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 | Les Portes V - Cette fois je ne fais pas l'erreur de donner un titre à l'avance |

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Aäron Taiji
~ Alfar ~ Niveau I ~

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Aäron Taiji
Mer 17 Avr 2024, 11:38


Image by Pavel Filimonov

Les Portes V
Balthazar



Balthazar lisait l’hésitation sur le visage de Lambert. « Je voulais vous demander ce que vous faisiez, le soir de la révolte. » « Comment ça ? » Ils se regardèrent. L’ancien Roi s’approcha davantage et agrippa délicatement les barreaux de sa cellule. Cela donna l’opportunité au blanc de réfléchir et de trouver une approche. Finalement, il tournait autour du pot, ce que le brun percevait. Il était certain, à présent, que son interlocuteur savait des choses – ou croyait les savoir – et qu’il tentait d’en apprendre plus ou de les confirmer en l’interrogeant. Lambert sourit. « J’aimerais comprendre ce qu’il s’est passé le jour de la révolte afin de la relater dans un billet. L’Histoire d’un Royaume est importante. Comme nous ne savons pas de quoi demain sera fait, je comptais laisser une trace. » Il marqua une pause et ajouta : « Écrire m’aide également à mieux envisager la situation. J’aimerais que Narfas puisse connaître la paix à nouveau, comme lors de ma première visite. » « Votre première visite… » Le prisonnier vit une lueur éclairer le visage de l’ex conseiller de Montarville, la même que plus tôt. Cet homme était expressif malgré lui. Il devait être mauvais au poker mais il préférait se méfier. L’eau qui dort berçait bien trop souvent la vigilance. Quand elle se réveillait, il était trop tard. « Votre première visite remonte à de nombreuses années. » Il sourit et se prit à philosopher. « Il est certain que pour vous, qui êtes un étranger, l’évolution subie par Narfas a dû être flagrante. Il est néanmoins plus complexe de la percevoir depuis l’intérieur, en y vivant tous les jours. L’esprit ne voit pas le temps passer et il est difficile de se rendre compte des changements sans prendre le temps de se questionner sur ces derniers. C’est sans doute ce qui nous a menés dans cette impasse. » Balthazar bougea légèrement la tête et pinça les lèvres, comme s’il regrettait cette situation. « Je vais répondre à votre question mais, avant cela, j’aimerais que vous répondiez à la mienne. » « Bien sûr. » « L’on m’a rapporté que vous aviez vu ma femme en privé. Celle-ci étant décédée, je suppose que vous ne verrez aucun inconvénient à me rapporter votre conversation. » Le regard de Lambert fila un moment vers la droite. Balthazar sourit. Il avait vu juste, peut-être pas sur tout mais au moins sur la proximité de Lambert et de Wesphaline. Il la soupçonnait depuis longtemps de lui chercher un remplaçant. Il s’était évertué à faire échouer ce qu’il prenait pour des tentatives jusqu’ici. Il aurait eu beaucoup à perdre dans le cas où elle aurait réussi. « La Reine semblait préoccupée par l’avenir du peuple et terrorisée par le Grand Prêtre. » « Vraiment ? » « Oui. » « Et pourquoi vous aurait-elle livré ce genre d’informations ? » « Eh bien… » Balthazar eut comme une illumination. « Ma femme et vous avez entretenu une liaison, n’est-ce pas ? » « Je… » Le Roi se mit à rire et déplaça sa main pour tapoter celle de Lambert, posée sur la grille. « Allons, vous êtes à Narfas. Je n’aurais pas eu le pouvoir d’empêcher ma femme de faire ce qu’elle désirait. Je ne vous en veux pas. » « À vrai dire, nous n’avons jamais… » Il le coupa. « Épargnez-moi les détails. Quelle que soit la profondeur des actes qui ont eu lieu entre elle et vous, le principe reste le même. Vous avez séduit ma femme, ou elle vous a séduit. Si cela peut vous rassurer, la Cheffe de mes Armées ne se contentait pas de me livrer ses rapports sur la situation des frontières. » Il vit le choc sur le visage de Lambert. Le blanc ne s’attendait visiblement pas à une telle révélation. « Pour en revenir à ma femme, j’espère que vous ne vous êtes pas laissé endormir par ses paroles. Le Grand Prêtre était, certes, un individu problématique. Néanmoins, le commandement de Narfas reposait entièrement sur la Grande Prêtresse et la Reine. Elle a dû voir que vous aviez bon fond et chercher à profiter de la situation pour vous attendrir et obtenir de vous ce qu'elle désirait. » Comme le ferait probablement Garance de Lieugro s’il lui en donnait l’occasion. « Pour répondre à votre question, le soir de la révolte, j’étais en train de réfléchir à un moyen d’arrondir les angles suite à la réunion catastrophique que nous venions d’avoir. Je pensais que le mouvement de foule diminuerait mais ai été contraint de fuir. Avant d’être intercepté, j’étais en compagnie de Gao d’Eésnep et de Primaël Noyarc. » « Je vois… Et pourquoi avez-vous dit, précédemment, qu’il s’agissait de notre première rencontre ? » « Comment ça ? » « Vous avez dit que notre première rencontre avait été un fiasco. Or, la première fois que nous nous sommes vus a été plutôt agréable. » « Oh… ça ? À vrai dire, avant que vous ne reparliez de votre premier voyage à Narfas, il m’était totalement sorti de l’esprit. Je vois beaucoup d’envoyés étrangers. Veuillez me pardonner. » Les lèvres de Balthazar s’étirèrent. « Vous en avez pourtant parler en nous saluant lors de notre arrivée. » insista-t-il. Le Roi haussa les sourcils. « Êtes-vous sûr d’aller bien, Lambert ? Vous me semblez perturbé. »

851 mots
Rôle:



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Ikar Pendragon
~ Sirène ~ Niveau I ~

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Ikar Pendragon
Mer 17 Avr 2024, 19:06



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Les Portes V


Rôle :

Il faisait nuit. Je m’arrêtai devant la porte. Je tendis l’oreille puis, précautionneusement, regardai derrière moi. Mes yeux cherchèrent une quelconque silhouette dans le couloir obscur que je venais de traverser. Ils ne virent rien. Je me tournai de nouveau et posai ma main sur la poignée. Doucement, je l’enclenchai. Je retins ma respiration, en tirant la porte vers moi délicatement. Elle ne fit presque aucun bruit. Le peu qu’elle fit m’arracha une grimace. Je passai la tête par l’embrasure. À droite, puis à gauche. Je relâchai la pression que j’avais accumulé et sortis dehors.

Dans la rue, seules les lumières provenant des intérieurs illuminaient faiblement le chemin. Je rabattis ma capuche sur ma tête. Personne ne devait me reconnaître. Je n’avais presque jamais fait le mur avant : quelques fois pour voir Ludoric et une fois pour me rendre au bal. J’étais alors déguisé en fille et cet acte m’avait sauvé la vie. Ma vie contre celle d’un fils de paysan. C’était la première fois dans une ville inconnue. Je n’étais en plus pas le bienvenue pour la moitié des habitants. Je devais néanmoins voir mon correspondant.

En marchant dans l’obscurité, pour éviter d’avoir trop peur, je me mis à me parler à moi-même. Les murmures qui sortaient d’entre mes lèvres ne s’élevaient pas autour de moi. J’étais seul à pouvoir les entendre. Je tentai de me rassurer, de me dire que j’allais vite rentrer, que tout irait bien et que Ludoric ne remarquerait pas mon absence. Je commençai également à poser des questions à haute voix, celles qui seraient destinées à Clobert. Plus tard, lorsque je le verrais, je les oublierais toutes.

Passé un moment, je sortis un plan de ma poche. Je n’étais plus certain du chemin. Je l’examinai à côté d’une fenêtre, seule source de lumière des environs.

« Je pense que je suis là… Et si je suis là, ça veut dire que je dois aller par là… »

Mes doigts s’étaient activés sur le papier. Je le rangeai.

« Bon. Ça va aller. »

Il valait mieux rester positif. Dans le pire des cas, je pourrais toujours demander mon chemin à un passant. Il n’y en avait pas beaucoup mais je savais que les soldats effectuaient des rondes pour tenter d’endiguer d’autres mouvements de foule. La nuit était propice aux larcins et donc la protection de la cité était fatalement renforcée à ces moments-là. Tout irait parfaitement bien.

« Voilà : tout ira bien. Ludoric ne s’en rendra pas compte et je rentrerai en un seul morceau. »

J’avais quand même pris une arme pour me défendre au cas où.

Finalement, après quelques minutes de marche qui me parurent interminables, je finis par trouver la caserne. Je longeai le mur en essayant d’être discret. Malheureusement, les torches accrochées là dessinaient mon ombre sur le sol. Je retirai ma capuche afin de ne pas paraître suspect. Je n’avais pas envie de passer une nuit en cellule.

Mon regard tomba sur Adolphe qui venait de prononcer mon nom. Je sursautai malgré moi. Je l’aurai fait avec n’importe qui.

« Ah c’est toi ! »

Qu’allais-je bien trouver à lui dire ? Je pensai à Tamara en espérant qu’il ne la préviendrait pas. Durant un moment, je ne compris pas de quoi il parlait. Pourquoi était-il heureux de me voir ? Perturbé, je le suivis quand même. Puis une question se posa dans ma tête : et si c’était lui ? Clobert ? Le doute était peu permis.

Petit à petit, je me fis à cette idée et me détendis. Au moins, je le connaissais déjà et c’était quelqu’un de bien. Il n’avait rien dit jusqu’ici sur ce que j’avais bien pu lui écrire alors qu'il aurait pu cent fois.

« Pas vraiment. En fait, je crois que je ne t’imaginais pas… »

Je ris. C’était bête à avouer. En y réfléchissant, je lui obéis et mis ma capuche. Parfois, j’avais imaginé des choses sur lui mais aucune image ne m’avait convaincu. Quand j’étais en colère contre Ludoric, j’avais l’impression que je me rapprochais de lui. Quand tout allait bien, c’était différent. Il était entré dans mon intimité facilement.

« Je ne sais pas trop. J’ai l’impression que les choses changent tous les jours. J’aimerais être plus fort et plus efficace. Être un adulte ou comme Ludoric… ou toi. »

Ou Clémentin à qui tout réussissait. Il pouvait se tirer de toutes les situations. Ça m’énervait. Je soupirai.

« Si tu veux, je te parlerai de tout ça quand on sera arrivés. D’ailleurs, où est-ce qu’on va ? »

Pouvais-je réellement lui confier mon désamour pour Clémentin ? Les regards que lui lançaient Ludoric ? Mes impressions sur Narfas ? Ce serait peut-être gênant en face à face.

« Et toi ? Comment est-ce que tu vas ? J’ai entendu dire que ta mère était encore plus importante qu’avant mais tu as l’air de bien t’en sortir aussi. »

798 mots
Placide est avec Adolphe après avoir fait le mur  | Les Portes V - Cette fois je ne fais pas l'erreur de donner un titre à l'avance | - Page 3 1929536143

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Priam & Freyja
~ Ange ~ Niveau III ~

~ Ange ~ Niveau III ~
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Priam & Freyja
Jeu 18 Avr 2024, 09:52



Unknown

Les Portes – Chapitre V

En groupe | Dastan


Rôle :


Allongé sur son lit, seulement étreint par la solitude, Ludoric fixait le plafond de sa chambre. Placide n’avait pas voulu dormir avec lui. Il le lui avait proposé, comme il le faisait parfois, et le blond avait refusé. Il avait bafouillé quelques prétextes que le rouquin n’avait pas retenu et qu’il réinventait avec amertume. Lui cachait-il des choses ? La question le tourmentait mais la certitude l’oppressait. Voyait-il un autre garçon ? Une fille ? Le visage d’Anthonius s’imposa à lui. Il serra les dents et se retourna sur le matelas. Il avait bien constaté la façon dont elle le regardait, la manière que ses iris clairs avaient de s’enflammer quand son nom était évoqué, le ton de sa voix et le choix de ses mots quand elle lui parlait. Le doute n’était pas permis. Elle l’aimait. Placide s’en était-il rendu compte ? Elle était plus jeune qu’eux et il ne l’imaginait pas faire quoi que ce fût d’intime avec. Mais peut-être qu’il passait du temps avec elle, qu’il essayait d’apprendre à la connaître, qu’il envisageait de l’épouser, même ? Ludoric ne supportait pas de les voir ensemble. Il prenait sur lui, cependant, il ne parvenait pas à refouler les pensées parasites qui venaient alors l’assaillir. Ils avaient tous les deux été éduqués pour régner. L’un pouvait prétendre au trône de Lieugro, l’autre à celui de Narfas. Ensemble, ils auraient pu unir deux royaumes et leur donner la puissance nécessaire pour répondre à Uobmab. Et Anthonius était une fille. Elle pouvait porter des enfants et assurer une descendance. Leur union pourrait être fertile, tandis que l’amour des deux garçons ne pouvait être que stérile. Quand ces craintes le rouaient de coups, il en venait presque à regretter de ne pas être allé plus loin avec Clémentin. Il avait arrêté avant que les choses ne devinssent trop sérieuses, mais quand il imaginait Placide avec Anthonius, il songeait qu’il n’aurait pas dû repousser le brun. Et il se détestait de penser cela. Il n’y avait rien à espérer de la part du voyageur, et il aimait le Prince.

