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Priam & Freyja
~ Ange ~ Niveau III ~

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◈ YinYanisé(e) le : 02/02/2018
◈ Âme(s) Soeur(s) : La bière et le saucisson | L'adrénaline et les problèmes
◈ Activité : Berger [III], traducteur [II], diplomate [I] | Soldat [III], violoncelliste [I]
Priam & Freyja
Mar 21 Mai 2024, 22:06



Unknown

Les Portes – Chapitre V

En groupe | Dastan


Rôle :


Aucune réponse convaincante ne franchit les lèvres de Balthazar, et lorsqu’il mentionna son implication dans des réseaux illégaux et une possibilité d’union maritale avec Garance, Ludoric ne sut tout simplement plus quoi en penser. Jamais, quand il avait vu le Roi de Narfas, il n’avait songé qu’il pût participer à ce type de manigances. Lorsque la royauté avait chuté, il avait à peine été surpris de découvrir que Wesphaline dirigeait le tout – car les échos des discussions entre Lambert et Garance avaient largement laissé paraître que la Reine semblait avoir une place prépondérante sur le plan politique. Il ne s’y était pas intéressé davantage, trop obnubilé par sa volonté de faire bonne figure face à Childéric et à la régente, par son besoin de protéger Placide et, malgré tout, par la présence de Clémentin. Il fronça les sourcils. Comptait-il vraiment essayer de tuer Primaël ? Et, par extension, Ivanhoë ? L’adolescent sentit son cœur détaler. Il avait perdu son père mais, dans la tourmente de leur évasion, il avait trouvé un frère – un inconnu, un étranger, personne, et pourtant ils partageaient le même sang. L’imaginer mourir le glaça.

Quand Balthazar quitta son siège pour se rapprocher d’Antoinette, les iris de Ludoric glissèrent sur le dos de Placide. Il s’approcha doucement. L’ancien monarque annonça se retirer. Il hocha vaguement la tête. Il comprenait que dans les prochaines minutes, leur avenir se jouerait. Rester ou partir. Quand le blond s’exprima, ses yeux rencontrèrent les siens. Il y lut la peur. « On dira qu’on a été enlevés. C’est la vérité. » tenta-t-il pour le rassurer. Il tira la chaise qui jouxtait la sienne et s’y assit, tourné vers lui. Il voulut prendre sa main, mais la façon dont il prononça son prénom le figea. « Oui ? » Ses prunelles remontèrent vers son visage. Il secoua la tête. « Je l’en empêcherai. » Il le protègerait de tous, peu importait leur rang, leur nom, leurs titres, leur sang. S’il devait le faire couler pour sauver Placide, il le ferait sans hésiter une seule seconde. Un pli se creusa entre ses sourcils. « Ne dis pas ça. Tu ne sers pas à rien. » Son cœur s’était mis à tambouriner. Il harcelait ses tempes. Il sonnait l’alerte, criait pour le mettre aux aguets. Cette conversation ne tournait pas comme elle aurait dû le faire. Peu à peu, il sentait s’ériger une barrière que Placide essayait d’imposer entre eux, sans pour autant vouloir la voir. « Tu ne peux pas partir seul. » protesta-t-il. Il viendrait avec lui. Il allait lui proposer de l’accompagner, non ? De s’enfuir, comme ils en avaient si souvent parlé quand ils vivaient encore à Lieugro, quand la royauté terrifiait le Prince et qu’il n’existait pour eux que la perspective d’un avenir commun. À cet instant, cependant, cette certitude semblait s’effriter. Ludoric se recula dans sa chaise, le déchirement sur le point d’éclore dans son regard. « Placide… » Ses iris dérivèrent en direction d’Antoinette. Pourquoi elle ? La jalousie et la colère qu’elle fût évoquée dans une telle situation, à cet instant précis du discours du blond, dévorèrent sa poitrine. La griffe se planta dans son sternum et dévala son torse, découpa son abdomen, mit à jour ses entrailles douloureuses. Il l’aimait ? Il allait partir avec elle ? Était-ce pour cela qu’il paraissait ne pas vouloir qu’il vînt ? Parce qu’il rêvait d’une idylle avec une fille qui deviendrait une femme, avec quelqu’un qui pourrait lui offrir tout ce que lui ne pourrait jamais obtenir pour eux ? Les mâchoires du soldat se contractèrent si fort qu’il en eut mal aux dents et qu’il fut incapable d’articuler une réponse quand il évoqua Clémentin. Seul son cœur tressauta. Il luttait contre lui-même, contre les larmes qui menaçaient de rouler sur ses joues, contre le nœud qui étouffait sa gorge, contre le feu qui incendiait ses poumons. Je vais partir. Seul. Seul, avec elle. Pas avec lui.

Il aurait pu rester à Lieugro. Après avoir sauvé Zébella, il aurait pu faire valoir cet acte pour qu’elle et Merlin lui accordassent une place au sein de leur armée. Il y avait souvent pensé, ces derniers temps. Il était venu à Narfas parce qu’il avait promis à Placide de le suivre quoi qu’il choisît de faire. De le protéger. Il avait fui son père, aussi, mais il aurait supporté sa présence, ses regards, ses remarques si son amoureux avait préféré demeurer à Lieugro. Face à lui, Clémentin n’était rien ; s’il avait pu douter, ces derniers temps, la souffrance qu’il ressentait à cet instant balayait toutes ses hésitations. Il aurait voulu lui dire toutes ces choses, mais aucun son ne franchissait ses lèvres. Il se sentait stupide, humilié et blessé. Placide utilisait la fameuse technique du « ce n’est pas toi, c’est moi » que Gustave lui avait enseigné lorsqu’il aspirait farouchement à ce qu’il enchaînât les histoires avec des filles. Il voyait clair dans son manège. Chaque mot prononcé le fracassait en milliers de petites pièces. Il devinait que le regard d’Antoinette pesait sur lui, et il se sentait inondé de honte et de tristesse. Il avait lutté contre ses désirs pour un homme qui n’imaginait plus son futur avec lui. Il aimait un homme qui aimait une femme. Ce qu’il ne pourrait jamais faire, la raison pour laquelle il avait été déshérité, la raison pour laquelle il l’avait suivi, lui. Son cœur hurlait, mais il était incapable de formuler une seule syllabe qui pût porter ne serait-ce qu’un quart des émotions qu’il éprouvait. Il déglutit.

« J’ai juré de vous protéger tous les quatre. Je ne peux pas te laisser partir seul. » finit-il par réussir à articuler, la trachée nouée. Il inspira, désireux de dégager ses bronches. « Je ne fais pas confiance à Balthazar. On ne partira pas avec lui. » Il se leva. « On doit trouver Rosette et Clémentin. » Le brun serait d’accord pour quitter le pays. La rousse refuserait peut-être. Elle pourrait rester avec son père. Elle serait en sécurité, avec lui, comme Antoinette pourrait l’être avec le sien. Clémentin se débrouillerait, comme il le faisait toujours. Il lui suffirait de l’escorter hors du royaume pour lui assurer une vie tranquille. Quant à Placide, il pourrait l’accompagner quelques temps, jusqu’à ce qu’il fût en lieu sûr. Puis repartir. Devenir chef des armées, quelque part. La guerre éclaterait. Les royaumes auraient besoin d’hommes fiables et compétents. Le danger se répandrait comme une traînée de poudre, mais peut-être qu’il resterait quelques oasis de paix où Placide pourrait vivre. Fuir ne lui avait d’abord pas semblé être une solution, mais peut-être que c’était finalement l’idée qui s’en rapprochait le plus. Pour eux, en tout cas. Et il continuerait à les protéger d’où il serait, que ce fût contre Judas ou un autre. « On ira où vous voudrez, et quand vous serez tous en sécurité, tu pourras mener ta vie comme tu l’entends. » Il rangea la chaise sous la table. Il aspirait à être seul. Il avait envie de se rouler en boule dans son lit et de pleurer à s’en faire mal au crâne. « Je vais dire à Balthazar qu’on n’a pas besoin de son aide. » Paradoxalement, parler l’empêchait de s’effondrer. « Antoinette, tu devrais informer rapidement ton père de ce que tu souhaites faire. » Il se redressa et, avec autant d’assurance que possible, quitta la pièce. Dès qu’il fut dans le couloir, ses yeux s’humidifièrent et les larmes dévalèrent ses joues.



Message VII – 1251 mots




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Orenha
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Orenha
Jeu 23 Mai 2024, 15:22


Images par wlop
Les Portes V
Orenha dans le rôle de Luthgarde

Rôle:
Pendant que les soldates prenaient place dans sa chambre, fouillant les alentours de leurs yeux experts, la jeune sainte se tenait debout, droite et tranquille. Son visage était semblable à un masque de cire. La pièce qu’on lui avait prêtée comportait tout le confort nécessaire à un invité, mais elle n’était pas grande et ne contenait rien qui puisse servir de cachette à un cadavre ; ni même à un morceau de cadavre.

L’une des femmes s’en désintéressa rapidement, préférant reporter son attention sur l’étrangère.
« Décline ton identité. »
Luthgarde soutint son regard inquisiteur, un sourire peint sur le masque de cire.
« Je me nomme Luthgarde Etnias. Je suis une missionnée du Royaume d’Erréil. Je peux le prouver. » ajouta-t-elle devant la moue dubitative de son interlocutrice. Elle se déplaça jusqu’à son bureau et sortit une missive d’un tiroir. Celle-ci était rédigée en Narfasien, contrairement à la lettre qu’on lui avait fait parvenir un mois plus tôt. Presque aussi incriminante que les fioles de poison qui l’accompagnaient pour quiconque savait la déchiffrer, elle avait été glissée dans ses papiers de recherches – tous écrits en Erréilien ; quant aux deux fioles restantes, elles nichaient dans des poches de tissus discrètement cousues dans les manches de ses vêtements de rechange.

