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 [Event Septembre & Octobre 2022] - Complots, plantes et épées couronnées

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Ikar Pendragon
~ Sirène ~ Niveau I ~

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Ikar Pendragon
Mar 18 Oct 2022, 13:27



[Event Septembre & Octobre 2022] - Complots, plantes et épées couronnées - Page 3 Js9b

Epées Couronnées, avec Susannah  nastae


Je ne savais pas quoi faire avec cette fille. Le fait qu’elle ait rougi bizarrement s’était répercuté sur moi. Pourquoi avait-elle rougi ? Je croyais qu’elle était grande, forte, belle, blablabla, et qu’elle n’avait besoin de personne ?

Je soupirai et tentai de chasser un moustique avec ma main pour la énième fois. Avec quelqu’un d’autre, j’aurais peut-être adoré faire cette chasse au trésor. Néanmoins, la bleue ne m’inspirait pas franchement confiance et, comme la plupart des Sirènes, était dotée d’un orgueil qui aurait fait pâlir une Déchue de ce Péché.

Une partie de moi voulait penser que ce n’était pas de sa faute. On l’avait éduquée comme ça. L’autre partie était plutôt exaspérée. C’était un sentiment diffus et étrange. D’un côté, j’avais envie de la connaître davantage, puisque nous étions tous les deux Roi et Reine de cette île, mais, de l’autre, je me disais qu’elle ne voudrait jamais se prêter au jeu et que ce serait une grosse perte de temps. Cependant, peut-être devais-je au moins essayer avant de préjuger de sa réaction ?

Lorsque je la vis s’asseoir au pied d’un tronc, je me dis que c’était peut-être le bon moment pour faire quelque chose pour elle. Elle était peut-être juste dure d’approche. Elle avait peut-être souffert, ou quelque chose comme ça. Dans certains livres, les gens étaient insupportables surtout par peur. Il suffisait de briser la glace pour que ça aille mieux. Cela étant, même si je voulais y croire, je n'étais pas naïf à cent pour cent. Je me méfiais d'elle pour le moment.

« Attends, si tu veux je peux t’aider avec tes mollets. »

Je désignais ces derniers et m’assis en face d’elle, après avoir vérifié qu’il n’y avait pas un nid de fourmis ou quelque chose dans cet esprit.

« Je ne suis pas un masseur professionnel mais on le faisait souvent sur mon île après le sport. C’était avant que j’aille à Basphel. »

Peut-être que si je lui parlais de moi, elle s’ouvrirait plus ?

« Mon père ne m’a pas élevé en fait. Ma mère non plus. Forcément, je suis un homme. »

Je haussai les épaules et approchai mes mains de l’un de ses mollets. Mes pouces se callèrent sur son tibia et le reste de mes doigts commença des mouvements circulaires.

« Du coup je suis parti en internat sur une île un peu éloignée… un peu comme Basphel mais pas dans les airs. C’était bien. On avait plein de cours et il y avait la mer juste à côté. Ça me permettait de nager quand j’en avais envie. Là c’est vrai que… »

Je m’interrompis. Ressentait-elle un manque, elle aussi ?

« Disons que je n’ai jamais vraiment vécu avec les Sirènes… et je ne les porte pas dans mon cœur spécialement non plus, pour être honnête. Le fait d’avoir été rejeté par ma mère n’a pas aidé. »

Ma langue passa sur mes lèvres. J’étais un peu embêté de m’être empêtré dans ce sujet de conversation. Je n’aimais pas en parler. Surtout, je n’aurais peut-être pas dû en parler à une fille aussi insupportable qu’elle. Elle risquait de me faire la misère jusqu’à la fin de ma scolarité à trop en savoir sur moi.

« Mais l’eau c’est… Tu dois connaître j’imagine. L’eau c’est extraordinaire. Lorsque je suis dans l’eau, je me sens tellement bien… »

Pourtant, j’avais vécu la plupart de mon temps sur terre. Si je connaissais l’existence des Cités-Bulles qui, au final, revenaient au même qu’à vivre à la surface, je me disais que les Ondins qui y vivaient devaient tout de même avoir un accès privilégié à l’océan.

« Oh j’ai une idée ! Lorsqu’on aura trouvé ce qu’on cherche, on pourrait peut-être aller se baigner ! Qu’en dis-tu ? Ce serait bien… On pourrait en profiter pour se montrer nos queues. Je me demande à quoi ressemble la tienne. Bleue, comme tes cheveux ? Ce serait drôle. »

Je ne savais pas si elle trouverait ça drôle mais j’avais décidé de m’en ficher. Il valait mieux que je la considère comme un animal sauvage, une sorte de lapin cannibale qu’il conviendrait d’apprivoiser. Voilà. J’allais l’apprivoiser. La soûler jusqu’à l’apprivoiser serait d’ailleurs une formulation plus juste. Un jour, elle rangerait ses dents et ses griffes acérées et je pourrais la caresser et jouer avec ses oreilles et son pompon.

Une fois que j’eus terminé de malaxer son deuxième mollet, je relevai les yeux vers elle.

« Ça va mieux tes jambes ? »  

733 mots

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Susannah
~ Sirène ~ Niveau I ~

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Susannah
Mar 18 Oct 2022, 16:55

[Event Septembre & Octobre 2022] - Complots, plantes et épées couronnées - Page 3 Cc8d
Épées couronnées
Avec Ikar sur Malyë



Sur la défensive, Susannah avait manqué gratifier Ikar d'un coup de pied en plein visage quand il s'était approché pour poser ses sales pattes sur elle. La bouche ouverte pour invectiver vertement le suicidaire, elle s'était figée, avec un air un peu bête. Elle n'avait rien fait. L'audace du Pendragon l'avait surprise, tout autant que la gentillesse de son geste et elle avait dominé son réflexe premier. Il s'était mis à parler, la distrayant du contact de ses doigts, un peu. Pourquoi avait-il pris cette initiative ? Suspicieuse, elle ne s'interdisait pas de lui déboîter le nez s'il devenait trop entreprenant.

« Ah. » Désintéressée, son regard parcourut les environs. Pensait-il que le récit de son enfance valait la peine d'être raconté ? Il n'était qu'un homme, comme il l'avait souligné. Il aurait pu être un esclave asservi aux Démons de sa naissance jusqu'à Basphel ou être né dans un chou que ça n'aurait rien changé. Alors que l'adolescente tentait de se persuader de son profond dédain pour l'Ondin plutôt que céder à la curiosité en le pressant de questions, elle exhala un soupir d'aise alors qu'il dénouait la tension d'un nœud près de sa cheville. « C'est agréable. » Souffla-t-elle à mi-voix. Un reste de méfiance l'empêchait de se décontracter complètement, mais elle sentait déjà la fatigue refluer. « Tu es plutôt doué. » Evidemment, puisque telle était sa juste place, à ses pieds à œuvrer pour le confort de celle qui lui était supérieure. Tout se passait dans le meilleur des mondes quand chacun connaissait son rôle et s'y conformait. « Il n'y a rien de mieux qu'être dans l'eau. » Approuva-t-elle, ravie de constater qu'il avait un minimum de bon sens. Il avait un peu l'air d'un idiot ceci dit, mais elle ne s'attendait de toute façon pas à grand chose. Du moment qu'il se montrait obéissant et qu'il poursuivait sur cette voix, elle n'avait pas à se plaindre.

« Non. » Opposa Susannah fermement. Son imaginaire la tentait en lui faisant imaginer la sensation de fraîcheur sur son épiderme rendu brûlant par le climat insulaire mais elle le refoula, les sourcils si froncés qu'ils formaient une ligne unique. Depuis que Félix la mutilait pour lui arracher ses écailles, elle rechignait à aller se baigner, craignant qu'on ne lui pose des questions indiscrètes, et surtout, elle ne supportait pas la honte de voir sa queue auparavant si jolie, d'un bleu parfois si sombre qu'il lui évoquait les abysses, désormais était constellée de disgracieuses cavités qui laissaient entrevoir le cuir luisant d'un bleu azuré. Agacée, la Lyrium replia ses jambes sous elle et se releva en se tenant au tronc. « Oui, ça va mieux. » Puis, après quelques secondes d'hésitation et comme si ça lui arrachait la peau des lèvres. « Merci. » Elle tendit la main vers lui, son regard gris un peu adouci. « Tu peux me tenir la main, si tu veux. » Offrit-elle comme si elle lui accordait une grande faveur.

Plus tard, alors qu'ils avaient repris leur recherche, la question qui lui brûlait les lèvres finit par sortir. « Alors... Si tu es venu à Basphel, c'est pour essayer de voir ton père ? » Il était évident qu'il ne trouverait pas d'amour du côté maternel, au moins était-il assez intelligent pour s'en apercevoir, alors peut-être cherchait-il son attention en enfilant l'uniforme de l'école où le professeur Pendragon revenait parfois pour des cours ponctuels dans l'espoir de le voir ? Se sentait-il seul ? Susannah pouvait comprendre ça. Il y avait une éternité qu'elle ne s'était pas blottie contre le dos de sa mère pour s'endormir et on ne pouvait pas dire qu'elle s'était fait beaucoup d'amis à l'école. Ikar n'était pas le seul à ne pas trouver la compagnie des Sirènes très agréable.

« Dis, tu veux faire quoi sur cette île ? Comme on a tous les pouvoirs, on pourrait leur demander de nous construire un immense palais en or et d'avoir à manger à volonté ? J'ai vu beaucoup de coquillages la dernière fois, alors ils pourront me créer plein de bijoux et de robes avec. J'aimais bien mes robes faites en coquillages quand je vivais sous l'océan, ça faisait un bruit de clochettes quand je faisais la course avec mes cousines. Je déteste l'uniforme de Basphel. Il est étouffant. » La notion de pudeur était étrangère chez les Sirènes, aussi avait-elle mis du temps à comprendre que oui, il fallait absolument se couvrir un minimum sous peine d'être gardé en retenue. Le minimum réglementaire équivalait à une prison vestimentaire pour la bleue, surtout quand ils avaient éducation physique. La sueur plaquait les vêtements contre sa peau, comme maintenant et c'était la sensation la plus désagréable qu'elle connaisse. Elle souffla par le nez en soulevant une énième fois ses cheveux pour faire passer de l'air sur sa nuque. Le cri d'un oiseau la fit sursauter et elle leva les yeux sur le coupable, perché sur une branche. De toutes les couleurs, celui-ci croassa à nouveau et Susannah jura qu'il se moquait d'eux. Elle lui lança un regard noir avant de s'apercevoir d'un éclat doré non loin de l'insolent volatile. Elle s'immobilisa et força Ikar à en faire autant. « Regarde. » Fit-elle en lui indiquant les hauteurs avec son index. « Il y a un truc là-haut, on dirait une couronne. » Elle échangea un regard avec l'Ondin, puis le poussa en avant en plaquant sa main dans son dos. « Qu'est-ce que t'attends, va la chercher ! »

Message III | 977 mots


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Merci Jil  [Event Septembre & Octobre 2022] - Complots, plantes et épées couronnées - Page 3 009 :
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Jämiel Arcesi
~ Alfar ~ Niveau II ~

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Jämiel Arcesi
Mer 19 Oct 2022, 21:59

SHUWU par G xy
Les épées couronnées


Évidemment, il lui fallait appuyer un détail qu'elle avait préféré omettre. Ou plutôt embellir. Oui c'était ça. Il y avait toujours une part honteuse de soi qui se révélait lorsque les faiblesses devaient s'admettre de façon aussi franche. Aussi se trouva-t-elle bien incapable de répondre à son interrogation. Bien sûr qu'il avait toutes les raisons du monde de la laisser s'enfoncer seule dans la forêt. Ça non plus elle ne sut le dire. Alors elle ne put qu'accuser les remarques et fausses questions du brun. Les mots se déversaient sur elle en une bile immonde et âpre. Si elle était morte. Son infecte existence. Était-il nécessaire d'évoquer qu'il touchait la vérité du doigt ? Qu'elle était une aberration ? Que son existence n'avait rien de naturel et donc qu'elle n'aurait jamais dû être ? Qu'elle devait son existence à une Ygdraë ? Que le sort avait voulu que ce soit celle-ci qui meure ? Non. Pas dans l'immédiat tout du moins. En l'état actuel, ce n'aurait rien changé. « Ne déforme pas mes propos. » souffla-t-elle enfin, les poings serrés, tandis que les conditions qu'il eût énoncées tournaient en boucle dans son esprit Un jour il allait falloir qu'il vienne à Drosera pour comprendre que ce qu'il lui demandait n'était pas anodin. « Je ne t'ai pas demandé de me protéger. Seulement d'être présent. » ajouta-t-elle en se retournant enfin pour lui faire de nouveau face comme elle effectua quelques pas sur le côté de sorte à conserver les félins dans son champ de vision. « Et ces choses sont déjà censées le faire. » ajouta-t-elle en osant une œillade sur les Hlëbardhis qui attendaient patiemment. Essayait-elle de se prémunir de la dernière revendication du Vampire ? Assurément. Elle savait néanmoins que ce n'était que repousser l'échéance et que le véritable moyen lui permettant d'éviter cela était de perdre sa vertu.

