet de la discussion entre le médecin et Clémentin arrivait aux oreilles de Lambert comme un écho. Était-ce seulement un dialogue ? Ou un monologue entrecoupé des remarques du vieillard ? Le d’Eruxul connaissait le docteur depuis qu’il était enfant. Il l’avait soigné plusieurs fois. Son caractère renfrogné ressortait toujours lorsqu’il se trouvait avec des personnes qu’il connaissait ou estimait. Il avait été plus discret lorsqu’il s’était agi de la Princesse d’Uobmab. Lambert laissa son esprit vagabonder vers elle. Il espérait qu’elle allait mieux que lui, bien que sa blessure n’eût pas touché de point vital. Balthazar avait visé de façon à l’épargner, ce qui signifiait qu’il avait une connaissance réelle de l’anatomie. Que faisait-elle ? Où était-elle ? Chaque jour, il songeait qu’il avait pris la bonne décision. Ici, elle aurait été soit enfermée soit utilisée par des adultes. Il ne la croyait pas dénuée d’intelligence et d’autres qualités mais il la voyait comme ce qu'elle était : une adolescente. Comme tous ceux de son âge, elle pouvait être tentée de penser agir avec raison et discernement. Lambert savait, parce que le poids des années commençait déjà à l’accabler, qu’il n’y avait rien de plus facile à manipuler. Il s’inquiétait donc pour elle. Qu’importât sa destination, certains essaieraient toujours de profiter de sa situation. Ses pensées allèrent vers Rosette, Placide, Anthonius et Clémentin. Parfois, ces enfants étaient étonnants. Leur comportement revêtait un air de sérieux, leur regard brillait de motivation et les adultes pouvaient avoir l’impression qu’ils étaient aptes à avoir des responsabilités. Cependant, ce n’était qu’une illusion qui s’effritait rapidement à la moindre difficulté. Dans le fond, peut-être que Lambert pensait que personne n’était jamais prêt à endosser un rôle important et à sentir le poids de celui-ci courber ses épaules et qu’il valait mieux retarder l’échéance au maximum, le temps d’avoir vécu et de s’être repu d’expériences. Même les hommes et femmes importants doutaient. Montarville avait douté. Lui-même ne cessait de douter. Qu’en était-il de Judas ?

En silence, il écoutait Clémentin. Les soins que lui procurait le médecin étaient douloureux. L’homme détestait sentir l’outil entrer dans sa peau et en sortir. C’était pourtant nécessaire. Il ferma les yeux et les rouvrit tout de suite après, l’impression de sombrer le tiraillant avec l’obscurité. Un sourire étira pourtant ses lèvres et il rit aux derniers commentaires du docteur. « Pourquoi est-ce que tu l’as laissé boire ? » lui demanda-t-il. « C’est toujours intéressant à observer. » Lambert tourna la tête vers le brun. Il ne voyait pas d’inconvénients à ce que Rosette fût partie avec Garance chez Primaël. Il lui semblait que l’homme était avant tout un diplomate et il savait que la sœur de Montarville saurait protéger sa fille des mots qui pourraient éventuellement sortir de sa bouche par inadvertance. Au prix d’un effort, il se redressa pour enfiler la chemise de rechange prêtée par le médecin. « Nous irons chercher Rosette bientôt. » dit-il, en regardant toujours le garçon. Il l’observa plus en détails. Ce n’était plus un enfant mais pas encore un homme. Sous le coup de l’alcool, ça se voyait d’autant plus. Sa parole était libre comme un papillon en plein vol. Il devrait apprendre à se canaliser, même si le d’Eruxul trouvait le caractère bavard de Clémentin amusant. « Ton père était comme toi, en moins pipelette. Disons qu’il a été éduqué dans un milieu qui t’a été étranger toute ta vie et je pense que vos différences viennent principalement de là. Il avait bien plus de connaissances théoriques mais tu le bats à plate couture sur la pratique. » Lui aussi avait parfois des rêves farfelus. Il était certain que Montarville avait lancé l’idée de la ferme une ou deux fois au moins. À l’époque, Lambert avait été le premier à surenchérir. Puis la vie et ses obligations les avaient rattrapés. La jeunesse était un trésor précieux. Tout le monde n’avait pas le loisir de la conserver toute sa vie durant. D’épreuves en épreuves, beaucoup perdaient la lueur qui avait jadis trouvé place dans leurs yeux. Il faisait partie de ceux-là. Comme il en avait conscience, c’en était d’autant plus douloureux. Qu’était devenu le jeune homme qu’il avait été ? Parfois, il le retrouvait, lorsqu’il tenait Garance dans ses bras ou lorsque l’adrénaline battait tellement ses tempes que ses décisions en devenaient chaotiques. Mais ces moments étaient rares. Trop rares.

Les yeux de Lambert descendirent sur son ventre. Cela lui ferait une énième cicatrice. « Clémentin, je dois t’avouer quelque chose à propos de Rosette… » Il jeta un coup d’œil au médecin. Il devait lui dire qu’il avait interrompu l’avortement, que Rosette était toujours enceinte… Son aveu fut néanmoins interrompu par du grabuge en provenance de l’extérieur. « Que se passe-t-il ? »

794 mots
Rôle:



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Ssyi'hæ
~ Eversha ~ Niveau I ~

~ Eversha ~ Niveau I ~
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Ssyi'hæ
Sam 11 Mai 2024, 11:10


Image par Sai Teja Vuttaluru & Avatar par @st_hedge


Les Portes V ; Narfas
Jezeṃiās, dans le rôle de Sextus



TW : Baratinage

Rôle - Sextus:

Un sourire compassé sur les lèvres, Sextus parvint à écouter l'éloge que Luthgarde faisait de cette chouette d'Herminiette jusqu'au bout. Il se félicitait intérieurement de ne pas lever les yeux au ciel face à tant de sottise. L'aveuglement des autres l'avait toujours fasciné, c'était pour cette raison qu'il avait consacré tous ses efforts sur la voie de la Foi. Il avait beau le savoir, en avoir des preuves chaque jour, il surestimait toujours leur perspicacité. Il lui prenait parfois l'envie, lorsque la fatigue frappait son esprit de folie, de vouloir voir jusqu'où pouvaient aller leurs limites, par exemple en les convainquant tous de se suicider car la volonté divine le lui avait murmuré. « Ma chère enfant, vous avez raison et je loue les dieux de vous avoir envoyée à nous. » confia-t-il d'une voix chaleureuse qu'on aurait pu croire capable de panser les plaies de l'âme. « Votre clairvoyance et votre bonté me couvrent de honte. Je vous remercie humblement de m'alerter sur mes égarements vis à vis de votre protectrice. Les différends qui nous opposent m'ont obscurci l'esprit et durci l'image que je me fais de votre protectrice, j'en prend conscience grâce à vous. Je suis rassuré de la savoir en si adorable compagnie, j'en vois tous les bénéfices et je vous prie de bien vouloir pardonner mes conclusions hâtives. » Il n'était toujours pas avancé sur ce que ces deux femmes pouvaient bien avoir en commun, en dehors d'une sororité hasardeuse. Or, Herminiette était trop calculatrice pour être sujette aux trivialités des coïncidences. L'avait-elle approchée en la sachant proche du Grand Prêtre ? Il sondait au fond des prunelles de veau de la jeune étrangère en quête d'une lueur de discernement, en vain. Toujours, il les surestimait.

Le temps de hausser un sourcil à sa requête, Sextus vit sa main attrapée, puis plaquée de force contre celle de l'Ombre. L'étrangeté de la chose lui en fit perdre son éloquence et ce ne fut qu'en levant les yeux sur Herminiette et la glace abrupte dans ses iris qu'il retrouva ses moyens, réconforté par tant d'hostilité. Il lui adressa un sourire mielleux, à elle et à Luthgarde. « Vos sages paroles bercent mon cœur et mon âme. Vous avez raison, une fois encore, nous devons tous donner de nous-même pour l'amour de Narfas et ses sujets. » Il recouvrit de sa main libres leurs trois réunies, prenant un plaisir sans remords à prolonger ce contact avec Herminiette qui devait, il en était certain, avoir envie de la lui arracher sur l'instant. Il alla jusqu'à échanger un regard amusé avec elle, profitant que Luthgarde, yeux clos et extatique, clamait son discours passionné. Même lui n'aurait pas osé bramer de telles absurdités à ses fidèles. Ce devait être ce qu'on appelait un choc culturel. Le sérieux revint sur ses traits à la suite des propos de l'étrangère. « Pardon ? » Interloqué, il la scruta en se demandant si ce n'était pas elle qui avait perdu la tête. « Pourquoi y aurait-il la tête de l'ancien roi de Lieugro dans sa chambre, ça n'a aucun sens. » Par pur fanatisme pour Judas d'Uobmab ? C'était de la folie, mais Marcellin n'était rien sinon fou. « Comment l'avez-vous découvert ? » Fouillait-elle dans leurs chambres en leur absence ? Il posa un regard sévère sur elle, puis sur l'Ombre. Tout était insensé mais ils devaient s'en assurer, ne pas laisser le doute gangréner leur esprit. Il hocha la tête sombrement. « Apportons-la directement aux Lieugrois si nous la trouvons. » Et quoi ensuite ? Comment réagiraient-ils ? Sextus doutait qu'ils se montrent reconnaissants comme Luthgarde semblait le croire. Des tensions émergeraient entre eux et Marcellin. Songeur, il pesait les avantages et inconvénients quand Herminiette l'attrapa prestement par le bras. Dès qu'ils furent sortis, il le récupéra sèchement et lissa les plis de sa manche avec raideur. « À quoi rime tout cela ? » Plus commentaire que véritable interrogation, il fronça les sourcils, agacé face à cette situation qui échappait à son contrôle.

Alan-Gui disparut promptement, bien que le religieux eut le temps de lire sur ses traits un certain étonnement. Le pauvre homme ne devait plus savoir où se trouvait sa loyauté ni d'où venait un tel empressement à une heure si tardive. « Herminiette. » fit-il, soudain tendu en entendant l'écho de plusieurs pas à l'extérieur, couplé au son glaçant des armes qui s'entrechoquent. La porte s'ouvrit avant qu'il ne puisse articuler davantage et il regarda entrer avec une pointe d'inquiétude plusieurs soldates. Cette pénétration sans les formes ne présageait rien de bon et il jugea bon de laisser Herminiette parler le temps de prendre la mesure réelle de la potentielle menace. Il se savait irréprochable, il s'en été toujours assuré, mais il suffisait d'un mensonge pour diriger des lances sur sa gorge. Mentalement, il salua les directives d'Herminiette. Si Luthgarde disait vrai, Marcellin était fichu. Un de moins. « Qui désire nous interroger ? » s'enquit-il à la soldate. « Moi. » La réponse tomba, brève et tranchante, sans qu'elle daignât le regarder. Elle fixait Herminiette, le visage fermé, puis pivota vers ses soldates. « Fouillez toutes les pièces et amenez-moi tout le monde ici. Cherchez-moi cette tête, ça et tout ce qui vous paraîtra anormal. Vous, allez vous asseoir, sans gestes brusques. »

Docile, et un peu perplexe par la tournure des évènements, Sextus obéit et s'installa dans un des canapé à côté de sa comparse. Bientôt, Luthgarde fut amenée, encadrée par une soldate. Le prêtre lui adressa un sourire qui se voulait rassurant. Son regard fut attiré par un mouvement et son sourire s'évanouit brusquement en voyant entrer Marcellin et Pénélope, leurs corps nus poussés par les femmes armées. La soldate, impavide, s'abstint de faire un commentaire. Coi, blême, Sextus était incapable de détacher son regard d'eux. Les lèvres livides, il ne fit qu'effleurer la silhouette de la d'Eésnep, incapable de supporter la vision de ce qu'il avait de nombreuses fois imaginé pour harponner celle de Marcellin. Ses yeux se plantèrent dans les siens, imprégnés de haine. Il n'entendit même pas l'échange entre les soldates, rendu sourd par l'ouragan dans ses oreilles. « Ils sont tous là ? » « Oui. » « La tête ? » « Elles cherchent encore. » « Parfait. Dans ce cas, on va commencer. Je compte sur votre coopération à tous car je n'ai pas toute la nuit et vous n'avez pas envie de voir votre demeure partir en fumée. » Alerté par ses derniers mots, le prêtre la regarda. « Qu'est-ce que tout ça signifie ? » « On débarrasse Narfas des fauteurs de trouble, voilà ce qu'il se passe. » Un sourire froid, amer, étira les lèvres du prêtre. La déception lui dévorait le cœur. « Voilà une bonne nouvelle. Parce que nous avons ici-même une femme qui se sert librement des stocks de son frère, Melchior d'Eésnep, pour droguer certaines personnes haut placées. Dans quel but, je l'ignore, il faudrait demander à Marcellin, qu'elle a rencontré à plusieurs reprises et de qui elle semble être, de toute évidence, proche. »

Message V | 1222 mots

Sextus a le seum. La revanche est un plat qui se mange froid, bande de chacals.


