Résumé:

sac:

Le temps s’était ralenti dans l’aperception du dénouement tragique qui menaçaient d’engloutir les âmes déjà condamnées de ce stupide rafiot. Perdue dans la contemplation de cette scène cauchemardesque, l’eversha détrempée jusqu’aux os, venait de lâcher la corde qui lui lacérait la paume des mains. Résignée face à l’inertie des siens et la constatation que ses efforts étaient vains, elle avait soudainement laissé du mou au cordage qui s’était enroulé rapidement dans une succession de grelins. Telle une levée de rideau, la voile qui s’était envolée au dessus du bateau, avait mis précipitamment en lumière un nouvel acte qui se jouait dans les airs. Cette farce n’en finissait plus, ne permettant guère à l’eversha d’en analyser correctement le délirant schéma actantiel. Tout cela ne faisait qu’éprouver encore et encore sa patience, annihilant morceau par morceau celle-ci derrière ses paupière mi-closes.
Avec lenteur, Helly se redressa de toute sa hauteur sur l’extrémité de la bôme, dans un équilibre fragile qui ne semblait pourtant ne pas l’inquiéter. Ses allures de figure de proue dans le fracas des débris céda brusquement, alors qu’elle se laissait choir dans le vide et disparaissait derrière la proue.

Magnus avait suivi des yeux cette étrange chute sans y prêter davantage d’intérêt. Depuis plusieurs minutes déjà, lui aussi s’était lassé de pareil spectacle. Cela en devenait ridicule et si le sort de cette sordide équipe n’avait pas était lié à l’octroi de ce qu’il chérissait le plus en ce monde, il se serait lui jeté aussi par dessus bord.
Il fallait croire qu’observer le banquiste démoniaque tenter de se démêler du sac de noeuds était tout aussi captivant que la mort elle même. À l’idée de frôler les portes d’une délivrance qu’il ne pouvait s’accorder lui même, Magnus sentit ses muscles se tendre dans une fiévreuse bouffée d’adrénaline. Tandis que le bastingage se brisait dans les pattes du monumental dragon, le vampire poussa du coude l’ange qui avait essuyé les foudres du monarque peu de temps avant.

_ Assez tiré par les cheveux mais diablement efficace, railla t-il dans un soubresaut d’hilarité qui souleva ses épaules. Et clairvoyant, concédons cela à sa majesté avant d’applaudir sa chute qui viendra soyez en bien certain.

Le vampire ne s’attarda pas davantage en constatant que le bâtiment suivait les caprices de l’animal colossal. Bien que le bateau ne touchait plus les eaux paisibles, il semblait tout de même suivre un cap que le suceur de sang ne préférait pas connaitre. Son regard balaya l’assemblée d’âmes apeurées sur le pont, le hâtant à se frayer un passage parmi ceux qui n’étaient pas broyés par les planches.

_ Madame? Interpella t-il l’humaine qu’il avait croisé au petit matin. J’ai cru comprendre que vous étiez adepte des chutes? jubila t-il en la soulevant au dessus de son épaule.

Sans plus de ménagement, il la fit passer par dessus bord et la regarda disparaitre dans les remous écumeux en contrebas.

_ Ouuuuh, elle risque de m’en vouloir, mais mieux vaut une femme humide et vivante, qu’une femme morte prise entre quatre planches, ricana t-il en se retrouvant face au réprouvé. Vous permettez? reprit-il la parole en lui dérobant son sac et le lançant à Raeden. Non pas que je ne fasse pas confiance à un homme ivre, mais je préfère préserver ce qu’il nous reste de vivres.

Il le regarda dans un large sourire et évita de justesse la rudesse de la réponse du réprouvé, qui imbibé d’alcool, tomba au travers du sol éventré, rejoignant de ce fait l’humaine dans un bain forcé.
Le vampire agita ses doigts dans un salut espiègle, avant de s’époumoner entre ses mains ramenées aux coins de ses lèvres.

_ Ne m’en voulait pas trop, je ne fais que mettre en pratique le vieux adage « les femmes et les enfants d’abord. »

Si les intentions du vampire se voulaient louables, elles n’en étaient pas moins animées par son désir d’obtenir ce que l’instigateur de cette compétition lui avait promis. Presque écœuré de lui-même et de son excès de bienveillance , il ne remarqua pas tout de suite la présence non loin de lui.
Troublé plus qu’inquiet, il s’étonna de croiser ce regard qu’il avait pourtant jusqu’ici si bien évité.
Elle était redoutable, aussi sublime que dangereuse et pas sans lui rappeler l’aura tristement familière de sa créatrice. Il aurait été vain de tenter de la fuir, au mieux elle l’ignorait, au pire elle le détruirait… Mais c’était sans compter sans l’arrogante confiance en soi du vampire, qui ne voyait là qu’une délicieuse aparté en attendant la mort qui viendrait bien assez tôt.
Magnus finit par se détendre, le moment était sans doute mal choisi mais cela l’amusé de se trouver si près d’une femme aussi redoutable. Il soupira brièvement, dans un demi sourire, avant de s’adresser à elle avec solennité.


_ Quelle tristesse d’abimer cette nouvelle toilette. Vous vous étiez donné tant de mal…

Tel un esthète devant une oeuvre magistrale, le vampire commença à l’examiner minutieusement avant d’interrompre le cercle qu’il avait entamé bien involontairement autour d’elle.
Magnus se pencha au dessus de la jeune femme, humant discrètement son cou sans pour autant détourner ses yeux du couple au dessus d’eux.

_ Votre amie et son animal de compagnie semblent vous faire de l’ombre… N’est ce pas un tantinet frustrant d’être relayée au rang de spectatrice pour une femme comme vous? Murmura t-il un brin joueur.

