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 Les Portes - Chapitre V

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Lana Kælaria
~ Sirène ~ Niveau I ~

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◈ YinYanisé(e) le : 20/01/2021
◈ Activité : En études
Lana Kælaria
Mar 22 Nov 2022, 07:29




Les Portes – Chapitre V

En groupe | Lana


Rôle :


La blanche appuya sa joue contre la main d’Elzibert. De la sienne, elle la caressa puis la pressa entre ses doigts. Elle resterait avec lui, quoiqu’il advînt. S’il ne voulait pas fuir, elle réunirait tout le courage dont elle était capable pour affronter tous ceux qui s’opposeraient à eux. La société, leur mère, leur frère, leurs amis s’il le fallait. Elle ne bougerait pas, tant qu’il saurait être le pilier de ses jours et de ses nuits, de ses déboires et de sa vie. Emportée par la danse de l’existence, elle tournerait autour de lui au rythme des violons de leur amour. Un sourire s’esquissa sur ses lèvres lorsqu’il annonça avoir un plan. « Ce n’est pas grave. On attendra le temps qu’il faudra. » De toute façon, elle ne pouvait pas rompre ses fiançailles avec Natanaël ce soir. Attentive, elle écouta les réflexions de son amant. Ses yeux s’arrondirent brutalement. Une surprise s’écoula d’eux, qui peignit tout son visage, jusqu’à la moindre fossette. « Tu… » Il avait couché avec la femme de son père. Savoir cela et avoir connaissance de sa liaison avec sa propre sœur en aurait fait rire plus d’un. On aurait pu faire des blagues sur ses aptitudes au jeu des sept familles ou railler ce garçon qui, au moins, ne risquait pas de souiller le sang des siens – à défaut de leur honneur ! Toutefois, Yvonelle n’avait pas envie de rire du tout. L’étonnement était sincère, proche du choc. Elle avait toujours cru avoir été sa première fois, parce que jamais, jamais au cours de leurs discussions intimes, Elzibert n’avait avoué à ses amis avoir déjà touché une femme. On le taquinait parfois en lui disant qu’il était aussi prude que Rosette. L’ironie de ces propos prenait là toute leur saveur : il était bel et bien aussi prude que la rousse, qui s’amusait allègrement avec le fiancé de sa meilleure amie. Il avait couché avec Eléontine de Tuorp. Les images qui s’imposèrent à Yvonelle piquèrent son cœur de pointes jalouses. Elle détestait devoir l’imaginer avec une autre femme, elle détestait savoir que cette étreinte-là avait eu sa réalité propre ; elle comprenait enfin, partiellement, lacunairement, ce qu’elle lui avait imposé durant des mois, des années, des siècles peut-être. Elle déglutit et resserra ses doigts autour des siens. « Je ne savais pas que… » C’était du passé, et elle percevait bien, à la gêne qui figeait son visage, qu’il n’en était pas fier. Aux élans sauvages de son cœur, elle ouvrit des cages de raison. « Peu importe. » Elle les y cadenassa, et se concentra sur la suite de son discours. « Oui, c’est une bonne idée. » Elle acquiesça, songeuse, avant d’opiner plus franchement à sa conclusion.

À contrecœur, elle lâcha sa main et se dirigea vers le château. « Le labyrinthe ? » Elle se tourna. Son regard chercha le sien. Un délicieux frisson courut de son échine à sa nuque et son palpitant s’emballa. Déjà, son imagination s’emballait. Elle avait envie de le sentir contre elle, en elle. Parce que c’était un besoin inhérent, parce que leurs projets la rendaient trop heureuse, parce qu’elle voulait oublier Eléontine. Elle n’ignorait pas, pourtant, qu’aucune union ne pourrait s’effectuer entre les hautes haies. Si Hermilius les avait surpris, n’importe qui pourrait le faire. Et ils devaient attendre. « D’accord. » répondit-elle tout de même, avant de l’y suivre. Ils déambulèrent entre la végétation peu de temps avant qu’Elzibert ne s’arrêtât inopinément. La blanche suivit son regard. La blonde et Ludoric de Tuorp. Elle cligna des yeux. « Si, c’est bien eux. » Vraisemblablement, pour elle aussi, tout s’arrangeait. Leur gestuelle parlait d’elle-même et, de là où elle était, Yvonelle parvenait à entendre certains des mots qu’ils se dédiaient. Ils parlaient bas, si bien que la majorité du discours lui échappait, mais elle comprenait qu’ils étaient deux amants qui se retrouvaient après trop de temps, qu’ils étaient deux âmes qui ne voulaient plus se quitter, deux cœurs qui s’aimaient avec toute la sincérité du monde. Elle sourit, et se remit à avancer, pour ne pas les déranger. Néanmoins, pour cela, le duo dut se rapprocher du couple. Malgré elle, elle entendit mieux, et surtout, elle entendit un mot, ou crut l’entendre. Son ouïe ne la trompait-elle pas ? N’hallucinait-elle pas ? Les syllabes avaient-elles été prononcées suffisamment distinctement ? Elle s’arrêta et fixa le binôme. Je t’aime, Placide.

Quelques secondes plus tard, un garde s’approchait des deux amoureux. Yvonelle leva les yeux vers Elzibert. « Tu as entendu ? » chuchota-t-elle, ses prunelles baignées de surprise. « Il a dit… » Elle secoua la tête, incrédule. « Il a dit « je t’aime, Placide ». Placide. » Le Prince. Le Prince et Ludoric de Tuorp ? Le fils du Roi et celui du plus grand coureur de jupons du royaume ? Une émotion violente secoua la blanche. À la lumière de cette révélation, beaucoup d’éléments trouvaient une explication. « Par tous les Dieux… » Ce ne fut qu’un souffle, et il n’en aurait pas fallu moins pour faire basculer l’équilibre du royaume. L’héritier aimait un autre homme. La jeune femme déglutit et, dès qu’ils s’approchèrent, accompagnés du garde, elle baissa les yeux pour éviter d’avoir à confronter leurs regards. Était-ce pour cela que Childéric d’Ukok faisait demander Ludoric ? Avait-il découvert la supercherie ? C’était peu probable. Ce devait être autre chose. Mais quoi ? « On devrait les suivre. » dit-elle, lorsqu’ils furent partis. « Enfin, je ne sais pas, mais… » Elle était curieuse, maladivement curieuse. Dès qu’une énigme glissait sous son nez, elle ne pouvait s’empêcher de plonger le nez dedans. C’était comme cela qu’elle se retrouvait à éplucher, dès qu’elle le pouvait, les journaux intimes et autres écrits de Rosette. « On pourrait peut-être tâter le terrain avec Childéric par la même occasion… » se justifia-t-elle. « Je les ai observés plusieurs fois, avec mère. Il n’est pas du tout indifférent à son charme. » Peut-être qu’il souhaitait l’épouser, oui. Peut-être serait-il ravi de pouvoir reconnaître Elzibert ?



Message XII – 1009 mots


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Mar 22 Nov 2022, 12:25

Chelae
Le Conte
Ce n'était pas seulement son palpitant qui s'affolait, mais bien tout son être. Ce n'était pas seulement son corset qui oppressait sa taille, c'était bien tout son corps qui avait été enfermé dans un étau trop étroit. Son plongeon dans l'atmosphère fraiche de la nuit dégonfla peu à peu sa panique dilatée, au bruit d’un léger sifflement dans ses oreilles. Son anxiété s'engourdissait un peu, du moins suffisamment pour la laisser respirer et avoir des pensées rationnelles. Clémentine ressentit le besoin de s'appuyer à quelque chose, alors c'est ce qu'elle fit. Ses mains, puis progressivement ses coudes, se posèrent sur la rambarde glacée. Elle contempla ce qu'il restait du jardin, englouti pas l'obscurité, le temps pour qu'une présence ne vienne prendre place à ses côtés. Elle comprit rapidement qu'il s'agissait de Gustave. Elle ne lui répondit pas. Des larmes avaient commencé à couler sur ses joues, mais c'était à peine si elle les avait remarquées avant qu'elle ne renifle. Elle sentait toujours le sang battre sur ses tempes.

-Merci.

Elle récupéra le verre qu'il lui tendait, en contempla le contenu doré, puis but. Clémentine resta muette. Elle était toujours prostrée sur sa première interrogation. Elle finit par secouer la tête.

-Excusez-moi.

Elle ignorait quoi lui dire, hormis lui partager le fait qu'elle s'était trompée sur toute la ligne : si ce bal était effectivement mémorable, ça n'était en rien pour le meilleur, comme elle avait souhaité le prédire.

-Disons que je m'attendais à passer une belle soirée et qu'au final, je n'ai même pas pu faire une danse complète.

Elle essuya ses larmes. Elle aurait préféré que l'homme ne la voit pas ainsi. Surtout que ses pleurs trahissaient sa naïveté maladive.

-Excusez-moi. C'est stupide et égoïste. Vous me voyez dans mon plus piètre état ce soir.

Elle prit une inspiration, se redressa et trouva enfin le courage de se tourner vers son interlocuteur.

-Vous ne devriez pas avoir à entendre, ni voir tout cela. Vous devriez peut-être trouver meilleure compagnie que moi.

La d'Ukok avait déjà terminé son champagne. Elle se souvenait à peine en avoir bu, pourtant. L'attitude dans laquelle était plongée se détournait lentement, mais sûrement, de celle qu'on lui attribuait en temps normal. Clémentine se voyait sombrer vers une sorte de pessimisme et cela l'effrayait, sans pour autant qu'elle ne cherche à s'y opposer. Elle se sentait plus lucide que jamais mais s'étonnait que ce fut à cause de l'alcool : elle n'en avait pas beaucoup consommé. La dame leva la tête pour observer les étoiles. Elles n'étaient pas nombreuses ce soir.

-Ma sœur m'a rapporté plus tôt qu'Hermilius avait proféré des propos outrageants au sujet du Roi et de moi-même. Il aurait suggéré que Sir de Lieugro ferait de moi sa catin, parmi tant d’autres femmes. Qu'y-a-t-il d'attentionné là-dedans ? Je suis navrée. Mon intention n'est pas de blasphémer sur votre famille, loin de là. Mais comprenez que je n'ai aucune raison de douter des paroles de ma sœur. C'est une femme droite et honnête. Elle ne me mentirait pas.

En ce qui concernait Gustave, elle n'en savait rien. L'on disait qu'il séduisait tant, qu'il trompait sa femme, mais elle ne se permettait pas l'affront que croire sur paroles à toutes ces rumeurs. En revanche, elle avait assez peu de doutes sur le fait qu'il fût un beau parleur. Il était donc tout naturel de se demander s'il lui mentait. Pensait-il réellement qu'Hermilius était un homme bon ? Ou bien cachait-il une vérité plus lugubre sur son compte ? La situation pinçait le cœur de Clémentine. Gustave se montrait aimable avec elle et elle se sentait incapable de lui rendre la pareille. Elle ne parvenait pas à lui faire confiance. Ernelle avait parlé.

-Vous avez raison. Je devrais me marier à celui que j'aime. Mais je crains que ce ne soit pas en la personne d'Hermilius que je trouve ce bonheur. Et au cas où vous vous interrogeriez, ce n'est pas non plus en la personne de Montarville.

Ses doigts se resserrèrent sur la rambarde qu'elle tenait toujours. Elle se fit une promesse : il était temps de dévoiler son amour à Placide. Clémentine prenait la décision de lui écrire au plus tôt, à la suite de ce bal. C'était décevant : elle aurait davantage souhaité le lui dire en face, mais les circonstances n'étaient pas propices à cela à l'heure actuelle. La dame poussa un soupir las.

-Je ne sais pas si...

Elle ne savait pas si elle avait envie d'une promenade. Après tout ce qu’il s’était passé, elle n’avait plus goût à grand-chose. Gustave avait certainement raison, cela leur permettrait de se changer les idées. Cependant, était-ce décent, après ce qu'il venait de se produire dans la salle de bal ?

-Soit. Allons-y. Si je m’obstine à l’intérieur, je vais finir par déprimer complètement.

A bas les circonstances ; ses proches avaient raison : elle devait penser à elle également. Clémentine glissa son bras sous celui que lui présenta son cavalier et tous deux se dirigèrent vers les jeux de végétation.

-Oh, ne serait-ce pas votre fils là-bas ?

Elle lui désigna un couple, qui reprenait la direction de la salle de bal.

-Il se trouve en charmante compagnie.

Elle reconnaissait sans difficulté Candice, à la suite du fils. Clémentine était heureuse que celle-ci ait finalement trouvé son cavalier. En revanche, la présence du soldat à leurs devants, sans compter l’absence d’aménité générale, ne lui disait rien qui vaille. Leur sollicitation avait-elle un rapport avec l’intervention de la princesse Zébella ? Ou bien était encore un incident différent ?

-J’espère que tout va bien… Murmura-t-elle, alors qu’elle et Gustave s’enfonçaient dans la nuit.

~939 mots~

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Susannah
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Susannah
Mar 22 Nov 2022, 16:19

Les Portes - Chapitre V  - Page 20 Lrvr
Les Portes V - Le Conte II
Zébella




Rôle:

L'adrénaline s'infusait encore dans ses veines quand Zébella fendit la foule pour rejoindre le buffet. Sans regarder personne, elle bouillonnait, à moitié prête à changer d'avis pour revenir achever le vermicelle. Mais la tâche était trop facile. Une nuit et une journée entière passées à se tourmenter sur le duel lui paraissait une punition plus appropriée, où chaque rappel sec de l'horloge le ferait frémir. Elle le voyait déjà, pâle, tremblant et frêle comme une feuille, peinant à soulever son épée. La vision lui arracha un rire amusé. Peu à peu, le brouillard de haine dans lequel elle nageait s'estompait, au profit d'une clarté nouvelle.

Tranquillement, elle se pencha sur le buffet et se décida pour une figue confite qu'elle enfourna avec délices dans sa bouche. Voilà qui chasserait parfaitement le goût répugnant sur sa langue de ce garçon qui avait osé porter la main sur elle. L'imbécile. Même dans un Royaume plus laxiste qu'Uobmab, il fallait être insensé pour abuser d'une princesse.

