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 Les Portes - Chapitre V

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Mitsu
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Mitsu
Ven 02 Sep 2022, 20:11


Image par Joelin Tan

Les Portes - Chapitre V


« L’environnement est prêt. » articula Ambroisine, après avoir effectué les dernières retouches. Ses yeux rencontrèrent d’abord ceux de Thalie puis ceux des trois silhouettes qui l’observaient en silence depuis le début des travaux. Les Ætheri ne dirent rien et se contentèrent d’acquiescer. La Reine des Faes fixa de nouveau son attention sur le visage de la rouquine. Elle l’interrogea du regard sur l’avancée de ses propres travaux. Cette dernière avait été chargée de sélectionner les Grandes Personnes qui incarneraient les rôles. Elle y avait pris un malin plaisir. La souffrance de ces derniers lui apportait une certaine satisfaction depuis que son jardin avait brûlé et que ses ailes avaient été sectionnées. Au sein de son propre peuple, elle commençait à être craint, bien que beaucoup s’accordassent à trouver ses méthodes radicales plus efficaces que d’autres, plus pacifiques. Thalie n’hésitait jamais, lorsqu’une Grande Personne s’en prenait à la nature. Elle la retournait contre elle et faisait de son trépas une torture qui prenait souvent des traits artistiques. Il était impossible pour elle de traiter avec ceux qu’elle considérait comme des terroristes et des abrutis. La bêtise, elle la transformait en engrais. Alors, bien entendu, lorsque la Reine lui avait proposé de participer à la confection de son nouveau conte – avec une grande latitude – elle avait accepté avec plaisir. Elle serait la méchante fille, la vilaine, la Fae Sorcière, celle qui les traumatiserait et marquerait leur mémoire pour le reste de leur vie. Pour autant, elle avait obéi aux ordres d’Ambroisine : une sélection d'acteurs hétéroclites. Si cela n’avait tenu qu’à Thalie, elle aurait aspiré dans le conte uniquement des ennemis de la nature. Aucun psychisme n’aurait survécu. Ce n’était néanmoins pas le but.

« Tout est prêt de mon côté également. » dit-elle. Il lui restait quelques ajustements à faire, en réalité, mais elle s’en chargerait au cours de l’histoire. La Souveraine ne lui avait pas interdit de faire apparaître d’autres personnages en cours de route ou de façonner un monstre vorace. Elle avait bien l’intention de rendre le conte captivant pour les futurs lecteurs. Le tout devrait être cohérent. Pour le reste, il n’y avait aucune règle. Certains contes étaient gentillets mais elle se doutait que si Ambroisine avait fait appel à elle, c’est qu’elle désirait quelque chose de plus acide et terrible. « Bien. » conclut l’une des trois silhouettes. Le deuxième homme du lot posa sa main sur l'avant-bras du premier. « La prochaine fois, il faudra de nouveau leur donner l'illusion du choix. » Autrement dit, les ramener dans le couloir aux Portes multiples et leur demander de choisir parmi celles-ci. « Hum. »

Sur les Terres de Sympan, plusieurs halos de lumière apparurent, aspirant les Mortels sélectionnés afin de les plonger dans le Monde des Contes.

463 mots

Explications


Bonjour à tous et bienvenue dans ce Rp dirigé !  Les Portes - Chapitre V  442

Vous trouverez les indications sur les rôles, ainsi que la carte >> ICI <<

Globalement, qu'est-ce qu'il se passe ? - Votre personnage est en train de faire sa petite vie quand, tout à coup, un halo de lumière vient l'englober et après... après il est dans son rôle. Ca veut dire qu'il n'est plus lui-même du tout et ne se rappelle plus de qui il est. Pour lui, il est né dans son rôle, a vécu dans son rôle, est son rôle.

Quand votre personnage se rappelera-t-il du conte ? Chronologiquement, comment ça se gère ? - Votre personnage ne se rappellera du conte qu'à la fin de ce rp (qui risque de durer jusqu'en décembre mais on verra ça au fur et à mesure) lorsqu'il lira le livre qui sortira. S'il ne lit jamais le livre de conte, il ne s'en souviendra donc jamais. C'est vous qui voyez. Chronologiquement, l'aventure dans le Monde des Contes n'est pas décelable par votre personnage. Il a été amené dans le Monde des Contes par un halo de lumière qui le redéposera au même endroit, au même moment, à la fin du conte, comme si de rien n'était. Ce sera vraiment la lecture du conte qui fera que sa mémoire s'activera ensuite. Donc vous pouvez continuer à rp comme d'habitude pendant toute la durée de ce rp sans souci. Pas de problèmes de chronologie ^^

Au niveau du physique - Le physique du personnage de conte est celui de votre personnage (sauf pour Babel qui passe d'un personnage féminin à un personnage masculin et qui subira donc un changement de sexe ^^). En fonction des rôles (jeune adulte ou adulte) votre personnage a rajeuni ou vieilli en fonction.

