Le Deal du moment : -31%
PC Portable Gamer Lenovo 15” – RTX 4060 ...
Voir le deal
824.99 €

Partagez
 

 | Les Portes V - Cette fois je ne fais pas l'erreur de donner un titre à l'avance |

Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Aller en bas 
Aller à la page : Précédent  1, 2, 3 ... 7, 8, 9, 10, 11  Suivant
AuteurMessage
Priam & Freyja
~ Ange ~ Niveau III ~

~ Ange ~ Niveau III ~
◈ Parchemins usagés : 3914
◈ YinYanisé(e) le : 02/02/2018
◈ Âme(s) Soeur(s) : La bière et le saucisson | L'adrénaline et les problèmes
◈ Activité : Berger [III], traducteur [II], diplomate [I] | Soldat [III], violoncelliste [I]
Priam & Freyja
Jeu 16 Mai 2024, 08:32




Les Portes – Chapitre V

En groupe | Yngvild


Rôle :


De toutes les émotions qui pouvaient étreindre le cœur de Rosette, le calme n’y figurait assurément pas. Pourtant, elle s’entendit crier en retour : « Je suis calme ! », les mains tremblantes, les jambes parcourues d’une violente tension, tout son corps prêt à bondir dans la direction que Melchior lui indiquerait pourvu qu’elle pût y retrouver Clémentin en vie, à temps. Le poing serré autour d’un nouveau sachet de thé, elle le lui aurait lancé à la figure s’il ne lui avait pas tendu ce mot signé de la main de son amoureux. Les doigts fébriles, elle le tint devant elle et en parcourut les lignes. Elle inspira, le cœur battant. Au moins, le commerçant ne mentait pas : il s’agissait bien de l’écriture du brun, tant dans le contenu fantasque que dans le contour des lettres, dont elle avait passé des jours et des nuits à analyser les courbes pour tenter de deviner qui était l’homme qui abandonnait dans sa volière mille poèmes offrant à son esprit autant de chimères. Il était parti. Il n’était pas emprisonné ici. Les hommes de Gao n’avaient pas réussi à le retenir. Son cœur se gonfla de soulagement, en même temps qu’une nouvelle appréhension s’y installait. « Il n’est jamais arrivé chez Primaël. » Ou pas encore ? Elle réfléchit. Il aurait dû arriver quand ils discutaient. La maison n’était pas si loin d’ici. Non. Il n’avait pas dû la trouver. Peut-être. Le révolutionnaire en possédait plusieurs, essaimées dans la capitale. Et maintenant, la capitale était retournée par l’armée de Tamara. Dehors, c’était le chaos. Sa clameur, encore ténue, commençait pourtant à monter jusqu’à la maison des d’Eésnep. « Je n’ai pas le temps de m’asseoir. » dit-elle en relevant vivement la tête vers Melchior. « Je dois trouver Clémentin. » Elle referma son poing autour du mot laissé par l’adolescent et le ramena contre sa poitrine. Elle recula d’un pas.

La certitude de pouvoir le retrouver faisait vaciller sa peur et sa colère. Pourtant, quand elle plongea ses iris dans ceux du vendeur de thés, le regard de Gao lui sauta au visage ; elle revit la lame d’Ivanhoë s’enfoncer dans l’abdomen du semencier, le sang s’en échapper et le corps chuter sur le côté. La terreur poussa son palpitant ; il tomba, ricocha, s’éparpilla. Elle déglutit. Le remords lui piégea le cœur. Elle avait parlé trop vite. « Votre frère est mort. » répéta-t-elle d’une voix blanche. « Chez Primaël. Ivanhoë l’a tué. » Elle essaya de se rappeler pourquoi, mais elle n’était pas certaine de l’avoir su à un moment. Tout s’était enchaîné trop vite. Les adultes avaient parlé, cependant, elle ne se souvenait pas de la moitié de leurs propos, assommée par l’effroi de sentir la lame de l’assassin contre sa gorge. Elle y porta la main. Une très fine plaie, à peine visible, y était ancrée. « Il… » Une lueur passa dans son regard. « Il a fait emprisonner Adolphe d’Epilut, Placide de Lieugro, Ludoric de Tuorp et une jeune fille blonde. » se rappela-t-elle soudain. Juste à l’extérieur, elle entendait les cris des soldates. « Il a dit de les tuer s’il ne revenait pas. » Elle secoua la tête. La peur avait regagné du terrain et crispait à nouveau ses muscles de contractions inconscientes. Elle devait partir, vite. « Vous devez faire quelque chose. Ce qui était à lui vous revient, non ? Dites à ses hommes de les libérer. » Ses yeux brillèrent de détresse. « Je suis désolée, messire d’Eésnep. Je dois absolument retrouver Clémentin. Et mon père. » réalisa-t-elle avec soudaineté. Où pouvait-il être ? Toujours dans les appartements qu’on leur avait prêtés ? Alors qu’elle tournait les talons, elle se ravisa pour faire face à Melchior : « Vous… vous devriez peut-être partir aussi. » Un grand fracas retentit dans l’entrée de la bâtisse ; des ordres furent lancés et des bottes claquèrent sur le carrelage. Rosette se précipita hors de l’atelier. Plus tôt, en cherchant Garance, elle avait repéré une petite porte derrière l’un des escaliers, qui donnait sur le jardin. Elle y courut, la poussa et la laissa se refermer derrière elle, avant de s’élancer sur la terre poussiéreuse. Au prix de quelques griffures, elle parvint à se faufiler entre deux buissons épineux, si coriaces qu’ils résistaient à la chaleur de Narfas. Le capharnaüm qui régnait dans la rue la happa toute entière. Elle chercha avant tout à rejoindre les venelles moins fréquentées, et lorsqu’elle y fut, elle reprit sa course, aux aguets, à la recherche de n’importe quelle maison de Primaël, du bâtiment où ils vivaient ou d’une tête brune ou blanche au milieu du chaos. La vanité de sa quête ne lui apparaissait pas encore ; elle était toute entière portée par sa peur et son désir d’être rassurée. C’était comme si plus elle courait vite, plus ce moment de libération arriverait rapidement.



Message VI – 817 mots

Il peut parfaitement la suivre (vu son état ça me paraît pas ahurissant qu'elle ne s'en rende pas compte tout de suite) ou se retrouver confronté aux soldates de Tamara, c'est comme tu le souhaites | Les Portes V - Cette fois je ne fais pas l'erreur de donner un titre à l'avance | - Page 8 2289842337




| Les Portes V - Cette fois je ne fais pas l'erreur de donner un titre à l'avance | - Page 8 1628 :


| Les Portes V - Cette fois je ne fais pas l'erreur de donner un titre à l'avance | - Page 8 2289842337 :
Revenir en haut Aller en bas
http://lesterresdesympan.forumactif.com/t34615-priam-belegad-aux
Ssyi'hæ
~ Eversha ~ Niveau I ~

~ Eversha ~ Niveau I ~
◈ Parchemins usagés : 89
◈ YinYanisé(e) le : 21/08/2023
Ssyi'hæ
Jeu 16 Mai 2024, 12:08


Image par Sai Teja Vuttaluru & Avatar par @st_hedge


Les Portes V ; Narfas
Jezeṃiās, dans le rôle de Sextus



Rôle - Sextus:

De lui-même, Sextus s'installa sur le petit banc en pierre. Il se sentait serein en dépit de la situation. L'emportement enflammé de Pénélope lui avait rappelé combien céder à ses émotions pouvait se révéler néfaste. Lui avait déjà distribué son venin, il ne restait rien d'autre à faire qu'à le regarder agir.

Exiguë, la pièce réservée à ses prières s'opposait en tous points avec la décoration ostentatoire de son Temple. Les murs, en pierre brute rongée d'aspérités, n'avaient pour décoration qu'un ensemble hétéroclite de fouets, de lames et de chaînes. La soldate relâcha sa vigilance sur le prêtre quelques secondes le temps de les regarder, sous l'œil quelque peu amusé de Sextus. Il ne faisait pas de ses pratiques un secret, mais pour autant, il n'en parlait que peu autour de lui. « Les prières ne suffisent pas toujours. » dit-il d'une voix douce. Les hommes et les femmes qu'il châtiait se trouvaient dans un tel désespoir qu'il n'y avait que dans le sang et la souffrance qu'ils trouvaient une forme d'absolution. Lui-même y trouvait un réconfort que rien d'autre ne lui procurait.

« Vous souhaitez devenir Grand Prêtre ? » La soldate avait choisi d'ignorer sa remarque. Jambes plantées fermement dans le sol et bras croisés, elle faisait face à Sextus de tout son haut. « J'ai cru comprendre que sa Sainteté Gaspard d'Epilut était en vie. » souligna-t-il. La révélation de Pénélope l'avait contrarié. Il aurait préféré qu'elle leur apprenne que l'homme était décédé et que ses restes séchaient au sein des dunes pour le plus grand plaisir des charognards, et du sien. « Nous allons vérifier cela. Mais vous n'avez pas répondu à la question. » « Ma foi, elle me paraissait obsolète, mais puisque vous insistez. Ce n'est pas moi qui décide si j'ai l'honneur de devenir Grand Prêtre. Le choix appartient aux grands pontes. En l'absence de sa Sainteté et de certitude concernant l'avenir de notre religion au vu de la chute de la royauté, il est délicat de se projeter sur un tel futur. » Il marqua une pause faussement pensive. « Je ne me serai pas détourné de mon devoir si j'avais été élu à ce rang. J'ai conscience que nos fidèles aspirent plus que jamais à la stabilité. Si je peux le leur offrir, je le ferai. » « C'est une position influente. » Il hocha la tête. « Par le passé, certainement. Mais aujourd'hui ? Est-il dans les projets de Primaël et Tamara de réinclure la religion à la table ? » « C'est ce que vous voudriez ? » Les doigts entrelacés entre eux, Sextus lui paya un sourire légèrement condescendant. Il voyait parfaitement où elle voulait en venir. Il ignorait cependant ce qui avait subitement déclenché la curiosité de la Cheffe des Armées à leur sujet. La sienne, ou celle de Primaël, puisqu'ils agissaient de concert. Même si la façon de procéder manquait d'élégance, le religieux était ravi de cette occasion de pouvoir leur parler, il l'espérait, très prochainement. « Bien entendu. Il ne serait pas avisé de dénigrer la Foi qui anime le peuple. Certainement, un homme comme Primaël doit le comprendre compte tenu de ses origines. Son choix de garder en vie sa Majesté Balthazar et le prince Anthonius le démontre. » « Qu'espérez-vous en vous rapprochant de Primaël ? » « Rien de plus que réfléchir ensemble à l'avenir qu'il propose pour Narfas, notamment et surtout concernant la religion. » « C'est-à-dire ? » « Je ne souhaite pas que les traditions soient oubliées dans le feu de cette révolte. Un pays n'est rien sans ses traditions, il n'a plus d'identité. »

« Et la drogue ? » Sextus cilla face au brusque changement de sujet. « Vous parlez de ce dont j'accuse Pénélope, et Marcelin par extension ? Ma position me confère l'accès à un certain nombre d'informations. » « Pourquoi ne pas en avoir parlé avant ? » « Parce que je voulais m'en assurer d'abord auprès de Pénélope, et la ramener sur le droit chemin avant qu'il ne soit trop tard. Néanmoins, sa fréquentation avec Marcelin m'a fait réviser mon jugement. En y réfléchissant, et ce ne sont que des suppositions, je crains que mon homologue ne l'influence. » « De quelle manière ? » « Pour commencer, la nature morbide de ce qu'il conserve dans sa chambre parle pour lui. Je ne crois pas une minute à sa justification. Son idolâtrie plus que déplacée pour Judas d'Uobmab ne fait pas de lui quelqu'un en qui je peux placer ma confiance, ni moi, ni vous d'ailleurs. Pour autant que je sache, il peut très bien correspondre avec le tyran pour lui délivrer des informations sur Narfas. » « On vérifiera ça aussi. Il y a une chose que je ne comprends pas. Vous ne semblez pas le porter dans votre cœur et sa conquête parlait de jalousie. Je ne vous conseille pas de nous mentir pour satisfaire une quelconque revanche personnelle. Si l'un de vous nous mène en bateau, tout brûle, et vous avec. » « Il ne sera pas nécessaire d'en arriver à ces extrémités. Vous avez partiellement raison, j'ai parlé sous le coup de la jalousie, je ne le nierai pas. Je ne suis qu'un homme, je ne prétend pas le contraire. Constater l'évolution de la relation entre Pénélope, que j'ai en affection, avec Marcelin m'a fait perdre mon sang froid. Il se peut qu'elle ne soit qu'une victime des machinations de Marcelin et j'aimerais que vous gardiez cela en tête lorsque vous lui parlerez. »

Message VI | 947 mots


| Les Portes V - Cette fois je ne fais pas l'erreur de donner un titre à l'avance | - Page 8 90xy
Revenir en haut Aller en bas
http://lesterresdesympan.forumactif.com/t40133-ssyi-hae#757815
Kaahl Paiberym
~ Sorcier ~ Niveau VI ~

