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 | Les Portes V - Cette fois je ne fais pas l'erreur de donner un titre à l'avance |

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Zeryel
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Zeryel
Mar 28 Mai 2024, 07:21

les portes - | Les Portes V - Cette fois je ne fais pas l'erreur de donner un titre à l'avance | - Page 10 O0px
Les Portes V ; Narfas
Zeryel, dans le rôle d'Adolphe



Rôle - Adolphe d'Epilut:

L'air revêche, Adolphe se tenait à côté de Tamara. Puisque c'était un comprimé trop gros à avaler, il remâchait sa frustration sous une ligne de sourcils broussailleux comme le dos d'un chat énervé. Comment pouvait-elle dire que ça n'avait pas d'importance ? S'il s'agissait de Balthazar plutôt qu'un de ces frêles prêtres, alors ça en avait. De quel droit le privait-elle de la vérité ? Ça changeait tout et le fait qu'elle refuse de lui dire qui était son père l'inclinait à penser qu'elle devait juger que ça l'affecterait trop. Ses mâchoires se serrèrent. Quand cesserait-elle de le considérer comme un enfant ? De quoi avait-elle peur ? Chaque fois qu'il y pensait à l'éventualité d'être de sang royal, il se sentait déboussolé. Ça lui faisait tout reconsidérer. Il revoyait l'expression du suzerain, cette expression qui disait "je sais tout et tu ne sais rien" parfaitement insupportable pour l'adolescent. Le savait-il, lui, s'il était son père ? Était-ce pour cette raison qu'il avait eu l'air si confiant ? Il dirigea le faisceau de son regard noir sur la petite assemblée réunie dans la grande salle qui rutilait de poussière. Dans ce petit gratin matinal, il nota les deux blessés, les traits tirés par la fatigue et l'expectative, la colère pour certains. Avec surprise, il reconnut parmi ces derniers Pénélope d'Eésnep. Que fabriquait l'enlevée au cœur de ce nœud politique ? De quelle façon s'y était-elle trouvée mêlée ? Il vit Primaël, le "doué" et fronça les sourcils. Quoi qu'il ait fait, il avait merdé pour se retrouver dans cette situation, et son acolyte en avait visiblement payé le prix. Pas si doué que ça. Il savait que l'amant de sa mère était anciennement un semencier. Avait-il décidé de concert avec Gao de l'enlever ? Adolphe n'avait pas eu le détail de ce qui avait pu se passer, il savait simplement que leur réunion avait viré au vinaigre, que Gao était mort et Balthazar dans la nature.

Sa mère prit la parole et il maîtrisa ses expressions faciales pour les garder neutres, même lorsqu'elle évoqua la venue imminente d'Uobmab sur leur territoire. Cette problématique, Balthazar l'avait déjà mentionnée. Ses doigts agrippèrent plus fermement la garde de son épée. L'envie de la passer à travers le corps du conquérant faisait frémir ses muscles d'impatience. Quel âge avait-il maintenant ? Il y avait ses descendants à prendre en compte aussi. Il y aurait nécessairement de quoi briller pour lui en croisant le fer avec eux.

Un sourire trahit sa résolution de rester neutre quand la rousse les remit tous en place comme il avait pu lui arriver de faire pour le recadrer certaines fois. Il y avait quelque chose de réellement satisfaisant à voir tout ce beau monde gonflé de leur propre importance s'entendre jeter à la figure leurs pleurnicheries et réduits à devoir accepter la volonté de sa mère. Et lui se trouvait à une place de choix pour s'en gausser. Cette rébellion lancée un mois auparavant avait vraiment du bon.

Plus tard, alors qu'un flottement silencieux suivait la sortie de Tamara, Adolphe se rendit vers le petit groupe formé par Garance de Lieugro, Lambert d'Eruxul, l'inconnue et Pénélope. « Je ne sais pas s'il est de bon ton de vous souhaiter le "Bonjour". » annonça-t-il avec un léger sourire qui n'atteignit pas ses yeux. « Dame d'Eésnep. Je ne vous avais pas vue depuis longtemps. » la salua-t-il. D'aucuns auraient même pu croire qu'elle avait péri lors de la rébellion, mais la jeune femme avait simplement été occupée, assez pour se retrouver ici aujourd'hui. Il regarda celle vêtue de bleu avec curiosité. « Je ne crois pas vous connaître, vous êtes l'une des trois Ombres ? » Des trois, il visualisait surtout Sextus qu'il avait pu voir auprès de Gaspard ou Jésabelle par le passé.

L'adolescent pivota ensuite vers les Lieugrois et prit un plaisir particulièrement pervers à tendre la boîte vers la blonde. « C'est pour vous. » Il estima plus divertissant de ne pas les prévenir de la nature de ce qu'il s'y trouvait. Il se demandait si c'était la raison pour laquelle sa mère ne lui disait rien, si elle éprouvait la même jouissance à tout lui cacher pour mieux savourer ensuite sa réaction. Il chercherait par lui-même puisque la vieille ne voulait rien lâcher. Il devait bien exister quelqu'un dans l'armée qui détenait la vérité. « Finalement, vous allez retrouver précisément ce que vous aviez fuit. » commenta-t-il d'un ton léger pendant qu'ils délaçaient les attaches de la boîte. « Je suppose qu'on n'échappe jamais bien longtemps à Uobmab. »

Message VIII | 815 mots

Sale gosse bis
(S'ils lui posent des questions sur Placide & co, il leur dira qu'il ne peut rien leur dire pour le moment 8D)
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Priam & Freyja
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Priam & Freyja
Mer 29 Mai 2024, 08:23



Unknown

Les Portes – Chapitre V

En groupe | Dastan


Rôle :


Sur le chemin qui devait le conduire jusqu’à Balthazar, Ludoric s’arrêta. Il s’adossa au mur d’un petit couloir et plaqua son pouce et son index aux coins internes de ses yeux. Ses paupières fermées plissaient jusqu’à ses tempes. Sous ses doigts, il sentait la chaleur de ses larmes. Il hésita presque à faire demi-tour. À courir dans la salle où on les avait reçus et à hurler à Placide qu’il l’aimait, qu’il était ici parce qu’il l’aimait, qu’il le protégeait parce qu’il l’aimait, et à lui crier qu’il le détestait de lui préférer Antoinette, qu’il le détestait de vouloir s’éloigner de lui, qu’il le détestait d’imaginer une vie défaite de tous leurs espoirs communs. Mais tous les mots demeuraient là, bien enfermés, avec pour seul exutoire des pleurs qui ne soulageaient rien. Il les essuya d’un revers de manche, renifla, se força à respirer normalement. Sa trachée le brûlait. Le mince filet qui s’échappait de ses poumons semblait monter tout droit d’un foyer de braises ardentes.

Quand il se sentit suffisamment calme, il se remit en marche. Il n’eut pas le loisir de rencontrer directement Balthazar. Il confia à l’un de ses hommes que les jeunes Lieugrois ne requerraient pas son aide, et que le Prince Anthonius ferait parvenir sa propre décision. Cette première étape accomplie, il rebroussa chemin pour retrouver Placide et Antoinette. Lorsqu’il ouvrit la porte, pourtant, il fut confronté à une pièce vide. Son sang se glaça. Les doigts contractés autour de la poignée, il scruta l’intérieur de la salle. Il y régnait une atmosphère telle qu’on eût pu croire que personne n’y avait jamais mis les pieds. Placide l’avait-il repoussé, sachant qu’il allait partir, pour mieux fuir avec Antoinette ? Ludoric sentit les larmes galoper vers ses cornées. Il inspira et bloqua sa respiration pour les retenir, les lèvres plissées dans une moue de douleur. Avec une lenteur démesurée, il referma la porte. Il devait retrouver Clémentin et Rosette.

Dehors, le chaos battait ses tambours. La nuit, une fois de plus privée de son aura calme, se gonflait de vacarme. Le guerrier vit les soldates de Tamara courir d’une maison à l’autre, de boutique en boutique. Il fronça les sourcils et, durant quelques instants, il ne pensa ni à Clémentin, ni à Rosette, ni même à Placide. D’un pas décidé, il s’approcha d’un groupe de femmes armées. Il en connaissait plusieurs, et elles le connaissaient presque toutes. Comme elle lui avait confié la garde d’Antoinette, Tamara avait permis qu’il s’entraînât avec elles. « Qu’est-ce qu’il se passe ? » demanda-t-il en attrapant le bras de l’une d’entre elles. Elle s’arrêta et se retourna. « Ludoric. » La surprise peignit ses traits, puis elle répondit : « On a pour ordre de fouiller toutes les habitations et tous les commerces. Certains trafiquent des trucs pas nets. » Il fronça les sourcils. Les autres guerrières s’étaient tournées vers eux. « Tamara est la nouvelle régente. » Les battements de son cœur s’accélérèrent. « Où sont les autres ? » - « Les chefs de file ? Dans l’ancien palais, pour la plupart. Elle les a réunis là-bas. » Pourquoi ? La question ne franchit pas ses lèvres. Il se contenta de plisser les yeux. « Est-ce que vous auriez vu Rosette, une fille avec de longs cheveux roux, en chemise et pantalon, et Clémentin, un grand brun, les cheveux en bataille ? » Au regard des soldates, il sut qu’il était mauvais en description. « On leur dira que tu les cherches si jamais on les croise. » Il acquiesça et recula d’un pas, prêt à repartir. Il s’arrêta. « Et un blond, pas très grand ? Ou une blonde, pas très grande non plus ? » Elles secouèrent la tête. Il les remercia et partit.

Son errance dura un temps indéterminé. Il retourna sur leur lieu de résidence – vide, lui aussi. À l’extérieur, il entreprit de fouiller chaque rue, chaque recoin qui pût cacher l’un ou l’autre des Lieugrois. De temps à autre, il criait leurs noms dans l’espoir qu’ils lui répondissent. Le capharnaüm provoqué par l’armée de Tamara paraissait couvrir tout le reste. Il finit par ralentir sa course, peu à peu découragé. Il s’appuya contre le mur de l’un des hôpitaux de fortune pour récupérer son souffle. Peut-être ferait-il mieux de se rendre au palais ? Lambert et Garance devaient y être. Ivanhoë et Primaël aussi.

Alors qu’il levait le nez vers les étoiles pour prendre une grande respiration, son regard rencontra celui de Rosette. Il se redressa immédiatement. À côté d’elle, Clémentin marchait, portant quelqu’un sur son dos. Ludoric quitta aussitôt, son appui et s’avança vers eux. « Je vous ai cherchés partout. » Son regard bascula de la rousse au brun, du brun à la tête ensanglantée qui reposait sur son épaule. Entre les mèches noircies par le sang, la clarté de la lune se reflétait sur quelques cheveux blonds. Il se figea. « Placide ? » - « On peut le soigner. Dans l’hôpital. » Ses iris descendirent sur Rosette. La peur y tonnait, néanmoins il s’écarta et s’empressa d’entrer avec eux dans le bâtiment. Il appela un médecin. Rapidement, l’un d’eux se présenta et prit le garçon en charge. Deux infirmiers l’assistèrent. Rosette les rejoignit. Le soldat se mordit l’intérieur des joues. « Qu’est-ce qu’il s’est passé ? » Comment en était-il arrivé là ? Où était Antoinette ? Il n’aurait jamais dû s’éclipser de la salle, pas même cinq minutes. Il étudia les gestes du docteur, l’expression de ses traits, l’intonation de sa voix quand il s’adressait à ses collègues. Il leva la main et ils arrêtèrent tous de s’affairer. La terreur lui mordit le cœur. « Qu’est-ce que vous faites ? » Le praticien posa deux doigts sur l’artère de Placide. « Il va bien, pas vrai ? » Le soignant pinça les lèvres et se redressa. « Je suis désolé. » Il se leva. « Il est mort. » Ludoric eut un mouvement de recul. « N’importe quoi. Vous mentez. » Il dégaina son épée et la pointa sur la gorge du médecin. « Soignez-le. Dépêchez-vous. » Sa main tremblait, la lame aussi.