Tout en s'essuyant le bout des doigts sur une serviette, Zébella accueillit Lambert et son verre sans un mot. Le souvenir de leur échange lui revint en tête et elle esquissa un demi-sourire. « Oui. Je me souviens de vous. J'imagine que ce n'est pas pour me reprocher d'avoir contrecarré les jeux que vous êtes venus me voir. Croyez bien que j'aurai préféré m'amuser à chevaucher mon partenaire de ruban, quel qu'il soit, plutôt que la funeste succession de nouvelles dont j'ai été accablée. » À l'inverse de ses mots, la princesse n'avait pas du tout l'air de s'apitoyer sur son sort. Elle amena au contraire son verre à ses lèvres d'un geste presque enjoué. Elle n'avait pas encore vu Merlin mais il lui tardait de le narguer. Sa colère serait aussi exquise que les mets décorant le buffet.

Elle haussa ensuite un sourcil. Evidemment qu'il la croyait. Qui oserait l'accuser de mensonge ? Quelqu'un qui n'avait pas peur de perdre sa tête, certainement. Sans répondre, son regard suivit celui de Lambert, jusqu'au dit médecin qui conversait avec une jeune femme. Les rouages dans sa tête s'imbriquaient sur les propos du conseiller et elle sut y trouver un brin de bon sens. Simplement, il n'avait pas toutes les informations. « Il n'est pas nécessaire que je sois examinée. La princesse Coline était présente, elle pourra témoigner dans l'éventualité où Déodatus survivrait. » Un reniflement moqueur lui échappa. Il n'avait aucune chance. Elle était née avec une épée dans la main et maîtrisait déjà l'escrime à cinq ans ; et même si elle était la première à dénigrer Merlin, il était certain qu'il gagnerait ce duel face à ce ridicule jouvenceau. Elle n'avait évoqué Judas que pour s'amuser et voir la terreur hanter le regard de Déodatus à cette perspective. « En revanche, demandez-lui de me donner quelque chose pour débarrasser mon ventre de tout ce qui pourrait avoir l'audace d'y grandir. » Elle frissonna à l'idée de voir sa silhouette changer à la suite de cette nuit. Si cela devait arriver, un poignard trouverait le chemin jusqu'à ses doigts pour se débarrasser elle-même de l'indésirable.

Zébella leva les yeux sur la princesse de Lieugro, celle qui n'avait pas perdu sa culotte, même si elle n'avait pas vérifié ; ces choses-là s'enfuyaient très facilement lors de telles festivités. Un sourire satisfait réceptionna ses paroles. « Merci, Princesse Adolestine. Pour le moment, savoir que justice sera faite suffit à apaiser ma colère. » Elle ne donna pas suite aux autres propositions. Quitter la salle comme une lâche ? À qui croyait-elle s'adresser ? Pensait-elle que Zébella acquiescerait et courrait s'enfermer dans une pièce pour pleurer toutes les larmes de son corps sur la perte de sa mère et de sa virginité dans la même journée ? Mais la bleue s'était rendue compte dès le premier jour qu'ils étaient peu nombreux à comprendre dans quelle roche étaient sculptés le peuple d'Uobmab. Elle la salua d'un hochement de tête et la regarda s'éloigner. « Je n'ai nul besoin qu'on s'occupe de moi, Messire. » Clarifia-t-elle. « Vous avez certainement mieux à faire. » Et moi aussi, songea-t-elle en cherchant Clémentin parmi les danseurs et les autres gourmands qui hantaient le buffet. Où était-il passé ? Pourquoi ne venait-il pas la voir ? S'était-il trouvé une noble qui avait le jupon léger ? Après tous les évènements de la soirée, la légère pointe de jalousie qui la traversa lui parut fade et elle la chassa d'une pichenette mentale. Elle s'occuperait de son cas quand il daignerait réapparaître. Ensuite, elle lui ferait comprendre qu'à ce rythme, ce ne serait plus des chevaux qu'il s'occuperait, mais des cochons dans la porcherie. Les ingrats ne méritaient pas un meilleur sort que les violeurs.

Le discours de la princesse déposa un sourire dépourvu de bienveillance sur ses traits. Bien qu'elle saluât sa prise de parole, ce n'était qu'une preuve supplémentaire que rien n'allait dans ce Royaume. Il était évident qu'elle n'était guère habituée à cet exercice, son trac se sentait à des kilomètres à la ronde. Certains n'étaient tout simplement pas nés pour le rôle qui leur avait été assigné. Si elle était née des cuisses de Judas, il l'aurait certainement étranglée plutôt que de laisser croître cette graine de faiblesse sans charisme.

Message XII | 939 mots


Les Portes - Chapitre V  - Page 20 7qoc
Merci Jil  Les Portes - Chapitre V  - Page 20 009 :
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Jämiel Arcesi
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Jämiel Arcesi
Mar 22 Nov 2022, 17:25

Love's Grip par Eva Soulu
Les Portes

Le ton, froid et tranchant, que lui assena Judas fit naître un frisson glacé qui se propagea le long de la colonne vertébrale d'Adénaïs. Une voix au fond d'elle avait tenté de la prévenir que l'idée était mauvaise, que ce n'était pas vers Judas qu'elle devait se tourner pour épargner son fils. Elle n'y avait pas prêté attention. Maintenant cette même voix lui criait de le laisser à ses affaires et s'en aller tant qu'elle le pouvait encore. Mais, encore une fois, elle l'ignora. À la place elle se pinça la lèvre inférieure pour répondre au souverain. « Ce n'est pas exactement pour cela que je suis venue vous voir Monseigneur, bien que l'affaire soit liée. ». Elle n'était même pas certaine qu'il l'écoutât. De toute façon, elle ne put entrer plus dans les détails. L'intervention du soldat eut toutefois pour étrange conséquence de l'irriter à son tour, plutôt que la rassurer. Elle savait que sa parole à lui serait plus écoutée pour la raison que la garde n'intervienne que rarement pour des broutilles, surtout lorsqu'un viol venait d'avoir lieu pour ainsi dire sous leurs yeux. La raison de sa venue dévoilée, son regard jusqu'alors tourné sur le soldat, tomba au sol. Là était le contexte qu'elle avait souhaité elle-même exposer au roi d'Uobmab. Elle aurait ensuite enchaîné sur la part de responsabilité qu'il semblait avoir dans la stupide décision de son fils. C'était ainsi qu'elle aurait souhaité que les choses se déroulassent. Elle reporta ainsi son intention sur Judas, avec l'idée de passer directement à cette seconde partie. Néanmoins, à la rencontre de l'œil glacé du brun, elle ne put qu'être statufiée. À croire que cette nouvelle ne lui faisait ni chaud, ni froid. Sa main sur son épaule eut ainsi moins l'effet de la réconforter que de sentir la Mort qui venait la saluer avant prendre Déodatus. Un sentiment si proche de la vérité. « Qu– ». Elle écarquilla les yeux. Que venait-il de dire ? Non. Il n'avait pas le droit. Pas encore. Elle aurait voulu répliquer. Par les mots, en lui sommant de rester, qu'elle n'en avait pas fini avec lui, qu'il lui devait de mettre un terme à la folie de sa fille. Par les gestes, en le retenant de ses mains agrippées à ses vêtements comme une tique, en le frappant pour qu'il comprenne la douleur que son sang lui faisait subir. Il n'en fut rien. Elle ne put que se murer dans un silence de mort, incapable de tout mouvement.

Le sol se déroba sous ses pieds. Elle ne fit rien pour lutter. À terre, son regard se perdait dans un abîme sans fin. Elle venait de tomber tête la première dans des ténèbres que rien ni personne ne pourrait l'en sortir. Elle s'enfonçait dans ces profondeurs obscures comme une pierre dont rien n'empêchait la chute. Il n'avait fallu que d'une phrase pour que Judas brise le dernier fragment de résilience lui permettant de sourire encore. Le monde lui était à présent froid et insipide. Son cœur était trop meurtri pour pouvoir encore se raccrocher à la moindre étincelle pouvant se dessiner dans son horizon infini. Autour d'elle, il n'y avait plus que le silence. Même ses pleurs se faisaient sans bruit. Seuls les sillons sur son visage, tracés par le ruissellement des larmes, témoignaient de leur présence. « Ma Dame. ». C'est à peine si la voix la sortit de sa torpeur. Elle releva tout de même le visage pour fixer d'un regard vitreux la nouvelle présence. Un garde. Encore. « Tout va bien ? ». La réponse lui arriva en la forme d'un regard noir jeté par la veuve, se faisant ainsi mentalement remarquer que sa question était des plus ridicules. Bien sûr que ça n'allait pas. « Le commandant est à votre recherche. » essaya-t-il de corriger le tir. « Childéric s'inquiète bien trop pour moi. » fit-elle plutôt, sans la moindre chaleur. Elle était brisée et plus rien, à l'heure actuelle, ne pouvait la sauver. Elle trouva tout de même la force de se relever pour faire face au soldat, comme elle reprit la parole. « Vous pouvez lui dire que vous m'avez trouvé maintenant. » - « Il m'a également chargé de ne pas vous quitter des yeux jusqu'à son retour. ». Ceux de la blonde se tournèrent vers la salle de bal. Plutôt que de répondre elle prit place sur le banc, abandonné quelques minutes plus tôt par son gendre. Sa volonté avait disparu en même temps que ses espoirs. Déodatus était sa dernière accroche au souvenir de Mathias. Il ressemblait tant à son père. Elle craignait qu'en perdant Déodatus, elle perde définitivement le souvenir du visage de son époux avec. Elle en serait mortifiée.

Elle se passa les bras autour d'elle, moins pour se protéger du froid nocturne que pour chercher l'apaisement. Elle voulait s'allonger. Dormir. Puis se réveiller sous un jour nouveau. Elle tirerait les rideaux des fenêtres et savourerait la chaleur des rayons matinaux au printemps. Puis elle ouvrirait la porte pour quitter la solitude d'une chambre à coucher vide. Mathias l'accueillerait dans le salon, en bas des escaliers, une tasse de café fumante sur la table et un livre en main qu'il poserait pour la saluer dans une étreinte amoureuse. Dans les couloirs raisonneraient les notes du piano d'Yvonelle. Déodatus se présenterait les mains noircies par ses crayons. Elzibert... Il n'aurait pas eu ce visage. Mais elle ne doutait pas qu'il aurait eu les mêmes passions. Le parfum d'un bouquet de roses embaumerait l'air. Elle serait heureuse. « Madame. ». Quoi encore ?, siffla mentalement Adénaïs en portant son attention sur la domestique. « Monseigneur le prince Merlin souhaite vous faire passer un message. ». Tout son être se crispa à la mention d'Uobmab. Elle ne voulait plus jamais entendre parler de cette famille, ni maintenant, ni jamais. Pourtant elle demeura tout ouïe. « Sous son lit ? » répéta-t-elle machinalement. Puis, le message repassant en boucle à son esprit, elle prit conscience que ce n'était pas ça le plus important dans cette phrase. « Un souvenir ? ». Son cœur se remit à palpiter plus fort. Jusque-là sur le sol, elle planta ses iris dans celles de la servante. « Comment ça, "un souvenir " ? ». Elle se redressa avec la lenteur d'un esprit perdu et cherchant à comprendre ce qu'il se passait. « Où se trouve Merlin ? ». Elle effectua un pas en direction de la jeune femme. Un orage commençait à gronder dans sa poitrine. La pluie se faisait déjà présente dans ses yeux embués et le tonnerre roulait dans le fond de sa voix. « Où se trouve mon fils ? » continua-t-elle son avancée, le corps menaçant du tourment qui l'affligeait. « Où se trouve mon fils ?! » se répéta-t-elle avec le cri du désespoir, se jetant sur la messagère mais stoppée dans l'élan par le garde toujours présent. « Lâchez-moi ! » hurla-t-elle en se débattant. L'orage devenait tempête et son cœur avait maintenant la puissance d'un tambour de guerre dans sa poitrine. Plus rien n'avait d'importance maintenant. Qu'ils fussent soldats, rois ou paysans, ils n'étaient tous que des obstacles qui l'empêchaient de s'enquérir de l'état de son fils. « Laissez-moi ! Je dois aller voir mon fils ! » continua-t-elle, prête à lacérer de ses ongles tous ceux qui la retenaient, le soldat le premier. Elle n'avait cependant pas la force de quitter son emprise et, freinée trop longtemps par celui-ci, elle fut incapable de maintenir cette tempête plus longtemps qui s'essouffla avec sa rage. À bout de forces, elle ne put que s'effondrer dans les bras du soldat. « Laissez-moi le voir. Laissez-moi... » continua-t-elle à supplier, le front sur le torse du soldat désemparé et ses sanglots étouffés par l'étreinte forcée tandis que ses larmes tombaient en cascade au sol. Si elle tenait debout, c'était seulement parce que le soldat la maintenait fermement par les bras. D'un regard, celui-ci intima à la domestique de quitter les lieux. Intérieurement, il supplia son supérieur de faire vite comme il comprit la raison pour laquelle il l'avait envoyé la trouver.
:copyright: ASHLING POUR EPICODE




Mots 1361 | Image 13 - 练 习 par YuCong Tang
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Kaahl Paiberym
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Kaahl Paiberym
Mar 22 Nov 2022, 18:56



Les Portes


« Vous… me défendrez ? » articulai-je, après un silence durant lequel ma seule fonction avait été de contempler les flammes qui dansaient dans ses yeux. J’aspirai mes joues pour les empêcher de servir un sourire flatté. Elle venait de lister les qualités desquelles elle m’habillait et ses yeux dans les miens s’étaient ancrés. Il me fallait rire, pour que la situation se débloquât. Il me fallait reculer, pour l’empêcher de rester plantée là. Elle avait voulu rejoindre la porte plus tôt. Que faisait-elle, à présent, si proche de moi ? N’avait-elle pas peur de ce que je pourrais lui faire ? Que désirait-elle ? Que pouvais-je lui donner ? Rien. J’avais beau être soi-disant courageux, sensible et honnête, je n’étais qu’un palefrenier. Ce serait une erreur, malgré l’envie. Si je commençais, je n’étais plus sûr de savoir m’arrêter. Je ne pouvais pas lui faire ça. Je détournai les yeux et me décalai sur le côté, en me raclant la gorge. « Je vous remercie de votre… » Je cherchai un mot adapté. « … sollicitude. » Je devais l’éloigner de moi. Je le devais mais serait-ce une attitude juste ? Je ne pouvais pas décider pour elle, si ? N’était-ce pas l’infantiliser que de décréter qu’elle ne savait pas ce qu’elle faisait ? Qu’elle regretterait ? Que JE devais l’en empêcher ? Parce que c’était ça. Dans ses yeux, il me semblait percevoir tout ce que j’avais toujours voulu y trouver. Alors… était-il de mon devoir de décréter qu’elle ferait fausse route si… Je fermai les yeux. Je n’avais rien le droit d’espérer. Je n’étais personne. Pourtant, j’en avais rêvé à plusieurs reprises. Si je fuyais maintenant, il n’y aurait peut-être plus de seconde chance. Mais jusqu’où pourrions-nous aller ? Et si… si je m’inventais cet éclat, figé au creux de son regard ? Si elle s’avérait aussi fuyante qu’un oiseau ? Si je lisais mal en elle et la blessais en me montrant bien trop entreprenant ? Mes prunelles tombèrent sur ma main, à présent seule. On ne vivait qu’une fois. On ne vivait qu’une fois et il n’y avait aucun moyen de savoir quand est-ce que s’arrêterait notre existence. Aujourd’hui ? Demain ? Dans dix ans ? Je déglutis et me dirigeai lentement vers la porte. Ma main actionna la poignée mais uniquement pour vérifier qu’elle était bien fermée à clef. J’inspirai lentement et expirai. J’étais peut-être sur le point de faire une grosse bêtise et peut-être celle-ci allait-elle mettre un terme définitif à notre relation mais… mais je n’étais pas fou. Ce que j’avais lu dans ses yeux, ce que j’avais perçu dans sa respiration… tout ceci faisait écho à mes propres émotions.