Le bateau tangua dangereusement faisant chuter par dessus bord le reste des passagers malchanceux. Dans un fragile équilibre et les débris tranchants de ce que fut jadis la passerelle, Magnus ne lâcha cependant pas un instant du regard la captivante rouquine, pas même lorsqu’il se retrouva suffisamment près d’elle et que ses dentelles chatouillèrent son avant-bras.
Le vampire finit par s’accrocher à un cordage pour mieux la surplomber dans un sourire charmeur, tout en entonnant un refrain de marin tandis que le bateau se disloquait dans les flots.

_ L'amour a percé mon cœur et l'argent ne fait pas le bonheur,
Mais j'attends un être charmeur [mon marin] « ma reine » riche et sans peur.

résumé:

sac:

Tout était allé tellement vite. Ces vagues, qui étaient sorties de nulle part, et désormais, le bateau qui se mettait à voler. L’ange était perdu, il n’y comprenait plus rien. Pendant un très bref instant, il pensa sérieusement à quitter le navire -après tout, il avait fait sa part du marché en aidant cette humaine à se protéger dans la cale-, avant de se rendre à l’évidence : si certains possédaient les exceptionnelles facultés leur permettant de rentrer chez eux, ce n’était pas son cas. Il n’avait aucune chance de partit soudainement sur un coup de tête. Et puis, pour aller où ? Il ne savait même pas quelle direction prendre, et le voyage nécessiterait sans doute plusieurs heures voir une journée entière de vol. S’il y avait une chose dont il était certain, c’était de ne plus avoir la force pour un tel voyage. Soupirant Elijah observa ses camarades. Tous avaient le visage grave, après avoir essuyé toutes ces pertes. Plusieurs d’entre eux n’avaient malheureusement pas survécu à cette étrange tempête. A ses côtés, Sun-Hi s’approcha de la brune qui devait s’occupée des provisions. « Merci. Je me suis dis que si l’on réchappait vivant de l’attaque maritime, on aurait besoin de ça. » dit-elle en montrant les sacs. « Quant à vous, ce que vous avez fait était formidable ! » Au gémissement que produisit la femme, l’orine fronça les sourcils, visiblement inquiète. « Que vous est-il arrivé ? Vous êtes blessée ? »

Elijah, n’écoutant pas l’échange entre les deux demoiselles, était remonté sur le pont. Déjà, de nouvelles directives étaient données. Il ne fallait pas perdre de temps, et même si la fatigue le rendait irritable, l’ange était content que quelqu’un donne des tâches à accomplir : cela lui occupait l’esprit et il ne repensait plus à son irrésistible envie de rentrer chez lui. En entendant le commentaire inquiet d’une blonde, le brun indiqua l’escalier qui descendait dans le navire. « Oui, Sun-Hi et… » il lui fallut quelques secondes pour retrouver le prénom qu’il cherchait. « Aylivae s’en sont chargées. Elles n’ont pas pu tout sauver mais… elles ont fait ce qu’elles pouvaient. » Elijah marqua une très légère pause avant de reprendre. « Tu devrais aller les voir, elles auront peut-être ce qu’il te faut. » L’okan s’intéressa ensuite à l’humain aux boucles rousses. « Je vais t’aider. » déclara-t-il. Après un dernier ordre lancé au reste de l’équipage, Elijah attrapa le garçon par le torse et, déployant ses ailes, prit son envol. L’extérieur du navire était en piteux état. L’ange se demanda comment il comptait s’y prendre pour réparer tout cela. Bien évidemment, il se doutait que l’humain se préoccupait des plus gros dégâts, de ceux qui menaçait de couler le navire si l’on ne les réparait pas immédiatement… Mais si l’on n’y faisait pas attention, les autres pourraient également causer leur perte : comme l’avait dit le capitaine, il y aurait un atterrissage, et les chances étaient grandes pour que celui-ci ne soit pas fait en douceur. Après un moment à tourner autour du navire, soutenant le charpentier, il ne put se retenir de partager ses inquiétudes. « Nous sommes supposés nous séparer en deux groupes mais… Comment allons-nous procéder ? Avec le navire dans cet état, je ne suis pas certain que la moitié de l’équipage soit capable de naviguer correctement jusqu’à destination… » Elijah jeta un regard autour de lui, vérifiant l’absence d’ennemi alentours. Ce n’était pas simple de s’occuper de cela et de la maintenance du rafiot en même temps. Finalement, ne pouvant supporter le poids de son camarade plus longtemps, l’ange retourna sur le pont, déposant l’humain là où celui-ci le souhaitait.

L’ange avisa Sun-Hi, occupée avec des cordages, essayant de contrôler les voiles. Il voulut l’aider mais sa tête tourna brusquement, accompagnée d’une violente nausée. Elijah s’arrêta, étourdit. Il avait trop forcé, visiblement. « Elijah ? Tout va bien ? » L’interpellé hocha lentement la tête, pour signifier qu’il maîtrisait la situation. Ce n’était pas vrai. Il était épuisé, et au bord de l’effondrement. Avec du recul, il prit conscience de l’idiotie de s’être porté volontaire pour aider le charpentier : et si cet étourdissement c’était produit alors qu’il l’avait encore dans les bras ? L’orine, voyant clairement que quelque chose n’allait pas, s’approcha de lui. « Viens par là. Voilà, pose toi ici. » « Non, ne… ne t’en fais pas, je vais bien. » « Oui c’est ça, et moi je suis l’ultimage. Tu es blanc comme la lune et tu arrives à peine à parler. Aller, repose toi cinq minutes avant de tomber dans les pommes. » Encore une fois, l’orine utilisait un ton à la fois doux et autoritaire. « Tiens, bois un peu. » L'orine lui tendit la gourde qu'elle avait attaché à sa taille à l'aide d'un ruban. Elijah sourit faiblement, accueillant cette opportunité de se reposer avec gratitude.