La soldate saisit la missive et le parcourut rapidement des yeux avant de hausser des épaules. « Bon. Soit. Alors dis-moi, qu’est-ce qu’une missionnée fabrique avec des individus dans leur genre ? Qu’est-ce que tu sais d’eux ? » La dernière phrase avait été assénée avec fermeté, une once de menace dans la voix. Luthgarde garda son calme.
« Comme vous avez pu le lire, j’œuvre pour la paix. Le sort du Royaume de Narfas m’importe autant que celui d’où je viens. Il se trouve que Dame Herminiette partage mon point de vue et me juge digne de l’accompagner dans son entreprise. Elle m’a sauvée d’une situation bien précaire lorsque la révolte a éclaté. »
Elle brandit son plus beau sourire à la deuxième milicienne, qui s’était approchée pour brasser les feuillets qui recouvraient toute la surface du bureau et s’attaquait aux tiroirs, débordant eux aussi de carnets et de cahiers. La première continuait son interrogatoire.
« - Et en quoi consiste cette entreprise ? 
- Nous essayions de contacter toutes les parties impliquées dans la révolte ainsi que dans le gouvernement, actuel et déchu, afin de trouver une solution qui puisse apaiser la situation actuelle et...
- C’est mignon, la coupa la soldate en échangeant un regard ironique avec sa collègue. C’est donc ce qui se trame ici ? Vous vous réunissez, toi et les Ombres, pour discuter de comment rétablir la paix dans la monde autour d’une tasse de thé ? C’est bien ça que tu es en train de me dire ? »
Luthgarde secoua la tête. « Je ne connais que très peu les deux autres Ombres. À vrai dire, j’ignore la nature exacte de leur relation ni ce qui les pousse à cohabiter. Il m’est arrivé quelque fois de croiser Père Sextus au détour d’un couloir, ici, ou bien au Temple où il œuvre, sans que nous portions nos échanges plus loin qu’à de simples banalités. Quant à Seigneur Marcellin… je l’évite depuis que j’ai fait la découverte de cette horrible tête décapitée… »
Le masque de cire se craquela. « Ne croyez pas un mot de ce qu’il vous a dit. Ça n’a aucun sens. Ce que j’ai trouvé dans son placard, ce n’était pas simplement la… une, une tête. balbutia-t-elle, assaillie de vertiges. C’était un véritable autel à la gloire de Judas. Et je n’utilise pas ce mot à la légère. Croyez-moi, je sais reconnaître les signes d’une dévotion religieuse quand je les vois. »  

La soldate avisa l’air déconfit de la jeune fille et ses jambes flageolantes, et lui tira une chaise. Son expression se fit doucereuse. « Assis-toi. Tu me sembles mal. »
Luthgarde accepta le geste avec gratitude. « Oh, je vous remercie. Tout ceci est si éprou- » La pointe de l’épée sur sa gorge lui coupa la chique. Elle baissa les yeux sur la lame qui reflétait le plafond et allait de sous son menton jusqu’à la garde empoignée par la femme, dont le regard ne comportait plus une once de chaleur.
« Qu’est-ce qui me dit que je peux te croire, et que tu n’essaies pas de faire de quelqu’un d’autre le bouc émissaire ? Pour une soi-disant pacifiste, je trouve ça franchement louche que tu te sois retrouvée à fureter dans les quartiers de quelqu’un que tu prétends ne pas connaître. Sans parler de ton empressement à accuser l’autre hystérique de meurtre. Alors, ça suffit les conneries. T’as intérêt à me dire la vérité. Ma collègue ne bluffait pas, tout à l’heure. »

L’envoyée fixait la courbe effilée, le masque en cire en mille morceaux sur ses genoux tremblants. Ses bras enserraient son ventre, les mains frêles s’agrippant avidement aux pans de sa robe comme pour s’en faire un bouclier de soie et de satin, mais lorsqu’elle releva le visage, il était déformé par la colère.
« Ne nous faites pas de mal. » Il ne s’agissait pas d’une prière mais d’un ordre. « Comment osez-vous nous menacer ? Avez-vous la moindre idée de ce qu’il adviendra de ce Royaume – non, de ce monde, si vous veniez à blesser l’enfant que je porte en mon ventre ? » Abasourdie par le brusque changement de ton de la jeune fille, la soldate n’éloigna pas pour autant l’épée de sa gorge. « Quoi, tu es enceinte ? »
La chaise chuta derrière elle avec fracas lorsque Luthgarde se releva brutalement, des éclairs dans les yeux. La rage, la peur et la ferveur embrasaient son teint d’albâtre.
« Je le suis. Celle que je mettrai au monde sera une d’Epilut ; et bien plus que ça. Que dira la Cheffe des Armées lorsqu’elle apprendra que vous avez pointé votre lame sur sa future nièce ?  »
L’autre soldate avait surgi derrière elle et lui avait saisi les poignets, l’immobilisant. « Tout doux, tu délires, ma pauvre. » Inerte mais tendue, fulminante, la jeune fille examinait ses options. Oh, si elle avait pu en cet instant dégainer son couteau, crever les yeux de ces brutes, leur jeter son poison au visage ! Ces impies, ces pauvres ignares, imbues d’elles-mêmes et aveuglées par le sang dont elles ont été abreuvées depuis leur plus jeune âge ! Bien sûr, elle saurait les pardonner et guider leurs âmes, lorsque tout serait fini ; mais pas avant de les avoir empêchées de tuer dans l’œuf ce que le Très-Haut lui avait confié : l’espoir de l’humanité.

Heureusement, celle qui l’avait interrogée sans pitié sembla regagner un semblant de jugeote. Incertaine, elle abaissa lentement l’épée. « Attends. Elle semblait particulièrement affectée par le sort du Grand Prêtre. Serait-il possible... ? » Le dégoût qui tordait ses lèvres était révélateur de ce qu’elle pensait du scénario qui venait de se jouer dans sa tête. Luthgarde sentit que la milicienne postée dans son dos relâchait légèrement son emprise sur ses poignets. La soldate soupira. « Bordel… ramenons-là avec les autres. On verra bien ce que la Cheffe en dit. »

⋆⁺₊⋆ ☾ ⋆⁺₊⋆

Luthgarde était restée silencieuse durant tout le trajet menant au palais. Évidemment, elle n’avait pas pu fermer l’œil de la nuit. Les soldates avaient fini par trouver les deux fioles de poison en fouillant minutieusement les vêtements de son coffre. L’une d’elle ne l’avait pas lâchée d’une semelle après ça ; sans doute la soupçonnait-on d’être un assassin à la solde d’Herminiette, ou pire. Après tout, elle était arrivée avec le convoi des Lieugrois. Grâce à sa déclaration précédente, aucune milicienne n’avait osé lever la main sur elle.
L’envoyée avait passé les heures à prier, une main protectrice sur le ventre, ou bien à observer par la fenêtre la ville se faire retourner sans dessus dessous par les femmes de la Cheffe des Armées. Depuis quand les Narfasiens n’avaient-ils pas connu une véritable nuit de calme ? Celle où seule la lumière des astres illumine le ciel ? Où le silence règne, seulement perturbé par les cris des animaux nocturnes et le bruissement du vent sur les dunes de sable ?
Elle avait ressassé les évènements qui l’avaient amenée sur ce chemin, plus sinueux qu’elle ne l’aurait souhaité, mais au bout duquel la lumière n’avait jamais cessé de briller. À chaque fois qu’elle craignait prendre le mauvais tournant, une main sortait des ténèbres l’en empêcher. Elle n’errait plus, désormais. L’être qui s’épanouissait dans son corps agissait comme une boussole qui l’ancrait et la guidait sur la bonne voie.

Une main sur son épaule la poussa à accélérer le rythme. Luthgarde obéit sans même jeter un regard aux miliciennes qui l’encadraient. À la place, elle fixait le dos de sa bienfaitrice qui avançait à un bon pas devant elle. Le prêtre était également présent. Tous avaient été "conviés" au château, où Tamara d’Epilut et d’autres têtes du gouvernement les attendaient - supposément. Même si l’invitation concordait avec leurs désirs, on leur avait fait comprendre que le choix ne leur appartenait pas.
La jeune fille était sereine. Sa main caressa le Cercle des Âmes et descendit jusqu’à son ventre en effleurant le pendentif rempli de poison, toujours niché au creux de sa poitrine. Tout arrivait pour une raison.

Message VI(XVI) | 1564 mots

Résumé :
Luthgarde est escortée jusqu'au palais pour la "réunion".


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Signature : Teagan White
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Jeu 23 Mai 2024, 19:26


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Les Portes V ; Narfas
Jezeṃiās, dans le rôle de Sextus



Rôle - Sextus:

Sextus ignorait ce que chacun avait pu chanter aux oreilles des soldates. Au sein des différents clans qui s'étaient formés dans la maison au cours de la nuit, Sextus résidait seul dans le sien et avait passé un certain temps dans une forme d'état méditatif, les yeux clos comme s'il dormait et les mains jointes. Il savait que désormais, les billes n'étaient plus dans ses mains. En dépit des menaces de l'armée, la maison tenait encore debout et tout le monde était en vie, à l'exception de l'ancien suzerain Lieugrois qui semblait fixer tout le monde avec les cavités creusées de ses orbites. Jusqu'à ce jour, le prêtre ne s'était jamais fait la remarque que le plus fanatique des trois Ombres n'était non pas le prêtre, mais le poète. Il aurait pu sourire à cette ironie si son homologue n'était pas un sujet si grinçant qui ravivait sa rancœur comme du sel sur une plaie. Il chassa le cloporte violet de ses pensées alors que le palais se dessinait face à eux. Une moue désapprobatrice sur le visage, Sextus put constater bientôt que les ravages de l'extérieur n'avaient rien à envier à ceux qui avaient touché l'intérieur. Il secoua la tête. Tant de beauté et de splendeurs, détruites en un instant. Le palais était le joyau de Narfas, il resplendissait, à l'image de Balthazar, cette figure sainte aux yeux de ses sujets. Mais le peuple avait enfermé son Dieu. Si Sextus réussissait à réasseoir un De Narfas sur le trône, avec lui en tant que Grand Prêtre, il saurait apprendre des erreurs de ses prédécesseurs pour que jamais cela ne se reproduise. Toutefois, Gaspard d'Epilut était en vie, Anthonius aux mains de la Cheffe des Armées, la même qui envoyait ses soldates secouer le poulailler à des heures indues. Il voyait donc s'éloigner à chaque minute passant son espoir de voir son plan se réaliser. Cela étant dit, il savait garder la Foi. Si les dieux existaient, ils sauraient sourire à leur serviteur, quand bien même ce dernier doutait de leur existence réelle et de leur poids dans les évènements passés et à venir. Après tout, une malédiction semblait bel et bien peser sur la démographie du pays.

La grande salle, qu'il avait pu admirer une fois en venant en compagnie de Jésabelle De Narfas, n'était plus que l'ombre d'elle-même. Abandonnée, les murs léchés de suie, elle faisait triste mine. L'ancienne grandeur de Narfas n'était plus, et le coupable se trouvait dans son champ de vision. Il savait à quoi ressemblait Primaël, il avait assisté à quelques discours qu'il avait pu distribuer à la population. Il l'avait trouvé jeune, fougueux. Sans doute sa passion plaisait-elle à certains rebelles, à ceux qui se nourrissaient de ses promesses enfiévrées, ou à ceux qui étaient prêts à croire n'importe qui leur promettant un avenir meilleur, surtout de la part d'un minois aussi séduisant. Il se souvenait s'être demandé si le jeune homme pensait chaque mot, ou s'il ne faisait que tisser des mensonges avec sa langue de velours, ou s'il n'était qu'un pantin comme Balthazar l'avait été. On le disait anciennement semencier, et très proche des nobles, en particulier la gent féminine. Il avait longuement investigué son profil, qui s'avérait brillant selon ses informations croisées.

Le religieux pivota vers les soldates qui les avaient escortées, ignorant Herminiette et Luthgarde. Il n'avait que trop vu la première et ne savait quoi penser de la seconde si ce n'était qu'il s'en méfiait. Pour une étrangère aux yeux si candides, elle en savait trop, et ce qu'elle savait était venimeux. Marcellin et Pénélope en avaient subi les conséquences. « Je vais parler une seconde à Primaël Noyarc. » les prévint-il. Ils avaient été fouillés afin de ne pas transporter d'armes sur eux et elles n'en avaient trouvé aucunes sur lui.

Les mains enfoncées dans les amples manches de sa robe d'office, Sextus s'avança tranquillement jusqu'à l'illustre rebelle, notant au passage la présence d'un autre homme. Il haussa un sourcil à sa vue et son regard glissa de son visage congestionné et pâle malgré la teinte basanée de son derme, jusqu'à l'anomalie plantée dans son dos. La nuit n'avait visiblement pas été agitée seulement chez les trois Ombres. « Bonjour. » les salua-t-il poliment. « Vous avez quelque chose, dans votre dos. » fit-il remarquer courtoisement au roux. « Quelqu'un devrait s'occuper de ça rapidement avant que ça ne devienne sérieux. » ajouta-t-il plus gravement avant d'arrimer ses prunelles à celles de l'objet de sa curiosité. « Je me présente officiellement car nous n'avons jamais encore eu l'occasion de nous rencontrer. Je suis Sextus, des Trois Ombres. C'est un plaisir de pouvoir enfin échanger avec celui dont tout le monde parle et qui a tant changé notre cité. Je ne vous apprend sans doute rien, nous avons été interrogés plutôt brusquement cette nuit par l'armée. Vous savez, j'aurais été plus qu'heureux d'accepter une entrevue avec vous et la... je ne sais plus comment la nommer, si elle est Cheffe des Armées, ou Régente, selon les dernières informations ? C'est une période excitante sans doute, pour les jeunes esprits, avec tous ces rebondissements. » commenta-t-il, des notes sardoniques dans la voix.