Il soupira, puis renifla. C’était juste compliqué. Plus compliqué que ça ne l’avait jamais été. Longtemps, le De Tuorp avait cru pouvoir accepter que Placide épousât une femme, qu’il construisît une famille avec elle et qu’il gouvernât à ses côtés. Il s’était imaginé dans l’ombre, toujours présent, amoureux mais discret. Il s’y était résigné, puisqu’aucune autre alternative ne s’offrait à eux. Désormais, il ne voulait plus de cela. Il voulait pouvoir se comporter comme Clémentin et Rosette, comme Lambert et Garance, comme Ivanhoë et Primaël. Ils y avaient droit, eux aussi. Il essuya les larmes qui roulaient sur ses joues. Placide lui manquait et il avait peur. Il aurait voulu qu’il le prît dans ses bras et qu’il lui promît de toujours demeurer à ses côtés. Mais il avait refusé de venir.

Un léger bruissement le poussa à se redresser sur un coude. Il fixa sa porte de chambre, comme si sa vue avait pu améliorer son ouïe. Sa paranoïa suffisait à affuter ses sens. Il retint son souffle, dans l’attente d’un nouveau son qui viendrait confirmer ses doutes. Rien. Il se leva pourtant d’un bond. Déjà habillé – il avait craint que le Prince ne tentât de sortir –, il attrapa deux lames courtes qu’il fixa à sa ceinture, puis sortit dans le couloir. D’un déplacement discret, il rejoignit la mezzanine qui surplombait l’entrée avant de s’évaser en un bel escalier de pierre. Il reconnut aussitôt les cheveux blonds éclairés par la lune : Placide quittait la demeure. La colère et la peur bouillonnèrent dans sa poitrine. À quoi pensait-il ? Il savait qu’il était chargé de sa protection, et pourtant il s’éclipsait en douce ? S’il lui arrivait quelque chose… Et si ça n’était pas Anthonius qu’il fallait suspecter, mais une autre fille, un autre garçon ? Il devait le suivre, il devait le ramener ici. Les angoisses de l’adolescent se superposaient à celles du garde du corps.

Prêt à le prendre en filature, Ludoric fit volte-face. Il s’arrêta net en reconnaissant la silhouette d’Anthonius à deux pas de lui. « Qu’est-ce que tu fais là ? » cracha-t-il, entre la surprise et l’agacement. Son rythme cardiaque vrombissait à ses oreilles. « C’est trop compliqué, pour vous, de rester dans vos chambres ? » Lambert, Garance et Tamara l’avaient chargé de les protéger ; eux semblaient déterminés à ne pas lui faciliter la tâche – Clémentin compris, car il avait déjà plusieurs fois échappé à sa garde. Le guerrier pinça les lèvres. Il réfléchit rapidement : Placide était sorti, Anthonius se trouvait ici, Clémentin était parti chez Melchior d’Eésnep avec Rosette. Il ne pouvait pas se couper en quatre pour tous les surveiller. Et aucun des adultes n’était présent. Il ne pouvait pas rester ici, mais il ne pouvait pas la laisser là non plus. « Tu viens avec moi. » Il l’attrapa par le poignet et dévala les escaliers jusqu’à l’entrée. Il y prit deux capes, dont l’une qu’il jeta à la Princesse. « Mets ça et fixe bien la capuche sur ta tête. Et une fois dehors, pas un mot. » Il appliqua ces conseils à lui-même et sortit dans la nuit.

Par chance, il ne lui fallut guère longtemps pour retrouver la trace de Placide. Il avait évidemment l’air perdu. Il n’avait jamais eu un grand sens de l’orientation et on ne lui avait de toute façon jamais demandé de le développer. À bonne distance, le roux s’arrêtait lorsqu’il le faisait et le suivait quand il reprenait sa marche. Il aurait pu le rejoindre et le sommer de rentrer mais la curiosité le guidait. L’adrénaline vibrait dans tout son corps, propulsée par les dangers qui guettaient et une seule question : où se rendait-il ? Il lui apparut rapidement qu’il empruntait le chemin qui menait à la caserne. Des hypothèses s’ébauchèrent, certaines vraisemblables, d’autres totalement lunaires. Il avait du mal à les différencier les unes des autres.

Sans interrompre son avancée, il jeta un bref coup d’œil à Anthonius pour s’assurer qu’elle le suivait toujours et demeurait bien cachée par ses vêtements. Placide, lui, venait de rejeter sa capuche vers l’arrière. Il évoluait à découvert. Ludoric se tendit, jusqu’à ce que ses yeux ne se posassent sur Adolphe d’Epilut. Un tourbillon de sentiments le bouleversa, et il demeura quelques instants immobile, à les fixer, en quête du moindre indice suspect. Comment se regardaient-ils ? Se touchaient-ils ? Que se disaient-ils ? Il n’entendait ni ne voyait tout, mais il paraissait évident qu’ils entretenaient une certaine proximité. Pourtant, jamais Placide ne lui avait parlé d’Adolphe comme d’un ami. Peut-être parce que ça n’en est pas un, songea-t-il avec amertume. Comme ils se remettaient en marche, il les suivit, intimant à Anthonius de garder le silence en posant son index sur ses propres lèvres. L’envie de les interrompre le harcelait, mais il ressentait le besoin d’en apprendre plus, de savoir où ils se rendaient, de comprendre ce qu’ils étaient réellement l’un pour l’autre. De se faire du mal, peut-être. Du bout des doigts, il effleura la garde de l’une de ses armes. Il devait rester vigilant.



Message II – 1193 mots




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Ssyi'hæ
~ Eversha ~ Niveau I ~

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Ssyi'hæ
Jeu 18 Avr 2024, 13:08


Image par Sai Teja Vuttaluru & Avatar par @st_hedge


Les Portes V ; Narfas
Jezeṃiās, dans le rôle de Sextus



Rôle - Sextus:

« Vous n'avez pas à faire cela, vous savez. Le chemin n'est pas si long jusqu'à chez moi. » fit aimablement savoir Sextus à ses compagnons qui formaient un petit cortège à sa suite. Il le leur avait déjà dit avant de quitter le Temple mais un regard de Septemus l'avait convaincu de ne pas insister. Sa sécurité était davantage compromise maintenant que son nom effleurait un nombre croissant des lèvres des croyants. Gaspard d'Epilut avait disparu, et son homologue moins gradé ne croyait pas une seule seconde que cette absence soit intentionnelle. Le d'Epilut avait soit été tué, soit était retenu contre sa volonté quelque part. « Les rues ne sont pas sûres, Monseigneur. Si l'armée se met à massacrer les semenciers sans prévenir, nous ne pouvons que nous inquiéter du sort qu'ils envisagent pour notre ordre, et pour vous. Nous ne pouvons pas nous passer de vous, pas maintenant. Vers qui nous tournerons-nous si nous vous perdons aussi ? » Sextus sourit humblement. Il lui semblait que la ferveur de ses suiveurs ne faisait que croître de jour en jour. Eux aussi devaient sentir que le prêtre était le prétendant le plus concret pour reprendre les fonctions du Grand Prêtre. « Vous vous tournerez vers les dieux, Théonis, comme tout un chacun devrait le faire, et ce à chaque instant, que la paix règne ou que la guerre fasse rage. Nous ne devons jamais craindre ce qui peut arriver. C'est cela, avoir Foi. Ayez confiance. » « Oui, Monseigneur. Je vous présente mes excuses. » Le Prêtre s'arrêta et posa une main réconfortante sur l'épaule de l'homme. « Ne me présentez pas vos excuses à moi, je ne suis pas celui qui vous offrira le pardon. Mais je peux vous aider à le trouver. Si vous souhaitez réellement vous repentir pour ces doutes qui vous accablent, venez me trouver demain. Maintenant, marchons. Plus tôt vous irez prendre du repos, et plus lucides vous serez demain, car il nous reste beaucoup à faire. »

Après avoir pris congé de ses hommes, Sextus exhala un soupir en refermant la porte dans son dos. Avec Septemus, ils avaient échafaudé un plan. Le but n'était pas de tuer Anthonius, ils avaient besoin du prince en vie. Après avoir évalué les divers choix à leur portée, ils avaient conclu sur l'option du poison. Septemus s'était rendu en ville afin de mettre la main sur un poison provenant de Lieugro. Un sachet devait être dissimulé dans les appartements de Garance de Lieugro sitôt qu'elle s'en absenterait, et un autre directement dans une carafe d'eau dans la chambre du prince Anthonius, en quantité suffisante pour le rendre souffrant mais insuffisant pour le tuer.

Le silence régnait dans la maison, à l'exception d'un domestique occupé à allumer les torches pour éclairer l'intérieur à l'approche de la nuit. Sextus ignorait si les autres étaient là. Herminiette avait toujours été discrète, comme si elle avait peur de vivre, et Marcellin préférait l'intimité de ses quartiers en compagnie des sottes séduites par quelques rimes bien tournées. Les Trois Ombres partageaient peut-être le même toit, mais moins ils se côtoyaient, et mieux ils s'en portaient. S'il avait existé un temps dans leur jeunesse où ils auraient pu s'entendre, la compétition avait écarté définitivement cet avenir. En définitive, Sextus ne les voyait que peu et ils occupaient encore moins ses pensées. Il n'avait pas de temps à perdre avec un poète amateur de cadavres d'animaux et une vieille fille qui... que faisait-elle déjà ? Il préférait se concentrer sur des problèmes plus pressants et réels que ses adversaires qui s'essoufflaient à essayer vainement d'être une menace pour lui. À ce stade, les écraser n'était plus qu'une formalité, si bien qu'il ne s'en occupait même pas. Au rythme où les choses allaient, il serait Grand Prêtre d'ici une quinzaine de jours, moins si Gaspard d'Epilut était retrouvé mort avant, et il serait alors en contact direct avec le gouvernement. Il mettrait ensuite les deux autres aux fers. Cela donnerait à Herminiette une vraie raison d'être acariâtre et offrirait aux poèmes de Marcellin l'opportunité de prendre des accents tragiques et peut-être alors commencerait-il à apprécier son talent pour faire chanter les mots. Parfois, il se plaisait à s'imaginer les fouetter mais ce n'était pas un honneur qu'ils méritaient.

Il poussa la porte du salon dans l'optique d'y passer le reste de la soirée à méditer sur la suite des évènements autour d'une tasse de thé. Il s'arrêta en voyant la pièce déjà occupée, fatal inconvénient de ne pas vivre seul. Au centre se tenaient Marcellin et Pénélope, assez proches pour réveiller chez Sextus une bouffée de rage. Rapidement, il l'étouffa au plus profond de son être pour n'afficher qu'une expression affable. « Bonsoir. » Il s'avança sans s'excuser pour l'intrusion. Il vivait selon la doctrine suivante : les plus gênés s'en vont. Tranquillement, il alla jusqu'à la bassine de pierre incrustée de mosaïque pour se laver les mains soigneusement même si cela n'atténuerait pas l'odeur persistante d'encens agrippée à ses cheveux et à ses vêtements. Les effluves traditionnels qui accompagnaient les prières des croyants étaient devenus nécessité avec l'afflux de blessés au sein du Temple pour chasser l'odeur de sang et de terreur.

