Les épées couronnées

☙ Chuck Berry - Johnny B. Goode

« Ooof ! » Surprise par la téléportation impromptue, Astriid chuta sur ses genoux et finit à quatre pattes. Elle s'ébroua comme un chien et cligna des yeux le temps de s'habituer à son nouvel environnement. Le ciel pastel de Caelum et ses rues propres n'étaient plus, remplacés par un paysage bucolique, bien moins atteint par la main humaine. Un pinceau orangé s'était attardé entre quelques nuages, s'harmonisant avec les teintes chaleureuses de la végétation autour de l'Elfe. Elle se redressa en époussetant la terre et l'herbe de ses jambes avant de frapper dans ses mains pour les débarrasser des saletés qui s'y étaient déposées. L'Eskët se trouvait au sommet d'une colline qui surplombait la ligne doucement vallonnée d'une île qu'elle ne pensait pas revoir de sitôt, et surtout, pas dans ces conditions. Bordée par la mer de toute part, Qorus était toujours aussi accueillante et revoir un semblant de forêt un peu plus bas éveilla un élan de nostalgie chez la sylvestre. Elle échangeait régulièrement des lettres avec ses parents et ils tâchaient de la tenir au courant de leur routine et des changements qui s'opéraient dans la société mais plus le temps passait et plus elle se sentait s'en détacher, comme s'il s'agissait d'un doux rêve qui s'effilochait face à sa réalité. Elle craignait parfois que la porte ne se referme complètement et qu'il lui soit impossible de renouer un jour avec ses racines.

Des voix lui vinrent soudain de plus bas, provenant d'un groupe de femmes qui lui faisaient des signes. « Oh ! » Ravie de voir qu'elles étaient là pour l'accueillir, Astriid agita son bras en retour. « J'arrive ! » Cria-t-elle avant de se mettre à bondir entre les hautes herbes pour les rejoindre. L'inclinaison de la pente eut tôt fait d'accélérer sa descente et c'est hors d'haleine et miraculeusement sans trébucher qu'elle parvint jusqu'aux femmes toute échevelée. Un grand sourire radieux s'épanouissait sur son visage. « Bonjour ! » « C'est un plaisir de vous revoir, votre Altesse. Vous étiez attendue. » Fit gravement la porte-parole qui avait déjà accueilli l'Ygdraë la première fois. « Oh, appelez-moi Astriid, voyons. » Se mit à rire l'Elfe, un peu gênée du caractère formel de leur conversation. « Et vous êtes Siobhán, c'est bien ça ? Comment allez-vous depuis la dernière fois ? » S'enquit-elle. « Moi je suis devenue chocolatière ! Enfin, presque ! » Elle tira sur son tablier d'apprentie pour exposer fièrement les brûlures et traces de chocolats qui résultaient de ses tentatives plus ou moins - mais surtout moins - concluantes. « Si j'avais su que j'allais venir ici, je vous en aurai ramené ! Il y a du chocolat ici ? Je peux peut-être me débrouiller pour vous partager la recette que je réussis le mieux ! » Ses prunelles brillaient de l'espoir de se faire pardonner d'être venue les mains vides mais la femme hocha la tête négativement.

« Dommage, ce sera pour une prochaine fois alors ! Il n'y a rien eu de nouveau sur Qorus ? Racontez-moi tout. Je me suis posée beaucoup de questions sur cette île mais je n'ai rien trouvé dans les bibliothèques à ce sujet, c'est très étrange. » L'humeur chaleureuse de la rouquine était communicative et la conseillère parut lutter contre le début d'un sourire avant de retrouver son sérieux. « Après vos départs, la vie a repris son cours mais récemment, nos voyantes ont deviné dans les étoiles les signes qui marquaient le retour de nos souveraines afin d'accomplir la destinée que notre Déesse a tracé pour vous. » La rouquine la regarda, interdite, avant de jeter un coup d'oeil aux autres femmes et de se pencher vers Siobhán. « Je ne suis pas certaine d'avoir compris. » Murmura-t-elle tout bas sur un ton d'excuse. « Mais si je peux faire quoi que ce soit pour vous aider, ce sera avec plaisir ! Oh, est-ce qu'Eméliana Salvatore est arrivée ? » « Pas pour le moment. » « Oh... » Souffla-t-elle, partagée entre la déception et le soulagement. Ses pensées s'orientaient parfois jusqu'à la Sorcière et elle ne savait quoi penser de ces occasions manquées. La seule fois où elle s'était trouvée à quelques mètres seulement de la jeune fille, une angoisse inexplicable l'avait paralysée et elle n'avait osé faire un geste dans sa direction. Son sourire avait des fausses notes quand elle prit le bras de la conseillère, chassant la Sorcière de ses pensées. « Tant pis ! Allons-y, vous m'expliquerez en marchant ! »