779 mots

Résumé:

C'était tout un bordel sur le navire, les événements se déroulant à une vitesse ahurissante. L'instant d'avant, le bateau voguait sur les flots à belle vitesse grâce à l'aide de Vanille puis le pont se voyait éventré par un duo qui ne s'avoue pas leur amour mortel. S'en suivi d'un dragon qui veut ravoir sa cavalière, jeu de glace, de mots, de cheveux et de griffes qui réduit à une amas de bois difforme ce qui était leurs moyen de transport. Geste charitable ou non, Magnus avait attrapé Lara durant ce tumulte pour la balancer par-dessus bord tandis que ce qui reste de l'embarcation était maintenant dans les airs, en route vers sa destination. Moment de panique puis instinct de survie, Lara changea sa chute désordonnée pour une position de plongeon plus adéquate, mains devant et corps droit pour une entrée dans l'eau presque sans douleurs. Revenant nager à la surface à travers les débris, s'accrochant à une morceau suffisamment grand sur lequel elle se hisse du mieux qu'elle peut. Flottant pour l'instant au gré des flots à travers les pièces de bois et de toiles, le grand mât qui avait été charcuté par le dragon n'était plus qu'un vestige qui dérivait sur la mer. L'humaine fermant les yeux pour se reposer, son sac en guise d'oreiller le temps de retrouver ses esprits tandis qu'elle nourrissait le doux espoir que les créatures des mers ne viennent pas guider son avenir vers les profondeurs.

***

J'étais là à essayer d'aider l'ange qui avait chuté avec le démoniaque, l'instant d'après il venait l'arraché à notre soutien par la force de sa volonté. Je regardais la scène avec une certaine rage, comment était-il possible d'être aussi hargneux mais la question était futile, après tout il s'agissait de roi des démons et donc du vice sous toute ses formes. S'en suivi un bref dialogue et un cocon de cheveux, je considérais étrange qu'il se rende ainsi vulnérable par cet étau. D'autant plus qu'il se retrouvait nez à nez avec celle qui semblait souhaiter sa mort, j'étais frustrée par la tournure de ce voyage qui aurait pu être si simple sans la présence du Monarque. Je le jugeait responsable des déboires de ce navire, qu'il était à l'origine des actes de l'espionne et de tout ce qui s'en était suivi. D'un geste désespéré je lançais une à une les lames que j'avais fabriqués en direction de Zane, je ne savais pas à quel point les cheveux étrange de celui-ci pouvait offrir une protection. Je souhaitais au minimum parvenir à le faire saigner et l'affaiblir. Mes yeux se portèrent ensuite sur Magnus qui jetait Lara dans l'eau, je la connaissais que depuis le début de ce périple mais je ne voulais pas qui lui arrive malheur, je voulais apprendre à la connaître. Sans attendre je fonçais vers la poupe pour m'arrêter sec devant ce qui reste de la balustrade devant l'étendue d'eau qui allait m'accueillir si je plongeais. Un regard autour de moi, attrapant une planche qui pourrait me servir de banc, me concentrant pour user de mon élément et créer une embarcation autour de ce bout de bois. Rien de mieux qu'une vulgaire chaloupe mais de quoi flotter tout de même. Assise au centre, m'agrippant aux poignées en hurlant alors que les mouvements du navire pris piège dans les griffes du dragon le faisait plonger vers sa destination. Épuisée et la gorge irritée par mes cris jusqu'à l'impact qui avait fait une vague tout autour, je m'écroulais au fond de mon oeuvre qui flottait pour mon plus grand bonheur.

Lorsque j'ouvris les yeux, j'étais assise et ma tête était sur les genoux de Lara qui ramait à l'aide d'un bout de bois grossièrement cassé pour en faire une rame de fortune. «Mais comment ?» L'humaine fit un sourire et expliqua. «Je flottais à la dérive et ton petit bateau aussi, quand j'ai ouvert les yeux tu étais à porté de main, je me suis hissé à bord et voilà.» J’eus un petit sourire puis poussait un soupir de soulagement. «Et où allons-nous maintenant ?» «Avant de tomber, j'ai entendu Zane demander à se rendre sur l'île de la carte dans ses négociation. Je prend la chance d'aller dans une direction qui diffère et qui sait, trouver ce qu'était la croix dans l'eau.» Je lui faisais confiance et me fermait les yeux à nouveau, j'avais besoin de repos. Créer et modeler ce moyen de transport m'avais épuisée plus que je ne le pensais. Lara leva les yeux vers le ciel pour essayer de se guider avec le soleil, son regard percevant une ombre qui tourne en rond. Le rapace descendait peu à peu vers eux mais l'humaine ne ressentit pas le besoin de chasser l'animal qui vint se poser à la proue de l'embarcation tel une vigie silencieuse qui fixe l'horizon au gré des flots, lui murmurant seulement. «Bienvenue à bord...» Lara n'eut comme réponse qu'un bruissement d'aile puis le mouvement de sa tête vers la droite. L'archère jetant un oeil par-dessus bord pour y voir un homme se débattre dans l'eau sans la moindre coordination. Réveillant Gabrielle pour qu'elle l'aider à attraper et hisser à bord cette autre victime des événements. Au moins, ils étaient quatre pour se rendre vers cette fameuse croix, si la chance était de leur côté. «Tu as failli boire la tasse pour de bon toi...» Le faucon quittant ensuite vers un autre horizon qui semblait être la direction que le dragon avait prit avec ce qui reste du bateau et son équipage.

