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 | Les Portes Chapitre V - L'arrivée à Narfas |

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Adriæn Kælaria
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Adriæn Kælaria
Mer 10 Mai 2023, 23:18

| Les Portes Chapitre V - L'arrivée à Narfas | - Page 5 Zwbn
Image par Kelogsloops
Les Portes - Chapitre V - L'arrivée à Narfas



Rôle:

« Toi aussi. » Il avait répondu d’une façon bien trop rapide pour que le propos pût être calculé. Elle aussi présentait plusieurs signes de grossesse. Elle avait parfois des maux de ventre et des vertiges. Quant à Rosette, c’était impossible. C’était ce qu’il avait jugé dans la voiture, bien avant de se présenter à leurs hôtes. Pourtant, depuis, il ne cessait d’y penser. Et si Garance avait raison ? Non. Les larmes de sa fille ne pouvaient pas être dues à ce genre de problèmes. Elle ne pouvait pas avoir… Si ? Non. Bien sûr que non. Quand auraient-ils eu le temps de… ? « Hum. » Il fit claquer sa langue contre son palais, ce qui le tira brièvement de ses pensées. Il ne faisait jamais ça. Ça ne lui ressemblait pas. Jamais nul bruit de bouche ne venait ponctuer ses réflexions. Alors pourquoi est-ce que celui-ci lui avait-il échappé ? « Ce petit con… » Il songea que ce surnom allait devenir régulier. Si Rosette avait été bien élevée et qu’elle n’aurait jamais cherché à toucher un garçon avant le mariage de son plein gré, ce n’était pas le cas de Clémentin. Élevé avec le peuple, il avait dû déjà entrer dans la caverne. Combien de cavernes y avait-il eu ? Lambert se frotta les yeux. Ce n’était pas possible. Rosette ne l’avait probablement pas laissé faire. Elle avait dû lui exposer un non ferme et catégorique, celui de toutes les jeunes filles de bonne famille. Son regard, pourtant, courut sur Garance. Il n’était pas un homme du peuple et elle était une jeune fille de bonne famille à l’époque. Ça ne les avait pas empêchés de copuler comme des lapins des prairies pendant la saison des amours. Montarville, si ton fils a mis enceinte ma fille, je… Il allait faire convoquer tous les chamans et sorciers du Monde jusqu’à trouver celui qui lui permettrait d’avoir une discussion musclée avec le décédé. Il l’entendrait l’insulter et ses insultes feraient trembler tous ses ancêtres, jusqu’aux racines de sa dynastie de têtes couronnées. Quant à Garance, il ne pensait pas qu’elle pût être enceinte. Enfin… Non. Aucune femme n’était enceinte, ni de lui, ni de Clémentin, ni de personne.

« Oui ? Étrange… » Lambert n’avait subi aucun examen lorsqu’il s’était rendu à Narfas par le passé. Néanmoins, il était peu accompagné à chaque fois et il s’agissait d’affaires. « Garance, je ne pense pas que Rosette soit enceinte. Clémentin et elle ont à peine commencé à se fréquenter. J’ai toujours cru qu’elle était secrètement amoureuse de Natanaël d’Ukok en plus… » Qui était promis à la meilleure amie de sa fille, au passage. Le fait qu’elle semblât attachée au palefrenier l’avait beaucoup interrogé. « Ils ont dû se rencontrer pendant le bal. » Le bal lui semblait à la fois très lointain et très proche. Néanmoins, ce n’était pas assez lointain pour qu’ils eussent pu se rapprocher à ce point. Avec le voyage, l’anxiété accumulée et le manque d’intimité, c’était impossible. Et pourtant, l’idée ne le lâchait plus. Il attacha son regard sur Garance. Il savait parfaitement que les conditions qu’ils vivaient actuellement n’arrêtaient pas le désir. Mais enfin… lui avait de l’expérience. Ce n’était pas le cas de sa fille. Donc non. Garance se trompait. « Si seulement Judas pouvait faire une chute dans les escaliers de son palais… » Simple et efficace. Il croisa les bras sur son torse. Pour le traitement que leur réserverait Narfas, elle avait raison. Ils devaient s’attendre à tout, bien que Lieugro et Narfas n’eussent jamais été ennemis. Une entente cordiale existait. Des échanges avaient toujours eu cours. Certes, ils n’étaient plus d’actualité, mais Uobmab restait un problème que bien des Royaumes partageait. La discussion serait possible, il n’en doutait pas. « Nous sommes soudés. » lui murmura-t-il, en passant à côté d’elle. C’était presque vrai. Presque.

En passant par les portes de la salle du trône, Lambert reprit le visage qu’il n’avait que très rarement quitté depuis toutes ces années : celui de conseiller royal. Il était résolu à appuyer Garance et à prêter sa voix pour l’avenir de Lieugro. Néanmoins, alors qu’il l’imitait, en saluant et en remerciant, son regard se bloqua sur le faciès de la Reine, Wesphaline de Narfas. Il retint à temps, heureusement, le haussement de ses sourcils et baissa rapidement les yeux, comme s’il venait de se brûler. Il n’était plus aussi émotif que lorsqu’il était enfant mais les souvenirs de cette femme le tourmentait encore parfois. Il avait jouée et rejouée leur dernière nuit dans sa tête maintes et maintes fois pour tenter d’y apporter une autre fin que celle qui s’était réellement déroulée. Il n’avait pas agi de façon réfléchie. Il avait paniqué et s’était comporté d’une façon maladroite. Néanmoins, le fait que cette femme pût être la Reine… Elle ne le lui avait pas dit. Jamais. Il se reprit. « Votre Majesté, je suis ravi de vous rencontrer de nouveau, malgré les circonstances. » Il avait discuté d’accords économiques avec le monarque à l’occasion de sa visite la plus longue, de nombreuses années auparavant. Il n’était pas encore marié à Madeline à l’époque et venait de rompre avec Garance. Cela faisait bien vingt ans qu’il n’était pas revenu. Balthazar savait-il pour Wesphaline et lui ? Il en doutait… Il l’espérait.

886 mots



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Miraneiros
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Miraneiros
Jeu 11 Mai 2023, 06:38

| Les Portes Chapitre V - L'arrivée à Narfas | - Page 5 Lisa-b10
Image : 2ha - Mo Ran to the Underworld by Lisa Buijteweg
Les Portes : L'arrivée à Narfas
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Je reculai d'un pas, m'éclipsant sous l'ombre du balcon pour me dérober à la vue des visiteurs, puis tournai les talons en direction de Gaspard, qui était resté en retrait à l'intérieur du bâtiment. Libérant furtivement le souffle que je contenais au creux de ma poitrine, je me frottai doucement les poignets, éprouvant la chaleur des bracelets qui les ornaient m'échauffer le bout des doigts sans pour autant les brûler. Il n'avait fallu que quelques minutes, à m'exposer au soleil, pour attiser la température de l'or dont était garni mes parures, à commencer par ma couronne que je ne retirai pas malgré le léger inconfort qu'elle me procurait. À l'instar de mes autres bijoux, je savais qu'elle n'était pas assez chaude pour laisser des marques indésirables sur ma peau, accoutumée au climat impitoyable du pays. Machinalement, mon regard se braqua dans celui du Grand Prêtre, à qui je partageai quelques directives supplémentaires. « Puis-je vous confier la responsabilité de convoquer Gao D'Eésnep demain au palais? Je remets entre les mains de l'Église, et des vôtres également, le devoir de superviser les opérations d'ensemencement et, le cas échéant, de la terminaison des grossesses non-désirées. » L'expertise du personnel religieux se montrerait très précieuse afin de réduire les risques de complications, mais surtout afin de garantir le bon déroulement de ce projet d'envergure sur lequel nous placions tant d'espoirs. « J'autorise également que vous passiez une commande auprès de son frère, Melchior D'Eésnep, pour nous procurer des produits qui stimulent la fertilité. Je veux qu'il nous fournisse ses meilleures marchandises. Et les plus puissantes aussi. » J'espérais que le commerçant saisirait le message que je tentais de communiquer en spécifiant la nature des articles qui m'intéressaient. La coopération des réfugiés de Lieugro étant tout sauf assurée, je devais prendre les dispositions les plus appropriées pour atteindre mes objectifs. Aux grands maux les grands remèdes, comme disait le proverbe. « Quant aux produits abortifs, je vous demanderai d'attendre les résultats des examens médicaux avant d'en faire la commande. Nous n'achèterons seulement la quantité dont nous avons besoin pour en limiter l'accès. » La dernière chose dont nous aurions besoin, c'était que l'une de ces femmes aient la brillante idée d'en voler un en surplus afin d'échapper au sort qui l'attendait. Chacune d'elles seraient surveillées, bien entendu, mais nous n'étions jamais trop prudents. Le désir de rester maître de son corps était puissant, suffisamment pour justifier la mise en place de barrières plus ou moins contraignantes à leur encontre. Si elles acceptaient de coopérer, tant mieux, sinon, nous serions irrémédiablement forcés de resserrer les vis, juste assez pour ne pas compromettre de manière irréparable nos relations diplomatiques. C'est pourquoi j'envisageais de faire signer un contrat à leurs délégués royaux, notamment afin de légitimer l'application du tribut sous l'image d'une entente réciproque et officielle. « Oh, et prévoyez aussi l'envoi d'un garde compétent à leur demeure. » précisai-je. « Je veux que la surveillance de Zébella D'Uobmab soit davantage renforcée. » Si cette fonction était en toute vraisemblance pourvue par un soldat de Lieugro, je me sentirais plus rassuré d'avoir, en plus, un membre de notre armée pour la garder étroitement à l'œil. Donner l'asile à une D'Uobmab, même prisonnière, au sein de la cité royale de Narfas éveillait naturellement ma méfiance. Cette famille était trop imprévisible.

« Quoi qu'il en soit, une fois que les représentants de la couronne de Lieugro nous donnerons leur accord... » Je m'interrompis brièvement –  à peine une fraction de seconde – en notant du coin de l'œil l'éclat cuivré d'une chevelure familière parmi la foule de servants qui déambulaient à travers la pièce, avant de reprendre le fil de ma pensée comme si de rien n'était : « ...nous pourrons débuter l'opération. » conclus-je d'une voix ferme, alors que mon attention s'égarait de nouveau vers la silhouette de Tamara. « Veuillez m'excuser. » dis-je à l'intention de l'ecclésiastique. M'approchant de la Cheffe des Armées, je rivai mes yeux dans les siens sans exprimer la moindre émotion, à l'exception d'une main que j'enroulai discrètement autour de son poignet pour l'attirer à l'écart, en dehors de la salle du trône. « Êtes-vous venue me faire un rapport? » lui demandais-je avec un sérieux qui cachait néanmoins un sous-entendu, moins sage qu'il n'en paraissait à première vue. Personne, à ma connaissance, ne l'avait conviée à se présenter en ces lieux. Pourtant, dès que je l'avais aperçue par-dessus l'épaule de son frère, j'avais immédiatement compris pourquoi elle était là. C'était risquée, mais j'avais un peu de temps à lui accorder avant l'arrivée des invités. Pour discuter, et bien plus encore.



À mon retour, Wesphaline et Jésabelle se trouvaient déjà dans la salle du trône. Les saluant d'un petit mouvement de tête, je parcourus élégamment la distance qui me séparait de mon siège sur lequel je m'installai dans une ondulation de tissus. Les traits sereins, rien ne semblait indiquer que je venais de commettre l'adultère – pas même un cheveu mal placé, un vêtement froissé ou une trace de parfum inhabituelle. Ma couronne et mes bijoux reposaient parfaitement droits à leur place, enterrant ainsi les dernières preuves de mon méfait. Lorsque Garance et Lambert traversèrent les portes de la salle, mon regard se fixa directement sur eux. D'après les informations que Tamara m'avait soufflé à l'oreille, le conseiller et la régente avaient eu une liaison qui s'était possiblement soldée par la naissance d'un enfant : Alembert De Lieugro. La réaction, bien que subtile, qu'eût le D'Eruxul après avoir établi un contact visuel mon épouse me laissa songeur, mais je n'émis aucun commentaire. Au lieu de quoi, je me contentai simplement de répondre à leurs salutations en bonne et due forme : « Au contraire, il s'agit pour nous d'un honneur de vous accueillir entre nos murs. Votre frère, feu Montarville, n'était pas seulement un allié, mais aussi un ami proche. Mes plus sincères condoléances. » adressai-je avec respect à la sœur du Roi décédé. « Il est vrai que notre dernière rencontre remonte à bien longtemps. » acquiesçai-je en pivotant la tête vers Lambert. « C'est regrettable que nos retrouvailles doivent se dérouler en des circonstances aussi désolantes. » Même si ma voix conservait un ton posé, je m'exprimais avec sincérité pour maintenir un climat de confiance, en dépit du sujet épineux que je m'apprêtais désormais à aborder. « En vertu de l'alliance qui unit nos deux Royaumes, nous désirons également parvenir à un arrangement qui nous conviendrait à tous. » commençai-je de façon mesurée. « Nous n'avons pas l'intention de refuser l'aide que vous souhaitez assurément obtenir, mais ma position m'oblige à considérer les besoins de mon peuple et de ma nation en priorité. Votre Sainteté, je vous prie. » déclarai-je en cédant la parole à Gaspard D’Epilut. L'influence de l'Église faisant foi d'une autorité comparable à la mienne, je lui laissai le soin de dévoiler nos principales conditions.