~ Sorcier ~ Niveau VI ~
◈ Parchemins usagés : 4080
◈ YinYanisé(e) le : 25/06/2015
◈ Activité : Professeur
Kaahl Paiberym
Sam 18 Mai 2024, 10:54



Les Portes


Je fis la moue aux explications de Lambert sur mon père. L’alcool gommait notre situation, celle qui voulait que nous ne fussions pas dans un endroit propice aux confidences. Je l’observai, déçu de ne pas avoir eu plus de contenu. J’aurais aimé des anecdotes là où l’ancien conseiller royal s’était contenté de banalités. Que ferais-je s’il mourait bientôt en emportant tout ce qu’il savait ? Il avait l’air fatigué et il était blessé. Je soupirai en silence. Je n’avais plus du tout envie de rire et ne l’eut pas davantage lorsqu’il débuta un aveu sur Rosette qu’il dut cesser. Je sautai de mon siège de fortune pour me précipiter à la fenêtre. « N’a-t-on jamais dit à ce gamin de ne pas s’approcher des zones découvertes ? » questionna le médecin, en levant les yeux au ciel. Je répétai sa phrase, avec une voix semblant bien plus âgée que la sienne mais ne terminai pas mon imitation scandaleuse. « Il y a des soldates partout dans la rue. » indiquai-je avant que mes yeux ne s’écarquillassent devant un spectacle qui me fit ensuite froncer les sourcils. Un homme fut sorti de force de sa maison en compagnie d'une femme enceinte grosse à en exploser. La brutalité de l’action contracta tout mon corps. Le docteur me rejoignit et posa sa main rachitique de vieille personne sur mon épaule. « Reste là. Ce n’est pas le moment de jouer les héros. Tu ne pourras pas sortir de toute façon. J'ai tout fermé. » Je tournai la tête vers lui, heurté par sa déclaration. Y avait-il un bon moment pour aider ceux qui en avaient visiblement besoin ? « Mais elle est enceinte ! » protestai-je. Le vieux n’eut que faire de ma révolte. Il fixa Lambert. « Cette maison appartenait à une famille très croyante. » Les bibelots présents ici et là en attestaient assez. « Sous la maison, il y a un petit temple. Il est commun à plusieurs habitations et pourrait vous permettre de vous éclipser. » « Non mais on ne va pas s’éclipser ! On n’a rien à se reprocher ! » Il jeta un nouveau coup d’œil dehors. « Je crois que tu fais fausse route si tu penses qu’être irréprochable empêchera la mort de te frapper. Narfas n’a plus rien d’un Royaume sûr. La Justice de ton père était équitable. La Justice du chaos suit d’autres règles. Tu es le fils de Montarville. Cette raison est suffisante pour vouloir te tuer. » « Oui et moi je te dis que je ne vais pas rester les bras croisés alors que… Aïeuh ! » m’exclamai-je, en recevant une pichenette de doigts squelettiques sur le nez. « En plus, personne ne sait qui je suis ! Et on doit trouver Rosette ! » continuai-je. « Mais va-t-il se taire à la fin ? » Il darda un regard sévère sur moi. « Trop de gens savent et même sans parler d’eux, il y a trop d’indices. Lambert a beau être gentil, il ne laisserait pas n’importe qui courtiser sa fille. » « Baa il devrait ! » « Mais ce n’est pas la question bon sang ! »

Le médecin se déplaça jusqu’à Lambert en ronchonnant un petit con quelque chose entre ses dents. « Lambert, il faut que vous tentiez de vous échapper par le temple. Mon instinct ne me trompe jamais sur ce genre de choses. Ce n’est peut-être pas vous qu’elles cherchent mais elles sont en train de sortir tous les habitants de la rue de leur maison. La situation est trop instable pour les laisser simplement venir jusqu’ici et vous trouver. Je ne sais pas ce qu’il se passe mais les choses sont en train de changer. » Il se dirigea vers le buffet sur lequel je m’étais assis plus tôt et actionna un mécanisme qui le détacha du mur avec facilité. Je haussai les sourcils. « C’est quoi cette maison ? Ils faisaient de la contrebande ou quoi ? Parce que j’ai déjà vu ça avant et… » Je me pris un bibelot en pleine tête. « T’es sûr que t’es médecin ? » lui demandai-je, soupçonneux, après avoir râlé, la main sur le nez à le frotter. Il m’ignora et retourna chuchoter quelques mots au d’Eruxul. « Vu ton état, il vaut peut-être mieux que vous vous sépariez une fois dans le temple. Tu risques de le ralentir. Le gamin s’en sortira très bien tout seul. Son visage est moins connu que le tien et les mauvaises herbes ont tendance à être tenaces. » « C’est qui que tu traites de mauvaise herbe, vieille brouette rouillée ? » lui lançai-je. Il m’avait regardé en le disant et j’avais donc entendu cette seule partie de la conversation. Il me snoba. « Il est ivre mais ça devrait aller. Il n’y a pas beaucoup de différences avec son état habituel je suis sûr. » Mon regard retourna se poser sur la rue. « Moi je dis qu’on devrait plutôt aller les aider. » Et j’y serais déjà allé si porte et fenêtres n’avaient pas été verrouillées par les soins de cet affreux charlatan à l'haleine trop mentholée pour être honnête.

831 mots
Ilias (Clémentin):

Revenir en haut Aller en bas
http://lesterresdesympan.forumactif.com/t38028-kaahl-paiberym-el
Kaahl Paiberym
~ Sorcier ~ Niveau VI ~

~ Sorcier ~ Niveau VI ~
◈ Parchemins usagés : 4080
◈ YinYanisé(e) le : 25/06/2015
◈ Activité : Professeur
Kaahl Paiberym
Sam 18 Mai 2024, 13:11



Les Portes



« Cheffe ! Balthazar n’est plus derrière les barreaux ! » Je la laissai approcher. Une fois qu’elle fut à mes côtés, les explications fusèrent. « Il semblerait que quelqu’un l’ait aidé à s’échapper. Un soldat a été enfermé à sa place dans la geôle. » Je réfléchis quelques secondes. « Que dit le registre ? » « Il a disparu. » Je fronçai les sourcils, prête à tonner sur cette bande d’incapables qui gardaient la prison. Quelqu’un l’avait aidé… mais qui ? Était-ce un adepte de la royauté ? Un Lieugrois ? Un Narfasien ? Une figure importante ou un parfait étranger ? Y avait-il un groupe derrière cet enlèvement ou était-il le fruit des actes d’une personne isolée ? « Où irait un Roi démis de ses fonctions ? » me questionnai-je à voix haute. Sa femme était morte. Ne lui restait plus que sa fille. Le problème se complexifiait, j’en prenais conscience. Toutes les pièces maîtresses du jeu semblaient être soit dans la nature soit incapables de résonner correctement. L’accélération des événements était spectaculaire. « Chez ses soutiens je présume, à moins qu’il ne cherche à rejoindre Anthonius ? » La réponse de la soldate me parvint à peine. Elle arrivait trop tard par rapport à ma propre réflexion. Gao était mort et aucune des femmes sous ma direction ne m’avait encore rapporté de nouvelles concernant mon fils. Je maudis Ivanhoë d’avoir ôté la vie à la seule personne susceptible d’apporter des éclaircissements. S’il s’avérait que cette jeune fille blonde fût Antoinette et que la priorité de Balthazar allât à la chair de sa chair, alors il mettrait des stratégies en œuvre pour la retrouver au plus vite. Pourtant, au fond de moi, j’en doutais. Wesphaline avait eu la main mise sur l’enfant et, malgré mes aveux, le Roi n’avait jamais agi en faveur de celle-ci. Il n’avait rien fait, comme à son habitude. Pourtant, il semblait plus actif depuis la révolte qu’il ne l’avait jamais été. Pourquoi ? L’avais-je mal jugé ? M’étais-je laissé berner par des illusions ? J’avais beau y réfléchir, je ne voyais pas ce que le Roi aurait pu me cacher ou ce que j’aurais pu omettre. Néanmoins, autant Gao que Balthazar semblaient avoir été plus que ce qu’ils semblaient être. Le frère du premier aurait peut-être une explication à me fournir. « Continuez de le chercher et amenez-moi Melchior d’Eésnep. Et si vous devez lui arracher la peau des couilles pour le tirer jusqu'ici, faites-le ! »

Alors que je m’apprêtais à monter à cheval, mon regard se posa sur la silhouette d’Adolphe. Je lâchai tout pour aller le retrouver. Mes pas, pressés, ne s’arrêtèrent que lorsque mes bras attirèrent l’adolescent vers moi. Je relâchai mon étreinte pour le regarder. « Qui est-ce qui t’as fait ça ? » demandai-je, en constatant son état. Mes mains inspectèrent ensuite plus en détail son visage, ses cheveux, ses épaules et ses bras à la recherche d’une blessure plus importante qui nécessiterait des soins immédiat. « Cheffe. Votre fils dit qu’il était en compagnie de Balthazar il y a peu. Avec lui, il y avait aussi Antoinette, Ludoric et Placide. Gao serait bien à l’origine de leur enlèvement et l’ancien Roi les aurait délivrés. » Pourquoi ? Mon regard se planta dans celui du brun. « Qu’est-ce que Balthazar te voulait ? Il t’a menacé ? C’est lui qui t’a frappé ? » Je voyais mal le de Narfas lever la main sur qui que ce fût. Néanmoins, il y avait bien eu cette fois, pendant l’amour, où sa main s’était faite bien plus ferme et claquante. Depuis son enfermement, il était différent. J’émis un râle d’agacement. Cet homme allait me rendre dingue à force d’agir comme il ne l’avait jamais fait jusqu’ici. J’attrapai les épaules du garçon. « Adolphe, la situation s’est dégradée et si l’armée ne réussit pas à maintenir l’ordre, la ville va de nouveau s’embraser. Nous devons absolument retrouver tous les acteurs majeurs qui pourraient faire pencher la balance et allumer la flamme d’une nouvelle révolte : les de Narfas et les Lieugrois importants. » « Tamara ! Une lettre pour toi ! » « De qui ? » « Balthazar. » « Putain. » crachai-je entre mes dents, en m’emparant de la missive. Je regardai tout de suite le messager présent à côté de ma soldate. « Où est-il ? » demandai-je, sans encore avoir parcouru les lignes. Cet homme ressemblait bien plus à un malfrat qu’à un soutien de la royauté. « Je ne peux pas répondre. » Je m’approchai et posai un doigt accusateur sur sa poitrine. « Quand je t’aurai coupé la langue, là tu ne pourras plus répondre. » Je m’éloignai pour lire. Une fois que ce fut fait, je froissai le papier et le jetai par terre. « Qu’ils aillent tous se faire foutre. » Tous ces hommes incapables. « Je vais prendre Narfas en mains. Arrêtez-moi toutes les personnalités influentes et amenez-les dans ce qu’il reste de la grande salle du palais, y compris Primaël Noyrac et Ivanhoë Emmog. » Il valait mieux provoquer la confrontation en les réunissant tous au même endroit, quitte à y mettre le feu si aucun accord ne pouvait être trouvé. Et quand Judas se pointerait, s’il se pointait, je ferais ce que je n’avais pas réussi à faire la première fois : le tuer. « Faites circuler la nouvelle selon laquelle je suis à présent la seule régente de Narfas dans l'attente d'un accord. À partir de maintenant, je prendrai toutes les décisions. Si cette nouvelle déplaît, faites des exemples jusqu'à ce qu'elle soit plus acceptable. Je n'ai pas l'intention de faire régner la terreur mais l'ordre doit être rétabli, d'une manière ou d'une autre. C'est compris ? » Je m'adressais aussi à Adolphe.

890 mots
Putsch  | Les Portes V - Cette fois je ne fais pas l'erreur de donner un titre à l'avance | - Page 8 2289842337  
Eméliana - Tamara:

Revenir en haut Aller en bas
http://lesterresdesympan.forumactif.com/t38028-kaahl-paiberym-el
Ikar Pendragon
~ Sirène ~ Niveau I ~

~ Sirène ~ Niveau I ~
◈ Parchemins usagés : 130
◈ YinYanisé(e) le : 04/09/2021
Ikar Pendragon
Sam 18 Mai 2024, 17:33



| Les Portes V - Cette fois je ne fais pas l'erreur de donner un titre à l'avance | - Page 8 Lfml

Les Portes V


Rôle :

Le geste de Ludoric m’apaisa, plus que le regard qu’il m’avait précédemment lancé. Le mien se fixa sur un point tandis que mes oreilles écoutaient les questions qu’il formulait à l’attention du monarque déchu. Lorsque les réponses se présentèrent, je décidai de m’avancer pour m’asseoir à la table de Balthazar. Ma situation était floue. Je ne savais pas quoi faire, quoi décider. Le soldat n’avait rien dit. Il n’avait pas solutionné l’équation.