Message VII | 924 mots

Sextus arrive avec Herminiette et Luthgarde. Il part parler à Primaël. Je pars du principe que la réunion n'a pas réellement commencé et qu'elle débutera avec l'arrivée de Tamara o/ Dites-moi si ça pose problème et je modifierai.


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Orphée Dasgrim
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◈ Activité : Voyager avec les Enfants de Yanna
Orphée Dasgrim
Ven 24 Mai 2024, 08:31



Unknown

Les Portes – Chapitre V

En groupe | Lazare


Rôle :


Autrefois, il avait dansé ici. Quand les murs arboraient un décor fastueux, chargé de charrier l’histoire de Narfas à travers de multiples fresques. Quand le sol se pavait de carreaux aux teintes chaudes. Quand la noblesse dominait et que la royauté et la religion dirigeaient. Quand il était semencier. Il se rappelait de sa toute première fois au palais. Gamin des rues, fils de rien, enfant de personne ; il avait foulé ce carrelage comme un animal n’ayant jamais vu l’extérieur d’une cage de sa vie. Il avait d’abord avancé avec une précaution et une curiosité farouches, puis il avait commencé à découvrir les plaisirs de cet environnement, et il y avait gambadé, caracolé, joué. Il avait cerné l’étendue du luxe dans lequel baignait les puissants, et plus vivement ressenti la misère de ceux qu’il avait côtoyés toute son enfance, la difficulté de leur existence face à l’aisance de celle-ci, leurs préoccupations primaires, qui se résolvaient parfois dans le crime ou la cruauté, et cette farce-là, le vrai crime, l’abondance dans l’impunité, le privilège d’une liberté factice. Cette nuit-là, avant de s’assoupir dans les bras de Gao, le désir de changer les choses était né en lui. Au fil des années, il s’était étoffé et complexifié, jusqu’à devenir un véritable projet politique. Et parce que la réalisation de ce désir avait démarré, parce que ce projet politique avait été lancé, parce que les événements s’étaient enchaînés avec une implacabilité propre au destin et cerclée d’ironie, il se retrouvait à nouveau ici, juste après la mort de celui qui l’y avait fait entrer. Là où tout pouvait se résoudre ou se terminer.

Appuyé contre le rebord d’une fenêtre dont le verre avait été brisé lors de l’incendie, il observait la salle. Les individus importants de Narfas et de feu Lieugro y étaient amenés un par un. Parqués, surveillés par les soldates. Malgré sa tentative de rapprochement, Tamara n’avait pas souhaité lui réserver un traitement de faveur. Elle ne lui avait rien dit. Son silence avait un goût amer, mais toujours moins que l’évidente erreur stratégique qu’avait été sa réaction à la mort de Gao. Son cœur se serra et il croisa les bras.

La porte s’ouvrit à nouveau : la silhouette d’Ivanhoë entailla la pâle clarté du jour. Primaël inspira et se redressa. Ses iris volèrent jusqu’à Garance de Lieugro, qui se tenait près de Lambert d’Eruxul, visiblement blessé. Il n’avait parlé à personne et ne comptait pas le faire avant l’arrivée de la Cheffe des armées ; pourtant, il savait que le roux ne l’abandonnerait pas au confort du silence, et quand sa voix résonna, il tourna la tête vers lui. Il aurait voulu que son regard ne lui fît rien. Il aurait voulu ne plus sentir sur son cœur le souffle acide de sa trahison. Il aurait voulu ne plus l’aimer. Il aurait voulu ne pas avoir besoin de lui. Pouvoir faire face seul à l’adversité ; mais il était évident qu’ici, il n’avait aucun allié et trop de potentiels ennemis. Il ignorait ce que souhaitait faire Tamara : leur annoncer sa prise de pouvoir définitive ? Leur offrir une chance de former un gouvernement ? Éliminer tous ceux qui s’opposeraient à elle ou qui pouvaient représenter une menace pour la stabilité de Narfas ? Les emprisonner jusqu’à l’arrivée de Judas ou utiliser son ombre pour les forcer à s’allier ou à se déchirer ?

Ses iris céruléens fixés sur un point par-dessus l’épaule d’Ivanhoë, Primaël ramena son regard sur lui. Il avait accepté de jouer pleinement et jusqu’au bout, indépendamment des implications de cette dévotion. Jouer induisait de faire des choix de raison et non de cœur. Les émotions desservaient. Il le savait, il arrivait à en faire fi face à n’importe quel plateau de bois, et pourtant, dans la réalité, il répétait les mêmes erreurs. L’assassin pouvait lui être utile. Tamara avait raison : Gao était mort, c’était trop tard, le futur n’attendait pas. Il fronça les sourcils. Quand il avait survolé Ivanhoë, des détails lui avaient échappé. Désormais, il ne voyait plus qu’eux : la crispation de son visage, la sueur sur son front, la douleur qui striait ses prunelles, l’odeur de fer qui flottait autour d’eux. « Tu es blessé. » s’entendit-il dire, malgré lui, avec une pointe d’inquiétude. « Que s’est-i- » Aux abords de son champ de vision, l’approche d’une autre silhouette le fit taire. Il pivota vers l’homme. Son cœur s’affola. Il devait rester en maîtrise de lui-même. Il n’avait plus le droit aux écarts, aux emportements. « Bonjour. » Il jeta un coup d’œil au roux et retint de justesse une remarque greffée de reproches. Pourquoi ne s’était-il pas fait soigner ? Voulait-il mourir ? Le rebelle prit sur lui pour conserver un visage impassible. Ça ne différait pas tant d’une partie de cartes. Il s’agissait juste de faire semblant. Il avait fait cela presque toute sa vie. En la matière, il était virtuose. Comme avant une partie, il fit le vide dans sa tête pour pouvoir accueillir toutes les informations et réagir sans s’encombrer de ses pensées parasites. « Il a raison. Tu devrais demander à une des soldates. » appuya-t-il avec calme, avant de se concentrer sur Sextus et sa présentation piquée de moquerie. Jamais il n’avait vu le prêtre d’aussi près : il scruta son faciès, à la recherche d’éléments qui pourraient lui rappeler ce que lui renvoyait le miroir. « Je suis enchanté de vous rencontrer, Sextus. » Il lui sourit. « Primaël Noyarc, et voici Ivanhoë Emmog. » les présenta-t-il succinctement. « Je crains que la nuit n’ait été reposante pour personne. » Son regard courut sur les autres individus présents. Il reconnut notamment Herminiette. « Tamara est une femme capable d’endosser ces deux rôles à la fois, aussi vous pourrez vous adresser à elle en ces deux qualités. » Ses yeux d’azur s’arrimèrent à nouveau au religieux. Il avait mille questions à lui poser. Trop peu qu’il pût formuler ici. « La période est sans doute stimulante, oui, mais je crois qu’en définitive, nous aspirons tous à la même chose : le retour de la stabilité. N’est-ce pas ce que vous ont laissé entendre les soldates ? »



Message VII – 1033 mots


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Kitoe
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Ven 24 Mai 2024, 12:08

Herminiette
Les portes - Narfas
Madalen Duke - How Villains Are Made


La nuit avait eu la particularité d’être très longue et très courte à la fois. Rien n’avait avancé et pourtant, tout avait changé. Herminiette était contrariée, en même temps qu’elle était exaltée par les diverses informations qui avaient fait surface, le temps que le soleil ne reparût à l’horizon.

Son interrogatoire avait tourné court à la suite de ses explications. Sortie de la pièce où elle avait été enfermée avec cette soldate désagréable, et tous ses doigts épargnés, il avait été assigné à chacun une garde toute personnelle. Herminiette détestait la proximité de cette femme qui lui respirait derrière la nuque, mais elle n’avait pas protesté. Inévitablement, elle n’avait pas passé une bonne nuit, à l’instar des autres résidents de la maison des trois Ombres. Ces quelques heures de repos avaient été dédiées à ressasser les différents événements qu’elle avait vécus, les idées et les hypothèses qui en découlaient. Il y avait eu des choses intéressantes, comme l’opportunité de mettre Marcellin hors d’état de nuire ; restait seulement à savoir à quelle heure son cas serait pris plus sérieusement encore. La courte alliance avec Sextus n’avait plus lieu d’être puisque la tête de Montarville avait été découverte plus vite qu’escompté. Mais de tous les imprévus qui avaient rythmé la soirée, Herminiette avait refusé de voir celui-ci en face : la trahison de Luthgarde. Techniquement, on ne lui avait rien dit, mais les bruits de couloir, les vannes entre les soldates, la bleue les avait entendues. Porter l’enfant du Grand Prêtre aurait dû faire vomir n’importe quel individu normalement constitué. Aussi insensible pouvait-elle être, Herminiette devenait faible face à des stupidités pareilles. Elle aurait préféré mourir d’un avortement dangereux plutôt que de faire grandir ça dans son ventre. Quoi qu’il en fût, depuis la veille, la femme n’avait pas adressé un seul mot à sa protégée, car les soldates ne leur en avaient pas laissé l’opportunité. Le cas échant, elle lui aurait volonté sifflé l’ordre de ne pas l’associer à ses délires religieux et prophétiques et de choisir un camp : le futur que l’Erréilienne était soit avec elle, soit avec Sextus, mais pas les deux. La vie était faite de concessions et de sacrifices.

Arrivée sur les lieux de la réunion, Herminiette détailla l’architecture de la grande salle. C’était la première fois qu’elle mettait officiellement les pieds dans le palais. Elle en avait maintes fois discerné les contours à travers les yeux de ses espions. L’endroit avait clairement perdu de sa splendeur depuis. L’Ombre reposa son attention sur chaque personne présente dans la salle. Hormis les abrutis avec lesquels elle partageait son toit, les personnalités avec lesquelles elle aurait voulu s’entretenir plus tôt étaient toutes présentes. Sextus était déjà parti prêcher pour sa paroisse auprès de l’un des alliés que la bleue convoitait, et cela lui valut un regard noir de sa part. Elle glissa sur le reste des invités. Ces quelques minutes de flottement, avant l’entrée en scène de la Cheffe des Armées, était le parfait moment pour échanger librement – si l’on omettait la garde qui décorait toute la pièce. L’Ombre se présenta devant la femme aux cheveux blonds dont elle devinait aisément l’identité. Cette dernière était accompagnée d’un homme blanc et mal en point.

-Madame de Lieugro, Monsieur d’Eruxul.

Un sourire adoucit son visage froid.

-Je suis Herminiette. Enchantée. Il me tardait de vous rencontrer.

Son regard coula sur Lambert, qu’elle détailla plus particulièrement des pieds à la tête. Voilà donc ce que l’on devenait lorsqu’on était l’homme le plus lâche de toute cette audience.

-La nuit dernière semble avoir été rude pour tout le monde. Tout va bien ?