La Sarethi prit une longue inspiration. « Tu souhaites du respect, soit. » commença-t-elle. De toute façon, et à force de rencontres, il lui semblait impossible de ne pas en faire un minimum afin de faire cesser ces querelles incessantes et qui, il fallait se le dire, commençaient à devenir lassantes. Pour ce qui était du reste en revanche... Elle détourna les yeux et croisait les bras. « Je ne peux rien promettre en ce qui concerne l'honnêteté cependant. Et tu le sais. ». En soit, cet aveu s'avérait déjà être des plus honnêtes. « Et si ça te paraît inconcevable, je te défis d'extorquer à n'importe quel Alfar toute la vérité et rien que la vérité sur quoi que ce soit. ». Alors seulement elle répondit à son ultime question, la plus appréciée dans le lot. « Maintenant allons-y, oui. » confirma-t-elle, omettant la question de la morsure.

C'est en silence qu'ils pénétrèrent la forêt. Il fallut quelques secondes à la clone pour que ses yeux s'adaptent à l'obscurité environnante, mais une fois la chose faite, elle put discerner avec plus d'aisance les formes qui les cernaient. En rien elle ne put découvrir l'origine des sons qui parvenaient à son oreille cependant. La forêt demeurait trop secrète pour révéler aussi facilement ce qu'elle cachait dans ses ténèbres. Les Hlëbardhis s'étaient écartés du chemin que le duo empruntait, les laissant dans une solitude pesante. Peut-être aurait-elle encore préféré qu'ils restent à leurs côtés, là où elle pouvait surveiller leurs faits et gestes. D'une main elle écarta une branche qui tentait lui barrer le chemin. Ce fut à l'instant où elle la relâcha, celle-ci fouettant l'air dans un sifflement sec, que Dorian reprit la parole. Elle fronça des sourcils. Il avait raison. La peur s'invitait chez elle et s'exhibait avec bien trop de facilité. Il y avait des tas de choses qu'elle devait travailler et, à l'évidence, la peur en faisait partie. Ce ne fut pas cela qu'elle relevât cependant. « Si ce n'était qu'une histoire de chat. » répliqua-t-elle en retenant un souffle agacé. « Il y a une croyance chez nous. Après leur cérémonie funéraire, nos morts reprennent vie au sein de l'Arbre-Roi. » commença-t-elle à expliquer. Elle posa un vif regard dans les ombres d'où venait de retentir le craquement d'une branche morte. « Dans des conditions normales d'enterrement. » compléta -t-elle avant s'humecter les lèvres. « Pour ceux n'ayant pu retourner à la terre dans des conditions décentes, leur esprit s'égare et est incapable de rejoindre l'Arbre-Roi. Alors il va prendre la forme d'un Morgant. ». Elle ignorait si cet animal avait un autre nom plus commun. Elle ne le pensait pas. Ils n'avaient été observés que dans la forêt des murmures jusqu'à présent. « Une créature malveillante, pleine de colère, qui s'en prend à toutes les créatures vivantes sans distinction de taille ou d'espèce, y compris par simple cruauté. ». La lueur des regards des animaux lui jeta un frisson tandis que l'image de l'animal se dessinait à son esprit. « Et, oui, ça a la forme d'un gros chat noir. ». En réalité, les Hlëbardhis étaient moins effrayants que les Mœrgeint. C'était déjà ça. Mais cette créature l'avait toujours terrifiée et tout ce qui pouvait s'y apparenter de près ou de loin avait la fâcheuse tendance à éveiller cette peur. « Il est toujours de mauvais augure d'en croiser un. ». Et plus encore si l'on affronte son regard. Pourtant ils étaient en même temps les plus fervents protecteurs de la forêt pour la même raison qui effrayait l'Alfar : tout ce qui oserait empiéter sur leur territoire avait de fortes chances de finir déchiqueté.

Èibhlin leva les yeux. La canopée ne laissait transpercer qu'une infime lueur, juste assez pour qu'ils puissent éviter les obstacles qui se dressaient sur leur chemin et deviner que le soleil entamait déjà sa descente. « Par Phoebe, jusqu'où s'enfonce cette forêt ? » s'agaça-t-elle, craignant déjà tourner en rond. À l'évidence c'était une véritable aiguille dans une botte de foin qu'ils étaient partis chercher. Elle s'arrêta alors, balayant les environs du regard. Avancer à l'aveugle était inutile et contre-productif, ainsi leva-t-elle à nouveau les yeux. Les arbres étaient hauts. Ce serait pourtant nécessaire pour savoir dans quelle direction ils avançaient. « Aide moi. Je veux voir où on est exactement. Sauf si tu as une meilleure idée. » lui fit-elle. Il était évident que des créatures devaient se nicher entre les branches. C'était pourtant une nécessité dans leur situation.
:copyright: ASHLING POUR EPICODE




Post III | Mots 1071
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Dorian Lang
~ Vampire ~ Niveau II ~

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Dorian Lang
Ven 21 Oct 2022, 12:22

[Event Septembre & Octobre 2022] - Complots, plantes et épées couronnées - Page 3 N2mt
Les épées couronnées



« Je vois. Charmantes bestioles. Rappelle-moi de ne jamais venir me balader par chez toi. J'imagine que tu as l'habitude de ce type de jungle alors ? » Je me baissai pour éviter la corolle d'un champignon pourpre et veiné de noir qui me barrait la route. Son odeur me rappelait celle de la Fumée que j'avais consommée auparavant, mais en plus brute, et bien moins agréable aussi. L'expérience avait été intéressante. Peut-être devais-je tâcher de convaincre Èibhlin d'en inhaler, persuadé que seules les drogues serait capable de la détendre. « Je n'aime pas les forêts. Je n'y ai jamais véritablement vécu. Il m'arrive de chasser quand je visite Fjörd, mais uniquement par nécessité. Et comme c'est généralement nous les prédateurs, nous n'avons pas peur des gros chats. » J'accompagnais ma pique d'un sourire taquin.

« Qu'est-ce que j'en sais. C'est toi l'experte non ? » Il y avait longtemps que j'avais cessé de chercher où nous nous trouvions. Nous aurions pu tourner en rond que je n'en aurai pas eu la moindre idée. Je m'en remettais entièrement aux Hlëbardhis pour nous ramener auprès des conseillers quand nous aurions trouvé ce que nous cherchions, mais nous ne savions même pas ce que nous cherchions. Nous allions passer une éternité dans cette jungle. Pile les vacances que je cherchais, songeai-je amèrement.

Un gros soupir excédé m'échappa quand elle quêta mon aide. Voilà que j'étais réduit à être son laquait. Néanmoins, je me mis sur un genou et joignis mes mains pour qu'elle y pose son pied. Sans savoir si je l'aidais par habitude d'obéir aux ordres de Laysa ou s'il s'agissait d'une autre raison, je m'exécutais sans discuter. « T'as de la chance de pas faire le poids d'une Réprouvée. » Grognai-je en me relevant et en poussant sur mes mains pour qu'elle puisse atteindre les premières branches. Je l'observai ensuite s'élever dans l'arbre sans avoir la moindre envie de l'imiter. J'étais très bien les deux pieds sur le sol stable.

Bien vite, l'ennui s'empara de moi et je décidai de m'éloigner de quelques pas, gardant toujours l'arbre où Èibhlin jouait au singe dans mon champ de vision. J'espérai que cette idiote n'allait pas glisser et tomber. Je n'avais nulle intention d'ensuite la porter pour le reste de la randonnée.

Je m'arrêtai lorsque je sentis le bout de mes bottes rencontrer une résistance liquide. À peine discernable dans la pénombre, de la même teinte que la terre noire que nous foulions, une mare s'étirait sur quelques pieds. Sa surface était recouverte d'un film infâme, mélange de boue, de feuilles, de branchages et d'autres matières que je ne pus identifier mais dont l'odeur fétide ne m'inspirait rien de bon. Mon nez se plissa avec dégoût et j'allais me détourner quand j'aperçus un éclat brillant scintiller au milieu. « Qu'est-ce que... » Je me penchai autant que possible sans mettre les pieds dans la tourbière et reconnus le pommeau doré d'une épée dépasser de la surface. Je me renfrognai en même temps qu'un sursaut d'excitation me prenait. Décidant que je n'avais pas envie de me baigner dans cette immonde sauce, je m'écartai pour chercher une branche suffisamment longue pour atteindre l'arme. Dès que ce fut fait, je revins près de la mare et tendis le bras pour essayer de toucher le pommeau. Après plusieurs tentatives, je réussis à la toucher. J'insistai jusqu'à la faire bouger et, à ma grande horreur, le pommeau vacilla avant de basculer sous la surface liquide dans un glougloutement répugnant. « Et merde. » Je restai figé dans cette position grotesque, tel un idiot en me traitant mentalement de tous les noms. « Bon. Très bien. Parfait. » Je me mis à rire nerveusement et me débarrassai de ma cape. Après une hésitation, je décidai de conserver mes bottes, refusant de pénétrer pieds nus dans la mare. Les dents serrées, j'avançai d'un pas, puis d'un autre dans la mare en refoulant un spasme de dégoût lorsque l'eau noirâtre atteignit mes genoux et transperça le tissu de mon pantalon. Le bruit spongieux de mes bottes me dressait les poils sur la nuque et je m'efforçais de ne pas réfléchir à la faune aquatique que je dérangeais en m'invitant dans leur royaume immonde. J'avais de l'eau jusqu'aux cuisses désormais et l'odeur putride de la mare empoisonnait tant mon odorat qu'elle en anesthésiait tous mes autres sens. Je me résolus à respirer par la bouche quand en avançant d'un nouveau pas, je ne rencontrai subitement plus le sol. « Nom de - » Mon cri se noya dans la vase alors que je sombrai brutalement sous l'eau. Les ténèbres poisseuses m'avalèrent entièrement. Horrifié en sentant la texture épaisse envahir ma bouche et mes narines et recouvrir mon visage, je me débattis follement jusqu'à ressortir la tête. Battant des bras et des pieds, je crachotai jusqu'à en être au point de vomir. « Èibhlin ! » M'écriai-je, éperdu et sans savoir ce que je racontais ni pourquoi je l'appelais. « Oh par Lubuska ! » Je jurai abondamment pour repousser l'horreur qui menaçait de me submerger.

Après plusieurs secondes à me maintenir au dessus de l'eau en agitant frénétiquement les jambes et les bras, je retrouvai ce qui ressemblait à un début de calme et je tâchai de réfléchir au lieu de céder à la panique. L'épée. Je devais vite la récupérer afin de sortir de cette gueule pestilentielle. Le visage orienté face à la paroi végétale qui m'isolait du ciel, je tâtonnais maladroitement à l'aveugle pour chercher la poignée. L'impatience me gagnait et je rageais à voix haute un tissu incompréhensible mêlé d'imprécations, d'insultes envers l'Alfar, les conseillers. Laysa eut également sa part bien que pour une fois, elle soit innocente à mes malheurs. Mes doigts rencontrèrent enfin une matière métallique au travers de la vase épaisse et des végétaux aquatiques qui s'agrippaient à mes mains. Victorieux, je sortis l'arme de l'eau et la serrai contre moi comme une mère aurait serré son enfant. « Sortir. Maintenant. Tout de suite. » M'ordonnai-je.

Je m'apprêtai à regagner la berge lorsqu'un croassement sonore dans mon dos m'immobilisa. Je voulus croire à un tour de mon imagination mais quand je me retournai, ce fut pour faire face au mufle verdâtre d'un crapaud, aussi grand qu'une vache et large comme trois poneys. Je blêmis. Le batracien me fixa de ses pupilles jaunâtres, et je lus dans ses yeux qu'il s'interrogeait sur la nature de ce qui venait de tomber dans sa mare. Avais-je le même goût qu'une grosse mouche ? Il n'avait qu'un seul moyen de le savoir et je n'attendis pas qu'il le découvre pour lui tourner brusquement le dos et nager plus vite dans la direction opposée au monstre. « Èibhlin ! Au secours ! » Criai-je à nouveau, mon courage définitivement en berne. « AH ! » Une langue brûlante venait de me fouetter le dos et j'entendis mes vêtements grésiller avant de sentir l'acide ronger la peau. « ÈIBHLIN ! » Beuglai-je, rendu fou de douleur et de peur. Une vague brunâtre me submergea presque par derrière et je devinai que le crapaud venait de s'immerger dans la mare. « Non non non. » Je geignais et dans ma panique, ne vis pas une ombre aussi sombre que l'encre prendre silencieusement son élan et bondir depuis la berge sur ma gauche pour sauter sur mon assaillant pustuleux.

Message III | 1306 mots
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Min Shào
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Min Shào
Sam 22 Oct 2022, 17:00


La gemme de Melohorë


Ma très chère Mère,

Quel bonheur d'avoir de nouveau le droit de t'écrire ! Ma lettre étant jointe à celle de Ting, nul doute que tu as connaissance du contexte qui y est lié. Je vais venir te voir ! Enfin !