Soudain, je me mis à marcher afin d'arriver jusqu’à elle. Je posai mes deux mains dans son cou. Mes pouces se calèrent sur ses joues. « Rosette… » Ses cheveux tombaient en cascades rougeoyantes. « Je n’ai rien à vous offrir hormis mes poèmes et je sais bien que vous ne pourrez rien m’offrir non plus. Nous venons de deux mondes trop différents pour qu’ils puissent s’unir éternellement… » Ses yeux verts étaient comme des émeraudes. « Je voulais vraiment me convaincre de rester loin de vous mais… je n’y arrive pas. » Ma gorge se noua momentanément. « Je n’aurais jamais dû venir vous parler et vous avouer que j’étais à l’origine des poèmes que vous receviez. Je l’ai fait parce que je voulais que ce soit le dernier acte de notre semblant de relation. Mais depuis… depuis, un dernier acte est impossible à envisager pour moi. » C’était ça. Je voulais profiter encore et encore d’elle, la regarder vivre, l’écouter parler, me tenir à ses côtés. « Je sais que c’est de la folie mais… » Je ne continuai pas ma phrase. Ça ne servait plus à rien. Ça ne servit d’autant plus à rien lorsque mes lèvres se posèrent sur les siennes. La chaleur irradia et toutes mes craintes s’envolèrent. Ça n’avait plus d’importance. Ça n'en aurait que si elle me repoussait. Je ne lui avais pas posé la question concernant ses expériences passées mais, là encore, ça n’avait plus d’importance. Mon baiser se transforma. Il devint plus chaud, plus avide. Mes mains descendirent sur elle et, de son dos se déplacèrent sur ses fesses. Je la soulevai et fis quelques pas pour la poser sur le bois d’une table d’appoint. Le chandelier qui se trouvait dessus bascula sans que je ne perçusse le bruit de sa chute. Il n’y avait que celle des reins de la rousse qui m’importait, à présent. Mes doigts l’attirèrent à moi et mes baisers descendirent dans son cou. Je me laissai aller à respirer contre elle et remontai mes lèvres contre son oreille. « Dîtes-moi d’arrêter. » Parce que, sinon, j’allais continuer et ce serait trop tard.

793 mots
Erasme (Clémentin):
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Kaahl Paiberym
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Kaahl Paiberym
Mer 23 Nov 2022, 17:30



Les Portes


Je soufflai par le nez. « J’ai entendu, oui… » murmurai-je, tout bas, sans pouvoir m’empêcher de traiter l’information sous un certain angle. Depuis qu’Yvonelle et moi étions proches et qu’elle était promise à un autre, j’avais pris l’habitude malsaine de tenter d’envisager toutes les possibilités qui se présentaient à moi. Au sein de l’amour que je ressentais pour elle, il y avait une goutte de haine. Cet amour était tel à un océan sur lequel des navires voguaient paisiblement. Pourtant, dans le lointain, la tempête grondait déjà, prête à déchainer les eaux et à couler les voyageurs imprudents. La joie que j’avais éprouvée à l’entendre m’avouer qu’elle désirait quitter Natanaël pour m’épouser s’était légèrement dissipée. Dans mon esprit, à présent, il y avait un doute de plus en plus grand : celui qu’elle pût changer d’avis. Sans le vouloir, j’étais déjà en train d’envisager ce chemin et, surtout, les moyens de la retenir à moi coûte que coûte. Dans les nombreux livres que je lisais, il y avait souvent un héros : juste et droit, quelqu’un de fiable et d’aimant, qui finissait par triompher à la seule force de sa volonté et de son honnêteté. J’aurais souhaité être celui-ci. J’avais pourtant appris, à force de vivre la frustration de voir la femme que j’aimais au bras d’un autre, à force de passer en deuxième position et, surtout, à force de devoir me taire et cacher certaines choses et certains penchants, que je n’étais pas ce héros. Je n’étais pourtant pas comme mon frère. Déodatus était une ordure, un déchet qui ne méritait rien. Ses apparitions, dans les livres, étaient toujours brèves parce qu’il était pathétique. Je ne voulais pas être pathétique. Je voulais gagner. Je tournai les yeux vers Yvonelle. Je l’aimais. Je l’aimais mais si je ne finissais pas par l’avoir, personne ne l’aurait. Je la briserais. Je la briserais parce qu’elle avait trop joué avec moi, volontairement ou non. Elle m’avait rendu fou. C’était de sa faute : à force de la voir se pavaner au bras de Natanaël, j’en avais tiré des conclusions. En me remémorant certains moments, je n’avais pu m’empêcher de songer qu’elle l'avait fait exprès, pour nourrir ma jalousie. Était-ce un jeu pour elle ? L’avait-ce été ? Deux pour le prix d’un, alors que je ne cessais de chercher des solutions pour que nous pussions rester ensemble ? Elle n’avait pas intérêt à changer d’avis. Je devais l’enchaîner à moi, afin que quoi qu’il se passât à l’avenir, elle ne pût jamais s’échapper. J’en avais marre d’être le gentil, celui qui attend en silence d’obtenir ce qu’il convoite. J'allais agir.

« Oui… » Elle avait raison. Avoir été les témoins de la romance entre Placide et Ludoric pourrait sans nul doute nous apporter des avantages. Certaines opportunités ne se refusaient pas. Ludoric était le fils de Gustave, un rouage en plus à manœuvrer pour obtenir ce que je désirais de mon père potentiel. J’avais baisé sa femme et son fils baisait le Prince. Tout n’était qu’une question de baise, finalement. Il s’agissait d’un jeu : le jeu de celui qui baiserait le plus les autres. En cela, je n’étais plus tout à fait d’accord avec la position que j’avais prise, plus tôt, lorsque le feu de mes émotions avait pris le dessus sur ma raison. Il était hors de question de me faire reconnaître par n’importe qui et, dans le cas où Gustave refuserait de le faire, je lui ferais payer son refus. Quant à l’homme qui le remplacerait, il faudrait que ce fût quelqu’un de plus haut gradé que le de Tuorp. Je me vengerais et il regretterait. « Tu as raison, suivons-les. » La présence du garde était curieuse. Qu’y avait-il ? S’étaient-ils fait pincer ? Je soufflai une nouvelle fois par le nez. Tout de même, baiser un autre homme, quelle honte. Pouvait-on seulement appeler ça un homme ? Placide avait le physique d’une fille. Dans sa robe, il ressemblait à une princesse. Il en était presque attirant. Dommage qu’il n’en fût pas une. « On demandera à Childéric. »

En suivant le trio de tête, mon regard tomba sur Gustave, en compagnie de Clémentine. « Attends-moi, s’il te plaît. » murmurai-je en direction d’Yvonelle, avant de m’avancer vers l’homme. Mes yeux dans les siens, j’émis un rire entre le dépit et la pitié. « Que faites-vous ? Ça ne vous suffit pas de coucher avec ma mère dans le dos de votre femme ? » Je tournai des yeux orageux vers Clémentine, avant de les poser de nouveau sur mon géniteur. « Quand je pense que vous êtes mon père, j’ai envie de vomir tellement vous êtes lâche. » Je ris par le nez. « Je vous conseille de me reconnaître, et vite. Sinon, vous allez beaucoup moins rire d’ici quelques temps. » Si je ne faisais sans doute pas le poids physiquement, j’avais des arguments et une témoin. « Je ne crois pas que votre femme apprécierait que tout le monde sache qu’elle s’amuse à dépuceler des adolescents. » articulai-je, sans baisser la voix. « Ce qu’elle a fait avec moi, elle a dû le faire avec d’autres. » Je levai le menton. « Réfléchissez-y. » lâchai-je, avant de tourner les talons et de rejoindre Yvonelle. Là, j'envoyai un coup d’œil mauvais à Gustave. Il avait intérêt à réfléchir vite. En cas de refus, j’allais faire de sa vie un enfer.

892 mots
Je viens déranger, encore  Les Portes - Chapitre V  - Page 20 943930617
Lucius - Elzibert:

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Mer 23 Nov 2022, 19:25




Les Portes – Chapitre V

En groupe | Yngvild


Rôle :


Tournée vers la porte, la tête légèrement inclinée vers le sol, le regard bas, Rosette s’apprêtait à suivre Clémentin jusque dans la salle de bal. Leur parenthèse enchantée devait avoir une fin. C’était inéluctable. Elle devait trouver ses parents, ils devaient vérifier que les princesses allaient bien, et s’en aller chercher le Roi si tel n’était pas le cas. Comme elle le lui avait promis, elle le défendrait s’il le fallait. Ensuite, la fin du bal les jetterait dans la gueule ennuyeuse de leurs vies, et l’indifférence devrait à nouveau paver leurs visages. Y parviendrait-elle ? Il ne continuerait probablement pas à lui écrire des poèmes. En songeant qu’elle ne pourrait plus que relire tous ceux qu’il avait déjà déposés dans la cage de ses oiseaux, un pincement saigna son cœur. Tous ses fantasmes étaient partis en fumée. Il aurait fallu que le palefrenier fût un noble ou qu’elle ne fût qu’une paysanne ou une domestique du palais. L’aurait-il remarquée ? L’adolescente déglutit, comme pour essayer d’avaler le deuil de cette relation avortée. Soudain, deux mains se calèrent dans son cou. Elle releva les yeux ; ceux-ci plongèrent dans les prunelles de Clémentin. L’oisillon se mit à battre des ailes plus fort, plus vite ; il s’empêtrait dans ses mouvements, se retournait sur lui-même, bondissait contre les barreaux de sa cage. « Clémentin… » souffla-t-elle, un pli soucieux entre les sourcils. Il fallait qu’il cessât de parler. Elle ne pouvait pas le laisser continuer, elle ne pouvait pas entendre ce qu’il avait à dire. Pourtant, les mots coulaient de la bouche du brun, quand ils demeuraient coincés au fond de sa gorge. Il formulait ses pensées avec une facilité débarrassée des interdits. Elle se mordit la lèvre et voulut secouer la tête, mais sa nuque était figée, toute attachée à la présence de ses doigts sur sa peau. Ses pupilles ne quittaient pas les siennes. Elle en était incapable. Lentement, elle s’y enfonçait ; la noyade la guettait, et cependant, elle n’avait jamais eu aussi peu peur de mourir.

Quand ses lèvres touchèrent les siennes, les vagues de l’océan frappèrent son corps ; et toutes ses falaises de raison s’effritèrent dans l’écume de la passion. Ses mains s’ancrèrent aux hanches du brun ; ses doigts se pressèrent sur les récifs osseux. Dans leur baiser, elle impulsa toute la force du séisme qu’il faisait trembler en elle. Il devinerait sans doute qu’elle avait déjà navigué sur d’autres mers, mais peu lui importait. De ce qu’elle savait, peu étaient les jeunes gens, de la noblesse ou du peuple, à attendre le mariage avant de s’adonner aux plaisirs de l’amour. Peut-être s’attendait-il à ce qu’elle fût de ceux-là ? Partout où elle allait, elle promenait cet air ingénu que certains s’amusaient à taquiner. Rosette la prude, Rosette la coincée, Rosette l’inatteignable. Tissu de mensonges jeté sur des pratiques discutables, à défaut d’être répréhensibles. Contre les lèvres de Clémentin, rien de tout cela ne comptait.