Autant physiquement que par l’esprit, Lambert lui apparaissait comme un maillon faible dont quiconque devrait se débarrasser rapidement. Herminiette s’intéressa à Garance.

-Je n’ai pas encore eu l’occasion d’échanger de vive voix avec Tamara d’Epilut ou Primaël Noyarc. Je leur avais envoyé un courrier en même temps qu’à vous. J’imagine que vous avez eu davantage d’occasions que moi pour discuter avec eux. Comment se présente la situation ?

Elle n’avait pas le temps pour alourdir leur conversation en commodités. Elle avait besoin de connaître leur positionnement maintenant pour établir le sien en conséquence. Elle avait un courrier prêt, à l’attention des descendants d’Uobmab, si la Lieugro ne répondait pas à ses attentes. Un courrier audacieux, peut-être, mais qui avec un peu de chance, ne tomberait pas dans des mains trop loyales à leur père. Oh non, le courrier n’était pas encore rédigé sur papier ; sinon qu’en auraient pensé les soldates qui avaient fouillé sa chambre de fond en comble ? Qu’en aurait pensé celle qui l’avait surveillée toute la nuit ? Herminiette était parfois trop directe dans ses agissements, mais pas stupide. De la même façon, elle n’avait pas gardé le couteau qui avait tué Jésabelle dans sa chambre comme un trophée – hein Marcellin ? Espèce de gros malade mental – mais l’avait proprement remis là d’où il provenait, dans un tiroir de la cuisine. Non, la lettre était écrite dans son esprit. Elle y avait juste tellement songé qu’elle la connaissait par cœur.

846 mots
Herminiette copie sur Sextus



Bijin
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Sam 25 Mai 2024, 08:41




Les Portes – Chapitre V

En groupe | Hélène


Rôle :


Durant le trajet jusqu’au palais, Garance avait tenté de soutirer des informations aux soldates, mais ces dernières avaient gardé le silence. L’état des rues et ce qu’elle y avait entendu l’avait aiguillée : Tamara d’Epilut avait pris la main. Elle était devenue régente de Narfas. Son armée fouillait toutes les maisons et commerces à la recherche de traces d’activités illicites. La Lieugroise supposait aussi que la guerrière avait envoyé chercher d’autres personnalités importantes. Si elle avait voulu les tuer, elle l’aurait fait faire immédiatement – elle aurait pu l’assassiner chez Primaël. Ses actions dénotaient d’une volonté de les maintenir en vie, au moins un temps. Peut-être était-ce pour organiser une exécution publique et ainsi éliminer tous les éventuels opposants à sa prise de pouvoir ? Ou pour parlementer ? Garance disposait de trop peu d’informations pour tirer des conclusions. Elle se contentait d’avancer d’un pas résolu, avec l’espoir que, si les choses devaient mal tourner, ses hommes ou ceux de Gao parviendraient à intervenir pour les sauver.

Arrivée la première, elle eut tout le loisir d’admirer les ravages de la révolution sur le palais. De sa silhouette décharnée semblaient encore s’élever des volutes de fumée noire. Dans sa partie la plus épargnée grouillaient des vies en souffrance, et depuis l’extérieur, on entendait les murmures de l’hôpital. La nuit ne s’étendait pas jusque-là ; l’activité n’y cessait jamais. On la fit entrer dans la grande salle. Son faste avait péri dans les cendres. L’incendie avait laissé son empreinte sur chaque mur, et seuls quelques pans osaient encore montrer le souci de beauté et de raffinement avec lequel la demeure royale avait été pensée. La régente de Lieugro patienta seule un moment. Elle eut le temps de réfléchir.

Comme elle s’y attendait, Lambert fut amené. Son visage était pâle, sa démarche difficile et ses vêtements tachés de sang. Elle se redressa, inspira et serra les dents, le palpitant tambourinant. En quelques pas vifs, elle fut près de lui. « Lambert. » Sa main se posa sur son avant-bras. « Assieds-toi. » commanda-t-elle, avant de l’imiter en s’accroupissant près de lui. Elle regarda son ventre. Un poing d’angoisse comprima sa gorge. Ivanhoë était-il en vie ? Avait-il cherché à l’atteindre par le biais de son conseiller ? Il avait été soigné, pourtant. « Que s’est-il passé ? » La porte s’ouvrit à nouveau. Elle leva la tête et vit entrer Primaël, l’air grave et fermé. Ils se saluèrent d’un signe de tête mais n’échangèrent pas un mot. Elle s’était demandé si Tamara le ferait aussi amener ici ou maintiendrait leur alliance. Sa présence révélait l’ampleur des failles qui séparaient désormais le trio narfasien. Elle baissa les yeux vers Lambert. « Je suis allée chez Gao d’Eésnep, où ta fille nous a rejoints. » chuchota-t-elle. L’heure n’était pas à fustiger le blond pour l’éducation qu’il avait donnée à cette peste. Elle préférait aller droit au but. Ils n’avaient peut-être pas beaucoup de temps. « Nous sommes allés chez Primaël Noyarc pour le rencontrer, lui et Tamara d’Epilut. Ils étaient aussi avec Ivanhoë Emmog. Nous discutions quand ce dernier a reçu un mot de la part de Balthazar qui, bien que censé être enfermé, accusait Gao d’avoir violé Primaël. Ivanhoë l’a tué. » Elle fit une pause et inspira. Certains détails, comme la lame de l’assassin sur le cou de la fille de Lambert, se passaient de mention. Elle ne voulait pas l’amenuiser davantage. Elle avait besoin qu’il fût aussi efficace que possible, malgré sa blessure. « Le cœur a dépassé la raison et à partir de là, le chaos a débuté. Rosette a réussi à s’enfuir. » Elle jeta un regard circulaire à la pièce. Tandis qu’elle parlait, d’autres étaient entrés. Ivanhoë était vivant. Elle se reconcentra sur Lambert. « Avant que nous allions chez Primaël, Gao a fait attraper le fils de Tamara, et a du même coup capturé Placide, Ludoric et une jeune fille blonde. Je soupçonne Balthazar d’avoir mis la main sur eux, mais Tamara pourrait tout aussi bien les avoir retrouvés. Elle est partie retourner la ville pour retrouver son fils. » Ses doigts s’enroulèrent autour des phalanges de Lambert. « J’espère que tu as d’excellentes nouvelles à m’annoncer. » Elle n’y croyait pas une seule seconde. « Je ne sais pas ce que veut Tamara, mais je crois que nous pouvons nous mettre d’accord sur le fait que peu importe ce qu’elle nous proposera, notre marge de négociation sera faible et il sera sans doute préférable d’accepter. »

Une voix dans son dos la fit se retourner. Elle se releva. Une femme aux cheveux bleus et à l’air austère les abordait. « Dame Herminiette. » salua-t-elle. Je n’aspire à rien d’autre qu’à rétablir l’ordre et la sécurité. Ses mots s’étaient marqués au fer rouge dans sa mémoire. « Je suis aussi ravie de faire votre connaissance, quoique j’eusse préféré que cela se fît dans de meilleures conditions. » Elle lui sourit. « Nous avons connu de meilleurs jours. » répondit-elle en coulant un regard vers Lambert, avant de rediriger son attention sur l’Ombre. « Je crains que l’ordre et la sécurité auxquels vous aspirez n’aient pas été au rendez-vous et n’entrent pas dans nos perspectives immédiates. J’ai rencontré Tamara d’Epilut et Primaël Noyarc dans la soirée, mais les choses ne se sont pas déroulées comme prévues. Je ne suis pas certaine qu’ils soient encore alliés. » résuma-t-elle. Ses iris naviguèrent jusqu’au révolutionnaire. Il discutait avec un homme en habit religieux. « J’ignore ce que souhaite la nouvelle régente. Vous vivez à Narfas depuis plus longtemps que nous et semblez au fait de sa politique. Que croyez-vous qu’elle désire faire en nous réunissant tous ici ? » Ses prunelles céruléennes se posèrent sur elle. Elles la sondèrent.



Message VII – 956 mots




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Kaahl Paiberym
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Kaahl Paiberym
Sam 25 Mai 2024, 10:28



Les Portes



Durant la nuit, plusieurs rapports m’étaient parvenus. J’en avais profité pour peaufiner mon projet, notre projet, même si j’avais placé Primaël dans une position délicate qui ne pouvait pas lui permettre de se compter parmi mes alliés. D’aucun dirait qu’il s’agissait là d’une forme de vengeance, de le laisser dans le doute, mais ce n’était pas le cas. Je voulais que les choses avançassent et n’avais besoin de personne pour ça. Enjôler les foules avait ses limites. Il arrivait un moment où le discours devait s'avérer plus ferme pour être sûr qu’il fût perçu. Je fixai Adolphe et son nez en forme de patate pourrie. Un sourire amusé par toutes ces questions m’échappa. « Balthazar et moi couchons ensemble. » lui répondis-je. « Et ton père n’a aucune importance. » Cet adolescent était trop curieux. Une mère plus pudique lui aurait très certainement répondu que ça ne le regardait pas et que tout ceci était des histoires de grandes personnes. Néanmoins, aucune trace de pudeur n’avait jamais effleuré mon caractère. « Primaël ? Oui. Il est plutôt doué. » Je posai une main sur l’épaule du soldat. « Ne t’inquiète pas, tu ne vas pas tarder à comprendre. »

Lorsque j’entrai dans la salle, une soldate frappa dans ses mains pour discipliner ce petit monde. Je parcourus chacune des silhouettes des yeux, en jaugeant la force de ces dernières. Les combattants se faisaient rares de nos jours et les têtes décisionnelles avaient souvent un certain âge ou étaient bien trop intellectuelles pour représenter une réelle menace. Dans la nature et sans aide, beaucoup de mes auditeurs n’auraient probablement pas survécu. Le plus problématique restait Ivanhoë. Cependant, j’osais espérer qu’il saurait se tenir cette fois. J’arrêtai la cadence de mes pas pour me positionner de façon stratégique. Il fallait que tous pussent m’entendre. « Judas d’Uobmab et moi avons croisé le fer il y a de cela des années. » commençai-je d’une voix forte, en guise d’introduction. « C’est un homme que beaucoup haïssent et c’est également mon cas, surtout après l’avoir côtoyé d’aussi près. Néanmoins, il a pour lui de multiples qualités qui ont fait du Royaume d’Uobmab ce qu’il est aujourd’hui. Je vous annonce donc dès à présent formellement que celui-ci va venir conquérir Narfas et que notre temps est compté. » Je ne le pensais pas influençable aux menaces ou provocations. Mon message ne changerait rien à sa décision. Au mieux, il serait un élément de curiosité. Restait qu’il ne se permettrait probablement pas l’erreur stratégique de laisser Narfas exister vu sa position désastreuse. « Eu égard aux derniers événements, j’ai décidé de prendre en main la situation. Si je vous ai réunis, ce n’est pas pour que vous m’exposiez vos problèmes existentiels mais pour vous faire part de ma décision. Ceux qui ne seront pas d’accord seront exécutés. » Je jetai un coup d’œil aux soldates. « L’existence même de notre Royaume est en jeu et ne souffrira pas des pleurnicheries égocentrées de vos petites personnes. » Les peines de cœur, les deuils et les blessures ne devaient pas entrer en ligne de compte. « Nous allons former un conseil. Le peuple, l’armée, la noblesse, la religion et les ressortissants étrangers y seront représentés. Jusqu’aux prochaines élections, le peuple sera représenté par Primaël Noyarc et disposera de trois voix. L’armée sera représentée par ma personne et disposera de trois voix en temps de crise et de deux voix en temps de paix. La noblesse sera représentée par Balthazar de Narfas et disposera d’une voix. Si ce dernier n’est pas retrouvé, la place restera vacante jusqu’à l’élection d’un nouveau représentant. La religion ne sera pas représentée jusqu’aux prochaines élections. Ensuite, elle disposera d’une voix. » Qu’importât que Gaspard eût été retrouvé ou non, mon frère était de la pire espèce et ne méritait aucune voix au chapitre. « Les ressortissants étrangers seront représentés par Lambert d’Eruxul et disposeront d’une voix. » Ma confiance en Garance de Lieugro frôlait le néant malgré le fait qu’elle fût une femme. « S’il ne succombe pas à ses blessures d’ici là. » rajoutai-je, en notant l’état de l’homme en question. « Lors des prochaines élections, l’armée et le peuple pourront être représentés par autant de personnes qu’il y a de voix. Le conseil décidera de toutes les questions qui toucheront Narfas et chacun des représentants aura à cœur de parler au nom de ceux qu’ils représentent et non en son nom propre. Je représenterai Narfas à l’étranger jusqu’à ce qu’une figure soit élue. La question des femmes demeurera sous ma seule autorité. Dès maintenant, sachez que la royauté est officiellement abolie ainsi que les règles concernant la démographie. » Mon regard se dirigea vers chacune des trois Ombres. « Les trois Ombres et leurs deux invitées, Pénélope d'Eésnep et Luthgarde Etnias, veilleront à ce que chacun des représentants reste en vie. Si l’un d’eux meurt, elles seront toutes les cinq exécutées. » L’affaire n’avait pas été tirée au clair et chacun était on ne peut plus louche. Mon flair me disait que quelque chose se tramait autour de ces figures énigmatiques. Néanmoins, j’étais certaine que leur nouvelle position saurait les calmer.

