Spoiler:

      L'Ombre sentit la main de la fillette se reserrer sur la sienne, comme si elle avait peur d'un éventuel refus de la part de la dénommée Amanda. Décidément, la fillette était bel et bien accroché à elle... Et une question la troubla: était-ce vraiment sain pour une enfante si jeune de s'accrocher autant à une réprésentation de la Mort? Qui était-elle pour la fillette, à part sa sauveuse? Et encore, c'était un simple hasard! elle aurait très bien pu se trouver ailleurs et dans ce cas, que serait-il advenu de la fillette? Le destin aimait finalement jouer avec le coeur de la jeune Aaliah! Si Amanda la laissait partir avec la fillette, elle serait désormais responsable de cette dernière. Une responsabilité qui pouvait effrayer! Solitaire, la jeune Ombre ne s'était jamais vraiment réoccuper des êtres qui l'accompagnait... Sa louve se débrouillait relativement bien pour se nourrir, l'élémentaire de l'air n'était pas trop compliqué, passant sa vie à dormir bien à l'abri des regards. Quant au petit dragon, c'était peut être le seul à demander un peu plus d'attention. Attention que l'Ombre avait souvent du mal à fournir, mais l'animal était patient. La fillette serait-elle aussi patiente? Aaliah ne serait pas comme sa mère...

      « Pardon? » demandait-elle en entendant la voix d'Amanda.
Préoccupé par ses questions mentales, elle n'avait pas compris ce que lui voulait la jeune femme.

      « Je disais donc, vous vouliez adopter cette jeune enfant parce qu'elle est venu vers vous... Il n'y a pas d'autre raison à ce choix?
      — Ce n'est pas une raison suffisante? demanda-t-elle simplement, sans savoir si la question de la jeune femme était un reproche ou non.
      — C'est une raison relativement simple pour un choix aussi important qu'est l'adoption d'un enfant.
      — Ah! » laissa-t-elle s'échapper

      L'Ombre ignorait si c'était un bon ou un mauvais point pour l'adoption. Tout ce qu'elle vit, c'était que la jeune femme notait quelques mots sur son parchemin. Etait-ce de bon augure? L'Ombre n'en savait rien, mais elle ne tarderait certainement guère à le savoir... La fillette semblait également inquiéte par la réponse de la jeune femme car la pression de sa main augmentait. Ce qui eut pour effet d'inquiéter encore plus l'Ombre. Pourquoi la fillette s'agrippait finalement tant à elle? Etait-ce juste parce qu'elle lui avait sauvé la vie et qu'elle était le seul visage qu'elle connaissait? Peut-être. Etre seul n'était pas facile à vivre chaque jour et l'Ombre était bien placé pour le savoir... Où bien la fillette avait-elle sentit la soliture de l'Ombre et avait décidé de lui tenir compagnie? Par contre, une chose la troubla un instant: elle ne connaissait toujours pas le nom de la fillette qu'elle tentait d'adopter! Cela ne faisait pas vraiment responsable.

      « Excusez-moi, dit-elle en interrompant la jeune femme qui écrivait toujours, j'ai oublié de vous demandez son prénom... Elle ne parle pas!,rajouta-t-elle pour expliquer le fait qu'elle ne connaissait pas l'identité de la fillette.
      — Elle se prénomme Lisseth, répondit-elle en levant les yeux vers l'Ombre, elle a neuf ans, c'est une Elémental de l'eau et elle s'est plongée dans le mutisme depuis l'attaque des zombies, rajouta-t-elle en complément d'information. Vous désirez toujours l'adopter?
      — Euh... Oui, bien sur, cela ne change rien » Répondit-elle étonné par la question.

      L'Ombre baissa les yeux et remarqua la plume qui dessinait de nouvelles lignes sur le parchemin de la jeune femme. Aaliah pencha la tête sur le côté, essayant de lire à l'envers... Sans vraiment de succès! Aussi, elle ignorait toujours si cela était bon ou non. Il fallait dire que l'Ombre n'était guère des plus convaincante pour une adoption. Il lui semblait que la plupart des nouveaux parents étaient bien plus expressifs... En même temps, cela n'était guère dans la nature de l'Ombre. Elle hasarda tout de même un sourire hybride, plus proche d'une grimace d'angoisse que d'un réel sourire chaleureux. L'Ombre ne sut pas si c'était à cause de cela ou du hasard, mais la jeune Amanda lui posa de nouvelles questions. Comme toujours, Aaliah répondit pas des réponses courtes, et parfois de manière un peu abrupte. L'Ombre ne comprenait pas toujours l'utilité de certaines questions, et elle n'aimait pas beaucoup perdre du temps inutilement, même si, par nature, elle avait tout le temps... Finalement, ce fut la fillette, tout aussi impatiente, qui rompit un silence laissé par une question supplémentaire.