Elle noua ses bras autour de son cou lorsqu’il la souleva, et se laissa porter jusqu’à la table. Sa bouche ne quitta pas la sienne. Dans le fracas assourdissant de son cœur contre ses tympans, dans l’obnubilation excessive de ses sens par les gestes du brun, elle oubliait le monde autour d’eux. Rien n’était vraiment tangible, sinon son corps et son bassin collé contre le sien. La rousse tendit le cou, la peau parcourue de mille frissons délicieux. C’était n’importe quoi. Elle aurait dû le repousser, lui dire de cesser, se débattre, crier. Mais ses mains s’aventuraient sur lui, exploratrices trop désireuses de partir à l’aventure en territoire inconnu. Elle voulait goûter encore à la saveur de ses baisers. Son souffle et sa voix chaude la firent frémir. Elle se décala de lui et, tous ses gestes suspendus, ancra son regard dans le sien. Les feux bleus qui y brûlaient enflammèrent sa poitrine. « Arrêtez. » ordonna-t-elle, sérieuse. Durant une seconde, elle ne bougea pas et conserva cet air convaincu ; toutefois, dès qu’il montra sa volonté de se dégager, elle enroula ses phalanges autour de son col et, dans un sourire, le ramena vers elle pour se saisir de ses lèvres. Elle l’embrassa avec douceur, lentement, y imprimant toute la sensualité qu’elle pouvait prodiguer, puis avec plus d’empressement. Son désir mal contenu débordait des mouvements de sa paume libre, rendue à conquérir tout le dos de l’homme. Sa bouche dérapa sur sa mâchoire et chuta vers son cou ; elle le descendit et le gravit plusieurs fois, serpentant sur les chemins que traçaient ses baisers. Sa main caressait son bras. « Arrêtez. » souffla-t-elle lorsqu’elle se rapprocha de son oreille. C’eût été plus raisonnable. Ils n’avaient rien à s’offrir, rien à s’apporter d’autre que cet instant volé à leurs responsabilités. La d’Eruxul plaqua ses deux mains sur son torse et le repoussa. Le souffle court, elle le regarda. Le doute vrilla dans sa rétine. Pour quoi allait-il la prendre, si elle s’offrait trop facilement à lui ? Allait-il la juger ? Se détourner d’elle ? Le cœur battant, elle pinça les lèvres, puis quitta l’appui de la table. Elle se rapprocha de lui. Elle était assez près pour pouvoir l’embrasser mais suffisamment éloignée pour que leurs corps ne se touchassent pas. À ce stade, c’était presque une torture. « Je n’ai pas envie que vous arrêtiez. » avoua-t-elle. « J’ai envie que vous continuiez. » Sa bouche s’assécha. « Et je n’ai pas envie de… Je n’ai pas envie de ne plus jamais vous embrasser, après. » Elle déglutit, incertaine. « Mais je ne veux pas que vous croyiez que je… Je ne veux pas que vous vous détourniez. » Une inspiration lui donna la force de prononcer le reste : « Je veux apprendre à vous connaître, Clémentin. » Ses iris verts scrutaient l’étendue océanique des siens, à la recherche d’un radeau auquel se raccrocher pour éviter le naufrage. Sous la menace de la noyade, son oisillon s’affola, encore. Elle franchit le pas qui les séparait, croisa ses bras sur sa nuque et l’embrassa, une fois de plus. Chaque baiser constituait une condamnation supplémentaire ; à chaque fois, immanquablement, elle le désirait plus fort.



Message XII – 1027 mots

Chaud, froid, chaud, froid ; bienvenue chez les Réprouvés /sbaf




Les Portes - Chapitre V  - Page 20 1628 :


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Mer 23 Nov 2022, 21:29

Les Portes - Chapitre V  - Page 20 Zwbn
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Les Portes - Chapitre V



Rôle:

Lambert regardait la Princesse, à la recherche du signe d’il ne savait quoi. Déodatus d’Étamot était un ami de sa fille, Rosette. Derrière l’air assuré qu’il prenait pour exécuter son office, il tremblait en pensant que cette dernière eût pu côtoyer un violeur depuis son enfance. Une partie de lui voulait croire que les accusations étaient fausses mais il en doutait. Il voyait se refléter l’éducation de Zébella dans son comportement. Elle devait rester fière, dure, ne pas montrer ses émotions, ne pas faillir, ne pas fléchir. « La Princesse Coline était présente ? » demanda-t-il, en haussant les sourcils. Cette affirmation lui fit horreur pour Montarville. Se pouvait-il que Déodatus s’en fût pris également à la fille du Roi et de Déliséa ? Il serra son poing libre, sans vouloir le croire. Le d’Étamot n’aurait sans doute pas fait le poids. À moins qu’il ne les eût attachées ? Non plus, ça ne tenait pas. Alors que s’était-il passé ? Coline avait-elle quelques griefs contre Zébella ? Au point de charger Déodatus de… Lambert se remémora sa main sur la Princesse. Il savait à quel point elle était capable du pire. C’était aussi la raison pour laquelle il n’approuvait pas totalement la décision de Montarville. Coline était une opportuniste. Elle était prête à tout pour obtenir ce qu’elle désirait et suivait, par là-même, les traces de Garance. Il avait fait les frais de son comportement et de ses manipulations. Cet épisode n’était rien en soi, qu’une broutille insignifiante qu’il aurait dû oublier. Il avait regardé ce qu’il n’aurait pas dû regarder, pas par envie, simplement par égarement, et Coline l’avait surpris. Elle l’avait encore plus étonné lorsqu’elle lui avait attrapé la main pour la poser sur son pubis. Il n’aimait pas s’en souvenir. Il se sentait faible de l’avoir laissée initier le mouvement. Il avait récupéré ses doigts tout de suite, médusé qu’une adolescente pût agir ainsi. Elle n’avait pas tenté de le faire chanter depuis et, s'ils avaient pu en reparler, il lui aurait déconseillé de le faire. Il n’était pas lâche. Si elle l'avait accusé, il aurait expliqué la situation sans chercher à la nier. Elle avait tout à y perdre. Lui aussi, peut-être, mais il était bien plus âgé. Sa vie était presque derrière lui. Les moments heureux y étaient, en tout cas. Lorsque sa sœur était encore là. Lorsque Garance n’était pas à ce point hantée par son désir de pouvoir. Lorsqu’il se perdait entre ses cuisses et qu’il ne pouvait s’empêcher de l’aimer. Mais tout ceci était loin. Les premiers instants avec sa femme s’étaient taris et il se doutait qu’ils ne reviendraient pas. Rosette était en âge de se marier et elle quitterait leur foyer. Il n’y aurait plus rien, si ce n’était l’amitié dépressive de Montarville. Il avait fait ce qu’il avait pu pour essayer de tirer le Roi de sa morosité mais rien n'y faisait. Il se doutait que le fait de savoir qu’un bâtard trainait dans la nature n’allait pas égayer ses jours. Clémentin était bien plus robuste que Placide mais il n’était pas de Déliséa. Lui aussi, avait besoin de vacances. « Je vais me charger du remède. » dit-il à la Princesse, avant l’arrivée d’Adolestine. Il la salua et s’écarta légèrement, pour laisser les deux femmes parler entre elles.

« Vous avez raison. » articula-t-il à l’attention de Zébella quand elle lui dit qu'ils avaient tous les deux bien mieux à faire. « Néanmoins, si vous changez d’avis, je serai là pour vous. Notre discussion pourra se réaliser dans un cadre privé et restera, bien entendu, confidentielle. » Il préférait lui donner une porte de sortie. Elle pouvait jouer les dures à cuir, il n’était pas certain qu’elle le fût vraiment. Un viol pouvait s’avérer traumatisant. Il ne l’était pas toujours. Certaines le vivaient relativement bien, laissaient ça derrière elles, comme s’il s’agissait d’une chute dans les escaliers ou d’une dispute appartenant au passé. D’autres, en revanche, avaient des symptômes plus graves, des symptômes qui pouvaient ressortir des années après. Il ne connaissait pas les circonstances et, quelque part, il aurait aimé ne jamais les connaître. Il ne pouvait s’empêcher d’imaginer Rosette à la place de Zébella. Cette vision le hantait. Si quelqu’un avait touché à sa fille, à son bébé, il l’aurait tué. Peut-être était-ce là la seule chose qui le rapprochait encore de sa femme.

Il s’écarta de Zébella et se resservit à boire avant de donner ses instructions à un domestique pour le remède. Ezidor s'en chargerait. Il écouta le discours d’Adolestine, en songeant à la suite. Ce ne serait pas facile à gérer. La décision ne lui appartenait pas. Tout dépendrait des comportements de Judas et de Montarville. Peut-être étaient-ils tous en train de vivre leur dernier instant de paix. Il ne voulait pas vivre la guerre.

Lorsqu’il sortit de ses pensées, ses yeux tombèrent sur Garance. Elle semblait déterminée à se rendre à l’autre bout de la pièce. Lambert la fixa un instant, hésita puis se mit à marcher rapidement vers elle. « Garance. » Il inspira. « Je viens avec toi. » Il n’avait aucune idée d’où elle allait – peut-être prévenir Montarville, ou pas – mais ça n’avait pas d’importance. Il l’avait déjà suivie comme ça, par le passé. C’était même peut-être ainsi que les choses s’étaient faites entre eux, cette volonté de juste marcher avec elle, sans autre but que d’être à ses côtés. « Je crois que je vais m’abstenir d’organiser quoi que ce soit avant un certain temps. » dit-il, plus pour lui-même que pour elle.

843 mots



Les Portes - Chapitre V  - Page 20 4p2e
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Mer 23 Nov 2022, 22:19




Les Portes – Chapitre V

En groupe | Hélène


Rôle :


Coline. La blonde posa sur elle son regard azuré, calme et réfléchi. Il y avait chez cette gamine une suffisance et une assurance détestables. Néanmoins, elle n’était pas sans potentiel. Contrairement à Placide et Adolestine dont les esprits se refusaient à toute manigance cruelle, la blanche complotait volontiers dans le dos des autres. Sous ses airs de fille sage se cachait une harpie sournoise et vindicative. Si elle n’avait pas éprouvé autant de méfiance à l’égard de Garance, et si celle-ci n’avait pas des objectifs compromettant sa survie, peut-être l’aurait-elle prise sous son aile pour la former. En Coline résidait un reliquat de sa propre jeunesse, une vibration d’intelligence brillante, trop brute pour être parfaitement maniée, mais capable d’être polie par les conseils et les années. La sœur du Roi n’avait eu personne pour l’aider à s’élever : on avait fait d’elle une pièce de seconde main, un rebut indésirable et pourtant précieux, une esclave à la somme de la couronne. Pourtant, peu à peu, la pionne avait gravi les échelons de ce sordide jeu d’échec et, bientôt, elle dominerait le plateau. Elle était devenue la femme de l’ombre dans les bras de laquelle on l’avait jetée. À Coline, tout était servi sur un plateau d’argent. Elle n’avait pas eu à se forger. On l’avait fait pour elle.

Garance soupira et frotta sa tempe du bout de son index et de son majeur. Pourquoi fallait-il que les hommes fussent assez stupides pour laisser leur sexe souiller ce qui ne leur appartenait pas ? Elle parcourut la salle du regard. Son frère s’illustrait par son absence – chose dérangeante sur le principe mais pas dans les faits puisqu’elle doutait qu’il eût apaisé ou envenimé les tensions avec brio. Le coupable – d’après Coline et Zébella – avait vraisemblablement filé, mais il n’avait guère pu aller bien loin et, dans tous les cas, il serait aisé de le retrouver. Sa mère n’était pas présente non plus. La blonde plissa les yeux. « Tu as bien fait d’envoyer des gardes sur place et auprès du Roi d’Uobmab. » Il ne serait sans doute pas heureux de savoir qu’un garçon avait sali l’honneur de sa fille. Néanmoins, il était suffisamment retors pour ne pas agir comme on aurait pu attendre qu’il le fît. Son imprévisibilité leur liait les mains. Quant à Zébella… « Et la Princesse Zébella ? » Adolestine lui apprit qu’elle avait accusé Déodatus devant toute l’assemblée – ce qui pouvait se deviner en observant les expressions atterrées – et l’avait provoqué en duel. Il devrait affronter son frère, son père ou elle-même lors d’un combat. « Votre père n’autorisera pas qu’une autre justice que la nôtre soit rendue. » L’adolescent devrait sans doute mourir tout de même, mais il serait d’abord jugé et condamné.

Garance jeta un coup d’œil à Coline. Quitter la salle de bal avait été amusant, mais visiblement, elle avait manqué bien des événements. Elle écouta la réponse de celle qui avait osé approcher Judas, puis se tourna vers le soldat qui s’approchait d’elles. Son embarras suintait par tous les pores de sa peau. « Vos Altesses. » s’inclina-t-il bien bas, avant de se redresser, penaud. Il se tourna vers la future reine. « Le Roi d’Uobmab m’a demandé de vous dire qu’il vous attend dehors, pour… » Il hésita. « Pour ? Vous étiez chargé de le ramener ici. » s’agaça-t-elle. « Oui, je suis désolé, mais il n’avait pas l’air disposé à se déplacer et il, hum… » Il pinça les lèvres. « Il m’a dit qu’il devait vous rendre votre culotte. » Coline vira au rouge. Garance haussa deux sourcils surpris. « Sa culotte ? » À l’inverse d’Adolestine, elle ne perdit pas le mot. Elle posa les yeux sur sa nièce, dont les iris dessinaient des ombres menaçantes. L’avait-il violée, comme ce cher Hermilius ? Ou avait-elle cédé au magnétisme du Roi ? Dans l’espoir de s’en faire un allier ? « Quelqu’un a essayé. Je pensais que c’était Déodatus. » - « Et tu ne le dis que maintenant ? » - « Il ne s’est rien passé. On m’a juste pris ma culotte. Il n’y avait pas de… il n’y avait pas de traces. Je vais la récupérer et régler mes comptes avec lui. » affirma-t-elle. « Ensuite, ce sera votre tour. » Elle pointa un index accusateur sur le garde. « Tu ne devrais pas y aller seule. » - « Je n’ai pas peur de lui. » La blonde se tourna vers le soldat. « Elle ne fera rien. Suivez-la. » - « S’il me suit, je le fais exécuter. » cracha Coline, avant de tourner les talons. Garance soupira. Elle se tourna vers le garde. « Envoyez-moi Siléas. » Il acquiesça puis s’éloigna en chuchotant quelques excuses.

La Princesse pivota vers Adolestine. « Je vais y aller, oui, ne t’en fais pas. » Elle posa sa main sur son bras, rassurante. « Fais attention à toi. » Comme elle s’éloignait, une ombre se glissa dans le dos de Garance. Siléas avait toujours su être discret. « Votre Altesse. » - « La Princesse Coline est partie dans les jardins rejoindre Judas d’Uobmab. Suivez-la. Faites-en sorte qu’il ne lui arrive rien. Et soyez encore plus discret que d’habitude. » - « Très bien, votre Altesse. » Il disparut comme il était venu. La blonde jeta un dernier regard circulaire à la salle, prête à s’en aller trouver son frère, lorsqu’elle vit sa nièce occupée à dévorer le buffet. En quelques pas, elle la rejoignit. Sa main sur son épaule, elle lui glissa à l’oreille : « Ne mange et ne bois rien, surtout si on te le propose. Les d’Uobmab pourraient chercher à faire payer la couronne. Ou même simplement à semer la zizanie. Ils sont imprévisibles. » Imprévisibles, mais le fils avait été assez bête pour lui faire confiance. Elle préférait encore voir Coline à la tête de ce royaume que l’un de ces enfants du chaos. Ne pas avoir le trône était une chose ; qu’il échappât à sa famille en était encore une autre. « Reste à l’intérieur du palais et bien en vue des gardes. Je vais voir le Roi. » Sur ces mots, elle s’éclipsa.