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Jil
~ Lyrienn ~ Niveau 40 000 ~

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Jil
Sam 11 Mai 2024, 23:08


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Les Portes V
Jil, dans le rôle d'Anthonius





Plus rien n’a d’importance si ce n’est ma propre survie. J’étais une proie traquée, je suis un trophée de chasse en devenir. Mère avait raison. J’ai été jetée à la mer avant de savoir nager. Il n’aura fallu que quelques semaines avant que ses prophéties ne se réalisent. Je fais tout pour ne pas y songer, mais je sais que ce ne sont plus que des minutes, des heures peut-être, qui me séparent de mon viol, et peut-être de ma mort. Chaque fois que la pensée me traverse l’esprit, j’ai l’estomac qui se contracte si fort que j’en tremble. Je suis là, flaccide sur le sol de pierre, frigorifiée. Je n’ai rien à vomir, c’est peut-être ce qui m’empêche de me souiller à chaque fois que les haut-le-cœur me prennent. Je sais exactement comment ça va se passer, je ne peux qu’imaginer la douleur, la violence. On m’a ôté toute forme de contrôle, je suis une poupée de son aux mains d’un groupe de vandales déterminées à me briser. Ils m’ont kidnappé, ils vont me faire connaitre l’enfer, et si j’ai de la chance, ils me vendront à d’autres, qui feront la même chose. J’ai perdu mon statut de personne. Je suis un objet. Mère avait raison. Je veux partir. Je veux retourner à ma chambre, au palais, je veux gifler l’impertinente que j’étais, et redevenir Anthonius. Je veux retourner me rouler en boule dans mon lit, sombrer dans un sommeil éternel.

Je les entends parler. Ludoric, Placide. Adolphe est là, aussi. Je ne fais pas un geste, pas un murmure qui pourrait trahir ma présence. Je suis un animal à la merci de ses prédateurs, et mon seul espoir c’est de faire la morte. Rien ne me garanti que je puisse faire confiance à l’un de ces trois-là. C’est peut-être un piège, peut-être que l’un d’eux est infiltré, qu’il attend que je sois réveillée pour appeler le reste de ses acolytes. Certains chiens ne jouent pas avec les proies immobiles. Je serai un jouet cassé, peut-être qu’ils se contenteront de me jeter. J’entends Ludoric qui essaye de trouver une explication, j’entends Placide lui répondre, soulagé ; j’entends Adolphe essayer de se montrer rassurant. Ils sont dans le déni. Ils n’ont pas compris qu’il n’y a pas de lendemain ensoleillé, pas de petit-déjeuner faste, pas de draps propres, plus rien d’autre à attendre. Quatre morts en sursis. Mon ventre se tord à nouveau. J’aimerais avoir quelque chose à régurgiter, mais je me contente de laisser couler mes larmes, et de serrer les dents. Je ne veux pas mourir. Je ne veux pas me faire violer. Je veux juste retrouver Mère, je veux juste que tout ça s’arrête.

Quand la porte du cachot s’ouvre, je sens mon cœur s’arrêter. Ma peau se hérisse, ma poitrine me brule et je dégouline de sueur glacée qui me fait frissonner. Faites qu’ils ne me regardent pas, faites qu’ils me croient morte. Quand j’entends Adolphe les provoquer, je ne peux m’empêcher d’espérer qu’il les agacera assez pour qu’ils se focalisent sur lui. Lui, pas moi. Bien vite, je regrette. Il va trop loin, il va les mettre en rage. Ils vont nous tuer. Ludoric proteste, c’est à peine si on l’entend. En un instant, la scène tourne au pugilat, et je me recroqueville davantage sur moi-même. Je me couvre les oreilles, je ferme les yeux, je me coupe de tout. Je visualise un bateau, un trois-mâts rutilant, ses voiles claquent au vent, le pont est légèrement humide, les canons brillent au soleil. J’entends Adolphe qui proteste, qui supplie. La mer est vaste, salée. Les vagues se fracassent contre la proue, les cordages glissent sans effort dans les poulies, des mouettes ricanent en survolant le nid de pie. Je l’entends sangloter. Je ne suis pas sur le bateau, le bateau n’existe pas, il n’y a plus de mer à parcourir, aucune île à atteindre. Je passe mes derniers instants en compagnie de gens que je connais à peine, et bientôt, je serais morte.

Quand ils viennent nous chercher, un peu plus tard, je n’ai pas la force de résister, ou de protester. Je suis un mannequin brisé, qu’ils soulèvent sans peine. Ça y est. Est-ce que ça va faire mal ? Oui. Mère était explicite sur le sujet. Je sais qu’elle essayait de me faire peur, mais je sais aussi qu’elle ne mentait pas. Je ne veux pas avoir mal. Je n’entends rien, je garde le regard braqué vers le sol, à peine consciente que chaque pas me condamne un peu plus. On finit par me lâcher le bras, devant une grande table. Quand j’entends la voix de Père, je tressaille. J’ai l’impression qu’il est là, comme avant. Je deviens folle. Il nous invite à manger, et je redresse la tête, presque malgré moi, et il est là. Il est bien habillé, bien portant. Les hommes qui nous ont enlevé ne sont plus là. Ma vision se trouble, je titube ; je crois que je pleure, mais j’ai du mal à percevoir ce qui m’entoure, comme quand je tournais trop sur moi-même en jouant, quand j’était petite. Je reviens peu à peu à moi, et effectivement, je sanglote bruyamment. J’ai mal à la gorge, elle se contracte à chaque inspiration. Quand j’entends Père prononcer mon nom, je hoche la tête sans savoir ce qu’il me dit ; je suis juste heureuse d’être en vie. Je ne sais pas pourquoi il n’est pas en train de me prendre dans ses bras, pourquoi il n’est pas en train de m’emmener loin d’ici. Je veux juste qu’il me prenne avec lui, je veux juste partir. Au milieu de mes glapissements, je n’arrive à former qu'un son plaintif :

— « Papa.. ! »


954 mots



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♫ :

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Orenha
~ Eversha ~ Niveau I ~

~ Eversha ~ Niveau I ~
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Orenha
Dim 12 Mai 2024, 01:14


Images par wlop
Les Portes V
Orenha dans le rôle de Luthgarde

Rôle:
Malgré la gravité de la situation, Luthgarde était aux anges. Elle s’était enfin délestée de cette affreuse vérité qui lui pesait sur le cœur depuis des jours et il lui semblait que sa poitrine se soulevait plus facilement sous le Cercle des Âmes. L’approbation silencieuse de sa bienfaitrice ainsi que les généreuses louanges de l’ecclésiastique avaient brisé le verrou qui cloîtrait la peur dans sa cage thoracique ; leur communion y avait scellée en retour le sentiment qu’ensemble, ils parviendraient à mettre fin au chaos qui déchirait le pays.
Il était bien dommage que les deux Ombres n’aient pas réussi à mettre de côté leurs différends avant que les ravages n’aient été aussi catastrophiques, mais aurait-ce été au moins possible sans la présence de l’envoyée ? Aucune arrogance ne teintait le doux sourire de la jeune femme lorsqu’elle se formula cette pensée. Il était trop tôt pour se reposer sur ses lauriers.

« Je réalise à quel point cette révélation peut paraître choquante, voire insensée, » admit-elle avec un peu de retard devant l’air désemparé de ses comparses, sans se départir de son sourire. « Mais c’est la vérité, et j’espère que vous me pardonnerez de ne vous la partager que maintenant. L’angoisse m’a rendue muette et couarde. » Elle baissa le regard avant de jeter une œillade contrite à Herminiette. « Je craignais pour notre sécurité à tous les trois. » Les yeux bruns papillonnèrent pour englober de nouveau les deux Ombres. « Bien sûr, je comprends maintenant que j’aurais dû vous en faire part au plus tôt. »
Elle préféra garder sous silence la façon dont elle était devenue détentrice de cette information. Pour le moment, son but était de consolider ce lien fragile qui les rassemblait tous les trois, et apprendre que l’étudiante avait fureté dans leurs chambres à son arrivée dans leur demeure le mettrait à mal plus qu’autre chose. Aucune culpabilité ne l’accablait à ce sujet ; ses intentions étaient pures. Les Voix l’avaient mise en garde contre un traître, il y a un mois de cela – Elles l’avaient alors qualifié de "ratel" – et Luthgarde n’avait aucune raison de penser que parce que la révolte avait éclatée ce soir-là, il lui fallait cesser de se méfier ; bien au contraire.

L’envoyée se retint de les suivre dans le couloir. Non qu’elle souhaitait revoir le spectacle morbide de la tête coupée et de son autel aux couleurs d’Uobmab, mais il lui avait semblé qu’il était dans la suite logique des choses qu’elle les accompagne. Restée seule, elle se rassit lentement et se servit une tasse de thé. La sollicitude de sa bienfaitrice l’avait touchée ; elle attendrait ici leur retour. Peut-être que son rôle ne se cantonnait qu’à faire fleurir la confiance entre les deux Ombres… du moins, pour le moment. Les voir partir ensemble était une victoire à elle toute seule.

Elle n’avait pas fini son thé qu’Alan-Gui fit son entrée, les traits tirés, accompagné de femmes que Luthgarde reconnut comme étant les soldates de la Cheffe des Armées. L’image de la D’Epilut refit surface et plongea Luthgarde dans un état de profond malaise. Elle pensait pourtant avoir fait la paix avec ce souvenir.
L’une d’elles s’avança et lui saisit le bras, sans brutalité mais fermement. « Veuillez me suivre. » La jeune Etnias se raidit sous la poigne de la soldate mais n’opposa pas de résistance. « Que se passe-t-il ? » parvint-elle à articuler faiblement alors qu’elles étaient déjà sorties de la pièce. Était-il possible que la tête ait déjà été trouvée et que les autorités en aient été alertées ? Non, le laps de temps était bien trop court. Une lueur d’espoir fit soudain briller ses mirettes. Avait-on retrouvé Sa Sainteté ?! « Nous avons reçu des ordres que nous appliquons. » répondit la femme, l’air blasé et un tantinet narquois. Luthgarde comprit qu’elle n’en apprendrait pas plus et se laissa docilement emmener dans les couloirs jusqu’à la pièce où se trouvait déjà la majorité de la maisonnée. Elle hocha doucement la tête en apercevant les deux Ombres, se constituant une expression aussi sereine que possible.

Elle ne put cependant cacher son choc lorsque débarquèrent la dernière Ombre et une femme, tous deux dans leur plus simple appareil. Voilà donc à quoi donc ils s’adonnaient dans la pièce juste à côté. Au moins, preuve était faite de l’insonorisation des pièces.
La tension monta encore d’un cran après les menaces à peine voilées d’une des soldates. Elle s’apprêtait à intervenir mais Sextus fut plus rapide.
Confuse, elle se permit enfin de dévisager la cible des accusations du prêtre - elle s’en était gardée jusque là afin de préserver la pudeur de la malheureuse. Un bloc de glace lui tomba dans l’estomac. « Vous… vous étiez avec Sa Sainteté, le jour où une âme perdue a osé lever la main sur Lui... » Oui, plus elle étudiait ses traits, plus elle en était certaine. Les personnes au teint d’ébène étaient rares en ce pays, mais elle n’était pas non plus unique en ce sens ; cependant, Luthgarde gardait un souvenir précis des évènements qui s’étaient précipités durant cette funeste soirée où tout s’était écroulé comme un château de cartes. « J’étais accompagnée d’un homme qui se prétendait être l’Alchimiste de l’ancien monarque… un soi-disant Grand Pharmacien… s’agissait-il de Melchior d'Eésnep ? » Son teint devenu blême faisait ressortir les taches de son sur son visage, comme des éclaboussures sur un linge blanc. « Vous avez feint de tourner de l’œil, puis vous l’avez emporté à votre suite. Tout cela n’était-il qu’un coup monté destiné à me duper ? »
La colère se diffusa dans ses veines trop vite pour qu’elle parvienne à se contrôler.
« Vous et votre frère êtes-vous responsables de la tentative d’assassinat du Grand Prêtre ? » Luthgarde serra les lèvres, trop tard pour retenir les paroles enfiellées.
Gaspard d’Epilut avait survécu ; elle y avait veillé. À son chevet pendant des heures, à prier et à satisfaire le moindre de ses désirs tandis que la fièvre causée par l’infection de sa blessure obscurcissait Son esprit et L’emportait loin d’elle.  Elle avait alors rencontré l’homme mortel qu’il était, dans toute sa vulnérabilité, juste avant qu’il ne fasse d’elle sa Porte-Paroles.
Les d’Eésnep étaient-ils parvenus à lui inoculer un poison visant à accélérer son trépas... dont les effets secondaires incluaient la démence ? Si oui, alors… cela signifiait qu'ils étaient aussi responsables de la folle requête qu’elle s’était forcée d’accomplir sur les supplications de l’homme de foi.

Luthgarde tenta de se calmer, la pulpe de ses doigts pressée contre les pierres qui ornaient son décolleté. La rancœur était un poison dont elle ne voulait pas dans son corps. Derrière ses paupières frémissantes, ses yeux sombres étaient un gouffre sans fond.
« Mesdames. » Sa voix était blanche mais posée. « Je puis vous attester que l’homme ici présent, continua-t-elle en désignant Marcellin d’un mouvement de menton, est en possession de ce que vous recherchez. Je l’ai vu de mes propres yeux. Quant à la femme qui l’accompagne, ma foi… quelles qu’aient été ses intentions en s’ouvrant un passage dans cette demeure, je ne puis imaginer qu’elles soient bénéfiques pour le Royaume de Narfas. » Elle secoua la tête d’un air attristé. « J’espère cependant que vous ne tirerez aucun conclusion hâtive et que l’enquête ainsi que le jugement qui suivront leur éventuelle arrestation seront aussi approfondis que l’exigent des accusations aussi graves. » Un soupçon d’incertitude s’était glissé dans ses dernières paroles. La lame froide du poignard brûlait contre sa peau et la fiole de poison pesait à son cou. Croyait-elle encore véritablement à ce qu’elle disait ? En ces temps chaotiques, une justice plus expéditive n’était-elle pas préférable ?