Résumé:

Traduction:

Résumation:

sac:

« Oh mes sœurs, approchez sur l’heure et venez voir céans … Vous qui aimez les marins sans peur, qui écument les Océans. Oui l’amour a percé mon cœur et l’argent ne fait pas le bonheur, mais j’attends un être charmeur mon mari riche et sans peur. » Elle n’avait guère réagi aux propos du Vampire, et pas davantage à son attitude inconvenante. Elle s’était contentée de le suivre des yeux, un léger sourire aux lèvres, avant de chanter à son tour. Il pensait sans doute qu’il étonnait gaiement un refrain de voyageurs et de marins. Il se trompait. C’était un chant de Sirènes, qu’il avait le privilège d’entendre de la voix douce de la Khæleesi. Mais il était aussi tombé sous son emprise, incapable de bouger ou d’avoir la moindre pensée cohérente. Ainsi était l’art des Filles des Mers. « L’amour a percé mon cœur et l’argent ne fait pas le bonheur, mais j’attends un être charmeur mon mari riche et sans peur. » reprit-elle une dernière fois, en s’approchant doucement de Magnus. Elle avait glissé ses doigts sous son menton et embrassa tendrement sa joue, le temps de le laisser reprendre ses esprits. Elle patienta longuement, désireuse d’apercevoir une étincelle de lucidité aux creux de ses yeux. Puis elle le poussa très légèrement, pour qu’il bascule de l’autre côté. Il aurait pu survivre à sa chute, si Vanille avait décidé de l’épargner. Ce n’était pas le cas. Elle ne désirait pas qu’il se noie, ni même qu’il se brise les os sur les récifs escarpés ou les débris du vaisseau. Elle voulait qu’il tombe entre les tentacules du Kraken. Elle avait appelé sa bête, simplement grâce à sa voix. Il s’était empressé de répondre à l’appel de la Reine, et attrapa sa victime en plein vol. Il joua plusieurs longues secondes avec sa poupée désarticulée, avant de l’engloutir sans cérémonie. Ce n’était qu’un encas, pour une créature aussi monstrueuse et colossale. Vanille tourna les talons, peu émue par le sort de l’imprudent. « Bien. » articula-t-elle devant la petite assemblée, encore secouée par le voyage et par son chant, car ils n’avaient pas échappé à sa magie. « Vous n’êtes que des enfants. Des gamins turbulents, incapables d’agir convenablement ou de prendre une décision raisonnable. Je vous avais prévenu. A présent … Je vous prierai de bien vouloir limiter les initiatives personnelles. Je crois que vous en avez fait assez. Tous. Je reprends le contrôle de ce vaisseau. Si vous n’êtes pas d’accord avec cette décision, n’hésitez surtout pas à venir m’en toucher deux mots en privé. L’affaire sera rapidement réglée. » Il était plutôt clair que ce n’était pas un avertissement, mais bel et bien une menace. Dans un léger soupir, elle effleura l’anneau doré qu’elle portait au doigt. L’instant d’après, elle avait un morceau de parchemin dans une main et une plume dans l’autre. Elle prit quelques instants pour griffonner quatre ou cinq lignes avant de faire disparaître le tout. Un craquement résonna. Puis un autre. Le bois se tordait. Peu à peu, le navire reprenait une forme cohérent. Il n’était plus dévasté. Chaque élément retrouvait sa place, et s’il n’était pas flambant neuf, il était néanmoins en parfait état de fonctionnement. « Je n’accepterai plu aucun écart. N’oubliez pas que si nous sommes arrivés à destination, il faudra néanmoins repartir. Je n’aurai aucun mal à m’en sortir, seule. Je n’ai pas besoin de ce bâteau. Ce n’est majoritairement par votre cas. » Il n’était pas facile de coopérer avec des simples d’esprit. Elle allait toutefois s’assurer que l’équipage allait filer droit, afin d’éviter les catastrophes comme celle-ci. « Je suppose que vous serez enchantés de savoir que de mon côté, mon expédition fut un franc succès. » Elle balança un grand sac sur le pont. « Et que j’ai pris la peine d’apporter des vivres supplémentaires pour que vous ne creviez pas de faim ou de soif, en faisant un petit détour dans ma Cité. Je vous en prie. » Elle eut un petit sourire narquois. Les sacs étaient presque tous gâchés : écrasés, piétinés ou souillés par l’eau salée. Tout ça parce qu’ils n’étaient pas capables de faire les bons choix. Vanille était passablement agacée. Elle était toutefois satisfaite par son petit effet, car elle savait que certains avaient eu de mauvaises considérations sur son apparence, jugeant qu'elle les avant abandonné pour un brin de toilette. Ils avaient eu tort. « Servez-vous. » Ils n’avaient pas intérêt à oublier à qui ils devaient leur survie.

La Khæleesi quitta le navire pour rejoindre la plage, où s’entassaient quelques naufragés blessés. Elle contempla chaque personne, l’air de se demander s’il fallait les soigner ou les achever. Elle finit par tendre des bandages et des herbes médicinales à certains. Elle tourna la tête vers le navire. Il était à flot. C’était une bonne chose. Il avait commencé à couler, à la suite des agissements d’Elros. Elle baissa les yeux vers le Diable, qui pataugeait encore entre les vagues. Elle avait été légèrement désappointée par son comportement, bien que ça ne soit en rien comparable aux sentiments que lui inspiraient les autres. Edwina était sans doute en cause.