Lambert interrompit sa course. Elle tourna la tête vers lui. Elle l’avait aperçu, tout à l’heure, avec Zébella. « Je vais chercher le Roi. » lui apprit-elle, sans chercher à se débarrasser de lui. Elle s’enfonça dans le couloir qu’avait emprunté un garde un peu plus tôt. La blonde avançait d’un pas vif, droit devant elle, sans se soucier le moins du monde des gens qui l’entouraient. Ils étaient assez avisés pour s’écarter sur son passage. Elle jeta un coup d’œil à son ancien amant. « Alors ce ne sera pas tout de suite pour la danse. Dommage. » Sans plus de précision, elle se reconcentra sur un point devant elle. « Le Prince Merlin m’a abordée. Il a empoisonné au moins une bouteille, dans la salle de réception. » dit-elle, plus bas, suffisamment pour n’être entendue que par lui. Elle frôla l’un des plis de sa robe. « Il m’a donné quatre antidotes et en a pris un. J’ai pour mission de choisir quatre survivants parmi les deux familles royales. J’ai partiellement prévenu Adolestine. » Elle s’arrêta et fit face à Lambert, ses yeux bleus plongés dans les siens. « Je ne sais pas s’il compte toujours mener son plan à exécution, mais il va falloir l’arrêter. Il m’a dit que des preuves du complot se trouvait dans la trousse d’Ezidor de Xyno. » Elle inspira. « Il faut se méfier du père, aussi. Coline est avec lui. Je les ai fait suivre. » Plusieurs fois, elle avait remarqué l’inimitié qui existait entre elle et Lambert. Il devait autant se méfier d’elle que du souverain d’Uobmab. « Je ne crois pas qu’il soit sage de dire tout ça à mon frère. Il aura suffisamment à gérer avec cette histoire de viol. » Garance s’arracha au regard du blanc et poursuivit sa route.

Lorsqu’enfin ils tombèrent sur le Roi, elle se planta devant lui. « Montarville. » Il avait l’air troublé. Elle plissa les yeux, un sourcil haussé. Venait-il d’apprendre la nouvelle ? « Nous avons un problème. » La jeune femme glissa un coup d’œil vers Lambert, avant de se concentrer à nouveau sur le monarque. « Déodatus d’Etamot a violé la Princesse Zébella pendant la soirée, et celle-ci compte se rendre justice via un duel, mené soit par elle-même, soit par son frère, soit par son père. » Elle marqua une pause. « Adolestine a tenté de calmer le jeu dans la salle de réception et Coline a envoyé des gardes fouiller la pièce du crime. Je pense qu’il faut que tu interviennes rapidement pour faire régner ta justice, et pas celle du royaume voisin. » Il devait assumer ses responsabilités. Rapidement. Maintenant.



Message XII – 1480 mots




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Lana Kælaria
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Lana Kælaria
Mer 23 Nov 2022, 23:27



Unknown

Les Portes – Chapitre V

En groupe | Kiara


Rôle :


Sans tirer de fierté des félicitations sans doute peu sincères de sa tante, Coline se tourna vers sa jumelle. « Je l’ignore. Nous n’avons pas discuté de l’éventualité qu’un petit imbécile se croit tout permis et décide de violer sa fille. Tout ce que j’ai pu en tirer, c’est que cet homme ne risque pas de se laisser faire. Il a de la poigne. » C’était le cas de le dire. Son crâne s’en rappelait. Son ego aussi. Elle s’apprêtait à questionner Garance, dont la pratique des sujets royaux était malheureusement bien plus perfectionnée que la sienne, lorsqu’un garde interrompit leur conciliabule. Elle le toisa, mécontente, alors qu’il se tournait vers elle. Judas n’était pas à ses côtés. Que faisait-il ici ? S’était-il mystérieusement volatilisé ? Avait-il égorgé Déodatus d’Etamot ? Elle en doutait. « Vos Altesses. Le Roi d’Uobmab m’a demandé de vous dire qu’il vous attend dehors, pour… » Elle arqua les sourcils. « Pour ? Vous étiez chargé de le ramener ici. » Les yeux plissés, elle maudit intérieurement l’incapable qui lui faisait face. « Oui, je suis désolé, mais il n’avait pas l’air disposé à se déplacer et il, hum… Il m’a dit qu’il devait vous rendre votre culotte. » Un violent coup de chaud remonta le long de son dos. Comment osaient-ils ? Leur outrecuidance, tant celle du garde que celle du monarque, la mit hors d’elle. Elle allait le leur faire payer. Cet homme allait perdre son poste, si ce n’était sa tête. Quant à Judas…

La blanche envoya un regard noir à Adolestine. « Quelqu’un a essayé. Je pensais que c’était Déodatus. » Ce n’était qu’un mensonge partiel et, de toute façon, le d’Etamot allait mourir. Que son père fît régner sa justice ou non. En revanche, elle possédait encore un honneur qu’elle estimait devoir sauver. Mieux valait faire porter cette responsabilité à un coupable tout désigné plutôt que d’admettre que Judas l’avait assommée parce qu’elle s’était, peut-être, montrée trop ambitieuse, et abandonnée dans le petit salon où sa fille s’était fait violer par Déodatus. Que s’était-il passé, entre le moment où il y était venu et le moment où il en était reparti ? Qu’avait-il vu ? Qu’avait-il dit ? Qu’avait-il fait ? Comment la situation avait-elle pu aboutir à un viol ? Avait-il laissé le garçon souiller sa propre fille ? Une vague de malaise secoua Coline. « Et tu ne le dis que maintenant ? » Elle secoua la tête, les mains ouvertes de part et d’autre de sa personne dans un geste défensif. « Il ne s’est rien passé. On m’a juste pris ma culotte. Il n’y avait pas de… il n’y avait pas de traces. Je vais la récupérer et régler mes comptes avec lui. » Elle pivota vers le garde, le doigt pointé sur lui. « Ensuite, ce sera votre tour. » Elle ne l’oublierait pas et elle voulait qu’il le sût. « Tu ne devrais pas y aller seule. » - « Je n’ai pas peur de lui. » assura-t-elle en direction de sa tante. « Elle ne fera rien. Suivez-la. » - « S’il me suit, je le fais exécuter. » Et elle saurait y parvenir. Que personne n’en doutât.

La princesse traversa la salle d’un pas déterminé. Éclairée par les lumières de la salle de bal, la silhouette de Judas se découpait dans les ombres de la nuit, toute en élégance. Elle s’arrêta devant lui, les iris enflammés par la honte cuisante qu’elle venait d’essuyer. « Est-ce là votre manière de déclencher des tempêtes ? » gronda-t-elle, accusatrice. Toutefois, son bras se joignit au sien, et elle l’entraîna sous le ciel nocturne. Elle n’avait aucune envie que sa tante ou sa sœur ne pussent les voir. Elle marcha, sans cesser de parler : « Par l’humiliation ? » Sa respiration était lourde et profonde, tandis que son cœur menait une danse frénétique dans sa cage thoracique. Son regard d’or se zébrait d’éclairs argentés. « Vous êtes méprisable. » Mais peut-être utile. Peut-être étaient-ce là les prémices du déchaînement dont il avait parlé, qui vibraient au fond des yeux de Coline ? Ça et tout ce qu’il avait réussi à faire émerger en elle en un seul échange. « M’éclater le crâne contre un mur, puis me voler ma culotte et me jeter dans le salon où votre fille se fait engrosser par un porc, avant de m’humilier devant ma famille, cela vous semble-t-il adéquat ? » Elle inspira. « L’avez-vous laissé faire ? » Souhaitait-elle vraiment obtenir réponse à cette question ? Elle n’en était pas certaine. Partiellement, sans doute. L’horreur du personnage comportait sa part d’intrigue. Il exerçait sur elle un charme dont elle peinait à se soustraire et qui semblait déterminé à la ramener vers lui. Elle aurait mieux fait de le dénoncer à son père, qui n’aurait pas manqué de punir cet affront. Cependant, elle refusait de rendre les armes. Elle était suffisamment grande pour se débrouiller seule, et elle se devait de le lui prouver. Bientôt, elle serait Reine. Ce jour-là, elle devrait être capable de lui faire face. De l’écraser ou de coopérer.

Coline s’arrêta et se planta devant le souverain. Elle oscillait entre deux volontés destructrices. « Vous pouvez la garder. » Ses yeux se fichèrent dans les siens. « Ce n’est, après tout, que l’apanage de ceux qui ne font les choses qu’à moitié. » Un éclat corrosif griffa ses rétines. L’un des coins de sa bouche se releva et une lueur frappée d’espièglerie ponctua son regard. « J’ai la réponse à ma question. Si vous étiez réellement un roi dangereux, vous seriez allé au bout de votre ouvrage. » Et comme pour mieux le provoquer, elle le saisit par le col et l’embrassa.



Message XII – 957 mots

Ne me laissez plus rp avec cette musique, elle ne crée que du bordel. Ou ne me laissez plus rp Coline avec Judas, elle ne crée que du bordel. (RIP petite ange partie trop tôt)


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Kitoe
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Kitoe
Mer 23 Nov 2022, 23:59

Faust
Les Portes V
TW : Ca va chier des pointes


Gustave observait le visage de Clémentine avec douceur et sérieux. Il s'identifiait suffisamment à sa déception pour ne pas lui vouer une indifférence cachée. Le fait est qu'il n'avait jamais vraiment parlé à la d'Ukok auparavant. Jusqu'ici, il se l'était imaginée niaise à souhait. C'était encore le cas, mais il apprenait à nuancer cette caractéristique, ce qui ne la rendait pas aussi ennuyeuse qu'il l'aurait cru. Faisant tourner le champagne dans son contenant, il avait également pris appui sur la rambarde, se laissant parfois distraire par le jardin en face d'eux. Il ne comptait pas s'en aller, comme Clémentine le lui avait suggéré. Pour l'instant, l'homme ne cherchait aucune compagnie en particulier. Le séducteur, le vrai, restait dans les loges de l'arène.

-Il m'attriste d'entendre cela.

A propos d'Hermilius. Il n'était pas au courant des machinations de son cousin par alliance. Ce dernier était-il suffisamment stupide pour insulter sa convoitise devant la sœur de celle-ci ? C'était particulièrement insensé. Si cet idiot agissait ainsi à chaque fois qu'il voulait s'approprier une dame, il n'était pas si surprenant qu'il fût encore célibataire. Comment Éléontine faisait-elle pour passer autant de temps avec un demeuré pareil ? Cela allait au-delà de tout sens commun... plus le temps passait, moins Hermilius avait d'atouts pour lui. Il vieillissait comme un vieux jus d'orange, là où Gustave se conservait aussi bien que du miel ou une tablette de chocolat. Comme une bonne bouteille de vin, il devenait même meilleur avec le temps.

-Je comprends et ne souhaite en aucun cas remettre en question les paroles de votre sœur. Rétorqua-t-il aussitôt. Si vous le désirez, je partagerai votre ressenti à Hermilius, afin que cette histoire soit réglée au plus vite.

Son ton était compatissant. Il l'était un peu. Le cousin de sa femme était visiblement un homme plus tordu qu'il ne l'avait cru et pour être franc, s'il avait été une femme, jamais il n'aurait voulu ne serait-ce que d'un coït avec ce gringalet. Gustave se redressa, en souriant et en soufflant du nez.

-Ce serait malheureux, en effet.

Satisfait d'avoir gardé une certaine proximité avec elle, il lui présenta son bras. Alors qu'ils s'apprêtaient à s'enfoncer dans le labyrinthe, Clémentine attira son attention sur un couple. Gustave suivit la trajectoire de son fils des yeux, puis détailla sa cavalière. Une étincelle de fierté brilla dans ses yeux. Il avait rarement vu Ludoric côtoyer les filles de son âge avec autant de proximité. S'il savait se montrer courtois, eh bien... justement, il était trop courtois et ne semblait jamais aller au-delà. Avait-il enfin trouvé sa dulcinée ? Quelque part, il l'espérait. Ce n'était pas Coline, mais il supposait que c'était déjà ça. A en juger par les vêtements de la jeune femme – dont il ignorait l'identité, était-elle étrangère ? – celle-ci était issue d'une famille aisée. Dans ce cas de figure, les De Tuorp n'avaient donc pas grand-chose à y redire.

-En tant que futur soldat, j'imagine qu'il est demandé pour gérer la situation qu'a généré la princesse d'Uobmab. Nous devrions les laisser effectuer leur travail.

Gustave tourna la tête. Un jeune homme, qu'il reconnut bientôt comme étant Elzibert d'Etamot, s'approchait d'eux. Aussitôt, le jeune homme l'attaqua, et Gustave se permit d'arquer un sourcil. Cependant, son sourire affable restait bien gravé sur son visage pour ne rien laisser paraitre. Son corps, lui, se rigidifiait sensiblement. Chaque parole acerbe de la part du bâtard relevait d'une tentative de lui planter un coup de couteau dans le ventre. Les insultes à demi-mot voltigeaient à toute allure. Mais Gustave restait droit. Quand le colérique passa enfin son chemin, le De Tuorp expira. Cette soirée n’en finissait pas d’essayer de le descendre. Il pivota doucement vers Clémentine.

-Navré que vous ayez dû assister à cela.

Il espérait que celle-ci ne se remettrait pas à pleurer, ni ne jetterait l'opprobre sur lui après ce qu’elle avait entendu. Gustave n'était pas un monstre au point d'avoir un jour voulu du mal à la d'Ukok, quand bien même il n'avait que de basses considérations pour leur maison. Le culot d’Elzibert relevait d’une bêtise particulièrement détestable. Se croyait-il malin à parjurer de la sorte ?

-Je dois êtes honnête avec vous, Clémentine. Je n'avais pas l'intention de vous imposer quoi que ce soit. Et j'imagine que vous n'auriez rien accepté, quoi qu’il arrive. Vous avez l'air d'une femme fidèle.

Et Elzibert le prenait pour un lâche de surcroit ? Vraiment ? Gustave se retenait de rire de l’allégation. Si ça avait été le cas, il n'aurait pas parlé ainsi à sa cavalière. Il aurait tapis les sous-entendus derrière un rideau de paroles flatteuses. La mâchoire du De Tuorp se crispa. Il allait lui en foutre de la lâcheté, à ce morveux.