Afin de réussir mon voyage à la Cité des Elfes, je prépare actuellement une chorégraphie de danse des éventails qui te seras dédiée. A toi et ton Aisuru, que je n'ai pas revu depuis une éternité ! Je me souviens à peine de son visage. J'étais encore enfant quand il m'a vu, pense-tu qu'il me reconnaîtra ?

Quoiqu'il en soit, c'est désormais officiel : la Danse des éventails est mon premier Art Divin. Je te raconterai tous les détails. J'ai découvert de nouveaux styles en voyageant à Stenfek et à Maëlith, mais cela n'a fait que confirmer mes choix. Comme Ting me le dit : il est important de savoir ce que l'on veut, mais aussi ce que l'on ne veut pas. Et je ne veux plus autre chose que la danse.

Je n'ai pas encore réussi à envoûter qui que ce soit, mais les Orines sont moins sensibles que d'autres peuples. C'est une audience difficile, n'est-ce pas ? En tous cas, je suis certain d'avoir réussi avec mon public de Töh Taureaux ! Ils adorent me voir danser et me réclament toujours plus ! Et ça n'a rien à voir avec le fait que je leur donne souvent des mochi... savais-tu qu'il y en a aussi à Maëlith ? En as-tu déjà vus à Melohorë ?

D'ailleurs, qu'en est-il dans la Cité de ton Aisuru ? J'ai entendu dire ici qu'une météorite était arrivée tout droit sur la ville, mais s'était arrêtée sur son chemin. A ce qu'il paraît, il y en a d'autres ailleurs dans le monde. Nous, à Maëlith, il n'y a rien eu. Ni à Onikareni. J'espère qu'elle n'a pas fait de dégâts chez vous non plus. Est-elle aussi en état de lévitation ? A quoi ressemble-t-elle, es-tu allée la voir ? Tante Ting me dit qu'elle pense à repousser notre voyage chez toi tant que la météorite reste en place. Tu le crois, toi ? Je ne puis attendre plus longtemps avant de te revoir !

Mon mentor m'a dit que l'une des météorites s'était arrêtée près de l'école de Basphel. Au début, certains y voyaient une menace envoyée par un peuple afin de négocier une sorte de fermeture de l'école, à cause du mélange de races qui s'y trouve. Ensuite, Ting m'a dit que son amie Momo lui avait dit que la météorite sur les  Terres du Lac Bleu était arrivée à peu près en même temps. Etant donné qu'il y a beaucoup de Magiciens à Basphel et là-bas, certains pensent que c'est dû à une sorte de complot contre ce peuple.

Moi, je trouve que les gens sont bien égocentriques pour attribuer toutes ces manifestations inexpliquées à différentes races de bipèdes. Ne pense-tu pas qu'il s'agit plutôt d'un message envoyé par la Nature ? Un avertissement, peut-être, contre les Magiciens qui auraient bafoué nos terres d'une certaine façon ? Ou même d'un cadeau, qui sait !

Ce serait le plus probable, étant donné que Melohorë en a également reçu une. Peut-être la naissance d'une nouvelle pierre dans le monde. Une nouvelle pierre plus belle que l'émeraude et plus résistante que le quartz ? Une pierre qui, traitée correctement, pourrait servir de construction aux plus belles Cités qui existent ! Même que la première se nommerait Meteor. Est-ce que des Ygdraë ont essayé de la miner ?

J'attends ta réponse avec impatience. Nous partons dans une Lune. Tante Ting tient à ce que nous faisions le voyage des Terres du Lac Bleu à la Forêt aux Mille Clochettes de façon naturelle, mais nous prendrons un portail qui mènera jusqu'aux terres des Magiciens avant. Je prie pour que Tante Ting ne change pas d'avis.

Je t'aime très fort.
Min Shào

Le blond plia la lettre et bondit vers sa tante. Il n'en pouvait plus d'attendre pour aller à Melohorë revoir sa mère et sa famille. Il lui tendit l'objet de toutes ses excitations, les yeux remplis d'espoir. « Min. » Le ton sec de Ting contrasta avec son enthousiasme débordant. « J'ai quelque chose à te dire. » Le sourire de Min s'évanouit aussitôt et il cessa de sautiller. « Ecoute-moi bien. En réalité, nous allons passer beaucoup de temps à Melohorë. » Il se détendit, mais hocha la tête en signe de concentration. Avec lui, Ting faisait toujours exprès de peser ses mots et de parler lentement pour capter son attention.

« Tu auras le temps de voir ta Mère au début, c'est vrai. Mais ensuite, tu devras te consacrer pleinement à la rencontre d'un Aisuru potentiel. » *Alors là, je la voyais pas venir.* Min resta bouche bée devant la surprise de cette déclaration. « Tante Ting... je... crois-tu que je suis prêt ? » Ting posa sa main sur son épaule et lui lança un regard déterminé. « Tu dois l'être. » Min balbutia. Il voulait trouver son Aisuru, oui, mais... il était tétanisé à l'idée de reproduire le même échec que lors de sa dernière rencontre. Il n'était pas stupide, quoiqu'en pense sa tante, et il savait que c'était à ses yeux un essai qu'il n'avait plus le droit de rater.

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Ammon Bethralas
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Ammon Bethralas
Sam 22 Oct 2022, 19:47


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Les épées courronées - Gemmes


Selon le proverbe, les artères d’Avalon sont aussi nombreuses que les déclinaisons des pêchés des Déchus qui les composent. Le vice est si intrinsèquement lié à leurs existences que l’urbanisme tout entier de la cité semble s’en faire l’écho. Des avenues démesurées des quartiers des Sommets aux allées fourmillantes du marché des halles des titans jusqu’aux ruelles étroites serpentant dans des enchevêtrements de passages tout aussi sinueux du centre, l’apologie du pêché est omniprésente et corrompt chaque jour de nouvelles âmes à sa gloire. Les peuples prétendument intègres et pétris de bonnes intentions vous diront que tout ici appelle à la décadence et à la dépravation, que la cité elle-même œuvre à la perversion et à la débauche de ceux qui en battent le pavé. Les ailes noires leur objecteront qu’elle ne fait que révéler ce qui sommeille vraiment en tout-un-chacun, qu’elle vous affranchit du poids des carcans imposés, qu’elle vous libère du joug des contraintes, de leurs responsabilités, de leurs obligations et de toute forme de moralité hypocrite. Si la capitale agit bel et bien à votre insu, elle est le miroir révélateur de votre identité, le reflet sans artifice de l’abîme intérieure qui vous renvoie l’image la plus fidèle de ce que vous êtes réellement. Êtes vous seulement prêts à en accepter la vision ? Car, à la différence de ces individus faussement vertueux qui la conteste, les ailes noires ont embrassé leur nature profonde et toutes les facettes qui en découlent. Et s’il est naturel que les Corvus soient les plus enclins à céder à leurs pulsions coupables, les hordes de marchands ambulants savent mieux que personne en raviver la flamme à leur bénéfice.

Depuis que des nuées de météorites avaient embrasé le ciel de Taelora avant de se diriger sur le continent, l’effervescence avait gagné les travées mercantiles de la capitale Déchu. Qu’étaient t’elles vraiment ? Étaient t’elles dangereuses ? Quels mystérieux pouvoirs pouvaient t’elles receler ? Pourquoi les gouvernements entretenaient t’ils tant de discrétion à leur encontre ? Tant d’interrogations en suspens dont les commerçants et autres charlatans les plus habiles avaient su tirer parti pour réécrire leur histoire, adapter leur dialectique pour leur prêter des attributs fabuleux. Si les ailes noires les plus instruits et au fait de la situation savaient éperdument que la gemme découverte sur les côtes de Maubee était inaltérable, les jeunes étaient bien plus permissifs à la tromperie et aux interprétations extravagantes.
"100 pièces d’or ? Marchand, tu y vas un peu fort ! Par Babelsba, ta vénalité est sans limite ! Qu’est ce qui me garantit qu’il s’agit bien d’un fragment provenant de la gemme hein ?" vitupéra l’Orgueilleux, l’œil obnubilé par l’éclat émeraude de l’objet sur l’étal.
"Tout le monde ici connaît Midas et son échoppe aux Milles Merveilles ! Je ne distribue aucune camelote ! Demande leur !"  lança t’il dans une parade théâtrale vers la foule.
"D'ailleurs, sache pour ta gouverne qu’il ne s’agit pas d’une gemme mais d’un véritable monolithe ! Quasiment infrangible ! Il m’a fallu faire appel à de très puissants soutiens à Avalon pour me procurer cette perle rare et unique en son genre. Il n’en existe pas deux identiques." répliqua t’il d’un ton conciliant.
"Maaaaiiiis si tu n’as pas les moyens de t’en porter acquéreur, alors ne me fais pas perdre mon temps, Observe ! mon étal grouille de clients ! Nul doute que l’un d’entre eux ne fera pas l’erreur de passer à côté de cette affaire en or."

"Moi qui pensait avoir affaire avec un connaisseur depuis le temps..." poursuivit t’il en haussant les épaules.
Les négociants chevronnés ne font qu’une bouchée des velléités des Corvus, il n’est pas nécessaire de déployer des ruses très élaborées pour se les mettre dans la poche. En bon épicurien, les Gourmands sont les moins rétifs à l’achat même si leur attention se porte le plus souvent sur les seules denrées alimentaires. De leur côté, les Luxurieux sont bien plus sensibles au jeu du charme et de la séduction, l’argumentaire de vente ne devenant plus qu’un filigrane aux œillades et à une conquête des sens de tous les instants. Les Orgueilleux manifestent un peu plus de résistance, ils aiment se faire caresser dans le sens du poil mais seulement avec parcimonie, ils aiment qu’on atteste de leur goût exquis mais en faisant preuve de retenue, ils aiment qu’on leur fasse des concessions compte tenu de leur talent hors pair de marchandage pour un prix trois plus élevé que la valeur réelle, ils aiment surtout se faire rouler et en redemanderaient presque à chaque fois. Parangon de l’oisiveté, les paresseux comptent parmi les plus piètres clients. Désargentés et peu ou pas intéressés par les biens matériels, ils ne daignent que rarement se mouvoir jusqu’en boutique préférant le plus souvent abandonner l’objet de leur venue au profit d’un roupillon bien mérité dans les cultures du cœur vert. Les Envieux répondent à des injonctions d’une toute autre nature. Seuls l’attrait et les promesses du produit rentrent en ligne de compte, leur tempérament est difficile et il n’est pas aisé de les convaincre tant leurs logiques peuvent sembler inintelligibles pour le commun des mortels. Incapables de dompter les envies qui tapissent leurs entrailles, ils reviennent encore et encore, parfois pour le simple plaisir d’aviser l’artefact dans son écrin ou de s’empresser de le voler par des stratagèmes aussi primaires qu’inefficaces dés que le commerçant a le dos tourné. Collectionneurs compulsifs, il n’est pas rare que certains d’entre eux se retrouvent à faire des razzias sur des boutiques et à en acheter toute la marchandise pour éviter qu’un autre ne les prive de ce plaisir singulier. Le Bethralas avait déjà fait partie de ceux là. Les avares sont les plus intraitables en affaires, ils connaissent éperdument la valeur de ce qu’ils convoitent et bataillent des heures durant pour arracher des compromis, ils incarnent l’archétype même du client pénible et exigeant à qui tout est dû et qui ne lâchera rien. Pourtant, s’ils sont des chieurs invétérés, ils sont aussi les plus assidus et ceux disposant de plus de ressources. Heureusement, les jeunes sont facilement manipulables par quiconque sait axer son argumentaire sur un prix psychologique idéal et une transaction gagnante des deux parties.

Midas, Avare de son état, détailla son vis-à-vis avec un sourire espiègle. Dans une mécanique longuement éprouvée, son œil expert parcoure ses traits, passant en revue les aspérités et les renfoncements qui courent le long des lignes et des reliefs qui composent son visage. Un examen sommaire pour un œil très avisé, suffit bien souvent à percer à jour le vice sommeillant dans les tréfonds de ses clients, Midas se trompe rarement et celui-ci ne fait pas exception à la règle. Un Orgueilleux...il n’a aucune chance.

Mouché devant ses congénères, celui-là ne pourra jamais laisser passer l’idée qu’il n’a pas le sou pour ses prétentions. Midas ricane intérieurement en songeant qu’il serait même capable d’acheter un pied de porc pour un tarif si onéreux afin d'éviter une humiliation publique. C'était du bluff sur toute la ligne, une escroquerie grossière. Ce n’était qu’un vulgaire tesson de verre, taillé et polie avec suffisamment de minutie en une forme arrondie qu’elle ne pouvait faire illusion qu’auprès d’un profane.
"Très bien ! Très bien ! Inutile de le prendre ainsi ! Je cherchais simplement à m'assurer de son authenticité, concluons l'affaire !"