Spoiler:

Malgré les pensées positives qu’il imposait à son équipage, le désordre régnait. Aucun de ces compagnons n’était marin, ni même matelot ; encore qu’un mousse n’aurait probablement pas su gérer l’envol de son bateau. Ils étaient stables désormais, et maintenant qu’ils étaient à peu près sûr que leur survie était assurée pour le moment, ils s’inquiétaient de la seconde chose la plus importante à leurs yeux : leurs biens. Çà et là, on s’inquiétait de l’absence d’un sac, d’une arme. Eerah n’avait même pas demandé à son binôme si elle possédait quoi que ce soit. En parlant de binôme, il ne la voyait nulle part. Il sonda rapidement le navire, sans pouvoir détecter l’empreinte de numéro quatre. Quand il comprit qu’elle avait été happée par les flots et la créature de Vanille, plusieurs émotions contraires l’assaillirent. Il ressentait le besoin d’en éprouver de l’indifférence, de se moquer du décès d’une Chaman, tant sa race l’ulcérait, mais il ne pouvait s’empêcher d’éprouver une culpabilité noire et dévorante, persuadé que c’était une autre mort qu’il aurait pu éviter s’il avait été présent. Cette gamine n’avait même pas connu l’âge de raison, et cette catin de Sirène lui avait ôté toute chance de connaître un peu plus du monde et de ces merveilles. Une colère froide le saisit, alors qu’il faisait dans son esprit l’inventaire des anciens et futurs plans qu’il avait quant à l’assassinat de la Reine des Abysses. Il savait qu’il y avait là une manière de nier sa propre responsabilité dans la disparition de son compagnon, mais mieux valait se concentrer sur ce qu’il pouvait encore faire, et il ne pouvait la ramener ni à la vie, ni à ses parents ; sa seule consolation résidait dans le fait qu’elle aurait probablement été sacrifiée pour des motifs plus absurdes encore si elle était retournée à son peuple dégénéré. Un vague sentiment de futilité et d’agacement l’investit, il avait envie de quitter la région, de retourner chez lui et d’inonder les océans de sauge. Faire cela, c’était s’exposer à davantage de remords quand au destin prévisible qui attendait les autres membres de l’équipage s’il les abandonnait. Un voile sombre s’abattit sur ses yeux et il se tassa un peu plus sur lui-même en entamant de ses griffes le bois du bateau.

Du coin de l’œil, il perçu Ignis et la jeune déchue qui l’accompagnait. Elle lui lançait un regard appuyé, et il comprit sans peine qu’elle avait besoin de son aide pour maintenir le colérique en place. Eerah darda un regard perçant sur son protégé, et ses pupilles brillèrent du gris acier d’Edel, tandis qu’il l’endormait le temps que Myla fasse son travail. Au moins, il n’avait perdu aucun Déchu dans l’assaut. Mitsuko finit par remonter à bord du vaisseau volant, sans montrer le moindre signe d’inquiétude ou de regret ; il ne savait pas s’il devait l’envier ou la plaindre. Elle mit rapidement les choses au point avec le reste de l’équipage, et vint le trouver. D’une traite et dans un murmure, elle l’informa de la situation et lui demanda de rester discret sur son existence, chose qu’il accepta sans trop y réfléchir. Il préférait de toute façon éviter le sujet de sa mère avec Erza. Quant à Zéleph… Il ne l’avait pas vu depuis plusieurs dizaines d’années. Il haussa un sourcil touffu lorsqu’elle l’informa de sa volonté d’épouser l’un de ses bâtards, et la suivit du regard en pivotant la tête à cent-quatre-vingt degrés lorsqu’elle s’éloigna. Après qu’il ait marié sa fille, voilà qu’elle voulait s’accoquiner avec l’un de ses rejetons anonymes ; ce n’était pas quelque chose de si rare en Avalon, ne pas commettre l’inceste relevait de l’impossible lorsque chaque membre de la famille était éternel et quand l’origine de votre lignée se perdait dans les siècles. Lui-même n’avait jamais pris le temps de recenser tous ses bambins, et s’il avait arrêté de flirter sans l’accord d’Erza depuis qu’ils étaient mariés, il avait eu le temps avant ça de transmettre son patrimoine génétique à une bonne partie des catins d’Avalon. Pour autant qu’il sache, il y avait peut-être l’une de ses filles dans le tas. Il se demandait quel bâtard avait pu retenir son attention. Il ne savait même pas que les Ombres pouvaient se marier ; il ne savait pas quatre-vingt dix pourcents de ce qui pouvait se savoir sur les Ombres non plus. En rentrant la tête dans ses plumes, il laissa échapper un "Hou." blasé, laissant son regard morne planer sur l'équipage qui s'activait en vain.

Résumé :

À l’instant où je sentis la main claquer mon visage, une douleur incandescente s’imprima sur la surface de ma joue tandis qu’un éclair lancinant fit vibrer l’ensemble de mon être. Hébété, je lâchais brusquement l’Immaculée tout en reculant de plusieurs pas, emporté par la gifle du Diable. Cela me prit quelques secondes avant de saisir ce qui venait de se produire et, avant même de pouvoir lever le petit doigt, je remarquais qu’un cocon chevelu enveloppait les corps du Monarque et de l’Ultimage, cette dernière s’étant finalement révélé sous sa véritable apparence – du moins, une apparence qui différait de celle qu’elle affichait lorsqu’elle posait cet artéfact sur le haut de son crâne. Au grognement du Diable, ma mâchoire se contracta.

« Ce n’est pas votre « instinct animal » qui parle, mais vos caprices! » M’exclamais-je, les yeux en feu, alors que le Monarque s’entretenait avec le Dragon.

Mon corps tremblait de rage. Évidemment, ce fou furieux ne pensait qu’à lui et nous ne représentions qu’un tas de fourmis à ses yeux, des dommages collatéraux. À provoquer le Dragon de cette façon, qu’attendait-il, exactement? Que ce dernier nous amène à bon port sans fracas ni tracas, surtout après ce qui s’était produit avec l’Ultimage? Non, bien sûr que non… Mais il savait parfaitement la finalité de cette action et, bien sûr, ce serait les autres qui en pâtiraient. Ce Grand et ses lubies, et ses folies se fichaient bien de tous ceux qui se trouvaient à ses côtés. Qu’ils périssent, devait-il se dire, cela ne me concerne pas. Il s’en moquait et, pire encore, il nous embarquait dans ses folles insanités alors qu’il savait pertinemment que nous serions impuissants face à de telles calamités. Doucement, mes doigts se serrèrent en poing et, au même instant, je sentis un léger coup m’être administré sur l’épaule. J’écoutais le rire de mon interlocuteur résonner tout près de mon oreille et, dans la seconde qui suivit, je portais ma poigne autour de son cou, des éclairs sortant de mes yeux. Progressivement, je serrais l’étau, clairement énervé, songeant à lui exploser la gorge dans le creux de ma main, mais je n’avais pas une telle force malgré une sombre et morbide volonté à lui faire payer son contentement et son plaisir malsain.