Une fois qu’il se fut servi, je pris la même carafe que Balthazar et versai du jus dans mon propre verre. Je bus. S’il avait empoisonné le contenu, alors il mourrait aussi. Je devais tenter de me montrer fort, même si je me sentais trembler.

Dans le discours de notre ôte, il n’y avait aucune place pour notre génération : Antoinette, Ludoric, Clémentin ou moi-même n’étions que des enfants. Il parlait des adultes, d’alliances et de règne. Je compris à quel point tout ceci ne m’avait jamais concerné. Plus rien ne me concernait depuis la mort de Montarville. Il n’y avait bien que Lambert pour penser que j’étais encore potentiellement un héritier. La vérité c’est que le royaume de mon père était tombé et que rien à Narfas ne me permettrait de retrouver mon statut de prince ou même de devenir roi un jour.

« Ma tante… »

Bien sûr, ma tante. S’il épousait Garance, je sortirais du tableau. Peut-être même préférerait-elle me faire tuer pour être certaine que je ne puisse jamais la doubler, lorsque je deviendrais plus fort qu’elle physiquement. Un jour, je serai un homme et je constituerai une réelle menace.

Mes yeux se posèrent sur le verre de Balthazar. Il n’avait rien bu. Une sensation de malaise me saisit soudainement, une panique. Je fixai le mien. La sueur macula ma peau sous les tourments de mon imagination. Ce n’était pas possible. Il n’avait pu empoisonner la boisson. Ce n’était rien, qu’une peur injustifiée. Je devais me calmer et entrepris de le faire pendant qu’il discutait avec Antoinette.

Plusieurs secondes passèrent, durant lesquelles j’eus l’impression de mourir. Mes craintes provoquaient en moi des sensations désagréables qui n’étaient dues à rien d’autre qu’à mes pensées. Je ne m’aperçus du retrait de Balthazar qu’ensuite, lorsque je réussis à me reprendre. Je n’allais pas mourir. C’était idiot. Il n’avait aucune raison de m’assassiner.

Je me tournai vers Ludoric, non sans jeter un regard en direction d’Antoinette.

« Nous devrions peut-être l’accompagner ? Il a raison… Adolphe est parti et il risque de parler. Si on nous voit ici avec lui, des idées pourraient germer chez les gens et… »

Je n’avais jamais été doué en public. Je préférais le calme de la nature, loin des complots et des qu’en dira-t-on.

Je me pinçai les lèvres, tout en admirant le rouquin.

« Peut-être que… »

Je baissai les yeux. Nous avions déjà eu ce genre de discussions mille fois. Lorsque j’étais prince, nous nous imaginions ensemble, lui à la tête de l’armée de Lieugro, à veiller sur moi en cachette. L’une de mes sœurs auraient régné et nos amours auraient pu demeurer secrètes. C’était la version la plus probable parmi toutes. Mais maintenant…

« Ludoric… »

J’inspirai.

« Je ne sers à rien ici. Je ne serai jamais roi si ma tante devient reine de Narfas. Elle me fera peut-être tué parce que je serai toujours une menace. Toi tu… tu as tes rêves. Tu as toujours su ce que tu voulais faire et moi, moi maintenant je ne sers plus à rien. Mon père est mort. Lambert veut que Lieugro me revienne mais ça n’arrivera jamais. Balthazar a raison. Je n’ai plus rien. »

Je lui avais demandé de décider mais il n’avait rien décidé. Il n’avait fait aucun choix qui aurait pu me décharger du fardeau du mien. À présent, je ne pouvais plus parler de mes tourments à Adolphe. Sa honte avait érigé un mur entre nous. Je l’avais senti dans son attitude.

« Je pense que je vais quitter Narfas. Je… je lui demanderai les conditions de son aide, et je partirai. »

Je baissai les yeux.

« Peut-être pas pour toujours. Peut-être juste un temps. Mais toi… toi tu as probablement une opportunité ici. Moi je pourrais, je ne sais pas, voyager. Le monde est vaste et il y a encore des royaumes qui ne sont pas sous la coupe de Judas. »

Cit, Erréil, Tahc et bien d’autres. Je pourrais même remonter jusqu’au nord.

« Ludoric… je ne sais plus qui je suis. Je ne me reconnais plus. Je ne peux pas continuer comme ça. Et elle… »

Je désignai Antoinette.

« Elle pourrait venir avec moi si son père est d’accord. Quelques mois ou quelques années. Sans moi tu pourras te concentrer sur toi et… enfin, tu sais. Jusqu’ici tu n’as fait qu’être avec moi et je vois bien comment tu… »

Je fis un effort pour que mes yeux restent secs.

« Je vois bien comment tu regardes Clémentin. Je… je ne suis pas assez bien actuellement. Je dois me retrouver, savoir ce que je veux… grandir. »

J’avais envie de fuir mais cette envie était aussi légitime qu’une autre. Je relevai les yeux vers lui avant de les baisser encore. Je m’humectai les lèvres.

« Je vais partir. »

880 mots

Revenir en haut Aller en bas
http://lesterresdesympan.forumactif.com/t39289-ikar-pendragon#74
Orphée Dasgrim
~ Orisha ~ Niveau I ~

~ Orisha ~ Niveau I ~
◈ Parchemins usagés : 142
◈ YinYanisé(e) le : 11/03/2023
◈ Activité : Voyager avec les Enfants de Yanna
Orphée Dasgrim
Sam 18 Mai 2024, 21:20



Unknown

Les Portes – Chapitre V

En groupe | Lazare


Rôle :


La voix de Garance formait à peine un souffle à ses oreilles. Il ne l’entendait pas. Son univers s’était réduit au visage d’Ivanhoë, à sa main qui l’avait trahi, à la sienne dont le sang s’écoulait jusque sur son poignet. Il se fichait de l’étalage de la stratégie de la blonde, comme il se fichait des adolescents retenus quelque part. « Me ressaisir ? » cracha-t-il. Ses iris céruléens ne se détournaient pas de ceux du roux, ils les sondaient, les déchiquetaient, les broyaient ; il aurait voulu avoir la force de les lui arracher, de les crever, de les enfoncer dans leurs orbites. Il aurait voulu pouvoir prendre sa dague et la retourner contre lui ; il n’était capable que de la maintenir à distance de Rosette, mais si elle n’avait pas été là, il la lui aurait lui-même enfoncée dans le cœur, il l’aurait plantée entre ses ventricules, il aurait déchiré ses valves, éventré ses artères. Il brûlait de cette colère-là, celle dont l’orée se bordait de folie. Rien ne savait la soulager sinon la violence pure.

La lame échappa à sa main ; l’entaille vive et légère le fit reculer d’un pas, juste à temps. Le verre siffla à ses oreilles, et le bruit de ses bris crépita jusque sur sa nuque. Ses prunelles échappèrent à leur contemplation pour se ficher sur Tamara. Son poing s’était déjà refermé autour du col de Garance, rapidement réexpédiée vers l’arrière, déséquilibrée. Son regard croisa celui de la guerrière. Une contraction incontrôlée fit tressauter sa mâchoire. Une ombre se projeta sur ses cornées. Il n’osa pas tourner la tête vers le cadavre de Gao. Il savait, pourtant, qu’elle avait raison. Qu’il était mort, que c’était trop tard, que l’avenir n’attendait pas. La tempête qui se déchaînait en lui ne voulait pas souffrir ces explications rationnelles, ces faits indénouables, ces évidences qui offensaient sa poitrine. Il la suivit des yeux jusqu’à ce que la porte ne se refermât derrière elle, avec mille mots coincés entre les côtes et autant de rage fixée au cœur. Sa respiration brûlait ses bronches. Lui qui, quelques minutes plus tôt, plaidait pour l’apaisement des révoltes ne désirait désormais plus que voir les flammes ronger la ville et le sang peiner à les tarir. Ça n’avait rien de raisonnable, et au fond de lui, il le savait. Une petite voix tentait de le ramener à la raison, une petite voix appuyée par les ordres de Tamara, mais une petite voix que le son de celle d’Ivanhoë étouffa. Il fit volte-face dans sa direction. « Non ! Rien de tout ça ne serait arrivé si tu avais réfléchi, si tu avais pris le temps de vérifier ce qu’il y a sur ce putain de bout de papier, si tu m’en avais parlé ! » L’ire faisait trembler ses prunelles. Il serra les dents. « N’essaye pas de jouer à ça avec moi. » Pourtant, son regard se posa sur Garance. La régente avait retrouvé toute sa contenance et les regardait, le dos droit et l’œil perçant. « Je la connais déjà. » trancha-t-il. « Gao aussi. Plus que toi ! » Il pivota vers le roux. « Tu ne sais pas ce qu’il y avait entre nous. Tu ne peux pas comprendre. Tu n’as jamais cherché à savoir. » Il ne lui avait jamais tout dit, soit par honte, soit par désir d’intimité. Il ne lui avait pas raconté à quel point il était tombé amoureux de ce garçon qui l’avait pris sous son aile, comme il l’avait aimé plus que tout ce qui avait jamais existé dans sa vie, il ne lui avait jamais donné à voir la mesure de la peine que lui avait causé leur dispute, il ne lui avait jamais avoué que d’un couteau il avait frappé son ventre. Il avait caché ses souvenirs, ses sentiments, ses regards ; il les avait enfouis parce qu’il les trouvait trop pénibles et leur avait préféré une indifférence feinte. Désormais, ils lui sautaient tous à la gorge.

Il ignora sa remarque sur Balthazar. Il se foutait de l’avenir du Roi déchu. Tamara était en train de retourner toute la capitale. Qu’ils tuassent l’ancien monarque en plus ne changerait pas grand-chose au chaos qui s’enracinait. Il avança vers son amant. « Dis-moi, Ivanhoë, tu vas tuer toutes les personnes que j’aime ou qui, en tout cas, ne me laisse pas indifférent ? Sous prétexte qu’elles sont des faiblesses ? » Il était tout proche, et Rosette n’était plus là. Il aurait juste eu à tendre le bras pour le toucher. « Tamara ? Mes amis ? Les semenciers avec qui je m’entends bien ? Les blessés que j’héberge chez moi ? » Un rictus mauvais déchira sa bouche. « Qu’est-ce que tu veux ? Qu’on ne soit plus que tous les deux sur un tas de cadavres ? » Ses mains se refermèrent autour du col de son vêtement. Il le tira vers lui. « C’est ça, ton rêve ? Parce que si c’est le cas, nous n’avons rien à faire ensemble et tu pourras le clore en te suicidant. Comme ça, je n’aurai plus aucune faiblesse. » Il le lâcha, s’écarta et se dirigea droit vers la porte. Il la passa et quitta la maison, le pas décidé.

Dans la rue, il se fit discret comme il avait appris à le faire. Gamin, il avait appartenu à leurs bas-fonds, il avait serpenté entre leurs impasses, s’était confondu avec les murs. Adolescent, il les avait parcourues au grand jour, paradant au bras des femmes les plus en vue de la capitale, adoré et détesté. Adulte, il jouait autant avec leurs lumières que leurs ombres. Il ne lui fallut guère longtemps pour retrouver l’un de ses hommes et se renseigner sur la situation. Un sourire amer étira ses lèvres. Il lui donna ses propres ordres : enterrer Gao, fermer la capitale pour empêcher quiconque de sortir, relancer les flammes de la révolte, se maintenir prêt à intervenir si jamais il avait besoin d’aide – tuer Tamara si c’était nécessaire. Ses arrières assurés, il quitta le secret des recoins. Son esprit n’était pas parfaitement clair, et son cœur, encore agité d’émotions, mais il aimait le jeu, l’adrénaline, le danger, les pertes, les gains ; et s’il fallait s’y plonger définitivement pour espérer réaliser son rêve, s’il fallait atteindre les tréfonds de la déraison et faire fi de tout ordre, alors soit.