Quel sot. C'était vraiment trop facile.
1227 mots



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Epées Couronnées, avec Susannah  nastae


« Ah non ? »

Je l’avais demandé sur le ton de la surprise, comme si elle venait de briser un moment de paix. Jusqu’ici, elle n’avait plus été négative. Elle s’était laissé faire et n’avait plus fait bouger sa langue pour proférer des insanités. Mais qu’une Sirène refuse de se baigner me paraissait absurde. C’était ma présence qui la dérangeait ? Ce serait étrange. Personne ne privatisait les eaux. À moins qu’elle sache des choses sur les récents événements ? En réalité, je ne m’étais pas vraiment renseigné, parce que je n’avais aucun lien avec l’océan. J’avais entendu la nouvelle mais préférais de loin m’intéresser à la vie de Basphel qu’aux actualités du monde. La seule personne que je connaissais à être à fond dedans vivait la pire dépression de sa vie.

« Bon… Peut-être une prochaine fois. »

J’étais assez conciliant malgré moi. Je me rebellais, parfois, mais je restais accommodant. Je n’allais pas la forcer, surtout si elle voulait se retenir elle-même de vivre des moments de félicité. Elle l’avait dit elle-même : il n’y a rien de mieux que d’être dans l’eau. À moins que sa queue ne lui plaise pas ? Je n’avais pas assez côtoyé les Ondines pour me rendre compte de ce genre de critères de beauté. Était-ce comme Gloria, qui avait les cheveux frisés et qui les aurait souhaités lisses ? Y avait-il des préférences au niveau de la queue ? Grande ? Petite ? Fine ? Grosse ? Plutôt rosée ou blanche ? Bleue peut-être ? Je haussai les épaules, déjà content d’avoir pu recevoir quelques compliments en provenance de sa bouche.

« Ah bon ? »

Je n’avais pas franchement envie de lui tenir la main. Néanmoins, j’essayais de l’apprivoiser, pas de lui faire montrer les dents. Peut-être valait-il mieux que je lui obéisse. Ça ne coûtait rien et nous étions tous les deux. Au pire, si on nous voyait, il y aurait toujours une excuse à trouver : elle a peur des forêts, nos mains ont été collés par un étrange phénomène, etc.

« Mon père ? Ah non… Moins je le vois, mieux je me porte. »

Ce n’était pas tout à fait vrai. J’étais surtout blessé à répétition par ses comportements. Il ne me connaissait pas, ne cherchait pas à me connaître et me gênait affreusement.

« Il n’a jamais fait grand cas de moi… »

En plus, les rares fois où nous avions pu être ensemble, des regards concupiscents n’avaient eu de cesse de se poser que lui, à m’en mettre mal à l’aise.

« Je suis un accident pour lui. »

Parce que c’était ça. Il avait couché avec ma mère, en pensant à rien d’autre qu’à son plaisir, et j’étais né comme ça. Si j’avais été une fille, j’aurais été élevé au cœur de l’océan et n’en aurais plus jamais entendu parler, ma mère ayant probablement trop honte d’avoir fait l’amour avec un Bipède pour m’avouer son crime. Mais comme j’étais né garçon, elle lui avait renvoyé la patate chaude.

« Parfois, je me dis que je devrais faire comme dans les livres : essayer de capter l’attention de mon père pour le rendre fier. Mais je crois qu’il s’en fout. Je pourrais avoir les meilleures notes, être le meilleur en sport, me trouver des activités dans lesquelles j’excellerais, il ne me féliciterait pas. Pareil si je devenais un cancre. Je ne l’ai jamais vu en colère. C’est comme si tout lui était égal. C’est troublant… »

Troublant parce qu’il ne m’avait jamais éduqué. Je ne connaissais pas les limites, du moins, pas de sa part. Jamais de « Non » jamais de « Je t’aime. », juste des conversations et des activités qui devaient l’amuser lui, sans prendre en compte mes envies.

« Au final, je ne peux compter que sur moi-même. Mais bon, c’est pas grave. »

Je lui souris, en tenant toujours sa main.

« Ah ouais ! Je ne l’aime pas non plus. Avant j’avais des vêtements plus amples ! On pourrait instaurer une mode ! Interdiction des vêtements qui serrés ou qui font trop sérieux ! Et j’aime bien les coquillages aussi alors je pourrais leur demander de me faire des bijoux comme toi. Comme on est Reine et Roi, on pourrait s’assortir. Ce serait drôle ! En plus on pourrait en mettre sur le palais et nous faire un trône en coquillages, avec des armes et de l’or ! »

Je ne savais pas s’il y avait de l’or sur l’île mais ça m’était égal. Je voulais juste changer de sujet et rêver avec elle m’était agréable.

« Oui c’est bon ! »

J’avais un peu râlé en la sentant me pousser. Elle me prenait pour quoi ? Un équilibriste escaladeur ?

Je soupirai devant l’arbre.

« Bon… »

Au moins, il y avait des appuis.

Je tournai les yeux vers elle et lui souris.

« Si je tombe, j’espère que tu me sauveras. »

Même si je ne savais pas comment elle ferait, ni si elle voudrait le faire.

« Sinon, je te lègue la totalité de l’île, mon trident et l’obligation de dire à mon père que je me suis battu jusqu’au bout pour la couronne ! »

Je ris et commençai mon ascension. J’étais bien plus agile que fort. Il me fallait donc forcer sur mes mains pour éviter de lâcher mes prises. Pour les mouvements, ça allait relativement. Heureusement, l’arbre avait de multiples branchages et était facile d’accès, même pour les débutants.

Lorsque j’arrivai à la couronne que nous recherchions, mon regard dévia vers un autre objet brillant.

« Oh ! Susannah ! Il y a une épée ici aussi ! Tu m’entends ? Viens, grimpe ! »

Mes doigts attrapèrent la couronne et je m’assis sur une branche, afin de l’attendre.

« T’en as mis du temps ! »

Je lui souris, d’un air espiègle.

978 mots

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Priam & Freyja
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Priam & Freyja
Lun 24 Oct 2022, 17:52



by Douglas Murakami

Épées couronnées

Evènement | Erasme & Dastan



Dastan trébucha et tomba sur un genou, les mains enfoncées dans le sable. Il brûlait ses ongles arrachés, mais il n’en avait cure. Les yeux plissés, il lui fallut quelques secondes pour s’habituer à l’intensité lumineuse de la plage. L’odeur salée de l’iode couvrait presque le parfum ferreux du sang qui maculait son corps en plusieurs zones. Le raclement profond des murs sur le sol grondait encore à ses tympans, à peine masqué par le sac et le ressac des vagues. Il n’avait pas besoin de regarder autour de lui pour savoir où il était. Cette île avait laissé en lui un souvenir marquant. Charmyë. Ici, il était roi et, surtout, l’époux d’Érasme Salvatore. Une vague de colère haineuse frappa sa poitrine. Il jeta un regard circulaire à son environnement. Styvan, de toute évidence, était resté à Sahōdara. Il allait sans doute y mourir. Dommage et tant pis à la fois. La vie était ainsi faite : les moins résistants et les plus faibles mouraient. Il en avait fait la pénible expérience à peine quelques semaines plus tôt. Le Bipolaire se releva, les chairs endolories par ses blessures, et se mit à avancer d’un pas lourd et déterminé. Il fendit le sable blanc de la grève, puis s’enfonça dans les champs tout de bleu et de blanc revêtus. S’il était ici, Érasme devait aussi l’être. Il allait le… « Mon Roi ! » Il tourna la tête vers la gauche, d’où provenait la voix. L’un des habitants qui avait œuvré à son mariage avec l’autre connard s’approchait de lui à grandes enjambées. « Quoi ? » Le brun lui attrapa la main et la serra entre les siennes. « Nous sommes heureux de vous compter à nouveau parmi nous. » Constatant son état, il écarquilla les yeux et commença : « Que vous est-il arriv- » - « Où est l’autre ? » Face à l’attitude du roux, une lueur incertaine passa dans son regard. « L’autre ? Le Roi Érasme ? » - « Ouais. » - « Je ne sais pas. » - « Trouvez-le et amenez-le-moi. » - « C’est que… » Leurs prunelles s’affrontèrent, les unes violentes et implacables, les autres réfléchies et interrogatrices. Finalement, elles se teintèrent de détermination. « Ce n’est pas lui que vous devez chercher, aujourd’hui. » - « Je m’en fous, c’est lui que je veux. » - « Je ne sais pas où il est. Soyez raisonnable et écoutez-m- » - « Ta gueule, j’en ai putain de rien à foutre d’être raisonnable ! » Dastan ne s’attendait pas à recevoir le coup qui heurta sa joue de plein fouet. Il cligna des yeux et recula d’un pas, trop surpris pour répliquer aussitôt. « Pardonnez-moi, mon Roi, mais il est du devoir de tout citoyen de ramener son souverain sur le droit chemin. Je disais donc : ce n’est pas le Roi Érasme qu’il vous faut trouver, mais une épée et une couronne. » - « Je vais te faire arracher les côtes et te les planter dans chacun de tes orifices. » - « Seuls les Rois ont le droit de participer. » - « Chez moi, on appelle ça le supplice du sanglier. » - « Peut-être que vous tomberez sur le Roi Érasme au cours de votre recherche. » Le Manichéen, qui s’apprêtait à répliquer autre chose, referma la bouche et toisa l’autochtone. Quelques secondes passèrent, puis il grogna : « C’est par où ? » - « Elles peuvent être n’importe où sur l’île. » - « Génial. Vous êtes d’une aide incroyable. » L’habitant effectua une révérence. « Pour vous servir, votre Majesté. » - « Tss. » Dastan le contourna et poursuivit son avancée. « Puis-je suggérer de faire soigner vos blessures, avant de vous lancer dans la grande chasse aux trésors ? » - « Non, j’ai pas le temps. Rentre chez toi. » - « Il me semblerait plus sage qu- » Le Réprouvé adressa un doigt d’honneur éloquent à son interlocuteur et accéléra le pas pour s’éloigner, malgré la douleur supplémentaire que cela lui causait. Il s’enfonça plus avant dans les étendues d’azur et d’opale, jusqu’à se faire engloutir par une forêt aux teintes similaires. Il allait trouver cette foutue épée et l’enfoncer dans le cul de ce connard de Sorcier.



Message I – 720 mots




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Lun 24 Oct 2022, 23:44



Épées couronnées


« Bordel de.. ! » criai-je, à l’attention du maudit trou, dans le sol, qui venait de me faire trébucher. J’avais réussi à me rattraper mais la torsion qu’avait subi mon corps m’avait fait mal. Tout dans mon anatomie me heurtait. Mes articulations ne se remettaient toujours pas de ma croissance rapide. Elles n’auraient jamais songé que je serais si grand en si peu de temps. Je serrai les dents. Je n’avais pas envie d’être là. La dernière fois… Je soupirai. La dernière fois, Dastan m’avait proposé de m’apprendre à me battre, en contrepartie de quoi je devrais lui enseigner l’art de la magie. La dernière fois, nous nous étions mariés. La dernière fois, il avait pleuré et… Je ne voulais pas y penser. Tant de choses avaient changé depuis cette dernière fois. Nous étions Rois de Charmyë, ensemble. « Roi et Reine. » murmurai-je sans joie, pour moi-même, en me rappelant de sa silhouette nue, offerte à notre peuple, et de ces mots qu’il avait criés à son attention. Où en étaient les gages ? Où en étions-nous ? Était-il ici ? Je fermai les yeux, les souvenirs des Jeux de Sahōdara encore frais dans ma mémoire. J’avais tourné le dos, cette soirée-là. J’avais décidé de ne pas rester, parce que… parce que c’était insupportable. Et lorsque mon visage était apparu, j’avais cru mourir. J’avais préféré fuir parce que c’était trop dur de le regarder se débattre dans des mensonges qui cachaient une vérité qui me terrifiait. J’avais préféré fuir parce que c’était trop dur de le regarder mourir. Depuis, je n’avais pas voulu savoir. J’avais beaucoup bu et beaucoup fumé. Peut-être que ces activités expliquaient aussi le fait que j’eusse failli tomber, que j’eusse insulté un soi-disant trou, alors que je marchais dans un champ a priori plat.