Il tamponna ses mains avec un carré de linge propre et adressa un sourire à Pénélope. « On vous voit de plus en plus souvent ici, ma Dame. Votre présence nous enchante. Vous songez à vous installer de façon permanente parmi nous ? Ne vous méprenez pas, j'en serais ravi et je n'hésiterai pas une seule seconde si je pouvais échanger l'un ou l'autre de mes colocataires contre vous si cela était possible. » Il ignorait le violet comme s'il faisait partie du mobilier, concentré sur la beauté noire qui ravissait et apaisait ses yeux après cette longue journée. Pour autant, il n'oubliait pas sa présence, il ne se sentait simplement pas tenu d'en tenir compte. « Le lit de Marcellin est souvent occupé, malheureusement, alors je vous prêterai volontiers le mien. Ne vous inquiétez pas, ma proposition est dénuée d'intentions. Il m'arrive fréquemment de passer moi-même mes nuits au Temple, il y a fort à faire ces dernières semaines et certains croyants s'ouvrent à la confidence plus aisément la nuit, pour chasser leurs ténèbres intérieurs. » Il s'approcha et prit la main de Pénélope entre les siennes. Dans ses moments de faiblesse, il arrivait au religieux de laisser son imagination s'égarer là où la peau de l'enlevée s'ouvrait sous les baisers des lanières de cuir pour libérer des perles carmines. Il voulait voir son visage se transformer, lui faire découvrir l'extase dans la douleur. Avec les autres, même si elles partageaient le même grain de peau, ce n'était pas pareil. « Et vous ? Je ne crois pas avoir déjà eu le plaisir de vous voir au Temple. Nous pourrions découvrir ensemble vos propres ténèbres. C'est en les affrontant qu'on les dompte, vous savez ? » À regrets, il la relâcha sans prolonger le contact et apposa sa main à plat sur son torse, à l'emplacement de son cœur avant qu'il soit volé. « Même si vous venez d'ailleurs, sachez que je vous considère comme faisant partie du peuple autant que les autres. À ce titre, je suis votre humble serviteur si vous cherchez un jour une oreille attentive et discrète. Vous n'êtes peut-être pas familière de notre culte, de par vos origines, et rien ne me ferait plus plaisir de vous le faire découvrir. »

Message II | 1309 mots

Sextus interrompt la parade nuptiale de Pénélope et Marcelinou \o/
Il a aussi envoyé quelqu'un (un pnj lambda autre que Septemus) cacher du poison dans les affaires de Garance et empoisonner l'eau dans la chambre d'Anthonius (ça n'est peut-être pas utile tout de suite vu que la vilaine fait le mur avec les autres ado mais Sextus ne le sait pas et on ne sait jamais, peut-être qu'Anthonius a eu soif avant de sortir 8D)


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Kaahl Paiberym
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Kaahl Paiberym
Jeu 18 Avr 2024, 18:24



Les Portes


Je soupirai, tout en recomptant le stock. Travailler de nuit était devenu courant. Avec l’augmentation de la clientèle de Melchior, je m’étonnais même qu’il n’eût pas pris plus d’apprentis. Néanmoins, je connaissais les risques. Quiconque côtoyait d’un peu trop près la marchandise pouvait se rendre compte qu’il ne s’agissait pas de thé au sens traditionnel du terme. Il y avait de tout : des herbes aux effets apaisants comprises dans le thé ou bien même des sachets cachés parmi les feuilles, moins discrets à la fouille. Puisque j’avais eu à cœur de goûter chaque produit, j’avais bien vite trouvé le pot aux roses. J’avais également informé mon employeur de ma connaissance, tout en précisant que ça ne me dérangeait pas : après tout, il fallait bien être addict à quelque chose. La drogue ou la nourriture, chacun faisait ses choix. En réalité, j’étais contre. Il y avait une grosse différence dans ma tête entre prendre deux trois joints adolescent et plonger dans la dépendance pure et dure à s’en pourrir la santé. La plupart des victimes étaient de basse extraction. Les nobles avaient les moyens, n'avaient donc pas besoin de s'endetter, et pouvaient se faire soigner. Néanmoins, pour le moment, je voyais mon intérêt dans nos petites affaires. Premièrement, j’avais accès à la liste de la majorité des clients puisqu'il m'arrivait de livrer ces derniers. Deuxièmement, j’avais accès au produit. D’après mes comptes, ceux que j’étais en train de faire, des voleurs sévissaient dans les stocks de Melchior. Cela voulait dire que je pourrais me servir aussi le moment opportun si le besoin s’en faisait sentir. Ce ne serait pas pour ma consommation mais la drogue pouvait aider à certains soins ou manœuvres. Troisièmement, j’espérais obtenir quelque chose de mon maître. « Il en manque. » affirmai-je, avant de me frotter le crâne avec le haut du crayon. Je ramenai la mine sur le papier que je tenais. « Il devrait y en avoir cinq cents boîtes et il n’y en a que quatre cent quatre-vingt-seize. Comme ce n’est pas à cause du produit de base, je suppose que quelqu’un vole dans les stocks… encore. » J’avais déjà fait part du problème à Melchior. Comme je n’avais jamais rien volé, j’étais insoupçonnable. Je lui avais même demandé de vérifier mes affaires plusieurs fois avant que je ne rentrasse chez moi.

Comme je n’avais pas envie que l’information lui échappât au détour d’une conversation, je n’avais pas parlé du trafique à Rosette. J’attendais le moment opportun pour le faire : lorsque nous serions loin. La drogue n’était pas mon principal souci à Narfas. Avec la chute du Roi, j’avais pensé que la traite aurait cessé mais ça n’avait pas été le cas. Quelqu’un avait repris le commerce et l’avait développé. Je m’étais juré de le démanteler mais Narfas était dans une situation trop complexe. De plus, je manquais de moyens. Comme la première fois que j’étais venu, la peur me cisaillait le ventre autant que l’injustice gonflait mon cœur d’une énergie assassine. La situation m’énervait profondément mais je devais rester réaliste : j’étais impuissant. L’idée la plus judicieuse était celle sur laquelle je m’étais arrêté. Il me fallait être raisonnable. Je n’étais pas tout seul. Il y avait Rosette. Si j'avais été seul... Mieux valait ne pas y songer. « Je pense qu’il faudrait allouer quelqu’un à la garde de la marchandise. Les disparitions sont minimes d’un point de vue matériel mais ça nous fait souvent manquer des occasions. Les clients qu’on ne peut pas livrer sont mécontents et ça finira fatalement par se ressentir sur le chiffre d’affaires. Sans parler du fait que vu que Narfas est instable, d’autres concurrents pourraient apparaître. Le thé est en vogue ces derniers temps. » La drogue, mais il avait compris. « Il vaut donc mieux être irréprochables. » dis-je. « Dans un autre Royaume, j’ai aidé quelques mois un boulanger. Ses produits étaient bons mais il était aussi très gourmand et généreux. Il mangeait ses pains et ses pâtisseries et en donnait à ses amis, si bien qu’il a fait faillite : trop de coûts, pas assez d’entrées. La dure loi du marché. » Je hochai la tête gravement. « J’avais d’ailleurs pris du poids. Heureusement que je ne consomme pas de thé. » Je ris et envoyai une œillade à Rosette. Elle était venue en apprenant que Garance devait parler avec Gao. Ce type ne m’inspirait pas confiance et, si j’avais pu, j’aurais probablement aimé l’espionner. Cependant, je travaillais et n’en avais pas la possibilité.

Après un moment à préparer les commandes, et une fois que Rosette se fut éclipsée, je me tournai vers Melchior. « Avez-vous réfléchi à ma demande ? Pour que j’aille livrer à l’étranger et y chercher de nouveaux clients ? » Je voulais partir de Narfas pendant qu’il en était encore temps. Je n’en avais pas encore parlé à la rousse. Il me fallait un prétexte avant. Les affaires en étaient un parfait. Je lui demanderais de venir avec moi et nous quitterions cette poudrière. J'étais un héritier potentiel de Montarville mais même dans le cas très improbable où je désirerais m'emparer d'un quelconque titre, je ne pourrais le faire piégé ici. Parfois, il valait mieux reculer pour mieux avancer.

796 mots
Ilias (Clémentin):

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Les Portes – Chapitre V

En groupe | Yngvild


Rôle :


Un carnet à la main, Rosette suivait Clémentin en notant ce qu’il énonçait à voix haute : le nombre de thés verts, de thés blancs, de thés noirs et autres variétés diverses et variées. Son attention était déjà ailleurs, mais elle attendait le bon moment pour s’éclipser. Melchior, le professeur de Clémentin, vivait avec son frère, Gao – et leur sœur, Pénélope. Elle ne se serait probablement jamais intéressée à Gao s’il n’avait été visité par Garance. Plus d’un mois après leur arrivée à Narfas, Rosette n’avait toujours pas appris à apprécier la régente. Cette femme était pourrie jusqu’à la moelle. Qu’elle tournât autour de son père lui répugnait. Elle ne comprenait pas comment un homme comme lui, sincère, juste et droit, pouvait s’intéresser à une femme de son acabit. Elle détestait qu’elle fût enceinte et qu’elle le revendiquât de lui. C’était comme Alembert : le doute était permis au plus haut degré. Il n’existait aucune preuve. C’était sa parole contre le reste du monde. La rousse ne le croyait pas : elle était certaine qu’elle utilisait ces enfants pour manipuler son père, tout comme elle usait de ses charmes dans le même but. Et lui, il était trop gentil et naïf pour le voir. Elle mordilla l’extrémité de son crayon. Durant tout leur voyage jusqu’à Narfas, elle avait glissé dans les boissons de la blonde une poudre que lui avait donnée l’une des membres d’équipage, dont elle s’était faite une amie. Cela l’avait rendue malade, et Rosette n’avait pu qu’être satisfaite de la voir se pincer l’arête du nez, se masser les tempes et grimacer de douleur. Quand elle avait su qu’elle était enceinte, pourtant, elle avait éprouvé une vague de remords et cessé de l’empoisonner. Elle avait eu peur que cela ne tuât le bébé, et elle n’était pas une tueuse. Elle pensa au sien, au leur, à celui qu’ils avaient arraché à son ventre et baissa les yeux sur ce dernier. Les premières semaines, elle s’était sentie bizarre, triste, agacée, impuissante ; et soulagée, aussi. Le temps passant, elle s’était apaisée, et désormais, elle savait qu’ils avaient pris la bonne décision. Clémentin et elle étaient trop jeunes pour être parents. Elle ne s’y sentait pas prête et lui non plus. Ils n’étaient même pas mariés. Et Narfas était trop dangereuse pour y porter et y mettre au monde un enfant. Garance semblait vouloir s’absoudre de tous ces risques.

Distraite par ses projets d’espionnage, la rousse avait du mal à se raccrocher à la conversation, mais elle répondit à l’œillade de Clémentin par un sourire. Sa grande intelligence pratique aurait fait de lui un Roi lucide et proche de son peuple. Il ne s’en rendait pas compte ou refusait de le voir. Elle aurait aimé qu’il ouvrît les yeux, car elle était convaincue qu’avec un souverain tel que lui à la tête d’un royaume, judicieusement conseillé, des événements semblables à ceux de Narfas ou de Lieugro seraient moins à même d’advenir. Ce qu’il détestait chez les nobles, il saurait le temporiser ; ce qu’il aimait chez le peuple, il pourrait le mettre en valeur. Sa naissance, ses origines, son éducation et son caractère le prédisposaient à instaurer une harmonie nouvelle. Sous son règne, elle était certaine que la plupart des gens qui n’avaient rien à se reprocher pourraient se sentir en sécurité. Elle détailla son profil durant quelques secondes. Il ressemblait à son père, mais sans l’abattement qui pesait sur Montarville depuis le décès de sa femme, et avec un sens des réalités sans doute plus aigu. À ses côtés, elle avait beaucoup appris. C’était en partie grâce à lui qu’elle avait décidé de s’engager auprès des infirmiers et des médecins pour aider les Narfasiens blessés par les combats et les destructions. Il l’avait changée.

Avant que les deux hommes ne reprissent leurs affaires, elle s’exprima : « Messire d’Eésnep, pourriez-vous m’indiquer où se trouve la salle d’eau, s’il vous plaît ? » Une fois la réponse obtenue, elle le remercia, posa le carnet et le crayon sur une petite table et quitta la pièce.

L’adolescente arpenta la demeure avec le plus de discrétion possible. Elle tendait l’oreille, à l’affût du moindre son qui pût la guider vers une pièce plutôt qu’une autre. Elle s’attardait davantage derrière les portes closes, et ce fut près de l’une d’elles qu’elle perçut un bruit de conversation. Retenant son souffle, Rosette cala son oreille contre le bois. Elle reconnut immédiatement la voix de Garance, et son cœur s’emballa. Elle allait savoir pourquoi la régente se donnait la peine de rencontrer ce qui n’était a priori qu’un simple semencier. Peut-être était-ce de lui qu’elle était enceinte ? Ou comptait-elle s’en servir pour ses machinations politiques ? Elle avait entendu dire que Gao d’Eésnep était ou avait été proche de Tamara d’Epilut. D’un point de vue politique, elle paraissait impliquée auprès de Primaël : Garance souhaitait-elle utiliser Gao pour les espionner ? Une autre idée, venue d’un tout autre prisme, effleura soudain son esprit : Gao pourrait-il être le père de l’enfant que la cheffe des armées portait peut-être ?