Message VIII – 1025 mots

Le médecin se trompe, pas vrai ? Il est vivant, fringuant et pimpant ? (:^^:)
(stp Adam réveille-le pour qu'il puisse vivre sa vie parfaite avec Ludoric /sbaf)
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Ssyi'hæ
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Ssyi'hæ
Mer 29 Mai 2024, 16:23


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Les Portes V ; Narfas
Jezeṃiās, dans le rôle de Sextus



Rôle - Sextus:

« J'en suis sûr. C'est une femme pleine de ressources. » Ça se voyait, et elle le prouvait. Avec Jésabelle et Wesphaline, tout Narfas leur becquetait dans la paume de main et Balthazar comme Gaspard baissaient les yeux. À mesure que les têtes sautaient, la rousse voyait son pouvoir s'accroître. Et puis il y avait son allié, Primaël, sorti des rangs anonymes pour se dresser en figure pleine d'espoirs. Sextus voulait le sonder, vérifier s'il n'était qu'un mignon que la soldate utilisait pour amener une touche de subtilité à sa gouvernance ou un peu plus que ça. Il réfréna un rire à sa question. « Pas exactement, non. » Il baissa la voix pour ne pas que les concernées puissent l'entendre. « En période de paix, qu'est-ce qu'un soldat sinon un pion inutile qui joue aux dés en s'empâtant ? Or là, c'est leur moment de briller et ça se voit, non ? Je ne sais pas qui ici aspire à la stabilité. Vous ? Mais sauf erreur, c'est à vous qu'on doit la rupture de notre tranquillité. » Il lui adressa un sourire apaisé, comme s'il l'en avait déjà pardonné mais ses prunelles demeuraient dures, fichées sur sa cible pour l'épingler. Qui était Primaël et que voulait-il derrière ses discours aussi jolis que son minois ? Tout le monde pouvait bien susurrer ce qu'il voulait, le prêtre était le premier à le savoir. La vérité résidait ailleurs et il fallait être observateur pour parvenir à la déceler.

Ses sourcils remontèrent légèrement quand le blessé intervint. Avec intérêt, il nota la tension palpable dans leur façon de se comporter l'un avec l'autre, puis dirigea son attention sur la potentielle coupable. Garance de Lieugro était elle aussi flanquée d'un blessé, et devisait avec Herminiette. Les yeux de Sextus se plissèrent de méfiance. Que voulait la chouette aux Lieugrois ? Il n'aimait pas voir son homologue avec ces étrangers aux intentions trop louches. Et pourquoi les réfugiés ordonneraient-ils la mort de Primaël et son acolyte androgyne ? Le brun possédait de trop peu de billes pour tirer des conclusions et il garda le silence jusqu'à l'arrivée dans la grande salle de l'auto-proclamée régente de Narfas. Son poulain à la figure tuméfiée à ses côtés, elle prit la parole sans attendre. Sans fioritures, son discours ne vola que quelques minutes au temps de chacun et quand la porte se referma sur son dos, le prêtre cessa de caresser sa cicatrice au menton. Il fouilla la salle jusqu'à trouver la figure de fouine de Marcellin. Comme il devait se réjouir de la venue de celui qu'il avait élevé au rang divin. Il secoua la tête. Il n'avait jamais vraiment compris, ni cherché à comprendre, cette Ombre un peu trop folle. Marcellin était comme une flamme zigzaguant dans la tempête et qui avale avec avidité chaque bourrasque pour grossir un peu plus. Sextus avait souvent songé qu'il n'aurait en réalité rien à faire pour se débarrasser de ce gêneur. Les fous creusaient généralement très bien tous seuls leur propre tombe, et le plus tôt, le mieux.

Ivanhoë s'étant éloigné dans un angle de la salle pour se faire soigner, le prêtre refit face à Primaël. « Elle n'a pas souvent dû entendre le mot "non". » railla-t-il. « J'imagine que des félicitations s'imposent pour votre position dans ce nouveau conseil. » Il ne pouvait en dire pour la religion ou pour lui-même mais il s'y était attendu. Ce que les soldates avaient appris sur Gaspard d'Epilut avait dû remonter à ses oreilles. Avait-il été retrouvé entre temps ? Et dans quel état ? « Je suis surpris d'apprendre que les étrangers aient un droit de décision sur Narfas. » ajouta-t-il avec une nette froideur dans la voix. Il ne comprenait pas ce que la racaille Lieugroise venait faire au milieu de tout ceci mais ça fleurait mauvais aux narines de Sextus. « J'espère que votre ami avait tort au sujet de Garance de Lieugro. Si elle vous veut mort, ce n'est pas bon signe pour moi. Je vous serai reconnaissant de rester en vie à l'avenir, pour mon propre bien. Nous ne nous connaissons pas, mais je pense que nous avons plus intérêt à nous associer qu'à nous opposer, surtout si vous cherchez la stabilité autant que je le souhaite. Enfin, tout ceci est temporaire. Si la régente dit vrai au sujet d'Uobmab, nous avons plus urgent à nous soucier. Je suis curieux de savoir, qu'est-ce que vous préconisez ? Entrer en guerre contre son fils ne serait pas avisé, nous n'avons vraiment pas besoin de donner davantage de raisons à Judas d'Uobmab de nous faire la cour à sa façon, qu'on sait si déplaisante. » Il soupira. « La guerre, voilà tout ce que les soldats ont à la bouche, tout ce qui les préoccupe. Nous avons déjà raisonné avec Uobmab par le passé, nous pouvons recommencer, vous ne croyez pas ? C'est là que vous intervenez, j'imagine ? Je vous ai vu à l'œuvre, vous êtes doué. Qui sait, vous pourriez peut-être convaincre le tyran de nous lâcher la couenne. »

Message VIII | 881 mots


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Kitoe
~ Démon ~ Niveau II ~

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Kitoe
Mer 29 Mai 2024, 22:23

Herminiette
Les portes - Narfas
Bring Me The Horizon - What You Need


Herminiette avait eu une enfance difficile. Elle n’avait pas grandi dans la misère, ni n’avait vécu d’événements si bouleversants et traumatisants qu’elle en était ressortie changée à jamais. Du moins, ce n’était pas cela qui l’avait rendue ainsi. Ce qui avait fait d’elle cette statue de marbre impassible et antipathique, c’était son incapacité innée à ne pas supporter le changement. Herminiette était capable de donner des valeurs sur beaucoup de choses, du nombre de bouteilles de vin stockées dans la cave de la maison des trois Ombres, jusqu’à la probabilité qu’avait Marcellin de vivre au-delà de ses quarante-cinq ans et les divers scénarios de mort qui l’attendaient au tournant. En revanche, elle n’était pas en mesure de donner le nombre exact de crises qu’elle avait faites petite, à cause d’un élément que l’on avait osé modifier dans son environnement. Il y avait par exemple eu cette fois où l’on avait annoncé des haricots pour le dîner, mais qu’elle avait finalement été confrontée à une assiette de petits pois ; le jour où son amie avait été très en retard pour jouer à la balançoire ; ou encore la fois où son enseignante était tombée malade et qu’on avait voulu lui refourguer un remplaçant.

Herminiette avait assurément été une enfant compliquée. Néanmoins, avec le temps, elle avait réussi à se canaliser. Elle avait appris à faire passer ses contrariétés du quotidien sous le silence de son visage inexpressif, faisait tourner l’information quelques fois au fond de sa poitrine, qui s’occupait de broyer l’information en mille morceaux, puis de la faire disparaître. A l’époque où elle avait développé cette technique, le processus pouvait durer des jours. Mais au fur et à mesure, Herminiette avait gagné en expérience et parvenait à présent à se débarrasser de cette perturbation désagréable en quelques heures tout au plus. Garance pouvait donc lui raconter ce qu’elle voulait que son visage restait impassible.

-Je vois.

L’information procédait dans tout son corps, qui en grignotait déjà les bords contrariants. Les trois personnes avec qui elle avait souhaité travailler pour la paix s’étaient donc froissées. Cela expliquait mieux l’intervention des soldates au domaine de Ombres, elle supposait.

-Au vu de l’agréable interrogatoire auquel nous avons été confrontés, mes cohabitants et moi, je peux seulement en conclure que la confiance règne.

Elle se surprenait parfois elle-même avec son usage du sarcasme, lui-même alimenté par son irritation. Herminiette observa les différents invités.

-Je dirais que Tamara d’Epilut souhaite tout remettre à plat, une bonne fois pour toutes.

Le tour de force devait faire son effet, l’Ombre comprenait cela. Ca ne serait pas plaisant pour tout le monde, mais les décisions auraient le mérite d’être claires, et Herminiette aimait la clarté.

La Cheffe des Armées entra dans la pièce et s’exprima directement d’une voix forte et sûre. La bleue apprécia, comme prévu, son efficacité. Toutefois, elle tressaillit à la mention de l’ancien souverain de Narfas. Alors qu’elle avait pensé cette affaire réglée depuis longtemps, l’homme était en fait considéré comme libre. Tamara avait sûrement des raisons pour prendre un tel tournant, mais tant que Herminiette ne les aurait pas entendues, elle n’était pas prête à changer sa position sur ce point : il fallait le tuer. L’Ombre jeta ensuite un regard en biais à l’homme presque mort juché près de Garance de Lieugro. Quant à lui, quel genre de décision serait-il capable de prendre ? Elle serra les poings. Enfin, il y avait le rôle qu’on assignât aux Ombres et à leurs acolytes. Ce couteau sous la gorge aurait aussi bien pu trancher sa jugulaire maintenant que l’effet aurait été le même. Tamara les condamnait à mort en ne leur accordant que quelques jours de sursis.

-Finalement, les querelles d’hier soir n’étaient peut-être pas si graves pour vous. Fit-elle, toujours à l’attention de Garance. J’imagine que vous comptez épauler Sire d’Eruxul dans son rôle décisionnaire ?

Du côté des trois Ombres, c’était une autre affaire. La bleue lança soudain un regard noir à Pénélope. Elle et ses éclats de voix avaient tendance à lui donner la migraine. C’était la deuxième fois en moins de vingt-quatre heures qu’elle cédait à la panique. Quel âge avait-elle, douze ans ? Que cherchait-elle à faire, sinon à se couvrir de ridicule en public ? Qu’est-ce que Marcellin pouvait bien lui trouver ? Un garçon interrompit le cours de ses pensées bouillonnantes. Elle reposa son attention sur le renflement qui devait être son nez.

-Appelez-moi Herminiette.

Elle ne vit la boîte qu’il tenait entre ses mains que dans un second temps. Celle-ci était sobre, parfaitement cubique, et la bleue devinait aisément de quoi il s’agissait.

-Que cherchez-vous à attiser exactement avec vos provocations ? Rétorqua-t-elle à Adolphe avec froideur. Il me semble que le moment n’est pas bien choisi pour ce genre de propos.

L’insolent pouvait être le fils de leur bourreau, elle s’en fichait : il restait un insolent à la fierté mal placée. De toute manière, en disant cela, elle n’enfreignait aucune règle parmi celles qui venaient d’être énoncées. Elle ne faisait par ailleurs qu’émettre l’évidence : s’ils voulaient retrouver une Narfas stable, chacun devait y mettre du sien, et cela commençait par un minimum de respect envers les personnes qui allaient constituer, directement ou indirectement, le nouveau gouvernement. La bleue pivota vers la Lieugro avant qu’elle n’eût le temps d’ouvrir le paquet. Elle ne craignait pas le choc de l’ancienne princesse en découvrant le contenu, toutefois le cadeau n’était agréable pour personne.