      « Je veux partir avec elle... »

      L'Ombre se retourna tout aussi étonné qu'Amanda devant la petit voix timide. A peine avait-elle prononcé ces mots, que la fillette se cacha derrière la robe de l'Ombre, ne laissant apparaître que deux petits yeux inquiet qui dévisageaient les deux adultes. La jeune femme était très étonné et l'Ombre en devina rapidement les raisons. Non seulement la fillette réputée pour son mutisme venait de parler, mais en plus, elle avait demandé de partir avec l'Ombre... Aaliah n'osa ni regarder la fillette, ni Amanda. Non, elle n'avait absolument rien fait pour cela... Cependant, elle ne put passer outre très lourde au regard légèrement inquisiteurs de la jeune femme. Elle essayait probablement de voir si elle pouvait faire confiance à l'Ombre ou non.

      « Je vous avais bien dit qu'elle était venu vers moi... lança Aaliah pour mettre fin au silence et à la situation déplaisante.
      — Certes! répondit la jeune femme, vous ne ressemblez pas aux parents habituels, mais...
      — Mais, quoi donc? demanda l'Ombre pour insister la jeune femme à finir sa phrase
      — Voici les papiers d'adoption. Signez ici et Lisseth deviendra officiellement votre fille. Lança alors soudainement la jeune femme avec un large sourire, ce qui eut pour effet de déconcerter un instant l'Ombre
      — Vous me laissez adopter Lisseth?! s'étonna-t-elle, sans savoir si c'était la joie ou l'inquiétude qui parlait
      — Oui, vous n'êtes pas parfaite, mais vos raisons sont pures et Lisseth vous aime déjà apparemment... Je n'ai donc aucune raison pour vous refuser cette adoption.
      — Vous faites cette adoption à contre-coeur? demanda l'Ombre en signant les papiers nécessaires
      — Absolument pas, je suis ravie d'avoir put entendre la voix de Lisseth, je suis sûre que vous seule saurez la faire progressivement sortir du mutisme, dit-elle en reprenant les papiers signés, c'est désormais officiel, Lisseth est votre fille à présent! Prenez-soin d'elle Dame Aaliah
      — Merci, dit-elle, sans vraiment réaliser qu'elle était désormais devenue maman, je ferai de mon mieux pour être une bonne... pour bien prendre soin de Lisseth » rectifia-t-elle avant de prendre congé de la jeune femme et du Sanctuaire également.

      L'Ombre n'était pas parvenu à prononcer le mot maman. Peut être qu'elle aurait put le faire, mais elle avait préféré rectifier la chose. Après tout, chaque chose en son temps! Elle avait déjà une fille, il lui faudrait d'abord s'habituer à cette nouvelle présence. Ensuite, seulement, elle penserait à son nouveau statut... Celui de maman! Mot étrange, qu'elle préférait ignorer pour le moment. Mais en attendant, elle repris la route la main refermée sur celle d'une petite fille... L'Ombre solitaire s'entourait désormais de plus en plus de compagnie et cette fois ce n'était pas un animal!

Spoiler:

J'étais depuis quelques temps dans les locaux du sanctuaire, me promenant ici et là, regardant les orphelins. Cela me faisait un drôle d'effet que celui de penser que ces enfants avaient le même âge que mon moi véritable. Pourtant, si j'étais ici, c'était pour deux raisons : la première, présenter à ma mère mon projet, la seconde, rencontrer cette femme, celle qui m'avait envoyé la lettre. Je n'avais pas l'intention d'adopter le moindre bambin à vrai dire car la situation aurait été bien cocasse si j'avais repris ma forme originelle, ni même adopter un animal. Cela me semblait peu probable. Je regardais ma mère qui se trouvait un peu plus loin, parlant à une jeune fille. Je n'avais pas l'intention de la déranger à dire vrai et c'est pourquoi je me dirigeais vers l'une des jeunes femmes qui faisait parti des protecteurs du bonheur, lui souriant en lui demander :