Après avoir promis de revenir pour visiter le temple de la Déesse et de goûter aux spécialités culinaires des femmes, Astriid prit seule le chemin qui menait jusqu'à la forêt. Par réflexe, c'était par là qu'elle avait décidé de mener ses recherches, plus habituée à évoluer dans un environnement familier. Partout où il y avait des arbres pour lui prodiguer un abri, elle se sentait chez elle et Qorus ne faisait pas exception. Elle avait trouvé les maisonnées des habitantes rudimentaires mais qui ne manquaient pas de charme. Les locales étaient fières de leur village et avaient apprécié l'intérêt de l'Elfe pour leur île. Elle leur avait posé quelques questions sur cette Déesse nommée à plusieurs reprises et avait froncé les sourcils face aux explications de l'absence d'hommes sur le territoire. Elle avait soupçonné les Sirènes d'être derrière ce régime matriarcal radical mais lorsqu'elle les avait interrogé sur un éventuel lien de parenté avec le peuple des océans, elle n'avait eu en retour que des regards perplexes.

Tout en marchant, la sylvestre se baissait parfois pour récupérer quelques branches fines qu'elle se mit à entremêler machinalement en regardant autour d'elle. Peu à peu, une couronne de lierre prit forme entre ses mains, qu'elle garnit ensuite de feuilles et de fleurs, fredonnant doucement une balade romantique. Caelum était truffée de bardes qui reprenaient dans tous les coins de rue des chansons destinées à attirer l'attention des Mages vivant dans la cité et l'Elfe se retrouvait souvent avec leurs airs entraînants qui tournaient en boucle dans sa tête. Bientôt, sa couronne végétale orna le sommet de sa tête et elle se mit à explorer les fourrés, à la recherche de baies à grignoter sur le chemin. Râlant lorsque des épines éraflèrent sa peau, Astriid s'immobilisa soudain lorsqu'un éclat doré inhabituel accrocha sa rétine. Délaissant les fruits, elle se força un chemin à travers les feuilles et les ronces pour en extirper une couronne en métal luisant même dans la pénombre des bois. Elle inspira brusquement et regarda à gauche et à droite, craignant qu'on ne l'accuse de vol. Voyant que personne ne se jetait sur elle en hurlant, elle essuya les résidus de terre avec son tablier pour faire briller l'or de l'artefact et le serra ensuite contre sa poitrine. Elle allait l'offrir aux habitantes, convaincue que les femmes seraient heureuses d'avoir un objet de valeur à déposer sur l'autel de leur Déesse.

1198 mots

Deux salles deux ambiances hein...

Epées couronnées

Musique
Y a des parties qui traitent d'agression sexuelle

Adriæn regarda autour de lui. La brume orangée de Shakrii rendait ce lieu mémorable. Il pensa que s’il était sur le sol de l’île de laquelle il était Roi, Johannês devait y être également. Il aimait bien lorsqu’ils étaient tous les deux. Ça lui manquait. Basphel rendait leurs rapports plus difficiles. Entre les cours, les activités extra-scolaires et les autres garçons présents dans leur chambre, les rares occasions qu’il avait de parler avec son meilleur ami disparaissaient petit à petit. Heureusement, Sympan s’était trouvé une copine et passait le plus clair de son temps avec celle-ci à traficoter de leur côté. Quoi ? Il n’en avait aucune idée mais il n’était pas spécialement ami avec l’Ygdraë. Le fait qu’il fît des expériences sur le Magicien durant la nuit ne convenait pas à Adriæn. Il se gardait de le faire remarquer puisqu’il avait conscience que son colocataire était au courant de ses propres expériences nocturnes. Deux jours auparavant, Sympan l’avait fixé dans les yeux et lui avait demandé de but en blanc s’il voulait un somnifère puissant pour Johannês, s’il désirait faire plus que le toucher. L’Ondin était resté interdit autant qu’il avait pu, avant de se dire que ce ne serait pas une si mauvaise idée. Il avait donc accepté l’offre de l’Ygdraë. Celui-ci, content, l’avait remercié, en lui précisant que cela faisait plusieurs semaines que son expérience stagnait et qu’il était heureux de faire en sorte qu’elle avançât. Adriæn avait demandé de quoi il s’agissait et Sympan lui avait expliqué pendant au moins trente minutes que selon d’éminents chercheurs, les délinquants avaient tendance à récidiver et à commettre des actes de plus en plus répréhensibles tant que personne ne les arrêtait. « Hum. » avait répondu l’Ondin. « Et ? » « Et j’ai décidé de ne pas t’arrêter et de t’aider. Pour la science. » « D’accord, ça me paraît être une bonne chose. Mais dis-moi… » « Oui ? » « T’es sûr d’être un Ygdraë ? » Il avait ri et confirmé avant de changer de sujet.