Au niveau du psychisme - Votre personnage adopte le psychisme de son rôle. Il est son rôle et ne se rappelle plus d'être autre chose que son rôle.

Mise en situation - Afin de vous aider à vous acclimater, je vous ai fait des mises en situation ^^ Vous aller donc commencer votre rp comme ça et, ensuite, libre à vous de faire ce qui vous plaira. Fait global : Nous sommes au printemps et votre personnage apprend la tenue d'un bal au palais d'ici trois semaines (ce bal sera la partie II du rp qu'on commencera au mois d'octobre en faisant une ellipse). Les personnages vont donc commencer à se préparer en vue de ce bal. Il y aura tout le gratin et ce sera là l'occasion de séduire certains, de ridiculiser d'autres etc.

- Yvonelle (Lana), Natanaël (Min), Elzibert (Lucius) & Rosette (Yngvild) => Vos personnages se trouvent dans une cabane dans les bois, proche du domaine de la famille d'Etamot à parler de la nouvelle du bal.

- Montarville (Babelda) & Lambert (Adriaen) => Vos personnages boivent un coup au palais en discutant du bal. C'est Lambert qui l'organise dans le palais du Roi Montarville.

- Madeline (Latone) & Elétonine (Lucillia) => Vos personnages boivent le thé en discutant des derniers potins (que vous pouvez inventer de toute pièce) dans la demeure des Erexul.

- Garance (Hélène) & Gustave (Faust) => Vos personnages couchent (ou viennent de coucher ensemble et sont en train de se rhabiller en fonction de ce que vous préférez) dans la demeure des De Tuorp en profitant de l'absence d'Eléontine et Hermilius.

- Ludoric (Dastan) & Placide (Ikar) => Vos personnages sont ensemble. Normalement ils ne sont pas censés être là mais ils essayent de vivre leur amour secret. Ils entendent (ou ont entendu) Garance & Gustave coucher ensemble.

- Coline (Kiara) & Adolestine (Kyra) => Vos personnages sont en train de se disputer au palais, pour une raison X ou Y.

- Hermilius (Laen), Clémentine (Chelae) et Adenaïs (Eibhlin) => Clémentine et Adenaïs sont en train de se promener au bord du fleuve ensemble. Elles se sont rencontrées par hasard et ont décidé de discuter pour passer le temps. Hermilius espionne Clémentine.

- Zebella (Susannah) & Clémentin (Erasme) => Vos personnages sont à l'écurie et discutent cheval.

Longueur des messages ? - 720 mots minimum.

Pour plus tard : Dans la suite du rp, je corserai un peu les choses. Chacun de vos personnages a, en effet, un secret honteux qui pourrait nuire à sa réputation ou faire détourner de lui ceux qu'il aime. Je vous enverrai un mp (en sachant qu'un autre personnage sera aussi au courant de ce secret et pourra, éventuellement, l'utiliser). Comme vous ne saurez pas qui détient le secret de votre personnage, il faudra être prudent 8D

Voilà !  Les Portes - Chapitre V  002

Si vous avez des questions, n'hésitez pas ! Amusez-vous bien  Les Portes - Chapitre V  1628

Participants


La liste des participants est >> ICI << avec les rôles associés.

Je compterai votre nombre de messages au fur et à mesure puisque, comme d'habitude, à la fin du rp, vous pourrez aller déclarer le total en gain de quête ^^

Deadline Tour n°1


Dimanche 11 septembre à 18H (Je ne pense pas poster à chaque fois un message rp complet de 720 mots mais je vous donnerai des indications HRP de temps en temps / posterai avec les rôles non pris si c'est pertinent ^^).