« Bonjour, vous avez dû entendre parler de moi, je suis Violette, la fille adoptive de Lilith. J'aimerai lui laisser un petit mot si cela est possible car je ne vais pas rester longtemps et je ne souhaite en aucun cas la déranger. Je sais qu'elle est occupée. »

La jeune femme me sourit, semblant au courant de ma situation. Ma mère avait dû leur dire que j'avais la faculté de grandir. Elle m'emmena dans un bureau, plaçant devant moi une feuille avec une plume assortie de son encrier. Sortant pour me laisser de l'intimité, je me retrouvais devant la page vierge, ne sachant par où commencer. Je savais que Lilith m'avait vu mais, après réflexion, il était inutile que j'aille lui parler, cette nouvelle plomberait sa journée et elle ne pourrait plus parler aux individus avec la même expression joyeuse sur le visage. Je me mettais à sa place. Comment sourire lorsque l'on savait que son enfant courrait un véritable risque dehors? J'aurai aimé dire quelques mots à Mimi mais j'aurai l'occasion de le faire en rentrant, car je rentrerai! Je pris donc la plume et commença à écrire :

« Chère maman,

je sais que tu as l'habitude de me voir sous ma forme enfant et que cela doit te paraître bizarre d'être au courant de mes projets. A vrai dire, je me demande souvent comment une enfant de six ans pourrait gouverner. Je sais que mon entreprise est risquée car si un jour mes objets magiques viennent à être briser, je ne pourrais plus prendre une forme adulte. C'est pourquoi, j'ai décidé que si mes projets se concrétisent, je ne serais être la seule à régner sur les humains. Je prendrai en effet à mes côtés un homme ou une femme, peut-être le deux, des individus qui représenteront notre race aussi bien que j'espère le faire.

J'étais venue pour te parler mais je pense que le moment est mal choisi. C'est pour cette raison que je t'écris ces lignes dans lesquelles tu auras le résumer de ce que je compte faire. Aussi, tu pourras la transmettre à papa si tu le souhaites car je n'ai pas eu le temps d'aller le voir. A partir de maintenant, je vais parcourir les terres du Yin et du Yang durant un long voyage. Dans ce voyage, je chercherai les humains qui peuplent nos terres afin de les rallier à ma cause. Ne t'inquiètes pas, je sais que l'entreprise est dangereuse mais Kyo et mes animaux m'accompagneront. De plus, quelqu'un veille sur moi.

Ce voyage durera sans doute un bon bout de temps mais tu auras des nouvelles de moi, je t'écrirai. Après plusieurs semaines, voire plusieurs mois, je suis sûre que des nouvelles te parviendront, des échos, bons ou mauvais. Mais tu entendras parler de moi, c'est une certitude. J'espère que les humains se joindront à moi dans mon entreprise car seule je ne pourrai rien faire. Mais ne t'inquiètes pas, je sais que papa et toi êtes des arguments de choix. Qui peut se vanter d'avoir comme père le monarque démoniaque en personne qui se range de notre côté? Qui peut se vanter d'avoir comme mère la directrice du sanctuaire et une génie qui sera haut placé d'ici quelques temps? Il n'y a surement que moi. Je ferais tout ce qui est dans mon pouvoir pour réunir les humains et atteindre mon objectif. Je pense déjà à une cité secrète où chacun serait en sécurité.

S'il te plait, ne pleures pas. Je te promet que je te reviendrais. Et s'il faut que je me suicide pour pouvoir continuer à vivre, alors je le ferai. Mais être humaine est le plus beau cadeau que la vie ne m'ait jamais offert, j'espère qu'elle ne me le prendra pas.

Ta fille, Violette. »

Je sortais alors de la salle, donnant la missive à la jeune femme qui m'attendait, avec comme consigne de la donner à Lilith qu'une fois que les festivités seraient terminées.

Voilà qui était fait. Me rendant de nouveau dans la pièce principale, je regardais les enfants laissés par les évènements qui avaient eu lieu, beaucoup étaient partis depuis les quelques minutes, ou peut-être l'heure, que j'avais passé à chercher mes mots, cette heure où j'avais à de nombreuses reprises hésité à abandonner l'idée de l'écrit et à aller directement voir ma mère. Malheureusement, ce n'était pas possible, ce n'était pas faisable. Je parcourais le lieu, regardant les individus qui parlaient en cœur, certains riant, certains affichant un air sérieux. J'avais envi de voir mon père mais il n'était pas ici. Je savais que mes parents adoptifs ne vivaient pas comme un couple, que la relation qu'ils entretenaient était différente mais j'avais réellement envi que l'on se réunisse plus souvent, en famille. Mais, à présent, cela semblait compromis, du moins, pour la durée que prendrait mon voyage. Je devais me concentrer sur ma tâche, venger Tourlipoin. Je me rappelais d'ailleurs du vieillard, de son sacrifice pour me sauver. Ce vampire...si je le croisais à nouveau, il ne faisait aucun doute qu'il ne survivrait pas.