« Pfff… ça me gave. » fis-je, en continuant pourtant mon chemin vers je ne savais où. Qu’est-ce que ça pouvait bien faire, que je me perdisse sur Charmyë ? Il y aurait toujours un chieur pour venir m’aborder et me clamer haut et fort que j’étais le Roi. Saloperie. « DASTAN ! OH DASTAN ! » hurlai-je soudainement, avant de regretter. Si personne ne me répondait jamais, j’allais pleurer. Je ris. Je trouvais ça tellement amusant, cet état émotionnel qui était le mien. J’avais l’impression d’être comme extérieur à moi-même, un spectateur de ma décrépitude. Je portai la bouteille que je tenais encore à mes lèvres. J’avais beaucoup fumé en compagnie de Sundara les jours précédents, tellement que notre chambre conjugale s’était transformée en un dôme de volutes blanches et mouvantes. Parfois, je regardais les spirales ainsi créées et m’imaginais des choses. Puis je tombais dans l’inconscience, avant de me réveiller deux minutes plus tard ou deux heures. Ça n’avait aucune importance. Tant que Val’Aimé restait occupé, je pouvais faire ce que je désirais. Souvent je sortais ma flûte et en jouais. Parfois, c’était ma pipe que je maniais. Ma femme profitait de mes instants de faiblesse pour imbriquer son corps au mien. Ça ne me plaisait pas mais j’avais passé ce stade. J’étais à celui où je n’en avais plus rien à faire. Elle aurait pu me couper les parties que j’aurais continué à observer les volutes d’un air absent. Je me sentais vide de tout et j’acceptais qu’elle abusât de moi parce que ça m’était égal de souffrir. La souffrance me faisait même du bien.

« Mon Roi ! » s’écria un homme, à côté de mon oreille. « Allez, c’est parti… » fis-je, visiblement las et de mauvaise humeur. « Mon Roi ! Vous voilà ! » « You-hou. » « … Moi aussi, ça me remplit de joie de vous voir ! » Je clignai deux fois des paupières et bus. Je n’étais pas très résistant. Sundara était toujours ébahie devant ma faiblesse. L’effet des substances sur moi était quasi-immédiat. « Aujourd’hui est le jour de la grande chasse aux trésors ! » C’était lui que j’avais envie de chasser. L’idée de lui démembrer les pieds et de les lui enfoncer dans l’anus me traversa l’esprit. Serait-il heureux, après ? « Il vous faudra trouver soit une Couronne, soit une Épée ! » « Non merci. » « Mais voyons ! Vous ne pouvez pas refuser ! Le Roi Dastan a pris ça très à cœur dès le début, lui. » « Dastan ? » interrogeai-je l’homme, avec brutalité, comme si Dastan était ma drogue et que j’étais en manque. « Oui, tout à fait. » Je plissai les yeux, comme si je cherchais à voir une licorne minuscule dans l’immensité du paysage. Je me redressai et bus. « Dastan n’est pas un Roi. C’est la Reine. » décrétai-je, avant de tourner les talons. Je luttai contre le sourire qui tentait de naître sur mes lèvres. Il était là. Il était vivant. « Vous allez chercher le trésor, alors ? » me lança l’homme. « Ouais, t'inquiète du con, je vais le chercher ton maudit trésor. » Nous ne parlions pas de la même chose. Je parlais de l’autre connard. Il n’était pas mort ? Très bien, j’allais le tuer moi-même pour m’avoir fait passer des nuits blanches. Je le haïssais. Ce serait ses pieds à lui que j’enfoncerais dans son cul. Feu Bouffon. Sale Réprouvé de merde. Il aurait mieux fait de crever la bouche ouverte pendant la guerre. Espèce de sale roux puant. J’allais le cramer et lui ouvrir les veines.

Dans l’immensité de Charmyë, mon corps paraissait être une brindille, une asperge géante sans muscles. Pourtant, j’avançais à grandes enjambées. Je voulais le trouver et il n’y avait que ça qui comptait à mes yeux. Je voulais le trouver mais, d’un même temps, je n’étais pas sûr de souhaiter le voir. Je redoutais, alors même que je savais déjà que j’allais le buter, lui et ses muscles de sauvage. « Oh ! » lui lançai-je, une fois que je l’eus trouvé. Je balançai ma bouteille vide vers lui. Le verre se brisa dans un bruit qui me fit grimacer. « Putain. » Je n’avais aucune foutu idée d’où nous en étions. Il y avait eu la guerre et… et Lucius… et Lumnaar’Yuvon… et Sahōdara. « T’as les ongles défoncés. » fis-je remarqué. « Qui est le connard qui t’as défoncé les ongles ? » continuai-je, bien parti pour en faire une fixette alors même que je savais très bien qui était le putain de connard en question. « Il n’y a que moi qui ai le droit de te défoncer, bouffon. »

1060 mots

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Épées couronnées

Evènement | Erasme & Dastan



Dastan avançait d’un bon pas à travers la forêt lorsqu’il entendit une exclamation abrupte à sa droite. Inutile de pivoter pour savoir de qui il s’agissait, parce que malgré les modulations alcoolisées et droguées de cette voix, il l’aurait reconnue entre mille. Néanmoins, du verre se brisa juste à côté de son visage, contre l’écorce, et il se tourna tout de même, tandis qu’un frisson coupable lui mordait les côtes. Érasme. Sa haute silhouette se fondait presque dans le décor élancé des troncs, à cela près que le Réprouvé était certain qu’il aurait eu plus de facilités à le briser en deux qu’à faire ployer un arbre. Il n’avait pas besoin de se rapprocher pour constater qu’il se trouvait dans un état déplorable. Sa démarche cahotait. On aurait dit qu’il marchait dans des eaux brumeuses, qui le contraignaient à serpenter entre les rochers et le trompaient grâce à leurs éclats et leurs élans. Le Manichéen s’accroupit et, sans le lâcher des yeux, tâta le sol à la recherche d’un bris de verre tranchant. Dès qu’il en sentit un râper ses doigts, il referma son poing dessus. Il allait le saigner et le pendre par les pieds, comme on le faisait avec les bêtes de boucherie. La seule différence était qu’il ne le mangerait pas, parce qu’il craignait trop que ses chairs putrides ne l’empoisonnassent. L’odeur qu’il dégageait ne fit que lui confirmer cette impression, en même temps qu’elle distillait encore en lui cette sensation inadéquate.

« Ouais. » lâcha-t-il en se redressant. Ses yeux plongèrent dans les siens, qu’il avait si bien évités jusqu’ici. Dans le grand bleu, toutes ses certitudes vacillèrent. Tous ses doutes s’ancrèrent. Il resserra sa prise autour de son arme de fortune, masquée par l’entrelacs de ses doigts. « J’en sais rien. » Sur la défensive, il grognait plus qu’il ne parlait. « Ah ouais ? Tu crois ça ? » Un sourire aussi narquois qu’amer étira ses lèvres. « C’est con. » Il avança, l’attrapa par le col et le plaqua aussi violemment que possible contre un tronc. Il aurait peut-être été préférable qu’il lui assénât un coup de poing avant de l’ignorer proprement, mais il en était incapable. « C’est con, parce que je me souviens pas que t’aies déjà réussi à me défoncer. Et j’ai un paquet de cicatrices et de blessures qui sont pas de ton fait. » Il rapprocha son visage, sans penser au risque qu’il prenait, et le regretta aussitôt. Le parfum de l’ancien prince frappa ses poumons et propagea dans tout son corps une envie plus que répréhensible. « Putain. » D’un mouvement de bras, il le poussa encore plus contre l’arbre, comme s’il avait été possible de lui faire traverser la matière. Le roux leva les yeux vers le ciel, inspira et s’humecta les lèvres. Il devait lutter contre sa sorcellerie. Il avait naïvement pensé qu’avec tous les efforts qu’il avait fournis, tous les discours qu’on lui avait répétés, Érasme ne lui ferait plus jamais cet effet-là. Il s’était lourdement trompé, et il le regrettait. S’il l’avait su, il se serait entraîné à y résister. « Mais tu dois savoir qui me les a faites, pas vrai ? » argua-t-il. Il n’avait aucun moyen de savoir si le Sorcier avait été présent à Sahōdara, et d’ailleurs, il ne le croyait pas. Néanmoins, s’il pouvait lui faire porter le poids de la culpabilité qui lentement lui rongeait les sangs, il en serait ravi.

Vivement, il recula de deux pas, saisit les bords de son haut et le fit remonter par-dessus sa tête. Il le jeta sur Érasme. Son corps portait toujours les stigmates de la guerre, les cicatrices qu’il s’était lui-même infligées pour leur crédibilité et les plaies de Sahōdara, recouvertes de sang encore humide. Les bras écartés, il tourna sur lui-même afin qu’il pût bien voir les blessures qui marquaient son dos, la plupart anciennes, quelques-unes fraîches. « Les trois quarts, c’est de ta faute. » Il n’était plus à une incohérence près. Si elles pouvaient le sauver des sensations qu’il diffusait en lui, elles étaient les bienvenues. Ses iris bronze, accusateurs, se plantèrent sur le Mage noir. « Celles-là, commença-t-il en désignant des cicatrices blanches, c’est quand j’ai essayé de te sauver la peau à Lumnaar’Yuvon, mais que t’as préféré fuir dans les bras de ton putain de toutou. » Ce connard de Val’Aimé. « Là, c’est la guerre contre ton peuple. Là aussi. Toutes celles-là. » Il pointa sa gorge à l’aide de ses ongles arrachés. « Celle-là aussi, c’est de ta faute. J’ai failli en crever, mais c’est pas toi qui as porté le coup. » Il avança d’un pas vers lui. « C’est jamais toi. T’es incapable de me défoncer. Mais t’inquiète pas, moi, je suis largement capable de te laminer, et je vais pas m’en priver. » Son poing revint se fermer autour de son col. « Quand j’aurai trouvé cette putain d’épée, je te trancherai la tête avec, couronnée ou non. T’as intérêt à apprendre à courir. » L’éclat du verre brisé brilla entre ses phalanges et, d’un coup sec et précis, il entailla la gorge du Sorcier, à l’endroit où une plaie parcourait la sienne.



Message II – 864 mots

Ils sont si mignons (:^^:)




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Jämiel Arcesi
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Jämiel Arcesi
Mar 25 Oct 2022, 09:35

SHUWU par G xy
Les épées couronnées

Évidemment. Ça aurait été bien trop irréaliste s'il s'était contenté d'accepter sans râler. Mais si ça lui déplaisait tant, il n'avait qu'à y aller lui. Par contre, elle se dédouanerait de tout ce qui pourrait lui arriver une fois là-haut. Èibhlin préféra donc ignorer une réaction qu'elle aurait facilement pu deviner plutôt que se lancer dans une nouvelle joute verbale, et ne se contenta que de limiter à son objectif initial, à savoir, atteindre la cime des arbres. À plusieurs reprises dans son escalade elle dut marquer des pauses afin de reposer ses membres fatigués, ou le temps de s'assurer qu'aucune bestiole quelconque ne s'apprêterait à se jeter sur elle. Elle avait également cessé de regarder vers le sol dès l'instant où il lui apparut invisible. Elle ne survivrait pas à une chute si ce devait arriver. Une boule au ventre, elle maudit intérieurement l'île et son absence de magie qui ne facilitait pas les choses. Toutefois, bien qu'avec beaucoup de difficultés, elle réussit enfin à passer la tête au-dessus des plus hauts branchages. Il lui fallut alors un nouveau temps d'adaptation pour que ses prunelles ne soient plus aveuglées de la lueur du jour et ainsi constater deux choses : tout d'abord ils semblaient se trouver au plus profonds de la forêt, ce qui voulait probablement dire qu'ils touchaient au but ; ensuite le soleil était couchant. En d'autres termes, ils devaient se dépêcher. La forêt n'était déjà pas sûre en journée, et ça ne s'arrangerait pas avec la nuit. Èibhlin se pressa donc de replonger sous la canopée afin d'en conclure au plus vite avec cette histoire, cherchant lentement des points d'ancrage et d'appuis pour ses pieds et ses mains tandis qu'elle entamait sa descente. Son regard balayant les alentours, elle se figea entièrement lorsqu'il tomba sur un détail qu'elle n'avait pas vu en grimpant. Cachés et tissés entre les branches les plus épaisses des ligneux, un nid était visible. Un grand nid. Celui d'un insecte quelconque mais à l'évidence bien trop gros. Rien de rassurant en somme. Elle déglutit. Ce n'était pas tant le nid qui l'inquiétait mais plutôt l'absence de créature aux environs. Pourtant elle devina qu'elle ne pourrait faire de détour. Au milieu du nid, tenu dans le vide par la soie comme s'il avait été construit autour, un objet scintillait. Une couronne. L'alter.