Je me tournai vers Adolphe et lui tendis la boîte qui avait été amenée dans la grande salle par l’une de mes soldates. Plus bas, je lui confiai une mission. « Je te charge de remettre ceci à Garance de Lieugro. Il s’agit de la tête de feu Montarville de Lieugro. » Je hochai la tête, pour lui signaler que j’avais toute confiance en lui pour cette tâche. Puis, je repris, plus fort. « Le conseil se réunira ici même dans deux heures pour décider de la question Uobmabienne. Entrons-nous officiellement en guerre contre Judas ? Entrons-nous officiellement en guerre contre son fils, Merlin ? Et, si oui, comment procéderons-nous ? Le reste des questions sera traité ultérieurement. » Je quittai la pièce sans un mot de plus. Des soldates avaient déjà été dépêchées pour annoncer à la population la décision prise. Partout en ville étaient placardées des affiches et scandés les nouveaux principes.  

1005 mots
Eméliana - Tamara:

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Sam 25 Mai 2024, 12:02



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Les Portes V


Rôle :

Mon cœur se serra sous les non-dits et les silences qui ponctuaient notre conversation. Par empathie, je ressentais chez Ludoric une émotion similaire à la mienne, une émotion qui ne faisait que gonfler celle qui m’appartenait. C’était un cercle vicieux. Ce que je ne disais plus à haute voix s’entassait dans ma tête sous forme de questions. Pourquoi ne disait-il rien à propos de Clémentin ? Pourquoi agissait-il ainsi ?

J’avais l’impression que la situation m’échappait. Je ne la contrôlais déjà pas beaucoup en temps normal. Maintenant, j’avais la sensation que Ludoric, qui avait toujours été un pilier de mon existence, s’éloignait définitivement. J’eus la certitude d’avoir vu juste sur son attirance pour Clémentin. Ce dernier devait répondre aux élans du rouquin. Il n’était qu’un paysan pour qui la fidélité était toute relative, pensai-je, de mauvaise foi. Je le détestais et cette détestation gravit un nouveau sommet lorsqu’il voulut le retrouver.

Je restai muet comme une carpe morte au fond de son étang, même quand il décida de choisir pour moi et qu’il déclara aller voir Balthazar pour lui dire qu’on se passerait de ses services. J’eus envie de lui hurler de se mêler de ses affaires mais le cri resta bloqué. Qu’il fasse ce qu’il veuille, déclamai-je dans ma tête, ma voix intérieure brisée d’un bouleversement que j’étais incapable de gérer.

Quand la porte se ferma, je me tournai vers Antoinette. Je la regardai quelques secondes en silence, incapable de dire quoi que ce soit. Je me sentais à la fois trop vide et trop plein. Des émotions bouillonnaient à l’intérieur de moi mais j’avais cette sensation, par-dessus, que rien n’avait plus d’importance. Ma respiration avait du mal à suivre son chemin habituel. C’était comme si une douleur sourde l’empêchait de circuler correctement.

« Je m’en vais. »

Je m’entendis à peine dire ces mots. Ludoric ne pouvait pas me laisser partir seul mais il venait de me laisser seul. Ce serait mieux comme ça. Si je partais et qu’il ne me retrouvait jamais, il ferait sa vie. Il n’y aurait plus de promesses comme celle de nous protéger tous les quatre. N’étais-je que ça pour lui ? Un devoir ? Un devoir qui l’enchaînait et le contraignait ? N’avais-je pas plus de valeur que les autres ?

Je sortis de la pièce et pris le chemin qu’avait dû emprunter Adolphe lorsqu’il était lui-même parti. Je pensai vaguement à Antoinette que tout le monde avait abandonné dans la pièce. Elle aussi s’en sortirait mieux sans moi. Son père la protégerait. Il l’amènerait loin et elle pourrait se reconstruire. Pour moi, les choses seraient probablement différentes. Je n’en savais rien. Tout se mélangeait et la seule chose que je savais c’est que je devais m’éloigner de Ludoric. Disparaître quelque part.

Mon parcours dans la nuit fut calme durant un temps indéterminé. Je tournai dans des directions prises au hasard. Curieusement, la peur était absente. J’étais juste là, à vouloir fuir vers je ne savais où. Ludoric ne pourrait pas me retrouver dans Narfas. Ce serait impossible pour lui. Il essaierait peut-être mais abandonnerait rapidement. Il devait rester avec Antoinette.

Bien plus tard, la ville commença à s’éveiller sous des cris et un vacarme qui me glacèrent le sang. Je me mis à courir par réflexe. Je m’approchai sans le vouloir d’une zone grouillant de soldates. Je m’arrêtai au coin d’une maison et vis Lambert se faire arrêter. Je rebroussai chemin, n’ayant aucune idée de ce que tout ceci signifiait. Il était blessé qui plus est.

Je contournai la zone, aux aguets, toujours avec la même volonté de fuir Ludoric et tout ce qu’il représentait. Je voulais fuir mes émotions. Elles éclatèrent pourtant lorsque j’aperçus la silhouette de Clémentin. Mes dents se serrèrent.

L’hésitation n’exista pas. Mes jambes me portèrent jusqu’à lui, elles-mêmes contrôlées par le ressentiment. Pourquoi fallait-il que le brun se mette toujours sur mon chemin ? Ne pouvais-je pas aller quelque part sans voir sa sale tête ? Son existence même prouvait l’infidélité de mon père. Ça aurait pu être mon seul grief si le roux n’avait pas fini par le préférer à moi et si tout ce que Clémentin faisait lui réussissait toujours. Ce n’était pas juste.

Ma main agrippa son épaule pour qu’il se retourne et mon poing heurta son visage avec toute la force dont je disposais. Il devait disparaître.

« Tout est ta faute ! »

Je me jetai sur lui comme un chat dans la bataille (et si vous n’avez jamais vu des chats se battre, je vous assure que c’est terrifiant).

760 mots

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Sam 25 Mai 2024, 14:34



Les Portes


« Je pense toujours qu’on aurait dû aller les aider. » me plaignis-je, une fois que nous eûmes franchi l’épreuve des escaliers. Le corps de Lambert s’était parfois affaissé. J’avais senti son poids reposer sur moi et l’effort que le soutenir m’avait demandé était réel. Il pesait un âne mort. Je jetai un coup d’œil au décor puis fixai le d’Eruxul, interrogatif quant à la suite, avant qu’il ne reprît la parole. « Hein ? » le questionnai-je. Nous séparer ne me semblait pas être la chose à faire. Je l’écoutai sans trouver son discours cohérent. J’eus la sensation qu’il cherchait à tout prix à ce que nos chemins se déliassent. Sa blessure n’était pas si profonde ? À d’autres. Si je ne l’avais pas trouvé, il serait probablement mort à l’heure actuelle. J’étais capable d’arriver à cette conclusion malgré les effets de l’alcool alors n’importe qui aurait pu s’en rendre compte. Néanmoins, rien ne servait de protester. Les vieux étaient souvent bornés, comme le Docteur Audilon, et il valait mieux ruser. J’acquiesçai donc avec un air parfaitement sérieux. Pas que je ne voulusse pas retrouver Rosette, loin de là, mais je n’avais pas envie de la rejoindre pour ensuite lui annoncer que si son père était mort dans les caniveaux de Narfas, c’était parce que je l’avais laissé seul avec ses idées farfelues. Je fis donc mine de partir de mon côté avant de rebrousser chemin pour suivre l’ami de feu Montarville, dissimulé dans les ténèbres. Un jour, durant mon stage d’arts du cirque, un forain m’avait initié au sien : celui des ombres. Du jeu de ses mains se dessinaient des formes sur un mur. Pourtant, pour que lesdites formes pussent exister, il fallait une source de lumière. Je songeais que j’étais une ombre plongée dans l’ombre : invisible. Cette idée m’arracha un sourire. Tant qu’aucune source de lumière ne m’éclairerait, Lambert ne me verrait pas. Je le regardai donc bouger dans l’espace depuis ma cachette de noirceur, le jugeant sans pitié quand il commença à monter l’escalier au prix d’un effort surhumain. « Pas si profonde, hein ? » chuchotai-je pour moi-même, avant de souffler en hochant négativement la tête. J’attendis qu’il passât la sortie pour monter les marches et l’emprunter moi-même. À pas de loup, je le suivis. Ma discrétion n’était plus une épreuve, maintenant que nous étions à la surface et que Narfas semblait en émoi. « Qu’est-ce qu’il fait encore ? » me demandai-je, en le voyant faire demi-tour et en pensant que Rosette avait un père vraiment problématique. Je ne comprenais toujours pas ce désir de séparation mais me tenais prêt à intervenir dans le cas où il s’évanouirait de nouveau. Je restai immobile lorsqu’il rejoignit les femmes de Tamara et écoutai ses mensonges plus gros que Petit Pierre, un ami pêcheur qui avait du mal à passer de la terre ferme à sa barque tellement sa bedaine était imposante. Un jour, je lui avais dit « Mais enfin Petit Pierre, c’est facile, il suffit de mettre le pied dans la barque. » et il m’avait répondu « Je sais bien, Clémentin, mais je ne vois pas où est la barque. ». J’espérais pour Lambert qu’il voyait où était la barque parce que je n’avais pas l’intention de me laisser embarquer par les soldates. Maintenant que le d’Eruxul était entre de bonnes mains, j’allais m’occuper de Rosette. J’irais bien plus vite que l’ancien conseiller et son escorte.

