Tout est allé vite, trop vite pour Nim. Il était sûr de mourir, il l’avait même presque accepté, et soudain, il avait froid et il avait peur du vide, son bras lui faisait mal là où l’humaine l’avait attrapé, et il ne sentait plus la moitié de son visage là où elle l’avait giflé. Il tituba un instant et tomba dans la neige, des étoiles dansant devant les yeux. Il bredouilla quelques excuses, soudain conscient de la stupidité de sa démarche, et terrifié par ce qu’il avait été sur le point de faire. Il sentit les larmes poindre au coin de ses yeux, mais les essuya prestement, à la fois par fierté et par peur de les voir geler contre sa peau. Lentement, il se releva, en se frottant la joue, pour faire face à un spectacle tout aussi terrifiant : Mancinia était figée, elle regardait un point fixe devant elle, où Nim n’apercevait qu’une volute de neige portée par le vent. Derrière elle, spectacle d’apocalypse, le ciel s’emplissait d’un nuage vivant de corbeaux, une vision de cauchemar ponctuée par les éclats aveuglants d’un ciel d’orage mystique. Il cria de peur, et alla se saisir de ses vêtements en hurlant à l’humaine de courir. Peut-être qu’ils auraient le temps d’arriver jusqu’au temple, peut-être que qu’ils avaient encore une chance. Le premier corbeau se posa devant lui, puis un autre, puis des centaines. Il tomba au sol, écrasé par le poids de leurs pattes griffues. Voilà, c’était la fin, la vraie fin, cette fois.

Le Magicien se réveilla en sursaut, manquant de donner un coup de pied à un inconnu qui dormait encore non loin de lui. Il cria quelque chose d’incompréhensible à mi-chemin entre la langue commune et une incantation, et cria à nouveau en voyant le feu jaillir de sa paume, et roussir une bonne partie du garde-corps du bateau sur lequel il s’était éveillé. Il avait chaud, la neige avait disparu, et Mancinia avec elle. Est-ce que tout ça n’était qu’un rêve ? En repensant aux corbeaux, il se convainquit une fois pour toute : c’était un rêve, ça n’avait aucun sens. D’un regard circulaire, il grimaça. Ce bateau n’avait pas bien plus de sens. De nombreuses personnes étaient là, certaines déjà réveillées, d’autre par terre, gémissantes, et au milieu du pont, une table large sur laquelle était disposée une douzaine de boites en fer. Nim recula jusqu’à coller son dos à la rambarde du navire, et repris avec difficulté sa respiration, en jetant à chacun un regard chargé de soupçons. La plupart ne faisaient pas attention à lui, si bien qu’il finit par se relever pour aller lui-même jeter un œil à la table, sans cesser de guetter le moindre signe d’attaque. Il fut d’autant plus perdu d’y trouver une boîte à son nom. Après une hésitation, il s’en saisit, et ne voyant personne lui sauter dessus, s’écarta un peu pour l’ouvrir. Elle contenait un parchemin manuscrit, et au fond était gravé un simple numéro : « deux ».

Le papier était bien écrit, et on y lui vantait son implication dans un grand concours à l’issue duquel il était garanti d’obtenir ce qu’il souhaitait le plus au monde, ce qui acheva de le convaincre. Ce n’était peut-être pas une malédiction mais une chance d’avoir été appelé ici ? Peut-être que cet horrible cauchemar n’était que le résultat du sort de téléportation. Il se calma soudainement, en remarquant alors que personne ne venait lui sauter dessus, ni n’essayait de le tuer. Soudainement, sa paranoïa lui semblait bien injustifiée. Du coin de l’œil, il vit plusieurs passagers descendre en cale, pour en revenir quelques instants plus tard avec une personne pour les accompagner. Par mimétisme, il se dit qu’il devait probablement faire la même chose, et que cela avait surement à voir avec le numéro qu’on lui avait donné. Lentement, il alla jusqu’à la cale, et tandis que de nombreuses personnes le dévisageaient, il s’éclaircit la gorge et montra sa boite du doigt.

— « Le… Le deux ? »

Un géant au visage peint de symboles guerriers s’avança lourdement, pour se placer devant lui et le couvrir d’un regard dur. Il était gigantesque, massif et tout en muscle. À côté, Nim n’était qu’un bambin, et il n’en menait d’ailleurs pas large. D’un voix rauque, caverneuse, le numéro deux s’exprima en ce qui devait être du Zul’dov, et la magie de traduction du jeune magicien fit son œuvre.

— « C’est moi que tu cherches, petit. Qu’est-ce que tu fais sur ce bateau, t’es pas un peu jeune pour ça ? »

Nim haussa les épaule, l’air désolé, et lui répondit, dans sa langue :

— « Croyez-moi, je n’en sais pas plus que vous. Je… Je crois que nous allons devoir travailler ensemble ? »
Il lui tendit la main, et après quelques instants de flottement, numéro deux la saisit, manquant de lui broyer les articulations d’une simple pression.

Résumé :

« Merci pour cette intervention, aussi éloquente qu’opportune. Soyez mignon : allez-vous rendre utile là où vos compétences seront salutaires et appréciées à leur juste valeur. » La Khæleesi s’était approchée du petit groupe, agglutiné autour du Monarque Démoniaque. Elle avait murmuré quelques mots à l’attention de Raeden Liddell, sans daigner lui adresser un regard. « C’est valable pour vous aussi. » enchaîna-t-elle, en tournant légèrement la tête vers la jeune Eversha, cette fois-ci. Vanille avait consenti aux règles de cette étrange expédition. Cependant, elle n’était pas contrainte de supporter ce genre d’individus et malgré son comportement glaçant, elle n’avait pas tort. Chacun avait son rôle à jouer. « Tâchez d’obéir sans broncher. Je risque de regretter ma décision miséricordieuse. Le Kraken s’éloigne sur mon ordre mais il peut encore faire demi-tour. » Il était dangereux de naviguer sur les mers et les océans, la faute à la politique carnassière des Sirènes et aux naufrages causés par la bête des profondeurs. Ils étaient plutôt chanceux d’être en compagnie de la Dame des Abysses. Aussi chanceux qu’on pouvait l’être, auprès d’une femme changeante et capricieuse capable de contrôler les flots. « Ne me faites pas répéter. » articula-t-elle doucement, les yeux posés sur un visage familier. Ce voyage risquait d’être déplaisant. Heureusement, le Souverain de l’Enfer était toujours dans les parages. Sa présence était réconfortante. Elle devait être la seule de cet avis. Vanille fit un pas vers la Démone aux cheveux noirs, le temps de jeter un regard sur la carte. « Je ferai en sorte que notre périple soit paisible. » claironna-t-elle dans un rire, tout en posant la main sur celle du Diable, pour bouger légèrement la barre. Ils étaient au cœur de son royaume, après tout : elle connaissait chaque recoin de ces vastes étendues. Autant faire route dans la bonne direction. « Ce n’était pas très courtois … » marmonna le Magicien. Il avait suivi la jeune femme, mais restait à distance. « Ils ont droit de donner leurs avis. » La Khæleesi soupira. « Ne contredisez pas celle qui peut vous faire tomber dans la gueule du Kraken, mon petit Dix-Sept. » Il se raidit, mal à l’aise. « Mon nom est … » - « Je me moque de votre prénom. » Elle avait tourné les talons, accoudée contre le vieux bois du navire, les iris perdues dans le mouvement apaisant des vagues. « Trop lent. » trancha-t-elle, une expression froide sur les lèvres. Les changements se firent en douceur. Le vent se leva peu à peu et l’onde se fit de plus en plus brusque. La Reine leva les yeux au ciel, vaguement écœurée d’entendre les beuglements de quelques estomacs fragiles. Ils n’allaient pas se sentir mieux, d’ici quelques dizaines de minutes. « Vous devez avoir un peu faim. » souffla le Magicien, définitivement trop affable. Il tendait une pêche à la Khæleesi. Elle prit le fruit, l’air douce et tendre. « Merci. » Il avait raison : elle avait besoin de manger quelque chose. Elle venait tout juste d’enlever la Couronne du Savoir, et avait cruellement envie d’un peu de sucre. « Je vous prendrai bien, là, tout de suite, sur le pont de ce bateau. » Elle rit, amusée par le visage décomposé du Mage Blanc. Elle avait pris le temps de lire dans son esprit, et savait exactement comment l’embarrasser. « Je suppose que vous avez dû beaucoup voyager. » bégaya-t-il, avec la ferme intention de changer de sujet. « C’est exact. » - « Qu’est-ce qui vous a le plus marqué ? » Il avait l’œil brillant. La réponse l’intéressait vraiment. C’était presque touchant. La Khæleesi prit le temps de réfléchir. « Drea Cthu. » - « Qu’est-ce que c’est ? » - « Une Cité. » Il fouilla dans les tréfonds de sa mémoire. « Je n’en ai jamais entendu parler. » - « C’est normal. Elle a été détruite, il y a plusieurs siècles. » - « Comment était-ce ? » Elle souffla. « Inimaginable. » Elle sentit une pointe de nostalgie dans sa propre voix. « Je regrette. Je crois. Un peu. » - « De quoi ? » Elle arqua les sourcils. La réponse paraissait pourtant évidente, à ses yeux. « De l’avoir détruite. » Il cligna plusieurs fois des yeux et n’ajouta rien. Son regard glissa sur le Monarque Démoniaque, partagé entre l’envie de connaître davantage de récits, de la part de tous ses Rois, et son désir de s’enfuir en courant.