Heureusement que les arbres étaient proches les uns des autres, elle n'aurait jamais été capable de passer de branche en branche sinon. Même ainsi la tâche n'était pas aisée et ce fut après plusieurs minutes à jouer l'équilibriste qu'elle réussit à arriver sur place, sous la couronne, au milieu des innombrables fils blancs tirés de part et d'autre de sa position. Son cœur tambourinait dans sa poitrine comme son regard allait d'une poche d'ombre à une autre. Dans ces ténèbres, elle avait l'impression d'entendre des bruits là où ça n'avait pas lieu d'être et craignait d'avoir juste plongé dans un piège duquel elle ne sortirait jamais. Quand bien même Bran et Ophéclia prendraient-ils la décision de lancer une expédition pour la — les ? — retrouver, cela reviendrait à rechercher une aiguille dans une botte de foin. Quoi que, c'était également le cas pour cette couronne, et elle l'avait trouvé. Plus par chance qu'autre chose, certes, mais elle avait mis la main dessus. Qu'importait le chemin tant qu'on arrivait là où l'on voulait aller. Seulement il fallait admettre qu'il existait une grande différence entre sa personne et la couronne : elle, était comestible. La clone souffla une longue expiration, puis tendit enfin la main dans le but de se saisir de la couronne et l'arracher à sa prison de soie. Sa main resta cependant en suspens tandis qu'un rugissement devança un grognement strident au-dessus de sa tête. À l'arrêt, les palpitations du cœur de l'Alfar s'accélèrent davantage. Èibhlin ne bougeait pas d'un centimètre. Pas tant que les feuilles tremblaient encore autour d'elle, conséquence indirecte de l'agitation qui avait lieu à quelques mètres à peine de sa position. Elle entendit des branches se briser violemment et un poids morts tomber au sol, loin en-dessous d'elle. Quoique ce fût, ce ne devait plus ressembler à grand-chose maintenant. La Sarethi profita de la chute de ça pour extirper la couronne de ses liens et reprendre sa descente avec une vitesse qu'elle n'aurait jamais suspecté pouvoir avoir dans ces conditions. Plus au-dessus, un nouveau tumulte se faisait entendre, invisible mais bien présent. Elle voulut alors se dépêcher plus encore qu'actuellement, cependant la seule chose qu'elle réussit à faire c'est manquer une chute après avoir relâché une branche sans s'être totalement stabilisée sur celle où elle venait de poser pied. De justesse elle se rattrapa à cette dernière, l'enlaçant de ses bras et de ses jambes de toutes ses maigres forces. Les yeux fermés et la mâchoire serrée, il s'écoula une longue seconde avant qu'elle ne daigne rouvrir les paupières et desserrer la prise de ses jambes pour trouver appui sur la branche suivante. Seulement alors, et une fois l'équilibre retrouvé, elle prit le temps de baisser les yeux pour voir la couronne rebondir sur les obstacles qu'elle croisait dans sa chute, rendant la destination qu'elle prenait des plus incertaine. Alors la Sarethi se pinça les lèvres. Elle lui avait échappé dans la manœuvre de secours. À présent elle croisait les doigts pour remettre la main dessus une fois au sol.

Ce fut à bonne distance du ciel — donc le sol à vu — qu'Èibhlin s'arrêta, en partit par surprise. Le calme dans lequel elle avait abandonné Dorian avait disparu. À la place c'était le son bien trop bruyant du remous dans l'eau. Il ne lui fallut alors pas longtemps pour comprendre lorsque son nom fut hurlé depuis l'étendue marécageuse qu'elle n'avait pas remarquée plus tôt. À nouveau elle se pinça les lèvres. Elle commençait à deviner pourquoi elle n'avait rien rencontré dans la canopée. Elle n'avait pas été la seule à y grimper et c'est un détail qu'elle avait omis alors : les Hlëbardhis ne se séparaient pas. Elle marqua une seconde d'hésitation. Ce devait être dangereuse en bas, y aller maintenant relèverait du suicide. Pourtant ce ne fut pas la décision qu'elle prit et entama sa descente de plus belle. Ce fut à quelques pas du sol que des ombres la dépassèrent vivement, trop pour clairement distinguer ce dont il s'agissait. Elle le devina tout de même, l'une d'elles bondissant par-dessus Dorian qu'elle arrivait enfin à discerner pour se jeter sur... Quelque chose. C'est une fois assise sur la branche la plus basse qu'elle se jeta au sol, se réceptionnant difficilement et manquant se retrouver face contre terre . Elle se rattrapa de vitesse par une main sur le sol et se redressa vivement pour avancer rapidement vers le Vampire. Au bord de la mare elle marqua un nouveau temps, puis s'y s'enfonça finalement, les pieds s'y envasant dans un bruit de suçon immonde, pour pouvoir attraper Dorian sous le bras et le tirer de cette affaire dans laquelle il s'était mis. La vase ne facilitait cependant pas la chose et, lorsque le brun put enfin quitter la zone de danger, elle trébucha se retrouvant dos à terre et le Vampire par-dessus elle. À nouveau la réaction ne fut pas immédiate. C'est une petite seconde après avoir pris conscience de la situation qu'elle le repoussa de ses mains sur son torse et s'éloigna de lui à quatre pattes. Alors seulement elle prit le temps de souffler, se laissant tomber au sol, le visage vers le ciel. Les jambes engourdies et les bras chamallow, elle ne se sentait plus capable de rien. Son cœur commençait seulement à battre à un rythme normal alors que les images de ce qu'il venait de se passer se redessinaient à son esprit. Elle avait été sotte de se jeter ainsi dans l'eau sans aucune considération de ce qu'il pouvait s'y trouver. Elle prenait seulement conscience de ses actes irréfléchis qui auraient pu la mener dans une situation égale à celle du Vampire.

Elle ne rêvait plus que d'un bain et d'un lit. Son regard se porta d'abord sur la mare à présent silencieuse, une énorme carcasse pustulente flottant à sa surface et le Hlëbardhis disparu. Puis elle se retourna vers le Vampire. « Montres. » fit-elle encore à bout de souffle avec un geste de la main en se rapprochant. Le vêtement à présent au sol se consumait lentement, dévoré par une substance visqueuse mais visiblement dangereuse. Se plaçant dans son dos — où elle s'y sentit bien plus à l'aise — elle laissa son regard glisser sur la plaie qui prenait la forme d'une brûlure le long de sa colonne vertébrale. Cela confirmait ce qu'elle avait supposé être un liquide acide lorsqu'elle avait vu la dégradation de l'habit. En théorie ce n'était pas compliqué à soigner. En théorie. Elle n'avait pas les connaissances nécessaires ni en médecine, ni en ce qui concernait cette forêt pour confectionner quelque onguent de fortune que ce soit. « Ce n'est rien. Ça se soignera vite. » fit-elle rapidement en s'éloignant de lui, commençant par là même à faire le tour de son propre état. Ses vêtements étaient déchirés par endroits, la faute aux nombreux accrochages qu'elle avait eue avec les arbres. Dans ses cheveux s'emmêlaient des brindilles et des feuilles récupérées lors de son escalade. Ses mains étaient collantes de la sève suintant des troncs sur lesquels elle avait pris appui. Sans parler de ses pieds à présent boueux et puants, conséquence d'un bain imprévu. « On ne peut pas dire qu'elle soit bien glorieuse cette quête. » commenta-t-elle ensuite en scrutant le sol, donnant des coups réguliers dans l'humus pour voir ce qu'il dissimulait sous ses feuilles putréfiées. « Pour quelqu'un qui se fout des artefacts, tu t'y es particulièrement bien accroché. » continua-t-elle en indiquant l'épée de l'index, s'agaçant de ne trouver que des choses grouillantes et sans réel intérêt à ses pieds. « Ah ! » s'exclama-t-elle enfin en se précipitant vers l'objet pour lequel elle était venue, le saisissant à pleines mains avant l'en débarrasser des feuilles et autres saletés s'y étant déposé dans sa chute. « Même moi je m'y suis pas risquée. » ironisa-t-elle en brandissant la couronne devant elle une fois de nouveau face à Dorian. À nouveau elle jeta un œil sur le cadavre poisseux. Elle était certaine qu'il y avait quelque chose à en tirer. Elle ne se voyait cependant pas le traîner avec elle sur le chemin. Elle posa un instant la couronne, le temps de saisir le bas de sa tunique et profiter d'une déchirure pour totalement arracher au vêtement une longue pièce de tissu. Pour conclure, elle usa des épines d'un buisson pour créer d'autres fragilités dans les mailles et créer plus facilement des plus petites pièces. L'une d'elles finit attachée à une branche, à côté de l'étendue aqueuse. « Le soleil se couche. Il faut rentrer. » conclut-elle en finissant de faire des lambeaux de la pièce de tissu qui finiraient également à habiller les arbres le long du chemin.
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Post IV | Mots 1841 (moi ? Emballée ? Pfff, naaan ! N'importe quoi !)
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Susannah
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Susannah
Mar 25 Oct 2022, 15:50

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Épées couronnées
Avec Ikar sur Malyë



Les bras croisés, Susannah se délecta du spectacle de l'homme devenu singe qui gravissait l'arbre, avec plus ou moins de fluidité. Elle aimait bien qu'il lui obéisse. Il râlait, mais il le faisait quand même. Avec le temps, il ne râlerait plus et s'empresserait de la satisfaire. Sinon, elle le tuerait. Le démarrage avait été tortueux entre eux mais il avait finit par prendre le pli et elle s'en félicitait. Ce devait être dans ses gènes, il savait au fond de lui qu'il devait suivre ses ordres. C'était la loi naturelle, il ne servait à rien de lutter contre. Il n'y avait que pour lui que ce serait douloureux, elle s'en assurerait.

« Je serai toi, j'éviterai de tomber. » Se contenta-t-elle de rétorquer avec un sourire froid. Son sort l'indifférait totalement. S'il tombait, avec un peu de chance, il se romprait le cou et il n'y aurait plus à se tortiller les neurones sur qui allait réellement gouverner cette île. Leurs rêvasseries plus tôt n'avaient été que des projections utiles pour sonder son ambition et réfléchir à ce qu'il faudrait mettre en place pour l'évincer du trône sur lequel les autochtones de Malyë tenaient à installer le garçon.

« J'y songerai. » Fit-elle, la voix aussi sucrée que du miel. S'il devait lui arriver malheur, non seulement elle s'arrogerait tous ses biens, mais elle salirait aussi le peu de réputation qu'il avait. Elle rapporterait à son père et à ses amis à Basphel sa lâcheté et sa faiblesse, car c'était tout ce qu'il méritait. Elle regretterait ses massages mais il n'était pas le seul poisson dans l'océan à pouvoir lui en faire.

Elle leva le nez quand il la héla du haut de l'arbre et son nez se fronça de déplaisir. « Tu peux pas l'attraper aussi ? » Ronchonna la bleue avant de souffler bruyamment. Et d'où se permettait-il de lui donner des ordres ? Elle allait lui apprendre à ne pas recommencer. En quelques gestes que l'irritation rendait saccadés, sa robe chuta au sol pour la laisser en sous-vêtements. Attachant ses cheveux sur sa nuque pour qu'ils ne gênent pas son ascension, elle se saisit ensuite d'une première branche à sa hauteur et se hissa avec difficulté à la force de ses bras. Au bout de deux mètres, des perles de sueur roulaient de son front jusque dans ses yeux et elle les chassa rageusement avec le dos de son bras. C'était ridicule. Elle était une Sirène. Elle n'était pas faite pour grimper aux arbres. Ce n'était pas son milieu naturel. Ses oreilles n'étaient pas pointues, elle n'avait aucune affinité avec les plantes comme ces niais d'Ygdraë ou ces péteux d'Alfars. Elle n'était pas non plus un écureuil. Il allait le payer cher.

Finalement, à force d'efforts, et au prix d'échardes enfoncées douloureusement dans la plante de ses pieds et sur ses paumes, elle réussit à se porter à la hauteur d'Ikar, qu'elle fusilla du regard en attendant de retrouver une respiration égale. Son regard se déporta sur la droite et elle vit l'acier d'une épée enfoncée dans l'écorce. La poignée était offerte, invitant l'Ondine à s'en saisir mais il y avait un obstacle sur son chemin. Susannah n'aimait pas qu'on soit sur son chemin. Assurant son équilibre d'une main crispée sur la branche où elle était agenouillée, elle déplaça prudemment son poids pour s'y asseoir à califourchon. Un coup d'oeil dans le vide suffit à lui retourner l'estomac et elle s'en détourna rapidement pour lorgner le trésor d'Ikar. Sans demander la permission, elle lui prit la couronne des mains et l'inspecta. « Mmh, on dirait du vrai or. » Déclara-t-elle avec une voix de connaisseuse, et un peu de jalousie aussi. Cette couronne était la sienne. Elle regarda Ikar, le visage lisse d'expression. « Viens là. » Elle tendit les bras et le coiffa de la couronne puis l'évalua d'un regard critique. Avec soin, elle l'ajusta pour qu'elle n'applatisse pas ses cheveux sur le front du Pendragon et ne lui donne pas un air de benêt puis prit ses joues entre ses paumes de main. « Mon Roi. » Susurra la Lyrium tendrement. Ses mains descendirent sur ses épaules où elles se promenèrent comme si elle lui tâtait les muscles d'un cheval pour éprouver sa qualité. Comme beaucoup d'adolescents, il était dégingandé. Frêle comme une branche de saule. « Mon Roi. » Répéta-t-elle, plus pensivement que la première fois, plus dubitative aussi. Elle rencontra à nouveau son regard et pencha la tête sur le côté. « Tu ne trouves pas que ça ne sonne pas bien ? Oui, je trouve que ça ne te va pas. Cette couronne non plus ne te va pas. » Sa voix perdait en chaleur à mesure qu'elle parlait puis l'une de ses mains remonta pour prendre en coupe son menton entre deux doigts qu'elle serra de toutes ses forces jusqu'à lui arracher une grimace. « Tout comme me donner des ordres. » Conclut-elle, glaciale. Elle le lâcha et, du plat des deux mains, le poussa brutalement en arrière. Elle l'entendit plus qu'elle ne le vit heurter les branches dans sa chute, une mélodie à ses oreilles, mais elle était trop occupée à détacher l'épée du tronc pour admirer son méfait. Mal placée pour attirer l'épée hors de son linceul, la Sirène se mouva prudemment sur sa branche pour prendre appui sur un genou et trouver la force de l'arracher du bois. Ses bras se tendirent et ses épaules s'arrondirent et enfin, au moment où elle allait abandonner, l'épée lui tomba dans les mains, déséquilibrant la jeune fille. Elle ouvrit la bouche sur un cri silencieux en se sentant basculer et agita les bras pour se rattraper à une branche. Ce fut sa tête qui en trouva une en premier, lui heurtant violemment le crâne dans sa chute et elle perdit connaissance avant d'atteindre le sol.