« Au prix de votre vie et de la nôtre, bien entendu, sifflais-je d’un ton énervé et agressif. Rendez-vous utile et faîtes en sorte que sa chute ne soit pas la nôtre également… » Lui crachais-je au visage avant de le lâcher, prenant conscience que l’homme arborait une légère teinte rosée.

Aussitôt, ce dernier fila et je le perdis de vue dès l’instant où le bois se mit à gémir entre les griffes du Dragon : la créature était partie et nous emportait avec elle. Durant quelques secondes, je me permis d’observer le creux de ma paume d’un œil indéfinissable avant de laisser tomber mon bras le long de mon corps. Il fallait que je me calme, que j’apaise cette Colère qui brûlait au fond de ma poitrine et de ma tête. Pourtant, j’avais beau prendre de grandes respirations, penser à la foi qui, j’espérais, guidait le moindre de mes pas, rien n’y faisait : l’irritation accumulée des derniers événements me consumait à petits feux. Par conséquent, je réitérais mon action en espérant que, cette fois-ci, l’annihilation complète de mes sentiments réussirait, en vain : la flamme s’était apaisée mais pas complètement évanouie, continuant ainsi d’alimenter le feu de ma fureur. C’est alors que je remarquais Gabrielle, qui avait, elle aussi, été repoussé par l’intervention du Diable. D’un pas ferme, j’allais à ses côtés pour lui demander si elle allait bien. En constatant que le Monarque n’avait pas posé son doigt sur elle, je soupirais de soulagement. Mais au même instant, je m’aperçus que mon binôme passait par-dessus bord, le nouveau battement d’ailes exécuté par le Dragon l’envoyant valser de l’autre côté de la rambarde. Sans réfléchir, j’abandonnais Gabrielle sur le pont pour me jeter dans le vide, cherchant à rattraper mon partenaire qui chutait de manière vertigineuse. Je parvins à le rejoindre et à l’attraper en entourant sa taille de mes bras. Brusquement, j’écartais mes ailes dans mon dos, laissant le vent gonfler mes plumes.

« Tout va bien? » M’enquérais-je en hachant mes mots, baissant mon regard dans sa direction.

Le jeune homme ne pipait mot, fixant simplement le gris de l’eau qui prenait de doux reflets bleutés au choc de la pluie. Lentement, je passais l’une de mes mains sur mon visage, essuyant les gouttes d’eau qui m’obstruaient la vue. Je réfléchissais s’il était plus sage d’embarquer sur le bateau ou de voler, malgré l’intempérie et le poids supplémentaire, jusqu’au rivage. En entendant le craquement du bateau, je pris l’initiative de filer droit jusqu’à la rive. Il sera plus en sécurité dans mes bras que sur ce bâtiment branlant.

À proximité de la terre, je vis alors le bateau s’écraser de tout son poids contre la surface de l’eau, envoyant des éclats de bois dans toutes les directions. Des corps ensanglantés s’étaient mis à voler dans les airs tandis que les dernières planches de la coque, qui retenaient le navire dans sa forme originelle, éclatèrent dans des cris horribles. À cette vue, mes dents se serrèrent et je déposais doucement mon partenaire sur le rivage, aux côtés des autres survivants que mon compatriote s’était affairé à extirper des eaux. De la vingtaine d’individus que nous étions au début, nous n’étions plus qu’une poignée. Arborant une expression indéfinissable, j’esquissais quelques pas sur la plage, voyant le carnage et la désolation que cette expédition avait laissé sur son passage. D’un œil morne, je contemplais la reconstruction du navire, voyant la Khælessi distribuer des herbes à certains sur la plage tandis que Raeden tirait de la mer les derniers naufragés. Je ne voyais le Diable nulle part, et espérait que le Dragon l’ait avalé au cours du voyage.

« Faîtes-moi voir vos blessures… » Demandais-je à un blessé en m’agenouillant, laissant une douce lueur éclairer le bout de mes doigts tandis que ma magie soignait ses maux.


☯ 1 013 mots | Jour 2 – Fin de matinée | Isiode est sur les nerfs. Il reçoit la gifle de Zane et étrangle Magnus. Il prend connaissance de l’état de Gabrielle avant de sauver son binôme d’une chute et le ramène sur la rive: il a passé pratiquement tout le trajet à voler. Il aperçoit alors le bateau se reconstruire et soigne avec sa magie les blessés qui ont été ramené par Raeden.

Mancinia desserrait son emprise sur la barre, sans pour autant la relâcher. Cette dernière tremblait. Elle était convaincue qu'un simple souffle aurait fait basculer le navire vers le vide. Cet instant d'accalmie ne durerait pas longtemps, seulement le temps de l'élévation. Les vagues avaient été d'une ampleur conséquente, mais désormais dans les airs, le vent restait tout aussi dangereux. Un risque à prendre pour s'échapper des griffes de la Princesse des Monstres. Qui pouvait savoir ce qu'elle avait ramenée avec elle pour ne pas qu'ils aillent plus loin dans cette épreuve ? Les courants aériens, elle ne connaissait pas, mais il y avait matière à parier qu'elle ne serait pas seule pour guider la troupe à bon port. Surtout que les nuages ne cacheraient plus la course des astres. Le Capitaine Hibou semblait bien l'avoir compris, créant autour d'eux une cage magique réalisé avec du bois, leur évitant ainsi d'être autant fouetter par le vent, que la puissance des vagues quelques instants auparavant. Elle aurait presque oublier la raison pour laquelle l'Océan pouvait être plus terrible encore que les peuples y résidant. Ce Hibou, l'avait perdu de vue, sans doute avait-il été surprit de cette agression inévitable au petit matin. En écoutant ce qu'il disait directement dans sa tête, elle ne pouvait que l'observer avec un sourire malicieux sur le visage.