✠ 1 145 mots

Balthazar a accepté l'invitation de Tamara et j'ai supposé qu'ils avaient un peu discuté avant de s'amuser nastae

D'ailleurs, comme je ne l'ai pas spécifié dans mon message, je te laisse décider comment les gens de Lieugro ont été répartis dans chaque famille, Fawëlysa!


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Min Shào
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Min Shào
Ven 12 Mai 2023, 00:07

Les portes - Chapitre V
Lénora


Je me laissai entraîner dans la tente d'examen qui avait été réservée aux femmes domestiques. J'avais le tournis, assaillie par la chaleur et un surplus d'informations. Clémentin qui introduisait Rosette comme sa fiancée... j'avais manqué de m'étouffer dans ma salive. « Tenez, buvez. Quel âge avez-vous ? » La voix de la professionnelle trahissait un désintérêt total pour ma situation. Je déclinai mon identité et répondis à ses questions, contrôlant ma respiration pour ne pas trahir mon inquiétude. « Êtes-vous enceinte ? » Mon regard se tourna vers la professionnelle. Je laissai un silence s'installer entre nous. C'était direct. « Alors ? La réponse est simple », trancha-t-elle du même ton qu'elle aurait employé avec un enfant récalcitrant.

« Je... ne sais pas », mentis-je en baissant les yeux. Je feignis un trouble pour masquer mon mensonge. « Je vois. Avez-vous eu des rapports sexuels récemment ? N'oubliez pas... cette conversation restera confidentielle. » Son ton se voulait rassurant, mais elle maintint une distance entre nous, visiblement agacée que cet entretien s'éternise. « Oui... plusieurs. Je crois. Le soir... du Bal », ajoutai-je en me tripotant les mains nerveusement. La brune pencha la tête sur le côté et croisa les jambes, intriguée. « Vous... croyez ? » Répéta-t-elle avec plus d'empressement. « ... » Je serrai les poings sur le tissu de ma robe et baissai la tête un peu plus. Elle comprit mon trouble et en tira les conclusions qui lui seyaient. Peu m'importait : d'expérience, semer le doute sur la question était la meilleure solution pour s'éviter tout problème.

________________

Je devais redoubler d'efforts pour me concentrer. Une masse d'éléments se bousculait dans mon esprit, alors que je tentais de les relier pour estimer la tenure des négociations à venir. Outre l'apparition remarquée du Roi, j'avais noté que beaucoup semblaient lui vouer un respect sincère. La Cour paraissait solide, mais il y avait toujours des dissensions, encore fallait-il les trouver. « Oh... » Je feignais être impressionnée par l'étalage de la collection d'Adolphe D'Epilut. Il était issu de la famille la plus puissante aux côtés de la Royauté. Pourtant, il ne semblait pas se reposer sur ses lauriers, contrairement à beaucoup d'hommes issus de bonne naissance à Xirtam. Mais ce n'était peut-être qu'une impression.

Mes yeux se portèrent sur la main de Childéric qui soupesait l'arme. Mon poing serra légèrement ma robe. J'avais déjà effectué ce geste auparavant, la veille de ma fuite. J'avais pressé la lame contre mon bras. Si je n'avais pas fui, serais-je encore en vie ? Le souvenir de la douleur était encore vif dans mon esprit et je tressaillis. Les domestiques surgirent dans le couloir pour nous mener à nos appartements et coupèrent court à la discussion. Je fus gênée en apprenant que je ne serais pas traitée comme n'importe quel autre domestique et me contentai de remercier poliment Adolphe, désireuse d'échapper à tous ces regards inquisiteurs. J'étais plus vulnérable que jamais ici. Je n'avais pas le droit de flancher.

« Je vous remercie de nous avoir accompagnés, Messire. » Nous suivîmes les domestiques et je les scrutai du regard. J'étudiai leurs tenues, leur démarche et leurs regards fuyants. Ils étaient plus attachés au protocole qu'à De Lieugro. Les places pour servir au palais étaient certainement chères. « Eh bien, Sire... je vais m'installer et je reviendrai vers vous si besoin », dis-je à Childéric d'une voix plus détendue, mon regard s'accrochant à lui comme à un rocher. « A tout à l'heure. » Je m'inclinai, consciente que nous étions observés, et partis dans ma chambre, plus proche des départements des domestiques.

________________

Après une rapide toilette et avoir rangé mes valises, je m'assis quelques minutes sur mon lit pour réorganiser mes pensées. Une torpeur m'avait assaillie à la seconde où j'avais été laissée seule dans cet endroit inconnu. J'avais perdu tous mes repères en partant De Lieugro, un Royaume que je n'avais pourtant jamais pu considérer comme chez moi. Ce départ avait tout remis en perspective. J'avais repensé à mon exil, à la rencontre d'Adolestine, puis à celle de Montarville. Enfin, l'éclat de la lame dans la main de Childéric ne me quittait plus. J'étais en colère. Je me maudissais pour la décision que j'avais prise avant mon mariage. A l'époque, j'avais choisi entre le suicide et l'exil. J'avais été si faible.

Depuis, je m'étais endurcie et une flamme vengeresse avait pris forme dans mes entrailles. Elle avait été allumée par Merlin, ce tyran qui avait tant de points communs avec mon ancien fiancé. Et depuis, elle me consumait petit à petit. Je n'en pouvais plus de tolérer autant d'injustices. Mon abnégation avait été mon bourreau. *J'en ai assez de fuir, assez de courber l'échine*, avais-je pensé. *Je dois être forte. Comme Ernelle.* Le visage de mon amie m'était apparu, puis avait laissé place à celui de Childéric. Lui aussi était fort. Ce voyage avec lui m'avait élevée, comme si son aura avait coulé sur la mienne. A ses côtés, je me sentais capable de me surpasser.

J'avais donc décidé de revenir à mes tâches. Mais avant de frapper à la porte de Childéric, une hésitation m'avait stoppée net. Il avait insisté sur le fait que j'avais la liberté de vaquer un peu. Cela signifiait-il qu'il souhaitait être seul ? Et pendant ce temps, que pouvais-je faire, moi ? Je tournai la tête et repensai à cette discussion sur les bains. Depuis quand n'en avais-je pas pris un ? Ma mémoire était floue. Ce confort m'avait manquée au cours des premiers mois. Pourquoi ne pas en profiter, pour une fois ?

J'arrivai au bain sur la pointe des pieds, peu désireuse de déranger d'éventuels nobles qui s'y prélasseraient. Mais mes lèvres s'entrouvrirent de surprise en reconnaissant les épaules et les cheveux du Chef des Armées. Mon coeur bondit et je me figeai, en proie à des sentiments contradictoires. Son appel était si fort, sans qu'il ne le sache... j'avais déjà fait des écarts à cause d'un désir qui avait pris naissance au cours de cette nuit dans l'atelier d'Ernelle. Alors, ma volonté s'écrasa sur le moindre prétexte : peut-être avait-il besoin d'aide, pour lui laver le dos, par exemple.

Mon corps ne m'obéissait plus. Cet homme avait éveillé quelque chose de viscéral en moi et je ne pouvais plus faire marche arrière. J'avais déjà ressenti du désir, mais jamais avec autant d'intensité. Être à proximité de lui était devenu un besoin vital. Je m'approchai du bain, le souffle court, puis aperçus son bras adossé à la pierre. L'humidité de la pièce engourdissait mes sens. En approchant du pas de la porte, je me raclai la gorge pour signifier ma présence. Mais Childéric ne réagit pas. Soudainement inquiète, j'entrai et le contournai pour vérifier si tout allait bien. *Il... dort*, songeai-je, rassurée. Un sourire se dessina sur mes lèvres. Je me perdis dans la contemplation de son expression détendue, oubliant qu'il était totalement nu. Le brun entrouvrit la bouche et sa tête pencha dangereusement sur le côté, prête à s'enfoncer sous l'eau.

Je me précipitai vers lui et posai ma main sur sa joue pour l'empêcher de chuter. Un souffle m'échappa en sentant sa peau humide et chaude contre la mienne. « Faites attention, Sire... » m'entendis-je dire d'une voix douce. Alors, il ouvrit ses yeux et je me sentis plus idiote que jamais. J'écarquillai les yeux, interdite, et étudiai la situation : il était nu, sa tête au niveau de mes cuisses, et je remarquai une protubérance sous l'eau qui redoubla le rouge sur mes joues. « Je... » Je ravalai ma salive et me mordis la lèvre. « Vous avez besoin d'aide ? » Balbutiai-je, en agrippant maladroitement l'éponge. J'aurais dû partir, trouver un prétexte et faire demi-tour. Mais je n'en avais pas envie. Pas sans qu'il me l'ordonne. Ce que je n'espérais pas.

Mots : +1400

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Kyra Lemingway
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Kyra Lemingway
Ven 12 Mai 2023, 00:11


Les Portes V

D'un geste délicat, Pénélope ouvrit l'enfumoir pour vider les cendres qu'il contenait dans un petit pochon. Puis elle le remplit nouvellement d'encens. Des voix étrangères lui parvinrent aux oreilles. Après une œillade en direction de la pièce à côté, elle embrasa la poudre ocre et referma le récipient. A travers les rosaces qui trouaient le récipient, la fumée s'échappa lentement en un voile fin à peine visible. Pénélope soupira. Puis elle prit une profonde inspiration. Alors elle récupéra le pochon de cuir et rejoint le salon, l'enfumoir en main. Son regard s'arrêta sur les nouveaux venus. Un par un, elle les détailla longuement de la tête aux pieds avant de retenir un tchip méprisant lorsqu'elle eut fini son inspection. Minutieusement, elle remit l'encensoir à sa place, suspendu dans un coin de la pièce. Ces quelques gestes simples qui rythmaient son quotidien lui permirent de ronger son frein et ne pas intervenir avec virulence suite au boucan que faisaient leurs invités. Elle se contentait de commenter mentalement ce qu'elle se retenait de dire car, si elle avait de base une piètre opinion de ces immigrés, voir ce trio qui avait moins d'allure que des bandits de grand chemin la confortaient plus encore dans la répugnance qu'ils lui inspiraient. De vrais primates, songea-t-elle dans une expiration. Toujours muette, elle tira le tiroir de la commode à côté pour y ranger le pochon de cendres qui pendait au bout de son index. Il suffit enfin d'un mot pour que la tension qu'elle cachait ne se fraye un chemin jusqu'à ses muscles. Elle lorgna la fenêtre, où se trouvait la fille Uobmab. Celle qui osa soulever le sujet en sa présence. « A vous l'honneur Gao, qui de mieux placé que vous pour en parler ? » fit-elle en se détournant de la prisonnière pour terminer son geste, sans cacher l'amertume qui la rongeait chaque fois qu'était évoqué le passe-temps de son fiancé. « Quoique je préférerais que l'on évoque surtout le commerce de mon frère. » ajouta-t-elle en se rapprochant de Melchior. « Sans parler du fait que tout le monde peut en profiter — elle jeta une vive œillade accusatrice sur Gao — , les récits de ses voyages ont de quoi transporter l'esprit sans avoir même à mettre le pied dehors. La rêverie de l'aventure sans ses inconvénients. » développa-t-elle en enlaçant le bras du marchand avec affection, l'œil rivé sur le trio venu d'ailleurs. Surtout le brun. Qui avait eu l'idée de ramener ce paysan avec eux ? Il fallait être idiot. Pénélope papillonna alors des yeux lorsqu'elle l'entendit parler. « Les pl– ». Elle fut coupée par son propre rire. C'était bien la première fois qu'elle riait sur ce sujet qui avait, au contraire, tendance à l'irriter plus qu'autre chose. « Mon garçon, les seules plantes dont tu pourras t'occuper appartiennent à ton monde et se trouvent au-delà des murs du château. Aucune femme noble ne laisserait un domestique comme toi approcher son jardin. » lui fit-elle alors, moqueuse. De cette phrase naquit toutefois une question : pourquoi leur avait-on collé ce gueux dans les pattes ?