Message II – 845 mots




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Jil
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Les Portes V
Jil, dans le rôle d'Anthonius





Les yeux encore gonflés, je reste immobile dans mon lit, coincée entre deux oreillers. Ça doit bien faire une heure, maintenant, que je me suis réveillée, et que je me m’empêche de dormir par peur de retomber dans le même cauchemar. Je m’agace. Je m’étais fait la promesse en quittant ce banquet de justesse d’être forte, de gérer la situation avec sagesse et noblesse, et me voilà princesse en détresse sous sa couette et sa tristesse. Après une inspiration profonde, je m’essuie les yeux de la paume. Ne pas se laisser abattre ; combattre. Chercher un moyen de se rendre utile. Pour l’instant, je ne suis qu’un poids pour Placide et Ludoric. Mes options sont limitées, cela-dit. Je ne peux pas sortir seule ; et en réalité, pour faire quoi exactement ? Mes compétences sont limitées au jeu de cour, aux politesses et à l’héraldique. Je sais bretter, je sais échanger sans problème avec un prince marchand ou une duchesse du bas-pays, mais rien de tout ça n’est utile si je suis cloitrée dans cette maison. Je me redresse, pour jeter un coup d’œil circulaire à la pièce dans laquelle je me trouve. Elle est modeste, bien que propre et spacieuse : j’ai de la place pour me changer et faire ma toilette, en plus du lit et d’un petit secrétaire. Celui-ci avait tendance à tanguer légèrement, d’ailleurs, sous le poids de sa main. Probablement un défaut au niveau des pieds. Déterminée, je sors du lit pour aller y jeter un œil. J’en ôte les papiers, l’encre et les plumes, et j’allume une lanterne à proximité. En prenant des précautions pour ne pas faire de bruit, j’étale une couverture au sol avant de basculer le meuble dessus. Ce n’est pas l’ouvrage le plus fin que j’ai eu l’occasion d’étudier, mais il a de toute évidence été réalisé par un artisan qualifié. Les tiroirs sont bien alignés, les fioritures sur la tablette à écrire et le dessus à abattant ont été gravées avec attention. C’est en examinant l’un des pieds que je comprends immédiatement le problème : l’un des patins feutrés qui empêche de rayer le parquet est manquant. Il faudra que je demande à Ludoric de…

Un bruit de grincement se fait entendre dans le couloir. Je me fige : j’espère ne pas avoir réveillé les autres. Ce n’est pas vraiment une heure convenable pour le bricolage. Puis une sueur froide me coule dans le dos : et si ce n’était ni Placide, ni Ludoric ? Si un assassin s’était glissé dans la demeure ? Je souffle la bougie précipitamment, et à pas de loup, je m’approche du lit, à côté duquel git ma rapière. Elle est à ma taille : pour un adulte, il s’agit tout au plus d’un grand ouvre-lettre. J’ai déjà repéré quelles étaient les lattes traitresses du parquet, je les évite pour arriver jusqu’à la porte, que j’entrouvre lentement. J’ai juste le temps de voir passer la tignasse blonde de Placide alors qu’il s’échappe de la maison. Mais qu’est-ce qu’il fabrique ? Est-ce qu’il complote pour me dénoncer ? Peut-être qu’il a aussi besoin de fournitures pour réparer ses propres meubles ? Ce qui est certain, c’est qu’il va se faire tirer les oreilles si jamais Ludoric l’entends. Au moment où cette pensée me traverse la tête, je vois le concerné sortir également de sa chambre, l’air exaspéré. Peut-être qu’ils ont tous les deux prévus d’aller me vendre à des porcs de Narfas prêts à tout pour engrosser une princesse. Je savais que je n’aurais pas dû faire confiance aussi facilement, Mère m’a toujours déconseillé de me reposer sur la loyauté d’autrui. Je ferais peut-être mieux d’en profiter pour m’éclipser : par sécurité. J’irai me cacher dans le grenier, et s’ils reviennent seuls, j’en descendrai. Si jamais ils sont accompagnés de marchands d’esclaves, il faudra que je trouve un moyen de m’échapper. J’ai le temps de faire deux pas que Ludoric se retourne vers moi d’un bloc, avec de gros yeux. Crotte.

Sans un mot, je subis l’inévitable remontrance. Au fond de moi, je ne peux m’empêcher de penser qu’il y va un peu fort : il s’adresse quand même à de la royauté. Je suis bien obligé de me reprendre ; je ne suis plus rien, sans sa protection. Quand il me saisit par le poignet pour m’entrainer, je bredouille quelques mots en paniquant – où qu’il m’emmène, je suis sûre que je préfèrerais y aller de jour, bien habillée. D’autant plus que je ne peux toujours pas mettre de côté la possibilité qu’il me traine jusqu’à mes violeurs et ravisseurs. Il est plus fort que moi, je n’ai pas vraiment le choix. Ma main gauche reste serrée sur la poignée de ma rapière. J’enfile la cape, et j’hoche la tête, stressée, mais déterminée. Nous suivons Placide jusqu’à ce qu’il rencontre une autre silhouette dans la nuit. Ludoric a l’air d’être plus tendu que moi, ce que je ne pensais pas impossible. Il a un regard chargé de colère et d’inquiétude. De jalousie, également. Même si je comprends ce qu’il doit supposer en voyant son fiancé s’éclipser ainsi au beau milieu de la nuit, j’ai du mal à imaginer Placide retrouver un amant. Pendant un bref instant, les yeux posés sur le dos du garde, j’éprouve moi aussi un pincement de jalousie. Ne voit-il pas qu’il a déjà gagné l’amour du Prince ? Sans un bruit, nous continuons notre filature. Mes souhaits d’aventure ont été exaucés, mais j’aurais préféré une aventure où je ne suis pas en robe de chambre.



924 mots



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Orenha
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Orenha
Dim 21 Avr 2024, 02:16


Images par wlop
Les Portes V
Orenha dans le rôle de Luthgarde

Rôle:
«Faites résonner vos voix. »

Lorsque Luthgarde avait appris qu’Herminiette l’avait convoquée, elle ne s’était permise de ne prendre que quelques minutes devant le miroir pour tenter de raviver sa mine fatiguée et réarranger l’épaisse tresse posée sur son épaule. Elle détestait faire attendre la maîtresse de maison et se languissait de leurs entrevues, trop rares à son goût. Si cela n’avait tenu qu’à elle, elle aurait soupé tous les jours en compagnie de celle qui l’avait prise sous son aile.

La Révélation l’avait prise par surprise. Recroquevillée sur le plancher de sa chambre, la jeune fille peinait à retrouver son souffle. Les mots vibraient dans son crâne en ondes croissantes. Elle se prit la tête des deux mains. Leur fraîcheur apaisa momentanément la douleur, lui permettant de regagner un semblant de lucidité.

Les Voix s’imposaient rarement de façon aussi impérieuse. La plupart du temps, Leur guidance prenait la forme d’une douce pichenette dans la bonne direction ou d’une main rassurante sur son épaule lorsqu'elle doutait. Aussi discrètes qu’un murmure, il fallait tendre l’oreille pour y déceler le conseil, l’indice...
En l’occurrence, la migraine qui l’assaillait n’était pas la conséquence d’une simple suggestion. Pourtant, aussi désireuse qu’elle était d’accomplir Leurs volontés, Luthgarde n’avait aucune idée de ce dont il s’agissait. Était-ce l’une des ces prophéties qu’il lui fallait garder dans un coin de sa tête jusqu’à ce que leur sens lui apparaisse, bien plus tard ? La dernière fois qu’elle avait suivi cette ligne de pensée, les résultats s’étaient avérés désastreux...

Ne sachant que faire d’autre, la jeune femme se releva et posa sa main sur la poignée de porte avant de la retirer aussitôt, étouffant un cri de surprise. Le métal était aussi brûlant que s’il avait passé la journée sous le soleil de plomb du désert. Les Voix la martelèrent de nouveau.
« Faites résonner vos voix. »
Luthgarde gémit sous leur assaut. « Je vous ai entendu » affirma-t-elle dans un souffle ténu. Elle tenta de comprendre. Cet entretien avec Herminiette s’avérait-il plus important que les précédents ? Dans ce cas, qu’attendait-On d’elle ? Elle ne manquait pas de faire entendre son opinion à chacun de ses rendez-vous avec la femme de l’Ombre. Se pourrait-il… ?

Son regard balaya la pièce, cette chambre qu’on lui avait si généreusement attribuée à son arrivée dans la demeure. Il s’arrêta sur le petit meuble en bois d’ébène qui lui servait de table de chevet. Dans le dernier tiroir, le seul dont le bouton ne s’était pas complètement défait de son vernis doré, reposait l’artéfact qui accompagnait tous les envoyés d’Erréil lors de leur voyage initiatique.
Luthgarde fit glisser le tiroir et dénoua délicatement le carré de soie qui enveloppait un collier à plusieurs rangs serti de pierres. Elle le fit miroiter un moment à la lueur des chandelles.
Les pierres étaient disparates ; certaines étaient taillées et précieuses tandis que d’autres étaient brutes et quelconques. De couleurs et de proportions différentes, pas une ne ressemblait à une autre. La lumière s’y accrochait, passait au travers ou rebondissait sur leur surface, étincelant de milles feux chez l’une avant de s’éteindre chez l’autre. Contre toute attente, le rendu était loin d’être affreux ; au contraire, les gemmes s’alternaient sur les chaînes dorées dans un équilibre harmonieux.

On appelait cet artéfact le Cercle des Âmes. Il était fabriqué sur mesure et remis aux étudiants avant leur départ. Chaque gemme qui le composait provenait d’un proche de l’envoyé.
Un sourire nostalgique ourla les lèvres de Luthgarde lorsque son pouce caressa une petite aventurine ovale. De sa simplicité émanait une douceur réconfortante. Celle-ci lui venait de sa première mère. Elle était immédiatement suivie d’une belle améthyste taillée avec expertise ; sa deuxième mère était une orfèvre de talent. La Prêtresse de son village natal lui avait laissé une minuscule perle de nacre rapportée de son propre voyage initiatique. Quant au morceau d’ambre qui siégeait au milieu, c’était le trésor d’un garçon dont elle avait eu la garde. Oncles et cousins éloignés, voisines et marchands, Initiés comme Sœurs, tous avaient participé, et chacun de leur présent avait trouvé leur place sur la confection.
Le Cercle symbolisait le savoir, l’expertise et l’expérience du peuple d’Erréil. L’arborer, c’était être accompagné de son Royaume.

Dans l’écrasante majorité des cas, les jeunes rentraient chez eux sans avoir sorti l’objet de son écrin. Il ne leur servirait que plus tard, ou bien jamais. Lorsqu’on le portait, qu’on refermait le Cercle, on ne pouvait plus l’enlever sans le savoir-faire d’un artisan du Royaume d’Erréil. Les chaînes étaient conçues dans un matériau réputé pour sa solidité à toute épreuve et l’ingénieux mécanisme du fermoir ne permettait pas de le détacher.
Porter le Cercle, cela signifiait généralement qu’on se liait au Royaume dans lequel on avait été envoyé. L’étudiant laisse alors son statut de simple visiteur venu s’imprégner de la culture locale pour se vouer corps et âme à cette dernière, pour aussi longtemps que cela lui semble nécessaire. C’était un serment sacré fait devant les Divinités et un engagement que personne ne prenait à la légère. Pour certains, cela durait des mois, des années, voire des décennies. D’autres ne rentraient jamais. Bien entendu, les enjeux n’étaient pas toujours dramatiques ; plus d’un Erréilien avait simplement décidé de fonder une famille dans une autre contrée.

Le cérémoniel demandait en général la présence d’un témoin ainsi que l’accord du gouvernement du Royaume d'Erréil. Luthgarde considérait que la mission qu’on lui avait attribuée il y a un mois de ça était plus que suffisante comme preuve de la volonté de son Royaume qu’elle s’implique dans les affaires de Narfas ; quant au témoin… un léger sourire dansa un instant sur les lèvres de la jeune fille. Elle n’était jamais seule. Maintenant encore moins que jamais.

Luthgarde entonna d’abord les paroles dans sa langue natale. Brandissant le collier devant elle, elle laissa son regard se poser sur chaque pierre tandis que les mots coulaient de sa bouche comme l’eau d’un fleuve tranquille. Puis, plus laborieusement, elle les répéta en Narfasien, traduisant du mieux qu’elle put tout en y ajoutant une variante qui lui paraissait à propos.
« Je ne suis que très peu.
Je ne sais que très peu.
Seule, je ne suis que poussière.»

Ses doigts glissèrent derrière sa nuque, et en un instant, le Cercle fut refermé.
« Sous les regards des Omniscients, je vous unis à moi.
Que votre savoir et votre force circulent par mon corps et que vos Âmes habitent mes yeux.
Car seule, je ne suis que poussière.
Avec vous, je suis le Désert. »


Ainsi, elle avait accompli les Volontés des Dieux. Pourquoi ne l’avait-elle pas fait plus tôt ? Malgré le poids de l’ornement, elle se sentait plus légère.
Cette fois, ses doigts purent s’emparer fermement de la poignée, et elle sortit en toute hâte.

*

« Ma Dame. Je vous prie de m’excuser pour mon retard. » À la vue de l’attitude relâchée de sa bienfaitrice, la jeune fille se permit de ravaler les flots d’excuses qu’elle avait concoctés lors de sa course dans les couloirs. Elle s’assit en souriant, acceptant volontiers la tasse de thé qu’Herminiette lui tendait. Son sourire se fana presque aussitôt.
« Ma journée fut aussi agréable qu’elle peut l’être lorsqu’on la passe dans le confort d’une belle maison, tandis qu’au-dehors, la violence et le chaos continuent de faire rage. » soupira la grande brune. Il n’y avait pas une once de reproche ou de sarcasme dans ses propos. Elle s’était enfin résolue à cesser de se mettre en danger mais cela pesait lourdement sur sa conscience.