Maintenant qu’Adriæn était sur Shakrii, il envisageait l’avenir d’une façon différente. Si Johannês et lui pouvaient passer du temps ensemble, il en serait peut-être rassasié, assez pour ne pas avoir à caresser le bleu pendant qu’il dormait. Était-ce trop demandé, quelques heures par jour avec lui, sans les autres ? Surtout, il commençait à se dire que les filles les éloigneraient davantage. Il n’aimait pas vraiment cette idée. Il aurait aimé que le Magicien restât avec lui et partageât son engouement pour sa propre vie amoureuse. Le problème était que l’Ondin avait du mal à ressentir les choses. C’était comme s’il devait tout faire plus fort pour produire en lui des sensations. C’était surtout le cas pour tout ce qui était positif. Les sentiments négatifs étaient bien plus puissants, d’où son intérêt pour eux et les comportements à risque. Lorsqu’il avait commencé à tripoter Johannês, il avait eu peur. Cette peur lui avait donné des frissons qui s’étaient petit à petit taris. Il avait soif de toujours plus et c’était la raison pour laquelle il avait commencé à aller de plus en plus loin, jusqu’à poser son membre sur la bouche du dormeur. Ce risque faisait battre son cœur et lui donnait la sensation d’être vivant. Il n’était même pas sûr d’avoir envie de plus qu’une amitié lorsque le Mage était éveillé. Il aimait bien cette relation à sens unique sur le plan sexuel. Parfois, il y pensait un peu mais il savait déjà que ce ne serait pas possible entre eux. Le bleu n’aimait pas les hommes. Lui non plus d’ailleurs. C’était quelque chose d’autre… une envie perverse de s’approprier son ami totalement. Il voulait le posséder en entier et ça passait par absolument tout. Il avait le même genre d’envie avec sa sœur et Kiara d’ailleurs. Ceux qu’ils aimaient ne recevaient pas une version saine de l’amour. Lui aimait s’approprier les autres. Il ne voulait pas qu’ils eussent des à-côtés. Il avait du mal à le supporter et c’était bien son seul problème. Il séparait les individus en trois catégories : ceux qu’il aimait – rares, ceux dont il se fichait – nombreux, et ceux qui attiraient l’attention de ceux qu’il aimait ailleurs que sur lui – à éliminer.

« Johannês ! » appela-t-il, lorsqu’il vit le bleu. Le début de la conversation fut dédiée à ce qu’ils devaient faire ici. Le Magicien avait eu l’information via leur conseiller. Ils se mirent donc en marche, Adriæn suivant uniquement pour rester avec son ami. Il se fichait totalement de cette histoire de couronne et d’épée. Ce qu’il voulait, c’était être avec Johannês. « Il faudrait qu’on fasse ce fameux mariage un jour quand même… » « Mouais. » « C’est la règle. » dit-il, agacé qu’il pût ne pas être motivé. « On fera la nuit de noce aussi. » lança-t-il, sur un ton on ne peut plus sérieux. « Qu’est-ce que tu peux être con parfois… » L’Ondin pensa qu’il n’avait absolument pas besoin qu’il fût conscient pour faire la nuit de noce. Cette idée effaça le semblant d'émotions négatives dues au manque de tact de l’autre. « Je sais. C’est pour ça qu’on est amis. » répondit-il.

Adriæn fut le premier à trouver son trésor : une couronne, suspendue à la branche d’un arbre. Après cette trouvaille, la conversation dévia légèrement. « Tu l’as vue la copine de Sympan ? » « Pas encore. » « Moi je les ai croisés dans un couloir. » « Et alors ? » « Bah… ça va. » « Ça va comment ? Comme Susannah ? » « Susannah ? Ce boudin ? Peuh ! » Le blanc aurait adoré cette réplique s’il ne soupçonnait pas son auteur de médire par principe. « Comme ma sœur ? » « Nan ta sœur elle… » Il s’arrêta. « Elle ? » « … C’est ta sœur. Ça ne se fait pas de dire que c'est un boudin devant toi… » « Je ne vois pas ce qui te gêne. Moi je trouve qu’elle est bonne. » « … » Adriæn haussa les épaules. « Mais c’est vrai que c’est ma sœur. Alors pas touche. » « C’est bon ! Je ne vais pas la toucher. Je préfère encore me couper la main. » « Et Kiara ? » « Quoi Kiara ? » « Elle est comme Kiara ? » « … Hum… Ouais. On va dire ça. Kiara ça va. »