La Khæleesi profita de quelques instants de répit. Elle croqua dans le fruit, pensive. Ses jambes étaient légèrement engourdies et son dos était sans doute couvert d’hématomes. La chute avait été rude. Si elle n’avait pas été recouverte des traces de ce moment de démence, elle aurait pu croire qu’il ne s’était jamais déroulé.

Spoiler:

Équipe A : Anîhl : III ; Gabrielle : III ; Helly : III ; Isiode: III ; Lucius : III ; Nim : III ; Raeden : III ; Toble : III ; Vanille : III ; Zane : III.
Éliminés : Anshû (0) ; Anwen (0) ; Etincelle (0) ; Vylker (0)

Équipe B : Aylivæ : III ; Azaar : III ; Callidora : III ; Edwina : III ; Eerah : III ; Elijah : III ; Ignis : III ; Laëth : III ; Mancinia : III ; Maximilien : III ; Mitsuko : III
Éliminés : Atheria (0) ; Rheyasaen (0) ; Nikolaz : (II)

C'était d'une violence inouïe. Sa conscience avait été écrasée durant quelques instants, mais cela avait raisonné comme une éternité de soumission. C'était terminé. Mancinia pouvait à nouveau avoir une emprise sur son existence. En ouvrant les yeux, elle remarquait immédiatement que ce lieu n'était plus stable, mais tanguant, l'odeur salée dans ses narines ne trompait pas. Elle était sur un navire. Est-ce que quelqu'un était venu les sauver ? Avait-elle eu un malaise ? Mancinia avait l'impression que son estomac allait ressortir par la bouche tellement elle se sentait mal. Rien que la lumière des torches était désagréable et pourtant, elle était habituée à bien plus vive. Se remettant assez rapidement de cette sensation, l'Humaine était ravie que le Soleil soit absent de la voûte. Elle adorait le sentir sur sa peau, mais ses yeux auraient sûrement eut du mal et elle aurait quitte pour un bon mal de crâne. Non. Ce n'était pas un simple rêve. Elle n'était pas retournée à Cael. Sa tenue était salie, ses pieds gelés et elle ressentait encore la terreur au fond de son coeur. Elle en avait vécu des choses, mais là, c'était sans doute inédit. Elle se remettait à peine de cette Guerre des Dieux qu'on la replongeait dans les horreurs. Ce n'était pas très juste. Une oeillade aux alentours et son regard demeurait figé sur une silhouette familière. Callidora. Cette vision la troublait. Et bien qu'elle lui accorde à peine de l'intérêt, l'Humaine observait le dos de la Vampire, qui n'avait guère changer. Une décennie et pourtant, Mancinia était un véritable reliquat du passé. Au détail près. Cette dernière n'était plus enceinte. Avait-elle eu ses enfants ? Sans doute. Elle y avait veillé. Aaah, elle avait vraiment le don d'utilisé sa magie envers les ennemis de sa race. Ce qu'elle avait pu être naïve...

Et Nim ? Est-ce qu'il était présent ici aussi ? Se redressant, la jeune femme progressait vers ce qui attirait tout les regards. Sur l'une d'entre elles se trouvait son propre nom, passant ses doigts sur l'ouvrage délicat, elle l'ouvrit. Le contenu de la lettre avait de quoi la faire trembler de rage. Encore une fois. Si elle détenait l'enflure, pour sûr, elle lui cognerait son poing dans le visage. Pour autant, une simple phrase retenu son attention. Prudence, toutefois, à l'aide que vous recevrez. N'oubliez pas votre serment devant Luftë. Comment était-ce possible ? Qui était au courant ? Quelqu'un qui le savait devait certainement avoir les moyens de lui offrir ce qu'il promettait. Que pouvait-on bien lui promettre de bien sérieux ? Un nouveau territoire où y installer les Humains ? Mancinia repliait le parchemin d'un geste sec, la mâchoire serrée, avant de la mettre dans le dissimuler sous sa robe. Personne n'y comprendrait rien, mais elle choisi la prudence. Maintenant qu'elle était là, contre son gré, elle n'avait guère le choix que de participer à cette nouvelle mise en scène. Soupirant, songeant qu'elle devait vraiment plaire aux organisateurs pour être toujours sélectionnée dans ces Jeux plus que douteux au milieu de nulle part. Au fond de la boîte, elle remarquait alors la présence d'un numéro. XII. Ainsi était la personne qui lui était liée. Soit. Laissant le Magicien de côté pour l'instant, elle choisi de se consacrer à sa personne.

— Voyons un peu ce qu'il en retourne.

Ayant le pied marin en raison de ses nombreux voyages, elle n'eut aucun mal à s'acclimater à l'environnement bien plus rassurant que sur l'Île Maudite. Qu'avait donc fait les Chamans pour que tout soit aussi délirant ? Elle s'interrogeait encore sur les moeurs de cet étrange peuple, tremblant encore sous l'assaut qui lui avait valu sa place ici. Terrifiant. Elle reprit ses esprits avant de se risquer devant la porte de la cale où se pressait plusieurs personnes, remarquant la présence de bien des visages familiers. Certains étaient dévisagé avec mépris. C'est qu'elle allait s'amuser. Mancinia parcourut du regard l'immense lieu où s'entassait même des animaux. Troublant.

— Où est Numéro Sept ?

La Kaaezi eu a peine besoin de hausser la voix qu'une femme à l'allure gracile leva la main, se dégageant un chemin pour venir devant sa personne. Son regard pétillait en la détaillant de bas en haut. Osant à peine croiser son regard.

— Je suis là. Et je m'appelle Roxane.
— Appelle-moi Mancinia.
— Oh ? Comme Mancinia Leenhardt !

Son air enjouée surprit la concernée.

— Je suis actrice, vous savez ? J'ai pour habitude d'incarner des personnages célèbres et reconnus ! ...N'en dites rien, mais...Je lui ressemble à ce qu'on dit !
— Je n'ai pas franchement l'impression que vous me ressemblez, mais ce n'est que mon avis.

Cela l'amusait de voir sa réaction.

— Mais...Alors, vous êtes vraiment...Je suis moi-même Humaine. Désolée de n'avoir rien dit, souffla-t-elle plus bas. On ne sait jamais à qui nous avons affaire, n'est-ce pas ?
— Ce n'est pas un problème. Je comprends très bien. Où résides-tu ?
— Sur l'Île Guerrière ! Je présume que vous allez venir y vivre ? C'est pour ça que vous êtes sur les eaux ?

La situation de son peuple était étrangère aux autres. Il était de coutume de ne pas mentionner les emplacements exacts et les noms à voix haute. Question de sécurité.

— J'ai choisi de vivre dans le Désert, sourit Mancinia.
— Oh ? Je croyais qu'une guerrière préférerait quelque chose de plus dynamique.
— En d'autres circonstances, peut-être. Cela étant dit, où sommes-nous ?
— ]Sur la Mer de Cristal, mais où exactement, aucune idée.

La Mer de Cristal ? Était-ce une blague ? Est-ce que son passage sur l'Île Maudite était un cauchemar, une résurgence ? Ou seulement un avertissement de cette épreuve qui l'attendait à nouveau ? Cela ne sentait pas bon. Elle remarquait Ignis se débattre pour savoir si quelqu'un savait lire une carte maritime, Callidora prenant la barre. Voir ses deux-là était ironique. Neah les aurait sûrement tuer dès que l'occasion se présentait. Sans doute ferait-elle de même, le moment venu.

— Vous n'allez pas leur porter assistance ? s'interrogea sa compagne.
— Si je peux te donner un conseil, Roxane, c'est de parfois paraître plus idiote que tu ne l'es et de laisser les autres se débrouiller.
— Elle n'a pas besoin de faire semblant, ricana quelqu'un.

Sans aucune surprise, la jeune femme démarrait au quart de tour.

— Tu veux dire quoi par là ?! Tu n'arrêtes pas de me chercher depuis qu'on est partit, ça suffit maintenant !
— Par les Aetheri, que t'as l'air plus stupide que ta nouvelle copine, là. J'espère que tu partages, hein ?

Roxane rougit, bafouillant des mots confus. Sans attendre, Mancinia prit l'Hallebarde qui traînait près de sa partenaire d'infortune et sans avertissement, collait un coup de hampe dans l'estomac de l'homme qui laissa ses affaires tomber au sol, lui-même tombant à genoux sous le choc, plus surprit qu'autre chose. L'Humaine le toisait de haut. Il y eu un silence.