« Et je vous remercie encore de m’avoir accueillie comme vous l’avez fait. Vous êtes une âme si charitable. J’étais… perdue, lorsque vous m’avez trouvée. Je réalise à quel point je suis privilégiée d’avoir vécu une vie aussi paisible jusqu’ici.  Je prie tous les jours pour le salut des Narfasiens. »

À la mention des autres habitants de la demeure, Luthgarde manqua de tressaillir. Elle masqua son trouble en plongeant le nez dans sa tasse, plissant des paupières comme si elle savourait les arômes du thé. En réalité, le parfum l’écœurait ; mais sans doute était-ce dû aux images qui venaient de lui apparaître bien malgré elle. Ravalant sa nausée, elle prit une petite gorgée de sa boisson et fit mine de se brûler la langue. Car comment justifier autrement son silence contrarié ?
Elle écouta donc son interlocutrice discourir, soutenant du mieux qu’elle le pouvait son regard inquisiteur. Pour se rasséréner, elle caressait du bout des doigts la première chaîne du Cercle, nichée dans le creux de sa clavicule. Au bout de quelques minutes, sa posture se fit plus droite. Sentir les pierres reposer sur son buste, tout près de son cœur battant, la gonflait de courage.
Malgré tout, elle laissa Herminiette finir sans l’interrompre une seule fois. C’était somme toute assez miraculeux, comme en témoignerait quiconque ayant fait la connaissance de la jeune Etnias ; elle-même s’enorgueillissait de son talent à parler pour deux – ou plus - lorsque c’était nécessaire. Ce qui s’avérait être le cas en ce qui concernait la femme de l’Ombre. Sa bienfaitrice était une personne réservée et peu bavarde. Luthgarde la soupçonnait de se sentir parfois un peu seule. Elle aurait aimé qu’Herminiette lui permette de la distraire par sa compagnie plus souvent.

Mais l’intervention des Voix un peu plus tôt, ainsi que le Cercle autour de son cou, la pressaient à garder tout son sérieux. Elle se permit même de garder le silence encore quelques secondes avant de répondre, le front plissé.

« Dame Herminiette. J’apprécie que vous ayez à cœur d’entendre ce que j’ai à dire, moi qui ne suis qu’une étrangère en ces terres. Mais comme je vous l’ai déjà affirmé... » Elle posa sa main à plat sur l’ornement. «…je me suis engagée envers votre peuple, les Dieux et moi-même, à faire tout ce qui est en mon pouvoir pour que le Royaume de Narfas puisse connaître la paix et la prospérité. Et ce, le plus pacifiquement possible. Il n’est pas question de conquérir, d’écraser ni de détruire. Nous nous devons de trouver une solution qui fera le moins de morts possibles. »
Elle prit une longue respiration. « Je me dois cependant d’admettre mon ignorance en ce qui concerne la politique interne. Tout ce que je pensais savoir sur Narfas a été chamboulé dès mon arrivée. Grâce à vous, j’ai pu me faire une idée globale de la situation, et je compte encore sur vous pour me guider sur ce point. »

Sans le réaliser, Luthgarde avait rompu le contact visuel et se concentrait sur sa cuillère qui touillait distraitement l’eau fumante. Une idée lui était venue qui teintait légèrement ses joues de rose.
« Comme vous le savez, j’ai voyagé quelque temps avec les réfugiés de Lieugro. Je suis restée relativement à l’écart, mais ce que j’ai pu observer, Dame De Lieugro semble avoir une personnalité… eh bien… difficile. Si les négociations avec elle devaient mal se passer, je pense que vous pourriez toujours vous tourner vers le Seigneur Lambert D'Eruxul. C’est un homme juste, honnête, et j’en suis certaine, quelqu’un de raisonnable. Ne fut-il pas conseiller royal ? » Se retenant de justesse de se mordre la lèvre, elle enchaîna rapidement – un peu trop, peut-être : « Je peux peut-être vous aider à créer un lien, si besoin. Nous nous sommes côtoyés, après tout. »
De loin plutôt que de près, plus souvent dans les rêves intimes de la jeune fille que dans la réalité ; mais cela, Herminiette n’avait pas besoin de le savoir. Cela n’enlevait rien à la véracité de ses propos. N’est-ce pas ?

« Je ne peux que vous soutenir dans votre volonté de parvenir à un accord avec tout ce beau monde. Quelque soit leur implication dans ce fiasco, trop de mal a été fait. Et à ce propos… et je sais que ce sera un point de contention, tant avec vous qu’avec ceux que vous avez contactés... »
Luthgarde contracta la mâchoire, embarrassée. Aborder les sujets qui fâchent n’était pas son fort.
« Je pense que vouloir abolir la religion… ou, tout du moins, la tenir éloignée du pouvoir… » Inspiration. « ...est une erreur. » Voilà, c’était dit. « Je comprends bien que la religion a joué un rôle non négligeable dans l’état actuel de la situation. La politique de la natalité instaurée par la Grande Prêtresse – paix à son âme- s’est avérée bien trop exigeante pour le peuple. J’ai moi-même recueilli les témoignages glaçants de certaines de ses victimes… j’en fait encore des cauchemars. Mais beaucoup d’entre eux ont encore la Foi, ma Dame. Et si l’on ne reconnaît pas cette Foi, si on tente de la voiler, d’en brouiller les contours, d’y opposer la science, c’est la porte ouverte à l’obscurantisme. Le Royaume d’Erréil n’est-il pas la preuve que religion et science peuvent cohabiter en harmonie et même se compléter ? » La grande brune avait écarté ses bras en grand, comme pour enlacer le monde entier. Toute trace d’hésitation avait été balayée par les flammes de son enthousiasme et de sa propre foi.
« De plus, il y a toujours ce mystère de natalité Narfasienne presque exclusivement masculine à élucider. Tant que ce n’est pas résolu, il risque de se créer des groupuscules clandestins, qui pourraient se développer en sectes. Qui en seront les principales victimes, à votre avis ? 
Je crains pour les femmes de ce pays, tout comme vous, ma Dame. Et pour les protéger, j’estime qu’il est nécessaire de garder une structure religieuse en place. Même si cela implique de bousculer la hiérarchie actuelle. Si vous ne faites pas confiance à Père Sextus… peut-être faudra-t-il trouver un autre candidat qui mettra tout le monde d’accord, Dame D’Epilut et Seigneur Noyarc inclus. »


La bouche asséchée d’avoir tant parlé, Luthgarde but sa tasse d’une traite. Sa tête lui tournait.
« Oh… et à propos de Seigneur Marcellin. » Tout à coup, sa voix s’était fait murmure. « À quel point cette personne s’avère-t-elle… dangereuse, pour le Royaume ? Je crois comprendre que vous ne le portez pas en très haute estime non plus. Je… oh, fichtre, toutes mes excuses ! »
Soudainement agitée, regardant nerveusement à gauche et à droite comme si un individu risquait de débouler de dessous une soucoupe pour lui couper la langue, la jeune fille avait fait tomber sa tasse au sol. Le fracas fit bondir son cœur dans sa poitrine et elle manqua de s’écrouler elle-même ; au lieu de quoi, elle se contenta de tenter de ramasser les morceaux éparpillés.

Message X | 2434 coups de fouet de Sextus /sbaf/ (désolée...)

Résumé :
Guidée par ses Voix intérieures, Luthgarde s'engage plus profondément pour la cause de Narfas en effectuant un rite de son pays.
Elle discute avec Herminiette sur la façon de procéder pour instaurer la paix dans le Royaume de Narfas. Elle aimerait que la religion ait sa place dans le futur du pays.




| Les Portes V - Cette fois je ne fais pas l'erreur de donner un titre à l'avance | - Page 3 Aq2e

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Dim 21 Avr 2024, 15:16



Les Portes



Les yeux sur le contenu de mon verre, j’écoutais Primaël et Ivanhoë. Contrairement aux deux hommes qui avaient préféré une boisson chaude, j’avais demandé un whisky. « Non. Il est toujours porté disparu. » Pas de corps. Juste un vide colossal et une poignée d’opportunistes prêts à tout pour prendre sa place. Celle de Jésabelle était également vacante. Néanmoins, aucun de nous trois ne désirait que la religion se maintînt au pouvoir. Elle devrait chuter pour de bon, ne jamais se relever. « Herminiette m’a également écrit. » les informai-je. « Elle m’a tenu le même discours. Elle a sans doute eu peur que la lettre t’étant adressée ne se perde dans les milliers d’autres. » fis-je, en regardant Primaël. Je souris et noyai mon hilarité naissante dans mon verre. La brûlure descendit de ma bouche à ma gorge, avant de se répandre dans mon ventre. Une chaleur diffuse y succéda. « La fille de Lambert a quoi ? Quinze ans ? Je ne sais pas si nous devons prendre au sérieux le comportement d’une fillette qui vient de quitter son Royaume et tout ce qu’il y avait de cher à son cœur. Placide a dû dire quelque chose qui ne lui a pas plu et… » Je laissai ma phrase en suspens avant de la conclure. « Les gamins quoi. » J’aurais bien voulu que les charmes de Rosette convainquissent Adolphe de s’éloigner de la castration mais, cet acte éloigné de mon fils, je ne trouvais plus à la rouquine aucune utilité. J’avais aussi eu vent du fait qu’elle était vraisemblablement en couple avec Clémentin, l’ancien palefrenier du château de Lieugro. « Enfin, sait-on jamais. Il y a peut-être une raison plus sérieuse. Lambert et Garance sont proches d’après mes sources. Rosette le vit peut-être mal et se venge sur Placide ? Surtout qu’il me semble que Lambert est marié. » En l’état actuel de mes connaissances, d’autres possibilités ne me vinrent pas à l’esprit, sauf une. « Ou Placide a traité son palefrenier de bouseux. » Je souris. C’était possible. « C’est d’ailleurs étonnant que Lambert accepte que les deux se côtoient mais, dans l’exil, les classes sociales ont tendance à se confondre. » Ces raisons me paraissaient néanmoins bien futiles.

« Si nous voulons les calmer, il faudra être discrets, c’est sûr. Personne ne devra remonter jusqu’à nous. Sinon ça ravivera les tensions. » Je bus une autre gorgée. « Ou alors… Si nous constituons cette assemblée, elle pourrait décider de son sort ? Puisque chaque sphère serait représentée, la décision paraîtrait légitime. » Je plaçai mes cheveux sur le côté tout en réfléchissant. « Dans certains Royaumes, ils optent aussi pour le référendum sur les questions de société. Ça permet au peuple de décider en allant voter. De ce que je sais, certains y sont défavorables. Ils pensent qu’il est inconcevable de laisser des ignorants exprimer leur avis. Mais d'autres avancent que les premiers ne veulent que garder le pouvoir en rabaissant des gens d'autant plus capables qu'ils se situent au plus proches de la vie réelle. Ça pourrait aussi être intéressant. Mais bon, quoi qu’on fasse, il faudra aussi décider de notre position vis-à-vis de Lieugro. » Même si je connaissais vaguement les différents régimes politiques, je ne savais qu’en penser. Ce n’était pas de mon ressort. « On fera comme tu voudras, à partir du moment où le sort des femmes ne se détériore pas. » rappelai-je. Je me battais avant tout pour elles. « Je pense cela dit qu’Anthonius aurait une utilité dans ce gouvernement. Placide pourrait y siéger aussi, en tant que représentant de Lieugro. Je crois que ça rassurerait les réfugiés. Ce sont encore des enfants mais, justement, ils pourraient être éduqués dans le sens que nous voulons. Vu leur âge, il serait facile de leur enlever de la tête l’idée de régner un jour en tant que monarque absolu. Et puis… Placide rassurerait aussi les Narfasiens plus que si c’était Garance ou Lambert. Je ne leur fais pas confiance. Garance t’écrit mais je sais qu’elle voit aussi Balthazar. » Je le rencontrais également. Certaines choses passaient très bien entre les barreaux et le Roi était étonnement en forme sexuellement parlant ces derniers temps. « En plus de Gao… À croire qu’elle cherche à marcher dans mes plates-bandes. » Je ris, en pensant que j’allais peut-être devoir marcher dans les siennes. Qu’avouerait Lambert une fois fiché entre mes cuisses ? Il n’était pas trop mal, moins que Childéric d’Ukok mais pas mal. « À ce sujet, je n’ai pas encore d’informations sur les réfugiés manquants. Zébella d’Uobmab a disparu en même temps que Childéric d’Ukok et qu’un autre homme proche de Garance, en plus de certains Lieugrois qui ont décidé de se faire la malle après les révoltes. Je ne sais pas si ces éléments sont liés ou même d’une quelconque utilité. Judas n’a vraisemblablement pas bougé depuis l’arrivée des réfugiés. » Je haussai les épaules. « Pour les Trois Ombres, je n’en sais pas plus. S’ils posent un problème, on pourra toujours envisager une descente chez eux. Ils m’inquiètent moins que la hausse de la criminalité mais, tout comme Rosette, on ne sait jamais. »

838 mots
Eméliana - Tamara:

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Siruu Belhades
Dim 21 Avr 2024, 18:19


Clémentin était intelligent. Melchior aurait sans doute préféré que son apprenti ne soit pas au fait de l'envergure de son trafic, mais au vu de l'évolution rapide des événements, il n'aurait pas pu cacher ce secret bien longtemps. De toute façon, il fallait bien avoir quelques hommes de confiance. "Confiance", oui, justement. Il était là, le problème. Des vols avaient été commis. Ce n'était pas la première fois que le garçon d'écurie lui rapportait cette information. Ce ne pouvait pas être une erreur de compte. Les doigts du marchand blanchissaient, recroquevillés dans sa paume.