Message V (XIII) | 1289 mots

Résumé :
Luthgarde est emmenée dans la salle où sont déjà interrogés les Trois Ombres ainsi que Pénélope.


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Avatar : "Chrysalis" de ameliaclairearts
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Ikar Pendragon
Dim 12 Mai 2024, 09:42



| Les Portes V - Cette fois je ne fais pas l'erreur de donner un titre à l'avance | - Page 7 Lfml

Les Portes V


Rôle :

Mes pas dans le couloir me semblèrent irréels. Tout me semblait déjà irréel depuis notre enlèvement. L’agression d’Adolphe ne voulait pas sortir de ma tête, elle et ce que j’avais pensé à ce moment-là : pourvu qu’ils ne me fassent pas la même chose. Mes pensées égoïstes me rongeaient. Mes actes des derniers mois rendaient mon cœur lourd. Je ne me reconnaissais plus.

J'aurais pensé que dans la difficulté, les valeurs que m’avaient enseignées mes professeurs seraient ressorties et que j'aurais été capable de m’illustrer à la manière de Lambert mais rien de tout ça n’était arrivé. Sorti du confort de ma position, je n’étais plus qu’une boule de jalousie et de colère, incapable de prendre les bonnes décisions.

Dans le couloir, je me demandai où est-ce qu’on nous amenait au juste. Plusieurs questions me tourmentaient, sans queue ni tête. Est-ce qu’Adolphe voudrait toujours me parler maintenant que j’avais été témoin de son déshonneur ? Pourquoi est-ce que Ludoric m’avait suivi et depuis quand le faisait-il ? M’avait-il suivi le soir où j’avais enfermé Clémentin dans cette maison en proie aux flammes ? Était-ce pour cette raison qu’il était étrange avec moi depuis quelques temps ? Devais-je rassurer Antoinette ?

Mon regard se fixa sur elle. J’aurais voulu poser sur son épaule une main protectrice. Je faillis le faire mais retins mon geste. Je ne savais pas comment il serait interprété par nos ravisseurs. Je ne savais pas où nous allions non plus. Je laissai donc mes bras en place, en écumant les possibilités, les cuisses nues d’Adolphe, ses suppliques, la lame du couteau et ses pleurs en fond. Derrière sa magnificence, Narfas était un Royaume barbare. Penser au fait que la mutilation qu’avait failli subir le fils de Tamara était auparavant pratiquée sur tous les soldats produisit une douleur fictive au niveau de mon entrejambe. Elle s’évanouit lorsque nous arrivâmes à destination.

Mes yeux s’écarquillèrent sous la surprise. Voir mon père bien vivant dans le salon de notre ancien château m’aurait fait l’exact même effet que d'apercevoir Balthazar bien portant, assis autour d’une table faste. Que se passait-il ?

Je m’approchai d’Antoinette doucement et passai une main dans son dos, comme pour la rassurer. Cette fois, j’avais senti que je pouvais me le permettre. Je ne laissai pourtant pas mes doigts s’attarder trop longtemps. Surtout, je n’avais pas l’impression qu’elle ait senti le geste.

J’écoutai les explications, la méfiance dans le cœur, jusqu’à ce qu’il me parle directement. Je n’aimais pas ce qu’il articulait. Ça reflétait bien trop ce que je m’étais répété plusieurs fois ces derniers temps. Mais il y avait Clémentin et les regards de Ludoric envers lui. Je ne pouvais rien lui laisser : ni le soldat, ni mon trône. Ce n’était qu’un paysan et il n’y avait aucune preuve qu’il soit vraiment le fils de mon père. Lambert en était convaincu mais il avait peut-être été dupé. Avait-ce seulement de l’importance ? C’était un bâtard.

Je regardai de nouveau Antoinette qui sanglotait. Je n’y arrivais plus. Je me sentais vidé. La scène qui s’était déroulée avec Adolphe avait provoqué mes larmes et, à force de tout imaginer, j’en étais arrivé à cet état où mon corps semblait en mode automatique et où mes pensées s’enchaînaient sans qu’aucune ne s’attarde véritablement.

Je finis par bouger et par m’asseoir. Le bleu de mes yeux se planta sur le Roi. Je ne comprenais pas pourquoi est-ce qu’il voulait nous aider. Si j’en croyais les adultes, il n’avait rien fait lors de la réunion qui s’était déroulée à notre arrivée. Pourquoi maintenant ? Et pourquoi pensait-il déjà Narfas perdu ? Abandonnait-il son Royaume ? Avait-il l’intention de fuir avec nous ? De nous utiliser comme monnaie d’échange aux frontières s’il se faisait arrêter ? Était-il simplement altruiste ?  

Le cri déchirant d’Antoinette fit retomber mes questions. Je ne savais pas ce que je voulais. Partir c’était renoncer. Rester c’était mourir. Entre ce que mon cœur me dictait et ce que le devoir qu’on m’avait inculqué m’ordonnait, il y avait un gouffre.

Je tentai une œillade en direction de Ludoric. Que voudrait-il faire ? Je ne voulais pas être séparé de lui. Et Adolphe ? Cet étranger pourtant si proche. Et Antoinette ? Je me voyais mal la laisser. Nous avions de nombreux points communs, dont la perte de nos parents, même si son père était encore vivant.

« Si nous partons… quelle vie mènera-t-on ensuite ? »

Devrais-je garder toute ma vie le secret de ma naissance ? Vivre comme un paysan ? J’avais du respect pour eux malgré mes pensées sur Clémentin. Néanmoins, je ne savais pas si j’étais capable de m’acclimater à une vie de labeur. Je ne savais pas comment gagner ma croûte. Je ne savais rien faire. Finalement, même si j’avais posé la question, je me sentais juste démuni.

« Je ferai comme tu voudras. »

Le murmure s’adressait au rouquin. J’aurais aimé pouvoir lui parler en privé. Si Clémentin disparaissait de l’horizon, peut-être que ça irait mieux ? Je le détestais comme je me détestais de vouloir faire confiance à Balthazar.  

838 mots

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Adriæn Kælaria
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Dim 12 Mai 2024, 10:53

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Les Portes V
Gao



Gao avait imité Tamara dans le choix de la boisson. S’il n’avait pas l’intention de s’enivrer, il avait appris très vite qu’une personne avec un verre à la main était plus estimée qu’une personne qui n’en avait pas. C’était une image de luxe, séductrice, comme un murmure qui aurait dit « Avec moi, l’on s’amuse. ». Il avait donc minutieusement observé les gestes de ceux qui tenaient de l’alcool entre leurs doigts, s’inspirant de ce qu’il trouvait élégant pour le reproduire chez lui. Il avait de la chance : ses mains étaient belles. L’effet aurait été réduit dans le cas contraire. Parfois, il caressait son verre, faussement pensif, comme il aurait caressé une femme. Il suggérait et aimait le faire. D’autres fois, les mouvements de ses doigts s’adressaient plutôt aux hommes. C’était subtil mais le message parvenait toujours à qui était intéressé. L’imagination s’emballait du simple fait de l’attirance. Gao songea que, même avec une tasse de thé, le mouvement des doigts de Primaël aurait pu faire chavirer les résolutions qu’il avait prises. Ce fut d'ailleurs à cet instant que la question de Tamara lui parvint. Il sourit. « Pour te répondre en toute honnêteté, c’est assez dur, c’est vrai. » Même sans elle, il y aurait pensé. Il avait appris à saisir tous les sous-entendus qui se rapportaient au sexe. Il en faisait beaucoup lui-même, par amusement et parce que ça lui permettait aussi de sonder l’intelligence de ses interlocuteurs. Son regard sonda celui de Primaël. La discussion risquait d’être tendue, à cause de Garance mais surtout à cause de lui et de ce qu’il était devenu. Néanmoins, les opportunités n’avaient jamais été aussi grandes. En contrôlant la pègre, il pouvait en faire ce qu’il voulait, y compris la détruire. Ce n’était pas ce qu’il avait prévu. Il comptait plutôt l’utiliser pour obtenir une place plus importante.

Alors qu’il allait s’inviter à la table des discussions, le mouvement d’Ivanhoë le fit taire. Il fixa le mot qu’il remit à Primaël. Ils devaient recevoir beaucoup d’informations à longueur de journée. La situation évoluait chaque jour et, surtout, chaque nuit. Gao plissa les yeux lorsqu’il aperçut le regard du roux sur lui. Il n’était pas sûr mais son instinct le trompait rarement. Cet homme ne l’aimait pas. Il inspira, en songeant qu’il ne l’appréciait pas non plus. Il pensa même qu’il aurait dû demander à ses subalternes de se débarrasser de lui au lieu de chercher à l’utiliser pour faire entendre raison à son ancien amant. Il ne pensa néanmoins pas que l’assassin avait planifié de le tuer. La situation ne s’y prêtait pas. Surtout, l’ancien semencier n’avait aucune raison de se pencher sur cette perspective. Primaël l’avait poignardé mais rien dans son comportement ne traduisait une quelconque haine à son égard. Ici, en présence de Garance et de Rosette, le blanc était convaincu que la conversation serait leur seule guerre. Il comprit l’étendue de son erreur lorsqu’il sentit ses cheveux être tirés en arrière. Il n’eut pas le temps de réagir. Les mots n’avaient aucun poids face à une lame aiguisée. Il sentit comme du froid, quelque chose de glaciale. Il avait déjà vécu la morsure du métal mais il ne fit pas tout de suite le lien. Sa situation lui apparut plus tardivement, quand le sang avait déjà imbibé ses vêtements et qu’il lui semblait remonter dans sa gorge. Il baissa les yeux en même temps que son corps chuta. Il sentit à peine le sol. C’était comme un élément lointain, qui ne comptait pas. Sa main chercha à calmer la douleur mais, au lieu d’une plaie bien définie, elle ne trouva que du liquide gluant et des morceaux de chair désordonnés. Il ne comprenait pas mais c’était trop tard pour chercher à démêler la situation de toute façon. Il fixa le plafond, et le plafond fut remplacé par le visage de Primaël qu’il visualisa d’abord avec netteté. Cette netteté s’évanouit progressivement, comme celle de ses phrases, du charabia qu’il racontait, tout droit sorti de son déni. Gao savait bien qu’il allait mourir. Il le sentait. C’était une évidence, aussi limpide que le sentiment qui l’envahissait à voir celui qui l’avait poignardé le premier penché au-dessus de lui. Il était heureux de constater sa tristesse. Il était certain, maintenant, que jamais il ne l’oublierait. Pour toujours, il marquerait son esprit. Il le hanterait, jusqu’à ce qu’ils se revissent, dans un autre monde, au-delà de la mort.

« Je suis désolé. Je ne sais rien. Je ne suis que le messager. » répondit l’homme de Balthazar, visiblement peu affecté par ce qu’il se passait autour de lui. Le sang, la violence et la mort, il y était habitué.

775 mots
Rôle:



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Siruu Belhades
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Siruu Belhades
Dim 12 Mai 2024, 17:25


Cette maison était imprégnée d’une énergie étrange. Ses murs avaient vu passer énormément de mots, de messages, d’espions. Ils avaient au fil des années pu entendre des murmures, des hurlements, des soupirs langoureux. Pourtant, la demeure n’avait jamais autant été en vie que ce jour-ci. Le récit des D'Eésnep est celui d’une insatiable ambition et, en tant que dernier représentant de la famille, je n’accepterais pas qu’il puisse être clôturé autrement qu’à la première personne. Mes mots sont ceux de Melchior D'Eésnep et, si vous voulez bien m’entendre, j’ai énormément de choses à vous expliquer.

Je pourrais commencer par parler de ce parchemin, qui m’avait été transmis il y a quelques temps. C’était au sujet d’une femme, enlevée pendant la révolution. On m’a fourni des renseignements sur cette dernière. Son nom, son origine et, surtout, son statut. C’était une lecture intéressante, si bien que j’ai eu du mal à y croire. J’ai même pensé que les agents qui me servaient d’espions avaient touché à ma marchandise, pour me fournir une histoire aussi rocambolesque. Puis, au vu des détails fournis par leur rapport, j’ai décidé de leur faire confiance. Malheureusement, je ne savais pas quoi faire de ces informations. Quoique… si, en fait. Mais avant de vous expliquer, il faut que vous compreniez quelque chose.

Enfants, ma mère nous racontait souvent l’histoire de M’Sissa et l’oiseau chapeau. C’était un conte originaire des côtes de Narfas – l’un de ces récits régionaux qui ne résonneraient sans doute pas avec les habitants des grandes cités. Les détails sont sans doute nébuleux pour mon frère et moi, mais je n’oublierais jamais la petite M’Sissa qui, désireuse de porter un chapeau pour aller à sa fête, demande à l’oiseau chapeau de lui prêter le sien. Or, quand l’oiseau chapeau revient récupérer son bien, M’Sissa refuse de lui rendre. Le pauvre oiseau est alors contraint de suivre une série d’épreuves pour obtenir son couvre chef. Je vous raconterai bien la fin de l’histoire mais, en vérité, je ne suis peut-être pas la personne la plus qualifiée. Car si ce conte était en fin de compte censé nous apprendre une leçon sur la générosité et le don de soi, j’ai toujours arrêté de l’écouter au milieu. Ce que j’en ai retenu, moi, c’est que M’Sissa a réussi à tromper son monde, et que l’oiseau chapeau s’est fait plumer. Alors, de la même manière, j’ai décidé de plumer Adolphe.