-Il ne s’agit en aucun cas de mauvaises intentions à votre égard. Elle a été retrouvée chez un fanatique de Judas et vous conviendrez qu’elle sera mieux entre vos mains que dans celles de l’ennemi.

945 mots



Bijin
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Orphée Dasgrim
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Orphée Dasgrim
Jeu 30 Mai 2024, 21:28



Unknown

Les Portes – Chapitre V

En groupe | Lazare


Rôle :


Malgré l’attaque, Primaël sourit. « J’ai assisté à plusieurs messes, lorsque j’étais petit. » À la sortie des temples, il avait charmé les croyants de ses plus beaux sourires pour obtenir quelques pièces. « J’ai retenu deux choses. D’abord : il n’y a pas de renouveau sans rupture, car si l’on poursuit sur la voie obstinément engagée, on ne peut pas espérer bifurquer. Et puis : il existe un état de paix au sein duquel chacun peut trouver sa place, état que l’on peut atteindre à force d’efforts et de foi. » Il sonda le religieux. « J’ai foi en ce que nous construisons et soyez certain que j’emploie tous mes efforts à réinstaurer une stabilité, aussi nouvelle soit-elle. Peu importe les bouleversements que nous vivons actuellement, mon horizon n’est pas fait de tumultes. Ma vision et celle de Tamara convergent. Comme vous l’avez dit, c’est une femme pleine de ressources : elle trouvera d’autres moyens de briller et de faire briller son armée qu’en orchestrant le chaos. » Bien qu’elle n’eût pas souhaité lui répondre, il voulait croire qu’elle avait appelé Judas simplement pour les obliger à coopérer. Il l’espérait. Car si Sextus avait raison, ils devraient s’affronter. Il préférait l’avoir comme alliée plutôt que comme ennemie.

Guidé par les mots d’Ivanhoë, il tourna la tête vers Garance. Elle était accroupie près de Lambert d’Eruxul, dont la mine crayeuse faisait peur à voir. Une femme vêtue de bleu se tenait près d’eux. Herminiette, probablement. « Vraiment ? » Il eut envie de lui lancer une réponse cinglante. S’il n’avait pas assassiné Gao sous les yeux de la régente, s’il n’avait pas menacé de tuer Rosette – et par extension, Garance –, si Tamara ne l’avait pas molestée comme elle l’avait fait, peut-être, mais seulement peut-être, aurait-elle entretenu des velléités plus paisibles à leur égard ? « Je pense qu’elle ne cherchera à me tuer que dans ces deux cas : si elle est certaine de pouvoir en tirer un avantage politique ou si elle m’envisage comme une menace pour sa survie et sa sécurité. Je ne compte pas l’attaquer pour le moment, et l’heure étant à l’incertitude, je crois que j’ai encore au moins quelques minutes de répit. » répondit-il avec un calme dont il ne se soupçonnait pas. Il parvint même à afficher un sourire amusé, fidèle vis-à-vis de l’image qu’il s’employait à renvoyer aux autres.

Quand Tamara entra, son regard se riva sur sa silhouette. Comme à son habitude, elle visa précisément, sans tourner autour du pot. Un sourire ironique effleura les lèvres de Primaël. S’il ne la connaissait pas et si elle n’avait pas précisé qu’elle haïssait Judas, il aurait presque pu croire qu’elle se déclarait soutien officiel de ce dernier. Cet homme n’avait besoin d’aucun émissaire pour répandre des légendes et de jolis mots à son sujet : sa réputation collait fermement aux deux syllabes qui formaient son prénom. Il inspira. Les paroles de la cheffe des armées ricochaient sur le souvenir de son comportement suite au meurtre de Gao. Il savait qu’il l’avait déçue, sinon il n’aurait pas été ici, avec tous les autres. Ça n’était pas grave car il pouvait toujours lui prouver sa fiabilité ; ce qui était grave, c’était d’avoir perdu de vue l’essentiel, c’était d’avoir laissé filer ses rêves et ses espoirs, d’avoir laissé les émotions les engloutir. Parce qu’elle avait raison : le futur n’attendait pas. Les mains du rebelle tremblaient. Il croisa les bras pour cacher leur émoi. Il y aurait un temps pour pleurer, hurler et tempêter. Pas maintenant. Il devait rester alerte, car il ignorait ce qu’elle comptait proposer.

Le soulagement détendit instantanément ses muscles quand le projet fut exposé et son nom prononcé. C’était ce dont ils avaient discuté la veille. Ce qu’ils prévoyaient de mettre en place. Son palpitant s’emballa. « Chut. » souffla-t-il doucement à Ivanhoë. Que Balthazar siégeât ne le ravissait pas non plus, mais il aurait été fou de formuler son mécontentement à cet instant. Ce qu’exposait Tamara n’appelait pas aux négociations et n’était, de toute évidence, que temporaire. Déjà, l’avenir s’agençait dans l’esprit du révolté : il faudrait que le premier conseil explicitât les règles des élections, la façon dont elles se dérouleraient et quand. Il devrait évidemment traiter du problème uobmabien et, de manière générale, du rétablissement de l’ordre et de la prospérité dans les rues de Narfas. Il coula un regard vers Sextus lorsque la rousse évoqua la nouvelle position des Trois Ombres, de Pénélope d’Eésnep et de Luthgarde Etnias. Peut-être aurait-elle dû étendre sa menace au reste du groupe ? Si comme Ivanhoë le présageait, Garance le tuait – la nomination de Lambert ne constituerait sans doute pas un frein –, elle les ferait aussi tomber tous les cinq. Si elle manœuvrait assez intelligemment – ce dont il la croyait capable –, elle pourrait ne pas être soupçonnée de son meurtre. Si Ivanhoë la tuait… Le plateau d’échecs pourrait rapidement se transformer en jeu de dominos.

Deux heures. Il parcourut l’assemblée du regard. Quoique le discours de Tamara eût comporté quelques contrariétés, il sentait fleurir en lui une excitation et un enthousiasme si virulents qu’ils en chassaient sa tristesse et sa colère. Leurs objectifs étaient devenus des réalités. Il avait voulu procéder avec diplomatie, ouverture et discussions ; elle avait balayé toutes les oppositions d’un revers de main. Peut-être qu’ils devraient le payer plus tard, mais pour le moment, cela fonctionnait. Et elle semblait vouloir encore le compter parmi ses alliés. Il adressa un regard à Ivanhoë et hocha la tête. Tandis qu’il s’éloignait, il le suivit des yeux, et son cœur grimaça malgré l’euphorie qui régnait en son sein.

Il pivota vers le prêtre. Sa remarque lui fit retrouver un sourire amusé, mais il ne releva pas. « Je vous remercie. » Tamara avait choisi de ne pas donner droit de parole à la religion. Il avait songé à le faire, dans un souci d’équité et pour la paix sociale. Cependant, il n’accordait aucune confiance à ceux qui se réclamaient de la parole des Dieux. Concernant leur éventuelle place au sein du conseil, il n’y avait probablement pas de bonne solution. « Leur emprise est sagement limitée et leur priorité est de garantir à leurs ressortissants un niveau de vie suffisant. Ils sont nombreux, nous ne pouvons pas les ignorer. » Son ton se voulait apaisant et il écouta la suite du discours du religieux sans ciller. Il lui sourit. Tout n’était que façade, car en son for intérieur, les questions ne s’étaient pas taries, le trouble n’avait pas cessé. Était-il vraiment son père ? Si tel était le cas, savait-il qu’il avait un fils ? Sa mère le lui avait-elle dit ? Il le dévisageait, à la recherche du moindre indice, et chaque parole s’ancrait en lui. Sextus savait s’exprimer, et il n’y avait pas à douter qu’il sût aussi manœuvrer. « J’espère que Tamara et ce conseil sauront redorer votre vision de l’armée. Elle sera par ailleurs essentielle pour garantir notre sécurité commune face aux menaces de meurtre – si elles pèsent véritablement – comme aux soldats de Judas. Je ne compte pas prôner une guerre contre lui ou l’un de ses descendants. Je vous l’ai dit : j’aspire à la stabilité, et je ne la vois pas naître de conflits extérieurs. Cependant, si Judas marche effectivement contre nous, nous devrons l’affronter, que ce soit par les mots ou l’épée. Il n’est pas question de lui céder du territoire comme nous l’avons fait avec son père. D’un point de vue économique et alimentaire, nous avons besoin de toutes nos terres. » Raisonner avec Uobmab signait toujours une perte. Ils en avaient fait l’expérience de bien des manières. « Pour le reste, mes efforts se concentreront sur le bien-être du peuple de Narfas. Quelle place estimez-vous que la religion occupe à ce niveau ? » questionna-t-il, curieux.



Message VIII – 1307 mots


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Les Portes – Chapitre V

En groupe | Hélène


Rôle :


Quand la soldate frappa dans ses mains, Garance quitta Herminiette des yeux et pivota vers l’entrée de la salle. Tamara y pénétra de son éternel pas conquérant. À ses côtés, son fils. Avait-elle retrouvé les autres adolescents ? La régente releva le menton. Lorsque le regard de la militaire heurta le sien, elle ne cilla pas. Elle allait enfin avoir la réponse à ses questions. Les premiers mots amenèrent pourtant d’autres interrogations. Comment savait-elle que Judas comptait venir ici ? Ses guerriers s’étaient-ils brutalement présentés à la frontière ouest, sans préavis ? Avait-elle reçu un rapport dans la nuit ? C’était possible, et ça n’avait rien de rassurant. Le souverain d’Uobmab savait frapper vite et fort, parfois de manière quasi imprévisible. C’était la raison pour laquelle il fallait toujours s’en méfier – car ceux qui baissaient leur garde finissaient comme son frère. C’était aussi l’un des arguments qu’elle avait tenté de mettre en avant lors des discussions avec la royauté narfasienne, à leur arrivée : Judas ne se contenterait pas de Lieugro, son père avait déjà pris un morceau de Narfas, son armée était puissante, et ainsi, s’ils souhaitaient lui résister, il leur fallait s’allier. Ils avaient été sourds à cet argumentaire. Sourds ou incapables de parler. Elle sonda la pièce du regard. Balthazar n’était pas présent. La rousse n’avait donc pas réussi à le dénicher. Garance la scruta, et ses prunelles gagnèrent en intensité quand elle commença à citer les représentants des différentes factions de ce conseil qu’elle souhaitait former. Le nom de Lambert tomba en lieu et place du sien. Un souffle bref, piqué d’amertume, fila à travers ses narines et un léger plissement de lèvres altéra l’impassibilité de son visage. Eu égard à ce que Tamara lui avait dit plus tôt, sa décision ne la surprenait pas. En essayant de s’arroger l’appui des Narfasiens, elle avait commis une erreur et perdu l’entièreté de la confiance qu’aurait pu lui accorder une telle femme. Son regard descendit vers Lambert et, à nouveau, elle s’accroupit près de lui. « Économise-toi. » Il n’y avait pas à protester, pas maintenant. Et peut-être qu’en choisissant Lambert, c’était dans son pied que Tamara avait enfoncé sa propre lame. Les gens avaient toujours fait naturellement confiance au d’Eruxul. Il attirait la sympathie. La Lieugroise savait quelles ficelles tirer pour guider son conseiller. Elle pouvait faire passer ses idées au travers de ses lèvres. Ils n’avaient qu’une voix, mais ils représentaient désormais plus que les ressortissants de Lieugro : ils marchaient à la tête de tous les étrangers qui vivaient à Narfas. Et ils pourraient trouver des alliés. Elle pensa à Balthazar. Si elle tuait Primaël, cinq autres personnes tomberaient. Si elle tuait Primaël, les règles de Tamara s’effondreraient. Tout pourrait advenir.