— Oh ? Quelqu'un semble avoir égaré son sac. C'est tellement dommage.

Ce dernier crachait au sol, le coup l'ayant cloué sur place, le laissant incapable de répliquer dans l'immédiat. Mancinia prit les affaires et sortit. Elle était d'humeur exécrable et n'était pas certaine de vouloir s'amuser avec ce beau monde compte tenu des ennuis que cela lui avait causé jusqu'à présent. Elle aviserait plus tard.

— Vous parliez trop, soupira-t-elle en guise d'explications.

Dehors, sous le pont et devant le Soleil qui pointait le bout de son nez, elle fût intriguée par une personne qui semblait en pâmoison devant l'animal qui l'accompagnait. Mancinia le regardait sans se cacher. Roxane se risquait.

— Il...Il n'a pas l'air commode, non ?
— Je l'aime bien. En plus, il est beau.

Mancinia souriait à la créature et s'amusait de son regard sombre. Elle doutait qu'un animal soit lié à un être humanoïde. L'Humaine ne serait pas surprise si son Ma'Ahid était responsable de l'absence de magie clouant l'être dans cet état...

1 307 mots

Post IV:

Qu’on ne vienne pas lui reprocher sa prise de décisions. Il fallait être vif et tranchant, comme la lame d’un sabre libérant les entrailles d’un homme. Si ses soupçons s’avéraient fondés, une course contre la montre avait lieu en ce moment même. Les croix révélées sur la carte renfermaient certainement l’emplacement d’un trésor quelconque, qu’il soit tangible ou non. Mais alors que Z le magnifique s’employait à convoyer tout ce petit beau monde en un seul morceau jusqu’à l’embarcadère, deux jeunes vierges vinrent l’interrompre. L’une d’entre elles lui disait vaguement quelque chose, mais depuis la perte de sa mémoire, certaines brides lui étaient toujours inaccessibles à l’heure actuelle. Le regard sombre, il toisa la jouvencelle de bas en haut. « Il suffit, femme ! UN navigateur est suffisant pour mener cette barque à bon port. Pas deux. UN ! Il y a de nombreuses choses à faire sur un rafiot, alors essaie de te rendre indispensable autrement. » Et il avait parfaitement raison. Car en dehors du pilotage, la patrouille, l’entretien du navire, la préparation des repas, la gestion des ressources et autres opérations étaient toutes aussi primordiales que la bonne marche de cette immense coque en bois. Ce fut ensuite au tour de Raeden de se manifester, et pour une raison tout à fait pertinente, le Diable acceptait avec beaucoup d’empathie sa présence au sein de l’équipage. Il y avait un temps pour la rancœur et l’hostilité, et il y en avait d’autres pour la collaboration et la civilité. Zane avait parfaitement compris qu’en agissant seul, il freinerait sa progression. « C’est bien là où nous sommes, c’est exact. Toutefois, ce n’est pas tant notre position actuelle que l’endroit où nous mettons les voiles qui importent. » L’autre femme prit ensuite la parole. Se diriger grâce au soleil et plus particulièrement aux astres n’était pas une mauvaise idée. « Lire dans le ciel, c’est pas mon truc, je le reconnais. Dans ces conditions, je vous suggère de vous positionner sur la vigie et de nous indiquer le maximum d’informations. » Pour optimiser le rendement et ainsi pousser le développement de l’équipage à son plein potentiel, chacun devait trouver le poste qui lui correspondait le plus sans chercher à envahir l’espace occupé d’un autre.

En tant que chef d’une race quelque peu récalcitrante sur les bords, le Diable savait à quel point une bonne organisation saupoudrée d’une excellente motivation pouvait mener les hommes à donner le meilleur d’eux-mêmes. Mais c’était sans compter sur l’intervention de Vanille, qui comme d’habitude fit preuve d’une délicatesse légendaire pour éloigner le troupeau du buffet. Cette attitude avait le don de le faire sourire. Malgré tout… « Croyez-moi, Princesse, vous n’êtes pas obligée d’être constamment agressive pour imposer le respect Je pense qu’ils vous craignent déjà bien assez comme ça. Et puis ça me tue de le dire, mais nous avons besoin chacun d'entre eux dans cette expédition. Pourtant, vous savez combien c’est indigeste pour moi de le reconnaître. En sortant de là, je mettrais probablement leurs tête à prix pour me venger d'ailleurs... » Pour une fois, le Monarque privilégiait la cohésion à la division. Impossible qu’ils se fassent botter le cul par une autre équipe.

Sauf qu’un nouvel évènement vint troubler cette vision de l’avenir en assurant la destruction de la carte qui fit « POUF » entre ses mains. Les yeux écarquillés, Zane resta passif quelques secondes à observer les cendres se faire balayer par le vent avant de reprendre les commandes de plus belle. « Peu importe. Le plan est dans ma mémoire, il ne nous est plus utile pour le moment. Et puis… il semblerait que nous ayons un premier lieutenant de choix à bord. » Il faisait référence à la Sirène, qui, si elle décidait de jouer le jeu, les mènerait saine et sauve dans la bonne direction. « Vous voir tous les deux comme ça me filerait presque la chair de poule. » Le Monarque lui adressa un clin d’œil. « Et c’est parfaitement justifié. Tiens. Puisque tu ne sais pas quoi faire. » Il quitta la barre pour agglutiner celles de la démone dessus. « Mais je… » « Inutile de paniquer. Quoi que tu fasses, nous arriverons à destination. Et au pire, on se paumera. » La Démone leva les yeux au ciel. « Vous êtes toujours aussi insouciant ? » « Toujours, petite. C’est ainsi qu’on déroute les imprévus. Bref. Je reviens. » Puis il s’éloigna. « Tâchez de ne pas m’oublier en allant baiser une vertueuse dans un coin. » Au loin, sa voix s’atténuait avec le bruit des vagues qui l’accompagnaient. « C’est paaaaas duuuuu touuuuut mon genre. » L’homme prenait son rôle de capitaine à cœur, même si personne ne l’avait décrété ainsi.

En ce sens, il se tourna en direction de l’emplumé, se plantant devant lui, la prunelle menaçante. Il rompit ensuite cette simulation pour lui tendre la main. « Ce n’est que provisoire, mais nous avons des desseins communs, Sir Liddel. De ce fait, assurons-nous de réussir les épreuves que les Dieux dresseront sur nos routes. De plus, j’ai besoin de vous. La carte a cramé et personne n’est assez adroit pour lancer un tel sort à longue distance. Du moins, pas autant. Le nombre de boites ne coïncide pas avec ceux qui sont à bord. Si vous vouliez bien enquêter et trouver le coupable, ça m’arrangerait. » Il quitta l’Ange et son partenaire en le saluant, après quoi il apparut dans le dos de Vanille. « Vous ne semblez pas au meilleur de votre forme, Khæleesi. C’est troublant. Si vous avez besoin de quoi que ce soit, n’hésitez pas à demander. Même s’il s’agit d’un simple bisou sur la joue. » Puis il s’éclipsa de nouveau, la malice entourant son visage tel un farceur tel que décrié dans plusieurs contes. Il se cala en hauteur en s’accrochant à un mât afin d’avoir l’attention de tout le monde. « Ecoutez-moi. J’ai une suggestion à vous faire. Rassemblons tous les sacs et classons-les par catégorie. Certains objets nous seront plus utiles que d’autres en fonction du contexte, c’est évident. Pour cette raison, il me semble primordial d’élaborer plusieurs stratégies avec les éléments qui sont à notre disposition. A mon avis, tout se jouera lorsque nous serons sur terre ferme. » Malgré la futilité à première vue incontestable de quelques lots qu’il avait entrevu, il était persuadé que rien ne devait être laissé au hasard.


1000 mots

Résumé:

En remontant sur le pont, Maximilien avait commencé à échanger avec Asha, se disant que l'Humaine avait probablement des informations supplémentaires ayant été emmenée ici bien avant eux. Il tira une grimace lorsqu’elle lui apprit qu’elle n’était pas plus renseignée que lui. « On nous a juste emmené là, et dit de vous attendre. ». Arrivé en haut, d’autres personnes avaient déjà commencé à s’éveiller. Pendant que ces dernières allaient récupérer leur binôme, le rouquin se rapprochait  du château et installait sa coéquipière contre la cloison de bois à laquelle il s’adossa également. Légèrement à l’écart, il observait ceux qui serait à présent ses " alliés " d’après le parchemin, et reconnu un visage familier. À la vue de la jolie brune il se mit à grincer des dents, moins par sa présence sur le bateau qui, au contraire était forte agréable, mais plutôt parce qu’elle le confortait dans cette terrible idée que cette île était loin d’être du domaine du mystique. « Quelque chose ne va pas ? » - « Non, rien. Un mauvais rêve. ».