Elle délaissa enfin Melchior pour rejoindre la captive. Elle s'empara de ses mains qu'elle observa, puis elle coula un regard attentif au visage tuméfié de Zebella. « Le voyage ne vous aura pas épargné. ». En même temps qu'elle prononça ces mots, elle détacha la lanière qui maintenait liés les poignets de la reine déchue. « Suivez-moi. ». Elle dût néanmoins se confronter aux réticences de la Uobmab et insista tant d'un geste que d'un regard. Lorsqu'elles se furent éloignées de la pièce à vivre, Pénélope reprit la parole. « C'est étrange comme sensation de se faire enlever, n'est-ce pas ? ». Elle avait eu l'occasion d'en discuter avec d'autres femmes dans sa situation. « L'impression d'être partie si violemment qu'une part de nous est restée sur place. Ou, à l'inverse, qu'un morceau de notre terre s'accroche à nos pieds comme on trainerait un boulet. ». Elle était plutôt de cette deuxième catégorie, enchaînée à cette précédente vie et incapable de tourner totalement la page à cause de ce morceau d'Esirec qui l'accompagnait partout. « C'est ce que doivent ressentir ces mauvaises herbes que l'on arrache à la terre. ». Elle sourit. Le thème du jardinage était récurrent aujourd'hui. « Cela étant, je trouve curieux que vous soyez arrivée sauve jusqu'ici. Nombreux sont ceux qui, dans le convoi, devaient avoir mille raisons de vous tuer. ». Les ressortissants Lieugro manquaient cruellement de rage. L'impulsion de la haine se moquait de ce qui était bon et moral. Elle n'agissait que pour répondre au sentiment de colère le plus pur.
©gotheim pour epicode


Post IV | Mots 779 | Je l'ai pas écrit (enfin, j'ai surtout supprimé le passage où j'en parlais /sbam), mais Pénérigate embarque Zebou pour l'amener se faire un brin de toilette parce qu'elle est un peu minable là <3

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Ammon Bethralas
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Ammon Bethralas
Ven 12 Mai 2023, 17:57


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Les portes V - Négociation au sommet


Rôle :


L’Ecclésiastique fit mine de prendre consigne des instructions de Balthazar à mesure qu’il énonçait la teneur de chacune d’entre elles. Les aphrodisiaques de Melchior d’Eésnep, la convocation du grand Semencier auprès de sa Majesté pour honorer ses fonctions, l’encadrement et la surveillance des opérations d’insémination des charognes impies qui composaient le cortège, la fourniture au cas échéant des abortifs et bien sûr le maintien en captivité de la trublionne et tapageuse princesse d’Uobmab. Toutes ces décisions étaient des platitudes d’une banalité crasse et L’Éminence Grise en avait d’ores et déjà anticipé la portée et pris des dispositions pour leur accomplissement. Si Balthazar de Narfas avait eu le mérite d’échouer sur le trône grâce à un bon mariage et à sa docilité indéfectible envers son épouse, le Grand Prêtre avait dû accomplir de longues années d’études au Séminaire pour monter une à une les marches qui le séparait de la prêtrise. Il ne suffisait pas de réciter quelques poncifs éculés et de feindre la bienveillance et les bons sentiments pour faire l’illusion auprès de quelques hôtes de marque. Non, ici l’intelligence n’était pas en option, c’était un prérequis pour évincer tous les petits prétendants qui avaient l’arrogance d’essayer de ravir le Graal tant convoité. Le D’Eliput n’était pas arrivé là par hasard, l’acuité de son esprit lui avait permis à maintes reprises d’éviter les écueils que la sœur du roi s’évertuait à mettre en travers de sa route. Avec les nombreuses années passées à son service, le Pontife avait appris à amadouer les inclinaisons de la souveraineté de Balthazar. Le Roi édictait ses volontés et le Grand Prêtre suppléait à celles-ci. Si de par son rang Balthazar de Narfas ne s’abaissait à se salir les mains, le sale boulot imputait aux petites mains à sa solde de sorte que son blanc manteau d’Hermine ne soit jamais entaché par les futilités nécessaires à sa pleine réalisation. Le Religieux œuvrait comme l’artisan des basses œuvres pour le compte du roi et Gaspard se réservait parfois le droit d’en être le bourreau lorsque la situation ne lui en laissait d’autres alternatives. S’il n’en avait pas le titre, Gaspard s’enorgueillissait d’officier comme l’Intendant de sa Majesté. La venue de ces étrangers ne modifiait pas la donne, elle ne faisait que conforter son rôle officieux de main du roi et renforcer son emprise auprès de Balthazar. En le faisant dépositaire de ses volontés, le D’Eliput s’érigeait comme l’architecte des destinées de tous ceux qui devraient s’efforcer de montrer patte blanche faute de quoi le Grand Prêtre pourrait statuer sur leur sort. Gaspard affectionnait particulièrement ce rôle si singulier où il incarnait le maillon central et inamovible d’intrigues qui ne pouvaient être conclues sans sa collaboration. Il y avait quelque chose de jouissif à imaginer une forme de prééminence de ses actions dans une société Matriarcale où on lui en refusait délibérément les pouvoirs.

« Je procéderai naturellement en accord avec vos attentes votre Altesse. Soyez assuré de mon plein concours pour ces projets. » répliqua le Pieux en observant le monarque subitement prendre congé dans ses quartiers en compagnie de la Cheffe des armées. Lui aussi semble décidément prendre les meilleurs dispositions pour avoir les idées claires, se vider la tête ou tout autre organe renflée par la lubricité murmura l’Ecclésiastique le sourire aux lèvres.



Le palais de Narfas comportait en son sein nombre de chapelles dédiées à la prière et au recueillement. Les nobles comptaient parmi le plus gros contingent de pêcheurs parmi les fidèles de l’Église. Plus ils se drapaient dans leur orgueil, plus ils se complaisaient allégrement dans le vice et le stupre. Au fil des années, nombre de leurs secrets inavouables avaient fini par filtrer dans la confession avec le Saint Père. Sous les atours et les faux-semblants des fastes de la cour, le Culte avait une importance prépondérante dans l’existence de tout-un-chacun. Les nobles ne faisaient pas exception à la règle. La repentance pour sauver son âme et accéder au royaume du Seigneur suffisait bien souvent à guider leurs aveux. Derrière le panneau du confessionnal, le Pontife attendait impatiemment la venue de l’un de ses émissaires.

« Pardonnez moi mon Père parce que j’ai pêché »

« J’attendais ta venue mon fils. Prend ce pli cacheté du sceau royal et porte le à Gao d’Eésnep. l’Église sollicite ses services. Tache également de te rendre auprès de son frère Melchior et de réquisitionner sur ordonnance royale aphrodisiaques, stimulants érotiques, et tout autre fortifiant ou remède à même de démultiplier la vitalité, l’endurance et les performances sexuelles pour palier à toute déconvenue. D’aucuns racontent qu’il est le véritable artisan derrière le succès de semencier prolifique de son frère et qu’il tirerait commerce des relations charnelles de ce dernier. Ne te laisse pas berner par son aménité trompeuse, il se présente comme un simple marchand de feuilles de thé mais il a bien plus d’un tour dans son sac. En outre, nous aurons également besoin de procurer à ces dames des potions aux vertus dilatatrices pour faciliter l’œuvre du Grand Semencier.»

« Quant à cette Zebella d’Uobmab dont tout porte à croire qu’elle a hérité de la délicatesse et du raffinement du rustre primitif qui lui sert de père, je souhaite que tu doubles la garde et dépêches nos meilleurs agents pour la surveiller. S’il n’en tenait qu’a moi, elle croupirait au cachot au régime sec. S’il s’avérait qu’elle tente de nous fausser compagnie, fais en sorte de lui réserver le même sort que celui que lui a fait subir Déodatus d’Etamot pour briser en elle toute velléité de résistance. Je veux voir l’Aube se lever à travers sa trachée si l’occasion devait se présenter. »

« Monseigneur, si un tel scénario devait advenir, ne serait-ce pas s’inscrire en porte-à faux des volontés du roi quant à la sauvegarde de l’intégrité des invités ? »

« Les prescriptions observées pour le convoi de Lieugro ne s’appliquent pas à la D’Uobmab. Elle n’en a pas la qualité. C’est une prisonnière, une captive, nous pouvons disposer d’elle comme bon nous semble. Ceci étant, elle peut constituer une précieuse monnaie d’échange si d’aventure nous décidions de l’utiliser pour de plus amples négociations. »

« Béni soit t’il » ponctua l’émissaire selon la formule religieuse consacrée avant de se retirer.



Dans la salle du trône, les us diplomatiques faisant, le verbe protocolaire de Balthazar se déployait avec préciosité et égards pour la situation pour le moins délicate du convoi de Lieugro. L’Ecclésiastique ne pipait mot et se contentait de détailler le tandem des tristes sires pour tenter de capter vainement la moindre expression susceptible de trahir leurs sentiments profonds. La sœur de feu Montarville et le grand conseiller Royal D’Eruxul étaient accoutumés aux intrigues de palais et savaient naturellement prendre la mesure de ces évènements solennels. Peut être même un peu trop ? S’il n’avait aucune preuve pour en attester la véracité, l’idée que Garance de Lieugro ait pu supplanter son propre frère sur le trône et ourdi son assassinat avec l’aide propice de son plus proche conseiller et ami n’avait rien d’extravagant. Si les annales de l’histoire retenait que Montarville avait bien été décapité par Judas d’Uobmab, qu’en était t’il vraiment ? Ne faisait pas t’il office de bouc émissaire idéal ? Pouvait t’on seulement avoir la certitude indéfectible que le très dévoué Lambert d’Eruxul n’avait pas contribué de quelque façon à pousser dans la tombe son alter ego dépressif ?  A fortiori lorsque la fille du défunt monarque avait regrettablement été kidnappé par Judas d’Uobmab dans des circonstances mystérieuses avant d’être séquestrée par ce dernier. La disparition d’Adolestine de Lieugro ne faisait que donner plus de crédit à cette hypothèse. En d’autres termes, Garance de Lieugro manœuvrait en qualité de régente officieuse de Lieugro et c’était sans doute à ce titre que Wesphaline et Jésabelle avaient daigné lui accorder cette audience. Qu’importe les vicissitudes qui les avaient mené aujourd’hui à implorer l’hospitalité de Narfas, ils s’étaient présentés ici en sachant éperdument qu’ils auraient à rendre des comptes. Et l’addition salée s'il en est se payait sous un délai de neuf mois. Une aubaine pour eux que la maison fasse crédit. 

« Au nom du Père, du Fils et du Saint Fœtus » lança en guise d’introduction le prêtre en faisant un signe de croix.

Les iris de Gaspard se plantèrent dans ceux de Jésabelle avec une pointe de défiance, il aimait lui ravir cette place de choix sous les feux des projecteurs pour mieux lui signifier le fossé béant de charisme qui les séparait. Il était la figure tutélaire du Livre Sacré, là où aux yeux du monde, Jésabelle ne demeurait seulement qu’une fille bien née.

Le Pieux s’empara du chapelet doré à l'or fin dans la poche de sa toge, avant de laisser choir la croix finement ouvragée à son extrémité à la vue de tous.  

« Je ne vous ferai pas l’affront de vous exposer l’épineuse question démographique de Narfas. Des nobles de votre qualité ont, j’en suis certain, une connaissance approfondie des tenants et aboutissants de notre situation. Aussi, nous pouvons naturellement prendre en considération la légitimité de vos requêtes et souscrire à nombre d’entre elles. L’assistance humanitaire que son Altesse vous a fourni jusqu’à présent n’est qu’un prélude à une collaboration bien plus vaste qui suppose un équilibre des contreparties proposées pour mener à bien nos projets communs. »

« Toutefois et à la différence de votre royaume d’appartenance, vous n’êtes pas ici en terre païenne. Dans ce pays, le Très-Haut, le Miséricordieux, le Créateur pourvoit à nos destinées et nous guide jour après jour à travers ses saints commandements vers la félicité de son royaume. Les Voies du Seigneur sont de toute évidence impénétrables mais il n’en est pas de même des nôtres ou plutôt devrais-je dire des vôtres dans le cas présent. » ponctua t’il en laissant planer un léger silence avant qu’une ride ne se forme à la commissure de ses lèvres.

« Autrement dit, nous consentons naturellement à accéder à certaines de vos demandes mais nous conditionnons notre concours à l’accouplement de vos femmes avec les semenciers de Narfas jusqu’à que celles-ci soient mises enceintes et accouchent des héritiers providentiels dont nous avons tant besoin pour assurer la pérennité de cette contrée. »

« Tout naturellement, Mesdames seront accompagnées dans cette entreprise par les meilleurs éléments de nos services médicaux. Des examens gynécologiques préliminaires seront menés pour garantir la viabilité de la procréation de chacune d’entre elles et s’assurer de leurs états de santé respectifs. S’il devait s’avérer que certaines d’entres elles soient déjà enceintes, alors des abortifs seraient administrés seulement à celles pour qui nous aurions la certitude que l’intervention n’implique aucun danger pour les porteuses. »

Gaspard s’arrêta brièvement pour leur laisser digérer les termes de leur future collaboration. Son œil s’attarda sur Garance de Lieugro. Le Prêtre devinait chez la blonde le caractère redoutable d’une femme mâture qui baignait naturellement dans son élément. Pourtant, en ce qui concerne précisément une mise au monde éventuelle, il lui semblait que la deuxième syllabe de son prénom était la plus appropriée pour qualifier la nature de son utérus en la matière. Si elle ne l’avait pas encore expérimenté, la ménopause imminente menaçait d’annihiler les espoirs que Narfas plaçait dans les œufs qu'elle portait en son sein. Au cas échéant, Gaspard pourrait toujours faire commerce des indulgences du Clergé et l’exonérer du labeur si elle consentait à s’accoupler avec lui. Le D'Epilut était un véritable prédateur dans une robe d’Ecclésiastique. En parlant du loup, on finissait tôt ou tard par en apercevoir la queue.