Les soldates le trouvèrent rapidement, et il n’eut pas besoin de plus de temps pour les convaincre de changer leurs plans. La cheffe des armées l’avait dit : il était habile de sa langue. Elles l’escortèrent jusqu’à cette dernière, qui lui tournait le dos. Tamara, et en face, Adolphe. « Restez là. » Il s’avança jusqu’au duo mère-fils. « Madame la régente. » fit-il en se plantant à côté d’elle. « Tu cherches à raser la ville ou à passer tes nerfs ? Les deux, peut-être ? » Il tourna la tête et ses iris azurés rencontrèrent les siens. « Tu avais raison quand tu as dit que le futur n’attendait pas. » Il inspira. « Judas le sait. Il ne sera probablement pas long à venir. » Quelques semaines, tout au plus. Soit les Narfasiens formaient un gouvernement puissant et apte à répondre à cette menace, soit la totalité du pays tomberait sous le joug uobmabien. Il ignorait si c’était du génie ou de la folie. Il savait simplement qu’il était fatigué d’agir avec prudence, précaution et intelligence quand tous autour de lui répondaient à leurs pulsions. « On m’a dit que tu comptais nous faire enfermer dans l’ancien palais. Tu veux lui servir nos têtes ou les utiliser à bon escient ? »



Message VI – 1284 mots


Revenir en haut Aller en bas
http://lesterresdesympan.forumactif.com/t40008-orphee-dasgrim-ve
Kyra Lemingway
~ Déchu ~ Niveau III ~

~ Déchu ~ Niveau III ~
◈ Parchemins usagés : 4759
◈ YinYanisé(e) le : 22/03/2016
◈ Activité : Tenancière d'un Bar à vin (rang I) ; Négociatrice (rang I) ; Brasseur (rang I) ; Reine du monde des contes à mi-temps
Kyra Lemingway
Dim 19 Mai 2024, 00:11


Les Portes V

Un voile sur les épaules, Pénélope devançait les deux soldates l'accompagnant jusqu'à une pièce vide, une espèce de boudoir ou ce qui s'en approchait le plus. Elle ne se retourna qu'à la seconde où le son de la porte se refermant derrière elle lui parvint, faisant, enfin, face à celle qui l'avait arraché aux bras de Marcellin. Dire qu'à quelques pas du lit un morceau de cadavre gisait là. L'odeur de la tête décapitée et à moitié décomposée lui montait encore au nez. Elle observa les miliciennes prendre place, l'une en retrait près de la porte, l'autre se plaçant face à elle. « Assis. ». L'enlevée fronça des sourcils à l'injonction. « Serait-ce trop demander un minimum de politesse ? Je ne suis pas un chien, inutile de m'aboyer dessus ainsi. Qui plus est, je suis mieux ainsi, debout. » rétoqua-t-elle en replaçant le tissu sur son dos. « Parce que tu crois que je te laisse le choix ? » grogna la guerrière en forçant sur l'épaule de la brune pour la forcer à s'asseoir. Cette dernière tenta de résister en vain. Sa musculature était bien moins développée que celle qui lui faisait face. « C'est quoi ta relation exacte avec le taxidermiste ? Depuis combien de temps vous êtes amants ? ». Pénélope réfléchit, fixant la silhouette, ferme sur ses appuis et les mains sur les hanches, à portée de son arme. La réponse n'était pas simple. Elle avait le sentiment que Marcellin ne partageait pas ce qu'elle ressentait à son égard. Il était difficile de décrire en un mot leur relation donc. « Je ne pense pas qu'amants soit le terme qui nous désigne le mieux, non. » commença-t-elle sa réponse d'une voix qu'elle voulait le plus atone possible. « J'ai commencé à le fréquenter seulement après la mort de Westphaline. » - « Et que sais-tu sur la tête de Montarville qu'il gardait dans sa chambre ? A-t-il dit la vérité sur la raison pour laquelle il était en sa position ? » - « Je n'en sais rien. » souffla Pénélope. « Je n'étais même pas au courant de son existence avant que l'une de vous vienne la brandir dans le salon. ». Elle était d'ailleurs tombée des nues en la découvrant, et un haut-le-cœur avait soulevé son estomac en se confrontant à l'odeur à laquelle elle n'était pas préparée. « Vous couchez ensemble et tu me dis que tu ne savais rien à ce propos. » - « C'était la première fois que nous couchions ensemble. Alors oui, j'ignorais qu'il gardait ça dans un placard. ». En tout cas, le poète devait avoir un encens d'une formidable qualité pour qu'elle n'ait pas remarqué ne serait-ce que l'odeur de la charogne empaillée. « Ah oui ? C'est curieux qu'il t'ait quand même invité dans sa chambre, là où il conservait secrètement cette tête, tu ne trouves pas ? ». L'interrogation était rhétorique et son ton cynique, ce que Pénélope pouvait comprendre. Elle-même aurait trouvé ça louche si elle avait été à la place de la son interrogatrice. « Marcellin est un homme à femmes. S'il fallait que toutes soient mises au courant avant qu'il ne les couche dans son lit, cela fait longtemps que Tamara aurait appris la chose. » cracha-t-elle. Ses conquêtes auraient surement été moins nombreuses également, s'il avait dû en parler chaque fois. Penser à toutes ces femmes qui s'étaient allongées à sa place avant elle l'irritait passablement. Elle ne pouvait pourtant qu'admettre qu'elles lui étaient un argument de poids dans sa défense, aussi prit-elle sur elle pour ne pas laisser sa jalousie anéantir son plaidoyer.

Un silence appuya la réponse de l'enlevée. La soldate semblait longuement réfléchir aux réponses qu'elle obtenait de l'immigrée. Elle était trop coopérative malgré la situation dans laquelle elle était. Soit elle n'avait rien à cacher, soit, au contraire, elle dissimulait quelque chose de trop gros pour se permettre d'éveiller des soupçons. « Sextus t'a accusé de droguer des personnalités importantes. Qui sont ces personnes ? » - « Baliverne et calomnie. » contre-attaqua Pénélope. « Comme je l'ai dit tout à l'heure, je ne sais rien de la façon dont est fait usage de ces drogues une fois entre les mains des demandeurs. Qu'ils la consomment ou non, le plus important soit qu'ils paient. ». La brune dû faire preuve de volonté pour ne pas se laisser accabler par le regard accusateur de la milicienne. Jusqu'alors, c'était facile. Elle n'avait fait qu'offrir ce qui lui était demandé, à savoir, la vérité. C'était une autre histoire que de nier, même partiellement, un fait réel en paraissant tout à fait sincère. « Le fournisseur, votre frère : c'est le semencier ou le marchand ? » - « Surement pas celui dont la disparition me serait une bénédiction. » - « Ça ne répond pas à ma question. » réprimanda la guerrière en se penchant sur l'accusée, menaçante. « Ta réponse importe peu de toute façon. À l'heure actuelle, quelqu'un doit être en train de fouiller votre maison. Avec ta participation ou non, on saura ce qu'il en est. » - « Allez-y, fouillez tant que vous voudrez. Tu sais déjà ce que vous allez y trouver. » - « Le Grand Prêtre et la drogue. ». Pénélope approuva d'un geste des mains. « Cela fait longtemps que tu fais commerce avec lui ? » - « Non. Depuis le coup d'état de Tamara et de Primaël seulement. Les demandes ont explosé, je me suis proposée pour l'aider à ne pas se faire voler le marché. ». L'enlevée priait intérieurement pour que cet interrogatoire touche à sa fin. Il allait lui devenir compliqué d'esquiver la vérité si sa vis-à-vis s'obstinait à la questionner sur ce sujet.

Un nouveau silence s'installa dans la pièce tandis que la soldate se détourna, le temps d'attraper une chaise pour la placer face à Pénélope. « Tamara, justement, parlons-en. ». Elle s'assit, se trouvant à présent à même hauteur de regard que l'accusée. Puis elle dégaina une lame courte qu'elle fit habilement jongler entre ses doigts. « Que voulais-tu dire tout à l'heure en parlant de ses "magouilles" ? ». Son regard ainsi que son ton avait changé. Ils étaient moins agressifs, mais bien plus métalliques et sévères. Il n'était plus question des trois Ombres, ni des menaces planant sur le royaume. L'affaire devenait quasi personnelle car touchant la cheffe des armées. « Je parlais de toi, de vous, de ces filles qu'elle emmenait sur son île plutôt que les offrir à Narfas, qu'elle éduquait et entraînait en secret, hors du champ de vision des souverains. ». L'interrogatrice cessa son jeu avec sa lame, le poing fermement cramponné au manche. « Comment as-tu appris l'existence de notre armée et de l'île où Tamara nous avait cachés ? ». Une nouvelle forme de méfiance enrobait ses paroles. Celle que l'on accorde à un être lorsqu'il semblait savoir des choses qu'il devrait normalement ignorer. Un rictus étira la commissure des lèvres de Pénélope. « Parce que j'y ai été moi aussi, avant que Tamara préfère me lâcher dans ce royaume finalement. » révéla-t-elle, insolente. Les deux miliciennes fixèrent la brune avec surprise avant de se jeter un regard mutuel. « J'ai été sur cette île ; j'y ai résidé ; y ai grandi ; y ai été éduquée. J'ai cru m'y être fait une famille de substitution après avoir été arraché à Esirec avant d'être abandonnée dans une famille qui n'avait rien a envier à ces sœurs que je croyais avoir. ». Sa réponse était empreinte de cynisme et de colère, deux sentiments qui avaient régi sa vie depuis son arrivée à Narfas. « Pourquoi j'ai préféré Marcellin à un autre ? Parce que la paix recherchée par Herminiette n'est qu'une utopie. La Religion et la politique qu'elle a construit a mené ce pays à feu et à sang en plus de brider l'avenir d'une grande part de la population. Quant à Tamara, je ne lui dois absolument rien, bien au contraire. Ce que propose Marcellin peut être extrême aux yeux de la plupart, c'est certain. Ce ne serait toutefois que finir ce qui a été commencé par le passé. ». La soldate lui faisant face tiqua à cette dernière affirmation. « Et que propose-t-il ? Qu'est-ce qui a été commencé et qu'il compte terminer ? ». Pénélope s'enfonça dans son assise, fixant les deux guerrières tour à tour, sans répondre pour autant. Il fallut une menace supplémentaire, en la présence de la lame à présent plantée dans sa main, pour qu'elle sorte de son mutisme. « Parle. » ordonna l'agresseuse au-dessus du râle de souffrance de Pénélope, suivit de pléthore d'injures. Son cœur se mit à battre plus fort comme elle serra le poing de sa main libre, cherchant à atténuer la douleur. « Parle je te dis, ou ta main y passe entière. ». L'accusée déglutit, puis fit glisser sa langue sur ses dents dans un bruit de succion avant de répondre, le souffle court. « Une autre forme de paix, imposée par l'union des terres. ». Et par la mort des faibles et des opposants. La bourreau se tourna vers sa paire, lui faisant un signe de la tête, ce à quoi celle-ci répondit de même avant de quitter la pièce.
©gotheim pour epicode


Post VI | Mots 1551 (*part réapprendre à faire des post de moins de 1k mots*)
avatar : Astri-Lohne
Revenir en haut Aller en bas
http://lesterresdesympan.forumactif.com/t34243-kyra-lemingway-la
Priam & Freyja
~ Ange ~ Niveau III ~

~ Ange ~ Niveau III ~
◈ Parchemins usagés : 3914
◈ YinYanisé(e) le : 02/02/2018
◈ Âme(s) Soeur(s) : La bière et le saucisson | L'adrénaline et les problèmes
◈ Activité : Berger [III], traducteur [II], diplomate [I] | Soldat [III], violoncelliste [I]
Priam & Freyja
Dim 19 Mai 2024, 08:39




Les Portes – Chapitre V

En groupe | Hélène


Rôle :


La régente planta un regard acéré dans celui de la lionne de Narfas. Sa poigne autour de son col l’effrayait autant qu’elle lui donnait des envies de violence que son éducation réfrénait. Le relâchement soudain la déséquilibra ; seul son orgueil sembla lui permettre de se maintenir debout, après quelques pas titubants. La tête haute, elle suivit des yeux Tamara jusqu’à la porte. Rosette était par terre, vivante. Ivanhoë et Primaël se faisaient face, tumultueux.

Le plateau de jeu avait changé. Comme elle s’y était attendue – entre d’autres options –, la cheffe des armées s’était immédiatement élancée à la recherche de son fils. Les deux amants s’affrontaient : à cause de son acte, l’assassin était devenu plus qu’une faiblesse. Probablement sans même s’en rendre compte, il avait trahi. Ce qui existait ou avait existé entre Gao et Primaël avait brutalement refait surface dans le cœur du bleu. Il était instable. Le roux aussi. La situation pouvait se résumer ainsi : elle avait perdu un allié, elle n’avait probablement jamais été aussi proche de la mort, mais elle pouvait encore reprendre la main.

Garance laissa les accusations d’Ivanhoë couler sur elle dans le plus grand des silences. Elle ne s’était pas justifiée devant Tamara, elle n’en ferait pas davantage devant eux. Elle se contentait de ne pas les quitter du regard. Elle n’attendit pas qu’ils eussent fini de discuter. Dès qu’une faille se créa dans l’attention des deux hommes, la blonde quitta la pièce par la porte la plus proche. Le cœur battant, elle marcha sans se retourner dans les couloirs de la bâtisse, longeant parfois les murs. Le moindre craquement diffusait des sueurs froides dans son dos.