Gain Tour n°1


- Le titre : Élu des Portes ou Élue des Portes (pour les personnages qui ne l'ont pas encore)
ET
- 1 point de spécialité

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Latone
~ Orisha ~ Niveau I ~

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Latone
Dim 04 Sep 2022, 16:02



" Est-il à ton goût ? Sans once de vantardise, il n'est qu'exquisité. Bribes de gingembre, gousses de cardamone et de vanille – fendues pour celles-ci, modeste primordialité que je te confie – cannelle et clous de girofle. Enfin, pas des moindres, une succincte touche de miel avant de laisser infuser le tout pendant une poignée de minutes. "

Ses thés étaient les meilleurs du Royaume. Ce n'était qu'un fait comme tant d'autres ; comme ceux qu'elles se contaient depuis leurs retrouvailles. Lambert, son mari, n'était guère homme à apprécier ses formidables trouvailles, au contraire d'Eléontine, sa meilleure amie. Retenant un soupir d'aise – ces situations où elle parvenait à s'exprimer, être elle-même lui étaient si rares – Madeline d'Eruxul noya ses remontrances d'une bonne gorgée de cette fameuse infusion au gingembre. Comme diraient les péquenauds des champs : elle s'emmerdait. Depuis son mariage, ça avait toujours été le cas. Rien de sensationnel, rien de pimenté, que des souvenirs fades ternissaient la tapisserie de son existence. Même lorsque Déliséa De Lieugro trépassa suite à sa fausse couche, Madeline avait tout mis en œuvre pour soutenir Lambert dans son deuil. De par cette épreuve, la Dame d'Eruxul finit par se faire une raison quant à son rapport marital : son mari préférait passer tout son loisir loin d'elle, la plupart du temps au palais royal d'ailleurs, ce qui en disait long sur l'avis de Lambert sur leur propre demeure. Malgré elle, Madeline serra un brin plus la hanse de sa tasse, manquant d'échapper quelques centilitres sur sa robe blanche. Il n'y avait bien qu'en présence de la Dame De Tuorp qu'elle laissait de côté sa carapace. Eléontine savait très bien ô combien Madeline s'ennuyait, elles savaient tout l'une de l'autre à force ; du moins, presque tout. Madeline possédait son lot de secrets et de manigances aussi, hélas toujours au profit d'autrui plutôt qu'au sien. Quoi qu'il en soit, avec le chagrin perpétuel du Roi Montarville, elle aurait pensé que l'absence continue de Lambert lui offrirait une myriade d'opportunités. Non pas pour s'émanciper, loin de là cette idée ! Mais pour accomplir tout ce qui lui trottait dans la tête, que ce fût sous la brise envoûtante du matin ou durant ses rêves nocturnes les plus pétillants. Quelque part, elle était convaincue qu'elle ferait une meilleure confidente que Lambert à l'attention du Roi. Malheureusement, Madeline resterait Madeline toute sa vie, incapable de tordre les filins de son destin. C'était d'ailleurs pour cette raison qu'elle admirait Eléontine, puisque cette dernière s'avérait être son opposé total, une sorte de reflet d'une vie interdite.

La nouvelle du bal ne manqua point de faire sensation. Pour sa part, Madeline s'avérait au courant de cette soirée bien avant l'heure. Forcément, lorsque son propre mari était l'organisateur de la moitié des bals de l'année, l'étape de l'étonnement et de l'émerveille s'épuisait dans une profonde lassitude. La Dame d'Eruxul n'exécrait point les soirées mondaines – bien au contraire – mais elle n'était pas sûre qu'exposer le Roi aux vautours du voisinage – et même ceux terrés dans les entrailles du palais – lui remonterait le moral. Car oui, Lambert avait beau faire preuve d'une incroyable dose d'empathie et dévotion, Madeline gardait pour elle son scepticisme quant à cette occasion. Elle ne connaissait que trop peu Montarville pour n'avoir comme seul entremetteur que son mari, mais si elle arrivait à s'entretenir avec Sa Majesté, peut-être trouveront-ils un terrain où il pourra s'épanouir ? Cette tragédie n'avait que trop duré et ne devrait pas être l'appât auquel se raccrocheront les piranhas. De plus… Madeline avait la ferme intuition que ce bal se montrera crucial, étant donné les rumeurs qui se profilaient. C'étaient ces dernières dont discutaient les Dames De Tuorp et d'Eruxul sur la terrasse de cette dernière.