« Ce projet nécessite bien entendu votre adhésion pour être mené à bien. Le Clergé et le Royauté consentent volontiers à faciliter un accord mutuel entre les parties. Toutefois, si vous deviez en refuser les termes, la poursuite de l’alliance unissant nos deux royaumes s’en verrait fortement impacté et la coopération étroite dont se félicitait sa Majesté deviendrait caduque. Bien sûr, nous vous laisserons un délai de réflexion pour vous mettre au diapason et convaincre les éventuels récalcitrantes à cette idée.»

Si elle était bien enrobée, la proposition se voulait particulièrement ferme.

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Kaahl Paiberym
Sam 13 Mai 2023, 18:06



Les Portes : L'arrivée à Narfas



En marchant dans le palais, au plus proche de la Cour de Sa Majesté, mon regard se perdit dans mes pensées. Il ne faisait aucun doute que le tribut à payer pour les réfugiés serait lourd. Une fois encore, malgré la puissance supposée des femmes, ce serait à elles de donner de leur corps pour le soi-disant bien commun. Je ne pourrais pas sauver ces femmes. Je ne pouvais pas sauver toutes les femmes. Je devais surtout m’occuper de trouver un moyen de tenir mon fils éloigné de l’armée. La castration était une opération dangereuse. Beaucoup mouraient de ces suites, à cause des infections notamment. Mutiler un corps sain me semblait une opération dérangeante, contre nature, peu importassent les principes de la religion. Les paradoxes de Narfas étaient nombreux et le pouvoir relatif. J’en venais presque à espérer qu’Adolphe verrait en Childéric un modèle. Il semblait puissant et n’avait pas eu besoin de s’enlever les parties pour le devenir. Il était entier, ce qui ne l'avait pas empêché de devenir le Chef des Armées de Lieugro… Ancien Chef des Armées, pour être exacte, mais la plupart de ses hommes l’avaient tout de même suivi. Un jour, ma mère m’avait appris que le charisme ne s’acquérait pas. Il était toujours possible d’user d’artifices pour tromper la foule mais que la possibilité de mener des hommes et des femmes était innée. Il y avait quelque chose dans la chimie entre les corps, disait-elle. Plus le temps avançait et plus je lui donnais raison. Il n’y avait nul besoin d’intelligence ou de belles paroles. C’était instinctif. Il y avait quelque chose de puissant à l’œuvre, une magie inexplicable. Si j’étais capable de mener l’armée, je doutais cependant d’être capable de mener mon fils vers une vie plus rangée. J’allais essayer, parce qu’un regard suffit parfois à détourner certains hommes de leurs objectifs, mais j’envisageais l’échec. Et si échec il y avait, je devrais faire en sorte que la castration fût abolie. Je ne la désirais pas pour mon fils, la chair de ma chair. Il était hors de question que je laissasse les traditions emporter avec elles les efforts que mon corps avait fourni pendant neuf mois pour façonner un bébé viable. Pire, si un jour Judas l’apprenait, il le tuerait. Un homme incapable de procréer, un héritier potentiel vidé de sa capacité à engendrer la relève, était inutile. Peut-être fallait-il tout avouer, afin d’écarter Adolphe de l’armée ? Rencontrer Judas à nouveau et lui parler de son fils, avant qu’il ne fût trop tard ? Ce serait de la folie, mais la folie était parfois désignée comme le sublime de l’intelligence.

En entrant dans la salle du trône, je balayai ces idées de ma tête. Mon entrejambe réclamait celle du Monarque et mon fils n’avait rien à faire parmi les idées qui me traversaient lorsque je songeais à Balthazar. Mon regard se porta un instant sur Gaspard. Comme une mouche attirée par la merde, il était présent à chaque fois que les événements puaient. Je détestais laisser Adolphe seul avec lui. Il maniait trop bien les punitions saintes à mon goût. Sa fonction le requérait mais je ne pouvais éloigner l’idée qu’il y prenait beaucoup de plaisir. De mon point de vue, il faisait partie de ces mâles frustrés, ce qui rendait d’autant plus insupportable le fait qu’il fût mon propre frère. Je cessai de le regarder afin que la pulsion visant à le frapper diminuât en intensité. Les yeux du Roi l’éclipsèrent totalement. Pas que je l’aimasse d’une quelconque manière. Plutôt parce qu’il éveillait en moi des désirs que la sale face de Gaspard ne pouvait pas refroidir. « Majesté. » lui dis-je, en m’inclinant brièvement afin de respecter un semblant de protocole. « C’est exact. Les réfugiés de Lieugro ont vécu des moments difficiles et je pense qu’il vous faudra faire preuve de beaucoup de doigté à leur égard. » Je retins l’espièglerie qui tendait à étirer mes lèvres.

________

Parfois, je songeais que si je ne prenais pas beaucoup de plaisir à m’envoyer en l’air avec la gent masculine et si je n’avais pas mon fils, j’aurais eu tôt fait de ne pas accorder la moindre place aux hommes dans mon existence. Mes combats avaient toujours été du côté des femmes. Voir ces dernières subir des grossesses à répétition m’insupportait. Le corps de la plupart d’entre elles ne leur appartenait plus depuis la défaite contre Uobmab. C’était l’un des paradoxes de Narfas.

Avant de rentrer, je passai par l’extérieur du mur, là où la ville s’étendait, loin des nobles et de la cour. Le peuple ne parlait que des réfugiés, en bien ou en mal. La tension grondait, palpable, belliqueuse parfois. Les conversations se transformaient en disputes et un vent pour le moment calme mais non moins porté d'une vague idée de révolte soufflait entre les vêtements des travailleurs. Le visage dissimulé, j’écoutai de longues minutes avant de me décider à rentrer retrouver mon fils et nos invités. Je rejoignis celui-ci et l’attirai vers moi pour le serrer contre mon cœur. Il n’avait pas encore la force de me résister, bien que je susse que cette heure viendrait tôt ou tard. Je me décollai de lui. Je n’avais pas pris le temps de me laver après mes ébats royaux mais mon idée de me baigner s’éloigna lorsque je compris que le bassin était déjà pris. L’odeur de l’eau et des huiles ne pouvait tromper personne. « Tu as pu discuter avec nos invités ? » lui demandai-je, en ayant hâte de recueillir ses premières impressions. « J’ai une mission pour toi, dès que tu seras prêt. Même si ce n’est pas l’objet principal, je pense qu’un membre de l’armée doit avoir des bases médicales et que ce sera l’occasion pour toi d’en apprendre un peu plus sur la question. Tu vas donc te rendre auprès de Rosette d’Eruxul avec un infirmier afin de l’ausculter, de l’interroger sur son voyage et de t’assurer que tout va bien. » On me l’avait décrite comme raffinée et élégante. Peut-être qu’elle pourrait lui plaire. « Elle a vomi pendant le trajet. » lui confiai-je. « Il faudra que tu sois attentif puisque c’est la fille du Conseiller de feu Montarville De Lieugro. » Je posai ma main sur son épaule. « La mission en elle-même est d’un autre ordre. Comme vous avez le même âge, j’aimerais que tu profites des premiers instants pour simuler l’intérêt. Le but est d’arriver à la faire parler discrètement. Elle pourrait nous en apprendre plus sur la situation à Lieugro. Si elle s’amourache de toi, elle sera plus à-même de se confier. Si jamais on découvre qu'elle est enceinte, promets lui que tu la protégeras. » Il y avait des soupçons d'après le soldat que j'avais interrogé. Je lui souris. « Un bon soldat doit savoir ruser. » dis-je, en lui faisant un clin d’œil. Puis, je lui pris les deux joues entre les mains. « Tu es mon fils et, par conséquent, tu es encore plus beau que le Roi. » Mon ton était joueur. « Elle ne résistera pas à ton charme ravageur. » Je ris, avant de lui ébouriffer les cheveux. Le premier qui oserait toucher à mon gamin devrait avaler les morceaux de son propre corps jusqu'à ce qu'il n'en restât plus rien.

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Jil
Sam 13 Mai 2023, 18:55


Elle entendait presque les engrenages s’agiter derrière les yeux froids de la reine ; le royaume n’accueillait pas les réfugiés par bonté ou grandeur d’âme. Elle ne savait pas ce qu’on pouvait espérer d’apatrides en quête d’asile, à part de la reconnaissance – ou peut-être l’espoir que l’opinion public y verrait non pas un signe de faiblesse, mais de générosité. Parfois, elle captait des brides de conversations entre ducs, chevaliers, ou vassaux de la couronne. Des gens qui, contrairement à elle, côtoyaient sur une base quotidienne le peuple qui cultivait la terre et dressaient les bêtes. De ce qu’elle en comprenait, elle voyait mal ces gens tolérer aisément l’arrivée d’étrangers sur le territoire – et encore moins des hommes. La peur de la différence peut-être, ou simplement l’anxiété face à une culture différente. Anthonius, elle, avait été éduquée pour embrasser les différents aspects de la diplomatie, du dialogue interpays. Elle savait bien que les usages variaient d’un bout à l’autre du continent ; ils pouvaient parfois entrer en contradiction d’un village à l’autre. Donc non, peu de chance que ça soit pour plaire à la foule. La foule préfère de loin la constance rassurante de la routine, et les démonstrations de force qui la conforte dans le sentiment d’être protégé face à tout ce qui lui est étranger. En tout cas, elle avait entendu Tamara dire ça, une fois.

Songer à la cheffe des armées provoquait chez le jeune prince des émotions contraires. La main de sa mère sur son épaule la ramena à elle. Elle hocha la tête en réponse à ses conseils. Jamais il ne lui était venu à l’idée en rencontrant une personne qu’elle était « insignifiante », mais elle comprenait. Quant à la suite, c’était une évidence. Inutile de préciser à enfant de sang royale qu’il a intérêt à « bien se comporter ». L’essentiel de son existence était d’ores et déjà dévoué à « bien se comporter », alors ça allait de soi. Et de fait, Wesphaline elle-même ne se faisait pas trop d’illusion à ce sujet. Elle coupa court à leur échange en lui demandant de se préparer, et une partie de la Princesse considéra avec dépit le meuble toujours partiellement démonté. Tant pis. Elle salua sa mère, et resta sur ses gardes tandis que celle-ci sortait de la pièce, avant de soupirer et d’aller s’habiller. Dans ce cas précis, il s’agissait d’enfiler tout le costume d’apparat, avec ses boutons, ses lacets, ses fourrures et autres fioritures. Sa tenue se composait d’un lourd manteau noir au col en fourrure ; dessous, il portait une veste ajustée boutonnée jusqu’au cou, agrémentée de plusieurs cordes décoratives tressées d’or. Le pantalon, noir et droit, était ajusté sur une paire de bottes en cuir sombre, desquelles dépassaient de petits glands, eux aussi dorés. À sa taille, une petite rapière d’apparat, et une bride de cheval. Il se morigéna de ne pas avoir demandé de l’aide à sa mère pour resserrer son corset, le faire seul était toujours pénible. Il replaça correctement la prothèse de son entrejambe, et s’observa longuement dans le miroir. Quelques minutes plus tard, il sorti, et emboîta le pas de Sofiane, en direction du salon où l’attendait la jeunesse noble de Lieugro.

Après trois ou quatre questions de mise au point, Anthonius était prêt à rencontrer ses invités. En entrant dans le petit salon, il jeta un coup d’œil aux deux personnes qui y étaient déjà présente. Un homme, peut-être la vingtaine – qui devait donc être Alembert de Lieugro – et un autre, plus jeune, qui ne pouvait être que Placide de Lieugro, héritier au royaume. Comme le voulait la bienséance, il commença par celui-ci, en inclinant la tête. De prince à prince, il n’avait pas à effectuer de révérence complète, une simple marque de déférence suffirait. Il se tourna vers le second, dont il avait cru comprendre que la situation familiale et dans l’ordre de succession n’était pas aisée, et lui fit grâce d’un salut similaire. Armé d’un sourire de circonstance, il commença :

— « Prince Placide de Lieugro, Alembert de Lieugro, c’est un honneur de vous rencontrer. Je suis Anthonius de Narfas, troisième fils du roi Balthazar et de la reine Wesphaline de Narfas. Soyez les bienvenus dans notre pays. On m’avait annoncé que vous viendriez accompagnés de Rosette d’Eruxul, je suppose qu’elle est encore en train de s’apprêter ? »

S’il suivait à la lettre les conseils de sa mère, il aurait surement glissé un commentaire grossier à la manière de « Les femmes, n’est-ce pas ? » ; mais il devinait que ce genre d’échange grivois était à exclure dans ce type de situation. Il ne comprenait pas en quoi être inutilement impoli contribuait à son image masculine. Celle-ci ne tarda d’ailleurs pas à faire son entrée, dans une élégante robe bleue. Elle vint se présenter à lui, et il lui retourna la révérence réservée aux personnes du sexe opposé.