Tandis que je discutais avec Clémentin – un garçon au passage très agréable, l’on m’avait envoyé un autre mot. Un message qui indiquait clairement que la voie était libre pour moi pour récupérer le chapeau de l’oiseau ; pour récupérer Lénora. Alors, c’est ce que je fis. Après avoir congédié le garçon d’écurie, j’ai ordonné à une poignée de serviteurs à ma solde de chercher et de récupérer le colis dans le logement du garçon. J’étais plutôt fier de mon coup. Je sifflotais même, en lisant le mot de Clémentin qui sous-entendait que Gao puisse ne pas être mon frère. C’était absurde, mais on me l’avait très souvent dit. Malheureusement pour moi, j'étais convaincu que Gao partageait mon sang. Dans le cas contraire, les choses auraient été beaucoup plus simples. En d’autre temps, j’aurais sans doute aimé que l’un de nous soit un imposteur. J’aurais pu le faire évincer, et m’enfuir avec Pénélope. Cependant, ces temps-ci, je ne le détestais plus autant. Je le regardais souvent avec dédain ; pour sa carrière, pour son attitude, pour ses valeurs diamétralement opposées aux miennes. Clémentin avait beau dire que j’étais un criminel, je n’étais pas une pute, et j’avais toujours eu la tête sur les épaules : Gao avait profité d’un système injuste, que j’avais milité pour abroger. Maintes et maintes fois, j’ai essayé de l’éduquer. Il avait fallu que le couple royal soit neutralisé pour que Gao commence à changer. C’était une sangsue opportuniste incapable de raisonner sans égoïsme. Pourtant, il y a quelque chose d’attachant et de familier, dans le mépris que j’éprouve à son égard. Or, à en croire l’hystérique harpie qui venait de débarquer dans ma remise pour me jeter ma propose marchandise au visage, je ne pourrais plus jamais trouver confort dans son regard indifférent.

Parlons-en, justement. « Du calme. » S’il y a bien une chose que je sais, c’est que cette phrase aide toujours, en particulier lorsque l’on doit faire affaire avec une femme. « De quoi est-ce que vous parlez ? Je ne suis au courant de rien. » C’est aussi ce que je compte dire à la milice si on m’interrogeait au sujet de stupéfiants, de Gaspard ou – dans quelques heures – de Lénora. « Clémentin est parti et m’a laissé ce mot. » Je lui tendais prudemment le message, anticipant la possibilité qu’elle me le gifle des doigts. « Asseyez-vous, on va en parler. Expliquez-moi. » J’étais curieux de savoir pourquoi elle pensait mon frère mort. La chose me semblait assez improbable. Gao avait sans doute beaucoup d’ennemis, mais il ne pouvait pas nous quitter aujourd’hui. Pas ce soir. Pas avant de m'avoir vu au bras de sa fiancée.


Post XI | 832 mots
Rôle - Melchior:


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Kyra Lemingway
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Dim 12 Mai 2024, 21:58


Les Portes V

Un soupçon de déception macula ses traits lorsque Pénélope ne reçut pas le retour auquel elle espérait de la part de Marcellin. Elle n'attendait pas de lui qu'il soit son Prince Charmant à elle, non. Ce ne serait pas vers Marcellin qu'elle se serait tournée si c'était ce qu'elle cherchait. Les hommes de Narfas n'avaient, de toute façon, rien du Prince Charmant. Un hoquet de surprise lui échappa alors lorsque l'Ombre la souleva du sol pour l'emmener jusqu'à son lit. Agrippée à sa nuque, son cœur se mit à bombarder ses côtes en prévoyant la suite. S'y était ajouté un sentiment bien désagréable cependant. Celui de l'appréhension, du doute. Celui qui s'insinue vilement dans l'esprit à chaque première fois. La réception brutale sur le matelas secoua assez ses pensées pour que, le temps d'une fraction, elle oublie cette angoisse dont elle ne voulait pas. Un temps largement suffisant pour que l'intensité de la Luxure s'invite et ne laisse plus de place à autre chose qu'elle seule. Elle n'avait jamais connu ce plaisir qu'avec elle seule. Le frisson qu'un autre pouvait faire naître, ne serait-ce qu'en l'effeuillant, était une découverte car différent de l'entre-soi. Son cœur frappait jusqu'à ses oreilles ; ses poumons se noyaient sous les vagues successives de chaleur qu'irradiait son corps sous le parcours des doigts de son partenaire ; ses lèvres la brûlaient d'un désir croissant à mesure qu'elle libérait, fébrile, le corps du poète de ses remparts de tissus. Elle chavirait totalement et il n'y avait rien à quoi elle puisse se raccrocher, sinon la cause de son naufrage en personne. Ses iris rencontrèrent celles de Marcellin et elle ramena ses mains jusqu'à sa nuque. Finalement, ses doigts se refermèrent brusquement sur ses cheveux.

Elle avait oublié la collocation, le fait qu'ils ne soient pas seuls dans cette grande maison. Son attention n'était plus centrée que sur son amant, aussi n'entendit-elle pas le bruit des talons cognant le sol au-dehors de la pièce. Elle n'en prit conscience qu'à la seconde où l'on bouscula la porte qui s'ouvrit en grand sur les soldates de Tamara pour venir se saisir du duo, les forçant à se détacher l'un de l'autre. Pénélope exprima ce retrait rapide et imposé par un gémissement douloureux. « Lâche-moi ! » grogna-t-elle ensuite en se débattant pour échapper à la poigne de la soldate qui l'extirpait du lit. Elle ne prenait pas la peine de vouvoyer cette femme qui la maintenait fermement. Elles semblaient avoir, à peu de choses, le même âge. De fait, il y avait de fortes chances qu'elles aient été ensemble lorsque la brune se trouvait encore sur l'île où Tamara avait installé son camp d'entraînement et dissimulé ces filles. « Emmenez les en bas avec les autres. » ordonna l'une avant de faire un signe pour intimer aux autres de fouiller la pièce. Dans un sursaut de lucidité, Pénélope balaya rapidement la pièce du regard. Lorsqu'elle repéra son objectif, elle attendit d'être à proximité pour s'agiter à nouveau malgré l'étreinte toujours présente sur son poignet qui la fit tituber jusqu'à son pochon qu'elle écrasa avec force. Les deux flasques à l'intérieur se brisèrent sous son pied, heureusement protégé par le tissu, de sorte qu'elle n'en fut pas blessée. Seulement alors elle se laissa mener, non sang jeter un regard à Marcellin (oui j'ai décidé de laisser la faute, elle me fait rire vu la situation). « Il y a une éternité que j'aurais dû révéler à Wesphaline et Balthazar des magouilles de Tamara. Vous ne seriez pas ici à faire les fières si– » - « La ferme. » somma la soldate en la poussant en avant. « Vous auriez au moins pu nous laisser nous couvrir. » reprit Pénélope, amère. Elle n'obtint que le silence en réponse. Un long tchip y fit écho.



On les ramena dans le salon où avait débuté son échange avec Marcellin, et où se trouvaient à présent les deux autres Ombres ainsi qu'une troisième personne. Elle ignorait son identité. Elle l'avait peut-être rapidement croisée déjà, en venant au manoir, mais elle n'avait jamais cherché à lui porter plus d'attention. Son regard se posa un instant sur Sextus. Il semblait en colère, et elle avait une idée de la raison de son ire. Puis elle détailla Herminiette. La troisième Ombre se faisait discrète et Pénélope avait rarement eu l'occasion de l'observer comme elle pouvait le faire à présent. Un moment de gêne l'envahit soudainement, réalisant la tenue dans laquelle elle se présentait, et un court tchip agacé retentit tandis qu'elle se tourna sur la soldate prenant la parole. Des fauteurs de troubles ? Tout se passait très bien dans cette maison avant qu'elles ne débarquent comme des corsaires sur un vaisseau adverse. Son cœur manqua alors un battement à la prise de parole du religieux, lui faisant oublier l'interrogation au sujet de cette "tête" que les miliciennes cherchaient. « Quoi ? ». Son rythme cardiaque accéléra. Comment le savait-il ? Qui d'autre pouvait être au courant ? Qu'avait-il vu ou entendu ? Non, ce n'étaient pas les bonnes questions. Celles qu'elle devait se poser concernaient la façon de contester cette dénonciation. Il n'avait pas de preuve. C'était impossible. Plus que ça : elle n'avait jamais été celle qui versait la drogue dans le verre. Alors qu'elle ouvrit la bouche, prête à contester, elle fut interrompue par l'intervention de l'étrangère et la mention du bal. Le problème n'était pas dans les faits qu'elle énonçait — oui, elle était présente lorsque le Grand Prêtre avait été retrouvé agonisant. Le problème était dans le ton employé pour s'adresser à elle. « Quoi ?! » se répéta-t-elle, éberluée, lorsque l'immigrée fit tomber son accusation, fausse cela étant. Elle était totalement à côté de la plaque même. Un ouragan de panique et de colère secoua son être et son esprit fonctionnait à présent à toute allure, ressassant les critiques les unes à la suite des autres. Elle pouvait tolérer qu'on la mette en procès pour avoir voulu droguer ceux qui nuiraient à la conquête de Judas. Après tout, ce n'était pas totalement faux. Qu'on la condamne pour quelque chose qu'elle n'avait pas fait, en revanche, lui était inacceptable et la rage supplanta le reste lorsque la calomnieuse prit des airs de sainte en réclamant justice. « Tu vas la fermer oui. » pesta-t-elle, furibonde. Une colère sourde grondait dans ses tripes qui ne demandaient qu'à tonner dans l'air. Si ça avait été possible, l'accusatrice aurait été foudroyée d'un regard. Malheureusement, ce ne fut pas le cas. « J'espère que vous ne tirerez aucune conclusion hâtive. » répéta-t-elle, sardonique. « Tu te rends compte que c'est du foutage de gueules ça ? Tu es la première à conclure sur des idées fausses et des hypothèses foireuses. Tes accusations sont sans fondement et ne reposent que sur la base d'hypothèses et d'associations. ». À chaque mot prononcé l'intensité de sa voix s'accentuait, tels les roulements du tonnerre qui montaient en volume à mesure que l'orage approchait. « Je n'ai pas tué Gaspard. Mon frère non plus. Personne n'a tué Gaspard. Il est bel et bien en vie et bien portant, si ça peut rassurer ta conscience. Il est nourri, logé et à l'abri de n'importe qui qui voudrait sa mort, et ils sont nombreux ceux-là. ». Pénélope n'en faisait pas partie. Elle n'avait rien à gagner à la mort de l'ecclésiastique, ni rien à perdre à le laisser en vie. Si elle devait être traitée de meurtrière, qu'elle le soit avec la bonne victime. Elle se tourna vers celle qui semblait être la cheffe de la petite armée. « Vous voulez une preuve de ce que j'avance ? Allez à la demeure d'Eésnep, fouillez la de fond en comble si ça vous chante, et vous l'aurez. » grogna-t-elle avant de laisser échapper un nouveau tchip. Si elle ne voulait pas porter tort à Melchior — en partit parce que ce serait se porter tort à elle-même — sa vie et sa liberté lui était plus précieuse encore. Elle n'avait ainsi aucun scrupule à divulguer le secret qu'elle partageait avec son frère. « Ça, ce que tu avances, ce n'est que diffamations et propos fallacieux. Tu te crois supérieure avec tes airs de justicière à feindre t'inquiéter du sort d'un homme que tu auras fréquenté à peine plus d'une semaine, autant que j'ai feint le malaise en le découvrant dans sa marre de sang ; en clamant aider ces femmes à obéir à une ravisseuse. Tu ne vaux pas mieux que n'importe qui dans cette pièce. » siffla-t-elle avec violence. Sa nudité n'avait plus aucune importance, ni même la poigne de la soldate qui s'était refermée sur le bras de Pénélope en la voyant s'emporter. « Cracher à la gueule de l'innocent et accuser par association n'a rien de vertueux. » siffla-t-elle, relevant la tête pour toiser la menteuse avec mépris. « Il me sied de fréquenter Marcellin plutôt qu'un autre, cela ne justifie pas une condamnation, ou alors toutes les femmes qui sont passées dans son lit sont également à juger pour méfaits, même s'ils devaient relever de la chimère. ». Étrangement, ça allait déjà un peu mieux. Déverser sa haine ainsi avait été libérateur. Demeurait l'accusation de Sextus cependant, aussi se tourna-t-elle vers lui en lui jetant un regard accusateur. « Quant à vous, donnez-nous une seule raison de croire un homme jaloux. C'est vrai, mon frère ne commerce pas seulement les meilleurs thés de ce royaume. C'est vrai, il m'arrive d'avoir de cette drogue sur moi parce que je l'aide dans ce commerce parallèle, surtout depuis que la demande augmente. Mais je ne fais que fournir la drogue. Je ne suis pas assez proche de ces personnes dont on m'accuse vouloir les droguer pour pouvoir le faire sans me compromettre, et si ça vient de l'un ou l'une des consommatrices, alors je n'ai rien à y voir. Ce que les autres font de la drogue une fois en leur possession, ce n'est pas mon problème. ». La brune n'avait rien nié de ce dont l'accusait le prêtre. Ça aurait été inutile et contre-productif. Elle s'était ainsi contentée d'omettre les informations qui pouvaient être compromettantes. « Quelqu'un d'autre à quelque chose à ajouter, une autre accusation peut-être ? Herminiette, vous ne vous êtes pas exprimée ? Allez-y, puisqu'il a été décidé de m'accabler de tous les maux, ne vous gênez pas ! ». Elle n'ajouta rien de plus, se contentant à présent d'observer chacun des protagonistes de la salle avec toute la rage du monde.
©gotheim pour epicode


Post IV | Mots 1700 et des cabrioles
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Dim 12 Mai 2024, 22:06


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Explications


Hop !