-Veuillez m'excuser, j'ai peur que nous ne devions annuler notre promenade. Venez, nous allons vous trouver meilleure compagnie que moi-même, vous voulez bien ?

L'agacement commençait à transparaître dans ses intonations. Clémentine sur ses talons, l'homme fit demi-tour pour rejoindre à grands pas le jeune duo d'Etamot.

-Elzibert, bonsoir. Car il était temps de remettre la politesse à sa juste place. Surtout lorsqu’il s’agissait d’un marmot souhaitant s’adresser à un adulte. Il effectua la même salutation courtoise à sa sœur. Je crains de devoir vous l'emprunter un moment, Yvonelle, n'y voyez pas d'inconvénient. Je vous laisse en compagnie de Mademoiselle d'Ukok en attendant.

D'une poigne ferme sur son épaule, il incita Elzibert à le suivre à l’intérieur. Il marchait vite, imperturbable. Les cris de détresse d’Adénaïs ou l’atmosphère pesante dans l’assemblée de danseurs n’étaient rien qui pusse l’arrêter. Gustave balaya la salle du regard, mais son œil de faucon détecta seulement l’absence de sa femme. Il demanda l'aide d'un domestique, qui lui indiqua un couloir. Sans plus attendre, l'homme s'y dirigea, toujours secondé par le d'Etamot.

-Bonsoir Madeline. Excusez-moi, je vais avoir besoin de ma femme. Tout de suite. Éléontine, suis-moi.

Les deux fléaux de sa vie réunis, Gustave les fit s'engouffrer dans le premier salon libre qu'il trouva. La porte consciencieusement verrouillée, il glissa la clef dans sa poche. Face à ses deux interlocuteurs, il était toujours paré d'un sourire radieux, celui-ci même qu’il avait présenté à Madeline juste avant. Aussi charmeur qu'à l'accoutumée, il s'approcha de son épouse. Le bruit de la gifle raisonna dans toute la pièce.

-Bien.

Il frotta sa paume droite contre son pantalon pour se débarrasser des picotements que lui avaient laissé le choc. Il y était peut-être allé un peu fort, mais ça n’était peut-être pas si mal. La marque que garderait Éléontine sur sa joue était la dernière de ses préoccupations. Il tourna les talons.

-Elzibert ici présent m'a interpelé tout à l'heure. Dans sa grande amabilité, il craignait que je n'aille abuser de Clémentine d'Ukok dans les jardins du roi. Les mains dans son dos, il pivota à nouveau. Maintenant, il était tout à fait sérieux. Je n'allais pas le faire.

Son regard glaçant de posa sur le concerné. Son impudence passée le hérissait encore. Ce gamin s’était à peine présenté qu’il avait jugé bon de proférer ordres et menaces ? Elzibert avait raison d’avancer que Gustave pouvait se comporter comme un con ; pour le lui faire admettre, il fallait au moins y mettre les formes – et éviter de le prendre pour un sous-fifre.

-Mais je ne doute pas qu'Éléontine t'a appris les bonnes manières à ce sujet. Visiblement, Adénaïs n'a pas su inculquer les valeurs de ce consentement à ton frère. Cela lui va lui coûter la vie. Puis, à elle. Nous voilà presque sur un pied d'égalité à présent, ma chère épouse. Je n'ai malheureusement pas eu le luxe de t'épargner les noms, alors je suis plutôt curieux de connaitre ceux des tiens. Dis-moi d’ailleurs, combien de fois as-tu franchi la barrière de l'inceste ? Avec Hermilius, ça en est où ?

Catin. Non, elle était pire que ça. Coucher avec son cousin et beau-fils... Son nez se retroussa. Il s'avança vers Elzibert.

-Oh, oui, car j'en oubliais l'évidence : j’avoue t’avoir menti, mon amour. Il se pourrait qu’Elzibert soit mon fils illégitime. Il posa une main tendre sur l’épaule du jeune homme. Je suis désolé de ne pas avoir pu être là pour te voir grandir, Elzibert. Mais rassure-toi, j'ai l'intention de me rattraper.

Une nouvelle gifle tonitruante retentit. Il se pencha vers le jeunot. Il ressemblait à un éducateur de l’armée, cet homme sadique chargé du redressement de ses recrues.

-C'est la dernière fois que tu me parles sur ce ton. Je n'ai pas à recevoir d'ordres d'un bâtard comme toi. Compris ? Il se redressa, plutôt satisfait. Le De Tuorp poursuivit plus doucement. Maintenant, redis-moi. J'aimerais connaitre les motivations qui te poussent à avoir besoin d'un père. Il rit un peu. Je ne sais pas, tu aurais pu demander à n'importe quel homme non marié. Connaissant la profession de ta mère, il aurait pu s'agir de n'importe qui. De l'un de vos domestiques. Du forgeron ou du paysan du coin. Mais allez, soyons ambitieux. Pourquoi pas Childéric d'Ukok, hm ? Il parait qu’il jouit d’une meilleure réputation que moi. Hein, ma chérie ? As-tu couché avec lui, aussi ?

Gustave s'adossa à un meuble, croisa les bras contre son buste et rit. Un peu d'alcool aurait certainement fait du bien à tout le monde, mais il n'y en avait pas ici.

-J'ai déjà songé à te reconnaître il n'y a pas si longtemps, tu sais. C'était il y a à peine quelques jours, lorsqu'Éléontine a décidé de mettre fin à sa grossesse sans m'en avoir parlé au préalable. Notre couple en a souffert et je pensais que quitte à perdre un enfant, tu étais mon opportunité pour en récupérer un. Ma manière de la faire souffrir. Et voilà que maintenant, je me dois aussi de douter de ma paternité envers Ludoric. Cela venait de lui traverser l’esprit, comme une vision d’effroi. En réalité, toutes ses suspicions et accusations n'étaient que l'aboutissement de ses réflexions lors de la funeste soirée où Ezidor l'avait confronté. Il me semble qu'à présent, j'ai toutes les raisons du monde de te reconnaitre, Elzibert. Mais je souhaiterais seulement savoir à quoi cela te servira. Allez, ne sois pas lâche comme ton père.

1672 mots



Bijin
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Adriæn Kælaria
Jeu 24 Nov 2022, 22:09

Les Portes - Chapitre V  - Page 20 4yi9
Image par Inconnu
Les Portes - Chapitre V



Rôle:

« Peut-être… » Hermilius sourit. Elle l’excitait et il était sûr qu’elle le savait. Néanmoins, il n’avait plus quinze ans. Il était tout à fait capable de se contrôler. Son corps était immanquablement attiré par le sien mais ce qui l’attirait davantage se trouvait au-delà du physique. Il la découvrait aussi monstrueuse que lui et il aimait ce qu’elle lui laissait percevoir. Eléontine était une manipulatrice mais, malheureusement pour sa cousine, son champ d’action était limité à des bassesses de bas et moyen étages. Garance était une figure royale. Son jeu était d’un tout autre niveau, si bien que de délicieux frissons commencèrent à parcourir la nuque du de Tuorp. Peut-être avait-il eu tort de vouloir se ranger ? Peut-être était-ce simplement la femme de Gustave qui avait fini de l’amuser ? S’il se trouvait une autre partenaire de jeu, alors peut-être reprendrait-il goût aux manigances ? Il obtiendrait Clémentine par la force des choses, parce qu’il le voudrait et parce qu’il ne lui laisserait pas le choix. La royauté pouvait exiger et s’il avançait ses pions correctement, une alliance avec la de lieugro l’amènerait loin. Peut-être pourrait-il prendre la place de Lambert d’Eruxul ? Le conseiller du Roi était à l’image de celui qu’il servait : décrépi. Il le serait de plus en plus, ce qui n’était pas son cas à lui. Surtout, il pensait Lambert bien trop bon pour remplir correctement sa tâche. À force d’être un monstre, Hermilius avait appris à reconnaître ses semblables. Il savait comment fonctionnaient les ombres et qui se cachait à l’intérieur de ces dernières.

La phrase de Garance lui plut par sa musicalité. Au profit d’un prépubère qui croit pouvoir faire plier son père. Elle lui fut également agréable du fait de son fond. « Certainement. » Que ferait Judas si son fils était retrouvé mort ? Tout dépendrait des circonstances. Un accident de chasse était si vite arrivé… « J’en suis certain également. » Tout se monnayait. « J’ai quelques ambitions, en effet. Comme vous avez les vôtres. » susurra-t-il, tout bas, ses propres lèvres à son oreille. Il frôla également la peau de son lobe. Elle n’était pas la seule à maîtriser l’art subtil de la manipulation. Combien de fois avait-il séduit une femme en opérant par de petits rapprochements semblant inopinés ? Il suffisait d’attendre, de titiller, d’avancer pas à pas. À la différence des jouvencelles desquelles il s’amusait en compagnie d’Eléontine, Garance savait ce qu’elle faisait. Cela n'en était que plus intéressant. Il la regarda, en espérant qu’elle sentirait l’effet qu’elle avait su provoquer chez lui. Il avait décidé de ne pas s’en cacher parce qu’il était tout aussi certain que la culotte de Sa Majesté subissait actuellement l’excitation que cette conversation avait su éveiller en elle. Il sourit, d’un air entendu. « Je n’y manquerai pas. » Dans ses conditions, il n’inclurait pas de la baiser. Il préférait que cela ne fût pas objet de pourparlers. Il désirait que ça arrivât uniquement lorsqu’ils n’en pourraient plus de se séduire mutuellement, comme l’apothéose de leur collaboration.

Il attendit qu’elle fût loin avant de sortir lui-même de la végétation. Ses yeux se tournèrent vers le ciel étoilé et il réfléchit à ce qu’il allait demander. Il le savait déjà : un poste haut placé et Clémentine. Peut-être. Il n’était plus sûr de vouloir perdre son temps à tenter de la séduire. Il pourrait l’avoir dans un premier temps et faire en sorte qu’elle l’aimât plus tard. « Dame d’Ukok ? » demanda-t-il, lorsqu’il perçut sa silhouette, en compagnie de celle d’Yvonelle d’Etamot. Allait-elle de nouveau le fuir ? Sa sœur ne semblait pas être dans les parages. Il aurait pu en profiter pour tenter d’établir la conversation mais des cris de désespoir fendirent la nuit. Il reconnut la voix d’Adénaïs. Un frisson parcourut sa chair tant la tonalité était déchirante. Il ne prit donc même pas la peine de s’excuser et fit demi-tour, en direction des abords du labyrinthe. Sa course le conduisit jusqu’à la prostituée. « Dame d’Etamot ? » demanda-t-il, en s’avançant. « Que lui faites-vous ? » interrogea-t-il le garde. « Lâchez-la. » Hermilius n’avait rien d’altruiste. Néanmoins, s’il passait aux yeux de tous pour un homme respectable, c’est que son comportement le paraissait. Lorsqu’il doutait des mœurs de quelqu’un, on lui prêtait crédit. Lorsqu’il semblait tendre la main, on l’admirait pour sa bienveillance. Adénaïs savait qu’il était un homme aux mœurs légères. Il l’avait prise et il lui avait même expliqué qu’il cherchait à se débarrasser du joug de sa cousine. Elle présentait un intérêt stratégique à ses yeux et il ne pouvait pas laisser ses atouts dépérir.

En observant la scène entre les deux protagonistes, il s’aperçut vite que le soldat ne lui voulait aucun mal. « Écartez-vous s’il vous plaît. Je vais m’occuper d’elle. » Le garde obéit, sans pour autant partir. Le fait que le brun cherchât à l'aider avait dû le soulager. Hermilius laissa son corps et celui d’Adénaïs tomber à genoux par terre. Rien ne la tenait, tant le chagrin semblait l’accabler. « Dame d’Etamot, qu’y a-t-il ? » formula-t-il le plus calmement possible, après avoir posé l’une de ses mains sur sa joue pour qu’elle le regardât. « Si je peux vous aider, dîtes-le moi. Est-ce un homme qui… ? » Sa peine paraissait trop immense. Il l’avait bien vue, lorsqu’il la prenait. Elle était résignée, comme une poupée de chiffon. Elle n’y avait pris aucun plaisir mais s’était laissé faire. Elle ne semblait pas blessée actuellement. Qu’est-ce qui pourrait la… « C’est à propos de vos enfants ? » C’était le plus probable. « Je viens de voir Yvonelle. Elle était avec Clémentine d’Ukok. »

923 mots

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Min Shào
Sam 26 Nov 2022, 15:49


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Les Portes - V


Ernelle ne put dissiper mes doutes et me découragea d'agir. Au fond, elle avait raison. Mais ce n'était pas une volonté rationnelle qui m'animait. L'avenir du Royaume m'importait car son Roi avait pris mon cœur. Mes doigts s'entrelacèrent en réaction à ma nervosité. Je n'aimais pas que des secrets subsistent entre nous. Elle savait si bien lire en moi : mon amie décela que je ne lui disais pas tout. Oui, pourquoi me mêler de ce qui ne me regardait plus ? Cela n'avait, logiquement, aucun sens. Mon regard étant fuyant, quand sa main se mêla aux miennes. Je cherchai une dose de courage pour le replanter dans le sien quand elle me proposa son aide. Je ne méritais pas son attention. « Tu m'es si précieuse... » formulai-je, en cherchant mes mots pour lui avouer ce que je lui cachais par omission.

J'essayais de gagner du temps, en cherchant par où commencer. Mais elle me rendit service et retarda la sentence. Elle détacha un outil de son oreille et me l'offrit en me rendant la clé. Je reconnaissais bien cette technologie : Ernelle avait appris à la maîtriser au cours de son séjour à Xirtam. Mes yeux se posèrent sur sa bague alors que j'empoignais son cadeau. Sur qui avait-elle planté le mouchard ? Hermilius, sûrement. Si elle ne m'avait rien dit, c'était certainement qu'elle n'avait rien appris d'intéressant. « Tu as sans doute raison  », soupirai-je. « Il est trop tôt pour agir. Mais nous devons en avoir plus. Non, je dois en savoir plus. » Je n'avais pas le droit de l'entraîner dans une situation glissante. Il ne s'agissait pas d'un simple service : les implications pouvaient prendre des proportions inattendues, mêlées à la politique. Nous connaissions toutes les deux les risques qui pouvaient entrer en jeu. Je ne devais pas plus l'impliquer, pour son propre bien. Une fois de plus, je cherchais mes mots, quand Ernelle prit les devants.