Alors que je pensais à cela, je marchais sans faire attention, percutant légèrement un animal qui couina. Les poils de ce dernier étaient couleur beige et rouge, et lorsque ses yeux se levèrent vers moi, je reconnu l'expression de Dies. Ces deux animaux se ressemblaient tellement que ça en était étrange. Pourtant, leurs robes n'étaient pas identiques. Je ne comprenais pas. Observant plus en détail l'animal qui ne semblait pas vouloir partir, je m'aperçus qu'à son cou, maintenu par une jolie petite ficelle dorée, un parchemin roulé se tenait. J'hésitais, était-ce à moi qu'il était destiné? Je finis par le prendre, me disant que si l'on m'accusait de quoi que ce soit je pourrai toujours m'excuser. Et puis, si cela se trouvait ce n'était qu'une plaisanterie des enfants qui s'étaient amusés à mettre un petit mot à quiconque oserait le prendre. J'imaginais déjà un parchemin vide d'écriture ou un « bouh » ou un « adoptes moi!! ». Cependant, le contenu de ce dernier fut tout autre et je m'aperçus qu'il m'était réellement destiné. Doucement, dépliant entre mes doigts la missive, je pus distinguer une écriture fine et ronde, légèrement penchée et mes yeux s'agrandirent :

« Je vous avez donné rendez-vous en ce lieu, aussi, afin que l'on puisse discuter tranquillement, veuillez vous rendre dans le jardin, vous me trouverez sous un arbre. Mitsuko. »

Oui, cette femme. Je la connaissais bien à présent, enfin, si l'on pouvait dire ça. C'est que, à tous les stades importants de ma vie, je l'avais croisé. Et je n'étais pas la seule car Violette six ans connaissait également son existence. Elle était intervenue à des moments importants, et même dans ma tête parfois. Quoi qu'il en soit, je devais me rendre au rendez-vous, j'en avais la certitude. C'était comme si mon inconscient me dictait ce que j'avais l'obligation de faire. Alors, enroulant de nouveau le parchemin, je sortis, la boule de poils me suivant sans que je m'en rende compte jusqu'au moment où je m'arrêtais sur le palier pour jeter un coup d'oeil dans le jardin afin de repérer la femme en question. A ce moment là, je sentis quelque chose me percuter et je m'accroupissais vers l'animal pour lui dire en souriant :

« Visiblement, je suis pas la seule à ne pas regarder où je met les pieds! »

Passant ma main sur sa tête, je caressais son pelage, celui-ci me prenant la main avant de la lécher affectueusement. Me redressant, je repérais Mitsuko sans trop de mal puisque je l'avais déjà vu avant. Néanmoins, à ces côtés, un homme se trouvait, un homme qui, pour le coup, m'était inconnu. De ce dernier ressortait une aura maléfique qui paraissait totalement contraster avec ce que dégageait l'apparence de sa compagne. M'approchant, toujours suivie de l'étrange animal, je me postais devant eux, quelque peu méfiante envers l'homme, attendant que quelqu'un dise quelque chose. Ce fut elle qui m'adressa la parole en première :

« J'espère que mon cadeau te plait. »

Le cadeau? Son regard désigna le petit animal rouquin qui s'était arrêté à mes côtés, maintenant assis, me regardant d'un air innocent. Je ne remarquais même pas que, contrairement à nos contacts passés, la jeune femme avait cessé de me vouvoyer.