Quand enfin elle fut dehors, elle courut jusqu’au renfoncement le plus proche et s’y arrêta. Elle était à quelques pas de l’entrée de la maison, devant laquelle attendaient toujours les hommes de Gao. Elle plissa les yeux. La situation n’était pas normale. Elle ne le vit pas uniquement dans l’attitude des malfrats, mais le perçut aussi dans les sons environnants ; des cris, des bruits de portes enfoncées, des cliquetis de métal, beaucoup de voix de femmes. Elle devina que Tamara avait lancé toutes ses soldates à la recherche de son fils. Si elle avait pu en faire autant pour Alembert, elle l’aurait fait. Son cœur se serra. Elle se redressa, comme si ce mouvement pouvait chasser la douleur. Il en donnait l’illusion, tout du moins. D’un pas pressé, la blonde traversa la rue jusqu’aux hommes armés. Elle se planta devant eux. « Ils viennent de tuer Gao. » Le choc se lut sur leurs visages. « Si vous ne me croyez pas, vous pouvez entrer. Vous constaterez par vous-mêmes qu’il git dans un bain de sang et que la lame appartient à Ivanhoë. » Elle allait rajouter quelque chose lorsqu’un jeune garçon s’approcha du groupe en courant. Les pointes des lames le menacèrent aussitôt. « J’ai une lettre pour Garance de Lieugro. » Il s’était arrêté, droit et vif. « C’est important. » Elle fronça les sourcils, mais s’avança et tendit la main. Il y déposa la missive, qu’elle déplia pour lire. L’envie de rire lui chatouilla la gorge, cependant, son visage demeura impassible. Avait-il écrit aux autres ? Peu importait. Maintenant qu’Ivanhoë avait créé lui-même la faiblesse nécessaire en Primaël, elle ne comptait pas les garder en vie. Il conviendrait de savoir quoi faire de Tamara. Elle trouverait une idée. Et si une alliance s’effectuait véritablement avec Balthazar, il ne manquerait probablement pas d’ingéniosité à ce sujet. Peut-être avait-il même déjà tenté quelque chose ? « Merci. » Le messager s’éclipsa. Elle se tourna vers les hommes de main de l’ancien semencier. « Gao et moi poursuivions les mêmes buts. Il ne pourra plus les porter à mes côtés, mais je continuerai d’agir dans le même sens. J’ai failli à l’aider au moment le plus crucial, ainsi, si je peux vous aider en quoi que ce soit, dites-le-moi. » Elle marqua une pause. « Je ne voudrais pas vous retenir trop longtemps. Les coupables risquent de filer. » Celui qui semblait diriger le groupe lui fit face. « Entrez et tuez-les. » dit-il à l’intention de ses hommes. « S’ils sont déjà partis, poursuivez-les. » Plusieurs quittèrent le rassemblement et pénétrèrent dans la maison de Primaël. « Qu’est-ce que vous pouvez nous apporter ? Vous n’êtes pas d’ici. Pourquoi devrions-nous vous faire confiance ? » - « Ce n’est pas une question de confiance, c’est une question de moyens. Mes hommes peuvent se joindre aux vôtres, mon argent à celui que vous possédez. Gao souhaitait négocier votre survie et votre épanouissement et je désire aussi obtenir cela pour mon peuple et moi-même. Ils ont une armée, et je pense donc sage d’unir nos forces pour pouvoir y répondre. » Le chef de file n’eut pas le temps de réfléchir à sa formulation ; au bout de la rue, les soldates de Tamara apparurent. Tous les hommes se mirent en garde. « Un combat n’a pas lieu d’être. Nous voulons juste cette femme. » La commandante pointa Garance du doigt. La blonde la sonda, le palpitant tambourinant. Si elles avaient voulu la tuer, elles l’auraient fait sans discuter. Elles étaient plus nombreuses que les hommes de Gao. Et elle avait désormais la certitude que si cela avait été nécessaire, ils seraient intervenus en sa faveur. « Je serai ravie de vous suivre. » conclut-elle.



Message VI – 902 mots




| Les Portes V - Cette fois je ne fais pas l'erreur de donner un titre à l'avance | - Page 8 1628 :


| Les Portes V - Cette fois je ne fais pas l'erreur de donner un titre à l'avance | - Page 8 2289842337 :
Revenir en haut Aller en bas
http://lesterresdesympan.forumactif.com/t34615-priam-belegad-aux
Adriæn Kælaria
~ Sirène ~ Niveau I ~

~ Sirène ~ Niveau I ~
◈ Parchemins usagés : 432
◈ YinYanisé(e) le : 20/01/2021
Adriæn Kælaria
Dim 19 Mai 2024, 10:27

| Les Portes V - Cette fois je ne fais pas l'erreur de donner un titre à l'avance | - Page 8 Zwbn
Image par Kelogsloops
Les Portes V
Lambert



Lambert, le visage d’abord sans expression, finit par sourire devant le spectacle qui continuait de se jouer devant lui. S’il n’aimait pas que Clémentin se plaçât devant la fenêtre, le duo était on ne peut plus comique. Le brun incarnait la candeur de la jeunesse. Même ivre, il était déterminé à sauver tout le monde, sans prendre conscience de l’importance de sa propre existence. Quant au médecin, il en avait vu tellement qu’il disposait d’un panel de réactions qui masquait ses émotions. Il était pourtant clair aux yeux du d’Eruxul que ce dernier tenait également au garçon. Si ça n’avait pas été le cas, il l’aurait platement ignoré. « On va faire ça. » S’enfuir. L’ami de Montarville se mit debout en grimaçant, tout en laissant ses fesses collées à la table. Il fallait qu’il y allât en douceur, au risque de s’évanouir de nouveau. Plus jeune, il aurait mieux supporter son état. À présent, il se savait plus fragile. La plaie mettrait du temps à cicatriser. « Je ne sais pas… » commença-t-il, après avoir ri à la boutade en provenance de l’ancien palefrenier. Il se ravisa pourtant. « Non, tu as raison. Il vaut mieux que nous nous séparions. » Il se leva totalement. « Clémentin, nous allons partir d’ici. Le Docteur Audilon ira aider ses voisins. » Le concerné acquiesça. C’était peut-être un mensonge, ou pas, mais il était nécessaire du point de vue de Lambert de détacher le garçon de son idée première : il n’irait pas mais quelqu’un d’autre s’en chargerait pour lui. C’était un compromis acceptable. Il se déplaça jusqu’au buffet. « Viens m’aider dans les escaliers s’il te plaît. » Il se tourna vers le vieil homme. « Merci, pour tout. » Le docteur hocha la tête. « N’oublie pas de lui dire. » « Oui. » Oui, il devait le dire à Clémentin, et à Rosette surtout. Il le ferait dès que la situation se calmerait.

Une fois dans le temple, il s’arrêta. La pièce était plus longue que large. Des pylônes s’élevaient entre le mur et la salle principale. Depuis leur position, il était aisé de voir plusieurs arches, identiques à celle par laquelle ils venaient d’arriver. Nul doute que chacune menait à une demeure différente, plus ou moins éloignée de la zone. Lambert réfléchit. C’était peut-être un cas à part mais Narfas n’était peut-être pas construite qu’à la surface. Avec les chaleurs que subissait la ville, une vie souterraine n’aurait pas été une aberration. Pourtant, personne ne lui en avait jamais parlé. « Excuse-moi, je réfléchissais. » dit-il, lorsqu’il se rendit compte qu’il ne parlait plus depuis plusieurs minutes. « Nous allons nous séparer ici. » Il valait mieux qu’il formulât la chose correctement, pour éviter que le garçon ne refusât de le laisser. « Tu vas aller chercher Rosette et je vais aller chercher Garance. On ira plus vite ainsi. Elles ne doivent plus être chez Primaël à l’heure qu’il est. » Il lui sourit. « Ma blessure n’est pas si profonde et les escaliers n’ont pas réussi à avoir raison de moi. » Même si Clémentin l’avait beaucoup aidé. Il se permit de rire avant de redevenir sérieux. « Je te fais confiance, Clémentin. Tu sauras trouver et protéger Rosette. » Il n’était pas franc. Il comptait aller chercher sa fille également. « Elle a dû retourner chez les d’Eésnep pour te chercher. » Lui irait chez Primaël, en se renseignant mieux que le palefrenier sur la bonne maison à visiter.

Une fois les séparations actées, Lambert choisit un couloir dans lequel il s’engouffra. Il lui sembla étrangement long, maintenant qu’il n’avait plus aucun soutien auquel se retenir. Lorsque son regard se posa sur l’architecture d’un nouvel escalier, il se maudit. La suite ne fut qu’une succession de râles et d’arrêts. Il mit un temps considérable pour arriver au sommet et plus encore pour trouver comment ouvrir le mécanisme. Lorsqu’il se mit en branle, l’obscurité d’une salle à manger l’accueillit. Ça le rassura. Sans un bruit autre que celui de sa respiration affolée par l’effort, il se dirigea vers la porte d’entrée qu’il poussa. La rue n’était pas calme mais les sons ne provenaient pas d’elle. Les soldates n’étaient pas encore arrivées jusqu’ici. Il se mit à marcher dans une direction quelconque, la vue vacillante. Il était à présent conscient qu’il lui serait difficile de se rendre chez Primaël. Narfas était sens dessus dessous et il n’aurait ni la force de discuter pour savoir où se rendre ni celle de se trainer jusque là-bas. Il changea donc de stratégie. Il fit demi-tour, s’approcha des cris et rejoignit des soldates. « Bonsoir, Mesdames. Je suis Lambert d’Eruxul. Pourriez-vous me raccompagner chez moi ? J’ai été agressé dans une ruelle en allant chercher ma fille, Rosette, chez Primaël Noyarc. Une connaissance m’a prodigué les premiers soins mais je crains de ne pas pouvoir aller plus loin. » Il désigna son ventre, le tissu taché de sang. Les guerrières échangèrent un regard. Il tombait à pic.

831 mots
Rôle:



| Les Portes V - Cette fois je ne fais pas l'erreur de donner un titre à l'avance | - Page 8 4p2e
Revenir en haut Aller en bas
http://lesterresdesympan.forumactif.com/t38724-adriaen-kaelaria
Jil
~ Lyrienn ~ Niveau 40 000 ~

~ Lyrienn ~ Niveau 40 000 ~
◈ Parchemins usagés : 497
◈ YinYanisé(e) le : 23/07/2014
◈ Activité : Prof de Botanique, Puff-Puff Gueurle (Équipe C), Patronne de la Tendre Miche
Jil
Dim 19 Mai 2024, 20:25


| Les Portes V - Cette fois je ne fais pas l'erreur de donner un titre à l'avance | - Page 8 FleD1l7
Les Portes V
Jil, dans le rôle d'Anthonius





Je n’ai remarqué le départ d’Adolphe que de longues minutes après qu’il a quitté la pièce. J’ai à peine entendu les questions de Ludoric, et encore moins les réponses que Père y a apporté, tant j’étais triste et en colère qu’il décide d’y répondre avant de venir m’enlacer. Trop vite, je lui ai pardonné, lorsqu’il est venu me murmurer quelques mots de réconforts, pourtant si courts. Je crois que j’avais besoin qu’il reconnaisse mon existence, au moins un bref instant. Je ne sais pas s’il est plus triste que cela ait suffit, ou de savoir qu’au fond, je n’en attendais pas plus. Mère m’aurait emmenée elle-même loin d’ici, elle aurait probablement fait exécuter chaque individu présent pour les punir d’avoir laissé m’infliger cette peine. Mais Mère n’est plus, je ne peux pas être trop exigeante. Dès que Balthazar se détourne de moi, je me tourne vers le buffet. Ne pas prêter attention aux avertissements de Mère m’a amené dans cet exact enfer, et sans le moindre regret, je compte ignorer davantage de ses conseils en allant manger tout ce qui me passe sous la main, sans savoir d’où ça provient. Si un esprit a pu être assez pervers pour convaincre Père de m’empoisonner après m’avoir sorti d’un cachot de semencier, alors bravo, je lui concède la victoire.

Mes larmes se calmes, mais ne tarissent pas. J’enfourne petits pains sur petits pains en reniflant. Le vieux roi s’attelle à l’écriture de quelques missives pendant qu’un silence angoissant s’étire entre Ludoric et Placide, bientôt brisé par ce dernier. Mon cœur se charge d’un espoir que je pensais éteint quand je l’entends proposer de m’accompagner. Je veux ça, j’ai besoin de ça ; si je dois disparaitre pour de bon, je veux être accompagnée d’un ami, de quelqu’un avec qui je peux avoir un espoir de vivre une vie normale et tranquille. J’ignore pourquoi, mais pas un instant je n’envisage que Père m’accompagne. Les hommes de sa trempe sont enterrés dans un sarcophage en or, ou jeté dans une fosse commune. Pas de retraite tranquille pour Balthazar de Narfas. Je ne veux pas être seule, je ne veux pas avoir à mentir sans jamais pouvoir évoquer mon passé à qui que ce soit. Je reste tournée vers la table et ses victuailles, comme si mon regard pouvait contribuer à pousser Ludoric à refuser. Je crois qu’il ne m’aime pas beaucoup. J’entends Placide s’interrompre, et lorsqu’il prononce avec difficulté le nom de son amant, j’entends la douleur qui suppure de chaque syllabe. Il inspire et se justifie, chaque nouveau mot m’attriste et me réjoui à la fois. Je comprends qu’à mon instar, la vie du jeune Prince prends un tournant des plus désagréables. Ses perspectives s’amenuisent, et je sais que j’y ai ma part de responsabilité. S’il venait à m’accompagner, au diable la couronne, la royauté, les courbettes et le confort. Nous gagnerions de nos mains le droit d’être libres et en paix.