Mais ces mauvais souvenirs furent rapidement balayés par un grondement sourd qui surpassait de loin les braillements incessants d'un homme recouvert de brûlure et de cicatrice. Les océans étaient un lieu hostile et Maximilien s’attendait au pire. « Qu’est-ce que c’est ?! » - « Je ne suis pas sûre… ». Soudain un monstre gigantesque surgit de nulle part. La surprise de le voir apparaître ainsi le fit se relever pour se mettre instinctivement sur ses gardes, même s’il avait bien conscience que l'animal ne ferait qu’une bouchée de lui au vu de sa taille. « Mais… Que... » - « Un dragon ! ». Qui était cette femme ?... La voir chevaucher ainsi la bête était aussi impressionnant que majestueux et imposait le respect par sa seule action de monter cette créature. Le duo suivaient tout les deux des yeux le chemin que prenait la rousse dans le ciel. Et en duo, ils ramenèrent à l'unisson leur regard sur le pont du navire. Le spectacle fut d'un tout autre ordre et Asha se couvrait la bouche d'une main en même temps que ses yeux devinrent aussi rond que des billes par la surprise de voir cet homme soudainement nu, avant d'esquisser un sourire. « Rapprochons-nous, s'il-te-plait. ».

Une fois à proximité, elle lui fit un signe en direction de la table où la majorité des boîtes étaient à présent ouverte. Il en poussa la plupart pour que l’Humaine s’installe. Dans le même temps il répondit à la remarque de la jolie brune. « J’aurais tendance à être moins confiant étonnamment. » - « Je ne suis pas d’accord. ». Maximilien tourna un œil vif et interrogatif en direction de sa compagne d'infortune qui s’empressa de lui répondre tout en tournant son regard vers la jeune femme. « Ces mots étaient sincères et fervents. Sa foi en Eoda l'est tout autant j’en suis certaine. Alors, faisons confiance en cette foi. Les Aetheri nous le rendront. ». Que pouvait-il répondre à ça ? Ses mots étaient passionnés et authentiques. « On se contente d’avancer à vue alors ? ». Sa réponse lui vint d’une autre jeune femme qu’il reconnut être celle qui tenait la barre un peu plus tôt. Décidément, c’était à croire qu’elles s’étaient toute concertées en douce avant leur départ. Il se tourna vers Asha quand il vit la demoiselle fouiller dans son sac. « Ça y est, je l’ai ! Tenez, c’est une carte des océans. », fit-elle à l'ensemble du groupe cette fois. « On peut toujours l’utiliser pour la comparer avec celle que monsieur a trouvé ? », ajoute-t-elle en adressant un rapide regard au brûlé dévêtu. Le rouquin se saisit de la carte. Oui c’était une idée. « Et avec la vision globale de la chevaucheuse du Dragon, on aura une meilleure estimation de notre position pour la destination à prendre. », continua-t-il en se décalant légèrement une fois la carte mise en évidence sur la table pour que tous aient une vue dessus, récoltant un sourire d'Asha voyant que le rouquin avait compris où elle voulait en venir. Maximilien marquait une pause observant l'état agité de l'inconnu nu. Comptait-il continuer à déblatérer ainsi tout le long du voyage ? « Hé, toi. Au lieu de traverser le bateau en large et en travers en râlant, essaie de résoudre le problème en cherchant de quoi te couvrir. ». Il finit par détourner les yeux, revenant à leur problème initial. Il n’était pas un homme de la mer, bien au contraire. Mais ça ne semblait pas être le cas de la jeune femme qui venait de s’éclipser. Il ne contredirait pas son ordre, faute d'arguments ou d’être tout simplement capable d’indiquer une meilleure destination.  

Le rouquin tournait le regard vers l’Imprévisible, qu’il découvrit être proche d’un Volatile trop familier lui aussi. Étrangement, si la présence de Mancinia Leenhardt avait quelque chose de rassurant à ses yeux, celle de l'Oiseau l'ennuyait légèrement. Depuis sa prestation sur l'île Maudite, il était évident que cette apparence n'était que fictive. Et il n'aimait pas ça. En vérité, beaucoup de choses le dérangeait ici. Il ignorait qui était ces personnes. Il ignorait leurs intentions réelles. En temps normal, sûrement n’aurait-il jamais fait étalage de cette carte hormis à Matasif, l’unique personne qu’il jugeait digne de confiance. Mais il était prêt à mettre tous ses à priori de côté si au bout du parcours, si en gagnant ce concours… « Maximilien ? ». La voix fluette d'Asha le ramenait sur les planches du navire. « Je songeais à autre chose, désolé. » - « Ce doit être un peu de fatigue passagère. Tiens. », conclut-elle en lui tendant une gourde pleine d'eau. « Merci. » - « Elle est pleine. N'hésitez pas à vous servir. », ajouta-t-elle au reste du groupe. Cette dernière réplique laissa l'Humain pantois. Faire équipe, il comprenait. Mais dans ses mots, c’était plus que ça. C’était sincère. Elle s’inquiétait réellement pour autrui, sans distinction de race. Elle avait une force morale qu'il serait incapable de posséder. Pourtant il ne l'enviait pas. Il ressentait plutôt un mélange d'incompréhension et d'admiration pour cette jeune femme paralysée. Le rouquin posait la gourde sur la table avant de désigner d’un mouvement de tête le Hibou. « Le Piaf là, on l'a déjà rencontré sur l'Ile Maudite. », fit-il en adressant un regard à la jolie brune. « Il a maîtrisé un homme à la seule force de ses ailes. Il cache Quelqu'un sous cette apparence, et pas un freluquet à mon avis... ».

Mots 1082

Résumé:

Sac:

« Très bien alors…Que faisons-nous là ? » « Je n’en ai pas la moindre idée. Tout ce dont je suis au courant, c’est que je dois vous aider sur le navire et vous donner ceci. » Elijah attrapa le sac que la femme lui tendait. « Merci… » Dit-il, incertain en jetant un coup d’œil à l’intérieur. « Il y a des fruits, une boule étrange, des kimonos, des rubans et des instruments de musique. » « Des instruments ? Des… Des kimonos ? » Elijah était incrédule. « Mais à quoi est-ce censé me servir ? Comment est-ce que cela peut m’aider à gagner ce concours ? » La jeune femme haussa les épaules, affichant un sourire délicat face à l’exaspération du jeune homme. Celui-ci semblait éreinté, et plus perdu que jamais par les étranges évènements qui lui arrivaient. Il soupira. « Bien. Alors… Est-ce que tu sais naviguer ? » « Non, je n’ai jamais eu l’occasion d’apprendre. » Elijah fit claquer sa langue contre son palais, impatient. « Mais comment suis-je censé gagner si tu ne peux pas m’aider ? Ni même me dire ce que je suis censé faire. » Le visage de la brune se tordit en une moue vexée, tandis qu’elle croisait les bras sur sa poitrine. « Eh bien, je ne suis peut-être pas d’une grande aide mais que quelqu’un d’autre sur le navire saura sans doute mieux vous servir. » Ses paroles semblaient aussi froides que son regard, pourtant sa voix n’en restait pas moins calme et mélodieuse. « Les autres ne peuvent pas nous aider. » « Et pourquoi cela ? Nous devons tous faire équipe, peut être que quelqu’un voudra bien échanger son sac contre celui que je vous aie offert. » « F-Faire équipe ? » L’ange était perdu. Toujours persuadé qu’il devait faire bande à part, il ne comprenait pas les propos de sa coéquipière. « Oui, c’est ce qui est donné dans les indications… Normalement. » La femme semblait soudainement moins certaine de ses propos. Elijah relut le parchemin qu’il avait trouvé dans la boite. Effectivement, troublé par les premières phrases, il n’avait pas lu le mot en entier. Le voyage sera long mais le destin a placé sur ton chemin d’autres participants, dont l’aide te sera précieuse pour parvenir jusqu’au bout du périple. « Oh. » Laissa-t-il échapper. Il se gratta l’arrière du crâne, visiblement gêné par son comportement. Les simples lignes qu’il avait lu avaient suffit pour le chambouler, et il était tellement persuader de devoir gagner pour obtenir ces précieuses informations qu’il s’était montré irritable. « Excuse-moi. Je me suis peut-être emporté plus que nécessaire… » Le visage de la femme se radoucit et elle allait commenter quelque chose lorsqu’une voix les coupa dans leur conversation.