Elle me surprit, mais je ne reculai pas en réaction à son étreinte. Au contraire, mes bras s'enroulèrent spontanément autour d'elle, comme autrefois. Je la serrai contre moi et fermai les yeux. Ernelle était une femme à la carrure qui impressionnait beaucoup d'hommes, mais là, sans sa carapace, elle me paraissait aussi douce qu'un chaton. Je percevais tout le mal être qu'elle contenait dans son geste. Cela ne me surprenait guère : Ernelle vivait avec un fardeau. Elle était forcée de jouer un rôle pour cacher qui elle était réellement. Je savais à quel point cela pouvait être difficile. Mais je ne pouvais qu'imaginer ce que c'était de ressentir le plus douloureux : le cacher à ses proches. Comment un être humain pouvait-il supporter une telle solitude ? Et soudainement, une vérité simple, mais que j'avais pourtant oubliée, m'apparut : nous avions autant besoin l'une que de l'autre. « Je suis là. » Je caressai son dos d'une étreinte rassurante. Il n'y avait plus aucune sensualité dans mes gestes pour mon amie, mais une affection qui m'apparaissait plus intime encore. « Nous sommes ensemble, désormais. »

Mon esprit vogua vers mes souvenirs avec Ernelle. Vers ces moments si précieux que nous avions partagés à Xirtam. Je me souvenais de notre premier baiser comme si c'était hier. Je l'avais emmenée au salon de la mécanique la nuit, alors qu'il avait fermé ses portes. A la lumière de la bougie, je lui avais permise d'inspecter des oeuvres inaccessibles au public. Autrefois, je me souvenais que j'avais envié sa passion si pure pour la mécanique, alors que je cherchais encore la personne que je voulais devenir. Depuis, j'avais fait quelques pas vers la réponse. Je ne savais pas ce que je voulais, mais je savais ce que je ne voulais pas. Et je ne voulais plus me cacher. Sans le savoir, Ernelle venait de m'offrir tout le courage que je cherchais en vain depuis des semaines. Lentement, je m'écartai d'elle. Mes mains se posèrent sur sa nuque et je posai mes lèvres sur son front. Mon souffle se coupa quand mes yeux se perdirent dans les siens. Mon affection pour elle dépassait tout. Ou presque.

« Tu sais que je ferais tout pour toi. N'est-ce pas ? » Mes mains enlacèrent les siennes et je les serrai, comme pour soutenir mes propos. « Grâce à toi, je sais ce que je dois faire. » Je me tournai et cherchai de quoi m'asseoir, en inspirant un bon coup. Il fallait crever l'abcès. Je l'entraînai au bord du lit et m'assis. « Je suis lasse de me cacher. Je vais tout te dire. » Je me concentrai et commençai par le plus simple : « Après le Bal, tout sera différent. J'aimerais... je veux être plus proche de toi. Entrer dans ton service, peut-être ? Tu aurais même le droit de me donner des ordres. » Je souris. Elle l'avait déjà fait... dans un autre contexte. Mais je ne devais pas m'égarer. « En fait, j'aimerais régler une affaire ici, avant de partir. Je ne sais pas si je compte un jour recontacter ma famille... cela dépendra certainement de cette affaire. » Je secouai la tête. Je m'emmêlais déjà. « Tu sais mieux que moi que les élans du cœur sont imprévisibles. » Je détachai mes mains des siennes. La nature de notre relation avait changé, et pourtant, j'avais l'impression de la trahir.

« En réalité...» je déglutis. C'était la première fois que j'allais exprimer mes sentiments pour Montarville. C'était comme lâcher prise sur ce qui m'était le plus précieux. « J'éprouve des sentiments, bien malgré moi, pour le Roi. » Mon cœur bondit en pensant à lui. Je me mordis la lèvre. « Je ne sais pas encore ce que je compte faire, mais... ce qui est sûr, c'est qu'il est en mauvaise posture, maintenant. Qu'elle est fragilisée. Et je veux faire, de ma position, tout ce que je peux pour l'aider. » Je m'avançai vers elle, à bout de souffle. « Même si cela signifie reprendre contact avec ma famille ! » Mes paroles me surprirent autant qu'elle. Je me rendis compte que j'étais résignée à n'importe quelle issue pour arriver à mes fins. A mes yeux, rien n'était plus important que sa sécurité. Je devais paraître folle à lier. « Voilà pourquoi les intrigues m'intéressent autant. » Je détournai le regard.

« Je suis reconnaissante de ton aide. Mais je ne puis t'impliquer outre mesure. Tu en as déjà trop fait pour moi. Si je fais un mauvais pas, beaucoup pourraient déjà remonter jusqu'à toi. » Je me levai soudainement, décidée. J'avais le tournis et mon sang bouillait. Je ne supportait plus ce sentiment d'impuissance. Autrefois, j'avais fui. Aujourd'hui, je remettrais tout en jeu s'il le fallait. « Je ne pourrai jamais assez te retourner la pareille. Si je suis devenue la personne que je suis aujourd'hui, c'est grâce à toi. » Je posai ma main sur la poche de mon tablier, où j'avais enfoui la clé. « Je vais rester au château encore un moment. Veux-tu que j'aille chercher des informations sur... tu sais qui ? » Je faisais référence à Garance, dont elle m'avait parlée plusieurs fois dans nos correspondances. « Peut-être trouverai-je des intérêts communs ou un prétexte pour que vous puissiez vous entretenir ? » J'avais envie de lui promettre mieux, mais je n'en avais pas le pouvoir. Pourtant, Ernelle méritait bien plus que cela.  

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Dim 27 Nov 2022, 14:39



En son étreinte, Ernelle retrouvait enfin cette accalmie qui lui manquait tant. S'y bercer encore pour quelques heures la tentait, bien qu'elles comprissent toutes les deux leurs responsabilités respectives. Mais au moins, la D'Ukok obtint cette dose qui lui échappait jusqu'alors ; ce renouveau avec son Soi intérieur. Contre toute attente, au sein de cet ouragan vertigineux, Lénora parvenait à lui arracher plus que l'ombre d'une gaieté. Des deux femmes, sa Princesse fut toujours la plus tendre. À sa manière, Ernelle tentait à plusieurs reprises de lui rendre cette affection, alors que ses mœurs et son propre corps l'empêchaient de se comporter ainsi. La Ernelle post-convention de Xirtam aurait sans doute profiter de la situation actuelle pour glisser la culotte de son amie loin de ses cuisses, hélas le contexte politique de cette fichue soirée refroidissait toutes les ardeurs que leur danse endiablée avait provoqué.

Docile – anéantie – la noble se laissa entraîner sur le rebord du lit, celui-ci agonisant longuement sous son poids. Si quiconque passait devant la porte de cette chambre, une seule conclusion risquait de lui sauter au nez rien qu'avec ces crissements. Étonnamment, le discours de la D'Ukok semblait avoir ravivé une flamme chez la fausse domestique. Elle remonta son attention sur elle, ses yeux en partie rougies par le chagrin. Son nez commençait à lui chatouiller tout autant. Elle se pinça les lèvres et usa d'un mouchoir pour se débarrasser de toutes ces incommodités. Son silence témoignait l'entièreté de son intérêt pour Lénora, puisque cela fit bien trop longtemps qu'Ernelle ne la vît ainsi. Son palpitant s'apaisait tout en poursuivant une valse passionnée, entraînée par la bravoure de son amie. Oui, elle s'en rappelait bien plus clair maintenant : elles étaient ainsi à Xirtam, sans complexe et un trop plein d'entrain pour leur jeune âge. La proposition accompagnée du sous-entendu lui arracha enfin un sourire chaud, son teint reprit des couleurs qui seyaient bien mieux à une Dame du Royaume De Lieugro. Cela étant, l'idée lui apparaissait aussi dangereuse que trop excitante. La servante Lénora à son service, sous son propre toit ? À bien y songer, cela réglerait tant de problématiques, la première étant ces correspondances qui risquaient de se retourner contre elles. Si Lénora se trouvait tout près d'elle, le risque se montrerait bien moins grand ; les domestiques D'Ukok pourront semer les rumeurs s'ils le désiraient, personne ne portera du crédit du fait de leurs statuts. Quant à sa fratrie, Ernelle saurait les duper, comme elle l'avait toujours fait depuis son retour de Xirtam.

Résolue à concrétiser cette occasion alléchante – comme par peur de la laisser lui échapper – la machiniste entrouvrit ses lèvres avant de couper court à son élan, stupéfaite par la révélation de Lénora. Elle et Montarville ? Ernelle ne l'aurait jamais imaginé. En vérité, son histoire conjuguée à sa fuite laissait penser que la Princesse déchue ne souhaiterait pour rien au monde retourner dans cette alchimie instable qu'était une amourette. Du moins, Ernelle était demeurée ainsi, insensible aux affects qui cherchaient à la ravir. Malgré tout, il lui suffisait d'écouter et d'admirer son amie s'animer rien qu'à la mention du Roi pour comprendre toute l'étendue de sa sincérité de ses sentiments. Après tout, si Lénora en était rendue à user de sa propre famille, tout s'expliquait. Tu es trop choute. Au-delà de cet, encore une fois, excès de tendresse, la noble reprit contenance et approuva d'un ferme acquiescement sa décision. Contrairement à la plupart des goujats de la cour, Montarville était un homme bon, aussi meurtri que son amie présentement. Cela pourrait marcher entre eux ; la mécanicienne comptait bien user de ses talents pour imbriquer leurs rouages dans une splendide harmonie.

" Je te soutiens. Elle apposa sa main sur la sienne, rassurante. Tu n'as nul besoin de t'expliquer davantage. Je vois très bien que rien ni personne ne pourrait t'arrêter, rendue à ce stade. Elle remonta ses doigts pour l'apposer sur le cœur tambourinant de son amie. Tant que tu l'écoutes, lui, sans aucun doute que Montarville sera réceptif à tes sentiments. C'était sans doute ce qu'aurait dû faire Ernelle, mais elle préférait davantage que ses proches s'épanouissent avant elle. Impérieuse, la mère malgré elle se redressa. Ici, tu es en meilleure posture que moi, mais je me porterai garante à tes côtés si tu souhaites convaincre le Roi d'accepter ton concours. " Ce ne sera qu'un entretien normal entre deux amis d'enfance.

Légère comme une plume, la libellule rejoignit son épaule, comme apparue de nulle part. D'un simple coup d'œil, il lui semblait bien que rien ne l'avait affectée sur sa route. Elle espérait simplement que personne ne l'ait surpris, puisque cette technologie s'avérait encore trop nébuleuse au sein de ce Royaume. Elle rendit ainsi le mouchard à sa légitime propriétaire. Lénora connaissait trop bien ce mécanisme, elle n'avait alors nul besoin de plus amples explications à son sujet et de sa boucle. Quant à ce qu'elle y découvrira, Ernelle lui laissait le loisir de prendre ses propres précautions. Pour sa part, la culpabilité de Hermilius et la voix enivrante de Garance lui suffirent.

" Lénora, quoi qu'il arrive… Elle déglutit, le regard éperdu sur un gouffre imaginaire. Je voudrais que… Elle ferma brièvement les yeux, afin d'ordonner ses pensées. Je voulais rester avec toi. Elle remonta son attention sur ce visage si charmant. Je t'ai déjà parler de mon fils et de son attirance pour la navigation. Je songeais à son futur et au mien durant nos correspondances, et je m'étais faite à l'idée que tout comme toi, je pourrais prendre mon courage à deux mains afin de me libérer de ce carcan qui m'oppresse. Je commençais à me dire qu'une fois Natanaël partie en mer, loin de nous tous… Je pourrais retourner à Xirtam. Et m'y installer. Elle retint un rire nerveux. Au fond, cela m'a soulagée d'apprendre ta fugue jusqu'en mon Royaume. Je n'aurais pas eu à courir si loin. Un silence, un sourire digne d'une rêveuse abattue. Si tu rentres à mon service, je me sentirai plus rassurée. Nous pourrions alors trouver une solution pour… tous nous contenter. Je te protégerai et tu conserveras tes chances d'approcher notre Roi. Tu le mérites amplement. " À croire que sa grossesse lui avait injectée des ailes maternelles.

Soudainement, le temps leur semblait compter, puisqu'en dehors de ces murs les rats grouillaient. Et qui savait ce que fomentaient encore ces derniers dans la salle de bal, dans les ténèbres de ces jardins, ou plus loin encore ? Il lui était hors de question de perdre toutes ses attaches, ici, de cette façon. La machiniste se leva, enfin digne d'une représentante de sa noble famille.

" Dans tous les cas, il faut agir. Sur ce point, elles étaient enfin d'accord. Hélas, son propre rôle s'arrêtait ici-même. Va, ma brave Princesse. Conquise, Ernelle se pencha sur son amie et lui offrit un baiser chaste sur cette bouche qui la libérât autrefois. Dans le même temps, espiègle, elle lui fit hausser le menton afin de darder davantage ce regard qui l'avait noyée dans un océan d'oxygène. Et je t'ordonne de m'ouvrir un chemin jusqu'à la couche de Garance. " Même si ce n'était qu'officieux, la D'Ukok se plaisait déjà à l'avoir sous son service.

Elles prirent la juste décision d'espacer leurs départs, afin d'éviter les potentiels ragots. Ernelle sortit de la chambre en première, prudente derrière l'entrebâillement de la porte, avant de la refermer doucement derrière elle. Elle soupira dans le couloir, lasse de devoir retourner dans la salle avec toute l'agitation actuelle, mais elle n'avait pas le choix. Elle devait s'assurer que Clémentine était en sécurité, que Childéric prenait les rennes bien en main, et… Elle fronça les sourcils une fois dans la foule, des nouvelles peu rassurantes lui parvenaient. Que s'était-il passé durant son absence ? La situation n'aurait pas dû être moins pesante ?

" Où est mon fils ? Demanda-t-elle au premier venu. Elle ne le voyait nulle part, malgré sa taille titanesque. Où est Natanaël ?! " Elle devait le trouver.