" Mes yeux ne me trompent pas, je te l'assure. Elle se rapprocha un peu plus de son oreille, comme si des espions pourraient se terrer derrière les haies de son jardin. Je sors d'un dîner avec ma couturière attitrée – la robe qu'elle m'a confectionnée pour le bal est fantastique, je te la montrerai ! – et qui vois-je s'extirper de la pénombre ? Adénaïs d'Etamot, en personne. Une Dame prestigieuse, à une heure tardive, en ville, fripée telle une coureuse de remparts ! J'ignore ce qu'elle traficotait chez le forgeron de Lambert, mais cette escale ne transparaissait aucune innocence. Elle réhaussa son chapeau, si grand qu'on pourrait couvrir au moins deux autres têtes. Ma calèche étant déjà arrivée, je n'ai pas eu le loisir d'en savoir plus. Mais je te l'avais dit : Dame d'Etamot commence à onduler de la toiture. "

Il fallait dire que sans un homme pour la brider, Adénaïs finirait forcément par se perdre dans les méandres de l'instabilité. Son histoire se montrait bien entendu tragique, néanmoins s'adonner à de telles bassesses la déshonorait. Jusqu'alors, Madeline ne s'était point intéressée aux Etamot, mis à part que sa fille, Rosette, s'amusait des fois avec les enfants. Peut-être qu'Eléontine en saurait plus ?

" Oh, sur une note plus délicieuse. T'ai-je déjà contée que ma fille reçoit des poèmes d'une plume anonyme ? Rosette échoua à lui cacher cela, et Madeline s'était même permise de décortiquer l'une de ces lettres en cachette. Aaah… Le romantisme n'est pas une notion perdue. " Pas encore.


946 mots ~



By Jil ♪
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Dim 04 Sep 2022, 21:04

Chelae
Le Conte
Penchée vers l'avant, Clémentine replaça sa mèche de cheveux rebelle derrière son oreille, puis reprit son travail. D'une main, elle tenait la tige et de l'autre, le sécateur qui longeait celle-ci pour la sectionner proprement à l'endroit voulu. Quand elle se fut décidée, elle coupa, puis déposa la fleur dans son panier en osier. Satisfaite, elle rangea le sécateur et reprit sa promenade – car loin d'elle était l'idée d'effrayer les passants avec une arme blanche. Toutefois, aujourd'hui, le chemin le long du fleuve était désert. Clémentine trouvait cela surprenant, car le temps était radieux, mais cela ne la dérangeait pas. Même si elle aimait la compagnie et qu'elle n'hésitait jamais à faire la conversation à qui le voulait bien, la solitude ne la dérangeait pas. Clémentine était une femme simple qui vivait et appréciait les choses comme elles venaient. Elle ne souhaitait pas plus, ni moins que ce que son quotidien lui apportait à savoir sa famille, sa boutique, et son jardin. Pour beaucoup d'entre eux, cette simplicité reflétait son manque cruel d'ambition. Mais elle ne voyait pas ce qu'il y avait de mauvais à cela. Tant qu'elle était heureuse, ça lui allait. Bien entendu, elle fantasmait parfois, comme n'importe qui, et espérait que certains de ses rêves se réalisassent un jour. Mais elle n'avait pas l'intention de concrétiser quoi que ce fut tout de suite. Pour le moment, elle était bien comme elle était.

-Oh !

Sans craindre de salir sa robe, Clémentine s'agenouilla pour ce qui devait être la dixième fois au bord du chemin. Ce n'était que quelques matricaires au pied d'un talus, mais elle ne pouvait résister à aucune fleur. Délicatement, elle en cueillit deux qu'elle déposa dans son panier déjà bien rempli, et laissa le reste. Elle avait aussi à cœur de ne pas tout cueillir, ne souhaitant en aucun cas laisser un lieu désolé après son passage. Tout n'était qu'une question d'équilibre. En en épargnant, elle laissait à la nature la possibilité de se renouveler et d'embellir l'endroit à chaque printemps et à chaque été.

Alors que la jeune femme s'était mise à fredonner, heureuse d'avoir pu mettre la main sur autant de merveilles, elle aperçut des pieds, à à peine quelques mètres de sa position. Elle tressaillit bien malgré elle et cessa aussitôt, effrayée à l’idée qu’on ait pu l’entendre. Elle leva les yeux jusqu'à découvrir l'identité de la nouvelle arrivante.

-Oh, bonjour.