Elijah se retourna et vit un jeune homme se tenir debout, en haut des escaliers menant à la cale. Lui-même était descendu et s’était mis à l’écart avec sa partenaire pour discuter, mais il avait pressenti que le garçon s’adressait bien à lui. Elijah secoua la tête, impuissant. « Je me suis réveillé il y a seulement quelques minutes. Je n’en sais pas plus que toi. » Elijah observa le participant nouvellement éveillé rejoindre son binôme. Lorsqu’il l’invita à sortir pour chercher plus d’informations, le brun hocha la tête et fit signe à la brune de passer devant lui. Mais une voix colérique tonna devant eux. Les yeux ronds, Elijah observa le grand brûlé qui hurla son numéro avant de repartir aussi vite qu’il n’était apparu. Tout s’enchainait très vite. Le groupe onze monta néanmoins sur le pont, respirant un peu d’air frais. Des personnes commençaient à se réveiller les unes après les autres, se dirigeant vers la table puis vers la cale chacun leurs tours. L’ange aperçut la jeune femme qu’il avait agressé un peu plus tôt, et se dépêcha de lui tourner le dos, observant sa binôme. « Bon eh bien… Comment t’appelles-tu ? » « Sun-Hi. Et à qui ai-je l’honneur ? » « Elijah. » Le grincheux revint rapidement, une carte à la main, offrant une parfaite distraction à l’ange qui s’approcha pour mieux la regarder. Il regarda les croix qui indiquaient des endroits différents. « Est-ce que cette croix indique notre position actuelle ? » demanda l’ange, un peu perplexe en montrant celle perdue en pleine mer. Il faisait semblant de s’y intéresser, mais il s’y connaissait autant en navigation qu’en tricot. Heureusement, une brune s’approcha et annonça qu’elle pourrait prendre la barre d’ici à ce qu’un cap soit décidé. Elijah sentit son cœur s’alléger légèrement.

Le cri qui retentit dans son dos fit sursauter l’okan, qui se retourna aussitôt pour voir une demoiselle totalement effrayée, armée d’une bouteille poussiéreuse pointée dans sa direction. « Non non non ! » répliqua le brun, en tendant ses mains vides devant lui. « Je… Je suis désolé pour tout à l’heure. » Il sentait la panique le submerger. Il ne voulait pas que le mal entendu se prolonge, mais il avait peur de dire une bêtise qui la contrarierait davantage. « Je n’étais pas vraiment moi-même quand nous nous sommes rencontrés. » Prudemment, il fit un pas dans la direction de sa camarade. « Mais maintenant… Je vais mieux. Je ne vais pas te faire de mal, d’accord ? » Il essaya de faire quelques pas supplémentaires puis posa sa main sur la bouteille pour qu’elle l’abaisse. Sa tentative pour amadouer la demoiselle fut interrompue par le cri d’une créature. Elijah sursauta de nouveau et sa mâchoire se décrocha en apercevant un dragon approcher du navire. Les jambes tremblantes, il se retint de justesse de se jeter à terre. Il vit une rousse monter sur le dos de l’animal et s’envoler dans les airs, comme si de rien était.

Elijah resta quelques secondes pantois, avant de se remettre de ses émotions, et écouta la discussion qui avait lieu autour de la carte. Il ne jugea pas nécessaire de donner son avis, puisqu’il ne ferait pas avancer les choses. Il remarqua avec étonnement un majestueux hibou et l'observa de loin, laissant ses oreilles glisser sur les discussions alentours.

Helly avait cessé de fixer des yeux l’improbable capitaine auto-désigné, dès lors que tout un tas d’individus s’étaient amassés autour d’eux. Il aurait été vain de chercher sur son visage la lueur d’un éclat d’intérêt. Au déballage des différentes interactions qui s’étaient échangées sous couvert de formalités, l’eversha s’était refermée sur elle-même. Absente, les yeux dans le vague, elle réfléchissait toutefois à ce qu’avait amené le jeune homme qui avait quitté le groupe précipitamment. « Faire ses preuves » cela sonnait comme une évidence, mais grinçait tout autant péniblement aux oreilles de la jeune femme qui venait de tendre son cou dans un craquement sinistre. Durant ses dernières années, sa foi l’avait poussée à faire bien des sacrifices. Elle ne craignait donc pas les épreuves, ni même l’échec, mais ne pouvait s’empêcher d’étouffer un soubresaut d’hilarité en réponse aux consonances orgueilleuses du jeune inconnu. « Faire ses preuves » pour s’attirer les faveurs d’un mortel et qui plus est un démon? Il pouvait être roi, ou capitaine, ou bien un vague souvenir étouffé dans les brumes d’un rêve, ce n’était pas la personne, mais simplement le fait d’avoir à courber l’échine et lécher des bottes par pur pragmatisme qui égratignait sa fierté.
Elle soupira lascivement et s’appuya négligemment au bastingage.
L’astre solaire brillait de mille feux, éblouissant partiellement le visage de la jeune femme non loin d’elle. L’inconnue lui avait adressé la parole et Helly n’avait pas eu, jusque là l’occasion de faire de même. Avec un oeil fermé, la jeune femme aux reflets lactescents, ramena négligemment ses doigts sur son front pour entamer la discussion.

_ Visiblement nous sommes en pleine galère et sous peine de finir aux fers, nous devrions trouver vite un chiffon, tenta t-elle d’ironiser sur la situation. La vigie me parait une bonne idée… Il y a beaucoup de chose à faire pour manoeuvrer un tel bateau et bien que nous ayons un cap, il faut maintenant…

Ses mots s’étouffèrent dès lors que les paroles de la rouquine à l’aura assassine s’élevèrent sur le pont. Son ton était suffisamment éloquent pour se substituer à toute autre menace, mais elle trouva miséricordieux dans son approche, de leur rappeler sa puissance et la charité dont elle faisait preuve en les laissant libres de se mettre a l’ouvrage. Elle avait beau être belle à s’en damner, elle n’en était pas moins désagréable.

Helly inclina à peine sa tête vers l’avant, avant de marcher à reculons pour prendre congés. Elle s’était arrêtée non loin du jeune homme inconnu affairé sur le pont et avait pris le temps de s’interroger sur les liens qui le liaient au souverain démoniaque. L’eversha avait bien une idée, mais elle préférait taire toute curiosité à son égard pour l’instant. Ce n’était ni les lieux, ni le moment de jouer les intrigantes et ils étaient peu nombreux à avoir pris le parti de manoeuvrer le bateau, ne lui laissant pas le choix que de s’impliquer sur le pont principal.
Alors qu’elle s’apprêtait a s’envoler pour rattraper un bout qui venait de libérer une voile au vent, elle interrompit son élan en entendant l’écho d’une voix familière. C’était Toble.
Il n’avait pas vraiment changé depuis leurs dernières entrevues, si ce n’était qu’il paraissait plus fatigué et que la marque de la Malaferli était bien plus visible maintenant. Le souvenir de l’île maudite agita bien vite ses pensées, la pressant à l’attraper par le bras pour l’amener à l’écart.

_ Tu n’as rien? J’étais sur l’ile Maudite il y a peu et c’était le chaos… Est-ce que…
Helly s’arrêta de parler desserrant lentement ses doigts en se rendant compte qu’elle s’inquiétait encore pour lui malgré tout ce qu’il s’était passé entre eux. Elle soupira brièvement, avant de croiser ses bras dans un geste de réconfort. Son regard se posa sur Yraah avant de balayer vite fait le binôme non loin d’eux.

_ Peu importe… La situation est déjà compliquée. Attends moi…Je reviens…

Sans un mot de plus, elle se transforma en faucon et s’envola jusqu’aux voiles battues par les vents. Elle retrouva sa forme humaine et attrapa le bout au vol, se laissant retomber sur le pont et tirant de toutes ses forces pour le nouer solidement au taquet. Elle s’éloigna de l’acastillage et retrouva Toble dans un petit sourire amusé.

_ Je suis contente de te voir Toble, avoua t-elle en plissant ses yeux face à la réverbération. Malgré la situation…

Dans l’obscurité des cales, Magnus ruminait ses idées noires. Ce n’était pas tant la situation qui l’agaçait mais bien sa propre condition qui distillait en lui un poison contre lequel il était inutile de se battre. Depuis qu’il avait été transformé, il n’avait jamais cessé de lutter contre cette soif qui ne faisait que croitre en lui, tarissant toujours plus sa volonté de résister. Anthonela était le nom de celle qui avait jugé bon de l’arracher à sa condition humaine. Elle était bien loin de lui, le laissant à présent tel un orphelin, livré à lui même sans repère, dans la curieuse impression qu’il ne pouvait exister sans elle. Maitresse de toute chose, elle faisait battre en ses veines cette insatiable envie de se gorger de sang et de revenir toujours à elle comme un boomerang.
Alors que Magnus crispait ses poings, prêt à frapper la poutre devant lui, il s’étonna de la présence qu’il n’avait pas su remarquer. Surpris et décontenancé, pris au piège de cette envie qui menaçait l’inopinée offrande aux courbes généreuses, il resta figé comme une statue. Ses yeux dans lesquels se reflétaient sa frayeur, se fixèrent brusquement sur elle. Hypnotisé par le chemins de ses veines légèrement apparentes, il s’étrangla brusquement dans une déglutition pénible, alors que sa langue s’imprégnait d’un fourmillement tristement familier.

_ Oui, souffla t-il encore sous l’engourdissante emprise de cette vision.

En d’autre temps, il aurait surement été tout aussi troublé par sa beauté et l’aurait tout autant dévoré du regard. Mais pour l’heure, c’était contre un tout autre instinct qu’il se battait.
Ses phalanges accrochèrent ses épaules menues, la pressant à s’allonger sur les planches vermoulues. Beauté sans pareille, aux milles saveurs qui éveillaient son appétence, elle finit par faire naitre sur ses lèvres un sourire indéchiffrable à mi-chemin entre la candeur et l’embarras.