Je restai un instant au même endroit, le temps de constater qu’elles l’emmenaient bien. Il me semblait que ce sauvetage ressemblait plus à une arrestation qu’autre chose mais je mis ça sur le compte de la situation actuelle. Tout le monde était tendu dans la capitale. Alors que j'allais partir, je sentis quelque chose me serrer l'épaule et me retournai en espérant ne pas trouver une soldate mécontente ou, pire, le médecin aigri avec ses bibelots. Je trouvai simplement le poing de Placide. « Bordel Plac… ! » Je n’eus pas le temps de finir. Entre la douleur et mon indignation interrompue, le corps du blond se jeta sur le mien. Par réflexe, je pivotai, comme on me l’avait appris lorsque je travaillais dans la lingerie de cette fameuse salle de combat réputée à Tahc, et envoyai mon assaillant au sol. Il était plus petit et plus léger que moi. Je sentis que mon mouvement avait été trop rude lorsque je vis son corps et son crâne heurter le sol violemment. Je restai un instant stoïque. « Placide ? » demandai-je sans obtenir de réponse.

746 mots
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Priam & Freyja
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Dim 26 Mai 2024, 08:22




Les Portes – Chapitre V

En groupe | Yngvild


Rôle :


Le manteau sombre et épais de la nuit handicapait Rosette dans sa tâche. Elle persévérait, pourtant. Ses pas la guidaient de rue en rue. Elle avait déjà fouillé la maison qu’ils habitaient tous ensemble : elle était vide. Personne ne s’y trouvait, pas même Placide, Ludoric et Anthonius. Elle avait essayé d’entrer dans une autre résidence de Primaël, mais celle-ci était fermée, et quand elle avait tambouriné à la porte de toutes ses forces, personne ne lui avait ouvert. En entendant l’armée de Tamara progresser dans sa direction, elle était repartie en courant. Inévitablement, elle s’était trouvée mêlée au chaos qui régnait sur la capitale. Les soldates vidaient maisons et commerces ; certains cherchaient à résister, à se rebeller, et le sang découpait la nuit de traînées rougeâtres. L’adolescente fut parfois obligée de s’arrêter et de s’appuyer contre un mur, le temps de chasser de son esprit les images qui l’assaillaient. Par instant, le corps sans vie de Gao lui revenait, et la sensation de la lame d’Ivanhoë se réimprimait sur sa gorge. Elle avait l’impression de mourir, se mettait à suffoquer, peinait à retrouver son calme. Elle ne sut combien de fois elle dut s’arrêter, ni combien de temps elle perdit. Plus il filait, plus elle s’inquiétait pour son père et Clémentin.

Ses jambes semblaient ne plus être capables d’avancer autrement qu’en courant. Un bruit d’explosion retentit derrière elle. Elle se retourna à demi : des flammes s’élançaient en rugissant du toit d’une bâtisse. Elle trébucha et s’étala de tout son long sur les pavés. Des gravillons écorchèrent ses mains et râpèrent sa joue. La rousse se redressa aussitôt et sauta pour se mettre debout. Ses iris verts se posèrent sur un visage dont les traits l’arrêtèrent net. « Clémentin. » Elle cligna des yeux. Il avait visiblement pris un coup, mais il était là, présent, vivant. « Clémentin ! » Le soulagement l’étreignit si puissamment qu’elle ne ressentit absolument aucune honte à avoir plongé si inélégamment devant lui. Ses bras l’entourèrent et elle le serra contre elle. Le cœur du brun battait fort contre sa poitrine. Il était en vie. Sous ses vêtements, elle sentait la chaleur de sa peau et la tension qui gainait ses muscles, tout ce qui permettait à son corps de tenir debout, de fonctionner, de vivre. « Je suis tellement heureuse que tu sois là. » Elle se pressa davantage contre lui puis se décala d’un pas, sa main glissant de son dos à la sienne pour y entremêler leurs doigts. « Est-ce que tu as vu mon père ou les aut- ça va ? » Elle fronça les sourcils et se retourna, le regard baissé. Quelqu’un gisait au sol. Son sang se glaça et sa gorge se noua. « Placide ? » fit-elle d’une toute petite voix. Dans sa poitrine, son cœur figé se mit à rugir. Elle lâcha la main de Clémentin et s’accroupit près du garçon. C’était sur lui qu’elle avait dû trébucher. Elle ne l’avait même pas vu, à peine senti. Elle noua ses phalanges autour de ses épaules. « Placide. » Il était pâle. Il ne répondait pas. Elle déglutit et, avec une lenteur apeurée, porta son index et son majeur à la jugulaire de l’adolescent. Son pouls pulsait. Elle cala sa paume sous son nez. Il respirait. « Il est vivant. » Son autre main glissa délicatement derrière son crâne. Elle sentit la chaleur humide du sang se faufiler entre ses doigts. Il avait pris un sacré coup, peut-être un coup qui aurait pu le tuer. Peut-être qu’il mourrait malgré tout. Cette pensée la traversa et lui retourna les tripes. Elle se sentit coupable. Pendant des semaines, elle avait espéré et œuvré pour que son cousin fût écarté du trône de Lieugro, qu’il perdît son statut d’héritier pour que Clémentin pût pleinement endosser le sien parce qu’elle estimait qu’il ferait un meilleur roi, parce qu’elle l’admirait et parce qu’elle l’aimait. Et désormais, Placide était peut-être sur le point de mourir. Ce n’était pas ce qu’elle avait voulu. Elle se mit à trembler. « Qu’est-ce qu’il s’est passé ? » Le regard de Clémentin la secoua. « On va le soigner. » dit-elle avec résolution. « On va le soigner. » Elle le répéta plusieurs fois, pour s’en convaincre ou se sortir de cet état de sidération. Elle fouilla ses poches – vides – alors elle arracha sa manche et la passa avec autant de délicatesse que possible derrière la tête du blessé pour la nouer autour. « Il faut qu’on arrive à le porter jusqu’à l’un des hôpitaux. » fit-elle d’une voix tremblotante.



Message VII – 764 mots

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Siruu Belhades
Dim 26 Mai 2024, 13:14




« Si tu reviens pas je le dis à Père et Mère ! » J’étais adossé contre un arbre. Je n’aimais pas m’aventurer dans les bois, quand bien même rien de dangereux ne pouvait s’y cacher. Ils étaient, après tout, aux alentours de notre maison. Alors, je croisais les bras, tapais du pied et faisais semblant d’être trop responsable pour suivre mon frère dans ses bêtises. Ce n’était pas la première fois qu’il disparaissait lors de missions assignées par nos parents. Il était comme ça. Je ne le dénonçais pas à nos parents. Pas de suite. J’attendais de faire le travail moi-même, d’aller peser cet ail des ours sur la grande balance à l’extérieur et, s’il ne revenait pas avant la fin, je me vantais d’avoir tout fait seul sans aide extérieure aucune.

Prouver mes compétences m’apportait une énorme satisfaction. Je m’imaginais déjà reprendre le commerce familial, l’étendre, ajouter des franchises. Je voulais du prestige, une montagne d’argent et des propriétés aux quatre coins du royaume. L’on dit souvent que les jumeaux cherchent à se différencier, mais, à l’époque déjà, Gao et moi étions des personnes si distinctes que ça n’était pas ma priorité. Les consonances de nos prénoms suffisaient déjà à indiquer que nos géniteurs n’avaient pas pour but de faire de nous des clones. À l’époque, je ne pensais pas qu’il finirait semencier, un chemin que j’associais à la religion. Je ne savais pas ce qu’il se tramait dans sa tête ; je ne l’ai jamais su et je ne le saurais jamais. Je ressentais pourtant que ses priorités différaient des miennes. Alors, encore une fois, je me retrouvais seul à accomplir la tâche.

Ce qui est drôle, c’est que poser autant de plantes sur cette balance a fini par me donner une excellente capacité à estimer le poids de matières sèches. C’est une compétence je pus développer en vendant du thé, et qui fût étonnamment utile lorsque je décida de me spécialiser dans la drogue. Ces herbes, je peux les peser à l’œil. Alors, pour déverser un setier de stupéfiants dans la réserve centrale où le palais puisait ses eaux, je n’eus pas besoin de balance. Mon estimation n’était peut-être pas parfaite, mais je savais que c’était assez pour ruiner la soirée de ceux qui s’amusaient en haut.

Oh, arrêtez. Je vois déjà les regards vilipendeurs de la foule braqués sur moi. Je sens sa poigne ferme me traîner sur la place publique tandis que je me vide de mon sang. Puisqu’il en est ainsi, alors accordez-moi au moins le droit de plaider ma cause. Oui, j’ai empoisonné un puits comme un vulgaire malfrat. Sachez d’abord que je n’avais jamais fait ça avant. Il faut dire qu’il n’y a pas énormément de canalisations, et que seule une minorité peut se permettre le luxe d’un accès à l’eau presque instantané. En un sens, cela fait de moi un révolutionnaire. Et c’est ce que je suis, non ? Bon, je suppute que vous avez d’autres questions. Pourquoi, comment, quand : tous ces mots qui font de vous des ignorants.

Reprenons donc où nous en étions la dernière fois. C’est une scène qui aurait mérité d’être peinte : moi tenant Gaspard en laisse, en train de partir en catimini par une sortie secrète… avant d’être interrompu par un troupeau d’hommes armés et Lénora. Nous parlerons d’elle en d’autres temps, mais, si quiconque s’apprête à m’accuser de l’avoir fait enlever, je tiens à rappeler que cette dernière est probablement plus en sécurité avec moi que dans la lugubre cave d’Adolphe. Je n’allais pas la libérer de suite, donc il fallait plus voir ça comme un échange de main.

Mais passons outre car si certains de ces hommes étaient à ma solde, les autres appartenaient à un certain monsieur qui était, à une époque, l’un de mes plus fidèles clients. Ils me délivraient un message. Une offre, en réalité. Cet individu avait dû passer un certain temps au Palais, puisqu’il était au fait d’un accès qui me permettrait d’empoisonner les réserves d’eaux d’une partie non négligeable de la ville. J’hésitai. C’était une entreprise risquée. En d’autres temps, j’aurais refusé. J’avais à y gagner, mais je craignais qu’il s’agisse du risque de trop. Sauf que grandir, c’est devenir celui que l’on n’aurait pas cru être. Je n’osais pas m’aventurer dans les bois, même en présence de mon frère. Désormais, il n’était plus là, et je me savais capable de le faire seul.

J’acceptais donc l’offre, à condition que les gros bras de Balthazar me débarrassent des soldats qui avaient apparemment envahi ma demeure. De toute façon, ils n’avaient pas vraiment le choix : tous mes stocks de drogues ne se trouvaient pas là — je savais mettre mes œufs dans différents paniers — mais il serait plus rapide d’utiliser ce que j’avais encore sous la main. Si ma réserve partait en flambée, j’aurais bien dû mal à accomplir ma partie du contrat. Alors, il y eut une brève reconquête des lieux. Les hommes armés remontèrent pour, j’imagine, entrechoquer le fer avec la milice. Je n’aime pas être témoin de violence, alors je me contentai de faire des va et vient entre ma réserve et les égouts, pour obtenir des quantités suffisantes de produit. Gaspard et Lénora étaient bâillonnés et attachés au convoi. Après une dizaine de minutes, deux des hommes revinrent vers moi pour me dire que la menace avait été éliminée. J’appris donc que ces intrus étaient des harpies à la solde de Tamara, que mes domestiques étaient morts, et que ma maison allait probablement être mise à sac si d’autres soldates étaient informées. Pour moi, cet enchaînement d’événements ne pouvait signifier qu’une chose : Tamara et Ivanhoë s’étaient alliés pour mettre fin à la dynastie D’Eésnep. L’un s’occupe de mon frère personnellement, tandis que l’autre envoie ses laquais m’égorger comme un porcin. J'étais d'autant plus scandalisé de ne pas avoir droit à une visite personnelle de la part de ceux qui voulaient ma mort. Pourquoi est-ce que Gao avait droit d'être directement attaqué par Ivanhoë, et pas moi ? Tamara et lui allaient payer pour cette tentative éhontée d’atteindre ma personne.