« J'ai déjà engagé quelques gros bras pour assurer le transport de nos convois. Les rues sont trop dangereuses pour se permettre d'économiser sur la sécurité. Allouer des gardes à la marchandise en elle-même… c'est une idée, oui, mais si quelqu'un venait à leur graisser la patte, rien ne les empêcherait de nous voler. Au vu de la popularité de nos produits, il faudrait trouver une personne incorruptible. Quelqu'un de fiable. En cette saison, c'est chose rare. Je préfère encore dormir avec des sacs de thé. » Il laissa ses mots flotter quelques secondes, avant de reprendre. « À moins que tu n'aies un candidat particulièrement apte à suggérer. Je suis tout ouïe. » Melchior avait ses idées.

« Mais soyons francs. Ils sont peu, à se promener dans ces couloirs. Ce qui veut dire qu'à moins que le voleur ne soit invisible, il est aidé par une personne ayant accès aux stocks… ou il s'agit de quelqu'un que nous connaissons. » Qui restait-il dans la liste ? Peu de monde, en réalité. Il aurait bien voulu soupçonner l'étranger mais cette hypothèse serait dure à vérifier. Clémentin ne consommait pas de drogue, aurait couru un risque irrationnel à essayer de les vendre dans la rue sans le moindre réseau, et souhaitait vraisemblablement une vie tranquille. Pour autant, il n'était pas entièrement innocenté. Melchior avait du mal à concilier sa première impression de lui avec l'image qu'il renvoyait aujourd'hui.

Mis à part le garçon d'écurie, il ne restait que deux pistes : soit il s'agissait d'un employé proche, soit de sa propre famille. Est-ce que Pénélope aurait osé trahir son frère d'adoption ? Alors même qu'elle proposait de l'aider à développer son commerce ? Melchior n'avait pas besoin d'évoquer cette possibilité de vive voix pour déjà rougir de colère. Il ne voulait pas y croire. Il préférait encore que le coupable soit Gao, qui vivait à côté du trésor et avait été mis au courant des activités de son jumeau avant le galas. Ce dégénéré s'était peut-être permis un écart de trop.

Voir ses affaires croître si rapidement n'est pas toujours une bonne chose. De nombreux questionnements stratégiques s'imposaient. Comment agrandir sa capacité de production en l'espace d'un seul mois pour répondre à une demande multipliée par cent ? Comment occuper l'espace libre qui serait autrement envahi par la concurrence ? Melchior se doutait bien qu'il était possible que son commerce soit cannibalisé par un autre. Clémentin et lui avaient entretenu quelques conversations, à ce sujet. Seulement, son organisation avait un avantage que les nouveaux fournisseurs de drogue ne pouvaient pas imiter : il était présent sur le marché depuis des lunes, et possédait déjà une infrastructure robuste bien avant l'assassinat de Wesphaline le mois dernier. Alors, il ne fut pas compliqué pour lui de sécuriser plus de partenariats lors de son court séjour à Elafar.

Il possédait désormais plusieurs points d'approvisionnement et, malgré le chaos qui régnait sur la capitale, il avait su sécuriser ses convois en rémunérant généreusement les malfrats qui travaillaient pour lui. Ces efforts ne suffisaient pourtant pas à combler la demande. C'était comme jeter un verre d'eau dans un canyon. Tout le monde raffolait de stupéfiants. Des tendances se dessinaient déjà. Les plus fortunés s'essayaient aux substances récréatives. Sans galas, il fallait bien pimenter les nuits passées entre quatre murs fortifiés. Le peuple, lui, ne demandait qu'une chose : des opiacés. Les blessés ne manquaient pas, et il s'agissait sans doute des substances les plus efficaces contre la douleur. Seul problème : elles causaient rapidement une dépendance sans bornes. Les prix s'étaient enflammés – une mauvaise nouvelle pour tous. Clémentin avait raison : il ne voulait pas faire de mécontents. Nombre de ses clients vivaient dans des quartiers désormais contrôlés par des milices. Melchior avait mis ses œufs dans différents paniers, et certains d'entre eux étaient sur le point d'exploser.

« Bien sûr, très chère. Elle se trouve au fond du couloir. » Rosette avait l'air tout aussi inoffensive que son compagnon, mais il la préférait hors de ses affaires. Qui sait, elle était peut-être coupable de vols. Melchior prenait soin de la traiter avec amabilité, dans la mesure du possible. Dès qu'il la sut assez loin, il se tourna vers Clémentin. « J'y ai réfléchi, en effet. » Il tournait en rond, les mains derrière son dos. « Je ne pense pas qu'il soit sage de livrer à l'étranger par ces temps. Surtout, nous avons déjà beaucoup trop de clients sur les bras ici pour chercher à diversifier les affaires dans l'immédiat. Pour autant… je suis ouvert à la possibilité d'obtenir un nouveau fournisseur. » Après tout, l'idée de ce commerce de stupéfiants n'avait germé que parce que ses parents avaient eu l'audace de s'aventurer dans des contrées lointaines.

Melchior s'adossa soudainement contre la porte, sans quitter le fermier des yeux. « Donne-moi une nation, un itinéraire et une piste solide. On verra si cela peut être arrangé. » Pour le moment, ils avaient bien assez à faire à Narfas. « Tu aimes voyager. Tu devrais pouvoir te débrouiller. Peut-être un peu trop, même. » Il l'avait vu à l'œuvre. « Cette histoire de voleurs me préoccupe un peu plus que de vendre des feuilles au Royaume d’Erréil. Je veux bien te faire confiance, mais il va falloir jouer cartes sur table avec moi. J'ai deux questions, et je vais avoir besoin que tu sois honnête. Quel est le plus gros objet que tu aies dérobé ? Qui est La Main ? »


Post XI | 1000 mots | Melchior parle à Clémentin.
Rôle - Melchior:


| Les Portes V - Cette fois je ne fais pas l'erreur de donner un titre à l'avance | - Page 3 Ukjx
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Mitsu
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Dim 21 Avr 2024, 18:50


Image par un artiste inconnu

Explications


Hop !  | Les Portes V - Cette fois je ne fais pas l'erreur de donner un titre à l'avance | - Page 3 47

On continuuuueeeeee  | Les Portes V - Cette fois je ne fais pas l'erreur de donner un titre à l'avance | - Page 3 009

Pour rappel : À la fin du précédent volet, une première révolte a grondé dans le Royaume de Narfas, fomentée par Primaël et ses alliés, suivie de beaucoup d'autres. Nous sommes un mois après la première. Le Royaume connaît une grande instabilité. Le peuple est partagé concernant la direction à prendre. Certaines personnes ont quitté Narfas, d'autres ont profité de la situation pour se faire un nom ou pour commencer / continuer des trafiques en tout genre. La drogue s'est développée à une vitesse fulgurante et la traite des êtres humains se fait presque en plein jour. Les problèmes de natalité persistent. Néanmoins, l'ordre religieux qui avait été établi jusqu'ici est également instable et les règles ne sont plus respectées. Le peuple débat (les débats c'est dans le meilleur des cas ; généralement la population se tape dessus) et ne sait plus à qui faire confiance. Plusieurs tendances s'opèrent néanmoins dans ce chaos où les grandes têtes de l'ordre religieux et de la royauté sont mortes ou ont disparu :
- Ceux qui voient Primaël, Tamara et Ivahnoë comme des sortes de messies, venus délivrer le peuple. Le pouvoir devrait donc leur revenir. À noter que Tamara jouit d'une véritable popularité chez les femmes.  
- Ceux qui voient Garance/Placide comme la solution à adopter (ils viennent d'un Royaume qui était en paix et prospère avant l'invasion de Judas et sont de sang royal)
- Ceux qui voient Anthonius comme le souverain légitime (puisque c'est l'enfant de Balthazar et de la Reine défunte, Wesphaline).
- Ceux qui pensent qu'il faudrait allier les trois précédents afin de créer un ordre nouveau.
- Ceux qui ne jurent que par les tradition et par la religion (et qui rejoignent assez ceux qui soutiennent Anthonius)
- Ceux qui pensent qu'il serait mieux de se rendre à Judas puisque cela clôturerait les guerres définitivement, personne, selon eux, n'osant s'attaquer au Roi.
- Les autres qui peuvent avoir des pensées diverses et variées (exemple : il serait bien de confier le royaume à un trafiquant de drogue / quelqu'un qui s'y connait en affaires, même si ces affaires sont plus que douteuses).

Le Royaume est également instable sur la question de la faute de la situation actuelle (en fonction des convictions, certains accusent les réfugiés du Royaume de Lieugro d'être à l'origine des problèmes alors que d'autres pensent qu'ils sont venus délivrer le peuple etc...) et sur la question des relations entre les hommes et les femmes. Les femmes ne décident a priori plus pour les hommes dans le chaos mais certains hommes en profitent pour tenter de leur faire payer ce qu'elles ont pu leur imposer par le passé alors que d'autres sont incapables de prendre des décisions seuls. Certaines femmes désirent céder volontiers le commandement alors que d'autres s'y accrochent.

Plusieurs quartiers ont été brûlés, détruits ou pillés et beaucoup d'habitants se retrouvent à la rue, sans argent, alors que d'autres ont réquisitionné des zones qu'ils protègent avec des armes.

La question du Royaume de Lieugro se pose également puisque les réfugiés veulent toujours récupérer le territoire. Des locaux y voient aussi une opportunité et les trafiquants d'armes se frottent les mains à l'idée d'une guerre à venir, en plus du chaos déjà existant sur place.

Rps importants
------ Jeux de mains, jeux de vilains - Merlin, Zébella et Judas
------ Sous le magnolia - Ezémone et Nicodème
------ Mon preux chevalier - Adolestine et Alembert
- Le Royaume de Lieugro - Le vieux Roi
----- Le retour du légendaire pipou - Irène et Gustave
- Le Royaume de Lieugro - La chute du vieux Roi
- Le Royaume de Lieugro - L'avènement du Roi sadique
----- La fuite - Adolestine
- Le Royaume de Narfas - La révolte de Narfas
----- Les fuyards - Zébella et Childéric
----- On annonce une tempête - Judas et Coline
----- Le Maître de la forêt - Merlin et Adénaïs
- Le Royaume de Lieugro - La chute du Roi Sadique
------ La dispute - Ezémone et Nicodème
------ Par le pouvoir d'un mot, je recommence ma vie - Zébella et Adénaïs
------ Tremblement dans le monde

Compte du nombre de messages


Du Royaume de Lieugro :
- Hélène (Garance) : XIX
- Ikar (Placide) : II
- Dastan (Ludoric) : XIX
- Adriaen (Lambert) : IV
- Yngvild (Rosette) : XIX
- Erasme/Ilias (Clémentin) : III

Du Royaume de Narfas :
- Aäron (Balthazar) : II
- Jil (Anthonius) : XIII
- Eméliana (Tamara) : II
- Zeryel (Adolphe) : XIII
- Lysium (Melchior) : XII
- Sympan (Gao) : IV
- Oriane (Pénélope) : XII
- Lorcán (Ivanhoë) : X
- Lazare (Primaël) : X
- Orenha (Luthgarde) : IX
- Jezeṃiās (Sextus) : II
- Blu (Herminiette) : II
- Seiji (Marcellin) : IX

Deadline Tour n°3


Dimanche 28 avril à "18H" | Je posterai à 21h00 max

Il reste 7 tours (le RD se finira la semaine du 3 juin)

Gain Tour n°3


- 1 point de spécialité au choix
ET
- La possibilité de prendre l'apparence de tous les personnages des contes de Narfas et Lieugro. Le sort demande moins de magie qu'un changement d'apparence standard mais la transformation est capricieuse et peut rester active plus longtemps que prévu. Le caractère et les goûts dudit personnage peuvent également s'inviter à la fête indépendamment de la volonté du vôtre.
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Zeryel
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Zeryel
Lun 22 Avr 2024, 08:05

| Les Portes V - Cette fois je ne fais pas l'erreur de donner un titre à l'avance | - Page 3 O0px
Les Portes V ; Narfas
Zeryel, dans le rôle d'Adolphe



Rôle - Adolphe d'Epilut:

« Je vois. » Bien que cela fit sens, Adolphe n'ayant jamais rien révélé lors de ses propres correspondances, il fit la grimace, un peu vexé. Il n'avait fait qu'alimenter les confidences de Placide avec davantage de questions, il lui avait même fourni une forme de soutien sans trop savoir ce qu'il cherchait à faire. Il s'était montré curieux sur cet étranger, puis en apprenant qu'il s'agissait du Prince et son orientation sexuelle, ses relations avec ses aînées. Il s'était attaché à lui, malgré lui.