On continuuuueeeeee

Pour rappel : À la fin du précédent volet, une première révolte a grondé dans le Royaume de Narfas, fomentée par Primaël et ses alliés, suivie de beaucoup d'autres. Nous sommes un mois après la première. Le Royaume connaît une grande instabilité. Le peuple est partagé concernant la direction à prendre. Certaines personnes ont quitté Narfas, d'autres ont profité de la situation pour se faire un nom ou pour commencer / continuer des trafiques en tout genre. La drogue s'est développée à une vitesse fulgurante et la traite des êtres humains se fait presque en plein jour. Les problèmes de natalité persistent. Néanmoins, l'ordre religieux qui avait été établi jusqu'ici est également instable et les règles ne sont plus respectées. Le peuple débat (les débats c'est dans le meilleur des cas ; généralement la population se tape dessus) et ne sait plus à qui faire confiance. Plusieurs tendances s'opèrent néanmoins dans ce chaos où les grandes têtes de l'ordre religieux et de la royauté sont mortes ou ont disparu :
- Ceux qui voient Primaël, Tamara et Ivahnoë comme des sortes de messies, venus délivrer le peuple. Le pouvoir devrait donc leur revenir. À noter que Tamara jouit d'une véritable popularité chez les femmes.
- Ceux qui voient Garance/Placide comme la solution à adopter (ils viennent d'un Royaume qui était en paix et prospère avant l'invasion de Judas et sont de sang royal)
- Ceux qui voient Anthonius comme le souverain légitime (puisque c'est l'enfant de Balthazar et de la Reine défunte, Wesphaline).
- Ceux qui pensent qu'il faudrait allier les trois précédents afin de créer un ordre nouveau.
- Ceux qui ne jurent que par les tradition et par la religion (et qui rejoignent assez ceux qui soutiennent Anthonius)
- Ceux qui pensent qu'il serait mieux de se rendre à Judas puisque cela clôturerait les guerres définitivement, personne, selon eux, n'osant s'attaquer au Roi.
- Les autres qui peuvent avoir des pensées diverses et variées (exemple : il serait bien de confier le royaume à un trafiquant de drogue / quelqu'un qui s'y connait en affaires, même si ces affaires sont plus que douteuses).

Le Royaume est également instable sur la question de la faute de la situation actuelle (en fonction des convictions, certains accusent les réfugiés du Royaume de Lieugro d'être à l'origine des problèmes alors que d'autres pensent qu'ils sont venus délivrer le peuple etc...) et sur la question des relations entre les hommes et les femmes. Les femmes ne décident a priori plus pour les hommes dans le chaos mais certains hommes en profitent pour tenter de leur faire payer ce qu'elles ont pu leur imposer par le passé alors que d'autres sont incapables de prendre des décisions seuls. Certaines femmes désirent céder volontiers le commandement alors que d'autres s'y accrochent.

Plusieurs quartiers ont été brûlés, détruits ou pillés et beaucoup d'habitants se retrouvent à la rue, sans argent, alors que d'autres ont réquisitionné des zones qu'ils protègent avec des armes.

La question du Royaume de Lieugro se pose également puisque les réfugiés veulent toujours récupérer le territoire. Des locaux y voient aussi une opportunité et les trafiquants d'armes se frottent les mains à l'idée d'une guerre à venir, en plus du chaos déjà existant sur place.

Rps importants
------ Jeux de mains, jeux de vilains - Merlin, Zébella et Judas
------ Sous le magnolia - Ezémone et Nicodème
------ Mon preux chevalier - Adolestine et Alembert
- Le Royaume de Lieugro - Le vieux Roi
----- Le retour du légendaire pipou - Irène et Gustave
- Le Royaume de Lieugro - La chute du vieux Roi
- Le Royaume de Lieugro - L'avènement du Roi sadique
----- La fuite - Adolestine
- Le Royaume de Narfas - La révolte de Narfas
----- Les fuyards - Zébella et Childéric
----- On annonce une tempête - Judas et Coline
----- Le Maître de la forêt - Merlin et Adénaïs
- Le Royaume de Lieugro - La chute du Roi Sadique
------ La dispute - Ezémone et Nicodème
------ Par le pouvoir d'un mot, je recommence ma vie - Zébella et Adénaïs
------ Tremblement dans le monde

Compte du nombre de messages


Du Royaume de Lieugro :
- Hélène (Garance) : XXII
- Ikar (Placide) : V
- Dastan (Ludoric) : XXII
- Adriaen (Lambert) : VII
- Yngvild (Rosette) : XXII
- Erasme/Ilias (Clémentin) : VI

Du Royaume de Narfas :
- Aäron (Balthazar) : V
- Jil (Anthonius) : XV
- Eméliana (Tamara) : V
- Zeryel (Adolphe) : XVI
- Lysium (Melchior) : XIV
- Sympan (Gao) : VII
- Oriane (Pénélope) : XV
- Lorcán (Ivanhoë) : XIII
- Lazare (Primaël) : XIII
- Orenha (Luthgarde) : XIII
- Jezeṃiās (Sextus) : V
- Blu (Herminiette) : V
- Seiji (Marcellin) : XII

Deadline Tour n°6


Dimanche 19 mai à "18H" | Je posterai à 20h00 max (en fait je ne sais pas, j'éditerai quand je saurai 8D)

Il reste 4 tours (le RD se finira la semaine du 3 juin)

Gain Tour n°6


- 1 point de spécialité au choix
ET
- Localisation : En s'aidant de cartes (plus ou moins précises en fonction de ce qu'il souhaite), votre personnage peut faire apparaître la localisation des autres protagonistes du conte, à savoir : Aäron, Jil, Eméliana, Zeryel, Lysium, Sympan, Oriane, Lorcán, Lazare, Orenha, Hélène, Ikar, Dastan, Adriaen, Yngvild, Ilias, Jezeṃiās, Blu et Seiji, et suivre leurs déplacements.

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Zeryel
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Zeryel
Dim 12 Mai 2024, 22:40

| Les Portes V - Cette fois je ne fais pas l'erreur de donner un titre à l'avance | - Page 7 O8bs
Les Portes V ; Narfas
Lorcán, dans le rôle d'Ivanhoë, l'assassin




Rôle - Ivanhoë Emmog:

Traître. Plus que tout le reste, plus que les larmes de Primaël qu'il avait regardé sans rien ressentir, ce mot se ficha en lui à la manière d'une écharde qui s'enfonce un peu plus à chaque respiration. Traître. Il n'aurait jamais cru que de simples termes puissent encore le blesser. Après avoir vogué de déception en déception, au sujet de sa mère dont l'indifférence n'avait pris fin que dans son dernier souffle dans les dunes, de son père, assez détestable pour avoir fait fuir son propre fils, et de son frère qui n'était au fond qu'un étranger avec qui il n'avait rien en commun, Ivanhoë s'était senti comme un pot dans lequel il n'y avait plus rien à creuser, plus aucune terre dans laquelle faire germer quoi que ce soit. Il n'y avait plus eu que son rêve, et Primaël sans qui le rêve s'effondrait. Il était le seul sur qui il pouvait compter, le seul qui méritait de vivre et le seul pour qui il aurait voulu mourir. Ses doigts blanchirent sur la poignée de son poignard alors que la bouteille volait en éclats derrière lui. Il sentait Rosette trembler comme une feuille, sentait sa détresse qui exsudait. Il s'en isola. Il avait pu commettre l'erreur d'éprouver de la pitié, les premières fois. Malade de remords, il avait revu leurs yeux suppliants s'éteindre partout, dans le noir, dans les ombres, jusque dans les yeux des vivants. Puis il avait appris à se protéger. Désormais, donner la mort était devenue d'une banalité indécente. Il exécutait avec un détachement résigné, parce que quelqu'un devait bien se salir les mains.

Sa vision se resserra sur le visage défait de Primaël et ses prunelles descendirent sur ses lèvres déformées par ses cris. Traître. Le mot pulsait à chaque martèlement de son cœur. Comment pouvait-il l'accuser, lui, entre tous ? Comment pouvait-il être aussi aveugle et ne pas voir que tout ce qu'il faisait, il le faisait pour lui ? Il baissa les yeux sur sa lame, que Primaël avait éloigné de la gorge de la fille. Il ne comprenait pas. Gagné par l'incertitude, Ivanhoë sentit sa main trembler en voyant le sang goutter de la paume de son amant. Il ne pouvait pas penser ce qu'il venait de dire, il ne pouvait pas désirer sa mort. Ses sourcils se froncèrent. C'était ridicule. C'était Primaël qui ne comprenait rien. « Arrête. Lâche-ça, et ressaisis-toi. » asséna-t-il fermement. Il ne lui avait rien caché de sa précédente relation avec Gao, mais elle appartenait au passé. Sa mort ne devait pas justifier une telle folie. Allait-il tout gâcher pour un homme qu'il avait aimé ? Qu'il aimait peut-être encore ? Ivanhoë chassa le doute affreux aussi vite qu'il vint. Il refusait de le croire. Il rejetait tout en bloc, l'hypothétique innocence de l'ancien semencier, le fait que Primaël soit aussi faible face à ses émotions, le fait qu'il avait peut-être commis une erreur.

La voix de Garance s'éleva et il la regarda. Elle avait avancé l'hypothèse que Balthazar se soit échappé, et si c'était vrai, ils étaient en train de perdre du temps. Ils devaient le retrouver et faire ce qu'ils auraient dû faire un mois auparavant. Le visage fermé, il écouta la princesse parler. Une désagréable pointe de malaise naquit au creux de son ventre. Sa conclusion, évidente maintenant qu'elle était énoncée, lui fit perdre les quelques couleurs qui lui restaient. L'ancien roi l'avait manipulé et lui n'avait rien vu. Un dégoût sans commune mesure l'inonda, bloqua ses voies respiratoires. L'annonce additionnelle de l'enlèvement des quatre adolescents ne le fit pas réagir. Le regard plongé dans celui de Primaël, dans l'immensité de sa douleur et de sa rage, il se sentait perdre pied. « Je... » Du coin de l'œil, il surprit le mouvement de Tamara et ses réflexes prirent le relais. Il relâcha le poignard avant de sectionner les doigts de son amant et Rosette dans le même temps. Le verre explosa au sol derrière lui. Genoux fléchis, tout son corps se gaina dans l'anticipation d'une offensive de la rousse qui ne vint jamais, pas sur lui en tout cas. Le regard hagard, absent, il les regardait sans bouger. Si elle voulait tuer Garance, Ivanhoë n'allait pas l'arrêter, mais elle se contenta de la relâcher aussi vite qu'elle l'avait attrapée. Il décelait une forme d'urgence dans son comportement dont la raison était vite trouvée. Utiliser Adolphe pour mieux manœuvrer Tamara avait été une des stratégies évoquées avec Primaël à l'époque. Il n'était pas surpris que d'autres eussent la même idée.

La porte claqua derrière elle et l'assassin expira par le nez. Il voyait la forme de Gao qui baignait dans son sang plus loin. Un vertige lui fit fermer les yeux quelques secondes. « Rien de tout ça ne serait arrivé si on avait exécuté Balthazar. » lâcha-t-il finalement, écœuré. Il rassembla ses pensées. Tamara avait raison. Ils devaient penser à l'avenir. Il ne regrettait pas d'avoir tué Gao. Il avait peut-être agi pour la mauvaise raison, mais il était prêt à le tuer encore. Il refusait que quiconque puisse avoir une emprise sur Primaël. Éliminé, l'ancien semencier n'était plus une menace. Ils devaient maintenant se concentrer sur celles qui pesaient encore sur eux. « Qu'on ait eu des preuves ou non ne change rien. Il risquait de t'influencer, et cette femme le savait. » Il pointa un doigt sur Garance. « Pourquoi crois-tu qu'elle soit venue avec lui ? Ils allaient tous les deux profiter de toi pour servir leurs propres intérêts. Ils se fichent de toi. Gao est-il seulement venu te reparler une seule fois avant que tu ne sois soudainement l'homme qui tient Narfas dans sa main ? Si tu ne le vois pas, moi je le vois. Je les vois tous, à tourner autour de toi, comme des vautours. Et je les tuerai tous. On ne peut pas se permettre la moindre brèche. Gao en était une. Il était un point faible, et on élimine les points faibles. Je ne devrais pas avoir besoin de te le dire. » Il détestait avoir cette conversation avec la Lieugroise dans la même pièce, mais après la scène que Primaël venait de faire, il était trop tard pour faire machine arrière. Il ficha son regard dans celui de Garance. Il la voyait comme une sangsue, qui s'accrochait là où elle pouvait pour ponctionner le pouvoir et l'influence des autres, qu'importent qui ils étaient. Elle n'avait aucun honneur, aucune limite. Elle n'était pas la seule. Tous étaient ainsi et il les haïssait tous. Il ramena son attention sur Primaël, se força à ignorer les marques de sa détresse. « Je vais tuer Balthazar. » Ce n'était plus une demande. Ce qui était une nécessité logique aux yeux d'Ivanhoë était devenu personnel et il ne laisserait rien ni personne se mettre sur le chemin de sa vengeance.