1408 mots ~



By Jil ♪
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Dim 27 Nov 2022, 15:09


Les portes - Chapitre V

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Cachée comme une petite souris, Eléontine écoutait la conversation entre Madeline et le Roi. Elle aurait dû se sentir coupable de cette indiscrétion mais, au contraire, elle était fière. Elle avait la sensation de voir son lionceau chasser pour la première fois. Les débuts étaient hésitants mais la proie était des plus grosses. Bien trop difficile à mettre à terre d'un coup de pattes, même bien placé. Elle-même n'aurait pas réussi. Madeline aurait-elle la folie des grandeurs ? Un trop-plein d'ambition ? Eléontine en était réjouie. Si elle devait être la maîtresse d'un homme alors il lui fallait un homme ayant encore plus de pouvoir que Lambert. Et puis, ses oreilles se délectaient. Montarville, ce roi si fidèle, avait un bâtard ? Elle n'arrivait pas à en saisir l'identité mais ce début de cachoterie était un délice à son ouïe.

Bien trop vite le roi et son amie se séparèrent. Eléontine se plaqua contre sa cachette pour ne pas être aperçue par la sécurité du Roi, ou même par ce dernier. Elle attendit quelques secondes que le bruit de pas soit lointain et se précipita vers son amie, la surprenant un peu par son apparition. Quand elle fut à sa hauteur, elle l'enlaça brièvement avant de poser délicatement ses mains sur les bras de son amie. "Je suis ici depuis peu." Elle lui sourit. "Mais oui, pour ce que j'ai entendu, tu as très bien fait." Elle retira ses mains pour les positionner gracieusement devant elle. "Je n'aurais pas mieux fait. C'est vrai. Le roi n'aurait jamais été à ma portée. Mais pour toi..." Elle laissa un silence. Son sourire se transforma en un rictus. "Il va falloir le travailler un peu mais il pourrait céder. Tu as posé de bons arguments." Eléontine pencha légèrement sa tête sur le côté. "Malheureusement, je pense qu'il va être trop occupée dès à présent - et pour toute la soirée - pour songer à ta place de maîtresse." Elle plaça son bras sous le sien et commença à marcher. "Vois-tu, un esclandre a eu lieu pendant que vous étiez ici." Eléontine leva sa main libre devant sa bouche, pour cacher son sourire. "L'un des fils d'Adénaïs, Déodatus je crois, aurait violé la Princesse d'Uobmab." Elle tournait ses yeux vers son amie pour y déchiffrer sa réaction. "Je ne sais pas si cela est vrai mais la Princesse l'aurait défié en duel, pour son retrouver son honneur bafoué." Elle soupira dramatiquement. La virginité : un honneur ? Ce n'était qu'un hymen empêchant de connaître des plaisirs succulents. Si le viol était véridique, alors Déodatus lui avait rendu service, en lui enlevant l'une des nombreuses chaînes qui maintenaient les femmes prisonnières. "Enfin, bon. Nous voici abandonnées. Je crains que Judas ne soit plus d'humeur à se faire divertir. Enfin, pour le moment." Elle songea à l'homme et à sa menace planante. Elle avait déjà été étranglée pendant un acte et le plaisir qu'elle en avait retiré avait été encore plus vicieux et surprenant. Judas était un homme comme les autres, bien qu'il eût une couronne sur la tête. Il pouvait l'étrangler s'ils en tiraient tous deux un orgasme. "Mais oui, rien ne nous empêche d'aller à la rencontre d'un autre homme." Elle était d'ailleurs surprise que Madeline le lui propose. Elle ne l'avait jamais connue comme cela. Auparavant, elle était comme l'un des oisillons de sa fille. A présent, elle était fauve. Elle avait faim de chair. Et, comme la dresseuse de son animal, Eléontine allait lui en donner. "Allons dans les jardins. Nous y trouverons sans doute une âme perdue." Elle continua à marcher, maintenant en connaissant leur destination.

Cependant, leur marche fut stoppée nette par des cris larmoyants qui inondaient l'enceinte du château, et surement même les jardins. "Adénaïs." conclu la blonde, dans un murmure. Elle échangea un coup d'oeil avec son amie. "Pauvre femme." essaya-t-elle de dire, pour une fois, avec sympathie. Cependant, elle avait une légère moue de dégout sur le visage. Avec Madeline, elle ne mettait jamais de masque. Elle ne lui cachait pas sa monstruosité. Jamais. Alors qu'elles allaient reprendre leur marche, Gustave les gêna par son apparition. En voyant qu'il était accompagné d'Elzibert, son bras s'affermit autour de celui de Madeline. Elle n'aimait pas ce qu'elle voyait. Alors qu'il approchait, elle essayait déjà de trouver une autre explication au fait que les deux hommes soient ensemble. Elle n'en trouva aucune. "J'arrive." finit-elle par dire. Elle regarda son amie, hésitant à la lâcher. Ses grands yeux bleus semblaient l'appeler à l'aide mais Eléontine ne dit rien d'autre. Elle tenta simplement de lui offrir un sourire. "Je reviens vite." murmura-t-elle, tantôt pour rassurer son amie, qu'elle même. Elle la lâcha enfin, lui déposa un baiser prude sur la joue et partit à la suite de son époux et de l'une de ses anciennes aventures.

Tout son corps était tendu quand elle s'engouffra dans un des salons un peu plus loin. Cela ne s'arrangea pas quand elle entendit la porte se verrouiller derrière elle. Comme une condamnée à échafaud, elle se plaça à côté de l'autre prisonnier. Tandis que Gustave rangeait la clé dans sa poche et se plaçait devant eux, elle dévisageait cruellement l'enfant qui l'avait trahie. "Pourquoi" était une question qu'ordonnaient ses yeux. Lui avait-elle fait un jour du mal ? Compromis ? Ri de lui ? Non, jamais. Elle ne l'avait pas forcé non plus. Ils s'étaient simplement amusés ensemble. Et elle lui avait fait découvert des plaisirs inattendus. Elle avait fait de lui un homme, bien plus en avance sur ses amis masculins. Elle lui avait appris comment combler une femme. Il aurait dû la remercier et l'aimer pour tout ceci. Mais peut-être lui en voulait-il parce qu'elle lui avait interdit d'en parler, en apprenant qu'il était peut-être un rejeton de son époux.

La gifle qu'elle reçut stoppa ses vaines pensées. Elle vacilla sous la violence et s'accrocha à l'accoudoir d'un fauteuil près d'elle pour ne pas complétement chuter. Ses cheveux formaient un rideau d'or devant sa joue meurtrie. Un goût de sang lui inondait la bouche. Elle papillonna des yeux, affirma sa prise sur l’accotoir, cherchant un entre-deux entre son choc et sa colère. Ce n'était pas la première fois que Gustave portait la main sur elle. Il avait cette tendance à la violence. Madeline écoutait-elle à la porte ? Eléontine se redressa, tout en portant sa main à sa joue brulante. Elle avait envie de lui cracher ce sang qu'elle avait dans la bouche au visage. Elle n'en fit rien, se contentant d'écouter, aussi silencieuse qu'une religieuse, les faits qui lui étaient reprochés. Lorsqu'elle vit Gustave frapper son bâtard, son amertume à son encontre s'en réjouit. Pourtant, son dégoût pour son mari n'en diminua pas. L'avait-elle vraiment un jour aimé ? Il riait alors qu'il était un monstre. Elle le détestait. Il était si stupide. Il n'avait rien vu durant des années, et maintenant il agissait comme s'il était le maître du jeu ? Pathétique. Elle essayait de cacher son sourire mauvais derrière la main qui frottait sa joue endolorie.

Pourtant, Gustave avait prononcé la phrase de trop. Eléontine pouffa, avant de regarder les deux hommes de la pièce. "Oh, non. Ce n'est rien. Continue." Elle s'adressait à Gustave. "Je rigolais simplement à propos de cette grossesse." Elle encadra ce mot de deux guillemets, imitées par ses mains. Après quoi, elle plaça sa mèche blonde derrière son oreille pour afficher la marque rouge sur sa joue. "J'espère que ton fils (elle siffla ce mot) n'a pas hérité de ta perspicacité." Elle plongea ses iris bleus dans ceux obscurs de son époux. "Il n'y a jamais eu de grossesse." expliqua-t-elle, au cas où Gustave n'aurait point compris. "Vois-tu, lorsque l'on voit autant d'hommes que moi - je ne pourrais d'ailleurs pas tous te les citer - on sait se protéger." Elle regarda Elzibert. "C'est une leçon que tu aurais dû apprendre, avec toutes tes coucheries, pour t'éviter un bâtard pareil." Elle jugea le garçon de bas en haut. "D'ailleurs, ne m'insultes pas d'inceste, mon tendre. Cet enfant n'a pas de parenté avec moi." Elle regarda de nouveau Gustave, s'approchant dans le même mouvement. "Bien sûr, si cela peut te rassurer. Je ne savais pas qu'il était de toi lorsque je l'ai pris entre mes jambes." Elle se mordit la lèvre inférieure. "Mais peu importe, maintenant. Fais de ce bâtard ton fils. Traine ton nom dans la boue en accoquinant les de Tuorp avec les maudits d'Etamot. Adénaïs viendra peut-être te quémander une bien belle pension pour avoir avoué l'avoir engrossée. Tu payeras ta putain bien plus chère, alors que sa valeur ne fait que diminuer. Tu fais un bien beau dindon, mon chéri." Elle posa sa main sur le torse de Gustave. "Voyons le bon côté des choses. Nous n'avons plus à nous mentir. Aussi, je peux te promettre que Ludoric est bel et bien ton fils. Et je peux aussi te dire que, oui, ta femme est tout de même incestueuse. Sais-tu qu'Hermillius parfumes son engin à la pêche ? C'est délicieux, tu devrais y goûter." Tout en disant cela, elle avait rapidement plongé sa main dans la poche de Gustave pour se saisir de la clé qui la tenait prisonnière dans cette pièce. Elle s'éloigna d'un pas pour esquiver le geste de son époux, s'il voulait le lui reprendre. "Oh !" s'exclama-t-elle d'un coup, comme si elle venait de se souvenir d'une chose importante. Ainsi, elle marcha rapidement vers Elzibert. Là, elle prit les joues du garçon entre ses deux mains, regarda Gustave avec un air de défi et embrassa son fils à pleine bouche. Puis, elle le poussa en arrière avec violence. "Voilà. Je pense que nous avons tout dit." Elle se dirigea vers la porte et y inséra la clef. "Je serai avec Madeline, si tu veux t'amuser avec nous, mon époux. Si tu tiens à faire d'Elizbert ton fils, alors je m'en vais aussi fabriquer le mien." Elle sourit, enclencha la clef et verrouilla rapidement derrière elle. L'adrénaline lui tambourinait le cœur tant elle s'était précipitée pour que Gustave ne se jette pas sur elle avant qu'elle n'ait pu sortir.

"A plus tard !" dit-elle en faisant glisser de toutes ses forces la clef sous la porte. Elle espérait l'avoir envoyé sous un meuble pour que Gustave et Elzibert passe un bon moment tous les deux. Ensuite, elle se précipita, en courant, dans le couloir. "Madeline !" s’écria-t-elle en la retrouvant. Sans arrêter sa course, elle la saisit par la main pour l'entraîner dans sa fuite. Elles foulèrent donc à grandes enjambées le parquet royal. Enfin, elles tombèrent sur un groupe qui mit fin à leur course. "Vous, là." Il s'agissait d'un groupe de gardes qui escortaint le Prince d'Uobmab. Le costume de ce dernier était couvert de sang. "Je vous prie d'excuser notre comportement mais l'époux de Madame d'Eruxul, le conseil du roi, a chargé Madame, et moi-même, de transmettre de toute urgence un message au Prince." Elle inventait. Les gardes se regardaient entre eux, avant de chercher l'approbation de Madeline. "C'est privé. Pouvons-nous emprunter ce salon ?" Elle pointa du doigt une porte près d'eux. Les gardes avaient l'air d'être mal à l'aise de laisser deux femmes avec un tueur. "Ne vous inquiétez pas. Nous crierons, s'il y a un souci. Vous serez juste à côté." Eléontine leur offrit un sourire plein de confiance. Ils acceptèrent enfin. Elle ouvrit la porte et regarda Merlin. "Altesse." dit-elle pour l'inviter à entrer. Elle referma la porte dès qu'ils furent tous les trois à l’intérieur.

"Vous devez vous demander ce que nous avons à vous dire." Elle plaça sa main gracile sur l'épaule du jeune homme puis le contourna pour lui faire face. "Ne nous trainons pas en lenteur. Nous n'avons été chargées d'aucune mission." Elle glissa sa main vers la nuque de Merlin puis traça la ligne de sa mâchoire, jusqu'au menton, avec son index. Elle lui sourit après son geste et se déplaça vers Madeline. "Par le sang qui tache votre chemise, j'en conclu que vous avez eu votre vengeance." Elle se plaça à côté de Madeline et la regarda. D'un regard, elle lui demandait sa permission. Elle pouvait l'arrêter dès que c'était trop pour elle. Doucement, elle plaça son index et son majeur sur l'épaule de la femme. Mimant que sa main marchait, elle arrêta ses deux doigts sur la poitrine de la femme, au début de sa robe bustier. "Quelle saveur avait-elle ?" Elle tournait son visage vers Merlin. "Agréable, n'est-ce pas ?" Eléontine joua un peu avec le tissu, sans en passer la barrière. "Nous cherchons aussi à nous venger, voyez-vous. Mais d'une autre manière..." Elle plongea ses iris dans ceux du prince à sa dernière phrase et lui sourit. Ses lèvres n'avaient rien d'innocent. "Qu'en dites-vous ?" Elle quitta la proximité avec Madeline pour prendre la main du Prince. Elle plaça cette dernière sur la naissance de son fessier, l'obligeant à se rapprocher d'elle. "On dit souvent qu'après avoir saigné sa proie, un homme a besoin des cuisses d'une femme." Elle se rapprocha de son oreille. "Nous sommes deux." lui murmura-t-elle. "Ne trouvez vous pas les lèvres de mon amie séduisantes ?" Elle regardait Madeline. "Elles n'avaient appartenu qu'au conseiller du roi de Lieugro. Volez lui." Elle glissa ses lèvres sur la joue du Prince mais se sépara de lui avant qu'elles n'atteignent sa bouche. "Touchez-moi." annonça-t-elle enfin. "Touchez-nous." Elle s'écarta de lui pour se rapprocher de Madeline. Elle déposa un doux baiser sur son épaule. "Votre Altesse. Je suis Eléontine de Tuorp et voici Madeline d'Eruxul. Pour vous divertir."

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Les Portes - Chapitre V

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