Je comprends, lorsqu’il poursuit, qu’il ne demande pas à Ludoric de l’accompagner. Peut-être que je me méprends, mais on dirait même qu’il lui demande de ne pas l’accompagner. Lorsqu’il évoque un certain Clémentin, que j’imagine être un amant potentiel, j’enfonce un peu plus ma tête dans mes épaules, comme si ça pouvait contribuer à me faire oublier. Je retiens mes sanglots, je me fais silencieuse, un petit pain dans la main. Il y a de toute évidence entre ces deux jouvenceaux beaucoup d’incompréhension, d’un côté comme de l’autre, et beaucoup d’insécurité. Leurs statuts respectifs si différents n’aident pas à rendre la situation plus simple. Je m’abstiens de tout commentaire : ça ne me regarde de pas, ça ne me regardera probablement jamais, et malgré moi, je crois que je veux que Ludoric reste ici. Une pensée solitaire, bien égoïste, me fait m’imaginer seule avec Placide dans une maison de campagne, avec tout le temps du monde pour apprendre à s’aimer. Est-ce qu’imaginer ce genre de chose alors qu’ils traversent la période la plus difficile de leur vie jusqu’à présent fait de moi une mauvaise personne ? Probablement. Mais après cette nuit, je m’autorise à être un peu mauvaise. De mon côté, la question ne se pose pas : je veux aller le plus vite possible le plus loin possible d’ici. Loin de Narfas, loin de Lieugros, loin de tout ce qui pourrait avoir un lien avec la royauté.



727 mots



| Les Portes V - Cette fois je ne fais pas l'erreur de donner un titre à l'avance | - Page 8 3TFZNQ
♫ :

Revenir en haut Aller en bas
http://lesterresdesympan.forumactif.com/t35022-jil
Siruu Belhades
~ Sorcier ~ Niveau III ~

~ Sorcier ~ Niveau III ~
◈ Parchemins usagés : 2344
◈ YinYanisé(e) le : 06/12/2015
Siruu Belhades
Dim 19 Mai 2024, 21:49


S’il y a bien quelque chose que la vie m’a appris, c’est que les nouvelles nous trouvent vites. Le moment n’est pas toujours idéal. Le messager n’est pas toujours celui que l’on désire. L’information donnée n’est pas toujours ce que l’on voudrait entendre. Pourtant, voilà : parfois, une rouquine insignifiante vous annonce entre deux halètements nerveux que votre frère est mort, quelques minutes avant que des sauvages enragées viennent essayer de saccager votre résidence. C’est la vie. Et la vie, bien souvent, elle pue autant que le vieillard abrité dans ma cave.

Rosette était partie. Je n’avais pas vraiment prêté attention à ses mouvements. J’étais plus concentré sur l’explication qu’elle venait de bafouiller. Ivanhoë avait donc tué mon frère. Est-ce que j’avais des raisons de la croire ? Oui — beaucoup. Elle n’aurait aucun intérêt à raconter ce genre de balivernes en sachant pertinemment que j’employais son partenaire. Aussi, elle semblait concentrée sur ce dernier, qui avait apparemment disparu, ou qui courait un danger à cause de Gao. Tout ceci était absurde… et c’était bien ce qui posait problème. Son propos passait tout juste le seuil où le ridicule devient crédible. Ne faites pas semblant de ne pas me comprendre : on connaît tous ce seuil. « La voisine trompe son mari », c’est un commérage de mauvais goût. « La voisine trompe son mari avec le chien d’un semencier spécialisé », c’est assez précis pour commencer à faire lever des sourcils. Surtout, à bien y réfléchir, mon frère était bien le genre de personne à attirer les problèmes. La prostitution est un métier dangereux ; il devait s’estimer heureux de ne pas avoir fini dans un caniveau plus tôt.

J’aimerais pouvoir dire que je peux encore l’imaginer débarquer dans notre cuisine d’été, une tasse de thé fumante à la main, à se dandiner dans ma direction en criant « bonne matinée frérot chéri, comment vas-tu ? Est-ce que ça te dirait que pour le petit-déjeuner on partage tous les trois cette nouvelle confiture de figues que j’ai fait importer directement d’Esirec ? » Sauf que non. Nous n’avions jamais été ce genre de famille, et encore moins ces derniers mois. Franchement, j’aurais pensé qu’être au fait de mon activité de vendeur de stupéfiant l’aurait rapproché de moi… mais non. Tant pis pour lui. Tant pis pour moi, également. Je savais qu’il se fichait de sa fiancée, et qu’il n’était pas le moins du monde dérangé à l’idée que je la lui prenne. J’espérais pourtant le surprendre, en l’embrassant sous ses yeux. Tirer de lui un petit regard étonné, qui aurait validé tout ce temps passé à désirer Pénélope.

Dit comme ça, on pourrait croire que j’acceptais assez vite la nouvelle, et… oui, en effet. Vous savez, être une personne adaptable est ce qui a fait de moi un bon commerçant en premier lieu. J’ai un talent pour mettre temporairement en pause les sentiments et appréhensions qui limitent ma capacité à agir. Le deuil viendrait après. J’avais envie de voir son cadavre, pour confirmer sa mort. J’avais envie d’organiser une veillée funéraire, pour honorer sa mémoire. J’avais envie de prendre Pénélope sur le divan juste à côté, pour lui faire mes adieux.

Vous voulez un autre exemple de ridicule devenant crédible ? Avoir le Grand Prêtre dans sa cave. Vous voulez un autre exemple ? Entendre Godefroy se disputer avec des soldats. Mes servants proches n’ont d’émotion qu’à un seul sujet : la drogue. Je compris donc assez rapidement de quoi tout cela relevait. S’il allait y avoir une fouille, la milice allait sans doute devoir faire preuve de violence. Elles allaient être retenues quelques minutes. Peut-être un peu plus, si mes larbins faisaient leur métier. Je les en croyais capables. En ce qui me concernait ? J’avais plutôt intérêt à me tailler plus vite qu’Ivanhoë avait taillé mon frère. Pas pour la drogue, non… je pouvais mettre ça sur le dos de Gao ou même Clémentin, sur un malentendu. Par contre, Gaspard allait parler à mon sujet s’il était libéré. Et si son corps était retrouvé encore chaud, ils sauraient bien vite à qui attribuer la faute.

Je n’avais pas envie de ramener la merde du Grand Prêtre chaque matin au rez-de-chaussée, donc les sous-sols étaient connectés aux égouts. Vous savez ce qu’il se trouve également aux canalisations ? La sortie secrète, que nous utilisions d’habitude pour déplacer la came hors du domaine sans alerter quiconque. Tout semblait aligné pour que je puisse prendre quelques effets personnels, laisser mes agents se battre avec ce que j'imaginais être des mercenaires envahissant ma propriété, et fuir avec le prêtre sous le bras comme si de rien n’était. Sauf que voilà : à la porte de sortie nauséabonde, je suis tombé nez à nez avec un groupe éclectique d’individus. Ils n’avaient pas prévu de se rencontrer. C’était l’une de ces drôles de coïncidences, du même genre que celle qui m’avait fait terminer avec Gaspard en premier lieu. D’un côté, il y avait trois de mes hommes, avec une invitée. De l’autre, deux mercenaires qui me rappelaient ceux d’un certain client. Tous avaient l’air assez confus. J’aurais aimé pouvoir couvrir la tête de mon prisonnier avec un sac à pomme de terre, mais, hélas, cela n’aurait pas suffi à me rendre moins suspect. Peu importait, désormais. Il me semble avoir dit « Vous tombez mal, nous devons partir immédiatement », mais il se peut que j’aie uniquement balbutié quelque chose à propos de devoir courir pour sauver ma vie. Je ne sais pas ce que ce beau peuple pensait, mais je n’allais pas m’amuser à former un discours éloquent dans de telles circonstances. Peut-être aurais-je dû mieux m’expliquer, en tout cas, parce que je ne m’attendais pas à recevoir un « non » glaçant.


Post XV | 941 mots
Rôle - Melchior:


| Les Portes V - Cette fois je ne fais pas l'erreur de donner un titre à l'avance | - Page 8 Ukjx
Revenir en haut Aller en bas
http://lesterresdesympan.forumactif.com/t38838-sirh-juuka-zeli-k
Mitsu
♚ Fondatrice ♔

◈ Parchemins usagés : 36417
◈ YinYanisé(e) le : 07/07/2005
Mitsu
Dim 19 Mai 2024, 21:52


Image par un artiste inconnu

Explications


Hop !  

Du coup on fait une petite ellipse à l'aube ! Les prisonniers se trouvent dans la grande salle du palais, comme l'a demandé Tamara. Les autres font ce qu'ils veulent 8D

Pour rappel : À la fin du précédent volet, une première révolte a grondé dans le Royaume de Narfas, fomentée par Primaël et ses alliés, suivie de beaucoup d'autres. Nous sommes un mois après la première. Le Royaume connaît une grande instabilité. Le peuple est partagé concernant la direction à prendre. Certaines personnes ont quitté Narfas, d'autres ont profité de la situation pour se faire un nom ou pour commencer / continuer des trafiques en tout genre. La drogue s'est développée à une vitesse fulgurante et la traite des êtres humains se fait presque en plein jour. Les problèmes de natalité persistent. Néanmoins, l'ordre religieux qui avait été établi jusqu'ici est également instable et les règles ne sont plus respectées. Le peuple débat (les débats c'est dans le meilleur des cas ; généralement la population se tape dessus) et ne sait plus à qui faire confiance. Plusieurs tendances s'opèrent néanmoins dans ce chaos où les grandes têtes de l'ordre religieux et de la royauté sont mortes ou ont disparu :
- Ceux qui voient Primaël, Tamara et Ivahnoë comme des sortes de messies, venus délivrer le peuple. Le pouvoir devrait donc leur revenir. À noter que Tamara jouit d'une véritable popularité chez les femmes.  
- Ceux qui voient Garance/Placide comme la solution à adopter (ils viennent d'un Royaume qui était en paix et prospère avant l'invasion de Judas et sont de sang royal)
- Ceux qui voient Anthonius comme le souverain légitime (puisque c'est l'enfant de Balthazar et de la Reine défunte, Wesphaline).
- Ceux qui pensent qu'il faudrait allier les trois précédents afin de créer un ordre nouveau.
- Ceux qui ne jurent que par les tradition et par la religion (et qui rejoignent assez ceux qui soutiennent Anthonius)
- Ceux qui pensent qu'il serait mieux de se rendre à Judas puisque cela clôturerait les guerres définitivement, personne, selon eux, n'osant s'attaquer au Roi.
- Les autres qui peuvent avoir des pensées diverses et variées (exemple : il serait bien de confier le royaume à un trafiquant de drogue / quelqu'un qui s'y connait en affaires, même si ces affaires sont plus que douteuses).

Le Royaume est également instable sur la question de la faute de la situation actuelle (en fonction des convictions, certains accusent les réfugiés du Royaume de Lieugro d'être à l'origine des problèmes alors que d'autres pensent qu'ils sont venus délivrer le peuple etc...) et sur la question des relations entre les hommes et les femmes. Les femmes ne décident a priori plus pour les hommes dans le chaos mais certains hommes en profitent pour tenter de leur faire payer ce qu'elles ont pu leur imposer par le passé alors que d'autres sont incapables de prendre des décisions seuls. Certaines femmes désirent céder volontiers le commandement alors que d'autres s'y accrochent.

Plusieurs quartiers ont été brûlés, détruits ou pillés et beaucoup d'habitants se retrouvent à la rue, sans argent, alors que d'autres ont réquisitionné des zones qu'ils protègent avec des armes.

La question du Royaume de Lieugro se pose également puisque les réfugiés veulent toujours récupérer le territoire. Des locaux y voient aussi une opportunité et les trafiquants d'armes se frottent les mains à l'idée d'une guerre à venir, en plus du chaos déjà existant sur place.