Les yeux du d'Epilut descendirent sur la silhouette de Placide. Sa cape cachait les formes, ou plutôt leur absence, à tout regard extérieur mais il n'y avait pas besoin de voir la musculature d'une personne pour deviner ses capacités physiques. Tout résidait dans l'attitude, et celle du blond n'était objectivement pas impressionnante. « Tu peux le devenir. Je t'y aiderai. Pour me faire pardonner d'avoir menti sur mon identité dans nos lettres. » proposa-t-il avant d'acquiescer. « Pas dans un lieu public en tout cas, ni chez moi. Je ne crois pas que tu veuilles croiser ma mère. On peut aller dans un logement dont j'ai fait l'acquisition. Suis-moi. » Les propriétaires précédents n'avaient pas protesté ; la mort possédait l'avantage non négligeable de faire taire avec efficacité. Il songea à Lénora, mais se rassura. La cave était bien insonorisée.

« Oui. Avec la révolte, elle m'a délégué certaines responsabilités au sein de l'armée que j'ai officiellement intégré. Je la commande plus ou moins. Elle reste la Cheffe des Armées ; je ne fais que traduire ses ordres au final. Ça ne plaît pas à tout le monde. » Il haussa les épaules. C'était le moins qu'on puisse dire. Adolphe pouvait nommer facilement au moins une dizaine de soldats et soldates haut gradés qui trouvaient injustes de ne pas avoir été sélectionnés. C'était une position délicate dans laquelle elle l'avait poussé. Il avait constaté les épines de ce cadeau immédiatement, dès les premières missions. Son statut officiel demeurait flou et l'armée n'aimait pas le flou, ni les privilégiés qui gardaient leurs attributs là où tous les autres s'étaient sacrifiés. S'il avait eu officiellement le titre de Chef des Armées, son autorité aurait été moins questionnée. Tant que Tamara vivait, il ne cesserait d'être vu comme son jeune fils pistonné sur sa nouvelle position. S'il abattait sa mère, sans doute cesseraient-ils tous de le voir comme un enfant au menton tâché de lait. Il possèderait l'armée sans discussion et ceux qui ne souffraient pas de transférer leur loyauté sur lui connaîtraient le même sort. C'était une période de changements, un peu plus de sang versé passerait inaperçu sur les pages de l'histoire.

« Avec le temps, ils s'y feront. Ils doivent comprendre que ma mère n'est plus non plus toute jeune. Nous vivons une période de changement, et Narfas a peut-être besoin d'un nouveau Chef des Armées. » Et il ne comptait pas attendre sagement sur le côté qu'elle devienne inapte à son rôle. Qui savait quand cela arriverait ? Quand il aurait trente ans ? Quarante ? Combien de temps devait-il encore vivre dans son ombre ? « Qu'en est-il de votre côté sur les changements ? Vous avez établi une stratégie pour récupérer Lieugro ? Sans Childéric d'Ukok, ça risque d'être compliqué. » Il avait admiré le brun. À ses yeux, il représentait tout ce que l'adolescent rêvait d'être : assuré, fort, expérimenté. Il savait se faire obéir et ça se voyait. Son seul défaut résidait dans sa loyauté vacillante mais là encore, Adolphe y voyait une qualité ; celle de ne pas être juste un chien docile, d'être quelqu'un qui avait son propre libre-arbitre. Dans tous les cas, qu'il soit parti ne présageait rien de bon pour les réfugiés.

Adolphe cessa de marcher quand il vit des ombres plus solides arrêtées face à eux, à plusieurs mètres de distance. Il ne reconnut pas l'uniforme militaire, mais cela ne signifiait pas pour autant qu'il ne s'agissait pas d'espions envoyés par sa mère pour le surveiller. C'était cela, ou ils savaient que celui l'accompagnant était le prince Lieugrois. Rassuré par le poids de ses armes sur ses hanches et sanglées dans son dos, il se remit en marche après avoir indiqué à Placide de le suivre tout en restant en retrait. Les hommes firent de même et Adolphe chassa l'hypothèse d'espions. Il s'agissait de civils, mais leur expression hostile lui déplaisait, surtout après la journée exécrable qu'il avait passé. Une quinzaine, compta le d'Epilut, notant également la présence d'armes dans leurs mains. Ce n'était pas étrange, compte tenu de la dangerosité des rues de la cité. Chaque jour dénombrait son quota de décès, et les nuits n'étaient pas plus clémentes. Ce ne serait pas la première fois que les réfractaires au coup d'état s'en prendraient à lui, pour atteindre à travers lui la Cheffe des Armées. Habituellement, il avait toutefois des soldats avec lui pour les dissuader de leurs intentions.

« Dégagez du chemin. » articula-t-il en guise d'introduction. « C'est qui, lui ? » fit l'un d'entre eux en désignant de la pointe d'une massue Placide. « Reculez. » gronda Adolphe en se positionnant entre le Lieugrois et les hommes. Ils échangèrent un regard pour se concerter et l'instant d'après, le brun vit venir la massue droit sur son front. Il se plia en deux pour passer sous sa trajectoire et en remontant, attrapa la lame accrochée dans son dos pour la planter jusqu'à la garde dans l'espace charnu sous le menton. L'homme ouvrit la bouche sur un hoquet muet qui se transforma en gargouillis quand Adolphe récupéra sa lame d'un coup sec, libérant des flots de sang. Il pivota sur ses appuis pour faire face au prochain adversaire qui para son attaque avec sa propre lame. Sa main gauche attrapa un poignard sur sa hanche pour l'enfoncer dans son flanc. Il fit tourner la lame en espérant toucher un organe vital et l'homme jura entre ses dents. Adolphe tourna la tête sur le côté pour jeter un coup d'œil à Placide. « Va-t-en ! » Il refit face à son adversaire et rencontra à la place la garde d'une épée. Son front explosa de souffrance et il recula, sonné. Son genou céda et heurta le sol. Un grognement lui échappa. Il cilla pour chasser les points écarlates qui tâchaient sa rétine et vit, trop tard, une massue arriver sur sa tête pour jeter un rideau noir sur sa conscience.

Message III | 1135 mots

Adolphe parle avec Placidou. Ils sont interrompus par les hommes de Gao et réussissent à l'assommer. Je pars du principe qu'au prochain tour, il se réveille dans les cachots de Gao où il parque ses esclaves 8D (Désolée Placidou, t'étais là au mauvais endroit au mauvais moment)
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Mar 23 Avr 2024, 10:20



Unknown

Les Portes – Chapitre V

En groupe | Lazare


Rôle :


Sextus. Ce nom se répétait en écho dans son crâne. Il se souvenait des mots inscrits sur le parchemin comme s’il les y avait écrits lui-même. Aucune autre punition ne sera à la hauteur de sa tromperie que la vente de son fils. Quel genre d’homme cruel était son père ? Était-il véritablement son géniteur ou les coucheries de sa mère avec ce Sextus précédaient-elles sa naissance ? Comment un père aurait-il pu vendre son propre fils par vengeance ? Il avait toujours cru que ses parents s’étaient défaits de lui parce qu’ils n’avaient pas les moyens de l’élever convenablement, parce qu’ils avaient désespérément besoin d’argent. Les documents sur lesquels il était tombé rendaient cette histoire parfaitement caduque. Il avait été vendu parce que sa mère avait écarté les cuisses pour un autre homme et que son mari ne l’avait pas supporté. Ses doigts se crispèrent autour de la petite anse de sa tasse. Il fallut que ses phalanges accolées commençassent à le brûler pour qu’il se raccrochât à la conversation.

Il releva la tête vers Tamara. Il ne croyait pas qu’Herminiette lui eût écrit de crainte que sa lettre ne le trouvât pas. Il ne pensait pas que la cheffe des armées le crût véritablement non plus. C’eût voulu dire qu’elle ne se rendait pas du tout compte de l’importance qu’elle revêtait aux yeux des Narfasiens. Son nom, pourtant, hantait les bouches et sifflait entre les dents à la manière d’un vent robuste entre les dunes. Ivanhoë tenait à sa discrétion et pouvait la conserver dans une certaine mesure, mais eux, ils étaient exposés aux feux de la capitale et de tout le pays ; chaque flamme dessinait les contours de leurs visages et projetaient sur le sol l’ombre de leurs silhouettes. Ils étaient le corps de la révolution, ceux qui l’avait lancée, ceux dont on attendait quelque chose, ceux que les opposants essayaient de tuer.

« La fille de Lambert ? » L’esprit de Primaël retraça rapidement les liens. « Ah, oui, la petite rousse. » Il fronça les sourcils, concentré. Certaines spéculations de Tamara lui arrachèrent un sourire, bien qu’il fût à peu près certain qu’aucune n’effleurait la vérité. En revanche, sa dernière remarque méritait que l’on s’y attardât. Lui aussi s’était posé la question. Les nobles n’avaient pas pour coutume de laisser leurs enfants fricoter avec ce que nombre d’entre eux qualifiaient de vermine des bas-fonds. Peut-être Clémentin avait-il, lui aussi, des origines secrètes ? Il aurait pu le lui demander, mais la situation ne s’y était pas prêtée, tout couverts de suie qu’ils étaient, toussant et crachant des nuages de fumée, le corps meurtri de plusieurs brûlures. La plupart étaient légères. Seule celle qui couvrait le bras du garçon avait mérité plus de soins. Cela étant, le geste du Prince Placide pouvait s’expliquer par cette hypothèse. Les histoires de gamins n’en étaient pas toujours. Ivanhoë ayant déjà repris la parole, le bleu les laissa poursuivre, en gardant cet élément dans un coin de sa tête.

Ses iris clairs se posèrent sur son amant. « Je sais. » répondit-il avec calme. « Mais ce qui est fait est fait, et aujourd’hui, nous ne pouvons pas nous permettre de l’éliminer comme ça. Pour certains, il incarne un espoir, pour d’autres, il est la preuve que nous ne souhaitons pas tout détruire. S’il est assassiné, ça ne fera qu’accentuer l’instabilité, et compte tenu de l’état actuel des choses, ça ne me semble pas judicieux. J’imaginais davantage que nous pourrions l’utiliser pour rallier certaines tranches de la société à notre cause ou pour faire pression sur d’autres. » Il regarda Tamara, avant de revenir à Ivanhoë. « Le Roi déchu reste un symbole, et je crois qu’il nous servirait davantage vif que mort, pour le moment. Quand l’assemblée sera constituée, nous ferons en sorte qu’elle acte sa mort, oui. » Ses prunelles revinrent sur la rousse. « Ou que les choses se fassent par référendum. Mais il est sûr que nous ne pourrons pas garder Balthazar en vie une fois qu’un nouveau gouvernement aura été instauré. Il est hors de question qu’il y siège. Nous aurons déjà assez de souci à nous faire avec Anthonius. » Qu’elle participât à la vie politique ou non, elle incarnerait toute sa vie un passé révolu. En revanche, à l’inverse de son père, elle restait une enfant : ils pouvaient la modeler de sorte à ce qu’elle ne devînt pas la source de nouveaux troubles. « Je n’ai pas l’intention de détériorer le sort des femmes, ni celui des hommes. Nous devrons évidemment nous soucier du problème de natalité, mais nous ne reviendrons pas à l’ancien système. C’est pour cette raison qu’Anthonius, qu’elle participe ou non à la vie politique, devra publiquement renoncer à ses privilèges royaux et soutenir le nouveau régime. Nous l’avons épargnée parce que tu l’as demandé, mais il y a des choses qui ne peuvent pas se négocier. » Son regard azur la sonda, entre la détermination et la tranquillité. « Je ne crois pas que les réfugiés aient une place parmi nous sur le long terme. » Il tourna la tête vers Ivanhoë. « Mais j’ai peur que si on ne s’en occupe pas, ils ne deviennent une épine dans notre pied. Si Garance m’écrit autant, ça n’est certainement pas par pure sympathie. Le fait qu’elle voie Balthazar me fait aussi penser ça. » Il devrait envoyer quelqu’un espionner la cellule. Il voulait savoir ce qu’ils se disaient. Quant à Tamara, pourquoi voyait-elle encore l’ancien Roi ? Il la scruta, indécis. Il croyait pouvoir lui faire confiance, mais peut-être fallait-il elle aussi la faire espionner ? « Lorsque je l’ai convoquée, après le bal, elle m’a dit qu’elle désirait bénéficier d’une protection pour son peuple et qu’elle espérait obtenir de la royauté une aide pour reprendre Lieugro. Elle n’a pas l’air d’être le genre de femmes à abandonner rapidement. » Il écouta la rouquine parler des réfugiés disparus. C’était un autre sujet de questionnement, sur lequel il n’avait pas pris le temps de s’attarder. Ils avaient peut-être simplement profité du désordre pour fuir, s’ils n’en étaient pas morts. On n’avait pas retrouvé les corps de tous les disparus de Narfas. « Je pense que nous devrions rencontrer Herminiette ensemble. Tu pourras être là si tu le souhaites. » fit-il à l’intention d’Ivanhoë. Il aurait trouvé plus avantageux et rassurant qu’il le fût. L’assassin avait l’esprit affûté, rempli d’informations et capable de décrypter autrui. « Et au sujet de Rosette, je sais peut-être ce qui la pousse à vouloir discréditer Placide. » Il massa son menton, songeur. « J’ai sauvé Clémentin d’un incendie, récemment. Il avait été enfermé dans une maison en feu. Par Placide. » Son index courut sur sa lèvre inférieure, avant de se poser à plat contre ses dents. Il marqua une pause très brève. « Rosette l’a peut-être appris. Je n’ai rien dit à Clémentin mais peut-être qu’il a vu Placide l’enfermer, je ne sais pas. En fait, je m’interroge davantage sur les raisons qu’aurait le Prince à vouloir brûler vif un membre de son peuple, d’autant plus que sa cousine est attachée à ce dernier. Comme tu l’as dit, il est étrange que Lambert accepte que sa fille côtoie un palefrenier. Peut-être qu’il n’a rien d’un roturier et qu’il menace la position de l’actuel Prince. » Son regard alla de l’un à l’autre de ses alliés. « Peut-être est-ce Clémentin que nous devrions inviter à la table des négociations ? » Il lui devait la vie. « J’aimerais en tout cas que nous rencontrions Garance et Lambert pour leur tirer les vers du nez, et entendre une bonne fois pour toutes leurs intentions. »