Message VI | 1211 mots
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Lun 13 Mai 2024, 07:56

| Les Portes V - Cette fois je ne fais pas l'erreur de donner un titre à l'avance | - Page 7 O0px
Les Portes V ; Narfas
Zeryel, dans le rôle d'Adolphe



Rôle - Adolphe d'Epilut:

Adolphe avait passé les minutes suivantes dans un état second. Les minutes auraient pu être des heures, il l'ignorait. Si les autres lui avaient adressé la parole, il n'y avait pas donné suite. Ses maxillaires serrées à en devenir douloureuse, il en aurait été incapable même s'il l'avait voulu, ce qui n'était pas le cas. Il les aurait voulu tous morts. Eux, les semenciers, tous. Son visage n'était plus qu'ondes de souffrance pure. Il devinait son nez cassé, mais ce n'était pas ce qui le préoccupait le plus. Pelotonné comme il pouvait contre le mur, il guettait le retour des anciens semenciers avec une appréhension qui lui tordait le ventre et quand il avait entendu le bruit des pas, il avait cru défaillir. Puis les chaînes étaient tombées et on leur avait demandé de les suivre. Le cœur battant, l'adolescent avait lutté pour retenir des sanglots de soulagement. Sa mère avait vite agi, mais trop tard malgré tout. Avec des gestes fébriles, il avait récupéré son pantalon qu'il avait enfilé, dos aux autres. Il refusait de les regarder, sentait qu'il ne pourrait pas supporter leurs regards, qu'ils soient empreints de sollicitude ou d'indifférence, ça importait peu. Ils avaient vu et entendu, et ça lui donnait envie de se ruer sur eux pour les étrangler pour qu'ils ne sachent plus la souillure de sa honte.

Le retour à l'air frais avait été comme marcher dans un rêve. Il avait rempli ses poumons avec ébahissement. Il faisait toujours nuit. Ils n'avaient pas dû être enfermés plus de quelques heures, ce qui lui paraissait absurde. Il avait suivi leurs sauveurs sans discuter en se demandant ce qu'il allait dire à sa mère. Rien du tout. Personne d'autre ne devait savoir, et surtout pas elle. Il espéra que les autres tiendraient leur langue mais n'osa pas leur en faire la demande. Il se tenait en retrait, incapable de croiser leur regard, encore moins leur parler.

Son regard parcouru avec curiosité la maison où ils se trouvaient. Il devait s'agir d'une autre résidence de Primaël car il ne la reconnut pas. Il n'avait pas envie de voir le rebelle, il ne voulait voir personne, juste rentrer chez lui, se laver, dormir et oublier. Son erreur lui fut révélée sous les traits d'un homme qu'il ne s'attendait pas à revoir de sitôt, et surtout pas tranquillement installé à une table, libre et s'apprêtant à entamer un goûter nocturne. Quelque chose clochait et tous ses sens s'éveillèrent, en alerte. Antoinette éclata en sanglots et Adolphe la regarda brièvement, elle, puis son père. Il n'allait visiblement pas assister à de tendres retrouvailles. Il trouvait son comportement étrange, comme déplacé. Peut-être était-il trop habitué à jouer son rôle et désormais, n'arrivait plus à en sortir, pas même pour aller réconforter son propre sang et marquer sa joie de la retrouver. Il se concentra sur ses propos mais ne fit pas un geste pour s'asseoir et se servir. La méfiance le pétrifiait sur place, comme un animal aux aguets et quand le souverain s'adressa à lui, ses sourcils se rejoignirent. Il voulut protester, l'interrompre, lui dire qu'il n'avait plus rien d'un enfant mais ce qu'il disait était trop important et il le laissa finir, le regard empreint de défi. En quelques mots brefs, Balthazar dressa un tableau cynique de l'avenir de Narfas. Il l'ignorait capable de telles réflexions, quand il savait combien la Reine avait toujours été celle qui lui chuchotait quoi dire à l'oreille.

« En somme, vous quittez le navire. » s'entendit-il répondre, la voix enrouée. Il se râcla la gorge et s'avança jusqu'à une chaise dont il attrapa le dossier. Les articulations blanches, il planta son regard dans celui du Roi. Il s'était agenouillé devant lui, auparavant. Désormais, il n'avait plus aucune autorité, pas à ses yeux. « Ma mère va vous tuer quand elle vous retrouvera. » articula-t-il. Et qu'avait-il voulu dire par proches ? Il avait perçu l'inflexion de sa voix en le disant et avait tiqué intérieurement. Il savait combien sa mère était libérée sexuellement, et avait souvent souhaité ne pas autant le savoir. Entendre les commentaires des soldates entre elles était une torture, même s'il faisait toujours mine de ne pas entendre. Avait-elle pu avoir aussi une liaison avec le Roi ? Pendant combien de temps ? Ses mains relâchèrent la chaise. « Je m'en vais. » Il ne précisa pas où, mais sa décision était prise. Il ne fuirait pas. Il n'était pas un couard. Balthazar avait mentionné Judas. La menace Uobmabienne avait toujours été réelle, et sans doute aujourd'hui plus que jamais. Qu'il vienne, songea-t-il. Judas n'était qu'un homme, malgré les contes qu'il entendait à son sujet, mais il n'avait encore jamais dû se frotter à sa mère. Adolphe tourna les talons sans accorder un regard aux autres qu'il n'osait plus regarder, Placide encore moins que les autres, et quitta la pièce.

Une fois dehors, il prit immédiatement la direction du logement qu'il s'était approprié. Il ne voulait pas rentrer tout de suite pour voir sa mère. Il se sentait prêt à craquer à tout moment et ne souhaitait pas que ça arrive face à elle. Il se figea quand la poignée de la porte d'entrée s'actionna sans qu'il eut besoin d'entrer la clé. À pas de loup, il pénétra dans la maison, à l'affût du moindre bruit, de la moindre respiration. Rien. Dans le noir, il se dirigea vers un des murs où il savait avoir accroché une lame fine. Sans armes, il s'était senti affreusement nu et vulnérable. Sentir la poignée de l'épée dans sa main lui redonna quelques forces et il se sentit presque comme lui-même à nouveau. Sa respiration s'égalisa. Ses traits se durcirent en voyant la porte menant à la cave grande ouverte.

Quand il remonta quelques minutes plus tard, le visage agité de tics nerveux, Adolphe s'immobilisa un moment dans le salon, puis envoya son poing dans le mur. Il grogna de rage et de douleur mêlées en sentant la peau de ses phalanges s'ouvrir. Lénora n'avait pas pu s'échapper seule. Une longue chaîne reliait sa cheville au mur à côté du lit qu'il avait mis à sa disposition. Quelqu'un l'avait nécessairement aidée, mais qui ? N'ayant pas la réponse à cette question, il se mordit la lèvre inférieure. Lénora en savait trop pour qu'il puisse se permettre de la laisser en vie et libre. À elle, il avait tout confié. Ses sentiments ambivalents pour sa mère, qu'il aimait, mais qui bloquait son ascension, ses ambitions, ses difficultés au sein de l'armée, le premier homme qu'il avait tué, et tous les autres. Le plaisir qu'il ressentait en plongeant sa lame à travers les corps. Il lui en avait même fait la démonstration, un jour, en lui entaillant simplement le bras d'une longue estafilade. Il avait adoré l'entendre hurler, alors il avait recommencé, de temps en temps. « Merde. » siffla-t-il. Il devait rapidement la retrouver, et la tuer avant qu'elle ne parle. Il se rua au dehors et couru. Il ne savait pas où aller. Il réfléchissait. Est-ce qu'il s'agissait des Lieugrois ? Ils avaient dû s'apercevoir de sa disparition et avaient dû la rechercher. Elle n'était pourtant qu'une domestique, qu'il avait cru rattachée à Childéric. Le soldat parti, il avait profité de l'aubaine. « Adolphe ? » Il se figea, l'arme au clair, et rencontra le regard d'une soldate. Il abaissa son épée de quelques centimètres. « Qu'est-ce qu'il t'est arrivé ? Tu es couvert de sang. Tu es blessé ? » « Ça va. » mentit-il. La soldate haussa les sourcils, dubitative. « Tout le monde te cherche, toi et les autres. Viens. » « Balthazar s'est échappé. » « On sait. On le cherche aussi. Attends, comment tu sais ? » Elle s'arrêta, suspicieuse. « J'étais avec lui, il y a environ une heure. Dans le quartier est. Antoinette, Ludoric et Placide étaient avec moi. Je suis parti. Mais ce n'est pas lui qui nous a enlevés, c'était Gao d'Eésnep. Il nous a libérés. Je crois qu'il veut quitter Narfas. » Le doute imprégna les traits de la soldate. « ... OK, suis-moi. »

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Seiji Nao
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Seiji Nao
Lun 13 Mai 2024, 22:35





Aux yeux du poète, le monde extérieur se résumait à la chair sombre et chaude sous ses doigts et sur ses lèvres. Les sens envahis par le plaisir, sa conscience vacillait, anéantie pour un instant. L’envie de laisser libre expression à son corps le prenait ; mais il ne voulait pas mettre un terme à leur étreinte, pas tout de suite. La respiration hachée, il s’apprêtait à inverser leurs positions, lorsqu’une main d’ogre s’abattit dans son dos, le tirant en arrière. En une seconde, peut-être moins, il se retrouva les fesses sur le sol, nu comme un ver. Le vice planta un sourire au coin de sa bouche ; sans doute Sextus, revenu dans le salon pour une raison ou pour une autre, avait-il compris à quoi ils s’adonnaient, et venait-il réclamer vengeance. Il n’allait pas laisser la grenouille prendre le dessus. Prêt à lui décocher une droite dont il garderait la marque pendant des jours, il s’interrompit en apercevant la mine d’une soldate, aussi avenante qu’un abat-jour. La cervelle en effervescence, il se laissa relever, tentant de comprendre ce qui leur valait un tel traitement. Les cris de Pénélope, en arrière-plan, lui parvenaient à peine, comme si elle hurlait au fond de l’eau. Il tiqua cependant lorsqu’elle mentionna les manigances de la Cheffe des Armées. Suivant le chemin qu’indiquait les deux rabats-joie, il lui lança un regard vide. Pourquoi n’avait-elle pas dénoncé la rouquine aux muscles d’airain ? Plus important encore, pourquoi ne lui en avait-elle pas parlé ? Son poing se serra doucement : il lui reprocherait son silence, le moment venu.

En arrivant à destination, Marcellin découvrit, à sa grande déception, ses colocataires, et la sangsue qui leur collait aux basques depuis peu. Devant le minois sévère des soldates, les accusations fusèrent de tous les côtés. Lorsqu’il fut mention de son précieux artefact, il étouffa un ricanement. La garde auprès de lui, trop vigilante à son goût, lui asséna un coup de coude dans le ventre. Le souffle coupé, il laissa les autres vociférer. Incapable d’accepter qu’il lui eût damné le pion, Sextus cracha son venin sur Pénélope, une initiative que partagea la nouvelle venue, et qui déclencha la fureur de la belle. Jetant un regard en coin à la grenouille lorsqu’elle mentionna la survie du Grand Prêtre, il crut le voir serrer les dents. Ce n’était que justice. Vaguement ennuyé de la tournure des évènements, le poète poussa un long soupir.

« Je pense qu’il est temps de prendre une bonne inspiration et de démêler la situation avant de tout envenimer. Voudriez-vous bien fournir au moins de quoi se couvrir à cette demoiselle ? »

Il lui fallait en venir au sujet qui risquait d’attirer sur lui la méfiance et le courroux des soldates. Ses yeux se promenèrent sur la scientifique, le cul béni et la fanatique. Lequel avait découvert sa petite merveille ? Il ne doutait pas que Sextus et Herminiette eussent fouillé ses effets personnels un jour ou l’autre, comme lui-même l’avait fait. Lequel espionnait les autres ? Quel que fût le coupable, s’il le privait de son bien le plus cher, il aurait à en payer le prix.

« Vous trouverez la tête dans un paquet cadeau avec un ruban rouge, caché sous une écharpe de soie, dans le placard de droite. »

D’un calme aussi profond que la passion qui l’avait habité un instant plus tôt, il posa sa cheville droite sur sa cuisse, dissimulant ainsi son sexe aux curieux. Il ne bandait plus, et il avait toujours trouvé que les pénis, lorsqu’ils ne manifestaient pas leur vigueur, ressemblaient davantage à des pruneaux fripés qu’à un symbole de puissance.

« Elle m’a été confiée il y a plusieurs semaines, par un émissaire du palais. Les souverains souhaitaient faire appel à mon expertise, et la restituer aux Lieugrois dans un état convenable pour qu’ils puissent avoir une sépulture sur laquelle se recueillir. Une sorte de geste diplomatique. »

Depuis le premier jour, Marcellin avait craint que le trophée ne fût découvert. Sans doute avait-il manqué de jugeote en l’apportant ici ; il n’avait pas pu s’empêcher de le vouloir près de lui, à portée de main à chaque instant. Parfois, lorsque la nuit dévorait toute lumière et que les cauchemars emplissaient sa tête, il la sortait de son étui, et respirait à plein poumons son parfum de charogne.