— Je comprends mieux.

L'Humaine avait dormi longtemps, mais elle reconnaîtrait cette voix entre mille. On ne pouvait pas oublier quelqu'un qui vous faisait forte impression, imaginant au passage le regard désapprobateur de son Ange Gardien. Neah. Il devait être éveillé, à présent. Sans doute se demandait-il où la jeune femme avait encore bien pu disparaître. Ils n'étaient jamais tranquilles, décidément. Remise de ses émotions brutales, une demoiselle vint ensuite auprès d'elle, malgré son état de choc encore bien visible face à ce qu'ils venaient de subir. Mancinia aurait reconnu l'accent du Zul'Dov entre mille, ceci la fit sourire. Sa demande, beaucoup moins.

— Callidora ?, souffla-t-elle dans un murmure. Non. Je ne l'ai pas vue.

Où avait disparu la Vampire ? Peut-être était-elle morte. Peut-être était-ce mieux ainsi. Ceci dit, la connaissant, ce n'était sans doute pas vraiment le cas. Avait-elle fui ? Avait-elle été capturée ? Mystère. Il faut dire que les pertes devaient être assez lourdes. Elle était consciente que Roxane était en sécurité dans la cale et Mancinia espérait qu'elle y demeure, le temps de se remettre de ces émotions. Pour le reste, elle ne connaissait quasiment personne. Ces dernières minutes avaient été riches en émotions. Cette femme...Elle était au courant de ce qu'il s'était produit au Temple de la Justice. C'était tellement absurde, impensable. La lettre ne lui avait-elle pas dite d'être prudente ? C'était déroutant, car il s'agissait là d'un secret. Qui aurait réellement cru à un tel miracle ? ...Bien que ce serait un excellent moyen de créer des rumeurs. C'est à cet instant qu'une vague sensation de brûlure se fit sentir sur son pied. Elle était toujours pieds nus, comparer au froid mordant de l'Île Maudite, le bois du navire était agréable, mais en chutant, elle s'était blessée et, résultat, le sel marin piquait. C'était désagréable quelques instants, mais la Matasif n'avait pas vraiment eu peur. Elle ne ressentait que vaguement la douleur. L'adrénaline dominait tout son être et elle faisait abstraction de ces choses. Doucement, sans provoquer de brusquerie qui aurait sans doute achevé les coeurs sensibles, le navire se mit à redescendre doucement vers le flots, sans pour autant les toucher, tout en continuant de s'éloigner de la Sirène. Et une phrase s'élevait dans les airs, tandis qu'elle essayait de maintenir le cap droit devant.

— Si quelqu'un a besoin d'un soin urgent qu'il vienne me voir. Je suis médecin.

C'était faux. Personne ne pouvait cependant le savoir. Et s'ils doutaient, ils n'avaient qu'à souffrir en silence plutôt que de demander de l'aide. D'un regard vers sa main, elle se demandait si c'était une bonne idée d'envisager d'aider cette bande de bras-cassés. La fatigue s'abattait sur ses épaules, même habituée à peu dormir et aux situations de combats qu'elle n'avait jamais réellement quittée, elle risquait fort de devoir prendre un peu de repos sous peu. Et à peine eut-elle le temps de se faire la réflexion qu'un dragon apparu dans son champ de vision. De son côté, Roxane s'accrochait désespérément aux poils de son dromadaire pour se rassurer, secoué par ces vagues successives et effrayantes, elle cherchait un peu de réconfort avec l'animal, lui aussi secouer, ne comprenant pas ce qu'il venait de se produire, avant que sa maîtresse ne se reprenne et ne s'active pour essayer de prendre des seaux pour enlever l'eau qui s'était engouffré dans la cale du vaisseau et dont la présence risquait de causer du tort aux animaux. Et pour oublier. Elle devait oublier.

797 mots

Post VII:

Musique

Le travail était terminé. Les provisions étaient à l’abri de l’eau qui subsistait toujours et dans laquelle nos pieds pataugeaient. Quelques jeunes gens s’affairaient à retirer les eaux grâce à des sceaux. En serrant un lien, je souriais à la réflexion de l’orine tout en masquant ma douleur du mieux. « Rien qui ne puisse s’arranger quand je rentrerais chez moi. Ne vous inquiétez pas pour moi. Je… » La voix de notre capitaine résonnait dans la tête de chacun. Cette fois, elle me fut supportable même s’il beuglait comme un dératé. Il me semblait avoir déjà entendu sa voix mais, pour le moment, aucune identité ne me venait en tête. N’y avait-il pas de repos pour les braves ? Je soupirais tout en reposant ma main sur ma cage thoracique pour stabiliser mes mouvements et m’éviter des souffrances inutiles. Notre capitaine, bien qu’il soit sous la forme d’un hibou, n’avait pas tort. Ce n’était pas parce que l’accalmie semblait être maîtresse à présent qu’il fallait nous reposer. La tempête avait sans nul doute fait pas mal de dégâts. Quoiqu’il en soit, il fallait retourner sur le pont pour prêter mains fortes avec les voiles. Mon état me le permettait-il seulement ? Peut-être pouvais-je m’hypnotiser moi-même pour oublier la douleur ? Je souriais. J’avais déjà utilisé plus de magie que je n’en avais l’habitude. Je me sentais à bout de force, incapable de me défendre contre une énième attaque. Un malotru aurait tout aussi bien pu me traiter de tous les noms que je n’aurais pas pipé mot. J’étais aussi docile qu’une poupée de chiffon. Aussi docile qu’avant la guerre.