Rps importants
------ Jeux de mains, jeux de vilains - Merlin, Zébella et Judas
------ Sous le magnolia - Ezémone et Nicodème
------ Mon preux chevalier - Adolestine et Alembert
- Le Royaume de Lieugro - Le vieux Roi
----- Le retour du légendaire pipou - Irène et Gustave
- Le Royaume de Lieugro - La chute du vieux Roi
- Le Royaume de Lieugro - L'avènement du Roi sadique
----- La fuite - Adolestine
- Le Royaume de Narfas - La révolte de Narfas
----- Les fuyards - Zébella et Childéric
----- On annonce une tempête - Judas et Coline
----- Le Maître de la forêt - Merlin et Adénaïs
- Le Royaume de Lieugro - La chute du Roi Sadique
------ La dispute - Ezémone et Nicodème
------ Par le pouvoir d'un mot, je recommence ma vie - Zébella et Adénaïs
------ Tremblement dans le monde

Compte du nombre de messages


Du Royaume de Lieugro :
- Hélène (Garance) : XXIII
- Ikar (Placide) : VI
- Dastan (Ludoric) : XXIII
- Adriaen (Lambert) : VIII
- Yngvild (Rosette) : XXIII
- Erasme/Ilias (Clémentin) : VII

Du Royaume de Narfas :
- Aäron (Balthazar) : VI
- Jil (Anthonius) : XVI
- Eméliana (Tamara) : VI
- Zeryel (Adolphe) : XVII
- Lysium (Melchior) : XV
- Sympan (Gao) : VII (mort)
- Oriane (Pénélope) : XVI
- Lorcán (Ivanhoë) : XIV
- Lazare (Primaël) : XIV
- Orenha (Luthgarde) : XIII
- Jezeṃiās (Sextus) : VI
- Blu (Herminiette) : VI
- Seiji (Marcellin) : XIII

Deadline Tour n°7


Dimanche 26 mai à "18H" | Je posterai à 20h00 max

Il reste 3 tours (le RD se finira la semaine du 3 juin)

Gain Tour n°7


- 1 point de spécialité au choix
ET
- Téléportation : Votre personnage peut se téléporter auprès des autres protagonistes du conte, à savoir : Aäron, Jil, Eméliana, Zeryel, Lysium, Sympan, Oriane, Lorcán, Lazare, Orenha, Hélène, Ikar, Dastan, Adriaen, Yngvild, Ilias, Jezeṃiās, Blu et Seiji, en pensant au personnage que sa cible a incarné,

Revenir en haut Aller en bas
Zeryel
~ Ange ~ Niveau I ~

~ Ange ~ Niveau I ~
◈ Parchemins usagés : 248
◈ YinYanisé(e) le : 25/01/2023
Zeryel
Lun 20 Mai 2024, 10:36

| Les Portes V - Cette fois je ne fais pas l'erreur de donner un titre à l'avance | - Page 8 O8bs
Les Portes V ; Narfas
Lorcán, dans le rôle d'Ivanhoë, l'assassin




Rôle - Ivanhoë Emmog:

Le bruit des pas de Primaël s'estompa au fur et à mesure qu'il s'éloignait. Glaçant, le silence se referma sur Ivanhoë, resté seul dans le salon. Ébranlé jusque dans ses fondations, pâle, il accusait le coup, les yeux rivés sur le corps roidissant de Gao. Lentement, il se baissa pour ramasser son couteau échoué au sol. Il constata les tremblements de sa main et la recouvrit de son autre main en inspirant profondément. Son expiration refléta l'état de ses mains et ses traits se froissèrent d'un seul coup. Il plaqua sa main sur son visage en jurant à voix basse. Il hésita à courir après Primaël. Que lui dirait-il ? Qu'il s'était trompé ? C'était ridicule. Il n'était pas comme lui, il ne savait pas se défendre et attaquer avec les mots. Ses armes à lui étaient plus expéditives, plus définitives aussi. Rien de ce qu'il pourrait dire n'allait réparer son erreur.

Il sursauta en entendant le claquement de plusieurs paires de bottes sur le parquet. Sorti de son engourdissement, l'assassin laissa son instinct reprendre les rênes et n'attendit pas de voir qui avait pénétré la maison pour prendre la porte du côté opposé. Son ombre longea les murs et sa foulée silencieuse s'accéléra en entendant des ordres jetés dans son dos. Ne souhaitant pas être coincé comme un rat dans une des pièces, il freina devant une fenêtre. Il repoussa les rideaux brusquement et l'ouvrit. Il n'accorda qu'un bref coup d'œil à ses poursuivants avant de se glisser à l'extérieur, les genoux fléchis pour amortir sa réception et tomba nez à nez avec deux hommes qui le dévisagèrent, presque aussi surpris que lui. Le temps qu'ils fassent les connexions et commencent à lever leurs armes, Ivanhoë ouvrit la gorge du premier et lança son poignard sur la poitrine du second. Sans vérifier la finalité de leur sort, il fit volte-face et s'enfuit dans une ruelle, le cœur étrangement calme, comme assourdi en arrière-plan.

Derrière lui, les hommes qui l'avaient suivi chez Primaël avaient pris le même chemin et le talonnaient. Sans perdre son sang-froid, Ivanhoë prit plusieurs ruelles adjacentes. Narfas n'avait pas de secrets pour lui, il aurait pu l'arpenter les yeux bandés mais il n'était pas aussi rapide que les autres, pas au sol. Il accéléra jusqu'à un muret sur lequel il se hissa à la force de ses bras et atteignit par ce biais le toit d'une maison. Aussitôt, il reprit sa course au même rythme. Les tuiles étaient glissantes mais restaient un support plus stable que tout ce qu'il avait pu connaître au cirque. Subitement, une réflexion s'imposa sur l'action. Si ces hommes en avaient après lui, ils en avaient nécessairement après Primaël aussi. Ses pieds ralentirent et il regarda autour de lui. Où avait-il pu aller ? Une autre de ses maisons ? Retrouver Tamara ?

De là où il se tenait, il voyait que la ville ne dormait plus. Des cris résonnaient ça et là, de protestation, de peur ou de colère. S'agissait-il d'une nouvelle révolte provenant de ceux qui ne voulaient pas de Primaël ou Tamara avait-elle lâché son armée sur la ville ? Les poumons compressés par l'inquiétude, il respirait par à coups secs et irréguliers. Il ignorait où aller pour retrouver Primaël. « Là ! » Ivanhoë baissa les yeux et constata qu'il n'avait pas semé ses poursuivants. Sur une nouvelle imprécation, l'assassin reprit sa fuite. Il n'avait pas fait quelques mètres qu'un coup de poing sur son omoplate le déséquilibra, un poing bardé de fer et d'épines, qui le frappa avec une force qui le projeta sur le côté. Il réprima son cri de souffrance et se rattrapa à la bordure du toit par un réflexe salvateur avec une main, l'autre déjà assaillie par les ondes de douleur qui traversaient son épaule. À travers sa respiration laborieuse, il entendit les hommes contourner le bâtiment pour venir le réceptionner de l'autre côté et il lâcha prise pour chuter au sol. Les dents serrées, il se remit à courir en ignorant les violents élancements dans son dos. Il devait absolument retrouver Primaël.

Il pénétra dans une vaste halle, animée le jour par des étals de nourriture et autres marchandises, mais vide la nuit. Il savait qu'à l'autre extrémité, il trouverait une ouverture cachée qui menait à des sous-sols qui servait d'espace de stockage aux vendeurs pour les produits les plus sensibles à la chaleur. Il s'y dirigea et se tâtonna dans le noir entre les marchandises délaissées. Ses doigts effleurèrent un tapis et il s'accroupit dessous pour s'y blottir. Là, il attendit, retenant son souffle. A un moment, il palpa avec hésitation son épaule ankylosée. Quand ses doigts effleurèrent le carreau d'arbalète qui s'était enfoncé dans la chair et bougea d'un milimètre, il manqua hurler et plaqua sa main sur sa bouche, les yeux pressés avec force comme pour étouffer les paillettes de souffrance qui l'aveuglaient. Il savait qu'il devait l'enlever. Et il ne pouvait pas rester là indéfiniment, à se cacher alors que Primaël pouvait être tué à tout moment. Il se concentra sur cette pensée pour ralentir les palpitations affolées de son cœur. Il tâcha d'égaliser sa respiration et se tordit pour atteindre de nouveau le projectile. Il l'empoigna et sans attendre davantage, il commença à tirer. Il se mordit l'intérieur des joues et quand la pointe râcla sur l'os, il perdit son combat contre la douleur et l'obscurité l'avala.

Ivanhoë reprit connaissance en sursaut et ce seul tressaillement déclencha un enfer dans tout son dos. Il gémit et secoua la tête pour retrouver ses esprits. Au bruit au dessus de sa tête, il devina que le jour était levé. Primaël était peut-être déjà mort. La peur lui mordit le ventre. Avec mille précautions, il s'extirpa hors de son abri. Des élancement douloureux lui traversaient le torse à chaque mouvement et sa chemise, raidie de sang séché, lui collait au dos et faisait bouger affreusement le carreau d'arbalète. Les dents serrées, il marchait à pas lents. Il transpirait et en essuyant son front, il s'aperçut de la fièvre qui rongeait sa peau. Il ignorait toujours où Primaël pouvait être mais il ne cesserait pas de le chercher. Il avait à peine arpenté quelques ruelles qu'il vit des soldates venir en sens inverse. Il se figea en comprenant qu'il avait été repéré et les attendit. « Où est Primaël ? Il est en danger. » demanda-t-il sitôt qu'elles furent assez près. « Avec Tamara. » À ce stade, ce pouvait être une bonne chose comme une mauvaise chose. « Il n'a rien ? » « Tu vas vite le constater par toi-même, suis-nous. » « Qu'est-ce qu'il se passe ? » Il n'eut pas droit à davantage d'éléments et les suivit jusqu'au palais. Dans la grande salle, il vit la silhouette de Primaël. Le soulagement l'envahit et il se dirigea droit sur lui. « Primaël. » Il croisa son regard et tout ce qu'il s'était passé la veille lui revint brutalement en plein visage. « Je... » Il baissa les yeux. « Je suis désolé. J'ai fait une erreur. »

Message VII | 1242 mots
Revenir en haut Aller en bas
http://lesterresdesympan.forumactif.com/t39916-zeryel-belegad
Zeryel
~ Ange ~ Niveau I ~

~ Ange ~ Niveau I ~
◈ Parchemins usagés : 248
◈ YinYanisé(e) le : 25/01/2023
Zeryel
Lun 20 Mai 2024, 23:33

| Les Portes V - Cette fois je ne fais pas l'erreur de donner un titre à l'avance | - Page 8 O0px
Les Portes V ; Narfas
Zeryel, dans le rôle d'Adolphe



Rôle - Adolphe d'Epilut:

Par dessus les bras de sa mère, Adolphe croisa le regard de la soldate à côté. Il pouvait presque deviner les pensées qui devaient lui trotter dans la tête malgré son expression impénétrable, le jugement qu'elle devait en tirer. Il sut qu'à ses yeux, il ne serait jamais plus que le fils de Tamara. Ses traits se durcirent et il se raidit dans l'étreinte. Ses émotions n'étaient plus qu'un enchevêtrement complexe qu'il échouait à démêler, il savait juste que ça pesait lourd dans sa gorge et qu'il avait mal à la mâchoire à force de serrer les dents. Il fut reconnaissant à la femme de répondre pour lui et il se recula pour échapper à l'inspection maternelle en levant le bras pour qu'elle cesse de le palper. « Arrête, c'est rien. » marmonna-t-il, grincheux. « C'est juste ces stupides semenciers. On devrait s'en débarrasser, ils servent à rien. » Sous ses sourcils froncés, ses prunelles ombrageuses esquivèrent celles de Tamara, comme si les marques de son humiliation étaient tatouées au fond de ses yeux. Heureusement, d'autres sujets la préoccupaient et il oublia un moment la cave, les chaînes et la petite lame en croissant de lune. « Il s'est passé quoi ? » Primaël était-il mort ? C'était le sort qui lui pendait au nez selon l'adolescent, qui pendait au nez de tout le monde d'ailleurs depuis que l'ordre établi avait explosé. Être bien entouré ne suffisait pas, et peut-être que sa chance avait finit par cesser de lui sourire. Il se demandait parfois si sa mère en était amoureuse, sinon pourquoi aurait-elle accepté de trahir pour lui ? « Je crois que Balthazar veut fuir Narfas. C'est ce qu'il a proposé à Ludoric, Placide et Antoinette. Il était dans le quartier est, mais il ne doit plus y être maintenant. » intervint Adolphe à la place du messager. « Même si c'est de la lâcheté, c'est sans doute mieux comme ça. Ils sont mieux morts, ou loin. Ce n'est pas comme si on allait leur rendre la couronne. » Il haussa les épaules, indifférent à leur sort. Il n'avait même pas dit adieu à Placide. Il se fichait des autres, mais il regrettait la façon dont il avait quitté le prince Lieugrois. Peut-être était-ce mieux ainsi, au fond. À la place du blond, il n'aurait pas voulu d'une telle fréquentation. Que valait son offre de reprendre Lieugro à ses côtés après avoir sangloté comme un enfant ? Même leur amitié ne pourrait jamais se concrétiser après l'avoir vu dans une telle position de faiblesse. Ses épaules s'affaissèrent sous la morsure lancinante de la honte. Elle formait désormais un manteau lourd et encombrant, cousu à même la peau. Il leva les yeux sur sa mère. La colère froide qui l'animait rayonnait comme un puissant halo autour d'elle, la rendait plus forte et impressionnante. Le commandement lui était aussi naturel que respirer, son autorité n'avait jamais été rediscutée et il se demanda si elle avait jamais rencontré des difficultés, plus jeune, ou si, comme Balthazar l'avait dit, il n'était qu'un enfant. Peut-être ne faisait-il que courir après un idéal, éclipsé dans son ombre et à jamais incapable de l'égaler, encore moins la surpasser.