_ Les jambes me dites vous?

Ses mains glissèrent le long de ses cuisses, dans une lente caresse dont il en apprécia tous les effets, en s’imprégnant du rythme de son poult qu’il sentait sous ses doigts. Ses yeux n’en finissaient plus de se perdre sur ce corps abandonné a sa démence. Il lui fallait puiser tout au fond de son être, ce qui lui restait d’humanité pour ne pas succomber à l’envie d’apposer ses lèvres sur les étendues vallonnées de cette âme égarée. Il l’observa encore en se penchant au dessus d’elle, tandis que les cuisses de l’inconnue frôlaient la naissance de ses épaules.

Interrompu dans son approche, il détourna son regard de la peau immaculée qui s’offrait à lui dans la fiévreuse vision de sa gorge déployée et dévisagea à contre coeur l’homme qui venait d’arriver. Il se recula sans s’éloigner vraiment et laissa faire l’inconnu qui redonna bien vite ses couleurs à la jeune femme.
Une moue maussade déforma les lèvres de Magnus qui finit par abandonner la partie, dans un soupir d’agacement.

_ De l’eau? Finit-il par sourire. Je vais plutôt chercher le linge propre…

Sans un mot de plus, il s’éloigna vers la cabine du capitaine. Il gardait en mémoire cette image démoniaque de ce corps à portée de bouche, comme si elle le hantait encore. Même les yeux fermés, il ne pouvait se défaire de se souvenir, le pressant à fuir à grandes enjambées. Il referma la porte derrière lui, dans une succession de coups de poings qui entamèrent le bois. Il détestait cela, cette impression de se perdre, de ne plus être lui… Il aurait tout donné pour redevenir ce qu’il était… Mais qui pourrait l’aider à présent?

1321 mots

résumé:

sac:

Terreur et mauvais présage. Était-ce les Zaahins qui me mettaient à l’épreuve ? Je voyais encore les millions de corbeaux qui riaient de nous, pauvres humanoïdes qui défiaient la Vie et la Mort. Cet être de fumées et ténèbres qui étaient apparues sur l’île des hon’hadrim était imprégné au fer rouge dans ma mémoire. Ces bouts de bois flottants qui nous observaient et me donnaient des visions. Ces milliers de voix qui résonnaient dans ma tête.

« drell ! » criais-je en me réveillant, sur une surface en bois. Il faisait nuit et le ciel était éclairé par la lune et ses étoiles. Était-ce qu’un rêve ? Avais-je vrai vu ma dovahkiin ? Je me relevais avec difficulté, ayant un mal de tête qui tambourinait mon crâne à un rythme régulier.

Je m’étais relevé avec difficulté, car le sol n’était pas stable. Où étais-je ? Je m’approchais du bord de l’embarcation pour voir une grande étendue d’eau à la lueur étrange. La mer ? J’étais donc sur un bateau et je pouvais voir une table éclairée sur le pont.

Sur cette table, il y avait plusieurs boîtes en fer. Je pouvais lire des mots, mais n’étant pas zul’dov, je ne comprenais pas leur sens jusqu’au moment je tombais sur une avec mon nom indiqué dessus. À l’intérieur, il y avait un parchemin. Tout le texte était dans un langage que je ne connaissais pas, mais une voix dans ma tête avait commencé a récité en zul’dov la signification. Un concours ? Je voulais refuser, mais j’étais tenté de découvrir la fin de cette histoire. En sortir victorieux serait une grande aventure à raconter.

Dans la boîte, il y avait un autre parchemin. Il y était inscrit le numéro 14. Je le gardais en même, laissant l’autre parchemin dans la boîte. Je décidais d’aller voir s’il y avait quelque chose dans la cale.

Il y avait plusieurs personnes inconnues. En bas, un homme attendait sans dire un mot. Après un moment, l’homme a attrapé le parchemin que j’avais en main d’un vif mouvement pour pouvoir le lire. Sans hésitation, il était parti au loin et une minute plus tard, il était revenu avec une belle femme aux cheveux bruns et aux traits que je n’avais jamais vue auparavant. Elle avait les cheveux maintenus par des baguettes et portait une étrange robe avec des motifs de fleurs. Elle m’observait de la tête aux pieds et avait commencé à me parler. Je fronçais des sourcils et je décidais de l’ignorer, ne comprenant pas un traitre mot.

Après un moment, elle fronçait les sourcils et me lançait un regard de glace. Surpris pendant quelques secondes, c’était le bruit de pas annonçant une personne descendant dans la cale qui m’avait fait reprendre mes esprits. Je m’étais éloigné pour me cacher et la femme inconnue m’avait suivi, le regard froid.

Un homme aux cheveux brisés était la nouvelle personne dans la cale. Je l’avais déjà vu. Son agressivité s’était vivement ressentie plus tôt chez les chamans et j’étais certain qu’il allait m’attaquer avec son tomahawk. Ce qui s’était passé sur l’île était donc la réalité ?

D’un mouvement brusque, la femme à mes côtés me mit un sac dans les mains. Que faisait-elle ? J’allais protester, mais son regard de glace m’indiquait qu’il valait mieux que je garde ce sac. Par quelle magie arrivait-elle à cela ? Étrangement, la patience était de mon bord aujourd’hui.

En ouvrant le sac, je pouvais y trouver de la nourriture, dont des fruits à la peau velue. Je trouvais aussi trois gourdes : deux étaient de l’eau et la troisième avait l’odeur aigre du vin. Dommage, j’aurais préféré un bon hydromel. Je sentais à nouveau le regard perçant de ma nouvelle accompagnatrice et je m’empressais de continuer à découvrir le contenu du sac. Il y a avait aussi un orbe et d’autres objets dont j’avais peu d’intérêt à part le couteau.

Lorsque je relevais la tête, je pouvais voir que le frisé était plus loin, occupé avec deux autres hommes. J’en profitais pour m’éloigner et remonter sur le pont du navire rapidement, suivi par ma nouvelle accompagnatrice que j’assume être humaine pour le moment.

Je me dirigeais vers le bord du bateau à nouveau, préférant observer ce qui se passait dans le silence. La dame s’était placée à mes côtés. J’appréciais cela d’elle. Elle semblait avoir compris que je ne parlais pas le commun. Quelques minutes plus tard, un des hommes que j’avais vus plus tôt arrivait en trombe avec un morceau de papier dans les mains, secouant un bout de papier en main. Que voulait-il ? J’allais m’approcher de lui, mais l’humaine à mes côtés mit une main sur mon bras pour me retenir. Que me voulait-elle encore ? Son regard m’indiquait de ne pas bouger. Je décidais d’obéir, ayant un sentiment qu’elle était là pour m’aider.

Une femme à la chevelure brune s’approchait de l’homme bruyant pour observer le papier qu’il avait en main. Après un instant, elle observait le ciel pour ensuite se diriger vers la barre du bateau, suivi d’une autre femme.

Une femme rousse s’était approchée de l’homme avec le parchemin en main pour le lire. Ce papier était si intéressant ? Elle était partie dans la même direction que les deux précédentes femmes. Un rugissement retentit dans la nuit, brisant le calme du bruit des vagues contre la coque du bateau. De ma position, je ne pouvais pas bien voir, mais cela être une grande créature. Après quelques instants, la créature s’était éloignée du bateau. J’espérais ne pas devoir faire face à cette créature, car son rugissement m’indiquait que cela devait être gros. Une femme brune peu vêtue arrivait en trombe, celle que j’avais aussi vue sur l’île. Je tentais d’éloigner les images (et le désir) de ses courbes que j’avais entraperçues sur l’île des chamans. Je détournais le regard vers mon accompagnatrice pour la voir m’observer les sourcils froncés. Je figeais sur place et mal à l’aise, je m’étais dégourdi les ailes avant de continuer à observer ce qui se passait sur le pont.

Un moment plus tard, j’apercevais une légère forme marché accompagné d’une jeune femme. Un … hibou ? Je me notais mentalement d’aller le voir plus tard. Ce n’était pas un oiseau ordinaire. Bien d’autres gens arrivaient et je commençais à être agacé de ne pas comprendre un traitre mot. L’homme bouclé était maintenant sur le pont lui aussi.

Le temps passait ainsi et bientôt, il faisait jour. Durant la nuit, j’avais mangé deux de ces fruits à la peau velue. L’humaine m’avait dit le mot « kiwi » lorsqu’elle s’était aperçue que j’observais le fruit avec un regard interrogateur. Elle m’avait aussi montré, agacée, qu’il fallait manger l’intérieur. J'avais bu aussi un peu d'eau d'une des gourdes.

Un raclement de gorge attirait mon attention et mon regard se portait sur une petite femme aux cheveux blonds. C’était celle que j’avais prise pour ma dovahkiin. Pourquoi ? Les deux femmes ne se ressemblaient pas, mais … Je secouais la tête, me disant que mes yeux me jouaient des tours.