D’un coup d’œil, je vérifiais l’état des provisions. A présent qu’elles étaient toutes hors d’atteinte des eaux, peut-être fallait-il les hisser sur le pont. Après l’épreuve que nous venions de subir, il était préférable que tous reprennent leur dû. S’ils en avaient encore.  Alors que la pensée me traversait l’esprit, le Brûlé entra dans la cale, se chargea des sacs et repartit tout en jurant et grognant vers les hauteurs. Lui aussi avait l’air de souffrir d’une blessure interne. Sans doute aurais-je du lui porter main forte pour alléger sa peine mais je me contentais de laisser mon corps se blottir contre le mur humide de la cale. Ma tête se posa délicatement contre le support. Je laissais mes yeux se fermer pendant quelques minutes. J’étais exténuée après n’avoir pas dormi durant l’entièreté de la nuit, de n’avoir rien avalé, de l’utilisation peut-être trop importante de magie et après cet éprouvant évènement. Je voulais juste me reposer durant quelques instants, le temps que le déchu rapporte tout à la lumière du jour, si tant est qu’elle était réapparue.

Ce temps de répit ne dura pas assez à mon goût. Mais il n’y avait pas la place, sur ce bateau, pour les paresseux et les lâches. Je me redressais. Il était temps de réapparaître sur le pont et d’aider un maximum. Je n’aurais peut-être pas pensé cela au début de l’aventure, trop aveuglée par mon orgueil, mais si nous voulions arriver au bout de notre aventure, il fallait que nous soyons opérationnels. Tous.

Bien que je ne manquais point d’observer la cage de bois qui nous protégeait, mes yeux croisèrent ceux de la déchue qui protégeait son compagnon. Je m’avançais vers eux alors que le vent soufflait avec de moins en moins de puissance et que nous redescendions vers les flots sans pour autant les toucher. Si la coque était percée, sans doute ne fallait-il pas que nous nous rejoignions les eaux. Je m’accroupissais vers le duo tandis que la blonde, qui nous avait sans doute sauvé, s’exprimait à haute voix pour que tout le monde comprenne qu’elle veillerait de très près à la sécurité du navire. « Il s’est évanoui ? » Demandais-je doucement à la déchue. Voilà qui n’allait pas me faciliter la tâche. « J’ai vu un onguent dans les provisions. Cependant, je crains que cela soit plus adapté aux blessures externes. » Tout en disant cela, je prélevais dans mes mains l’eau issue d’une flaque proche. « Je peux tout de même essayer de lui apporter mon aide. Laissez-moi me concentrer. » Je fermais une nouvelle fois les yeux tout en essayant de me concentrer et non de m’endormir sur place. La magie s’insuffla difficilement dans l’eau mais, après une ou deux longues minutes, elle le fit. « L’eau sera salée. Sans doute faudra-t-il lui donner une gourde pour qu’il se réhydrate après son réveil. Voyons à présent si cela fait effet. Ouvrez-lui la bouche et maintenez sa clavicule dans une bonne position, s’il vous plait. » Je m’approchais du Brûlé, oubliant presque la notion de décence, pour laisser couler le liquide de ses lèvres à sa gorge. J’espérais sincèrement que cela allait l’aider. « Bien. » Je me relevais doucement, oubliant désespérément la douleur qui m’étreignait la poitrine. Avec un succès plus ou moins flagrant.

Je regardais la Matasif qui se déclarait soignante. Peut-être devrais-je me diriger vers elle, demander son aide. Mais pouvais-je accorder ma confiance à une Humaine ? Je rêvais de rentrer chez moi et recevoir l’aide des médecins familiaux. Je commençais à m’approcher à contre cœur de l’Humaine pour recevoir des soins. Le reste de magie qui bourdonnait en moi diminuait à chaque pas. Ma capacité de régénération s’éteignait. Je me sentais aussi vulnérable qu’un hippocampe entouré de requins. Aussi, je décidais de faire demi-tour comme une lâche. Mieux valait souffrir que périr. Et puis à présent que les voiles n’étaient plus autant les proies du vent, que les provisions étaient sauves et que la majeur partie de l’équipage reprenait ses marques, je pouvais aller me reposer moi aussi. De toute façon, si je ne le faisais pas je savais que j’allais m’écroulais d’une seconde à l’autre. Aussi, je me dirigeais vers la cale pour m’affaler à même le sol trempé. Malgré la douleur, je ne peinais pas plus que cela à trouver les bras d’Harabella tant la fatigue m’étreignait.

Je me réveillais dans la nuit en gémissant. Combien de personnes étaient toujours debout malgré les évènements fatigants ? Je sortais de la cale pour vérifier leur nombre et porter main forte aux insomniaques. Cependant, en reprenant contact avec l’air marin, je m’arrêtais pour regarder l’altercation qui avait lieu devant moi. Après un dernier gémissement, je m’approchais. La cavalière du dragon était revenue et subissait les agissements de la blonde. Je posais doucement ma main valide sur l’épaule de cette dernière. « Je vous en prie. » Mon ton n’était pas intransigeant mais plutôt doux. Peut-être aurais-je du prendre plus de précautions avant de la toucher. « Cessez vos agissements. Nous avons besoin de tous. Vous dîtes vous assurer de la sécurité du navire. J’espère que vous avez impliqué ses passagers dans celle-ci. Pourriez-vous réglez vos différents lorsque nous toucherions la terre ferme, s'il vous plait ? » Je soupirais, lasse de ma douleur. J’enlevais délicatement ma main de son épaule avant de regarder la rouquine avec un sourire. « C’est peut-être odieux de ma part mais j’espère sincèrement que vous leur avez flanqué une bonne dérouillé. » Je plissais soudain les yeux vers l’horizon étoilée. N’était-ce pas la terre ferme que je voyais plus loin ?

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