Elle tourna la tête vers Herminiette. « Je le soutiendrai, oui. » Elle s’apprêtait à l’interroger sur ses propres perspectives, mais l’intervention d’une autre femme l’en empêcha. Un peu d’eau ne sauverait pas Lambert, mais elle ne releva pas. « Non merci. Tu en as plus besoin que moi. » refusa-t-elle avec un sourire doux. Elle releva le regard vers la brune qui venait de proposer son aide. « Croyez-vous qu’il vous serait possible de demander à ce que l’on fasse venir un médecin, s’il vous plaît ? » La Lieugroise posa une main sur le bras de Lambert. « Ce n’est pas un problème. Nous avons au moins une voix et elle nous garantit une existence ici. Si nous avons besoin de la faire valoir, nous pourrons chercher du soutien parmi les autres membres du conseil. » Elle inspira et un sourire crispé ourla ses lèvres. « Je ne pensais pas qu’ils le seraient encore après ce qu’il s’est passé hier soir. Visiblement, les mœurs narfasiennes m’échappent encore. Ou celles de Tamara, en tout cas. » Ses doigts descendirent sur son poignet, puis ses phalanges. « Ne te tracasse pas et profite de ces deux heures pour te reposer, veux-tu ? » Elle scruta ses iris céruléens, puis se redressa à l’approche du fils de la cheffe des armées.

Dès qu’il ouvrit la bouche, elle sut qu’il était là pour se gausser. Son regard désossa son visage tuméfié. Il connaissait la femme venue apporter de l’eau à Lambert – d’Eésnep, probablement Pénélope. Garance ne l’avait jamais croisée, mais elle en avait déjà entendu parler. De ce qu’elle avait compris, elle aurait dû épouser Gao. Ses yeux tombèrent sur la boîte tendue par Adolphe, puis remontèrent jusqu’à son faciès. Son expression n’annonçait rien de bon, cependant, elle tâcha de recueillir le présent avec calme. Il pesait son poids. Elle le plaça sur le sol, le couvercle dos à Lambert, et entreprit de dénouer les attaches. L’attaque de l’adolescent et la réplique de la femme vêtue de bleu l’interrompirent dans sa tâche. « Laissez, Herminiette. Les garçons, contrairement aux hommes, ont besoin de se donner de l’importance en pratiquant l’insolence. » Elle releva la tête pour la regarder et plissa les paupières d’incompréhension. Comment pouvait-elle savoir ce qu’elle contenait et où elle avait été trouvée ? Différentes hypothèses s’ébauchèrent dans son esprit – aucune qui ne lui fît envisager le véritable contenu du présent. « Je serais curieuse de savoir d’où vous viennent ces certitudes. » dit-elle simplement, se doutant qu’une telle conversation n’aurait lieu qu’en privé. Réunissant toute l’assurance dont elle était capable, l’ancienne régente souleva le couvercle du coffret. Face au spectacle qui y reposait, sa gorge se noua. Elle maintint la boîte ouverte durant quelques longues secondes, avant de la refermer avec autant de tranquillité que possible. Elle l’écarta de Lambert puis se releva. « Je vous remercie. » dit-elle à Adolphe. « Il est en effet préférable qu’elle soit parmi nous. J’ai espoir que vous nous apportiez une autre bonne nouvelle : savez-vous où se trouvent Placide et Ludoric ? »



Message VIII – 968 mots




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Ven 31 Mai 2024, 09:56





La pénombre enveloppait la cellule de sa main noire comme le vide. Plongé dans un silence qui ne lui ressemblait guère, Marcellin étirait sereinement ses membres. De temps à autre, son regard passait de la pierre froide et grise, aussi graisseuse qu'un fond de casserole, aux barreaux érodés par leurs années de service. Ce n'était pas la première fois qu'il se retrouvait en un tel lieu. Il savait qu'il ne souffrirait pas du manque de confort, du moins, pas tout de suite _ les muscles s'endolorissaient plus tard, lorsque la dureté du sol et l'immobilisme finissaient par cisailler les fibres _, mais l'absence d'encre et de papier pouvait fort bien lui faire perdre la tête. À tâtons, s'aidant de la lueur lointaine d'une bougie, probablement destinée à éclairer le chemin des gardes, ces valeureux qui surveillaient des impuissants tournant en rond dans leur cage, il cherchait de quoi graver la pierre. Le besoin d'écrire ne frappait pas encore à la porte, mais il viendrait, et il ignorait combien de temps les soldates le laisseraient moisir ici. Pénélope se trouvait certainement dans une chambre voisine. Savoir une fleur de son étoffe en prison le chagrinait. Quelles conséquences aurait ce petit séjour sur sa psychée déjà morcelée ? Lui reprocherait-elle la situation en lui jetant un vase à la figure ? Se jeterait-elle sur lui pour le griffer au visage et lui arracher ses vêtements ? Il en doutait, mais l'idée le séduisait. Son impétuosité en faisait une parfaite candidate. Toutefois, elle manquait de jugeote dans ses éclats de colère, et leur souvenir ne suffisait pas à éveiller son désir : il avait senti l'acier si proche de sa chair que la perspective d'une dispute, aussi grandiose fût-elle, n'engendrait pas l'effet habituel.

Alors que sa recherche tardait à porter ses fruits, une femme au faciès de bouledogue se présenta, lui intimant de le suivre. La méfiance gagna l'esprit du poète. Sa libération ne le surprenait pas, mais qu'elle fût si rapide n'augurait rien de bon. Allait-on le torturer ? Heureusement, ils passèrent par l'aile réservée aux femmes, récupérant Pénélope. La belle semblait à deux doigts de fondre sur leur garde pour lui arracher la gorge avec les dents. Une idée charmante. Ils furent conduits jusqu'à une salle où les attendait une pléthore de visages connus. Garance de Lieugro, Primael Noyarc, Herminiette et Sextus… Tout le gratin arriviste de Narfas réuni en une joyeuse petite assemblée. Deux d'entre eux pissaient le sang. Le violet se cala contre un mur sans piper mot. Le fer, dont on l'avait délivré avant d'entrer dans la salle, lui démangeait encore les poignets. Ses congénères ne perdirent pas une minute, se jetant sur Garance et Primael comme des charognards sur une carcasse. Un peu en retrait, il observait la scène sans se presser, tentant de comprendre ce qui se jouait là. Ne lui laissant pas le temps d'élaborer une stratégie, la Cheffe des Armées fit son entrée, accompagnée de son rejeton. Lorsque la rousse annonça les projets de Judas, l'Ombre se mordit violemment les joues pour s'empêcher de sourire. Pénélope lui prit la main, murmurant quelque chose qu'il n'entendit pas. Son esprit flottait déjà au loin, près de la montagne de cadavres où trônait le Roi. Par réflexe, il serra doucement la main de la belle entre ses doigts. Sa joie décrut quelque peu lorsque son cerveau décryptage la suite des paroles de la militaire. La mâchoire tendue, il releva la tête vers l'assemblée. Comment garder tout le monde en vie et faire plonger ses colocataires ? Une nouvelle partie d'échecs débutait.

Du coin de l'œil, Marcellin aperçut alors le paquet cadeau que tenait Adolphe, et qu'il tendit à Garance. Pendant un instant, il cessa de respirer. Il ne remarqua pas l'oeillade que l'aiglon adressa à Pénélope, pas plus que l'eau qu'elle servit à Lambert. Comment la sœur du mort allait-elle réagir à l'offrande ? Les sens en ébullition, il se rapprocha l'air de rien, les pupilles rivées sur ses traits de poupée. Hélas, une femme de son rang ne se laissait pas si facilement impressionner. Déçu, il s'avança d'un pas.

« Je suis Marcellin, le colocataire d'Herminiette. L'intendant du palais m'avait chargé de remettre cette… relique dans un état convenable. Malheureusement, c'était une tâche d'une grande difficulté, que je n'ai pas pu terminer convenablement, et je m'en excuse. »

Le poète ne ressentait pas le moindre regret au sujet de la tête. La frustration de ne plus la posséder, elle, ne demandait qu'à éclater, mais il lui fallait se maîtriser. S'il jouait finement, le chaos s'infiltrerait partout, faisant du royaume un feu d'artifice. Cela valait bien quelques sacrifices.

« Avant qu'on vous la brandisse comme un argument contre ma personne, sachez que j'éprouve une grande admiration pour Judas. Je vous avoue sans détours qu'à mes yeux, sa politique de terreur est la seule qui puisse fonctionner dans le monde névrosé qui est le nôtre. Je ne la considère pas comme parfaite, et cela ne m'empêche pas de soutenir les efforts de chacun pour faire de nos terres un endroit où règne la paix. Je crois simplement qu'ils sont vains. »

Depuis l'enfance, Marcellin trompait les autres en croisant mensonge et vérité. L'urgence de la situation ne modifiait en rien son attitude : celui qui n'aspire qu'à l'enfer n'a pas grand-chose à perdre.

« Je ne tiens pas la vie humaine en très haute estime. Cela étant, la guerre est une catastrophe pour les artistes, et s'il y a bien une chose que je hais plus que tout, c'est de ne pouvoir donner libre cours à mon inspiration, et de voir mes confrères dépérir de même. »

Les dernières semaines avaient éprouvé ses finances, et s'il avait soutenu ses camarades pour les empêcher de sombrer dans le dénuement, il ne pourrait le faire éternellement. Leur sort le contrariait. Pourquoi n'avaient-ils pas la cervelle et les bourses plus remplies ? Les cernes sous ses yeux et les écorchures sur ses doigts ne naissaient pas d'une quelconque inquiétude, mais des nuits blanches qu'il avait passées à faire couler l'encre. Fort heureusement, personne ici n'en avait conscience. Le violet se tourna vers Adolphe. La férocité de son regard lui laissait croire qu'il était un homme d'action, aussi voulait-il lui partager sa pensée.

« Si le conflit est inévitable, comme l'affirme votre mère, il faut avant tout empêcher Merlin de soutenir son père. Lieugro n'est certes pas une nation de soldats, mais elle dispose tout de même d'une armée. J'ai quelques proches là-bas, des amis qui n'apprécient guère leur nouveau souverain. Si je leur demandais de mettre des bâtons dans les roues du régime en place, ils n'hésiteront pas à passer à l'action. »

Semer le trouble constituait, après tout, sa spécialité. S'il n'avait pas pris part à la révolte qui avait ébranlé Narfas, il ne comptait plus manquer des occasions.

« La méthode resterait à établir, mais si des problèmes internes surgissent, Merlin devra rétablir l’ordre. Nous n'aurions alors qu'à affronter Uobmab. Ce n'est pas rien, mais ce serait déjà un peu mieux. Lieugro est votre royaume et je ne ferais rien sans votre accord. Qu'en dites-vous ? Et vous, Adolphe, vous avez sans doute un avis sur la question ? Quelle serait votre stratégie ? »

Les remarques du jeune homme méritaient d'être prises en compte. S'il tenait de sa génitrice, il représentait une ressource de choix. S'il n'avait pas hérité de son esprit d'acier, elle ferait peut-être de lui l'une des voix de l'armée, et mieux valait le gagner à sa cause. Il fallait espérer que sa jeunesse le rendit plus malléable. Marcellin se tourna vers les autres, haussant légèrement la voix pour faire entendre sa proposition.

« Je ne doute pas qu'au vu de la situation, chacun d'entre vous ait des ennemis susceptibles d'attenter à vos vies. Dans l'intérêt de tous, si vous avez des noms, je vous suggère de les confier à l'un de nous cinq. Nous pourrions mieux vous protéger si nous savons d'où peut venir le danger. En revanche, pour que vous soyez assuré de notre neutralité et de notre bonne volonté, aucun de nous ne devra connaître tous les noms. »

Ils marchaient sur un fil tendu au-dessus du vide, et trop de paires de ciseaux flottaient dans les airs. Il fallait réduire leur nombre, ou la chute les attendait tous.