Alors qu’ils discutaient, Johannês finit par trouver l’épée. Adriæn sourit. « C’est drôle. Je ne sais pas pourquoi, j’aurais plutôt pensé que j’aurais eu l’épée et toi la couronne. » « Ah ? Pourquoi ? » « Parce que je vais bien plus en profondeur que toi. » « … Je suis censé le prendre mal ? Fais gaffe parce que je t’ai déjà envoyé des patates dans la gueule hein. » L’Ondin rit et attrapa son ami par l’épaule. « Tu comprendras peut-être un jour. » Il ne valait mieux pas.

1055 mots

Les Mutations

☙ Set It Off - Dangerous

À l'heure du repas, les laboratoires étaient déserts. Sauter son déjeuner déplaisait fortement à l'Ondine mais se faire pincer en pleine effraction n'était pas envisageable. Progressant à pas silencieux, Susannah tentait de se rassurer en peaufinant son excuse si jamais elle se faisait prendre.

Juste avant d'y pénétrer, une silhouette surgit du coin blotti dans l'ombre et elle manqua lâcher un hurlement strident. Les sourcils froncés, elle envoya un regard furibond à Félix. « Je croyais que tu ne voulais pas te salir les mains. » « On est partenaires, non ? Et puis tu es trop bête pour prendre ce dont on a besoin et nous n'aurons pas deux fois cette chance. Dès qu'ils se rendront compte que quelqu'un a touché aux échantillons, ils vont fermer le laboratoire à clé. » « Et ils auront raison. » Marmonna la bleue. L'étudiant la fixa, un sourcil arqué. « Tu te dégonfle ? Je te croyais plus audacieuse que ça. » Elle se rebiffa aussitôt, des flammes dans les yeux. « Bien sûr que non ! Mais tu as entendu comme moi ce qu'on dit sur cette maudite sauge. C'est mortel pour mon espèce alors qui sait ce que ces végétaux peuvent me faire ? » « Oublions le fait que ce n'est pas mon problème et concentrons-nous sur ça, tu veux ? Tu n'as qu'à faire attention. Allez, bouge. » L'Ondine se raidit. « Ne me donne pas d'ordre. » Il soupira, las de passer par cette sempiternelle discussion à chaque fois. « Quoi que je trouve à l'intérieur, je te le jette à la figure si tu me parles encore sur ce ton, crétin de Gælyan. »

Sur cette menace, Susannah poussa la porte et se dirigea vers les aquariums empilés au fond de la pièce. Il y en avait une quinzaine, chacun contenant un échantillon différent de ce que les chercheurs de Basphel avaient récolté autour de la barrière de sauge. « Prends ça. » Le Sorcier pointait du menton un aquarium dans lequel l'eau avait viré à un sombre malsain qui rendait impossible de discerner l'intérieur. « Pourquoi lui et pas un autre ? » « On les a étudiés en classe. Crois-moi, c'est ça qu'on veut pour les mélanger avec tes écailles. Même utilisé tout seul, ça devrait nous être très utile. » « Hors de question que je mette un seul doigt là-dedans. » Protesta Susannah en reculant d'un pas et elle sursauta quand il lui jeta une paire de gants immenses à la figure. « Enfile-ça et dépêches-toi, il ne nous reste pas beaucoup de temps. » Susannah s'exécuta en grimaçant.

Sa main gantée produisit un bruit d'huile épaisse quand elle l'enfonça dans l'eau trouble. Elle tâtonna jusqu'à rencontrer une matière dure. Elle se saisit de ce qui ressemblait à une branche et en tirant d'un coup sec, la sépara du reste. Elle fronça les sourcils. « On dirait du corail. » Elle récupéra sa main pour vérifier son hypothèse et découvrit une branche difforme de corail, d'un noir dense et recouvert de minuscules poches. « Des oeufs. Ce sont eux qui m'intéressent et ils poussent dessus. » « Qu'est-ce que c'est ? » « Difficile à dire encore mais quand les oeufs éclosent, ça libère ce magma qui teint l'eau. C'est une variante de mercure, du moins c'est ce qu'on pense. Les bestioles à l'intérieur sont des parasites. Ils sont inoffensifs sur le corail, si on omet le liquide dans lequel ils grandissent mais s'ils infestent un être vivant comme toi ou une vache... » Il ignora le regard noir qu'elle lui lança. « Eh bien on ne sait pas encore véritablement puisque personne ne veut faire d'essais sur des bestioles sans importance, question d'éthique. » Il leva les yeux au ciel. « Peu importe. Nous, on va l'essayer. Mets ça dedans. » Il ouvrit une besace imperméable dans laquelle Susannah laissa tomber le corail en retenant un frisson de dégoût. Il n'y avait vraiment que ces Mages Noirs pour avoir les yeux qui brillent en parlant de parasite.