Je ne peux qu’être reconnaissant de voir que vous avez accepté de m’entendre. Je pense avoir répondu au « pourquoi », au « comment » et au « quand », mais, pour récompenser votre patience, il me semble juste d’aborder le « quoi ». Qu’est-ce que j’ai fait infuser dans la réserve d’eau de Narfas, au juste ? Je vous rassure tout de suite, il ne s’agit pas d’une de ces substances stimulantes, si populaires avant la révolution. Non, maintenant, ce que je produis en plus grande quantité, ce sont les opiacés. Efficaces pour contrer les maux du corps comme du cœur mais, en trop grande concentration comme c’était le cas maintenant, ils ont tendance à rendre quelque peu mou. Ce qui nous mène justement à Balthazar, mon commanditaire anonyme. Je ne peux pas vous dire ce qu’il cherchait à faire, mais, si mes calculs de dosage sont bons - et ils le sont toujours, ça aurait dû lui ouvrir une voie royale.


Post ? | Environ 1200 mots. Les gens au Palais : l'eau est aromatisée à l'oxycodone.
Rôle - Melchior:


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Kyra Lemingway
Dim 26 Mai 2024, 18:16


Les Portes V


Pénélope s'était enfermée dans un mutisme total. La seule phrase qu'elle prononça suite à l'interrogatoire fut une remarque pour pouvoir se rhabiller. Elle ne comptait pas s'adonner au naturisme devant tout Narfas si elle devait être emmenée en prison. La mâchoire crispée, son regard allait de l'un à l'autre des individus dans le salon. Elle aurait tant aimé pouvoir foudroyer tout ce petit monde sur place. Elle en avait assez de se faire mettre des bâtons dans les jambes par tout le monde. Elle commençait à croire que l'univers se jouait d'elle en la mettant au sol d'une balayette dans les jambes à chaque fois qu'elle semblait approcher de ses objectifs. C'était quand même déjà la troisième fois qu'on lui retirait une grosse opportunité juste sous son nez. Ça commençait à faire beaucoup. Sans se débattre, elle se laissa mener au côté de Marcellin à travers les rues de la capitale. Le contact sur sa main lui fit lever les yeux sur le poète. Au moins ils étaient deux dans cette galère.

C'était la première fois qu'elle voyait cette face sombre du palais. Elle n'aurait d'ailleurs jamais voulu la découvrir. Sur ce qui lui servait de couchage — même un mort ne pourrait pas y dormir tant c'était inconfortable —, adossée au mur et le regard dans le néant, Pénélope s'était refait le film de sa vie jusqu'à ce qui l'avait amené ici, y corrigeant à chaque visionnage un mot, une action qui lui aurait permis de s'étendre dans des draps de soie au lieu de grouiller ici cette nuit. Pourtant, chaque fois qu'elle faisait tourner la pellicule avec ce détail en plus ou en moins qui aurait pu changer la trajectoire de sa vie, chaque fois qu'elle imaginait une réalité alternative, elle en finissait toujours au même point : jamais elle ne s'était vue épanouie. La seule réalité dans laquelle elle avait pu voir cela, c'était dans celle où elle n'avait pas été enlevée à sa famille. Et encore, même là il ne s'agissait que de suppositions, faute de souvenirs concrets. Quelqu'un se manifesta dans les couloirs. Un verrou grinça. « Tu viens avec nous. » siffla une voix comme des pas se rapprochèrent d'elle, la forçant à demeurer dans l'instant réel. « Toi aussi. On n'en a pas fini avec toi. » déclara une soldate en faisant tourner la clé dans le verrou de sa geôle où on l'y extirpa avec force. L'enlevée retint une grimace. Elle ne rompit cependant toujours pas le silence, quand bien même elle put retrouver la présence de Marcellin duquel elle avait été séparée avant d'être enfermée.

La salle était déjà occupée lors de l'arrivée des deux prisonniers. Pénélope posa son regard sur chacun d'eux, les détaillants tous un à un. Il y en avait qu'elle ne connaissait pas. D'autres sur lesquels elle put poser un visage alors qu'elle n'en avait que le nom. Il y en avait d'autres qu'elle pensait trouver, mais qui étaient absents. Que ni Gao, ni Melchior ne soit présent l'étonnait. L'opportunisme était une qualité que les deux partageaient, même si elle n'avait jamais su — et n'avait jamais cherché à savoir — dans quoi s'était lancé son fiancé après la perte de son statut privilégié de semencier. Peut-être devait-elle plus s'inquiéter de la situation qu'elle ne le pensait si ces deux brillaient de leur absence. Elle leva les yeux sur Marcellin et, avant qu'elle n'ait pu lui adresser un mot, les portes s'ouvrirent en grand sur la silhouette de Tamara. Une boule de nerfs gonfla ses poumons. Dans tous les scénarios qu'elle s'était jouée au cours de la nuit, l'absence de l'intervention de la cheffe des armées lui avait rendu, même offerte parfois, certaines possibilités. Son regard glissa alors sur le fils chéri de celle-ci. Pénélope se souvenait de son caractère cavalier et des manières qu'il lui avait offerts peu avant le bal donné chez Primaël. Peut-être avait-elle une carte à y jouer ? Le nom de Judas qui sortit de la bouche de Tamara poussa l'enlevée à délaisser le nœud de ses pensées. Si le questionnement sur le rapport entre le tyran et la révolte qui faisait trembler le pays s'était imposé, elle en obtint la réponse immédiate sans même avoir eu besoin de s'exprimer. À peine la nouvelle tombée, elle tourna le visage sur Marcellin et se rapprocha de lui, jusqu'à effleurer sa main. « Ton souhait est exaucé. » lui souffla-t-elle comme elle porta son attention sur les deux autres Ombres. Herminiette était restée sur la ligne de départ dès le début de leur course et s'était lancé dedans avec trop de retard. Quant à Sextus et Marcellin, l'un était le lièvre, le second la tortue. Le fait était que, dans l'histoire, à force de se pavaner et de vanter sa vitesse, le lièvre finissait par perdre une course qu'il pensait gagnée d'avance. C'était exactement ce qu'il se passait. La brune dissimula un sourire satisfait, n'écoutant plus que vaguement ce que racontait l'oratrice. Du moins, jusqu'à ce que son propre nom soit mentionné à la suite de celui des Trois Ombres. Un nœud serra sa gorge à la menace. Son regard balaya tous les individus en présence, s'attardant sur l'un en particulier. Était-elle sérieuse ? Celui-ci était déjà à moitié mourant. Même en veillant à ce que personne ne s'entretue, celui-ci risquait d'y passer à tout moment. D'un tchip elle exprima le fond de sa pensée avant de s'avancer vers le réfugié. « Que quelqu'un apporte de l'eau à cet homme, vous ne voyez pas qu'il est en souffrance. ». Sa santé lui importait peu, en réalité. Elle n'allait pas s'émouvoir du sort malheureux d'un immigré, quand bien même devait-il y passer. Qu'il crève ici et maintenant, cependant, lui était bien plus dérangeant. Il était hors de question que ce type l'entraîne dans la tombe avec lui juste parce qu'il n'aura pas su se défendre. « Vous seriez mieux allongés pour vous reposer qu'assit comme ça. » lui suggéra-t-elle avant de poser un œil sur la blonde à ses côtés.
©gotheim pour epicode


Post VII | Mots 1005
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Mitsu
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Mitsu
Dim 26 Mai 2024, 21:20


Image par un artiste inconnu

Explications


Hop !  

Pour rappel : À la fin du précédent volet, une première révolte a grondé dans le Royaume de Narfas, fomentée par Primaël et ses alliés, suivie de beaucoup d'autres. Nous sommes un mois après la première. Le Royaume connaît une grande instabilité. Le peuple est partagé concernant la direction à prendre. Certaines personnes ont quitté Narfas, d'autres ont profité de la situation pour se faire un nom ou pour commencer / continuer des trafiques en tout genre. La drogue s'est développée à une vitesse fulgurante et la traite des êtres humains se fait presque en plein jour. Les problèmes de natalité persistent. Néanmoins, l'ordre religieux qui avait été établi jusqu'ici est également instable et les règles ne sont plus respectées. Le peuple débat (les débats c'est dans le meilleur des cas ; généralement la population se tape dessus) et ne sait plus à qui faire confiance. Plusieurs tendances s'opèrent néanmoins dans ce chaos où les grandes têtes de l'ordre religieux et de la royauté sont mortes ou ont disparu :
- Ceux qui voient Primaël, Tamara et Ivahnoë comme des sortes de messies, venus délivrer le peuple. Le pouvoir devrait donc leur revenir. À noter que Tamara jouit d'une véritable popularité chez les femmes.  
- Ceux qui voient Garance/Placide comme la solution à adopter (ils viennent d'un Royaume qui était en paix et prospère avant l'invasion de Judas et sont de sang royal)
- Ceux qui voient Anthonius comme le souverain légitime (puisque c'est l'enfant de Balthazar et de la Reine défunte, Wesphaline).
- Ceux qui pensent qu'il faudrait allier les trois précédents afin de créer un ordre nouveau.
- Ceux qui ne jurent que par les tradition et par la religion (et qui rejoignent assez ceux qui soutiennent Anthonius)
- Ceux qui pensent qu'il serait mieux de se rendre à Judas puisque cela clôturerait les guerres définitivement, personne, selon eux, n'osant s'attaquer au Roi.
- Les autres qui peuvent avoir des pensées diverses et variées (exemple : il serait bien de confier le royaume à un trafiquant de drogue / quelqu'un qui s'y connait en affaires, même si ces affaires sont plus que douteuses).

Le Royaume est également instable sur la question de la faute de la situation actuelle (en fonction des convictions, certains accusent les réfugiés du Royaume de Lieugro d'être à l'origine des problèmes alors que d'autres pensent qu'ils sont venus délivrer le peuple etc...) et sur la question des relations entre les hommes et les femmes. Les femmes ne décident a priori plus pour les hommes dans le chaos mais certains hommes en profitent pour tenter de leur faire payer ce qu'elles ont pu leur imposer par le passé alors que d'autres sont incapables de prendre des décisions seuls. Certaines femmes désirent céder volontiers le commandement alors que d'autres s'y accrochent.

Plusieurs quartiers ont été brûlés, détruits ou pillés et beaucoup d'habitants se retrouvent à la rue, sans argent, alors que d'autres ont réquisitionné des zones qu'ils protègent avec des armes.

La question du Royaume de Lieugro se pose également puisque les réfugiés veulent toujours récupérer le territoire. Des locaux y voient aussi une opportunité et les trafiquants d'armes se frottent les mains à l'idée d'une guerre à venir, en plus du chaos déjà existant sur place.