— « Un véritable plaisir, Rosette d’Eruxul. C’est le moins que je puisse faire, vous avez fait longue route pour arriver ici, après tout. »

Tandis qu’elle s’installait, il demeura debout, les mains croisées dans le dos. « Les hommes restent souvent debout ». Il lui adressa un sourire :

— « Vous aurez l’occasion de découvrir nos us et coutume, je n’en doute pas. Je crains d’y avoir passé l’essentiel de mon existence : c’est un bel endroit, mais que je n’ai jamais eu le plaisir de comparer à quoi que ce soit d’autre. Je ne peux qu’imaginer les merveilles qui s’élèvent au-delà de nos frontières. J’espère que vous aurez un jour l’occasion de m’inviter dans votre royaume. »

Il leur jeta un regard, avant d’ajouter :

— « Vous souhaitez peut-être visiter un peu ? Il serait triste de ne pas profiter de ce soleil. À moins que vous ne souhaitiez vous reposer ? Je peux nous faire apporter à boire et à manger. »

Elle espérait sincèrement qu’ils préféreraient sortir.
Résumé et mots :


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Les Portes - Chapitre V - L'arrivée à Narfas



Rôle:

Gao détailla chacun de leurs invités. Il les accueillait de bonne grâce. Quelque chose lui disait pourtant que sa sœur et future épouse ne partageait pas son enthousiasme. La Princesse d’Uobmab était une jeune fille dans la force de l’âge. Ses muscles étaient les meilleurs témoins de l’éducation qu’elle avait reçue. Et encore, le semencier se doutait qu’elle avait dû perdre du poids durant le long trajet qui l’avait conduite jusqu’aux terres de Narfas. Il songea que celui qui la toucherait devrait probablement s’attendre à se retrouver avec une lance plantée au beau milieu de la trachée. Elle avait beau être prisonnière, elle n’en avait pas moins l’air redoutable. Surtout, Gao n’était pas certain que son père prît la nouvelle de la grossesse de sa fille comme une tentative d’union de Narfas avec Uobmab. Il valait sans doute mieux écarter Zébella d’Uobmab des projets natalistes du « Roi ». S’il ne se trompait pas, il lui semblait que la Princesse était, en plus, la promise de son frère. Celui-ci, du haut de son trône de Lieugro, ne supporterait probablement pas l’affront.

Si le faux blond allait répondre à la question de l'ancienne Reine volontiers, il fut stoppé dans son entreprise par Pénélope. « Certes, parlons donc du commerce de Melchior. » Ce fut surtout l’occasion pour Gao d’observer les deux garçons. Ils devaient avoir le même âge. L’un était roux, l’autre brun. Ils étaient bien bâtis, l’un comme l’autre, sans pour autant avoir le même style. Ludoric de Tuorp était le soldat qui avait été chargé de la protection de Zébella… de sa protection ou de sa surveillance. Les deux probablement. Clémentin, lui, faisait plus étalon sauvage. Quoi qu’il en fût, la relation qui liait les trois protagonistes semblait tendue. Zébella avait bousculé Clémentin qui lui avait parlé en retour comme à une égale. Quant à Ludoric, il lui semblait être préoccupé. Deux nobles et un plébéien. Le dernier l’intéressa naturellement. Peut-être pourraient-ils parler affaires plus tard ? Gao n’écarta pas cette possibilité. Le brun semblait être d’un naturel affable bien que sauvage. Ça plairait sans doute aux femmes.

Là encore, le rire de Pénélope arracha le semencier à ses réflexions. Il cacha difficilement le soupir qui le prit au commentaire de sa future femme. Elle n’y connaissait rien. Enfin… elle n’avait pas tort mais les nobles n’étaient pas douées pour reconnaître les hommes de leur rang, comme le lui prouvait parfaitement la petite expérience qu’il menait depuis de nombreuses années. S’il était apprécié en tant que semencier, l’essentielle de sa fortune personnelle provenait d’un commerce bien plus lucratif que la seule marchandisation de son propre corps. « Ce que ma sœur… » Il adorait préciser qu’elle était sa sœur. Il l’appelait ainsi la plupart du temps. Rares étaient les fois où il l’affublait de son autre titre, celui de promise. « … essaye de dire, c’est que mon métier n’a rien à voir avec des plantes. Je ne sème pas des graines… pas au sens littéral du moins. » Un sourire lui échappa. À Narfas, tout le monde connaissait les semenciers. À Lieugro, la fonction ne devait pas exister. Du moins, elle ne devait pas avoir le même objectif. Les prostitués étaient partout mais Gao pensait – et il avait raison – que les prostitués de Lieugro étaient surtout là pour faire plaisir à leurs clients. À Narfas, la fonction première était la fécondation, bien que le plaisir s’y mêlât forcément. Aussi, il y avait bien plus d’hommes que de femmes dans la profession. « Narfas connait de nombreux problèmes démographiques depuis des années. Pour y remédier, des hommes sont formés afin de s’adonner au plaisir sexuel avec des femmes afin de les aider à procréer. Tous les hommes ne sont pas fertiles, loin de là. Surtout, il semble que beaucoup d’entre eux soient incapables d’engendrer des filles. C’est la raison pour laquelle vous verrez très peu de jeunes filles de votre âge ici. » précisa-t-il. « Être semencier, c’est venir en aide à des femmes pour les aider à concevoir dans les meilleures conditions possibles. » Il marqua une pause et reprit. « Vu notre situation, ce ne serait pas étonnant que le Roi vous demande de contribuer à la natalité au sein de Narfas en échange de sa protection et de son aide. » laissa-t-il flotter dans l’air, juste avant que Pénélope jugeât bon de détacher Zébella. Que faisait-elle ? Il la regarda de travers. Ne savait-elle donc pas que cette jeune fille était prisonnière ? Ne connaissait-elle donc pas la renommée des D’Uobmab ? Il la laissa cependant faire. Lorsque la bleue l’aurait assommée, elle se rendrait peut-être compte que toutes les femmes n’étaient pas aussi dénuées de force qu’elle.

775 mots
Je te laisse faire venir le messager si tu veux Siruu 8D
 


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| Les Portes Chapitre V - L'arrivée à Narfas | - Page 5 Js9b

Les Portes V


Rôle :

« C’est ça. »

Je ne savais pas quoi lui répondre. Je n’avais jamais été doué au jeu du répondant. Ludoric était bien meilleur que moi. Je n’aimais pas la foule et avais souvent fui en pleine nature pour échapper à tous ces gens qui attendaient de moi bien plus que ce que je pouvais leur offrir. Cette partie de ma personnalité devrait changer si je voulais récupérer le trône de mon père. Beaucoup de choses allaient devoir changer.

Lorsque Zébella frappa Ludoric, mon cœur bondit dans ma poitrine. La peur courut dans mes veines et m’immobilisa net. La même rage qui m’avait déjà agrippée plus tôt lorsque je l’avais assommée naquit de nouveau, sans pour autant me rendre actif. Heureusement, le roux réussit à l’immobiliser devant mes yeux inquiets. Lorsque le danger fut écarté, ce fut une autre émotion qui me ceignit le ventre : un réel désir. J’avais souvent admiré le futur soldat jadis et, parfois, des vagues d’admiration plus fortes que les autres m’empourpraient. Je n’avais jamais compris ce qu’il me trouvait au juste mais savais parfaitement ce qui me faisait de l’effet chez lui : lorsqu’il excellait dans ce qu’il lui plaisait, lorsqu’il me souriait, lorsqu’il me rassurait ou même lorsqu’il essayait de me faire rire avec des blagues pas toujours drôles. Il y avait toutes ces choses, et plus encore. Le voir remettre Zébella à sa place en faisait visiblement partie.

Je regardai autour de nous. Des yeux réprobateurs nous épiaient. J’aurais préféré que nous soyons seuls. J’avais hâte d’entrer dans la cité afin de pouvoir me retrouver avec lui.

**

Je soupirai, en ajustant quelques vêtements légers qui m’avaient été prêtés. Ils n’étaient pas protocolaires mais me plaisaient. Une impression de bien être m’enrobait depuis que je les avais enfilés après avoir fait une toilette sommaire. Je n’avais pas envie de me laver ou de perdre trop de temps. Ludoric n’était plus en ma compagnie et son absence me pesait. D’après ce que j’avais compris, des nobles avaient été chargés d’accueillir les quelques familles de haut rang de Lieugro qui avaient suivi le convoi. Le fait que nous soyons séparés après des jours et des jours à nous voir sans cesse m’angoissait. Je m’étais renseigné afin d’être certain qu’il n’était pas logé au même endroit que Childéric d’Ukok et avais était rassuré d’apprendre que ce n’était pas le cas. Je l’aurais sans doute mal vécu. Néanmoins, il demeurait en compagnie de Zébella. La nouvelle m’avait étonné. Elle aurait été bien plus à sa place dans un cachot.

Assis en silence, je n’osais pas spécialement entamer la discussion avec Alembert. Une fois les formalités placées, j’avais calé sur un sujet de conversation à aborder. Plusieurs me venaient en tête mais ils n’étaient pas conseillés. J’aurais voulu savoir comment est-ce qu’il avait vécu jusqu’ici et ce que lui avait dit sa mère au juste. Je détestais Garance et n’étais pas sûr d’aimer davantage son unique enfant. Dans un coin de mon esprit, lui et Clémentin étaient des rivaux : Clémentin parce qu’il était aussi le fils de mon père, Alembert parce qu’il était le fils de la femme qui s’était autoproclamée régente de Lieugro.

Heureusement, le malaise ne dura pas longtemps. Une tête blonde apparut, vêtue d'habits qui me donnèrent instantanément chaud.

« Enchanté Prince Anthonius. »

Ma réponse fut ponctuée d’un sourire et d’un regard curieux. J’étais au courant de la composition de la famille royale de Narfas. Anthonius était le plus jeune des enfants de la Reine, tous des garçons.

« Merci de votre gentillesse. En effet, Rosette se prépare. »

Si je l’avais maudite de m’avoir laissé seul avec Alembert, je n’étais pas certain d’avoir davantage de choses à lui dire. Nous nous connaissions puisque nos pères avaient été proches et que nous étions cousins mais j’avais toujours été d’une nature réservée et très peu porté sur la conversation. Le seul point qui pouvait nous rapprocher était son amour pour les oiseaux que je partageais.

« Si… Si. Cet endroit est impressionnant. »

Si je voulais récupérer le trône de mon père, il me faudrait réellement devenir plus jovial. Pourrais-je faire semblant d’aimer socialiser ?

« Soyez assuré que si nous récupérons Lieugro, vous serez le premier invité sur nos terres, Prince Anthonius. »

Si je ne l’avais pas fait remarquer plus tôt, le fait qu’il s’adresse à moi comme étant un Prince et à Alembert comme étant simplement Alembert m’avait plu. Les choses avaient un ordre et Alembert ne serait jamais Prince en dehors de ses fantasmes. Pourtant, il demeurait plus âgé et plus fort que moi. Sa physionomie dépassait la mienne. Qu’en était-il de son esprit ? Je l’ignorais. Je devais devenir meilleur.

« Je visiterais bien, personnellement. J’aimerais également retrouver le soldat qui m’accompagnait jusqu’ici. Il a pour mission de surveiller Zébella d’Uobmab mais est aussi dévolu à ma garde rapprochée. J’ai fini par m’habituer à sa présence. »

Je préférais omettre le fait que nous étions ensemble. Je n’avais aucune idée de comment Narfas voyait l’homosexualité. Il valait mieux rester prudent, comme je l’avais toujours été le concernant.

« J’ai aussi pour projet de profiter du fait que nous soyons enfin arrivés pour m’entrainer et faire plus de sport. Vous devez très certainement avoir quelques conseils à me donner. »

J’étais curieux le concernant. Comme je n’avais eu que des sœurs, j’ignorais ce qu’était qu’avoir un frère. J’aurais aimé considérer Alembert et Clémentin comme tels. Malheureusement, la compétition qui existait ou existerait probablement entre nous m’empêchait de vouloir leur faire confiance.

« Oh et… Rosette aime beaucoup les oiseaux. Y en a-t-il à Narfas que nous pourrions aller voir ? »

Ma voix était douce.  

944 mots

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Stanislav Dementiæ
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Dim 14 Mai 2023, 18:07


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Les portes - Chapitre V
Stanislav

Rôle - Alembert De Lieugro:
Alembert termina de boutonner sa tenue. Ses yeux croisèrent son reflet. Malgré les cernes, il avait meilleure mine. La toilette sommaire qu'il avait fait lui avait été salvatrice. S'il n'avait pas pu bénéficier d'un bain, ce confort ayant été cédé à sa petite sœur, il n'avait pas pu s'empêcher de retirer la sueur qui péguait sa peau à l'aide d'un linge humidifié. Il avait également pris soin de raser sa barbe, retrouvant un visage lisse et moins négligé. Contrairement à Placide, qui semblait avoir revêtit l'une des tenues locales, le brun s'était paré d'une tenue traditionnelle de Lieugro. Les costumes étaient moins adaptés au climat lourd de Narfas, mais rappelait fièrement ses origines. Alembert n'avait pas l'intention de se mélanger à la population locale. Il ne s'agissait pas d'un affront envers leur culture, mais simplement d'un désir d'affirmer ses racines. Les réfugiés n'étaient pas venus ici dans l'espoir de s'y établir et de s'intégrer au peuple. Narfas ne faisait qu'office de nouvelle base stratégique. Bientôt, ils repousseraient l'envahisseur qui les avait chassé de leur propre terre et retourneraient s'établir là où se trouvait leur place. Prétendre partager les valeurs et les traditions de leurs hôtes n'était qu'un mensonge qui ne duperait personne. Le brun doutait cependant que son cousin ait analysé la situation aussi loin. Il n'était, après tout, qu'un adolescent.