« Vous trouverez parmi mes correspondances une lettre de l’intendant à ce sujet. Je ne sais pas exactement où, elle commence à dater. »

L’une de ses colombes, domestique au palais, avait habilement emprunté le sceau de ce dernier pour en marquer le papier. Les mots ne lui appartenaient pas, mais le violet avait payé rubis sur l’ongle un imitateur de renom. C’était l’avantage de la richesse : en plus de dormir dans des draps de soie, on pouvait tout acheter.

« Bien sûr, la situation ayant… évolué, j’ai songé à m’en débarrasser, mais vous conviendrez qu’il est difficile de sortir avec une tête décapitée sans passer pour un assassin ou un déséquilibré. »

À peine eût-il fini sa déclaration qu’une garde revint avec le butin. Le nez plissé, elle tenait Montarville par les cheveux. Une substance graisseuse lui couvrait le bout des phalanges. L’odeur n’était pas si forte qu’on aurait pu s’y attendre. Une tâche de sang devenue brune marquait la moitié de l’œil droit, et, par endroits, la peau se tendait à l’extrême sur les os, plus desséchée qu’elle n’aurait dû l’être. À la voir ainsi malmenée, Marcellin ne put s’empêcher d’élever la voix.

« Attention ! Vu le temps qu’elle a passé détachée du corps, elle est fragile. Vous risquez de décoller le cuir chevelu, et ce sera irrécupérable. »

Ce n’était pas seulement le cri du cœur d’un artisan chagriné de voir son œuvre en péril. Combien d’heures avait-il passé à la contempler, rêvant du sort que Judas lui avait réservée ! Combien de fois avait-il effleuré les joues, le menton, l’intérieur de la bouche, les doigts tremblants de toucher ce que le souverain avait souillé ? Jamais il n’avait été si proche de lui.

« Taré… »

Ignorant la remarque de la garde, il détourna le regard pour ne pas perdre la raison. Pour son offense, elle devrait mourir, elle et tous les autres. Soudain, il fronça les sourcils. Tout ceci lui semblait trop coordonné pour n’être que le fruit d’une coïncidence.

« Maintenant que j’y pense… L’affaire m’a semblé honnête, et j’ai été flatté qu’on fasse appel à mes services, d’autant que le défi était de taille, mais peut-être que cette demande n’était pas si innocente. »

L’une des soldates se tourna vers une autre, qui ne quittait pas les Ombres du regard.

« Cheffe… Je pense qu’il faudrait jeter celui-là au trou, en attendant de savoir quoi en faire. On ne peut pas laisser un malade de ce genre se balader dans la nature. La trafiquante aussi, même si elle n’était pas prévue. »

Sans se laisser démonter par la perspective de finir ses jours derrière les barreaux _ il avait connu pire _, Marcellin reporta toute son attention sur la fidèle.

« Vous semblez m’en vouloir, Luthgarde. Qu’ai-je donc fait pour mériter votre ressentiment ? Sextus vous aurait-il demandé de nous abattre, Herminiette et moi, pour hériter seul du domaine, lui qui se voit déjà Grand Prêtre ? Et qu’ont pu voir vos jolis yeux dans cette maison ? »

L’hypothèse ne lui semblait pas si farfelue : la grenouille ne les croyait certes pas capable de le supplanter, mais chacun d’eux rêvait d’envoyer les autres six pieds sous terre. Leur sécurité tenait à un équilibre précaire, et comme des funambules sur un fil de soie, ils composaient avec les mouvements des autres pour ne pas tomber dans le vide. Peut-être en avait-il eu assez d’attendre leur chute.

« Hmm. Les trois autres se sont empressés de dénoncer le taxidermiste. C’est suspect. »

Celle qui semblait gérer le bataillon examina la tête. De la fibre de bois, légèrement tâchée, dépassait de la nuque, et un mélange de pourriture et de poudre désinfectante. Quelle qu’en fût la raison, le poète avait véritablement tenté de l’empailler. Elle fit signe à celle qui l’avait trouvée de la remettre dans son paquet.

« Vous voyez, le Grand Prêtre est en vie. Sans doute reste-t-il à l'abri en attendant que le calme revienne. Plutôt que de voir partout des complots destinés à saboter la religion et à salir le nom des dieux, vous feriez bien de mettre vos rangs en ordre. Beaucoup de gens n’ont pas oublié les abus de... »

La cheffe des gardes lui cloua littéralement le bec. Le choc résonna de sa mâchoire à ses oreilles. Il évita de peu de se mordre la langue.

« Ferme-la un peu. On va voir si t’es aussi bavard en privé qu’en public. Interrogez les autres, séparément. Y compris les deux greluches. Cette histoire ne me plaît pas du tout, et je n'ai pas envie d'y passer des plombes. »

Docilement, Marcellin se laissa conduire dans la cuisine : il n’avait de toute façon pas vraiment le choix. Il se planta contre le plan de travail tandis que, d’un air distrait, son interlocutrice remuait le charbon dans le foyer. S’il se montrait suffisamment rapide, peut-être pouvait-il attraper une poêle et lui asséner un bon coup sur le crâne…

« Je suis à deux doigts de foutre le feu à la baraque, alors tu ferais bien de me dire ce que toi et tes petits camarades trafiquez. Sinon… »

Avant que le violet n’eût le temps d’évaluer ses chances, la militaire s’était rapprochée de lui. Quelque chose de froid frôla l'intérieur de ses cuisses.

« Cette petite chose entre tes jambes… Je pourrais la séparer de ton corps, comme la saloperie dans ta chambre. Tu crois que ça te ferait rire, ça aussi ? »

1 612 mots | Post VI

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Mer 15 Mai 2024, 08:35



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Les Portes – Chapitre V

En groupe | Dastan


Rôle :


Les fantômes ne hantaient pas que les songes ; parfois, ils s’incarnaient dans la réalité, vrillaient les possibles, retournaient les certitudes. Face au Roi déchu, Ludoric se figea. Il le scruta longuement, suspicieux, attentif, nerveux. Les gémissements d’Antoinette le firent tressaillir et il la regarda, avant de se concentrer à nouveau sur son père. Qu’il n’eût pas l’air immédiatement préoccupé par la présence – et l’état – de sa fille lui fendit le cœur. Pourquoi ne quittait-il pas sa place pour la prendre dans ses bras, la serrer contre son cœur et apaiser ses sanglots ? Il lui rappela Garance, demeurée de marbre après la disparition de son fils. Placide deviendrait-il comme eux, s’il empruntait leur voie ? Le Lieugrois pinça les lèvres, avant de baisser les yeux sur les victuailles réunies sur la table. Il avait soif, mais toucher une goutte ou une miette de ce qui leur était proposé ne lui semblait pas être une idée judicieuse. D’où sortait le Roi ? Comment avait-il survécu à la première révolte ? Pourquoi les avait-il convoqués ? Que voulait-il d’eux et que désirait-il en général ? Pourquoi Gao, le semencier défait de tout son commerce, les avait-il enlevés ? Ou, tout du moins, Adolphe ? Qu’avait-il à tirer de Tamara ? Pourquoi était-il mort ? Balthazar l’avait-il tué, ou s’agissait-il de la rousse flamboyante ? Si tel était le cas, elle ne tarderait pas à surgir ici. Le jeune soldat tourna la tête vers le fils de la Cheffe des Armées. Il affichait toujours un visage fermé, aux traits serrés et durs, estampillé par la rage et l’humiliation. Son regard se dirigea vers Placide, qui plaçait sa main dans le dos de la Princesse. Ludoric se redressa et serra les dents comme s’il avait pu broyer entre elles la jalousie qui lui mordait le cœur. Il ne voulait pas qu’elle crût que le blond lui accordait un quelconque intérêt amoureux. À cette pensée succéda aussitôt une pointe de culpabilité, car la situation ne se prêtait pas à en vouloir à une fille vêtue d’une pauvre robe de chambre, traumatisée par la réapparition soudaine de son père et choquée par son court séjour au cachot. Elle était ici par sa faute. Il se mordit l’intérieur des joues et tâcha de ne se concentrer que sur Balthazar. Dans tout son discours, ses motifs ne ressortaient pas. Il n’y avait que du pessimisme, l’assurance que Narfas courait à sa perte. Placide s’assit. Bien qu’il fût prêt à l’empêcher d’avaler quoi que ce fût, il ne quitta pas l’ancien Roi des yeux. Le cri d’Antoinette pinça sa poitrine, mais il ne bougea pas. Les interventions d’Adolphe ne le firent pas ciller, et il le laissa partir sans se retourner. L’une des leçons élémentaires que tout soldat apprenait était celle-ci : on ne tourne pas le dos à la menace. Et Balthazar, assurément, en était une.

La question et la requête de Placide, pourtant, l’ébranlèrent. Ses iris bronze s’arrachèrent au souverain destitué et plongèrent dans l’azur de celles du Prince. Ses serments lui sautèrent à la gorge, et il ne sut pas formuler les pensées qui l’assaillaient : je veux rester avec toi, mais je dois aussi protéger Antoinette, Clémentin et Rosette, on ne peut pas partir sans eux, je veux devenir chef des armées, je ne sais rien faire d’autre que me battre, je ne veux pas d’une vie de paysan, je ne veux pas abandonner mes rêves ici, je ne veux pas que tu règnes parce que tu voudrais dire que tu dois épouser une femme et construire une vie sans moi, je ne veux pas être un à-côté, si nous retournons à Lieugro ils te tueront, si nous allons ailleurs nous perdons tout, je ne sais pas, ne me demande pas ça, ne lui fais pas confiance, tais-toi. Ses mâchoires se contractèrent et il déglutit, avant de relever les yeux vers Balthazar. Sa vision éclaircit son esprit. Il était là pour protéger Placide, Antoinette, Clémentin et Rosette ; de leurs ennemis, et de tous ceux qui pouvaient s’illustrer comme tels. Il s’avança et posa une main sur l’épaule de Placide. Son pouce caressa sa nuque avec douceur, dans un geste qui se voulait rassurant. « Pourquoi proposez-vous de nous aider ? Qu’avez-vous à y gagner ? » Il le sonda. « Vous semblez vouloir partir, mais qu’allez-vous faire ailleurs ? Mener une vie de labeur ? Attendre que l’armée de Judas d’Uobmab marche aussi sur le pays où vous aurez aussi choisi de vivre ? Comptez-vous emmenez votre fille avec vous ? » Jamais il n’avait osé parler aussi effrontément à un adulte couronné – ou qui un jour le fut –, et il sentit ses joues rosirent autant que son regard s’assombrissait de méfiance et de détermination. « Et si vous restez, qu’allez-vous faire ? Soutenir n’importe quel gouvernement qui se mettrait en place et tenter malgré tout de souder les royaumes alliés ? Je ne vois pas d’autre alternative pour contrer Uobmab. Vu sa façon de procéder, il ne s’arrêtera pas avant d’avoir tous les territoires sous sa coupe. » Il fut alors certain que fuir n’était pas une solution. Ni pour lui, ni pour eux.



Message VI – 863 mots




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Aäron Taiji
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Aäron Taiji
Mer 15 Mai 2024, 12:51


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Les Portes V
Balthazar



« Cette demande provient de Narfas. » Une femme entièrement vêtue de gris tendit la missive à une autre à l’allure identique. Leurs visages semblaient communs, trop communs pour être notables. Dans la rue, personne ne les aurait remarquées. La deuxième parcourut la lettre des yeux avant de remonter les siens vers la première. « En effet. » dit-elle, comme si elle répondait à une affirmation silencieuse de son interlocutrice. « Nous devrons puiser parmi les joyaux de Cit afin de satisfaire le Roi. » « Je songeais à Abel. Sa physionomie correspond à celle de Balthazar. Quelques arrangements suffiront à le rendre conforme à ce dernier. Quant au reste, ses évaluations parlent pour lui. » « Il pourrait correspondre, c’est vrai. Néanmoins, si je puis me permettre, nous gagnerions à jouer l’audace. Balthazar de Narfas est un homme à double visage. Abel a, certes, d’excellents résultats mais il me semble bien trop conforme aux attentes pour ce rôle. » « Suggérez-vous d’envoyer un joyau plus brut ? » « Zéphyr, pour être exacte. » « Zéphyr ? » « Physiquement, il correspond. » « Le problème n’est pas là. Cet homme est un rebelle. Nous aurions déjà dû le renvoyer chez lui après sa précédente prestation. » Il y eut un silence. « Balthazar de Narfas est considéré comme le Roi de Narfas par l’ensemble du monde connu. Il ne gouverne pourtant pas. S’il aurait pu se contenter de ce rôle insignifiant, il s’est rebellé contre le système en se hissant à la tête d’un réseau qui l’a rendu aussi riche que dangereux. Et il continue de faire semblant de n’être qu’une marionnette aux yeux d’autrui. Qui de mieux que Zéphyr pour jouer sa doublure ? » Le silence revint. « Le conseil devra voter si nous ne tombons pas d’accord sur le candidat idéal. » « Alors réunissons le conseil. Je soutiendrai Zéphyr devant lui et vous soutiendrez Abel. » « Si vous soutenez Zéphyr et qu’il échoue une nouvelle fois, c’est vous qui tomberez. » « J’ai confiance en ses capacités. Vous avez très justement relevé sa rébellion tout en occultant ses résultats. » « Ce n’était pas ce qu’il lui était demandé. » « Mais que serait-il advenu s’il avait agi exactement comme nous le souhaitions ? »