Une énorme carte apparue en l’air. J’étais surpris par cette magie. J’ignorais les mots qu’elle disait, n’en comprenant pas le sens, mais elle semblait expliqué où nous étions et notre destination. Elle semblait parlée d’un plan ? Ensuite, la femme blonde avait pointé le hibou du doigt et continuait à parler pour ensuite descendre dans la cale.
Malgré qu’il fasse jour, le ciel s’assombrit avec l’absence de nuage. Quel étrange phénomène, mais cela ne me surprenait peu avec ce qu’avais vécu sur cette île.

L’humaine à mes côtés semblait inquiète un moment avant de me regarder agacer. Je décidais de l’ignorer, préférant ne pas la provoquer.

À ce moment, je décidais d’aller observer le bateau, suivi par mon accompagnatrice. La plupart des pièces étaient vides, n’ayant rien d’intéressant, mais dans ce qui semblait être la chambre du capitaine, j’ai réussi à trouver une longue chemise ample. C’était parfait pour me vêtir, car j’étais toujours torse nu depuis mon départ soudain de chez moi. Étrangement, il y avait l’épaule gauche de la chemise qui était recouverte d’un morceau de cuir usé épais. En l’observant, je pouvais voir qu’il y avait des marques de griffes.

J’allais créer des ouvertures dans la chemise pour mes ailes à l’aide du couteau, mais je m’étais fait arracher des mains la chemise par l’humaine. Je lui jetais un regard agacé, me demandant ce qu’elle voulait encore. Elle me jetait un regard sans expression, pointant le couteau pour ensuite ouvrir sa main. Que voulait-elle encore ? Je soupirais avant de lui donner l’arme. Elle s’installait au sol et avec précision, elle commençait à créer deux ouvertures propres sur le dos de la chemise pour mes ailes. Elle travaillait avec précision et faisait un bon travail. Le couteau n’était pas adapté pour ce genre de travail ,mais elle s’était adaptée puisqu’après quelques minutes, j’enfilais la chemise sans problème. « eskel » disais-je, inclinant la tête. Elle ne semblait pas comprendre le zul’dov, mais je n’avais pas reçu de foudroiement du regarde de sa part.

Je m’étais assuré que j’avais bien attaché ma chemise avant de sortir de la cabine du capitaine pour m’approcher du groupe. Je passais proche du colérique nu et une envie soudaine de lui foutre mon poing sur la gueule m’avais pris, mais je continuais d’avancer.

« knill rov ! » disais-je à l’homme à la peau brûlée. S’il me comprenait ou pas, je m’en foutais : mon ton de voix était loin d’être amicale. Je jetais un regard aux autres, ne portant guère à personne. Je préférais porter mon attention sur ceux qui pouvait me comprendre ou du moins, à ceux qui semblait de mon côté. J’arrivais à côté du hibou à l’air maussade. J’étais curieux à propos de lui.

« eskel. » disais-je simplement à l’animal. Il était intervenu sur l’île envers ma personne et ses mots dans mon esprit en zul’dov m’avaient soulagé. C’était un soulagement temporaire, mais je ne pouvais ignorer son geste. Je lui étais redevable. Je lui indiquais le morceau de cuir attaché à ma chemise sur l’épaule gauche, afin qu’il vienne s’y percher. Je ne comprenais pas cet être, mais il n’était pas un animal normal. Était-il autre chose ? Un Zaahin ? La moindre des choses est qu’il puisse regarder les autres personnes de ce bateau dans les yeux sans qu’ils aient à se baisser vers lui.

Résumé:

Traduction:

sac:

Soldat dont la loyauté va à un peuple plutôt qu’à une couronne, vous serez béni de nouveaux pouvoirs afin de protéger et de supporter les vôtres, mais seulement si vous parvenez à décrocher la victoire. Cependant, triompher ensemble, ne gagner pas seul : vous êtes avertis, pouvait-on lire sur le premier parchemin, le contenu du message marquant mon visage d’une expression à la fois aigre et évasive. Lentement, je tournais légèrement les yeux sur le côté. Numéro cinq, était inscrit sur le second manuscrit. Voici donc les seules directives qui m’étaient permis de connaître et qui expliquaient – non pas intégralement, malheureusement – pourquoi je me trouvais sur un pont auprès d’individus aussi nombreux que variés, me donnant ainsi un avant-goût des enjeux auxquels je serais confronté au courant de cet étrange périple vers l’outremer. C’est pourquoi, malgré les règles on ne peut plus claires du voyage et de l’emphase mise sur la collaboration qui devait être travaillée entre nous, je ne pouvais m’empêcher de frissonner de colère à l’entente de la voix du Diable, cette dernière résonnant plus haut et plus fort que celles des autres membres de notre pseudo équipage afin d’élaborer une première ébauche d’organisation entre les différentes personnes postées sur le bateau. Près du gouvernail, la présence de la Khæleesi, dont l’apparence menue et fragile ne trompait plus qui que ce soit depuis les événements qui avaient impliqués la submersion entière de ce qui s’était appelé, autrefois, le Continent du Matin Calme, ne présageait rien de bon non plus… Juste ciel… Est-ce une punition des Ætheri? Songeais-je, irrité par l’humour discutable de ceux et celles qui tenaient véritablement la barre de ce bateau. Petit à petit, je commençais à saisir ce qui se passait, à comprendre plus ou moins les fondements de ce qui s’apparentait à un jeu ainsi que le rôle que je jouerais – et que nous jouerions tous – dans ce dernier.

Malgré tout, les raisons d’une telle mise en scène m’échappaient. Pourquoi avoir été amenés sur cette île dont le destin, il semblerait, était de disparaître? Est-ce qu’il s’était agis d’un test, comme une sorte de qualification pour atteindre le second tour du défi? Je tournais et retournais mes réflexions, pensif, revoyant dans ma mémoire l’Ange aux yeux luminescents qui m’avait interpellé. Pris dans le feu de l’action, je n’avais même pas fait attention à ce qui pouvait se tramer dans mon dos jusqu’à ce qu’une voix grave et chaude prenne la parole. Je m’étais vivement retourné, arme au poing, avant de constater qu’il s’agissait d’un Ange. Un Ange aux ailes si blanches qu’elles en brisaient presque le crépuscule de la tempête, un Ange dont la force m’avait écrasé par sa puissance. L’apparition de l’Immaculé en avait presque éclipser le pauvre homme qu’il traînait dans son sillage et, pendant une poignée de secondes, je me souvins avoir été pris d’un mutisme inhabituel qui avait mêlé l’étonnement à la perplexité. Cependant, notre échange fut court et équivoque, sa soudaine disparition me laissant sur ma faim quant à la situation de l’île, mais surtout sur l’identité de cette étrange apparition. Qui était-il exactement? Et maintenant, qu’est-ce qui nous attend? Mais, je ne pouvais décemment réfléchir tranquillement, la présence du Diable m’insupportant au point où je finis par lui décocher un regard noir dans l’espoir que cela suffise à le faire taire. Cependant, au même instant, la porte de la cabine du capitaine se referma dans mon dos, suivi par une panoplie de bruits de coups de poing. Vivement, je me retournais dans cette direction, incrédule.

« C’est bien vous qui avez tiré le numéro cinq? »

Une voix, jeune et basse, m’interpella soudainement. Lentement, je me retournais, croisant alors le regard opalescent d’un jeune homme à la mine grise et à l’expression indéfinissable.

« Et vous êtes?

- Oui, c’est bien vous… Vous êtes exactement comme je l’ai vu… Murmura-t-il sans prendre la peine de me répondre ou de clarifier ses propos, simplement occupé à se frotter doucement le poignet gauche, dont la main tirait un imposant sac en cuir. Mais avec une heure de retard… » Marmonna-t-il, cette fois, d’un ton de reproche.

Je le considérais de la tête aux pieds, alors qu’il jeta un bref regard par-dessus mon épaule, troublé.

« Quelque chose ne va pas? »

Silence. Le jeune homme, confus, avait la bouche grande ouverte et jouait, à présent, nerveusement avec les attaches de son sac.

« Excusez-moi? Repris-je, perplexe, le sortant, il semblerait, violemment de sa bulle.

- Oh! Hum… Vous voulez un peu de raisins? Fit-il en plongeant l’une de ses mains dans le sac.

- … Non, sans façon.

- Ah… »

Il referma le sac.

« Le vieil homme m’a pourtant assuré qu’il s’agissait des meilleurs raisins sur le marché en ce moment… » Marmonna-t-il dans un timbre où l’on pouvait facilement deviner son trouble.