Le silence dans lequel les garçons s'étaient empêtrés n'avait pas été pour déplaire au plus âgé. Il n'avait pas fourni d'effort pour alimenter la conversation. Son manque de discussion pouvait être interprété de différentes manières. Fatigue, timidité, manque de savoir vivre en société. Peu importait. Il avait passé ce temps à s'indigner de la place qu'on lui avait donné. Le fils de Garance avait espéré être aux côtés de celle-ci. Pouvoir assister au conseil qui se tiendrait et duquel dépendrait le futur de Lieugro. Néanmoins, il avait été assigné au même statut que sa sœur et son cousin. Ce n'était sans doute pas illogique : la différence d'âge qui les séparait n'était pas élevée, bien qu'il eut été plus proche de ses cousines que de ces deux-là. Il n'était sans doute pas vu comme un véritable adulte. Qui plus est, il était encore un inconnu pour le reste du monde. Il devrait sans doute se faire apprécier, montrer qu'il était digne de confiance avant d'espérer accéder à une place de pouvoir. Sa filiation avec Lambert aiderait peut-être en ce sens : on prêterait au fils les mêmes gênes que le père, des qualités indéniables pour accéder à un conseil décisionnaire.

Alambert se tourna vers Placide. Sa toilette étant terminée, il n'avait plus d'excuse pour se terrer dans son mutisme. Il allait s'apprêter à relancer la conversation lorsque l'arrivée impromptue du Prince de Narfas lui évita de ce lancer dans l'exercice. Se pliant au protocole, il salua respectueusement le garçon, laissant son cousin s'exprimer pour eux. Il n'avait pas apprécier l'absence de titre honorifique associé à son nom. Patience. C'était l'une des qualités qu'il avait hérité de Garance - du moins le prétendait-il. La prochaine fois qu'ils se retrouveraient, ce serait lui qu'on appellerait Roi, et tous les affronts seraient lavés. Lorsque Placide évoqua Zébella, l'intérêt du brun s'éveilla, pour des raisons différentes. Il n'avait pas encore eu l'opportunité de se présenter à la fille de Judas, cantonné à la calèche de Rosette et Clémentin. Oiseau sans ailes, oiseau en cage. Alembert observa la rousse. Sa passion pour ces animaux était-elle née d'un désir d'indépendance et de liberté ? Il doutait que leur père l'eut élevé d'une manière à la faire se sentir prisonnière de sa condition. Mais certains ne savaient apprécier les privilèges dans lesquels ils étaient nés. Placide, et son désintérêt manifeste pour le trône lorsqu'il aurait pu en être le prochain héritier incontesté, en était un exemple flagrant.

« Je ne suis pas fatigué non plus. » intervint Alembert. « Je serais également ravi de pouvoir visiter le palais et de profiter du soleil. » Se prêtant à un jeu de candeur, le jeune adulte se frotta maladroitement l'arrière de la tête tout en affichant un sourire timide. « J'ai lu beaucoup de choses sur votre pays mais comme un ami me l'a fait remarquer, la vérité est parfois différente de ce qu'il se passe dans les pages d'un livre. » avoua-t-il, faisant référence à sa captivité présumée. « Si nous pouvions également retrouver Clémentin... Il m'a proposé plus tôt de me faire visiter la cité et je m'en voudrais de découvrir le lieu sans être à ses côtés. » prétendit-il. « Bien sûr, étant natif de la cité, vous serez le meilleur guide que je pourrais espérer, mon Prince. » Alemebert exécuta une nouvelle révérence à l'attention d'Anthonius. « Merci pour votre proposition. » Alembert se dirigea vers Rosette, à qui il tendit une main. « Votre toilette vous a-t-elle fait du bien ? Vous sentez-vous plus reposée, désormais ? »
866 mots.



Merci Kyky  nastae
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Siruu Belhades
Dim 14 Mai 2023, 22:21


Melchior avait toujours été volontaire pour accueillir des réfugiés. Était-il si enthousiaste que cela à l’idée de nourrir des bouches gratuitement ? Non. Néanmoins, ces étrangers apportaient une perspective extérieure. Ils pourraient avoir leur utilité. Le marchand les voyait comme des vecteurs de changement. Les premières braises qui, portées par le vent, mettraient à feu et à sang la société de Narfas pour que, dans les cendres, un nouvel ordre soit créé. Autant dire que Melchior était déçu. Il pensait voir un feu, et il recevait une douche froide. Un lac glacé, même.

Les trois visages fermés de ses invités ne lui inspiraient rien. Une fille captive, et deux garçons. Zébulon, Clémentine et Ludovic, ou quelque chose comme ça. Il apprendrait à les connaître. Contenir sa déception était difficile : il avait vraiment placé beaucoup d’espoirs dans ces individus et, pour le moment, ils lui semblaient abominablement normaux. Pourtant, au milieu d’une soirée qui s’annonçait pesante, Pénélope brillait. Elle s’était rapprochée du marchand le temps d’une ou deux répliques élogieuses. Ce fût suffisant pour que le visage de Melchior s’illumine. Il imaginait son frère humilié. Malheureusement, ce dernier n’avait pas l’air affecté. Dommage.

Un des garçons invités avait pu détendre l’ambiance par sa sottise. C’était un des dons des prolétaires. Ils gesticulent étrangement, parlent sans réfléchir et, en s’humiliant, amusent la galerie. Cette branche d’humour repose uniquement sur le constat que le bouffon ne réalise pas son ridicule. Gao, semeur de graines ? C'était absurde. Il ne savait rien faire de ses mains, et ne pouvait exercer de contrôle qu'au niveau de son bassin. En tout cas, c'est ce que Melchior aimait penser. Il se doutait bien que son frère n'était pas reconnu Grand Semencier pour rien. Pourtant, il ne mettrait jamais l'art du thé au même niveau que l'art du gigolo.

On lui avait demandé ce qu'il vendait. Une question qui pourrait paraître assez stupide : leurs invités avaient certainement dû passer à côté d'une dizaine de bocaux de thé en étant escortés jusqu'à ce salon. Néanmoins, Melchior n'en tenait pas rigueur. Poser une question sur la profession, c'était la manière la plus simple d'échanger des plaisanteries. Un brise-glace sans risque, lorsque votre interlocuteur ne se prostitue pas. « Je vends des feuilles de thé. Pas n'importe lesquelles, bien sûr. Ma marchandise provient de contrées lointaines de Narfas. Des territoires que vous aurez peut-être la chance de voir lors de votre séjour ici. » Les terres qui furent jadis volées à Narfas avaient aussi été utilisées à la culture du thé. Mais ce n'était pas le seul problème. Si la crise démographique continuait, il n'y aurait plus assez d’employés pour les récoltes et l’entretien des feuilles. C’était un mal qui impactait directement le commerce de Melchior. Il savait vendre ses produits. Son stock s’écoulait même trop facilement, et se fournir devenait complexe. Sur le court terme, il pouvait toujours diversifier son affaire. Vendre des prestations, des cérémonies, des rituels, entre autres. Mais viendrait un moment où il faudrait attaquer ce problème à la source.

Gao avait jugé bon de gâcher l’ambiance en sous-entendant que les étrangers devraient aider à résoudre le problème de natalité de Narfas. Le Grand Semencier frappait encore avec une subtilité digne d’un coup de marteau dans l’entre-jambes. Dans les faits, il avait raison, mais n’aurait-il pas pu trouver une meilleure manière d’accueillir les réfugiés au lieu de leur sortir « bienvenue à Narfas, écartez les jambes » le premier soir ?  Au départ amer, Melchior se mit à rire en songeant à la réaction de sa belle-sœur. Cette dernière partit juste après avec la fille barbouillée. Le positif, c’est que cela les laissait entre hommes – enfin ! –. Le négatif, c’est que le marchand aurait adoré voir le minois enragé de Pénélope.

La conversation suivait son cours, sans qu'il n’intervienne. Il n’était pas timide, et n’avait pas non plus manqué d’occasions d’intervenir dans la discussion ; il se contentait simplement d'observer ces gens, avec un mélange de frustration et de fascination. Plusieurs pensées traversaient l’esprit du d'Eésnep. Il craignait tout d’abord que les étrangers n’apportent du trouble sous son toit. Il ne s’agissait pas de n’importe qui : cette Zébula n’était pas attachée pour rien. Aussi, il espérait secrètement qu’avant de changer l’ordre social, cette migration détruirait le couple de son frère. Étrangement, il avait l’impression que Gao ne serait pas plus affecté que ça. Il portait sur lui quelque chose d’invulnérable. C’était enrageant.

De vifs bruits de pas alertèrent Melchior. Un homme essoufflé et en sueur venait d’entrer. Il portait l’habit des coursiers. Il tendit un parchemin scellé à Melchior. « J’ai un message pour Melchior et Gao d'Eésnep », cracha-il d'une voix haletante. « C’est important. »« Veuillez m’excuser. » Il offrit un sourire de courtoisie aux invités avant de s’isoler dans un coin de la pièce plus tranquille.

Melchior brisa le sceau royal et déplia le papier, qui contenait un message pour le moins intéressant de la part de l'Église. Le commerçant fronça les sourcils. Il ne savait pas s’il était en train de lire une bonne ou une mauvaise nouvelle. Il lâcha un « Qu’est-ce que cela veut dire ? » avant de visser sa mâchoire. Pris d’impatience, le coursier arracha le parchemin des mains de Melchior pour lire le message à voix haute, les mots résonnant dans la pièce. « L'Église sollicite les services de Gao d'Eésnep le grand semencier, et demande à Melchior de fournir– »« Mais pour qui vous prenez-vous ? Je sais lire. » Et, surtout, il n’avait pas envie qu’on parle d’aphrodisiaques devant ses invités. « Allez, ouste. » Après avoir congédié le coursier, il se rapprocha de la table et tendit le parchemin à son frère.

960 mots.
Rôle - Melchior:


| Les Portes Chapitre V - L'arrivée à Narfas | - Page 5 Ukjx
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Mitsu
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Mitsu
Dim 14 Mai 2023, 23:27


Image par un artiste inconnu

Explications


Bonjour / Bonsoir !

On continue tranquillement <3 À noter que trois rôles ont été rajoutés donc vous les découvrirez ce tour normalement ^^

Narfas : Le Royaume de Narfas était avant séparé en deux territoires (celui dans lequel on joue) et un autre, bien plus éloigné, qui a été pris par Luce d'Uobmab, le père de Judas d'Uobmab, lui-même père de Zébella et Merlin d'Uobmab. Aujourd'hui il ne reste plus que ce Narfas là. Vous avez la carte du monde là >>> Carte <<< Narfas est un mélange de la culture Humaine et de la culture Orine de l'IRL des personnages. On joue dans un climat plutôt chaud mais y a des oasis et de l'eau, des palmiers, de la végétation (on est avec Astriid en vacances quoi o/). L'architecture est plutôt celle des Orines donc temples asiatiques, avec, en plus (c'est pas Orine) quelques touches de cités grecques avec des colonnes sous les bâtiments. Les vêtements sont fait d'étoffes et ressemblent à l'image que j'ai mise en en-tête pour les nobles. Voilààà o/ Le reste vous pouvez inventer. Lisez bien les nouveaux rôles car il y a beaucoup de contexte dedans ^^ Pour l'invention, faites en fonction du rôle de votre personnage (si c'est un marchand vous pouvez inventer des choses par rapport à ça, si c'est un religieux détailler les monuments de culte etc etc).

Rps importants
- Le Royaume de Lieugro - Partie I
- La mort de Montarville et la prise de Lieugro
- Transition - Quand Lieugro devint Uobmab

Longueur des messages ? - 720 mots minimum.

Objectifs secrets et secrets : 8D

Voilà !  | Les Portes Chapitre V - L'arrivée à Narfas | - Page 5 002

Si vous avez des questions, n'hésitez pas ! Amusez-vous bien  | Les Portes Chapitre V - L'arrivée à Narfas | - Page 5 1628

Participants


La liste des nouveaux rôles est >> ICI << avec la description des rôles sur la page précédente.