Rps importants
------ Jeux de mains, jeux de vilains - Merlin, Zébella et Judas
------ Sous le magnolia - Ezémone et Nicodème
------ Mon preux chevalier - Adolestine et Alembert
- Le Royaume de Lieugro - Le vieux Roi
----- Le retour du légendaire pipou - Irène et Gustave
- Le Royaume de Lieugro - La chute du vieux Roi
- Le Royaume de Lieugro - L'avènement du Roi sadique
----- La fuite - Adolestine
- Le Royaume de Narfas - La révolte de Narfas
----- Les fuyards - Zébella et Childéric
----- On annonce une tempête - Judas et Coline
----- Le Maître de la forêt - Merlin et Adénaïs
- Le Royaume de Lieugro - La chute du Roi Sadique
------ La dispute - Ezémone et Nicodème
------ Par le pouvoir d'un mot, je recommence ma vie - Zébella et Adénaïs
------ Tremblement dans le monde

Compte du nombre de messages


Du Royaume de Lieugro :
- Hélène (Garance) : XXIV
- Ikar (Placide) : VII
- Dastan (Ludoric) : XXIV
- Adriaen (Lambert) : VIII
- Yngvild (Rosette) : XXIV
- Erasme/Ilias (Clémentin) : VIII

Du Royaume de Narfas :
- Aäron (Balthazar) : VI
- Jil (Anthonius) : XVI
- Eméliana (Tamara) : VII
- Zeryel (Adolphe) : XVIII
- Lysium (Melchior) : XVI
- Sympan (Gao) : VII (mort)
- Oriane (Pénélope) : XVII
- Lorcán (Ivanhoë) : XV
- Lazare (Primaël) : XV
- Orenha (Luthgarde) : XIV
- Jezeṃiās (Sextus) : VII
- Blu (Herminiette) : VII
- Seiji (Marcellin) : XIV

Deadline Tour n°8


Dimanche 2 juin à "18H" | Je posterai à 20h00 max (si ça change j'éditerai)

Il reste 2 tours (le RD se finira la semaine du 3 juin)

Gain Tour n°8


- 1 point de spécialité au choix
ET
- Un pouvoir majeur ou mineur en rapport avec le personnage que votre personnage incarne dans le conte.

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Zeryel
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Zeryel
Lun 27 Mai 2024, 07:23

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Les Portes V ; Narfas
Lorcán, dans le rôle d'Ivanhoë, l'assassin




Rôle - Ivanhoë Emmog:

Ivanhoë se réfugia dans le silence à l'approche de l'Ombre, se contentant d'un sobre hochement de tête à son attention. Il aurait souhaité parler à Primaël, seul à seul. Ensemble, ils auraient pu trouver une solution, une échappatoire à cette infernale situation dans laquelle l'assassin les avaient plongés. Leur association avait toujours si bien fonctionné, qu'est-ce qui avait cloché cette fois ? Son regard se balada autour d'eux, cherchant par réflexe des portes de sortie, notant la position des troupes de Tamara, le nombre et l'identité des individus présents. Encore une fois, il avait commis une erreur en pénétrant ici sans prendre le temps de les étudier tous. La douleur l'amoindrissait, tout comme la vue de Primaël l'avait fait. Lui aussi était une faiblesse pour l'assassin, mais ça ne le dérangeait pas. Il savait que son métier comportait des risques, il les acceptait, tout comme il avait accepté l'idée de s'exposer pour mieux protéger son ami et amant. Il aperçut Garance et Lambert, blanc comme un linge à ses côtés. Une femme venait de les accoster. Tout comme le prêtre venait les voir, il devina qu'il s'agissait de Herminiette. Il y avait d'autres figures inconnues. Il se demandait lequel avait donné l'ordre de le tuer. Il songea à Garance qui s'était éclipsée, et des hommes qui s'étaient rapidement mis à sa poursuite. Il revint sur Primaël, jeta un bref coup d'œil à Sextus et décida que ça n'avait pas d'importance qu'il l'entende. « Je crois que Garance a donné l'ordre de me tuer. » annonça-t-il d'un ton neutre. « Par extension, elle veut peut-être ta mort aussi. » Il s'abstint d'ajouter autre chose et peu après, les portes s'ouvrirent sur Tamara et Adolphe.

Tout en écoutant le tableau qu'elle dépeignit, Ivanhoë préféra guetter les réactions de chacun. Son regard revenait souvent sur Garance. Il n'était pas certain de son hypothèse et surtout, il ne pouvait rien faire dans l'immédiat, et ne ferait rien sans que Primaël ne l'ordonne. Il sursauta en entendant le nom de Balthazar mentionné parmi le gouvernement qu'elle souhaitait bâtir. « Quoi ? » articula-t-il, la voix blanche. Comment pouvait-elle, après avoir été témoin de ses machinations ? Après qu'il se fut échappé ? La douleur dans son dos s'intensifia quand il serra les poings et il s'efforça de détendre ses muscles. La Cheffe des Armées repartit d'où elle était venue. Le nom d'Uobmab flottait dans l'air et y répandait comme une mauvaise odeur. Une nouvelle épine dans le pied à devoir traiter, mais il en avait de plus urgentes et surtout, il doutait que Primaël souhaite entendre son avis désormais. « Je vais me faire enlever ça. » déclara-t-il après lui avoir jeté un coup d'œil.

Assis sur un tabouret, Ivanhoë patienta le temps qu'on découpe son haut. Les soldates avaient ramené un médecin qui avait accepté de quitter temporairement les blessés dont il s'occupait dans l'aile du palais devenue hôpital. Ils firent couler de l'eau sur le tissu pour le décoller de son dos. Les phalanges du roux s'enroulèrent sur elles-mêmes par anticipation. « Tiens. Ce sera plus facile avec ça. » Une soldate lui tendait une flasque. Il la renifla et la lui rendit dès qu'il sentit les effluves d'éthanol lui piquer les narines. « Non. Ça ira. » Il voulait garder l'esprit clair, autant que possible. Sa blessure le limitait déjà trop à son goût. Il se sentait inutile. Si les choses devaient dégénérer, il ignorait s'il serait capable de les sortir de là. Tout était de sa faute. « Comme tu voudras. » Elle haussa les épaules, indifférente. « Réveillez-moi si je m'évanouis. » « Ouais. » Les pouces coincés dans la ceinture, elle observait avec curiosité le médecin qui commençait à palper la zone enflée. « Donnez-lui un truc à mordre. » dit-il en entendant Ivanhoë étouffer un gémissement. La suite fut un exercice de torture qui couvrit de sueur le front de l'assassin. Les paupières closes, il se forçait à respirer lourdement par le nez comme s'il pouvait chasser la souffrance à chaque expiration. Il s'était déjà blessé auparavant, s'était brisé des membres lors de ses premières années au cirque. Il avait déjà pris des coups de poignard aussi plus tard, lors de ses activités moins reluisantes, mais la douleur ne diminuait jamais. Il savait qu'il devait juste attendre et serrer les dents.

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Adriæn Kælaria
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Les Portes V
Lambert



Lambert fut soulagé de voir que Garance allait bien. Il le fut également lorsqu’il put s’asseoir. Ses pensées allèrent un instant à Clémentin, avant que les mots de la régente ne le ramenassent à une autre réalité. Il l’écouta tout en s’économisant. Il connaissait déjà le début de l’histoire. Le reste le plongea dans un silence d’incompréhension quant à la situation. Plusieurs chemins de réflexion se tracèrent dans son esprit. Les mêmes doutes l’assaillirent, renforcés par les actes de Balthazar. « Il l’a tué ? » Devant Rosette ? fut une fin de phrase qu’il ne prononça pas. Si Rosette était là alors elle avait dû assister au drame. Où était-elle à présent ? Il parcourut la salle des yeux, dans l’espoir de trouver ce qu’il n’avait pas réussi à dénicher les deux fois où il avait effectué cet exercice depuis son arrivée : les cheveux rougeoyants de sa fille. « Où est-elle maintenant ? » s’entendit-il demander, tout en sachant que Garance n’aurait pas la réponse. Il inspira, ce qui tira sur son ventre. Il retint un râle qui s’exprima clairement lorsque la suite l’inquiéta tellement qu’il en effectua un mouvement. L’envie de partir de cette salle pour se mettre à la recherche de Placide lui griffa l’échine. Il se savait pourtant impuissant. Il ne réussirait qu’à s’évanouir une nouvelle fois. Il maudit son corps et regarda le vide, comme s’il y cherchait l’œil courroucé de Montarville. Ils ne s’étaient pas disputés souvent mais son ami était redoutable lorsqu’on réussissait à l’énerver. Avec le temps et la dépression, la colère n’avait plus fait tonner son regard. L’ancien conseiller serra les dents et acquiesça. Leur marge de manœuvre était inexistante même. Garance pourrait peut-être négocier mais lui s’en sentait incapable. Vu son état, ce serait difficile. Si l’urgence ne l’avait pas saisi, il se serait probablement endormi. Son corps avait besoin de repos et il sentait le manque de sommeil l’étreindre. « Malheureusement, comme tu vois, non. » articula-t-il, en tentant de faire le tri dans les informations qu’il possédait. Que pouvait-il lui dire ? Balthazar semblait être à la source de bien des problèmes et s’il avait pu y être, c’était de sa faute. Il s’était laissé berner. Pouvait-il réellement avancer que ce Balthazar qui tirait les ficelles n’était pas le vrai Balthazar ? Elle le prendrait sans doute pour un fou. Surtout, il devrait avouer son crime. Pour l’instant, il valait mieux temporiser. « Clémentin aussi est dans la nature. » lui confia-t-il. La situation était tout bonnement désastreuse.  

Le visage de Lambert se leva vers une nouvelle arrivante. « Enchanté. » répondit-il mécaniquement. Il était presque heureux qu’une troisième personne les rejoignît. Il n’aurait plus à parler, ou peu. Garance prendrait le relai. Il sourit à la question, un sourire qui voulait tout dire de son ressenti. Il n’allait pas bien mais n’était pas encore mort. En cela, il était chanceux. Pour le reste, ses pensées tourmentaient son esprit au moins autant que la blessure tourmentait sa chair. Une sorte de bourdonnement sourd s’installa dans ses oreilles et les paroles échangées lui semblèrent lointaines. Il ne reprit pleinement conscience de la réalité qu’à l’entrée de Tamara dans la salle et à sa mention de Judas d’Uobmab. Lambert se rappela du Roi lorsqu’il était adolescent. Il avait toujours eu un humour décapant et une ambition dévorante. Il se laissa couler vers des souvenirs lointains, des baignades à la rivière et des après-midi dans les herbes hautes, à lire et à manger. Puis son propre nom fut prononcé et il releva la tête. Il râla, tout en essayant de se raccrocher au fil du monologue. Il comprit à retardement. Pourquoi l’avoir choisi lui et pas Garance ? Il envoya un regard interrogatif à cette dernière. « Nous devrions en discuter. » finit-il par conclure. Il ne voulait pas être le seul à prendre une telle décision.

L’intervention d’une deuxième personne l’empêcha de rassembler ses idées. « Merci mais si je m’allonge je vais m’endormir. » lui confia-t-il, avec un sourire qu’il voulait rassurant. Il prit l’eau qu’on lui tendait, en but un peu et en proposa à Garance et aux deux autres femmes. « Nous pouvons partager. » D’ici deux heures se joueraient l’avenir de Lieugro et celui de Narfas. « Nous n’avons qu’une seule voix. » se rappela-t-il. « Notre position ne changera rien à l’affaire. » Tamara leur avait donné la possibilité de s’exprimer mais tout comme la religion et la noblesse, ils étaient muselés. Même en s’entraidant, ils ne faisaient pas le poids face à l’armée et au peuple. Il n’y aurait qu’en cas de désaccord entre les deux qu’ils pourraient jouer un réel rôle. « Tu disais que Tamara et Primaël n’étaient plus alliés ? » Parce qu’elle lui avait donné un pouvoir immense.

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