Message IV | 1040 mots
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Kyra Lemingway
Mar 25 Oct 2022, 23:07


Epées couronnées

Le temps s'écoulait lentement dans le silence. Ce n'était pas un silence pesant, bien au contraire. Les étoiles commençaient à prendre place dans le ciel en un millier de petites lucioles. À l'observer ainsi, au milieu de cette terre autrefois inexistante, le Nain retrouvait cette sensation de découverte qui l'avait saisi lorsqu''il avait quitté la Terre de Feu aux côtés des Voyageurs. Ce fut à cet instant, lorsque leur seule lumière ne provint plus que de l'éclat de Phœbe, que Naya reprit la parole. « Il existe une histoire ici aussi. Une épée serait cachée quelque part sur l'île. Il se dit qu'elle en est sa source vitale, que, sans elle, le territoire serait seulement une immense terre volcanique inhospitalière. Elle y aurait été plantée par le Premier Être afin de faire plier la montagne pour contenir sa colère. Ce serait à partir de ce jour que la vie aura pu se développer. Mais pour cela, il aurait sacrifié la sienne. ». Alþjófr sourit. Cette légende lui rappelait le genre d'histoire qui se racontait chez lui, sous le Continent. Sans compter que les épées de légendes avaient ce quelque chose qui faisait rêver tant les forgerons que leur détenteur. « La suite de l'histoire possède, elle, quelque chose de bien plus prophétique. ». Le roi de l'île tourna le visage vers sa vis-à-vis. « Il se raconte que la puissance du Premier Être n'est pas infinie, et que viendra un jour où la montagne se libérera de son joug pour de nouveau semer la mort. ». Évidemment. Il s'en doutait un peu. Les histoires de ce genre avaient la fâcheuse tendance de mal finir. « Ce jour-là apparaîtra son héritier. À son tour il devra défier la montagne, cependant il ne pourra le faire qu'avec l'épée du Premier Être. ». Alþjófr dévisagea sa conseillère. Elle paraissait des plus sérieuse. Tout aussi sérieuse que le jour où on l'avait accueilli sur l'île pour lui annoncer qu'ils attendaient sa venue prophétisée. Était-ce de cette prophétie-ci qu'ils voulaient parler ? « Et où se trouve cette épée ? » interrogea-t-il la conseillère. Le visage de cette dernière se referma. « Personne ne le sait. Il est dit que seul le véritable Roi de la Montagne saura la trouver. Lorsqu'il la brandira, c'est une nouvelle ère de prospérité qui s'installera sur l'île. C'est tout ce que nous savons. » - « En d'autres termes, si je la trouve pas, c'est que je ne suis pas ce Roi que vous attendiez. ». Naya sourit avant nier ces propos d'un signe de la tête. « Je ne suis pas la seule à le penser. Vous êtes le Roi de la Montagne de la légende. Il est certain que vous saurez la trouver. » - « Les épées de légendes ont cela de magnifique qu'elles demeurent bien souvent une légende. » sourit à son tour Alþjófr. Pourtant il devait bien admettre que cette histoire d'épée magique l'intriguait. N'importe quel Nain le serait. Une épée de prospérité. Ce serait si beau. Il en était presque tenté à essayer de mettre la main dessus pour voir s'il s'agissait d'une vérité. Dans un tel cas, cela mériterait creuser la question pour découvrir d'où provenait ce pouvoir et s'il était possible d'en forger des identiques. « Reparlons de ça demain. À la chercher maintenant, ce qu'on risque plutôt c'est de se perdre. » conclut-il finalement en allumant la lampe qu'il avait emportée avant son escalade.

Dans les ténèbres, le retour se trouva être plus compliqué à faire que l'allée, mais le duo arriva tout de même à bon port et, comme suggéré par le souverain, ils ne reparlèrent plus de l'épée avant le lendemain. Ivar avait alors, à son tour, insisté sur l'importance que tenait cette légende dans leur communauté et la véridicité qu'elle y accordait. Alþjófr accepta donc la Quête, tant par curiosité que parce qu'il n'y réchapperait vraisemblablement pas, sans pour autant se jeter dans l'aventure tête en avant. Comme le lui avait dit Naya la veille, nulle indication quant à la position de l'épée n'avait été donnée. L'instinct guiderait l'élu d'après l'histoire. S'il ne s'agissait pas de la même chose, Alþjófr imagina que l'instinct menant à l'épée devait fonctionner de la même façon que le Dnoûde. Ainsi rejoint-il à la bordure du village et y resta-t-il, debout et sans bouger, à scruter l'orée de la forêt plusieurs minutes durant. Il n'y cherchait rien de visible. Ce ne serait pas ses yeux qui le guideraient. Il ne ferait que se perdre. Un frémissement courut sur sa nuque. Seulement alors il entama son chemin, seul, pénétrant le bois à pas lent, s'arrêtant de façon régulière dès lors qu'il avait le sentiment de perdre ce fil invisible qu'il pensait avoir saisi, puis reprenant la marche dès lors qu'il remettait la main dessus. Il ne s'arrêta véritablement qu'une fois arrivée face à une caverne qui s'enfonçait dans la montagne. L'un des rares lieux dont il n'avait pas encore pris le temps de visiter, bien que ce ne soit pas la première fois qu'il y faisait face. Cette fois il n'y échapperait pas. Plus encore alors qu'il lui semblât soudainement logique que l'épée puisse s'y trouver. Il regretta toutefois être parti sans lampe au préalable. Il s'attarda ainsi dans les environs afin de se fournir une torche de fortune, avant entrer dans les ténèbres de la grotte. Tendant la torche devant lui pour se faire une idée de la disposition des lieux, il la porta ensuite au sol. Il était commun dans ces lieux de trouver des excavations si profondes qu'une fois avalée par elles, il était impossible d'en sortir. C'est ainsi qu'il avança à quasi tâtons, se frayant le chemin entre la paroi rugueuse et les ouvertures juste assez large pour laisser passer un homme, projetant la lumière au sol à chaque pas qu'il effectuait pour éviter tomber dans le vide et conclure sa Quête ici, seul et dans le silence. Le cheminement fut long et jamais il ne crut en voir un jour le bout. À vue de nez, il devait avoir traversé le volcan de long en large et en travers. Finalement il la vit. La lueur, au loin, ténue. L'air, frais, qui soufflait sa barbe. Toujours avec prudence, le Nain continua son avancée, bien plus rassuré cependant. Enfin il déboucha sur la sortie.

Aveuglé par les rayons du soleil, Alþjófr se protégea le visage du revers de la main avant dégager son champ de vision une fois habitué à la luminosité. Il resta ainsi, debout et immobile, plusieurs secondes à fixer les alentours. Des hauteurs de la montagne, il avait eu l'occasion de découvrir l'île, oui. Excepté une courte étendue qui lui était jusqu'alors inaccessible. Il lui aurait fallu pour ça contourner le volcan et, en l'état actuel des choses, il n'en avait pas eu les moyens. Il découvrait à présent qu'il existait en fait un autre chemin. Pas forcément des plus simples, ni même le plus sûr, certes, mais le menant en ce lieu qu'il n'avait pu encore découvrir. Un chemin figurant en une caverne qui traversait le mont de part en part. Il l'avait déjà supposé à la chaleur croissante au fur et à mesure de son avancée, puis à la fraîcheur revenant en continuant sa marche. Un coup d'œil sur le volcan derrière lui, et il en était à présent certains. Il ne s'attendait cependant pas à découvrir cette sorte de paysage. Une étendue d'eau s'étalait devant lui. Son oreille le mena à une source, à peine visible, qui irriguait les lieux. Elle n'était pas seule à avoir causé cette inondation cependant. L'océan bordant l'endroit était le principal fautif tandis qu'une embouchure liait la terre à la mer. Le terrain vallonné, l'eau s'engouffrait et remplissait chaque parcelle en-dessous du niveau de la mer, laissant toutefois quelques collines ponctuer le paysage aqueux. Ce fut là qu'il la trouva. L'épée. Comme indiqué par les conseillers, elle était plantée à même le sol, sur le tertre le plus élevé. Délaissant sa torche, le roi s'appliqua à traverser l'étang afin de la rejoindre. Difficilement — il était bien plus familier du feu et de la terre que de l'eau — il réussit à rejoindre l'arme de la prophétie. Alors, de son œil de forgeron, il commença à l'étudier. C'était un bel objet. Celui qui l'avait forgé était un véritable maître. Était-ce un dieu qui l'avait déposé ici ? Le pommeau était surmonté d'une fleur finement ciselée dans le métal argenté. Le manche de bois, d'acier et tressé de cuir, était marqué d'une écriture ronde et fine. Luminara. Il supposa que c'était le nom que lui avait donné son créateur. Finalement, et comme expliqué par les conseillers, il empoigna le manche et tira l'épée de son carcan naturel, le tranchant de la lame brillant d'un éclat rougeoyant au contact de la lueur du couchant. Au même moment, le volcan laissa échapper un sombre et caverneux grognement. Alþjófr se tourna vers lui à ce son si peu rassurant. Alors il se fit cette réflexion : la prophétie était-elle véridique jusqu'au bout de son énoncé ? Les indices semblaient le montrer.
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Kaahl Paiberym
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Kaahl Paiberym
Mer 26 Oct 2022, 00:12



Épées couronnées


Je sentis l’écorce griffer mon dos. Le choc me laissa coi un instant. Mon regard se perdit dans le sien. Des mèches de mes cheveux, trop longues, venaient se mêler à mes sourcils et frôler mes cils. Il n’y avait donc pas que la drogue qui floutait ma vision. Je le fixai pourtant, derrière le rideau sombre de ma frange de fortune. « C’est vrai ça… » constatai-je, comme une révélation soudaine. Je passais mon temps à le sauver, en réalité. Il apparaissait toujours dans les pires moments. La guerre était l’exemple le plus récent. J’aurais pu le tuer. J’aurais pu le tuer mille fois. « Mais c’pas parce que… » Je ne finis pas ma phrase à voix haute. Ce que j’avais souhaité lui dire, c’est que je n’avais pas besoin de le défoncer. Interdire aux autres de le faire ne signifiait pas que je le fisse moi-même. Je pouvais bien décréter que je le défoncerais plus tard. Cela dit, il était trop con pour saisir les nuances. Il était également bien trop près et ce fut ce dernier élément qui me fit capituler. À quoi bon ? « Aïeuh ! » fis-je remarquer, comme si nous étions deux enfants qui chahutaient et qu’il y était soudainement allé trop fort. Cette plainte était comme hors de propos mais j’étais dans un état instable. J’aurais pu rire et pleurer d’un même temps. Je notais cependant que sur Charmyë, la douleur ne me paraissait pas douce. L’absence de magie lui donnait l’avantage. Cependant, actuellement, je n’en avais rien à foutre. Peut-être que dans cinq minutes, je m’en inquiéterais. Je fis la moue. Sundara m’avait déjà fait remarquer que lorsque j’étais ivre, je ressemblais parfois un peu trop à Cyrius. J’empruntais ses expressions et je devenais aussi bizarre. Je soufflai par le nez, en songeant que si elle me trouvait étrange, elle n'avait qu’à arrêter de me côtoyer et de s’empaler sur ma queue. Lorsqu’elle le faisait, je n’étais pas en état d’apprécier quoi que ce fût. Si je n’avais pas été drogué, j’aurais détesté. Elle n’éveillait rien chez moi, aucun désir. C’était le néant absolu, le calme plat. Dastan lui… Je souris alors qu’il m’interrogeait sur la provenance de ses marques. Nous vivions une conversation qui n’en était pas une. Il me questionnait sur un sujet sérieux et je pensais juste que je détestais qu’il pût provoquer une érection chez moi si facilement. Je ris. « T’es un peu tendu, non ? » Cinq minutes plus tôt, j’étais celui qui avait cherché la confrontation. Maintenant, j’étais d’un calme surprenant, un peu trop détendu même.