Spoiler:

Ichiru observait Kitsune du coin de l’œil. Elle semblait apprécier la fête, ainsi que tout ce boucan assez insupportable. Il avait presque envie de s'en aller, mais puisque c'était lui qui était venu lui parler en premier, il craignait que son changement d'avis inopportun soit vu comme de l'insolence. Amanda allait encore lui faire la morale, et il détestait cela. Plus loin, Sudo et sa bande de copain observaient s'en aller un de leurs amis avec un jeune homme assez fermé. D'habitude, tous ces petits caïds faisaient la loi, et rien ne semblait pouvoir les dessoudés. Jusqu'à ce jour, où Kévin partait. Sudo était tout désolé, et baissait les bras d'un air totalement dévasté. Ichiru et lui se disputaient très souvent, mais pour une fois ce premier ne désirait pas aller chercher chicane. Il ne comprenait que trop bien ce que son rival ressentait : de la frustration, de la tristesse, mêlés à de la colère et à un sentiment d'injustice qui ronge. Pourquoi seulement certains d'entre eux allaient être choisis, et d'autres pas ? Est-ce que les adultes allaient encore faire d'eux des jouets que l'on prenait et jetait sans aucun scrupule ? Ils en avaient déjà fait les frais quand ils étaient petits.

Ichiru baissa les yeux, attristé. Il se souvenait de sa vie d'avant, bien avant que les personnes du Sanctuaire ne le recueillent, à moitié mort dans la montagne de l'Edelweiss Enneigée. C'était là-bas qu'il était né, et qu'il s’entraînait avec son père, Elemental de glace lui aussi. Leur famille était établie dans un chalet, à l'écart de toute civilisation, et n'avait besoin de rien d'autre que de l'amour que chacun se portait.
Kitsune vit qu'Ichiru serrait les poings. Il tremblait un peu, et faisait une grimace désagréable. Il se remémorait l'avalanche qui avait un jour fauché sa maison, avait sa mère à l’intérieur, alors que lui et son père étaient sortis pour l'entraîner à la magie. Alors la seule obsession de son père fut de retrouver le corps de sa femme, quitte à en oublier purement et simplement son fils.

« Papa... pourquoi on ne va plus jamais s'entraîner maintenant ?  » avait un jour demandé Ichiru, innocent enfant de sept ans, qui ne comprenait pas le désarroi de son père. Cela faisait un an que sa maman était morte, disparue sous la neige, étouffée, ou bien gelée, et bien que cela le rende très triste, il voulait savoir pourquoi son père ne voulait pas quitter les restes des ruines de leur maison.

Deux ou trois claques cinglantes plus tard, son père s'était calmé. En soupirant comme un monstre en furie, il lui répondit sur un ton qui ne fit jamais oublier ses paroles au petit Elemental :

« Tais-toi... Par pitié tais-toi ! Si tu n'avais pas été là... Je serais resté auprès d'elle. J'aurais pu la protéger. Mais à cause de toi, elle est morte. Morte, tu comprends ? On ne la reverra plus jamais ! »

Ichiru ne se souvient plus du nombre de coup qu'il prit suite à ces phrases, mais il était resté blessé durant des semaines. S'ils n'avaient vécu dans une grotte, il serait resté au lit. Le soir suivant, son père n'était pas revenu, ni celui d'après, et les cinq jours suivants il n'avait revu cet homme. Courageusement, Ichiru avait prit l'initiative d'aller le rechercher dans la Montagne. Bien qu'il ait été traité avec violence, il tenait à sa famille. A sa seule et unique famille qui lui restait. Mais il s'était évanoui à quelques centaines de mètres de la grotte, et le personnel du Sanctuaire l'avait trouvé et recueilli. Peu après, Ichiru appris que son père était porté disparu, et très certainement décédé. Mais rien n'était certain...

Kitsune avait penché la tête sur le côté, d'un air intrigué. Elle ne lui connaissait pas cette expression si mélancolique. C'était à croire qu'il allait se mettre à sangloter. Elle ne su que faire, si ce n'était poser une main protectrice sur sa tête blonde. Il se redressa, très étonné, et vit son maître qui souriait. En fait, il ne connaissait Kitsune que depuis quelques mois. Elle n'était pas au Sanctuaire lorsqu'il y était entré. Il se souvenait que le jour où elle fut nommée Professeur de combat, un voleur s'était introduit dans les cuisines, et y avait dérobé de la nourriture. Elle lui avait flanqué une belle raclée. Il avait tout vu de ses propres yeux. Elle était tellement puissante, et volontaire... Il n'avait qu'une seule envie depuis ce jour : devenir comme elle. C'est pourquoi il avait lourdement insisté pour assister à chacun des cours d'arts martiaux. Il prenait un plaisir intense à l'entraînement physique, qui n'avait rien à voir avec ceux de son père. De plus Kitsune savait comment le faire progresser, et il attendait chaque nouvelle leçon avec plus d'impatience que les précédentes. C'était difficile, très difficile, mais chaque cours était gratifiant. Il se demandait toujours avec plus de curiosité ce que Kitsune allait lui apprendre. Elle était son maître, et il entendait devenir son premier disciple, le meilleur et l'unique pour lequel elle aurait une véritable estime.