1 347 mots | Post VIII

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Sam 01 Juin 2024, 10:23



Les Portes


Je vis à peine la silhouette de Rosette s’étaler au sol lorsqu’elle percuta le corps de Placide. Je ne sentis qu’à peine son étreinte. Je devais aller le voir, savoir. Mon cœur battait à tout rompre dans ma poitrine malgré mon immobilisme. Il cavalait sur le chemin de la peur qui se nourrissait de mes doutes. Il ne bougeait plus. Était-il… ? J’aurais dû me douter qu’il était plus léger que ceux avec lesquels je m’étais déjà entraîné. Je n’aurais pas dû y mettre de force. Pas autant. Pas comme ça. J’aurais dû essayer de lui parler pour le raisonner. Il m’avait attaqué mais ce n’était pas une excuse valable. J’aurais dû l’arrêter en douceur. « Il est vivant ? » m’entendis-je articuler. Je repris mes esprits et m’approchai vivement. Comme elle, je plaçai mes doigts sur sa jugulaire. Je sentis son cœur battre. « Il est vivant. » À sa question je relevai les yeux vers elle, sans répondre. Ce qu’il s’était passé dépassait l’entendement et je ne savais pas comment le formuler. Je hochai la tête. On allait le soigner et tout irait bien. D’ici quelques années, on en rigolerait tous les trois, lorsque Placide serait sur pied, que nous aurions pu discuter de ses griefs et écarter tous les quiproquos qui pouvaient exister entre nous. « Aide-moi. Je vais le porter sur mon dos. On ira plus vite comme ça. » Le hisser ne fut pas si difficile. Je me relevai, mes deux mains sous ses cuisses pour le maintenir. « Enroule ses bras autour de mon cou. » Il faudrait que je me penchasse en avant pour être sûr qu’il ne tombât pas en arrière. « On y va ! » Qu’il ne s’inquiétât pas, d’ici quelques heures, il serait sur pied. Mes doigts se resserrèrent sur leurs prises. « C’est mon frère, Rosette. » lui dis-je, les yeux humides. Je les fermai pour chasser les larmes de ma culpabilité, tout en tentant de me raisonner. Il irait bien. « Il… Il m’a attaqué, j’ai voulu l’éloigner mais il est tombé et… » Je reniflai. « Je n’ai pas voulu qu’il… » Tout ça n’avait aucune importance. Parce qu’il irait bien. Si je me dépêchais, il irait bien. Rosette connaissait les médecins et les infirmiers. Placide était trop important pour qu’on nous laissât attendre. Il aurait les meilleurs soins et les meilleurs spécialistes. Je sentis un liquide chaud couler sur ma nuque et glisser entre ma peau et mes vêtements dans le tissu desquels il s’imbiba. Il irait bien.

« On va le soigner. » appuyai-je Rosette auprès de Ludoric, avant de me presser pour rentrer dans l’édifice. Je ne sentais même pas la brûlure de mes jambes. Elle me semblait lointaine, gommée dans l’urgence de l’action. « Le Prince lieugrois est blessé ! Vite, à l’aide ! » m’exclamai-je en entrant dans l’hôpital. « Que quelqu’un vienne l’aider ! » J’aurais crié à m’en esquinter les cordes vocales si personne n’était venu. J'aurais agressé n'importe quel passant jusqu'à ce que quelqu'un se montrât. J’eus pourtant du mal à le laisser aux mains des médecins. Mon corps ne résista pas mais mon esprit s’attarda près de lui. J’avais l’impression que si on l’arrachait à moi, et c'était ce qu'il venait d'arriver, alors je ne le reverrais jamais. Tout était ma faute. Je finis par me laisser glisser le long du mur, les avant-bras posés sur mes genoux repliés. Mon regard inspecta les gestes des soignants, l’espoir ancré au fond de mes prunelles. Cet espoir pourtant, s’éteignit aussi vite qu’il était apparu. Je fermai les yeux, des larmes dévalant mes joues. Il était mort. J’avais tué mon frère.  

« Arrête ! » Je m’étais relevé sans savoir comment, m’élançant vers Ludoric qui menaçait le médecin. « Arrête. » répétai-je. « Il n’aurait pas voulu ça. Je… » Je ne savais pas quoi dire, pas quoi prononcer qui aurait pu témoigner de la désolation qui me gagnait, de la culpabilité qui me mordait. « Je n’aurais pas dû… J’aurais dû aller plus vite et… » Je m’effondrai en parlant, un sanglot me secouant entièrement. « Je suis tellement désolé. » confessai-je en agrippant le soldat. Mes bras l’entourèrent, pour le soutenir ou pour me soutenir moi-même. Je n’en savais rien. Je devais lui dire, lui raconter ce qu’il s’était passé. Pourtant, aucun autre mot ne sortit de mes lèvres, trop occupées à retenir les élans de ma tristesse. Si j’avais pu agir différemment, si nous avions pu parler, si j’avais été plus vite jusqu’à l’hôpital…

737 mots
Ilias (Clémentin):

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Dim 02 Juin 2024, 08:46




Les Portes – Chapitre V

En groupe | Yngvild


Rôle :


Les indications du médecin étaient claires et limpides. Les mains de Rosette s’activaient aussi rapidement qu’elles le pouvaient, avec une fermeté appuyée par la vive déréalisation que suscitait cette situation. Elle se sentait ailleurs et pourtant très nettement ancrée dans la réalité. C’était comme si elle soignait n’importe qui et pas son cousin, pas Placide. Elle effectuait chaque tâche avec la rigueur que lui avaient enseigné les infirmiers avec qui elle avait tout appris. Dans son crâne, leurs conseils se répétaient en boucle. La question de Ludoric lui parvint ouatée, diluée, comme s’il l’avait articulée sous l’eau. Elle serra les dents. Qu’avait dit Clémentin, déjà ? C’est mon frère, Rosette. Et après ? Ses pensées eurent à peine le temps de s’égarer. Toute sa concentration était dévolue au blessé. Elle n’eut pas besoin des mots du soignant pour comprendre que leurs efforts étaient désormais inutiles. Le pouls ne battait plus. Et pourtant, elle continua, comme si un geste de plus pouvait encore miraculeusement sauver Placide. Néanmoins, quand le docteur leur fit signe, ses mains ensanglantées quittèrent la tête du blond et, tremblantes, se posèrent sur ses genoux. Ils n’avaient pas été assez rapides.

La rousse leva les yeux vers Clémentin, et son regard rencontra la lame du soldat dirigée droit sur la gorge du médecin. Son cœur s’affola. Elle se leva d’un bond. « Ludoric. » Aucun autre mot ne sortit. Elle se vit à sa place. Imagina Clémentin étendu, ensanglanté comme Placide, le palpitant dépourvu de tout battement. Sa poitrine se comprima et, aussitôt, des larmes piquèrent ses cornées. Elle serra les poings et les lèvres, dans une tentative désespérée de ne pas se mettre à pleurer : elle perçut la détresse imprimée sur les traits de Clémentin et les larmes dévalèrent ses joues. Elle renifla. Que s’était-il passé ? Pourquoi Ludoric n’était-il pas avec Placide ? Pourquoi le blond avait-il attaqué le brun ? Pourquoi avait-il fallu qu’il tombât si malencontreusement ? « Je suis désolée. » balbutia-t-elle à l’intention du docteur, avant de contourner le lit et de s’avancer vers les deux garçons. Elle renifla et essuya rapidement ses joues du bout des doigts. « On a fait du mieux qu’on a pu. » Elle posa une main sur l’épaule de Clémentin, ses yeux verts ancrés au visage du roux. « C’était un accident. » commença-t-elle. C’était vrai. Mais pouvait-elle dire toute la vérité ? Dans les prunelles du soldat, elle lisait des choses qu’elle n’aurait jamais voulu ressentir elle-même. Elle avait l’impression d’être face à une forêt de ténèbres qu’un seul craquement d’allumette aurait pu embraser toute entière. Elle avait peur qu’il s’en prît à Clémentin comme il l’avait fait du médecin. Il n’était pas en tort, il n’avait pas fait exprès, Placide l’avait attaqué. Mais entendait-on ces choses-là quand on venait de perdre la personne que l’on aimait le plus au monde ? « Il est tombé. Un cheval lui est rentré dedans et il est tombé. » mentit-elle. « Rosette. » La voix du médecin la fit presque sursauter. « C’était un accident. » répéta-t-elle, avant de s’écarter et de se tourner vers le praticien. « Oui ? » - « Que voulez-vous que je fasse du corps ? » Sa voix était douce mais la violence des mots la laissa coite. Durant quelques secondes, elle ne sut quoi répondre. La gorge nouée, elle fixait le lit où gisait ce qui n’était désormais plus qu’une dépouille, et qui demeurait pourtant Placide. « Je… » Qu’était-on censé faire, dans cette situation ? Que ferait son père, à sa place ? « Mon père. Est-ce que vous pourriez envoyer quelqu’un chercher mon père, s’il vous plaît ? » Elle releva la tête vers le docteur, qui affichait un air embêté. « Je crains de ne pas pouvoir le faire venir. On raconte que Tamara a réuni tous les chefs de file dans ce qu’il reste du palais. » - « Comment ? » Le cerveau de l’adolescente s’élança dans la construction de multiples scénarii. « Vous pouvez rester ici en attendant. Les rues ne sont pas sûres. Et on peut garder le corps jusqu’à ce que votre père puisse venir, d’accord ? » Elle hocha doucement la tête, les pommettes à nouveau sillonnées de larmes. En attendant quoi ? Qu’allait-il se passer ? Qu’est-ce que Tamara comptait faire de son père ? Il devait être avec Garance. Et Balthazar ? Elle regarda Ludoric. Pourquoi lui et Placide n’étaient-ils plus retenus par les hommes de Gao ? Comment avaient-ils réussi à s’échapper ? Quelqu’un les avait-il aidés ? Les questions affluèrent, pesant sur son thorax. Elle prit une grande inspiration pour les chasser, mais ce ne fut pas suffisant. Ses iris fixaient les garçons. Elle se sentait perdue. Perdue, et effrayée.