Et maintenant, ça? Franchement… Je soupirais, observant le sac et constatant que seulement quelques individus sur le bateau en possédaient des identiques. Me penchant vers mon binôme afin d’examiner le contenu de son sac, je finis par me redresser enfin de me tourner vers le Diable qui se tenait toujours au mât. Le voir m’horripilait, savoir qu’il était si près et que je ne pouvais rien lui faire me dégoûtait, alors que mes doigts me démangeaient, dans ce désir tordu de lui briser la nuque. Je dû prendre sur moi-même pour ne pas cracher une réplique cinglante et puérile à son endroit, usant de ma magie afin d’annuler tout sentiment de ma conscience. Peu à peu, je me détendis alors, mon visage se maquillant de traits et de lignes neutres tandis que je posais un regard, désormais, complètement désabusé dans sa direction.

« Je me permets d’intervenir, mais nous ne savons pas du tout ce qui nous attend là-bas, peu importe où cela se trouve… Nous pouvons bien élaborer des stratégies à tout va, mais à mon avis, cela représenterait une perte de temps plus qu’un véritable soutien. Rassembler et mettre en commun le contenu de nos sacs est un bon début, mais pour ce qui est du plan à élaborer une fois sur terre, il serait plus judicieux d’envoyer des éclaireurs sur place et d'obtenir des informations, afin de mieux connaître le terrain et ce qui nous attend. Nous ne pouvons être seuls sur cette Mer, mis à part les Sirènes. Nous devons récolter le plus d'informations avant de faire quoi que ce soit d'inconsidéré, dis-je sans prendre une pause. De plus, le jeu implique forcément un second, voire un troisième parti et nous ne savons pas qui ils sont, ni où ils sont, ni ce qu’ils ont préparé contre nous. Peut-on vraiment supposer que toutes les personnes ici font partis de notre « équipe? » Il n’y a rien qui puisse nous différencier les uns des autres, après tout. À l’exception de ceux qui savent qui n’ont rien à faire sur ce bateau, bien évidemment. »

Je l’avais dit d’une voix monotone, presque assommante en raison de ma magie, mais j’étais persuadé que cela cogiterait certainement dans le crâne de ceux et celles qui se sentaient concernés.


☯ 1 184 mots | Jour 1 – Midi | Isiode est téléporté sur le pont du navire. Il entend Magnus donner des coups de poing dans le bois et s’interroge sur ce qui vient de se produire, mais il est rejoint par son PNJ. Par la suite, écœuré par la présence de Zane, Isiode utilise sa magie pour effacer tout sentiment en lui; en gros, il bloque ses émotions, faisant de lui quelqu’un de complètement insensible. Il propose alors d’envoyer des éclaireurs afin de rendre plus efficace leurs stratégies, s’il y en a. Également, il finit par semer le doute quant aux membres qui fait véritablement partie de leur équipe : à vous de voir si vous commencer à vous soupçonner ou pas xD

Sac :
- Nourriture : Un kilo de riz ; cinq kilos de raisin ; deux pommes de terre ; une bouteille de vin ; des feuilles de thé ; du fromage de chèvre ; Deux miches de pain;
- Magie : Un orbe capable de comprendre les liens entre les individus;
- Autre : Un croquis représentant le Monarque Démoniaque et l'Impératrice Blanche trempés dans un lac de sang ; une rapière ; des feuilles de parchemin ; des bandages ; un baume désinfectant ; deux lampions ; un portrait d'Harabella.

Les eaux éternelles frémissaient sous la caresse de la coque, dont les grincements semblaient presque répondre à leurs chuchotements. Un soleil timide jouait sur les vagues. Il n'y avait rien. Rien, sinon ce navire, et peut-être quelques créatures marines invisibles à leurs yeux. Le cœur de Laëth frappait jusque dans son crâne. Elle serrait la bouteille à s'en faire mal aux jointures, cramponnée. Elle ne quittait pas des yeux son agresseur, persuadée qu'il allait récidiver, incapable de voir que le monstre avait disparu. Il avança, les mains en avant. Allait-il l'étrangler ? Elle resserra sa prise. Elle tremblait. « Lâche ça. » ordonna Alis. Cependant, Laëth conserva l'arme. Elle ne perdait pas de vue son congénère. La peur veillait toujours au fond de ses yeux verts. Pas vraiment moi-même. Les images lui revinrent brutalement en mémoire ; les sons, les odeurs et les impressions aussi. Elle se rappela comme elle ne s'était pas sentie elle-même. Il y avait eu... quelque chose. La jeune femme baissa sa garde ; elle venait de comprendre que cet endroit, là-bas, n'avait pas été le décor d'un rêve, et quelque chose y avait torturé les natures des individus. Elle allait achever de se rendre lorsque l'arme de verre leur échappa des mains et s'éclata contre un mur. L'Ange sursauta et l'Humaine, s'écartant à temps pour éviter quelques morceaux scintillants, étouffa un cri de surprise. Elle tourna la tête de tous côtés, cherchant l'initiateur de la petite explosion, mais ne parvint pas à le trouver. Sur ses gardes, elle se tourna alors vers Laëth. Ses pupilles dilatées débordaient d'une crainte mal contenue. Peu importe ce qu'elle avait vécu, elle était encore secouée par cela. L'Humaine, décidée à prendre les choses en main, s'approcha et lui prit le bras. Néanmoins, avant qu'elle eût pu dire un mot, un cri résonna sur les eaux calmes et un gigantesque reptile apparu. Hébétées, les deux femmes le fixèrent. D'où sortait-il ? Laëth n'en croyait pas ses yeux. Elle avait déjà entendu parler des dragons, car de nombreuses légendes se tissaient autour d'eux, mais elle n'en avait jamais vu. Était-il menaçant ? Finalement, une tousse grimpa dessus et s'éloigna vers l'horizon teinté d'orange. Une chose était certaine : il y avait, sur ce navire, des personnes d'une puissance incontestable. Elle déglutit. Elle espérait simplement qu'elle ne les mettrait pas de mauvais poil. Et qu'aucun d'eux n'auraient de chevilles trop enflées.

Alis serra son poignet ; elle se souvint alors de la présence de l'autre Ange. Ses iris verts, encore baignés de surprise et d'incertitude, glissèrent sur lui. Elle souffla : « Je suis désolée aussi. Je n'aurais pas dû vous menacer comme ça. » Il s'éloigna vers le petit groupe qui s'était organisé autour d'une carte. L'ailée poussa un soupir de soulagement, enfin consciente que les souvenirs de l'île était bien loin derrière elle. Désormais, il n'y avait plus que ce bateau. Et ses passagers. Ils devaient s'en sortir ensemble ; c'était ce que disait le papier. Elle jeta un autre regard à l'attroupement concentré. Elle devait les aider.
Elle voulut s'approcher, mais se retrouva face à la jeune femme brune qu'elle avait désiré interroger plus tôt. Elle eut le sentiment que ses grands yeux d'or frappèrent son âme comme le marteau des forges heurte l'enclume immobile ; tout résonne en écho. Ses doigts d'albâtre coururent sur sa joue ; elle eut un mouvement de recul, presque plus par réflexe que par méfiance, puis ce fut la brune qui s'écarta. Elle la suivit des yeux un instant, troublée. Alis la secoua doucement mais fermement. « Reprends-toi. » - « C'était quoi ? » - « Vampire, je dirais. » - « Vampire ? » L'Humaine posa sur elle un œil exaspéré, dont le ciel qui s'était soudainement noirci de nuages renforçait l'expression. « Je t'expliquerai plus tard. Allons donc voir cette carte. Je ne compte pas m'éterniser sur ce navire. Toi non plus, j'imagine... » La jolie brune parlait vite ; elle ne saisit donc pas tout ce qu'elle raconta, mais crut en comprendre l'essentiel. Bien qu'elle ne lui inspirât pas une grande sympathie, il fallait reconnaître qu'elle avait raison ; elles ne se sortiraient certainement pas d'ici en restant prostrées dans leur coin. Et s'ils réussissaient ce concours... elle reverrait son frère aux Jardins de Jhēn.

La main d'Alis libéra son bras. Elle lui emprunta cependant le pas. Une autre femme - celle qui avait apparemment assombri le ciel - avait rejoint le petit groupe et avait fait apparaître une grande carte. Époustouflée, Laëth observait. Quant à Alis, son attention fut rapidement détournée ; elle avisa un homme nu - dont le corps rongé par les flammes lui arracha un frisson - et lui indiqua, la voix criblée par une impatience motivée par l'inconfort dans lequel la plaçait cette vue : « Il doit y avoir quelques vêtements dans la cale. » Puis, elle revint à la femme et sa carte. Elle proposait désormais se séparer les passagers en deux groupes. Chacun se rendrait à un point indiqué sur la carte. D'un même mouvement, la Muharkel et l'Ange froncèrent les sourcils. « Je pensais qu'on devait rester groupé ? » avança spontanément Laëth. « Et un hibou ? Vraiment ? » Le nez d'Alis s'était plissé. Elle demeurait perplexe. Un mot en Zul'dov frôla l'oreille de l'Ange. Elle tourna vivement la tête et crut reconnaître un visage ; mais c'était peut-être simplement sa langue maternelle qui ramenait de doux souvenirs à sa mémoire.

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Résumé + PNJ :