680 mots

Le parasite d'hydragyre : Au contact de la sauge, le corail a muté et par conséquent, les colonies qui y vivent également. Une multitude d'oeufs grouille sur sa surface et n'éclot qu'au contact d'une chaleur assez forte pour faire fondre le mercure qui compose la coquille des oeufs. Une fois à l'air libre, le parasite n'a que quelques minutes pour infecter un être vivant et se loger dans son cerveau. Il y passera alors de longues années pendant lesquelles il grandira en piochant dans le corps de son hôte ce dont il a besoin pour survivre. Au fil du temps, sa cohabitation forcée avec son hôte va s'affiner et dès qu'il sera assez fort, il prendra temporairement le contrôle de l'hôte pour le forcer à assouvir ses pulsions meurtrières.

- Et qu’est-ce que c’est ?
- Euuuh, je comprends pas la question.
- C’est quoi ?
- Un poisson ?
- Non, mais à la base.
- Ah, c’était aussi un poisson, mais là…tous les membres de son espère qui ont touché cette barrière sont comme ça.

Le temps était calme dans la cité Rehla. Le sommet des tours de Zéphyr était baigné dans une légère brume et depuis la fenêtre, Daé et lae doctorant.e en zoologie qui lui exposait le problème ne distinguaient pas bien la ville, cachée sous un plancher nuageux. Exposée au soleil, la salle d’étude remplie d’animaux qui vivaient toustes dans des petites cages agrandies magiquement pour reproduire la taille et le milieu de l’environnement dans lequel iels s’épanouissaient, était agréable.

- Excuse-moi, mais je crois pas comprendre pourquoi exactement c’est moi que tu as fait venir. Je veux bien vous aider hein, mais…tu m’as vu dans une vision ? Quelque chose ?
- Non non, pas du tout. C’est bien toi qui t’occupe des animaux qui paissent dans les plaines rouges ? Et qui arrive souvent à la ville sur le dos d’un serpent ou d’un Cerfeuil d’Odd ?
- Oui, pourquoi ?
- Et c’est aussi bien toi qui a commencé à en apprendre plus sur la question des sources de magie et tout ?
- Oui oui.
- Parfait ! Geralt a bien visé ! En gros, le poisson que tu vois là, on a un problème majeur avec. Encore qu’il devienne un peu mutant bon, l’évolution et la magie nous ont déjà montré bien pire. Le souci c’est qu’il ne contrôle pas du tout sa magie. Et on a un peu peur que ça tourne mal. C’est-à-dire que comme tu le vois, ça vole.

Pour appuyer ses dires, lae zoologue se tourna pour montrer un des poissons en question en train de flotter dans sa bulle aqueuse dans la pièce et de tenter d’attaquer une porte à coup d’algues flottantes.

- Là tu vois mieux où on veut en venir.
- Vous voulez que j’en surveille un pour voir comment se comporte sa magie ?
- Presque.

Il pointa un oeuf sur la table.

- C’est un des premiers oeufs que cette espèce a fait entre membres ayant subi cette mutation. On a plusieurs hypothèses : Soit à l’intérieur de l’oeuf il y a un petit bourrin qui va tenter de détruire ta maison ou de te noyer, soit s’ils ne maîtrisent pas leur magie, c’est parce que ce sont les premiers membres de l’espèce à en avoir, mais dans tous les cas, on aimerait bien surveiller ça et ensuite pouvoir faire un compte rendu au peuple des mers.
- Quelle mission…étrange.
- Oui oui je sais.
- Non, mais c’est pas de ta faut hein, c’est juste que…mais soit ! Soit !


Daé se saisit de l’oeuf.

- Des infos en plus ?
- Potentiellement, les algues qu’ils maîtrisent contiennent du poison mortel.

Daé rit et se dirigea vers la porte.

- Ah ! L’espèce porte un nom !

Le Rehla s’arrêta et tourna la tête pour avoir le nom en question. Il partit en chuchotant et en touchant l’oeuf :

- Bonjour petit Espödän.

Description et image :

529 mots