Le médecin parti, une infirmière à qui il avait murmuré quelques mots s’approcha d’eux. « Venez avec moi, on va aller dans la salle de pause et je vous servirai une boisson chaude. D’accord ? »



Message VIII – 824 mots




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Dim 02 Juin 2024, 13:58


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Les Portes V
Balthazar



« Ce dîner vise à effacer toutes les traces de rivalité entre nous. » Elle parlait aussi bien de la rivalité qui existait entre son interlocutrice et elle, que de celle qui existait entre Abel et Zéphyr depuis qu’ils se savaient en compétition pour un poste aussi prestigieux. « Nous avons plaidé chacune en faveur de notre favori. Nous ne sommes plus en mesure de convaincre davantage le conseil. Sa décision nous départagera. Les dés sont jetés. » Elle servit ses invités et les incita à trinquer. Les deux bruns se regardèrent. D’un côté, le bon élève : efficace sur le chemin de la réussite. De l’autre, le mauvais élève : piètre à répondre aux exigences du Royaume de Cit. Tous les deux, pourtant, étaient doués dans ce qu’ils faisaient. L’un suivait les règles qu’il appliquait à la lettre. L’autre les prenait comme de simples indications et s’en détachait. « Si le conseil penche en ma faveur, cela te permettra de te reposer encore un peu. Ta précédente mission n’a pas été de tout repos. » Zéphyr se demanda si Abel s’en faisait réellement pour lui ou s’il maquillait sa certitude de victoire derrière le masque de l’empathie et de l’inquiétude. C’était difficile de le savoir. Ils avaient été éduqués pour jouer la comédie, incarner des rôles, se fondre dans la vie d’autrui. Il y avait pourtant un problème majeur au fait d’être une doublure au quotidien : le rôle laissait toujours des traces, bien après qu’on eût cessé de le jouer. C’était le cas pour Zéphyr. Parfois, des accès d’autrui le prenaient aux tripes. Il avait vu ce qui marchait et ce qui ne marchait pas et ne pouvait donc pas faire semblant de ne pas savoir. Ce problème de rivalité n’avait qu’une seule solution viable. Il pouvait attendre le verdict du conseil, bien sûr, mais s’il n’était pas choisi, il aurait les pieds et poings liés. Aller à l’encontre de la volonté du conseil lui coûterait probablement la vie. Il ne devait donc pas attendre pour être certain de l’emporter. Sa main droite se referma sur son couteau, sa gauche agrippa les cheveux d’Abel et il réunit presque les deux dans un mouvement vif. La lame se planta dans le cou de son rival. Il la tourna plusieurs fois sur elle-même tout en l'enfonçant davantage à chaque fois afin d'être sûr qu’il n’en réchappât pas et ne lâcha sa victime que lorsqu’elle fut morte. Il remit l’ustensile à sa place. « Il me semble qu’informer le conseil de la situation serait une idée judicieuse. J’irai à Narfas doubler Balthazar puisque le seul autre candidat en lice est mort. Faire attendre le Roi n’est pas une option. » Les deux femmes se regardèrent, effarées. Il avait raison. Il irait à Narfas.




Les heures s’étaient écoulées doucement aux yeux de Balthazar, malgré le rythme de son emploi du temps. Il avait dû s’assurer de l’évacuation d’Anthonius et s’introduire dans les égouts tout en se tenant informé de l’évolution de la situation. Tamara semblait agir en cavalier seul. Primaël était toujours vivant. Finalement, seul Melchior s’était montré compréhensif face à ses requêtes. Le fait qu’on lui reportât qu’il détenait à la fois le Grand Prêtre et la servante de Childéric l’avait étonné. Néanmoins, il n’avait pas le temps d’éclaircir ces mystères. S’il réussissait, il se chargerait de couper la langue une bonne fois pour toute au religieux, tout en préparant une défense solide contre Judas. S’il ne réussissait pas, il fuirait dans un autre Royaume et gommerait cette identité au profit d’une autre, soit sous le commandement de Cit, soit sous son propre libre-arbitre. Les possibilités étaient trop nombreuses à l’heure actuelle pour qu’il pût trancher parmi elles. « A-t-on l’assurance que tous les hommes sont réunis ? » « Oui. » Tamara faisait preuve d’une ambition qui le surprenait. Cependant, l’heure de comprendre les motivations de chacun n’était pas encore arrivée. Il devait s’emparer de Narfas d’abord. « Parfait. Qu’ils attaquent le palais et tuent tous ses occupants, à l’exception de Garance de Lieugro si Primaël Noyarc est mort lorsqu'ils arriveront ; s’il est possible de la sauver. » « S'ils y arrivent. » « Vous êtes tous aussi entraînés que ces soldates, plus même. Vous n’avez pas un style de combat lisse comme elles et aucun sens de l’honneur à défendre. Si vous devez leur éclater des bouteilles dans la face avant de les leur enfoncer dans le ventre, faites-le. Si vous devez faire exploser ou brûler ce qu’il reste de ce château, faites-le. La plupart d’entre elles seront de toute façon plus faibles qu’à l’accoutumé. Profitez-en. »

761 mots
Rôle:



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Kaahl Paiberym
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Kaahl Paiberym
Dim 02 Juin 2024, 17:46



Les Portes



« Tamara, excuse-moi de te déranger mais c’est important. » Je finis mon verre et me redressai, un air interrogatif sur le visage. « C’est au sujet de Balthazar. » Assise sur une méridienne, je posai mes coudes sur mes genoux. « A-t-il été retrouvé ? » « On a des pistes mais ce n’est pas le plus gros du problème. » « Dis-moi. » « C’est délicat. On le soupçonne fortement d’être la Main. » « Impossible. » dis-je, un geste accompagnant mon refus de cette hypothèse. « On a déjà enquêté là-dessus. » continuai-je, en me relevant. Je commençai à marcher dans la pièce et déposai mon verre sur l’un des meubles en passant. « J’ai moi-même vérifié l’emploi du temps d’une bonne partie de la noblesse à l'époque, dont celui du Roi. Ça ne correspondait pas. Les agissements de la Main n’étaient pas compatibles avec les agissements de Balthazar. Même en déléguant certaines réunions ça n’aurait pas été possible. » Plus que tout, je ne croyais pas l’homme capable de gérer un réseau entier de trafic d’êtres humains. Pourquoi faire ? Même si son pouvoir été atrophié par la présence de Wesphaline et celle de Jésabelle, il restait Roi. Je ne lui connaissais aucune ambition. Son statut d’apparat lui avait toujours plu. « Je sais que ça paraît fou mais… nous avons interrogé plusieurs personnes qui trempent dans le trafic. Il semblerait que la Main ait disparu un temps. Ils ont visé Gao comme successeur. Mais Gao s’est fait tuer et la Main est revenue. Certains hommes n’y comprennent rien. La situation leur a fait peur et c’est la raison pour laquelle ils ont préféré se rendre. » « C’est impossible… » murmurai-je, en songeant au mot envoyé par Balthazar à Ivanhoë. « D’une manière ou d’une autre, Balthazar a réussi à s’échapper de la prison. Ce simple élément n’est pas anodin. Mais il y a plus. Il aurait été aperçu dans une auberge en compagnie de ton fils et des autres enfants. Il n’y est plus mais il n’aurait jamais pu disparaître sans être aidé. Les soutiens à la royauté ne sont pas suffisants. » « Je ne veux pas croire que la Main est l’ancien Roi de Narfas. » dis-je, fermement. « Je ne voulais pas le croire non plus mais on a attrapé cet homme. C’est un ponte du réseau. Il connait l’identité de la Main et il a affirmé qu’il s’agissait de Balthazar. » « Ce ne sont que des paroles infondées. » « Il aurait fui dans les égouts. » « Les égouts ? » « Nous n’avons pas encore vérifié. Je voulais t’en parler avant. Étant donné la situation, peut-être que se perdre dans les égouts n’est pas opportun. Surtout si tu es sûre qu’il ne s’agit pas de lui, malgré le fait que plusieurs éléments concordes. Dans l'urgence, il s'est montré moins prudent... La description de la Main correspond à celle de Balthazar chez plusieurs personnes, quand il n'est pas clairement nommé comme exemple. » Je réfléchis. « Qu’y a-t-il dans les égouts ? » Son silence m’incita à préciser ma question. « Sur combien de kilomètres s’étendent-ils ? Y a-t-il des gens qui vivent là-bas ? » « Pas que je sache. Sur leur périmètre, je ne saurais pas dire. » « Est-ce qu’y allumer un incendie condamnerait la ville ? » « Je ne suis pas experte dans le domaine. » « Je me dis que techniquement, hormis les endroits où il y a des plaques d’égout, un incendie sous terre ne devrait pas avoir d’impact à la surface. » « Tu veux que nous allumions un feu ? » « Plusieurs. » Elle haussa les sourcils. « Amène-moi les plans de Narfas s’il te plaît. Nous allons tenter de déloger le rat, s’il existe. » « Et la réunion ? » « Nous avons deux heures devant nous. Si ça prend plus de temps que prévu, ils m’attendront. »

Autour de la table, nous étions à présent cinq. Le plan avait été facile et rapide à élaborer. « Donc, vous avez bien compris, n’est-ce pas ? Vous allumerez et entretiendrez un feu à ces endroits stratégiques. La fumée devrait se répandre dans les couloirs et rendre la respiration difficile aux alentours. Si Balthazar est dans les égouts, il cherchera à fuir par le côté nord. Nous l’y attendrons. » « Et s’il n’y est pas ? » « Nous verrons. Nous cueillerons peut-être d’autres individus. Qui sait ? Dans tous les cas, je ne peux pas me permettre de laisser l’ancien Roi, potentiellement la Main, dans la nature. » « Si tu pars, ils vont s’en apercevoir. Ils risquent de tenter de renverser ton autorité. » « Nous allons emprunter les souterrains. Les soldates qui sont sur place s’assureront qu’ils ne bougent pas, ainsi que les cinq clampins, s’ils tiennent à leur vie. Allons-y. » J’avais besoin de savoir. « Et si c’est un piège ? » « Nous n’avons pas le temps d’y réfléchir. Nous devons éliminer toutes les oppositions et tous les trafics aujourd’hui pour la stabilité future de Narfas. Soit Balthazar pliera, soit il mourra. S’il est la Main, il mourra dans tous les cas. »

831 mots
Bon courage à ceux qui sont dans le château  les portes - | Les Portes V - Cette fois je ne fais pas l'erreur de donner un titre à l'avance | - Page 10 943930617
Eméliana - Tamara:

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Orenha
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Dim 02 Juin 2024, 19:53


Images par wlop
Les Portes V
Orenha dans le rôle de Luthgarde

TW : Gaspard et sekse.

Rôle:
Il régnait une ambiance de mort dans le palais – ou du moins, ce qu’il en restait. Dans ce lieu où pas un grain de poussière ne devait être toléré auparavant, la suie faisait désormais comme une seconde peau aux débris. Bruits de pas, clinquements des armes et murmures inquiets résonnaient lugubrement dans la grande salle. Luthgarde n’y était jamais entrée mais elle pouvait imaginer qu’une pièce de cette taille était plus coutumière aux banquets grandioses et aux réunions de grande envergure qu’à leur sinistre procession. Bien sûr, l’aile du palais qui avait été ouverte pour accueillir les blessés de la révolte était dans un état de délabrement similaire – mais l’agitation y était telle que la jeune femme n’avait pas eu le temps de s’appesantir sur les fantômes du passé, trop concentrée sur ceux qui se battaient encore entre la vie et mort.

Intimidée, solennelle, l’envoyée s’agenouilla dans une posture de prière à l’écart tandis que les autres « invités » s’éparpillaient dans la salle. Le menton baissé, mains jointes sur le Cercle, elle murmura des psaumes dans plusieurs langues, adressées à multiples Divinités. Ce n’était en réalité qu’un moyen de faire ralentir les battements affolés de son cœur et d’apaiser les inquiétudes qui l’assaillaient depuis la veille ; elle savait que les Omniscients veillaient sur elle en toute circonstance. Sur eux. Ses mains s’égarèrent sous ses robes pour venir caresser la peau nue de son ventre.
« Oh, Enfant de Lumière… comme j’aimerais que tu sois déjà là. » Relevant la tête, elle embrassa d’un regard la salle en ruine. Le sang dans ses veines pulsa plus vite lorsqu’elle aperçut Lambert. L’homme était visiblement très mal en point. Luthgarde prit une grande inspiration, enfonça doucement ses doigts dans la chair où bientôt, un petit cœur palpiterait de concert avec le sien. « Je sais que tu nous sauveras tous. Mais nul ne peut – ni ne doit – presser le destin, n’est-ce pas ? » Sa voix était chaude, déjà pleine d’amour pour ce petit miracle qui croissait lentement dans son corps. Son petit soleil. Elle serait son réceptacle, son bouclier, sa mère, son amie et son alliée. Elle tiendrait sa main jusqu’à ce qu’il puisse s’élever là où nul mortel ne peut aller. Mais pour ça… il lui fallait survivre.

