Lothar était en train de chanter, accompagné à la musique par un Ange qui revenait d’un long esclavage sur la Terre Blanche. Le traumatisme était encore présent mais Nawen, en tant que médecin, lui avait conseillé de sortir de chez lui et de se mêler aux activités sociales. Avant le Génocide, il était musicien. Ses mains avaient été abîmées mais, grâce à la magie, il retrouvait de plus en plus de mobilité. Autant pour son moral que pour sa rééducation, elle le faisait venir chez elle, lorsqu’elle y était, afin de l’entraîner. Le chanteur, lui, avait fait de nombreux progrès. L’Ange blond était assis dans un fauteuil et regardait le duo danser. Les temps avaient été difficiles mais ils avaient toutes les raisons d’espérer à présent, au fur et à mesure que la construction de la Cité avançait. Lothar se dit que Nawen n’avait jamais été aussi élégante par le passé. Elle portait une robe simple et ce qu’il chantait n’avait rien d’une danse de salon magicienne mais, dans les bras d’Oreste, elle irradiait. L’Ygdraë souriait en la faisant tourner avant de réunir leurs deux corps pour mieux les séparer. Parfois ses mains se faisaient légèrement coquines, ce qui arrachait un sourire au chanteur. Les Elfes étaient un peu pervers sur les bords, visiblement. Comme la chanson arrivait à sa fin, Lothar se motiva davantage pour finir en beauté. Ce fut un sentiment partagé par le danseur qui attrapa Nawen plus fermement, pour coller ses lèvres aux siennes passionnément. « Prenez une chambre, hein ! » commenta le blond en faisant une grimace faussement dégoûtée.

L’histoire de la Lemingway et du Vaughan était plutôt mignonne à raconter. On disait qu’il avait démembré le Goled qui avait essayé de la violer – ce qui était la partie la moins mignonne. Il avait mystérieusement disparu juste après, un temps, avant de revenir excédé. Personne ne savait où est ce qu’il était passé mais, de retour, il n’avait plus lâcher la jeune femme d’une semelle, sans jamais rien tenter à son égard jusqu’à récemment. Depuis, les choses étaient allées vite et ils vivaient à présent sous le même toit. Ils se promenaient parfois, main dans la main, dans les rues de la Citadelle Doka. Il composait même des musiques pour elle, qu’il faisait chanter à Lothar, ce dernier toujours partant pour exercer sa voix. Ceux qui les connaissaient envisageaient un mariage à venir. Lorsque certains évoquaient le risque d’une grossesse hors union, Oreste certifiait, d’une façon très sérieuse, que leur idylle s’arrêtait, pour le moment, à quelques baisers et caresses. La réalité était toute autre. Il lui faisait l’amour, dans l’intimité de leur chambre à coucher, une fois le soir venu, lorsqu’ils pouvaient tous les deux retirer leurs masques. Edelwyn se refusait au début, bercée par de douces illusions, mais il finissait toujours par faire tomber toutes ses défenses, à son plus grand plaisir. Elle n’était plus pourvue de la capacité de cacher son désir, sauf lorsqu’elle utilisait sa magie pour neutraliser ses émotions. Il aimait cette situation, ce corps qu’il lui avait fourni et qui n’était plus aussi puissant que l’ancien. Elle avait changé, son esprit étant beaucoup moins résistant. Il avait partagé sa force pour sauvegarder Anya. Il lui suffisait de s’approcher d’elle, de la regarder sans équivoque et de passer doucement ses doigts sur sa peau, de sa mâchoire à son ventre, pour éveiller chez elle une lueur qu’il adorait contempler. La faire gémir était si simple.

« Arrêtez de vous regarder comme ça, c’est gênant à la fin. » Oreste rompit le contact, un sourire taquin aux lèvres. Il allait attendre que les deux Anges retournent chez eux et… « Excusez-nous. » dit-il. « Je suis simplement heureux de l’évolution de cette terre et pour tous ces Anges qui ont pu être libérés. » Lothar acquiesça. « Il en reste encore mais c’est déjà un grand pas. » « Je suis sûr que vous finirez par reprendre la terre de vos ancêtres. » Il s’approcha de la table et versa à chacun un verre de champagne. « Ce n’est plus qu’une question de temps. » Il y avait bien des nouvelles qui avaient filtrées depuis les premières explorations de l'île comme, par exemple, le fait qu'Isiode Yüerell en avait fini sans une once de pitié avec les malades d’Orhmior. Il était surnommé le Boucher, à présent. Les événements avaient été nombreux récemment. Certains d’entre eux étaient de son fait. « À l’avenir ! » dit-il, rejoint par les autres ensuite.

« Épouse-moi. » Il était assis sur le lit double, les bras entourant la jeune femme qui se trouvait debout. Sa tête reposait sur son ventre. « Non. Ce que nous faisons est… » « Mal ? Quel mal y a-t-il à faire l’amour ensemble ? » « Je n’en ai pas envie, voilà tout. » Elle détourna les yeux. Il sourit et fit un effort conséquent pour que son sourire ne se terminât pas en rire. « Oh je vois. C’est amusant, ça, parce que je crois… » Ses lèvres s'étirèrent de plus belle. « Enfin, je ne suis pas sûr, mais il me semble t’avoir entendue me murmurer de continuer hier soir… » Il leva les yeux, constatant le léger changement de teinte de ses joues. « C’est faux. » laissa-t-elle échapper. Sur l’échelle de la mauvaise foi, elle se plaçait bien. « Hum. Tu sais, Nawen, si jamais tu tombes enceinte sans être mariée, tu vas donner naissance à un terrible monstre et sans doute disparaître de la circulation. Ce serait bête. » Elle baissa les yeux vers lui. « J’en connais un qui va finir en arbre d’ici peu s’il continue à dire n’importe quoi, n’est-ce pas, Oreste ? » « Tu as raison, je vais me taire. » Il s’agrippa à elle et l’entraîna dans sa chute en arrière, sur le lit, ce qui arracha à la fausse Ange un cri aigu et légèrement ridicule – mais il aimait bien quand elle était ridicule ; il aimait bien quand elle criait, aussi.

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Merci pour ce rp ! C’était TROP BIEN ! Vive les Anges !