« Ça ne va pas mon petit ? » lui demanda Kitsune, sur un ton très doux.

Ichiru se dégagea vivement de la main de la jeune femme, mal à l'aise.

Je regardais la jeune femme qui me faisait face avec un air étrangement émerveillé. Je ne savais pas ce qu'elle faisait là, ni pourquoi elle s'intéresser à moi depuis tant de temps mais puisqu'elle m'avait posé une question, j'allais lui répondre. Regardant l'animal avant de me perdre dans ses yeux verts, je finis par sourire, rougissant légèrement :

« Oui je pense...il est réellement mignon. »

« Ne t'inquiètes pas, il a également une utilité bien précise. Je sais que tu possèdes deux autres animaux dont l'origine est incertaine mais tous font partis d'une légende, une légende racontant que la personne possédant les sept pourrait contrôler tous les éléments. A vrai dire, je ne peux te garantir que ceci soit vrai, mais peut-être pouvons nous essayer de le vérifier? »

Elle me sourit. En réalité, je ne savais pas quoi penser de cette révélation mais elle semblait sûre d'elle. Aussi, je ne l'avais pas remarquer précédemment mais la jeune femme tenait dans sa main une torche enflammée. S'accroupissant aux côtés de l'animal, elle lui parla d'une voix douce :

« Montre à ta nouvelle amie ce que tu sais faire Ignis... »

Ainsi ceci était le nom de cet animal? Ignis. C'était plutôt joli et, curieusement, cela s'adaptait parfaitement aux prénoms de mes deux autres animaux soit disant légendaires : Dies et Nocte. Alors que je réfléchissais à leur provenance, les flammes de la torche se déplacèrent, commençant à voler doucement dans l'air, formant quelques formes non définies. Je regardais cela, mes yeux se mettant à briller. Je murmurai alors :

« C'est une merveilleux cadeau. J'en prendrai soin, je vous assure. »

« Ce n'est pas le seul néanmoins. Mais le prochain ne vient pas de moi mais de ton père. »

J'étais étonnée par cette révélation. Ainsi Mitsuko connaissait mon père adoptif? Je ne comprenais pas comment cela était possible parce que je ne me souvenais pas l'avoir déjà vu en sa compagnie. Néanmoins, je savais que, surtout en ce qui concernait ses affaires, Blacky préférait me tenir en dehors de tout ceci. La jeune femme fit un geste vers l'homme de grande taille qui l'accompagnait. A vu d'oeil, il était aussi grand que Kyo et si je ne compris pas tout de suite qu'il était mon présent, la voix cristalline de la jeune femme me l'expliqua :

« J'ai cru comprendre que tu n'aurais pas le temps de te rendre chez Blacky pour lui annoncer ton périple à venir et c'est pour cette raison que j'y suis allée pour toi. Je voulais le prévenir également que j'allais te soutenir dans ta quête si tu le veux bien. Mais avant de parler de cela, je vais te présenter ton cadeau. Ton père a jugé bon de te fournir une protection de plus pour veiller sur toi, et ce ne sera sans doute pas la dernière. Quoi qu'il en soit, voici Lyuu, un démon mineur mais tout de même puissant. Je pense qu'il évoluera avec toi au fur et à mesure du temps. Pour l'instant ses pouvoirs ne se sont pas révélés mais il est très doué pour son niveau, notamment en ce qui concerne le combat à distance. C'est un excellent tireur et je suis sûre qu'il complètera Kyo à merveille. »

« Je euh... »

Je ne savais pas quoi dire concernant ce cadeau mais je regardais le démon qui semblait bien plus doux et gentils que mon garde du corps. C'était réellement étrange mais je ne me serai sans doute jamais douté qu'il faisait partie de la race démoniaque. Il prit alors la parole et je me mis à rougir jusqu'aux oreilles lorsqu'il m'attrapa doucement la main pour y déposer un baiser :

« Mademoiselle, je ferai tout ce qui sera en mon pouvoir pour veiller sur votre vie. Vous pouvez compter sur moi. »

« Merci...je...oui, merci. »

J'avais le sentiment que la situation était ridicule et je préférai reporter mon attention sur Ignis afin de ne pas montrer à quel point j'étais troublé.



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