La jeune femme se relevait avec précaution quand la Cheffe des Armées fit son entrée. Elle ne s’attendait pas au véritable maelström d’émotions qui se déchaîna soudain en elle lorsque ses yeux se posèrent sur la crinière de feu. Un goût amer lui saisit la langue tandis que les souvenirs affluaient, implacables, incompréhensibles ; encore à moitié courbée, elle se laissa retomber au sol dans des froissements de tissus, un bras protecteur serré autour de la taille.
L’étudiante n’avait pas revu la sœur du Grand Prêtre depuis que tout avait été chamboulé. Pas depuis que ce dernier avait prononcé son nom, encore et encore, hanté par le supplice, la rage et le désir, la bouche écumante et les yeux révulsés, tandis qu’elle épongeait son front brûlant de fièvre, impuissante. Elle aurait juré avoir fait la paix avec cet évènement, l’avoir accepté comme une étape inévitable sur le chemin que lui traçaient les Omniscients, aussi pénible ait-il pu être. Mais plus elle étudiait les traits d’acier de la d’Epilut, plus son malaise l’attirait dans les ombres de sa mémoire.
Ses dents mordillaient nerveusement sa lèvre inférieure ; lorsque ses prunelles sombres descendirent sur le fourreau qui pendait à la taille de la femme rousse, la muqueuse céda et le goût du fer inonda sa bouche. Le sang goutta sur son giron. Luthgarde vacilla tandis que la confusion la dévorait.        

Elle revivait tout. Le Grand Prêtre qui crachait ses poumons sur ses genoux, hagard, malade,  tellement mortel. Ses mains à elles, si menues autour du large dos trempé de sueur de l’homme de Foi, sa large silhouette enveloppant sa vision. Il la pressait, la commandait, la priait, tantôt furieux, tantôt désespéré. Elle refusait sa folle requête inlassablement, les larmes striant ses joues, pétrie de pitié.
Jusqu’au moment où les Voix étaient intervenues. Inondant ses sens, Elles lui avaient ordonné d’accéder aux désirs de l’homme. « Absous-le de ses péchés. Libère-le. » Luthgarde sentait encore la directive divine dans chacune des fibres de son être. Alors elle avait cédé. Comment aurait-elle pu faire autrement ? La suite des évènements était floue. Dans la ville mise à sac, elle avait pu récupérer tout ce qui était nécessaire au « rituel » qui avait fleuri dans l’esprit enfiévré de l’ecclésiastique. Et ainsi, à la lueur des cierges et de la lune, elle s’était présentée à lui sous les traits de sa sœur – désirée et détestée. La perruque rousse démangeait son cuir chevelu et cascadait jusqu’en bas de son dos, son corps restreint par les tenues sombres qu’arboraient les miliciennes. Gaspard d’Epilut la dévisageait, le souffle coupé, et elle pouvait lire dans son regard une lubricité et une fureur qui hérissaient son échine d’émotions contradictoires. Sa Sainteté n’était plus.
Lorsqu’il plongea sur elle, elle était prête. Brandissant le fourreau, elle l’esquiva promptement et le laissa s’affaler au sol, sur le ventre. Il était faible, l’infection de la plaie consumant son énergie heure après heure. « Punis-le. Libère-le. » l’encourageaient en chœur les Voix dans ses oreilles tandis qu’elle libérait l’homme de ses habits bleus, guidaient sa poigne. Elles enflèrent encore jusqu’à presque camoufler les hurlements de douleur qui s’élevèrent dans les airs lorsque le fourreau pénétra celui qu’elle avait toujours haussé au rang de presque-Dieu. La gorge de Luthgarde palpitait, brûlante ; la bile menaçait de rejoindre le sang qui maculait ses mains. Enfin, lorsque les spasmes de Gaspard avaient cessés, elle s’était écroulée à ses côtés, en larmes.
Il l’avait alors agrippée par le visage et elle s’était préparée à son sort, quel qu’il soit. La rage déformait les traits du Prêtre. Mais alors la perruque avait glissée, révélant sa chevelure d’ébène, et il avait écarquillé les yeux. Ses lèvres tremblantes avaient prononcés en silence son nom : le sien, pas celui de sa sœur. Il l’avait reconnue.
En quelques secondes, la situation comme la position de leurs corps s’étaient renversés. Le poids de l’homme l’avait enfoncée dans la terre. Il bégayait des paroles que la jeune femme ne comprenait pas et en retour, elle gémissait des excuses larmoyantes ; elle sentait son souffle fébrile sur son visage trempé et froissé. Il sécha ses larmes de baisers moites et brûlants. Un instant, elle recouvra assez de lucidité pour se demander si il était, comme elle, guidé par la Volonté du Très-Haut, ou si il agissait en tant qu’homme ; et puis quelque chose s'était déchiré en elle et elle avait cessé de penser.

Le brouhaha sortit Luthgarde de sa transe. Du bout des doigts, elle effleura ses joues mouillées, étonnée. Elle avait pleuré. Une chaleur inondait l’intérieur de ses cuisses et remontait dans son ventre et sa gorge en même temps qu’une nausée tenace. Pourquoi ressentait-elle autant de dégoût lorsqu’elle repensait au Grand Prêtre et à ce qu’il s’était passé entre eux ? Elle s’empressa de se rassurer, elle et son enfant. « Mon soleil. Tu es le fruit du Divin et je ne suis qu’une femme mortelle. Ne m’en veux pas, ni à moi, ni à ton géniteur. Tu es notre guérison. »

Message VII(XVII) | 1217 mots

Résumé :
Luthgarde se plonge dans ses souvenirs. 8)


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Dim 02 Juin 2024, 20:12


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Explications


Hop ! DERNIER TOUR  

Pour rappel : À la fin du précédent volet, une première révolte a grondé dans le Royaume de Narfas, fomentée par Primaël et ses alliés, suivie de beaucoup d'autres. Nous sommes un mois après la première. Le Royaume connaît une grande instabilité. Le peuple est partagé concernant la direction à prendre. Certaines personnes ont quitté Narfas, d'autres ont profité de la situation pour se faire un nom ou pour commencer / continuer des trafiques en tout genre. La drogue s'est développée à une vitesse fulgurante et la traite des êtres humains se fait presque en plein jour. Les problèmes de natalité persistent. Néanmoins, l'ordre religieux qui avait été établi jusqu'ici est également instable et les règles ne sont plus respectées. Le peuple débat (les débats c'est dans le meilleur des cas ; généralement la population se tape dessus) et ne sait plus à qui faire confiance. Plusieurs tendances s'opèrent néanmoins dans ce chaos où les grandes têtes de l'ordre religieux et de la royauté sont mortes ou ont disparu :
- Ceux qui voient Primaël, Tamara et Ivahnoë comme des sortes de messies, venus délivrer le peuple. Le pouvoir devrait donc leur revenir. À noter que Tamara jouit d'une véritable popularité chez les femmes.  
- Ceux qui voient Garance/Placide comme la solution à adopter (ils viennent d'un Royaume qui était en paix et prospère avant l'invasion de Judas et sont de sang royal)
- Ceux qui voient Anthonius comme le souverain légitime (puisque c'est l'enfant de Balthazar et de la Reine défunte, Wesphaline).
- Ceux qui pensent qu'il faudrait allier les trois précédents afin de créer un ordre nouveau.
- Ceux qui ne jurent que par les tradition et par la religion (et qui rejoignent assez ceux qui soutiennent Anthonius)
- Ceux qui pensent qu'il serait mieux de se rendre à Judas puisque cela clôturerait les guerres définitivement, personne, selon eux, n'osant s'attaquer au Roi.
- Les autres qui peuvent avoir des pensées diverses et variées (exemple : il serait bien de confier le royaume à un trafiquant de drogue / quelqu'un qui s'y connait en affaires, même si ces affaires sont plus que douteuses).

Le Royaume est également instable sur la question de la faute de la situation actuelle (en fonction des convictions, certains accusent les réfugiés du Royaume de Lieugro d'être à l'origine des problèmes alors que d'autres pensent qu'ils sont venus délivrer le peuple etc...) et sur la question des relations entre les hommes et les femmes. Les femmes ne décident a priori plus pour les hommes dans le chaos mais certains hommes en profitent pour tenter de leur faire payer ce qu'elles ont pu leur imposer par le passé alors que d'autres sont incapables de prendre des décisions seuls. Certaines femmes désirent céder volontiers le commandement alors que d'autres s'y accrochent.

Plusieurs quartiers ont été brûlés, détruits ou pillés et beaucoup d'habitants se retrouvent à la rue, sans argent, alors que d'autres ont réquisitionné des zones qu'ils protègent avec des armes.

La question du Royaume de Lieugro se pose également puisque les réfugiés veulent toujours récupérer le territoire. Des locaux y voient aussi une opportunité et les trafiquants d'armes se frottent les mains à l'idée d'une guerre à venir, en plus du chaos déjà existant sur place.

Rps importants
------ Jeux de mains, jeux de vilains - Merlin, Zébella et Judas
------ Sous le magnolia - Ezémone et Nicodème
------ Mon preux chevalier - Adolestine et Alembert
- Le Royaume de Lieugro - Le vieux Roi
----- Le retour du légendaire pipou - Irène et Gustave
- Le Royaume de Lieugro - La chute du vieux Roi
- Le Royaume de Lieugro - L'avènement du Roi sadique
----- La fuite - Adolestine
- Le Royaume de Narfas - La révolte de Narfas
----- Les fuyards - Zébella et Childéric
----- On annonce une tempête - Judas et Coline
----- Le Maître de la forêt - Merlin et Adénaïs
- Le Royaume de Lieugro - La chute du Roi Sadique
------ La dispute - Ezémone et Nicodème
------ Par le pouvoir d'un mot, je recommence ma vie - Zébella et Adénaïs
------ Tremblement dans le monde

Compte du nombre de messages


Du Royaume de Lieugro :
- Hélène (Garance) : XXV
- Ikar (Placide) : VII
- Dastan (Ludoric) : XXV
- Adriaen (Lambert) : IX
- Yngvild (Rosette) : XXV
- Erasme/Ilias (Clémentin) : IX

Du Royaume de Narfas :
- Aäron (Balthazar) : VII
- Jil (Anthonius) : XVI
- Eméliana (Tamara) : VIII
- Zeryel (Adolphe) : XIX
- Lysium (Melchior) : XVI
- Sympan (Gao) : VII (mort)
- Oriane (Pénélope) : XVII
- Lorcán (Ivanhoë) : XVI
- Lazare (Primaël) : XVI
- Orenha (Luthgarde) : XV
- Jezeṃiās (Sextus) : VIII
- Blu (Herminiette) : VIII
- Seiji (Marcellin) : XV

Deadline Tour n°9


Dimanche 2 juin à "18H" | Je posterai à 20h00 max (si ça change j'éditerai)

Il reste 1 tour (le RD se finira la semaine du 3 juin) ! Hé oui ! C'est la vie ! La vie est pleine de tristesse !

Gain Tour n°9


- 1 point de spécialité au choix
ET
- Un tableau qui représente la scène du conte de votre choix (à décrire). Cette scène hantera les nuits de votre personnage.
ET
- La popularité nationale Fae (pour les personnages qui ne l'ont pas)
- Le titre "Élu(e) des Portes" (pour les personnages qui ne l'ont pas)
- Sentiments partagés : les sentiments de (nom du personnage) ont tendance à se mélanger à ceux que votre personnage ressent dans la réalité pour les individus ayant incarné les autres personnages du conte. (pour ceux qui ne l'ont pas)

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Zeryel
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Zeryel
Lun 03 Juin 2024, 07:41

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Les Portes V ; Narfas
Lorcán, dans le rôle d'Ivanhoë, l'assassin




Rôle - Ivanhoë Emmog:

L'épaule solidement bandée, Ivanhoë n'avait pas bougé de son tabouret après que le médecin soit parti. De là où il se tenait, il avait l'avantage de ne tourner le dos qu'au mur, et à pouvoir surveiller les groupes qui s'étaient formés. Il présentait aussi l'avantage de ne pas avoir à faire face à Primaël. Les efforts déployés pour celui-ci pour feindre la normalité ne l'avaient pas dupé. Dans son coin, l'assassin avait commencé à se questionner. Et s'il ne voulait plus de lui à ses côtés après ce qu'il avait fait ? Et s'il ne lui pardonnait pas ? Il ne lui avait pas répondu, et l'arrivée du prêtre avait écarté toute possibilité de davantage s'expliquer. Il expira un soupir et quitta des yeux Luthgarde qui semblait en proie à ses propres tourments. Tout le monde avait eu les nerfs éprouvés cette nuit, lui-même n'avait pas fait exception.

