Donner, c'est la vie ! *O*

Intrigue : Aariel naît et c'est compliqué !

Jun sourit. Ses créations n’avaient encore jamais fait d’apparition sur les autres zones des Terres de Sympan. Il s’était chargé lui-même, aidé des Dieux Vertueux, d’en faire la promotion. Des questions avaient germé dans l’esprit des Mortels, surtout lorsqu’il s’était rendu aux Jardins de Jhēn à la veille des explorations angéliques. Le temps était pourtant venu d’en égrainer quelques-uns ici et là, afin de tester la capacité des plus faibles à survivre dans le monde. Ceux qui possédaient la puissance de Tsadqiel étaient parfaitement adaptés mais ils avaient créé ces derniers avec minutie. Venir au monde adulte était déjà une chose complexe à gérer. Adulte et puissant représentait un véritable défi. Des bébés viendraient, lorsque la totalité de son peuple serait éveillé. En attendant, la plupart dormait. Il devait d’abord s’assurer de la viabilité de son projet, de la capacité des Rasväar à le représenter et faire quelques réglages si nécessaire. En rang, impeccablement rangés, les membres de sa race ressemblaient à des statues. L’Æther s’arrêta devant quelques spécimens, dont un jeune homme aux cheveux bruns. Il lui ressemblait. Il avait, lui aussi, les yeux noisette. Sa coupe mi-longue venait accentuer la forme ovale de son visage. Ses mâchoires ressortaient légèrement. Sa bouche pourrait exécuter des sourires en coin sans aucun problème. Le voudrait-il ? Le faux Taiji l’ignorait. Il survivrait, puisque la véritable Mort avait été bannie de l’existence des Rasväar, mais il n’était pas certain que son équilibre mental demeurerait. La Vie éternelle n’était pas forcément un cadeau, bien au contraire. Il espérait que chacun serait en mesure de surmonter la Vertu qui l’étreindrait. « Réveille-toi. » murmura-t-il, tout en téléportant l’homme et quelques-uns de ses semblables ailleurs.

Aariel se réveilla dans une pièce. Positionné dans une posture étrange, il ne tint pas l’équilibre et chuta sur le sol. Heureusement, le parquet était recouvert d’un tapis épais qui limita la casse. Ses membres lui semblaient anesthésiés. Il resta un instant là, en position fœtale, comme s’il attendait un signal. Respirer lui semblait étrange, naturel mais douloureux. Il voyait ses cheveux étalés à côté de lui, une masse sombre qui ondulait entre les poils du tissu. « Qu’est-ce qu’il fait là ? » « Aucune idée… » L’amie de la Déchue se déplaça jusqu’au corps du Rasväar. « Tu crois qu’il est drogué ? Il a un sourire béat sur les lèvres… » Il était heureux, heureux d’exister. Son regard remonta jusqu’au visage de la blonde qui l’observait. Instantanément, il l’aima profondément. « C’est peut-être un client du bordel d’à côté ? » « Je ne crois pas. Il n’a pas l’air très… » Il y eut un silence. Elle chercha à le décrire, en vain, avant de se frotter les bras avec ses mains. « En tout cas, il fait un peu froid dans cette pièce je trouve. » dit-elle, en regardant la cheminée éteinte. « Tu devrais chauffer un peu. » « Je n’y vais jamais. » se défendit l’autre. Il y eut un mouvement. La blonde ouvrit deux grands yeux, devant la veste qui se trouvait à présent devant son nez. « Que… ? » « Pour que vous n’ayez plus froid… » murmura Aariel pour toute explication. Il connaissait le langage commun, ce qui était déjà bien. Heureusement qu’il ne s’agissait pas de deux Déchues. Elles auraient sans doute parler leur dialecte et il ne les aurait pas comprises. « Oh merci… Mais c’est vous qui allez avoir froid maintenant. » dit-elle, en constatant qu’il était torse nu. « Heureusement que tu n’es pas un homme, il t’aurait donné son pantalon aussi. » plaisanta l’autre. « Vous voulez mon pantalon ? » demanda-t-il. « N… Non. » Quel étrange individu ! La Déchue gloussa, soudainement joueuse. « Et si je le veux, moi ? » « Vous le voulez ? » « Oui. » Il se releva, un peu gauchement, et retira son habit. Il le lui tendit. Elle se mit à rire. « Et votre sous-vêtement ? » « Mon sous-vêtement ? » « Oui. » À vrai dire, si elle pensait qu’il n’allait pas le lui donner, elle fut bien vite forcée de constater qu’elle n’avait pas vu juste. Il le retira et le lui tendit d’un air extrêmement bienveillant. « J’espère que ça vous fera plaisir et que vous l’utiliserez à bon escient. » « Ah… Oui je vais… m’en servir, pour faire… Euh merci… Je crois. » bafouilla-t-elle, à cause de la surprise. Ce qui l’étonnait était le manque de perversion de l’individu. Il semblait content de lui offrir ce qu’il possédait et absolument pas gêné à cause de son état. Était-il débile ? « Vous savez, c’est dangereux de se promener nu à Avalon… » « Ah bon ? Pourquoi ? » « Mon cher, on va devoir avoir une petite conversation. Il en va de votre survie. »

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