« J’aimerais bien la voir essayer… » murmura Balthazar lorsqu’Adolphe lui assura que Tamara le tuerait. « Bien. » Comme il l’avait dit, ils étaient libres de partir. Cela ne voulait pas dire qu’il ne prendrait pas ensuite des mesures pour les faire taire mais ce point ne concernait personne d’autre que lui. Le brun observa Placide un instant. Il lui était aisé de constater à quel point le Prince de Lieugro était friable. Ses mots avaient accentué chez lui une envie déjà bien présente : celle de fuir ses responsabilités. L’ancien Roi s’empêcha de sourire. Dire que le fils de Montarville n’avait jamais été voué à régner… la mort de son père et la disparition de ses sœurs avaient drastiquement changer la donne. Néanmoins, il avait été honnête en lui conseillant d’oublier son titre. Il ne le retrouverait pas. Un Prince sans Royaume ne devenait pas Roi. Un Prince sans Royaume incapable de prendre une décision ne devenait pas Roi non plus. Ses iris se tournèrent vers Ludoric qui semblait à la fois plus intelligent et moins pliable. Anthonius, elle, était trop jeune. Il s’occuperait de ses sanglots ensuite. « Dois-je forcément avoir quelque chose à y gagner ? » demanda-t-il, tout en faisant couler du jus de litchi de la carafe à son verre. « Je ne suis pas tenu de vous répondre, Ludoric de Tuorp, mais comme je vous l’ai dit, je dois également faire un choix. Partir ou rester, tout dépend des cartes présentes dans ma main. Pour le moment, elles me semblent trop faibles. » Mais les choses pourraient peut-être changer. Pour obtenir cinquante pièces d’or, il valait mieux en demander cent au préalable. « J’ai de nombreux contacts dans les autres Royaumes. » Et le conseil de Cit le suivrait probablement. « Ces contacts pourraient permettre d’unir plusieurs Royaumes contre Judas. Néanmoins, je ne pourrai rien faire si je ne gouverne pas effectivement. J’ai beau contrôler bien des réseaux, ces derniers ne sont ni légitimes ni légaux. Autrement dit, soit je deviens réellement le Roi de Narfas, soit je pars. » Il tourna les yeux en direction de Placide. « Je suis tout disposé à unir Lieugro et Narfas par mariage avec votre tante et je pense qu’elle n’y verra aucun inconvénient étant donné sa position plus que vacillante. Néanmoins, le plus dur sera de survivre jusque-là tout en éliminant les figures de la rébellion. » En d’autres termes, soit Lieugro le soutenait pour renverser le reste de ses opposants, soit il quitterait le navire, comme les rats à l’approche du naufrage.

Il se leva et s’approcha d’Anthonius. Il s’accroupit devant elle et la regarda. Il s’était toujours demandé de qui elle était la fille. La sienne ? Ou celle de l’autre ? Il aimait cette enfant bien qu’il n’eût fait que l’observer de loin. Wesphaline était une belle menteuse. Pour devoir être ce qu’il n’était pas, il comprenait ô combien la vie d’Anthonius avait dû être horrible, emplie de menaces, d’ajustements permanents et de peur latente. « Tu n’auras plus à faire semblant à partir de maintenant. » lui murmura-t-il. « Tu pourras être toi-même, la fille que tu es. Personne ne te fera de mal. Je te le promets. » Il releva les yeux vers Ludoric, le plus apte des trois adolescents à comprendre les enjeux. « Adolphe étant parti, nous devons nous déplacer. Nous emprunterons une voie sûre si vous désirez me suivre. » Les égouts de Narfas. Ils ne servaient pas uniquement d’égouts. Ils lui servaient aussi pour ses affaires. « Mais avant, je dois faire parvenir quelques billets. » Il se releva afin d’écrire. Ses hommes se chargeraient de les transmettre.

Chère Garance,

Nos nombreuses discussions m’ont convaincu de la nécessité de vous épouser. Accepteriez-vous d’unir Lieugro et Narfas contre ceux qui ont mis le Royaume à feu et à sang et, plus tard, contre Uobmab ? Bien sûr, il faudrait que la tête des premiers tombe. Je prendrai la mort de Primaël comme une acceptation de votre part. Je suis certain que vous saurez y faire.

Balthazar de Narfas.


Tamara,

Narfas est aujourd’hui à terre et je suis certain que Primaël Noyrac ne saura pas rétablir la situation. Le monde me connait et me reconnait comme le Monarque de Narfas. Ton armée est puissante mais servirait bien davantage le Royaume si celle qui la commande voulait bien obéir pour la première fois à son Roi légitime. Je sais à quel point la cause des femmes t’est chère. Je suis tout disposé à aller dans ce sens. J’espère n’avoir pas besoin de te menacer pour obtenir ton agrément. Une guerre entre nous coûterait la vie de nombreux innocents. En gage de bonne foi, sache que malgré ta trahison, j’ai libéré ton fils des griffes que Gao avait refermées sur lui sans lui faire le moindre mal.

Balthazar de Narfas.


Il écrivit également à Melchior.  

1197 mots
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Mer 15 Mai 2024, 22:25

Herminiette
Les portes - Narfas
Bad Omens - F E R A L


Curieusement, l’intervention des soldates avait progressivement pris des allures de carnaval. Et il fallait dire que dans cette configuration, Herminiette aimait bien les carnavals. L’entrée en grandes pompes des autorités s’était suivie par un défilé très particulier du fait des participants, qui se distinguaient par l’absence flagrante de déguisements. Depuis sa place, les pupilles de la bleue avaient analysé les silhouettes du couple de la tête aux pieds. Elle n’avait pas prêté attention à la réaction de Sextus, pas plus qu’elle n’avait eu de réaction elle-même. Par la suite, le hall d’entrée était devenu une sorte de fanfare. En effet, ce n’était que lorsque son voisin de siège avait ouvert la bouche que Herminiette avait compris que les relations qui se jouaient ici étaient plus complexes qu’elle ne l’avait pensé. Le constat s’était alourdi avec l’intervention de Luthgarde, qui n’avait pas non-plus hésité à brimer la d’Eésnep, puis enfin, la défendre tonitruante de l’accusée, qui tenait jusqu’au bout à se donner en spectable.

Pendant ce temps, Herminiette ne disait rien, ayant la subite sensation de faire partie du décor. Cette brève position lui allait très bien : telle une éponge, elle absorbait les paroles des protagonistes et triait les différentes informations. Malheureusement, Pénélope n’était pas de cet avis et choisit de la nommer actrice dans cette drôle de pièce de théâtre, à l’aide de deux tours de passe-passe. Le premier relevait des nouvelles concernant le Grand Prêtre, qui n’était malheureusement pas tombé six pieds sous terre, et qui obligèrent l’Ombre à serrer les poings et la mâchoire. Le second fut l’interpellation de l’insolente à son égard. Herminiette sembla regagner son corps et battit plusieurs fois des paupières. Il fallait dire qu’il se faisait tard, et même si l’Ombre avait pour mauvaise tendance de retarder l’heure du coucher et de dormir peu, elle commençait à fatiguer.

-Non, je n’ai rien à rajouter. Dit-elle le plus simplement du monde.

Il semblait qu’en comparaison aux autres protagonistes, elle était celle qui connaissait le moins la d’Eésnep. Elle avait sous-estimé cette femme.

Elle ne put en apprendre plus car la tête fût finalement débusquée. De sa position, Herminiette ne pouvait pas en voir tous les détails. Il était néanmoins clair que le visage de ce roi qu’elle n’avait vu qu’en peinture était méconnaissable : dans sa globalité, il avait fortement séché, pour la bénédiction de leurs narines à tous. Cela expliquait pourquoi personne n’avait soupçonné la présence d’un rat mort sous une latte de plancher. Les globes oculaires n’étaient plus que des fruits secs ratatinés dans leurs orbites. Les lèvres molles et froissées laissaient entrevoir une dentition pâle. Le derme était jonché de crevasses importantes et de taches sombres, et ses teintes verte et brunâtre témoignaient d’un mauvais état de conservation malgré les précautions qui avaient pu être prises. De toute évidence, la tête avait d’abord été stockée dans l’humidité et à température ambiante avant de rejoindre la chambre de Marcellin, déclenchant un début de décomposition.

-Du mauvais travail, en plus... Souffla la bleue entre ses dents, pour elle-même.

Même en admettant que l’état de cette tête avait été récupérable, Marcellin aurait été incapable de l’empailler correctement. Le travail qu’il avait entamé, en plus d’être ignoble sur le plan moral, était abominablement bâclé.

-Qu’est-ce que t’as dit, toi ?

La bleue leva les yeux vers la soldate qui s’était positionnée face à elle. Elle lui aurait bien expliqué comment les professionnels procédaient à un empaillage dans les règles de l’art, mais elle sentait que cela n’allait rien lui apporter de positif.

-Un malade taré en plus.

La guerrière ne fit aucun commentaire et l’emmena plutôt avec elle. Elle l’avait attrapée par le bras de manière si ferme que l’Ombre en avait mal, mais elle ne protesta pas. Elle se laissa faire avec la docilité d’un agneau. De retour dans le Placard, elle fut forcée à s’assoir. Herminiette posa tranquillement ses mains sur ses cuisses, le dos droit. La dame devant elle était armée jusqu’aux dents.

-Si je suspecte la moindre connerie, toute la baraque fout le camp. Tonna-t-elle en guise d’introduction. Elle se pencha sur la bleue, nullement impressionnée. Alors je vais pas y aller par quatre chemins : les trois Ombres, vous êtes qui ?

-Je souhaite parler à votre cheffe, Tamara d’Epil…

-Tes petits collègues sont interrogés à part et je vous garantis que si vos réponses ne corrèlent pas, ça va chier.

La bleue entrouvrit la bouche, la referma. La soldate s’était tellement approchée qu’elle avait presque senti son haleine, et cela lui avait été désagréable. Elle réfléchit dès lors à une manière de l’éloigner. Elle ne pouvait pas inventer un mensonge de toute pièce. C’était trop risqué.

-Nous n'habitons pas ensemble par gaieté de cœur, si c'est ce que vous vous demandez.

-Alors pourquoi ?

-Ça n'a pas d’importan…

La lame recourbée du couteau sous son auriculaire stoppa net ses déclarations. Elle soutînt le regard de la guerrière. Sa gorge n’était pas complètement dénouée.

-Toutes mes questions ont de l'importance.

Herminiette aurait pu lui garantir qu’elle avait tort, que le passif des trois Ombres n’avait rien à voir avec les enjeux qui se jouaient ici et qu’il valait mieux se tourner vers l’avenir que d’essayer de perdre du temps à démêler un passé qui ne la concernait pas. Mais si elle voulait sortir intacte de cette pièce et avoir une chance de se faire entendre, elle devait se plier tant bien que mal à l’exercice.

-Nous avons un parent commun. Mais vous ne le trouverez ni à Narfas, ni à Uobmab, ni à Lieugro. Le fait est que nous avons hérité de cette maison durant notre adolescence. Avec le temps, nos idées ont divergé.

-Pourquoi ?

L’Ombre haussa les épaules, tout en surveillant la lame de la soldate.

-Le temps.

-Toi, quelles sont tes idées ?

On y arrivait. Herminiette inspira. A force de le répéter, c’était devenu un poème à réciter auquel la difficulté était d’y mettre le ton approprié si elle ne faisait pas attention. Le contexte actuel la poussait à être très attentive.

-Je veux la paix. Je veux que Narfas soit un royaume paritaire, loin de la corruption de la religion et de la barbarie d'Uobmab, où les gens sont citoyens et éduqués comme il se doit. J'ai envoyé une missive à Tamara d'Epilut pour lui partager mes intentions et c'est pourquoi je souhaiterais la rencontrer. Je veux aider.

Malgré ses mots, son doigt était toujours pris en otage. Elle n’aimait pas ça, non pas parce qu’elle avait peur de perdre un morceau d’elle à proprement parler, mais parce que la lame lui rentrait un peu dans la chair et qu’un doigt était relié par des milliers de terminaisons nerveuses, elles-mêmes alimentées par beaucoup de sang, et que si la soldate la coupait, elle allait en mettre partout. Ce serait une véritable boucherie pour pas grand-chose et il faudrait refaire faire la tapisserie et remplacer les tapis. Herminiette poursuivit :

-Luthgarde, la jeune femme blanche aux cheveux bruns, elle est avec moi. Elle aspire aussi à un avenir sain, même si nous n'avons pas tout à fait la même vision des choses. Elle est croyante et naïve, certes, mais elle est pleine de ressources. C'est elle qui nous a informé pour la tête de Montarville de Lieugro. Sextus et moi-même comptions la récupérer pour la remettre là où elle devrait être, à savoir dans sa tombe. Elle ne devait pas regarder son doigt. Croyez-vous vraiment la version que vous a servi Marcellin ? C’est un homme de foire. Il ne comptait jamais la rendre, vous savez aussi bien que moi qu’elle n’avait rien à faire entre les mains d’un partisan de Judas. S’il vous plait, faites ce qui est nécessaire pour cette tête. Et transmettez, encore une fois, mes intentions à votre cheffe.

1297 mots



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