« Balthazar a dit que Narfas était perdu. Qu'Uobmab allait revenir frapper comme à l'époque avec Luce d'Uobmab. C'est ce que tu avais prévu, j'imagine ? » Une main sur la poignée de l'épée pendue à sa hanche, Adolphe se tenait à côté de Tamara dans l'antichambre du palais. Ils s'apprêtaient à entrer dans la grande salle où avaient été rassemblés les moutons égarés. Il s'était offert le luxe de se laver sommairement après qu'une soldate lui eut remis en place son nez dont l'apparence s'apparentait désormais à une tomate violacée, et il se sentait de nouveau lui-même. Il avait décidé de mettre de côté la disparition de Lénora, incapable de savoir comment la retrouver autrement qu'en la cherchant partout par lui-même. Il ne pouvait en parler à personne. Compte tenu de la subite montée en grade sa mère, il n'en avait pas eu l'occasion, il y avait eu plus urgent. « Il a aussi dit que vous étiez proches. » Il mit sur ce dernier mot la même intonation que le suzerain évanoui dans la nature avait employé. « C'est vrai ? Qu'est-ce qu'il était pour toi ? Ton Roi, ou un peu plus que ça ? » Il marqua une pause. Ses phalanges blanchirent autour de la garde de son arme. La première fois que le doute l'avait effleuré dans la nuit, il l'avait repoussé, incapable de concevoir une telle chose. Quelques heures plus tard, la fatigue en plus, l'idée ne paraissait plus si absurde. « Mon père, c'était bien un religieux ? » Quelque part, cette hypothèse l'avait toujours laissé dubitatif. Quand il voyait le mépris avec lequel sa mère traitait son frère, il ne comprenait pas ce qui avait pu l'amener à ouvrir les cuisses à un de ces hommes. Ça aurait été comme le faire avec Gaspard et l'idée aurait dû la répugner autant que lui en y pensant. « Et Primaël ? Tu... Tu l'aimes bien ? » Il eut un rire nerveux, teinté d'épuisement. « J'essaie juste de comprendre où tu te positionnes. J'ai un peu de mal à suivre. » Son regard partit sur le côté, comme s'il n'assumait pas totalement cette petite pique.

Message VII | 939 mots

Sale gosse
Revenir en haut Aller en bas
http://lesterresdesympan.forumactif.com/t39916-zeryel-belegad
Seiji Nao
~ Orine ~ Niveau I ~

~ Orine ~ Niveau I ~
◈ Parchemins usagés : 126
◈ YinYanisé(e) le : 03/10/2022
◈ Âme(s) Soeur(s) : La poupée de Maman
Seiji Nao
Mar 21 Mai 2024, 20:41





La tête farcie de ses propres mensonges, Marcellin faisait face à la soldate. De l’âtre montait la fragrance âcre du charbon. Pas la moindre note de fumée ne montait des braises : il sentait toutefois la jeune femme prête à les rallumer en un claquement de doigts, et à embraser le domaine tout entier. Il ne tenait pas plus à la maison qu’à ses habitants ; mais ses poèmes risquaient de souffrir de l’étreinte des flammes. Il lui fallait choisir ses mots avec précaution.

« Je m’emploie à faire de cette ville un lieu où la culture tient une place digne de ce nom. J’aide les théâtres et les salles de spectacle à sortir de terre, je finance des représentations, je mets en relation des artistes prometteurs avec de potentiels mentors. Avec les contacts que j’ai accumulés au fil des années, je me charge aussi de faire de la publicité quand c’est nécessaire. Du mécénat, en somme. Et quand je ne m’occupe pas de ça, je prends du bon temps, ou j’écris. »

Du côté de son entrejambe, la pression revenait en trombe. La fraîcheur du métal, en lui promettant une fin malheureuse, lui insufflait l’énergie d’un jouvenceau. Devant le général au garde-à-vous, le dégoût déforma les traits de l’enquêtrice. Plissant le nez, elle relâcha son emprise, reculant sans lui tourner le dos. Elle n’était pas idiote.

« Quel rapport avec tes deux camarades ? »

Le violet leva les yeux au ciel. Visiblement, elle ne connaissait pas ses cibles. Autrement, comment aurait-elle pu imaginer que la tortue et le lombric s’intéressaient à de tels sujets ? Sentant poindre l’agacement, il se pinça l’arête du nez.

« Les autres prendraient un alexandrin pour une race de chats, et considèrent au mieux l’art comme une forme de décoration. Je ne travaille pas avec ce genre d’individus. »

Le poing de son interlocutrice s’abattit sur le plan de travail. L’agressivité lui chatouillait les cordes vocales.

« Je ne parle pas de ça. Pourquoi vous vivez ensemble ? »

L’air bête, il marqua une pause. Les militaires n’étaient donc pas venues pour son trophée. Sans le cafardage des autres, peut-être aurait-il échappé à la fouille. S’ils avaient su présenter un visage uni au lieu de se tirer dans les pattes, son précieux serait resté à sa place. Ils paieraient. Non, leur venue s’expliquait différemment. Quelqu’un _ sans doute la Cheffe des Armées _ avait décidé qu’il était temps de sortir les Ombres de l’obscurité. La tentative de livrer leurs cous au bourreau lui piquait la langue.

« Nous avons été recueillis par l’ancien propriétaire du domaine. Un type avec un sens de l’humour à tomber par terre, qui n’a rien trouvé de mieux que nous léguer sa fortune, à la seule condition que nous continuions à vivre tous les trois. Vous voyez, il était convaincu que notre mésentente passerait à l’âge adulte, que nous serions comme des frères et soeur, et cette vieille carcasse s’est assurée qu’un notaire veille sur la question. »

La pénombre de la cuisine l’empêchait de bien distinguer les mouvements de la jeune femme. La porte des domestiques, dans le couloir, à quelques pas à peine, permettait de quitter les lieux en toute discrétion. Toutefois, se jeter sur elle pour la prendre à la gorge ne constituait pas une option raisonnable : il n’était pas exactement un lutteur confirmé.

« Tu veux me faire croire que vous n’êtes rien de plus que des vautours ? »

Un éclat de rire échappa au contrôle que le poète exerçait sur lui-même.

« Si vous étiez forcée de vivre avec des gens que vous n’appréciez pas, vous croyez sincèrement que vous seriez intéressée par ce qu’ils font ? »

La militaire ne daigna pas lui accorder une réponse. Cependant, l’acier luisait dans sa main, l’incitant à poursuivre.

« Herminiette n’est pas quelqu’un de mauvais. Je sais qu’elle a à coeur la paix du royaume, et qu’elle œuvre en ce sens. »

Il ne lui paraissait pas nécessaire d’accabler la scientifique comme elle l’avait fait. Porter trop d’accusations à la fois en diminuait l’impact. Parfois, il fallait faire preuve de mesure.

« En revanche, à votre place, je me méfierais de Sextus. Il joue les agneaux, mais il n’aspire qu’à atteindre une plus haute position dans la hiérarchie religieuse. La disparition du Grand Prêtre a bien servi ses affaires, et son influence grandit de jour en jour. Pendant un temps, j’ai pensé qu’il en était responsable. »

En vérité, depuis ses découvertes sur l’assassinat de Jésabelle, il ne savait pas qui de la coincée ou de la grenouille tirait le plus avantage de ces places laissées vacantes.

« Ta petite amie ne t’avait rien dit ? Pour la drogue non plus ? »

Marcellin haussa les épaules. Défendre la jeune femme coûte que coûte risquait d’attiser la méfiance de son interlocutrice, qui paraissait enfin se détendre. Cependant, il répugnait à la laisser tomber complètement ; quels que fussent ses sentiments, le potentiel de la brune demeurait entier.

« Nous ne sommes qu’au début de notre relation. Quand on apprend à connaître quelqu’un, on ne parle ni politique ni secrets. Pénélope est une femme qui fait ce qu’elle doit pour survivre. Peut-être que ses frères l’ont forcée à jouer les livreuses. »

Les yeux à demi clos, l’autre l’examina de pied en cap, tâchant de déterminer s’il parlait avec la cervelle, les couilles ou le cœur. N’ayant pas idée de la conclusion, il poursuivit.

« La soif de pouvoir n’est certes pas un crime, mais Sextus a d’autres travers. Comme une bonne partie des siens. Si vous prenez la peine d’enquêter à ce sujet, je crois que vous n’aurez pas de mal à dénicher des témoins. »

Si le chemin de la prison s’ouvrait à lui, il ne comptait pas l’emprunter seul. L’irruption des guerrières en jupons pouvait lui servir.

« C’est pas la solidarité qui t’étouffe, toi non plus. »

« Pardon de ne pas soutenir les violeurs. »

De son poing fermé, la jeune femme se frotta le menton. Son interrogatoire ne la menait pas où elle l’aurait souhaité, mais deux de ses trois cibles méritaient un petit séjour derrière les barreaux. Cependant, elle préférait vérifier les dires du mécène avant d’entraîner le religieux dans les tréfonds.

« Hmm. Culotté de la part de quelqu’un qui garde une tête souillée dans sa chambre. »

Marcellin baissa la tête, s’efforçant de dissimuler son amusement : la greluche avait tapé dans le mille. Les yeux rivés au sol, il poussa un soupir.

« Les dernières semaines m’ont montré que c’est une chose de fantasmer sur le chaos, et d’en faire sa source d’inspiration ; c’en est une autre de le vivre. »

*********

L’interrogatoire achevé, ils retournèrent dans le salon. Les autres ne tardèrent pas. Chacun y allait de sa mine défaite et soumise. Des vêtements furent finalement accordés à Marcellin. La tension crispait les épaules des soldates, tandis qu’elles échangeaient leurs conclusions à voix basse, tandis qu’une dernière vidait les meubles en attendant les ordres. Le poète jeta un coup d’oeil à Pénélope, assise non loin de lui.

« Vous deux, levez-vous et venez avec moi. »

De l’index, elle désigna les détracteurs du poète et de la dealeuse.

« Herminiette, Sextus. Votre coopération et ce que nous avons trouvé me pousse à croire en votre bonne foi. En revanche, jusqu’à ce que tout soit tiré au clair et que chaque millimètre de la maison soit passé en revue, chacun de vous sera accompagné par l’une de mes camarades. Cela vaut aussi pour vous, Luthgarde. Cependant, comme je n’ose imaginer votre impatience de retrouver le Grand Prêtre, si vous le souhaitez, vous irez assister à la fouille de la maison d’Eésnep. Sous bonne garde. »

N’ayant pas d’autre instruction à fournir, la militaire tourna les talons, faisant signe aux prisonniers de la suivre. Avant de partir, le poète adressa un clin d’oeil à Sextus : il voulait qu’il sache que son postérieur béni ne se trouvait pas à l’abri.

*********

Une ambiance de fin du monde régnait dans les rues. En dehors des craquements qui montaient des décombres, le silence enveloppait l’air. Quelques silhouettes filaient entre les ruines, impatientes de regagner un lieu sûr. D’un pas vif, le violet suivait le rythme imposé par la soldate. Une autre fermait la marche. Aucune inquiétude ne creusait son front. Il s’était su condamné dès l’instant où la tête avait été mentionnée. Du bout des doigts, il effleura la main de Pénélope, qui marchait à ses côtés : une manière de lui signifier qu’ils s’en sortiraient tous les deux. Les cellules au parfum d’égoût et la pendaison avaient toujours compté parmi les possibilités. Cependant, à le voir quitter le domaine sous pareille escorte, il ne doutait pas que ses colombes, dans l’ombre, veillaient au grain, n'attendant qu'un signe pour s'envoler.

1 407 mots | Post VII

Rôle:

Revenir en haut Aller en bas
http://lesterresdesympan.forumactif.com/t39755-seiji-nao-termine
Contenu sponsorisé


Revenir en haut Aller en bas
 

| Les Portes V - Cette fois je ne fais pas l'erreur de donner un titre à l'avance |

Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Revenir en haut 
Page 8 sur 11Aller à la page : Précédent  1, 2, 3 ... 7, 8, 9, 10, 11  Suivant

 Sujets similaires

-
» [Speed-dating] - C'est la dernière fois que je fais ça (Nel)
» [Q] - Fais pas ci, fais pas ça | Èibhlin
» [Q] - Donner, c'est la vie ! *O*
» Donner au suivant [Event Août - Mission 3]
» [Speed-dating] - Est-ce que tu pourrais me donner une claque ? (Kiara)
Permission de ce forum:Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
Les Terres de Sympan :: Zone RP - Océan :: Continent Naturel - Ouest :: Terres du Lac Bleu-