En jeu :
- Hélène (Garance) : IX
- Ikar (Placide) : XXI
- Stanislav (Alembert) : VIII
- Dastan (Ludoric) : IX
- Adriaen (Lambert) : VIII
- Yngvild (Rosette) : IX
- Tekoa (Childéric) : X
- Chuan (Lénora) : VIII
- Susannah (Zébella) : VIII
- Erasme (Clémentin) : IX
- Miraneiros (Balthazar) : IV
- Fawëlysa (Wesphaline) : II
- Jil (Anthonius) : III
- Claer (Jésabelle) : II
- Ammon (Gaspard) : IV
- Eméliana (Tamara) : IV
- Zeryel (Adolphe) : III
- Lysium (Melchior) : III
- Sympan (Gao) : III
- Oriane (Pénélope) : IV

En pause :
- Kiara (Coline) : V
- Kyra (Adolestine) : IV
- Faust (Gustave) : V
- Lucillia (Eléontine) : XIII
- Laen (Hermilius) : V
- Chelae (Clémentine) : XVI
- Min (Natanaël) : XIV
- Eibhlin (Adénaïs) : IV
- Lucius (Elzibert) : V
- Lana (Yvonnelle) : V
- Thessalia (Irène) : VIII
- Dorian (Ezidor) : X
- Gyzyl (Judas) : VI
- Wao (Merlin) : XIX

Les morts :
- Babelda (Montarville) : XI (dead)
- Léto (Ernelle) : II (dead)
- Stanislav (Déodatus) : IX (dead)
- Latone (Madeline) : 0 (dead)


Deadline Tour n°5


Dimanche 21 mai à 19H

Pour information, il reste 8 tours ^^

Gain Tour n°5


- 1 point de spécialité au choix
ET
- Reliure magique : Lorsque votre personnage prend des notes, écrit des lettres, dessine ou toute autre activité dans cet esprit, il peut ensuite relier le tout dans un livre aux pages infinies. Le livre ne sera pas plus gros au fur et à mesure de l'ajout de contenu mais par un procédé magique, les pages se tourneront jusqu'à la fin. De plus, tous les supports n'étant pas au bon format seront automatiquement redimensionnés. Enfin, le personnage pourra donner accès à les livres de la reliure magique à tous les personnages du conte.

* Par exemple, pour les dimensions, s'il a une carte du monde en A3, elle sera réduite pour correspondre à la dimension du livre.

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Zeryel
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Zeryel
Dim 14 Mai 2023, 23:53

| Les Portes Chapitre V - L'arrivée à Narfas | - Page 5 O0px
Les Portes V - L'arrivée à Narfas
Zeryel, dans le rôle d'Adolphe




Rôle - Adolphe d'Epilut:

« Maman, je suis trop vieux pour ça maintenant. » Protesta Adolphe d'une voix étouffée, la joue plaquée contre son buste, sans pour autant chercher à se dégager. « Si tu me couves trop, qu'est-ce qu'on dira de moi à l'armée ? » Il recevait parfois quelques piques du fait de la position hiérarchique de sa mère. On remettait en question ses capacités. Peu réceptif à ces insultes lancées sous couvert d'humour, l'adolescent vexé leur faisait ravaler leurs sous-entendus dans la gorge avec du sable comme lubrifiant pour leur faire comprendre leur erreur. Malgré tout, ça ne suffisait pas toujours et il devait composer avec ceux qui attendaient de lui des performances supérieures et ceux qui le jalousaient d'avance, persuadés qu'il gravirait les échelons, porté par les avantages de son sang. Parfois, quand l'injustice l'étranglait, il rêvait de leur passer l'épée en travers de la gorge et que leurs médisances s'éteignent dans le doux son des gargouillis humides de leur trachée déchirée. Il devait alors passer sa colère ailleurs, où d'autres, des anonymes que personne ne regretterait, payaient le prix à la place de ses futurs compagnons de vocation.

« Oui, Childéric est presque aussi impressionnant que toi, vu de près. Je pense que tu pourrais voir en lui un redoutable adversaire. » Et peut-être un peu plus que ça. Du peu qu'il en avait vu, le soldat lui avait fait une forte impression et il songeait que Tamara ne serait pas insensible à cela. Avec un peu de chance, sa présence ferait fuir son oncle de la maison. Il sourdait du religieux une aura de malaise dérangeante et il trouvait souvent une raison de ne pas traîner sur son chemin quand Gaspard avait le malheur d'étendre son ombre dans les parages. « Il est aux bains, mais je crois qu'il n'est pas seul. La femme qui l'accompagnait, Lénora, n'est pas dans sa chambre. » Ajouta-t-il, appuyant ses observations d'un regard entendu. Il avait vu juste plus tôt sur leur liaison.

Il se tut ensuite, opinant doucement à ses mots. Il ne lui serait pas venu à l'idée de désobéir quand sa voix prenait les inflexions de sa fonction. Il ne tiqua qu'à l'évocation de Rosette d'Eruxul. Pourquoi elle en particulier ? Il retint la question au bord de ses lèvres juste à temps. Un soldat ne posait pas de questions, il obéissait. S'il échouait au socle même de ce qui faisait un soldat, il pouvait tout aussi bien déjà abandonner et devenir épicier ou ménestrel. Mentalement, il ajouta à la surveillance de Clémentin celle de la jeune fille. Les deux devaient cacher quelque chose pour que sa mère souhaite qu'il les garde à l'oeil. Une nouvelle grimace déforma cependant son visage. « Je n'aime pas trop l'idée de profiter de ses sentiments pour lui soutirer des informations, ça n'a rien de noble. » Marmonna-t-il sans pouvoir se retenir. Il tâcha aussitôt de se rattraper. « Ne t'inquiètes pas. Je ne te décevrais pas. »




Le torse incliné pour saluer les figures royales réunies, Adolphe peinait à contenir l'excitation qui l'avait brusquement étreint. Cette dernière n'avait aucun rapport avec la délicate créature à la toison enflammée qu'il avait été encouragé à séduire mais tout avec le non moins délicat prince étranger. Il savait tout de lui, avait pénétré les secrets de son coeur, réceptionné les épanchements de ses tourments quotidiens, de ses joies aussi. Le voir avait été un choc qu'il avait rapidement dissimulé en les saluant. Les yeux braqués sur le tapis, il reprit rapidement une expression neutre afin de ne rien montrer de son trouble, car s'il savait tout de Placide, ce n'était pas le cas inversement. Il ignorait même sa véritable identité, Adolphe ayant préféré adopter un autre nom pour leurs correspondances.

À ses côtés, le médecin s'excusait du dérangement et expliquait avoir été envoyé par les instances supérieures pour examiner les trois réfugiés. « Sans vouloir vous offenser, nous voulons prévenir tout risque de propagation de maladie dans le cas où vous en auriez malencontreusement contracté une en chemin, ce que nous n'espérons pas évidemment. C'est une pure formalité et cela ne prendra guère plus de quelques minutes. » La façon de présenter les choses en dissimulant une partie de la vérité n'échappa pas au disciple. Eviter une contamination était certes primordial, tout comme l'était de savoir s'il y avait des femmes enceintes parmi le convoi.

Alors que ses homologues entraînaient Alembert et Placide à l'abri des regards, Adolphe suivit celui qui invitait Rosette à l'écart comme il en avait convenu avec le praticien plus tôt. Alors qu'il préparait son matériel sur une table, l'adolescent en profita pour s'avancer vers la rousse. Il repoussa d'une pichenette mentale l'insidieuse voix maternelle qui lui remémorait ses conseils. Dans la mesure du possible, il préférait éviter de s'empêtrer dans une romance. L'amitié se révélait tout aussi efficace pour obtenir des informations, ça avait fonctionné avec Placide après tout. « Je n'ai pas eu l'occasion de me présenter, Adolphe d'Epilut. Je suis là pour des raisons d'apprentissage mais j'espère que nous aurons l'occasion d'échanger dans d'autres circonstances, plus agréables. Vous vous apprêtiez à visiter Narfas avec son Altesse Anthonius ? Je pourrais vous accompagner ensuite, je connais assez bien la ville et je peux servir de garde rapprochée. Je ne vais pas tarder à rejoindre l'armée. » L'informa-t-il avant de se placer en retrait en voyant le médecin s'approcher avec ses instruments. En les accompagnant, il réussirait peut-être à trouver le bon moment pour approcher Placide. Il y avait aussi Alembert dont Clémentin lui avait conté l'infortunée enfance. En apparence, il ne présentait pas de traumatisme mais les nobles étaient doués pour cacher leur véritable nature.

Tout en mesurant le pouls à son poignet, le médecin démarra avec une série de questions sur l'aspect général de son état mental et physique. « Comment s'est passé le voyage ? Ressentez-vous beaucoup de fatigue ? Des maux de tête, des vertiges ? » Bientôt, en fonction des réponses de la patiente, ses questions s'affinèrent et Adolphe lui adressa un sourire encourageant dès lors que son regard croisait le sien. Avec un soupir, l'homme se recula et rendit son verdict. « Il me faudrait un examen plus poussé pour en être certain mais vous présentez tous les symptômes d'une grossesse. » Après la discussion avec sa mère, Adolphe s'était préparé à l'éventualité de cette conclusion. En vérité, il l'avait même espéré. Après avoir cogité les conseils prodigués, il avait compris tout l'intérêt que présentait cette configuration. Il se redressa et s'adressa directement au médecin, abandonnant son attitude d'apprenti pour afficher sa facette noble. « Pouvez-vous garder cela pour vous tant que ce n'est pas confirmé ? Mieux vaut qu'elle l'annonce elle-même à ses proches avant d'en alerter tout le monde. Je sais que vous avez un rapport à rendre, je vous demande seulement d'attendre un peu avant de le rendre. » L'homme s'apprêta à protester mais Adolphe le devança. « Ce n'est pas comme si ce type de chose pouvait être dissimulé très longtemps de toute façon, cela ne coûte rien de garder le silence pendant quelques jours. Merci pour votre compréhension. » Sur cette conclusion imposée, le brun regarda Rosette et lui offrit son bras. « Nous devrions y retourner. Ils se poseront des questions si nous tardons trop. » Il marqua une pause, l'air inquiet. « Bien sûr, je peux leur fournir une excuse et leur dire que vous êtes trop fatiguée du voyage pour visiter tout de suite la ville. Cela dit, je pense qu'après cette nouvelle, il vous sera bénéfique de vous changer les idées et de prendre l'air. » Il prit ensuite un ton embarrassé et évita son regard. « Ne vous méprenez pas sur mes intentions. Je suis formé à protéger, et maintenant que vous êtes ici chez nous, ma protection s'étend également à vous. Si je peux faire quoi que ce soit, faites-le moi savoir. Vous n'êtes pas en terre hostile ici. »

Message IV | 1393 mots


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Lun 15 Mai 2023, 22:03




Les Portes – Chapitre V

En groupe | Yngvild


Rôle :


À la mention des oiseaux, le cœur de Rosette se serra. Ceux qu’elle avait ramenés se trouvaient, pour le moment, dans des cages posées sur le balcon de sa chambre. Il faudrait qu’elle leur dénichât des abris plus spacieux, suffisamment pour qu’ils pussent se dégourdir les ailes sans qu’elle eût besoin de les sortir elle-même. Ils étaient dressés, si bien qu’elle pouvait les laisser voler librement, sans barrière, puis les rappeler afin qu’ils rentrassent ; mais ça n’était pas la vie qu’elle souhaitait pour eux. Ils avaient besoin de planer et de virevolter bien plus souvent qu’elle ne pouvait le leur accorder présentement. La mention de Clémentin relança les élans de son palpitant, et lui fit tourner la tête vers Alembert. Elle inspira, et ne dit rien de l’agacement que suscitait en elle son attitude et ses mots. Quand il s’approcha, elle composa même un sourire aimable. « Oui, je suis bien contente que notre voyage soit enfin terminé. Vous êtes adorable de vous en soucier. » Elle glissa sa main dans la sienne pour se lever. Il avait les doigts secs. Elle aurait adoré qu’ils fussent moites, parce que cela lui aurait donné une raison de plus d’éviter au maximum les contacts avec lui. Avec suffisamment de lenteur pour que ce ne parût pas étrange, elle retira sa main de la sienne, au moment même où un médecin et un soldat faisaient irruption dans la pièce.

Étonnée, elle prit le temps de les observer. Leurs visages ne lui disaient rien. Ils ne faisaient probablement pas partie des éminences de Narfas. La rousse écouta le discours du docteur sans broncher. Elle s’apprêtait à les suivre docilement lorsqu’une pensée la frappa : s’ils craignaient qu’ils ne fussent porteurs d’une maladie, pourquoi avoir laissé le Prince venir les saluer ? Elle doutait qu’il eût agi de son propre chef – ou en tout cas, pas sans être repéré. Elle coula un regard vers le blond, avant de regarder à nouveau le médecin. Sa figure était avenante – elle avait quelque chose de paternel et de rassurant. S’il se présentait, c’était parce que Garance et son père avaient approuvé une proposition du gouvernement de Narfas. Sans ça, il n’aurait eu aucun droit d’intervenir sur leurs personnes. Rassérénée par cette certitude, ses craintes s’évaporèrent. Elle les suivit, lui et le soldat.