Il inspira. « Au sujet de la hausse de la criminalité… Tu as suffisamment de femmes et d’hommes pour endiguer le problème, ou il t’en faut plus ? Je peux essayer d’en convaincre de nous aider à ramener la paix. On peut aussi demander aux Lieugrois de nous en prêter en échange d’une voix au chapitre. » Temporaire, il n’en démordrait pas. Peut-être pourrait-on leur créer un statut spécial, leur accorder une place mais ajustée aux prérogatives que pourrait avoir n’importe quel étranger sur ce sol ? « Et Ivanhoë pourrait peut-être t’aider à débusquer les chefs de file des différents réseaux ? » Il se tourna vers lui. Hormis la révolution, rien ne les rattachait l’un à l’autre. S’il voulait qu’ils formassent un trio efficient, ils devaient œuvrer main dans la main. Ses iris céruléens voguèrent jusqu’à Tamara. « Est-ce que Balthazar, en sa qualité d’ancien Roi, a des informations à ce sujet ? Ou tout autre qui pourrait nous être utile ? »



Message III – 1442 mots


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Les Portes V ; Narfas
Lorcán, dans le rôle d'Ivanhoë, l'assassin




Rôle - Ivanhoë Emmog:

Ivanhoë but machinalement une gorgée de son thé, plus pour s'occuper les lèvres que pour la saveur du breuvage qui avait le goût de cendres. Paradoxalement, depuis cette fameuse nuit, alors même qu'il aurait dû se réjouir et célébrer le succès de leur entreprise, il en était incapable. Les menaces visant Primaël occupaient ses pensées à chaque seconde. Il n'y avait que dans ses bras qu'il parvenait à se détendre, le temps de quelques minutes durant lesquelles il feignait de tout occulter. Ces parenthèses étaient précieuses car rares ; Ivanhoë ne s'attardait jamais très longtemps. Le temps libre n'existait plus, il fallait l'arracher ou, comme ils avaient toujours fait, joindre l'utile à l'agréable. C'était ainsi qu'il fonctionnait aussi avec Tamara. Il écoutait cette dernière, songeur. Rosette n'était peut-être certainement qu'une adolescente émotive, mais s'intéresser à ce qui la motivait n'était pas dénué d'intérêt s'ils souhaitaient débusquer les faiblesses des Lieugrois. Si Lambert était le point faible de Garance, alors sa fille pouvait être celle sur qui faire levier dans les futures négociations. Ils ne pouvaient se permettre d'écarter aucun détail.

Les doigts d'Ivanhoë remontèrent sur sa nuque pour la masser doucement. Peut-être aurait-il dû prendre de l'alcool, lui aussi. Cette réunion ravivait toutes ses inquiétudes. Il n'aimait pas savoir qu'ils allaient laisser Balthazar respirer, encore plus en sachant que Garance lui rendait visite. Leurs ennemis étaient partout, qu'ils s'affichent ou montrent patte blanche. Ils rôdaient autour de Primaël tels des loups et il était soulagé d'entendre la rousse admettre ne pas faire confiance aux réfugiés. Elle gardait la tête sur les épaules, quand elle ne l'avait pas entre les cuisses de tous ceux qu'il lui plaisait d'entendre gémir. L'assassin ne croyait pas cependant qu'elle le faisait dans le but de manipuler, à la différence de la princesse de Lieugro. « Garance cherche des alliés partout où elle peut en trouver. C'est ce que je ferais dans sa situation. Je n'ai pas d'avis sur les réfugiés, qu'ils restent ou non, mais nous n'avons pas besoin d'ennemis supplémentaires. Nous devrions en faire nos alliés, pour le moment, au moins officiellement. » Il allait de soi qu'ils devraient garder un œil plus attentif encore sur leurs prétendus alliés.

« Anthonius, et ses aînés. » ajouta Ivanhoë. Tant qu'ils vivaient, ils représentaient un danger. Au moins Balthazar était-il enfermé et surveillé. Ses enfants en liberté risquaient de nourrir à leur encontre des vœux ennuyeux de vengeance. Il venait un moment où ils ne pourraient pas se battre sur tous les fronts en même temps, aussi malin soit Primaël. « Je viendrai. Nous en savons trop peu sur ces Trois Ombres, sinon ce que j'en entends dans les conversations. Les poèmes de Marcellin sont plutôt appréciés. Herminiette est la plus discrète, mais son initiative de vous écrire m'intrigue. Elle doit avoir des informations. »

L'assassin replongea ensuite dans son silence pensif pour réassembler son schéma mental avec les nouvelles branches qu'il y apportait. Rosette, Clémentin, Placide. L'intrus n'était pas difficile à trouver. Qu'il soit plus qu'un simple palefrenier relevait de l'évidence désormais. Il acquiesça aux hypothèses du joueur. « Tu devrais peut-être parler avec Clémentin en effet. Si tu lui a sauvé la vie, il sera plus enclin à t'en dire davantage. » Cette discussion soulevait plus de zones d'ombres qu'elle n'en éclairait et Ivanhoë sentit qu'il ne dormirait encore que trop peu cette nuit. « De mon côté, je poserai la question à Ludoric. J'ignore s'il me fait confiance, mais c'est celui dont je suis le plus proche, alors ça vaut le coup d'essayer. » Il était la seule famille qu'il lui restait, et lui aussi portait un intérêt significatif à Clémentin.

Il tourna la tête vers Tamara et ne l'évalua qu'un bref instant avant d'accepter d'un hochement de tête. Ce serait l'occasion d'éteindre les soupçons qu'il nourrissait sur son compte. « J'aimerais que la criminalité soit notre seul problème. Le commerce de la drogue a explosé, tout comme celui des esclaves. Nous devrions endiguer aussi cela avant que les choses nous échappent complètement. » Et parce qu'il doutait que Primaël soit heureux de gouverner un pays rongé par l'esclavage quand il en avait été victime lui-même.

Message III | 754 mots

Ivanhoë papote avec Primaël et Tamara, chapitre 2
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Mar 23 Avr 2024, 21:23



Les Portes


Mon visage se ferma légèrement lorsque la première phrase, négative, sortit de la bouche de Melchior. Mes pensées s’activèrent afin de trouver une solution. Si je ne pouvais pas m’enfuir en passant par son biais, il me faudrait trouver un autre moyen. Quitter mon poste et trouver un commerçant qui ne rechignerait pas à l’expansion ? Un commerçant qui voyageait déjà ? Généralement, il fallait du temps avant que la confiance s’installât mais j’étais plus habile à l’obtenir que les autres apprentis. Je travaillais souvent plus que les autres et prenais au sérieux ce que je faisais sans faire de zèle. Ma mère m’avait appris à me démener et à m’impliquer. Je posais également beaucoup de questions, ce qui me permettait d’avoir une vision globale du fonctionnement des choses. J’imaginais aussi le moyen d’améliorer les processus. Ça m’occupait l’esprit. Mon regard s’éclaira au « pour autant ». « Un nouveau fournisseur ? » répétai-je, plus pour y réfléchir que pour obtenir confirmation. « Diversifier pourrait être bénéfique, c’est sûr. Il ne faut pas mettre tous ses œufs dans le même panier, disait ma mère. Le fait d’être fourni par des personnes différentes pourrait nous éviter des ruptures de stock si l’une d’elle se fait arrêter ou fait faillite. Avec les temps qui courent, on ne sait jamais. » Je hochai la tête, comme j’avais vu plein de fois les vieux de mon village natal faire en constatant les changements météorologiques. J’avais d’ailleurs pris l’habitude de me planter à côté d’eux, enfant, pour adopter exactement le même comportement. Je commentais et y allais de mes « Dans le temps… » et « C’était vraiment mieux avant. », ce qui avait alors le don de les faire rire. « Très bien. Je me renseignerai. » m’engageai-je. Si ça me permettait de quitter Narfas avec Rosette, j’allais soulever châteaux et montagnes pour trouver des pistes intéressantes.

La suite me sortit de mes réflexions sur les Royaumes qui pourraient convenir. J’avais réussi à développer un réseau ici et là. J’avais déjà en tête le nom de certaines personnes à contacter qui pourraient me renseigner ou m’envoyer vers des individus compétents. À la première question, je commençai à songer à ce que j’avais bien pu voler, sans voir de quoi il parlait. À la deuxième question, je le regardai avec plus d’attention. « Ah. » fis-je, en comprenant l’ampleur du problème et la tournure que prenait la discussion. J’émis un rire gêné et, après quelques pirouettes mentales sur la façon de tourner les choses, je décidai de répondre. « Ce qui est amusant c’est que les deux questions sont liées. » commençai-je. Et trop spécifiques pour que ce fût le fruit du hasard. Je pouvais me dire qu’il ne savait pas qui était La Main et que sa question en était une véritable, comme je pouvais décider qu’il cherchait à me tester. Quant au vol, il savait forcément. Comment ? C’était une autre histoire. « Je pense que mon plus gros vol, je l’ai commis à Narfas. Pas que je sois un voleur. J’ai surtout piqué des choses lorsque j'étais enfant : des sucreries, ce genre de choses. D’ailleurs, comme j’ai su écrire tôt, je laissais souvent des mots d'excuses… que mes victimes ne pouvaient pas déchiffrer, forcément. Une fois j'ai volé un flan entier ! J'ai tout mangé et j'ai eu mal au ventre pendant trois jours... Il avait dû tourner. Avec les œufs et le lait, il faut toujours se méfier ! J'en ai fait un poème. Je pourrais peut-être vous le lire à l'occasion ! » Je souris. « Bref je disais donc que le plus gros objet que j’ai volé, c’était ici. Je ne l’ai pas gardé mais je crois que ça ne compte pas vraiment pour me disculper. » Je pinçai les lèvres et haussai les sourcils. « Comme vous le savez peut-être, j'étais à Narfas il y a quelques temps. Je faisais un stage avec un maître charpentier marin et j’ai eu vent de l’existence d’un trafic d’êtres humains. J’étais un peu plus jeune alors j’ai eu peur. Je me suis enfui en volant un bateau rempli d’esclaves. » C'était drôle, dit comme ça. J’en avais d'ailleurs fait monter d’autres en plus, pour les sauver du sort qui les attendait. « C’est comme ça que je suis retourné à Lieugro d’ailleurs. » précisai-je, comme si le détail était important. « Donc j’ai volé un navire. » Je me rapprochai ensuite de Melchior. « Pour La Main, c’est une autre histoire. Disons que c’est ça qui m’a poussé à avoir peur mais je n’ai jamais eu confirmation. Juste que les types qui en parlaient avaient l’air de s’y connaître et de savoir. Ils disaient que c’était Balthazar de Narfas, le Roi. C’est pour ça que j’ai voulu partir. Je ne pouvais pas rester dans un endroit où un tel trafic est géré par le monarque en personne… avec tous les moyens qui sont à sa disposition. Je sais qu’il esclavageait des hommes principalement, à cause du surnombre. » Je regardai le mur en réfléchissant. « Mais on dit que Balthazar est en prison… » Ou mort ou disparu selon les versions. « Comme dit ma mère : quand le chat n’est pas là, les souris dansent. Vous pensez que quelqu’un l’a remplacé ? » Je voyais mal Primaël tremper dans ce genre de commerce. Je finis par le questionner à mon tour. « Pourquoi vous m’avez posé ces questions ? Vous avez des vues sur le commerce d’esclaves ? » Je n’espérais pas. Je préférai le prévenir. « Honnêtement, je ne suis pas favorable à la traite des êtres humains. Si je pouvais démanteler tout ça, je le ferais. Pour ça, il me faudrait une légitimité que je n’ai pas. » Je le fixai. « D’ailleurs, ce n’est pas parce que j’ai volé un bateau que je pourrais en voler un autre facilement. Mais c’est vrai que mon stage dans un cirque m’a bien aidé sur ce coup-là. J’aurais bien aimé que ça m’aide avec la maison en flammes mais bon, on m'a sauvé alors je ne peux pas me plaindre ! » Je ris en jetant un coup d’œil à mon bras. J'avais beaucoup de chance.

1035 mots
Ilias (Clémentin):

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