Un bruit lointain d'acier claquant contre acier arracha Ivanhoë à sa surveillance. Les soldates présentes dans la salle réagirent comme lui et se redressèrent, cherchant l'origine de l'anomalie. Des clameurs étouffées leur parvinrent et Ivanhoë comprit que ça venait de l'intérieur du palais. Le suspense n'eut pas le loisir de chatouiller les nerfs de chacun, les portes sur un côté de la salle claquèrent et se ruèrent à l'intérieur des hommes armés aux lames déjà gorgées de sang. L'assassin sauta sur ses pieds, son poignard comme matérialisé dans sa main. Il avala en courant les mètres qui le séparaient de Primaël. Il ne fut pas le seul à arriver sur lui. Un torrent caverneux noya tous les sons environnants à la vue de l'homme qui levait son cimeterre. Ivanhoë poussa sur ses jambes et le percuta de plein fouet, échappant d'un cheveu au fil de sa lame. Dans le même mouvement, il leva la sienne pour la planter dans la gorge de son assaillant. Il imprima à son poignet une torsion pour ouvrir une bouche béante et gargouillant des flots de sang. Il entendit avant de le voir un autre courir vers eux. Sans prendre le temps de se relever, il envoya ses pieds le faucher qui, emporté dans son élan, chuta lourdement au sol. Ivanhoë arriva sur ses reins et attrapa ses cheveux pour lui faire subir le même sort qu'à son compère. Il se releva, les yeux écarquillés et les mains cramoisies. Sa poitrine se soulevait de façon erratique. Il avait le cœur qui tonnait à grand coups comme si lui aussi voulait sortir se battre. Il jeta un regard sur l'ensemble de la salle. Il ne cherchait pas à savoir qui ou comment, il cherchait juste à repérer les hommes les plus proches. Les soldates ne s'étaient pas éternisées dans la stupeur et s'étaient adaptées à ce changement de programme aussi rapidement que lui. Il entendit le prêtre pousser un juron. L'assassin partageait son avis. Ils étaient nombreux, et ils n'étaient pas de simples civils s'il en jugeait comment ils tenaient en difficulté les femmes de Tamara.

Son épaule rugissait de souffrance d'être si vite resollicitée et il jura à son tour entre ses dents serrées. En pleine possessions de ses capacités, il doutait d'avoir une chance de s'en sortir. Cette configuration laissait trop de place à l'inattendu pour le laisser optimiste et il était plus habitué aux mises à mort discrètes qu'aux conflits denses où les armes s'entrechoquaient à la volée et où l'on se battait dos à dos. Or là, il était blessé, ses muscles sur le côté gauche rechignaient à lui obéir. Il se baissa pour attraper une dague coincée dans sa botte et se retourna pour la plaquer de force dans la main de Primaël. Fermement, il lui saisit le bras. « Il faut partir. Maintenant. » Il ignora Sextus à côté. Il se fichait du prêtre, il se fichait de tout le monde sauf de lui.

Brusquement, il poussa Primaël vers une des fenêtres les plus proches qui donnaient sur les jardins royaux. « Vas-y en premier, je te suis. » Il se mit dos à lui, son poignard dressé. Quelques uns avaient surpris leur manège et coururent sur eux. Il attrapa une autre dague et les attendit, les genoux fléchis et les coudes souples. Dès qu'ils furent à sa portée, il se faufila sous la garde du plus proche et planta sa lame dans son aisselle jusqu'à la garde. Il la retira d'un geste sec et pivota juste à temps pour lever son bras et bloquer l'épée qui visait son crâne. Il grimaça en levant son bras endolori mais lutta contre la barre d'acier logée dans son épaule pour enfoncer plusieurs doigts d'acier dans l'œil de l'homme. Un cri étouffé saillit d'entre ses lèvres quand une vive brûlure lui taillada la hanche. Il baissa les yeux au moment où la dague se retirait de sa chair et se retourna pour faire face à l'homme. Un rictus de douleur et de rage lui tordait la bouche. Il raffermit sa prise sur sa lame et recula vers la fenêtre. Quand il sentit le mur buter contre ses talons, il envoya son poignard se planter dans la poitrine de l'homme puis pivota pour franchir la fenêtre.

Message IX | 906 mots

Je te laisse répondre avec Primaël en premier, je ne sais pas quoi faire de Sextus encore (à mon avis, il bug) et Ivy n'a pas l'air intéressé par le garder en vie /sbaf

Pour Ivy, je sais pas s'il va s'en sortir vu qu'il a pris un coup de couteau, je lancerai un dé au prochain Narfas les portes - | Les Portes V - Cette fois je ne fais pas l'erreur de donner un titre à l'avance | - Page 10 4116475107
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Kitoe
Mar 04 Juin 2024, 22:52

Herminiette
Les portes - Narfas
Rammstein - Deutschland
MEIN HERZ IN FLAMMEN


Depuis la veille, la patience de l’Ombre s’égrainait. Pour des raisons liées à son expérience, la prise en main de ses émotions à mesure qu’elle avait vieilli, le processus était devenu lent. Il avait toutefois le mérite d’exister et, arrivé à un certain point, d’être considéré.

Ce n’était un secret pour personne : Marcellin était un problème. Techniquement, sous la législation actuelle, Marcellin avait le droit d’être un problème. Mais la tolérance de la bleue se restreignait considérablement à partir du moment où l’insolent entrait dans son espace vital. Pire encore quand il exposait sa philosophie déplorable devant celui et celle qui avaient tous perdus à cause de la folie de Judas et de ses enfants. Elle pouvait lui accorder un brin sa transparence, mais sa présence lui était assez insupportable à cette heure-ci. S’ils avaient été à la maison, Herminiette lui aurait demandé de la fermer en bonne et due forme. En public, c’était différent : puisqu’elle souhaitait représenter la voie de la paix, elle devait se comporter selon la méthode scientifique : droite, cartésienne, et surtout pas aveuglée par le seul jugement que portaient ses émotions pour elle.

Il y avait un bourdonnement dans l’air, des tintements métalliques, dissonants et irréguliers, mêlés à des éclats de voix rauques. Lorsqu’on se concentrait suffisamment et que l’on faisait fi des discussions qui se tenaient dans la pièce, il entendait ce bruit de fond dérangeant qui ne présageait rien de bon. Herminiette ne l’entendit pas plus vite que les autres. En fait, elle n’en réalisa l’existence que lorsqu’il fut trop tard et que les portes de la grande salle s’ouvrirent avec fracas. Chez les soldates, la rumeur qui s’était élevée éclata soudain et elle se ruèrent vers les hommes qui venaient de faire irruption. Herminiette effectua un mouvement en arrière. La situation dégénérait à une vitesse ahurissante. Elle pivota, se tourna brièvement vers son colocataire, puis se plaça face à Garance et Lambert.

-Il faut sortir d’ici.

Elle ne comprenait pas bien ce qu’il se passait, mais elle avait articulé cette phrase comme si c’était la chose la plus simple et la plus évidente à faire, avec un calme froid. Elle n’était pourtant pas calme du tout. Elle craignait pour sa vie autant qu’un autre. Ses yeux parcoururent la pièce à toute vitesse. Déjà, le sang se répandait çà et là. Mais Herminiette ne voyait pas les gens – elle ne les voyait plus. Son seul objectif était de trouver une issue, vite. N’importe laquelle.

-La fenêtre. Vite.

Elle avait saisi d’une main ferme les bras des deux ressortissants de Lieugro et se dirigeait vers l’ouverture la plus proche. Elle ouvrit les loquets avec une telle force qu’elle en déforma certains, puis écarta les battants avec une telle précipitation qu’elle manqua d’en briser les carreaux lorsqu’ils heurtèrent les murs, dans l’angle opposé. Elle se pencha en avant. La chute allait faire plusieurs mètres, mais il y avait des buissons en contrebas. Elle avait aperçu un autre individu user de la même méthode avec Primaël. Ce devait être faisable. C’était faisable. Les probabilités étaient claires : ils auraient davantage de chances de s’en sortir qu’en attendant de se faire égorger ici comme des gorets. Dans le pire des cas, quelques fractures n’allaient pas les tuer. L’adrénaline qui circulait dans leurs corps les empêcherait d’avoir trop mal et ils auraient le temps de se mettre en lieu sûr, où ils pourraient être soignés. C’était simple, très simple.

-Sautez.

Ce n’était pas une suggestion ; c’était un ordre, qu’elle accompagna d’un geste ferme. Une fois qu’ils seraient sortis d’ici, ils trouveraient l’un de ses espions. L’oiseau les guiderait vers un endroit secret, calme, où ils pourraient souffler et réfléchir à la suite des événements.

Avant de s’engager elle-même dans l’ouverture, Herminiette jeta un coup d'œil par-dessus son épaule.

-Luthgarde ! Appela-t-elle.

Jamais elle n’avait haussé la voix ainsi. Son cri avait ressemblé à une espèce d’aboiement autoritaire sans qu’elle eût besoin d’y mettre le moindre effort.

-Luthgarde !

Le visage déformé par la peur, elle scruta le tumulte dans la pièce, mais la panique semblait toujours l’empêcher de voir. Un nœud se forma dans sa gorge. Un homme surgit soudain dans son champ de vision. Sans réfléchir, Herminiette brandit sa main pour parer le poignard qu’il avait levé en direction de son cou. La lame s’enfonça dans sa paume. La bleue serra la mâchoire et repoussa l’attaque. Une longue estafilade marqua son avant-bras. Son sang coula abondamment sur le sol ciré. Elle n’avait pas le temps de contre-attaquer, ni même de reprendre son souffle. Appuyée contre le rebord de la fenêtre, l’Ombre bascula simplement en arrière.

La théorie aurait voulu qu’elle vérifiât au préalable si le point de chute en contrebas était dégagé, qu’elle fît tomber le bas de son corps en premier et qu’elle gardât les bras croisés contre sa poitrine. C’était, théoriquement, la manière la plus sécurisée de sauter par une fenêtre, par exemple en cas d’incendie. A ce moment-là, Herminiette avait loupé toute la théorie. Dos au sol, elle n’avait pas regardé la disponibilité du buisson et c’était son buste qui chutait en premier. Ses bras et ses jambes se laissaient malmener par l’accélération de la descente et l’absence de support tangible. A la place d’appliquer toutes ces consignes, Herminiette avait fermé les yeux, en tentant tant bien que mal de reprendre le contrôle sur son souffle. C’était terrifiant, et surtout interminable. Jamais la gravité ne lui avait paru aussi faible, inefficace, alors qu’elle n’en avait jamais autant dépendu. Elle devait se concentrer pour ne pas perdre ses moyens et pour cela, elle s’efforçait de penser à la suite, tout en sachant pertinemment qu’elle se répétait un mensonge. Après cette chute, avec un peu de chance, le plus difficile serait fini.

959 mots
Peut-être qu'elle va se briser la nuque, ou qu'elle va se vider de son sang comme Placide au RD-1 quand il cherchait à faire son intéressant. On saura l'année prochaine 8D /sbaf/



Bijin
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