Assise sur une chaise, elle laissa le docteur s’exprimer, en jetant régulièrement des regards mi-inquisiteurs mi-inquiets vers le garde-du-corps. Il devait avoir à peu près son âge. Pourquoi était-il venu avec elle, et pas avec les garçons ? Si l’un d’entre eux avait besoin d’une garde rapprochée, c’était Placide. Aux yeux de tous les gens de Narfas, il était l’héritier légitime. « D’apprentissage ? » releva-t-elle. Son esprit rebondit ensuite sur son nom. D’Epilut. Comme la Cheffe des armées et le Grand Prêtre. Elle avait lu quelque part que Tamara avait un fils. C’était donc probablement lui, Adolphe. « Oui. C’est gentil de proposer. » Était-ce vraiment une proposition ? Il avait dû recevoir des ordres de sa mère. Allait-il rester là le temps de l’examen ? Cette possibilité la mettait mal à l’aise. Elle n’avait jamais vu le médecin autrement que seule ou en présence d’autres femmes – quand elle était petite, son père avait parfois été là, soucieux de prendre soin d’elle lorsqu’elle allait mal, mais depuis des années, il respectait son intimité. Qu’un homme étranger se tint là, à peine en retrait, la dérangeait. Le cliquetis des instruments attira son attention sur le docteur. N’allait-il pas le congédier ? Elle s’humecta les lèvres et déglutit, sans être capable de demander à ce qu’Adolphe partît. Sa mère était une figure importante, l’examen médical avait été approuvé par son père et Garance… Mieux valait sans doute prendre sur soi et ne pas créer de friction. La jeune noble serra donc les dents, prête à subir l’affront.

Son poignet dans la main du médecin, elle se demanda si elle devait mentir. Cacher la vérité, c’était prendre le risque qu’elle ne se dévoilât dès le prochain repas. Certaines odeurs lui donnaient instantanément envie de vomir. Cependant, elle ne pouvait pas non plus prendre le risque d’affirmer haut et fort qu’elle était presque certaine d’être enceinte. L’opprobre serait trop grand. Elle commença donc prudemment : « Le voyage a été éprouvant, oui. » Rosette se redressa dans sa chaise, mal à l’aise. « J’ai eu quelques maux de tête, et des vertiges, mais rien de méchant. Je pense que c’était surtout la fatigue et le stress. » - « Des nausées ? » - « Rarement. » mentit-elle. Elle jeta un coup d’œil à Adolphe, avant de regarder à nouveau le docteur. « Je suis reconnaissante que vous preniez de votre temps pour m’examiner, mais je pense que tout ça est surtout dû à la situation. Il y a eu beaucoup de changements en très peu de temps. » - « Oui, c’est possible. Ça n’a pas dû être évident de devoir tout quitter de la sorte. » Elle acquiesça, soulagée de voir qu’il prêtait l’oreille à ses paroles. Le médecin attrapa une petite plaque en métal. « Pouvez-vous ouvrir la bouche, s’il vous plaît ? » Elle obéit et il lui posa l’instrument sur la langue pour examiner sa bouche. « Des difficultés respiratoires ? De la fièvre ? » Il retira la fine plaque. « Non. » - « Je me permets. » dit-il en avançant les mains vers sa mâchoire. Elle opina. De deux doigts, il palpa sa gorge. « Ma question va peut-être vous paraître indiscrète, et j’en suis désolé, mais à quand remontent vos dernières menstruations ? » Le cœur de Rosette s’emballa. « Mes menstruations ? Je… J’ai un peu de retard. Une ou deux semaines, tout au plus. Le voyage, sûrement. J’ai remarqué que l’anxiété et les changements brutaux avaient tendance à retarder leur arrivée. » Elle se racla la gorge, gênée. Doucement, le médecin hocha la tête. « Cela arrive, en effet. » Il l’examina encore quelques instants, puis en se décalant, soupira. Suspendue à ses lèvres, la rousse fut scindée en deux par le couperet. Le front barré d’un pli soucieux, elle secoua la tête. « Ce n’est pas possible. Je n’ai pas… je n’ai jamais… » bafouilla-t-elle, les joues en feu. « Je ne suis pas… » Ses mâchoires se contractèrent. Adolphe intervint avant qu’elle ne s’empêtrât plus que nécessaire dans ses mensonges. À l’instant où il prit la parole, la jeune fille décrocha. Une grossesse. Avant le mariage. Avec le bâtard de feu le Roi. En exil. Sur ses genoux, ses mains se crispèrent ; ses ongles s’enfoncèrent dans le tissu bleu de sa robe et, à travers lui, dans sa peau. À ce moment précis, elle sut qu’elle n’avait qu’une seule chose à faire : garder la face.

La rousse leva les yeux vers le bras que lui proposait le brun. Doucement, elle se leva et le prit. « Oui, retournons-y. » approuva-t-elle, d’une voix blanche qu’elle espérait parvenir à maîtriser avant de retrouver les autres. Dans sa poitrine, son cœur, sonneur de cloches devenu fou, battait à tout rompre. « Non, ne leur dites rien. Prendre l’air me fera effectivement du bien. » Surtout, elle devait absolument voir Clémentin. Ensuite, son père – mais il lui fallait attendre qu’il terminât sa réunion avec le Roi de Narfas. Son regard perdu dans le vague remonta vers Adolphe. « Merci. » répondit-elle, sincère. Il avait l’air honnête et elle appréciait son soutien. Quand ils furent sortis de la pièce, elle leva à nouveau les yeux vers lui. « Et merci d’avoir fait en sorte que le médecin n’en dise rien à personne. J’espère qu’il s’y tiendra, au moins le temps que j’en parle à mes proches. » Elle inspira, les paupières closes, puis déglutit, et expira lentement. « Vous êtes bien le fils de Tamara d’Epilut ? » s’enquit-elle calmement. « Elle doit être fière d’avoir un fils si dévoué à son devoir. » La panique éprouvée lors du trajet semblait avoir disparu ; face à l’évidence et à l’urgence, dans des moments de maîtrise, Rosette savait faire preuve de sang-froid. Peut-être s’effondrerait-elle une fois devant son amant ou devant son père, mais pour le moment, son cerveau déroulait froidement ce qu’il lui faudrait faire. Elle n’avait que deux options.

Avant qu’ils ne rejoignissent les autres garçons, la rousse se défit du bras d’Adolphe. « J’aimerais que vous gardiez un œil sur Placide, si possible. Son statut d’héritier le rend plus précieux que nous. » Elle posa une main sur son avant-bras, dans un geste empli de bonne foi et de reconnaissance. En vérité, elle fondait surtout l’espoir qu’il ne la suivît pas partout. Après l’avoir lâché définitivement, elle rejoignit les visiteurs et leur guide. « Je crois que nous sommes enfin prêts à partir. » dit-elle, souriante. Elle se tourna vers Placide et Alembert. « Je vous présente Adolphe d’Epilut. Il va se joindre à nous. Il est chargé d’assurer notre protection. » Puis, pivotant vers Anthonius, elle demanda : « Par quel quartier proposez-vous que nous commencions ? »



Message V – 1513 mots




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Les portes : L'arrivée à Narfas



Ezidor me fixait d’un air désapprobateur. La colère serrait ma poitrine. Ma voix claqua, comme le bruit d’un fouet sur la pierre. « Tu n’avais pas le droit ! » Je parlais de son mariage avec Irène. Il n’avait jamais aimé personne. Il avait toujours préféré la douceur du célibat. Seul, il pouvait exercer sa profession comme il l’entendait, sans jamais avoir à se justifier. Et cette chienne était arrivée dans son existence, telle la lèpre. À ma rage se mêlait une peur vivace, cette peur que, petit à petit, elle pourrît chaque partie de lui, qu’elle m’effaçât complètement de sa chair, que je partisse en lambeaux, qu’il m’oubliât, qu’il ne me sentît plus autour de lui. Je voulais qu’il me gardât : dans ses souvenirs d’un passé à la fois lointain et proche, dans ses pensées actuelles et dans ses espérances futures. « Je n’allais pas t’attendre. » me répondit-il simplement. Pourtant, derrière ses mots il y avait mille accusations. Il m’accusait de ne pas l’avoir suivi, d’avoir choisi une autre voie que celle de la médecine et de l’alchimie, de m’être entiché d’une prostituée et d’avoir désiré être qui je n’étais pas, qui je ne pourrais jamais réellement devenir. Dans ses non-dits, il y avait du venin. Les miens en comportaient également. Je l’accusais silencieusement, en miroir, d’être parti, de ne pas avoir avoué certaines choses, de ne pas s’être montré plus dur parfois et, surtout, de s’être marié et d’envisager d’avoir des enfants. Je le haïssais. Je le haïssais autant que je l’aimais. Cet amour n’avait jamais été clair. Ponctué de ressentiments, il n’en était que plus puissant et plus destructeur à la fois. S’il ne voulait pas être à mes côtés, alors il ne serait aux côtés de personne. Ce qui brûlait dans ma poitrine était le feu mortel de mon désir. Désir de le prendre, désir de l’asphyxier, désir d’être à lui, désir de l’aimer, désir de le tuer. Mon regard se planta dans le sien. Je sentais le mal en moi, tordre mes lèvres dans un rictus déterminé. Je lui en voulais. Pourtant mon air de bête enragée ne l’arrêta pas. Il s’avança et posa ma main sur ma joue. J’eus l’impression de vaciller, le feu de ma poitrine se diffusant sous ma ceinture. L’impression d’irréalité me saisit. J’ouvris les yeux sans rien voir de la vérité, encore focalisé sur mon rêve. Ezidor avait changé de position, plus haut que je ne l’étais. Néanmoins, ça ne me stoppa pas non plus. Je pouvais mettre à mal sa hauteur. J’étais plus fort que lui. J’étais plus jeune que lui. Son corps était d’une légèreté que je n’avais remarquée que plus tard. Adolescent, je l’adulais. Jamais je n’aurais cru le surpasser en quoi que ce fût un jour. Le temps avait mis une claque à mes représentations. Quand je m’étais rendu compte que je lui étais supérieur dans certains domaines, là encore, j’avais eu peur.

Ma main se referma sur le tissu de ses vêtements et je l’attirai dans l’eau d'un geste sec. Mon corps se déplaça, de façon à le plaquer contre le rebord où je me trouvais précédemment. Là, mes doigts se refermèrent sur sa gorge et mes lèvres s’accaparèrent les siennes, ma main libre courant dans ses cheveux. Si ma silhouette contre la sienne n’éveilla pas ma conscience, ce fut la douceur de ce qui se trouvait entre mes phalanges qui me fit douter. Je fronçai les sourcils alors que le rêve continuait de s’estomper, avec plus de force cette fois. Il n’en resta bientôt plus rien, que Lénora prise en tenaille entre le bassin et moi. Je m’immobilisai, avant de glisser vers l’arrière, comme si je venais de me brûler. Mes yeux analysèrent la situation, dessinant de brefs et rapides aller-et-retour de droite à gauche, puis finirent par la dévisager. Je me rendis compte de ma méprise en même temps que je me souvins d’où est-ce que je me trouvais. « » Aucun mot ne sortit d’entre mes lèvres au début. Il me fallut faire un effort surhumain pour articuler quelque chose. « Je… Je suis désolé. » Des bribes de la soirée où je l’avais trouvée dans l’atelier d’Ernelle me revinrent, lorsque mes yeux étaient descendus sur ses fesses et lorsque je m’étais demandé si je ne pourrais pas la droguer pour mieux la violer. Je n’avais rien fait. Je m’étais retenu. La situation était à présent légèrement différente. Ce n’était pas ma volonté qui avait parlé mais quelque chose d’autre, de plus profond. Ezidor me manquait et j’allais finir par devenir fou à le savoir entre les mains de cette sale garce. « Je ne vous ai pas fait mal ? » Il me semblait ne pas avoir trop serré ma prise mais je pouvais me tromper. « Je suis vraiment désolé. » répétai-je. La situation était compliquée à expliciter. Je ne pouvais pas lui avouer avoir rêvé de mon ancien mentor et de l’avoir prise pour lui. « Vous veniez pour… » Je fixai l’endroit, encore légèrement ailleurs. « Vous veniez pour vous laver, n’est-ce pas ? J’aurais dû vous faire passer avant moi. » Depuis combien de temps dormais-je ici ?

« Childéric ? » La voix appartenait à Tamara et nous provenait depuis derrière la porte. « Un homme de Garance de Lieugro est ici. Elle désire que vous la rejoigniez auprès de Sa Majesté. » Mes yeux se plantèrent de nouveau sur Lénora. Le silence s’installa quelques secondes avant que je ne répondisse. « Je vous remercie. Dîtes à cet homme que je m’habille et que j’arrive. » Puis, plus bas, je m’adressai à la jeune femme. « Ça va aller ? » lui demandai-je. « Je n’ai pas l’habitude d’agir de la sorte. » Pas vraiment. Pas sans le vouloir en tout cas. « S’il y a quoi que ce soit que je puisse faire pour me faire pardonner l’affront… Surtout que je sais que ma sœur et vous… » Elle ne me l’avait jamais confirmé mais c’est ce que j’avais compris de son discours la première nuit. Je me raclai la gorge. « Je dois partir mais nous en rediscuterons. »

____________

Escorté, j’entrai dans la salle où se trouvaient les Grands de Narfas et de Lieugro. L’ambiance me sembla étrange. Je me présentai néanmoins et envoyai une œillade à Garance. Parfois, je pensais à la nuit que nous avions passé « ensemble ». Cette femme m’attirait et me dégoûtait à la fois. Elle me dégoûtait moins depuis quelques jours. Si ça avait été délicieux, je me forçais à ne pas y songer. J’avais commis une faute et je le savais. Ça ne devait plus se reproduire. J’attendis donc que quelqu’un m’adressât la parole afin de m’expliquer ce que j’avais manqué, la pointe des cheveux encore légèrement humide.

1125 mots

Tekoa - Childéric:

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