Je clignai des yeux lorsqu’il me lâcha. « Reviens… » chuchotai-je, comme j’aurais pu le dire à un chat ayant décidé de quitter mes genoux. Mais les chats ne reviennent pas lorsqu’ils ont décrété qu’ils partaient. Dastan était-il un chat ? Un gros chat roux ? L’interrogation s’en alla lorsqu’il retira son haut. Je reçus le tissu en pleine face mais, au lieu d’avoir le réflexe de le récupérer, je le laissai retomber mollement par terre, sans bouger. J’inspirai et penchai quelques secondes la tête en arrière. « Pourquoi tu te fous à poil ? Je ne parlais pas de te défoncer comme ça, tafiole. » Je parlais tellement bas que je doutais qu’il m’entendît. Ça n’avait aucune importance. Mes yeux, vitreux, redescendirent et mon regard se cadenassa sur sa silhouette. Il avait encore pris du muscle. Où le trouvait-il ? J’avais beau faire quelques abdominaux et tenter les pompes, mon corps était incapable de se fortifier. Mes articulations me détestaient. Ma silhouette m’opposait un refus catégorique de développer un semblant de musculature, là où même Lucius réussissait à avoir l’air viril. Putain de Magicien. Après… très honnêtement, je n’étais pas non plus mécontent de mes formes. Je préférais être fin plutôt que de ressembler à un bœuf. Je l'observai. Le roux était… couvert de blessures et ses blessures se trouvaient sur ses muscles. Elles valsaient avec. J’eus envie de toucher, malgré le grondement de sa voix. « Tu vois que je te défonce… Je n’ai même pas besoin de bouger pour te défoncer. » Je pouvais le marquer à distance. Peut-être que j’étais trop ivre ou drogué mais ne venait-il pas de dire que tout était de ma faute ? Indirectement, je l’avais défoncé. Là. Et là. Ici. Là. Encore là. Toutes ses cicatrices, toutes ses plaies, tous ses maux : tout ça m’appartenait, tout ça était de mon fait. J’en ressentis une grande satisfaction : jamais il ne pourrait m’oublier. À chaque fois qu’il regarderait son corps, il penserait à moi. Je hanterais ses souvenirs. Même si je disparaissais de sa vie physiquement, je serais toujours là, comme un vieux démon obsédant.

J’émis un son de mécontentement lorsqu’il referma sa poigne sur moi et poussai un râle, quelques secondes plus tard, lorsqu’une douleur aigüe commença à se diffuser sur ma gorge. J’avais perçu son mouvement mais je ne l'avais pas compris tout de suite. Le geste avait été tellement précis que mon corps n’avait pas alerté directement mon cerveau du problème qu'il rencontrait. « Qu’est-ce que tu as fait ? » l’interrogeai-je. « J’ai mal, maintenant. » lui dis-je, tout en portant ma main à ma gorge, avec une lenteur telle qu’il était possible de se demander si je n’étais pas tout bêtement totalement anesthésié. Un peu. Mon corps me paraissait engourdi. Je détachai mes doigts de ma gorge et notai le rouge. « Tu… Tu m’as tué ? » demandai-je, sérieusement. J’en étais ridicule mais je préférais tout lâcher. Je voulais m’enfoncer dans mes délires, parce que la réalité me semblait nulle. « Pourquoi est-ce que tu m'as tué ? » le questionnai-je, en me laissant choir le long du tronc. Par terre, je remontai les yeux vers lui. J’étais à une hauteur étrange. Je voyais son pantalon et, plus haut, son torse. Je ris en soufflant par le nez. J’avais mal mais la situation m'amusait. Ma main remonta un peu et caressa sa cuisse dans un mouvement de haut en bas qui se répéta, comme si je tâtais un chat. « Tant pis. Je suppose que c’est mieux que tu me tues. Au moins t’auras pas à avouer que tu m’aimes plus que cette grognasse qui te sert de meuf. » Je me laissai tomber sur le côté, roulai sur le dos et me mis à regarder les branchages, à moitié convaincu que j’allais mourir ici. En réalité, la plaie n’était pas si profonde. Je m’étais simplement érigé en roi d’une tragédie. « Trop tard. T’auras ma mort sur la conscience. » dis-je, gravement, en sentant le sang s’accumuler au niveau du creux de ma gorge. Je levai le bras vers le ciel, avant de le poser sur mes yeux. « Et tu ne pourras jamais m’oublier, vu que je t’ai défoncé indirectement. » Pour un mourant, j’étais bien trop bavard. Je souffrais pourtant. J’étais juste ailleurs, plongé dans un jeu d’acteur auquel je croyais à moitié. « En plus, je peux te défoncer quand je veux. C’est juste que je préfère te sauver… ouais voilà. Juste pour voir ta tête de gros con. Tu sais… quand tu fais cette tronche-là, celle où j’ai l’impression que tu me détestes et que tu m’aimes en même temps. C’est drôle tu vois… parce que t’as beau dire, si tu me détestais tellement, tu ne ferais même pas attention à moi. Tu m’aurais pas caché dans une grange. Elle le sait, ta meuf ? Que t’as envie de me baiser plus qu’elle ? » Si ça se trouvait, il était parti et m’avait laissé là. J’en savais rien. J’étais occupé à jouer mon drame, en oubliant totalement tout contrôle sur moi-même. Si Val’Aimé m’avait vu et entendu, il m’aurait très certainement tué lui-même. Mais je m’en tapais. « En plus… maintenant on a la même marque. T’es vraiment un gros débile. Et puis ça fait mal, je te signale. » Je souris à la manière d'un fou. Je geignais alors qu'il avait cent fois plus de blessures que moi. Néanmoins, c'était un Réprouvé et j'étais un Sorcier. Son espèce était faite pour souffrir et résister afin de souffrir encore plus. La mienne était faite pour faire souffrir la sienne. Chacun son rôle. « T’aimes ça, me faire mal ? Ça t’évite de penser que je peux te faire mal sans même avoir besoin de te frapper ? Ou c'est pour oublier que tu veux me faire du bien ? C’est ça, hein ? Feu Bouffon d'mes couilles. » En plus, à force de le côtoyer, j'étais devenu grossier.

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Priam & Freyja
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Mer 26 Oct 2022, 07:39



by Douglas Murakami

Épées couronnées

Evènement | Erasme & Dastan



Dastan leva les yeux au ciel. Ce con aurait pu se lancer dans le théâtre pour exploiter son semblant de talent en comédie. Il n’aurait pas eu grand succès, parce qu’il jouait vraiment trop mal. Il était né avant la crédibilité. « Parce que tu me casses les couilles. » lâcha-t-il, agacé par tant de simagrées. « Et si tu continues, je te tuerai une deuxième fois. » C’était le problème avec certains morts : ils avaient tendance à revenir d’outre-tombe quand ils auraient dû y pourrir depuis des siècles. Le roux connaissait bien des histoires de cette sorte. Les contes et légendes réprouvés chantaient les louanges de héros aux ennemis que la mort rendait récalcitrants. Certains récits étaient véridiques, d’autres un peu moins : on les considérait tous comme parties de la véritable histoire. Il songeait à l’une d’elles lorsqu’il sentit une main remonter sur sa cuisse. Il la recula immédiatement, avant de regarder Érasme, sourcils froncés. Qu’est-ce qu’il foutait ? « Quoi ? » Il secoua la tête. « Draegr a aucun souci à se faire. » Pas plus que les autres, du moins. Pas plus que tout ce peuple qui croyait en sa loyauté alors qu’il ne cessait de la bafouer dès qu’il était en présence du brun. Il aurait été préférable qu’il le tuât, oui ; pourtant, il en avait eu l’occasion et, une fois de plus, ne l’avait pas fait. Il le laissait toujours filer entre ses doigts. Ce simple constat le dégoûtait. Les images de la guerre tapaient ses rétines, les discours haineux cisaillaient ses oreilles, et néanmoins, il était incapable de leur faire honneur. Il plongeait dans le grand bleu et toutes ses convictions s’évanouissaient. Il n’était qu’un château de cartes que le regard d’Érasme balayait impitoyablement. Pour ça aussi, il aurait dû le tuer. Il n’en avait pas la force. Il était faible. Ses muscles ne lui servaient à rien puisque celui qui les alimentait tressautait à la simple vue du Sorcier. Parfois, il le haïssait, mais souvent, il ne le haïssait pas complètement. C’était quand il était absent que son ressentiment gagnait des niveaux inégalés. « Ta gueule. » Le Manichéen serra les dents, insatisfait de la tournure que prenaient les événements. Il avait songé que le Mage noir chercherait à répliquer. Imbécile espoir. Il n’avait rien d’un guerrier. Même dans son état, il préférait parlementer plutôt que de le confronter physiquement. Sa langue battait en brèche le corps de Dastan ; il aurait pu le frapper, mais ça n’aurait jamais invalidé son discours, au contraire. Il savait manier les mots et rendre inefficients tous les poings. Le roux contracta les siens. Sa silhouette était gainée comme celle d’un chat prêt à bondir. Mais il ne bougeait pas. Il restait là, à écouter et à sentir son venin se répandre dans tout son être. « Elle a rien à savoir. Je t’ai caché juste pour sauver ma peau. Je comptais pas revenir, de toute façon. » Il était acculé au mensonge. Il avait tout préparé pour revenir ; et il était revenu, bien démuni. Là où il avait laissé Érasme ne subsistait qu’un vide amer. « T’es une chochotte. » Il envoya son pied dans un petit caillou, qui ricocha sur le Sorcier. Le sentit-il ? Il se trouvait dans un tel état d’alcoolémie que ses sens devaient avoir péri avec sa raison.

Dastan soupira, et son corps se décontracta brutalement. Il se détourna et passa une main dans ses cheveux, en soufflant à nouveau, plus doucement. Une forme de colère demeurait ancrée dans son palpitant mais, le regard porté sur autre chose que le brun, la raison qui avait quitté celui-ci s’immisçait progressivement en lui. Le langage était comme la magie : perfide, sournois, terrible, et pourtant, d’une utilité et d’une puissance toutes particulières. Plus il grandissait, plus il y était confronté, plus il comprenait péniblement son importance. Certaines choses devaient changer. Mais d’abord, il devait trouver la couronne et l’épée. Tant pis pour l’autre connard. Il allait le laisser là, agonisant dans ses vapeurs d’alcool. Lorsqu’il reviendrait, il lui planterait l’épée dans le ventre. Elle serait plus efficace que toutes ses palabres. Et il lui couperait les couilles avant, pour pouvoir les envoyer à son père, et pour pouvoir l’entendre hurler tandis qu’il tranchait la peau si fine de ces deux attributs. Oui. Très bon plan. Une phrase le sortit de ses réflexions. « Que je veux te faire du bien ? » Le Belegad se retourna en ricanant. « Je préférerais encore me taper une chèvre. Ça pue moins que toi. » Il se rapprocha de lui et se pencha pour le saisir par le col et le soulever à demi du sol. Tous ses mouvements réveillaient sa douleur, mais il s’en fichait. Une part de lui ne pouvait pas faire autrement que de se rapprocher du Salvatore. « Je vais finir par croire que c’est toi qui es jaloux de ma meuf. » Son ire se contorsionna ; de ses grandes idées de mort et de violence, elle bondit vers des contrées plus mesquines et moqueuses, celles qui faisaient toujours enrager l’ancien prince. « Je comprendrais, tu sais. J’ai été plutôt gâté par les Zaahin. » Il sourit. « T’aimerais tellement que je te fasse du bien que t’as une trique plus solide qu’un bicorne en rut. » Sans prévenir, il plaqua sa main libre sur son entrejambe. Il fut lui-même surpris d’y sentir tant de dureté. Elle rivalisait aisément avec ce qui guindait son propre pantalon. « Ah ouais. » lâcha-t-il, avant de partir d’un éclat de rire franc. « C’est plus qu’une Perle, ça, dis donc, y’a un sacré paquet de bijoux de famille. » Il serra, puis retira vivement sa main, le lâcha en l’envoyant vers le sol et se redressa.

Soudain, une tension nouvelle le traversa. Il posa sur Érasme des prunelles à mi-chemin entre l’incompréhension et le doute. « Comment tu sais que j’ai une copine ? » Il ne lui en avait jamais parlé. Il n’avait pas pu la voir à Lumnaar’Yuvon. Sur un champ de bataille, on ne pouvait pas le deviner non plus. Et pourquoi tant insister dessus, maintenant ? Les yeux du Bipolaire s’arrondirent, avant que ses pupilles ne s’étrécissent. « T’étais là. » Son ton fluctuait entre l’accusation, la consternation, la détestation et la sidération. « Putain. » Ses doigts s’enfoncèrent dans ses paumes. « Tu sais très bien qui m’a arraché les ongles, connard. » Des pulsions violentes revinrent le hanter. « Qu’est-ce que tu foutais là-bas ? C’était quoi, cette merde ? » Il retourna l’attraper par le col – ça devenait une habitude dont il n’était pas certain qu’il désirât se débarrasser. Ses iris affrontèrent les mèches brunes qui masquaient à moitié son regard. Il avait envie de l’attraper par les cheveux, aussi. De le faire hurler.



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