Tout en se redressant, elle offrit un sourire doux à Adénaïs. Bien sûr, elle l'avait tout de suite reconnue, mais Clémentine ne pouvait pas dire qu'elle la connaissait. Jusqu'ici, elles ne s'étaient jamais parlé. Du moins, pas de ce dont elle se souvenait. Mais ça ne faisait rien. Il n'était jamais trop tard pour apprendre à se connaitre.

-Désolée, je ne vous avais pas vue arriver. J'ai été surprise. Elle jeta un regard aux alentours. Je pensais être seule, je n'ai croisé personne jusqu'ici. C'est drôle d'ailleurs.

Elle continua de sourire, un peu hébétée, puis reprit :

-Vous allez par-là ? Elle indiqua une direction. Nous pouvons marcher ensemble, si vous voulez.

Ça lui faisait plaisir. C'était une belle journée et elle était de bonne humeur.

-Comment allez-vous ? Pas qu’elle connaissait les rumeurs à propos d’Adénaïs. Elle demandait toujours, c’était important de s’enquérir de l’état de ses interlocuteurs avant toute chose. Il fait beau aujourd'hui, c'est bien.

Parfait pour passer du temps à l'extérieur.

-Je m'excuse, ce n'était pas très convenable pour débuter une rencontre. J’étais en train de cueillir des fleurs.

Vu le contenu de son panier, cela croulait sous l’évidence, mais bon. Les deux femmes continuèrent de marcher un peu. La promenade était calme et paisible. Ça la rendait heureuse et elle espérait sincèrement que cela faisait autant de bien à son interlocutrice.

-J’ai entendu dire qu’il y allait avoir un bal dans peu de temps. Vous aussi ? Comptez-vous y aller ?

Clémentine n’était pas dans les potins et dans l’actualité en général. C’était ses frères et sœurs qui l’avaient mise au courant. Elle n’avait pas encore choisi ce qu’elle porterait, mais ce n’était pas un problème. La couturière qu’elle était saurait confectionner une robe appropriée en un temps record. Son regard se perdit sur le côté.

-Oh ! Ces hortensias sont sublimes !

Même si elle se promenait ici chaque semaine, elle trouvait à chaque fois le moyen de s'extasier sur la flore qui bordait le fleuve. Celle-ci était très diverse. C'était peut-être un peu de sa faute : il lui était déjà arrivé de faire importer quelques graines de part et d'autre du monde après des achats compulsifs et bizarrement, ces mêmes plantes étaient apparues en-dehors du jardin du domaine Ukok peu de temps après. Les siens lui reprochaient parfois que sa passion pouvait prendre des envergures trop grandes, mais en attendant, ils avaient économisé des montagnes d'or en jardiniers et la maison sentait tout le temps bon. Il ne faisait pas le moindre doute que de tout le royaume, les Ukok possédaient le plus beau des jardins. Un peu sauvage, certes, mais monstrueusement fleuri, coloré et parfumé. Si certains pensaient qu'elle abusait, ce n'était pas son cas. C'était pourquoi, encore aujourd'hui, elle avait coupé long les tiges des roses sauvages afin de faire des boutures en plus de garnir les centaines de vases de la maison.

Et elle comptait faire pareil avec ces magnifiques hortensias bleus. S'armant de son sécateur, Clémentine détacha une inflorescence, avant de se tourner vers son interlocutrice.

-Vous en voulez aussi ?

Les passions étaient faites pour se partager.


~920 mots~
Félicitations, c'est une Ygdraë
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Kitoe
~ Démon ~ Niveau II ~

~ Démon ~ Niveau II ~
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Kitoe
Dim 04 Sep 2022, 22:32

Faust
Les Portes V
TW : des fesses et un égo cosmique


Le front posé dans sa paume, nonchalamment accoudé à sa table, Faust tapotait sa feuille avec la pointe de son crayon. Ses yeux rivés sur l'exercice se relevèrent pour balayer le reste de la salle de classe. Il ne vit que des tignasses. Des têtes baissées et des yeux braqués sur leurs fiches d'examen. Le silence était de plomb. Faust soupira et il croisa Peniel du regard, qui le toisait, adossé contre un mur, les bras croisés. Il ne l'aidait même pas. Pfff. Dépité, l’adolescent en revînt à son exercice d'anatomie. Les sciences faisaient partie des matières qui lui plaisaient le plus. C'était concret, ça faisait plus de sens pour lui que l'étude de la littérature des siècles précédents. Cet examen n'était donc pas le pire de tous ceux qu'il avait connus jusqu'ici. Il avait même révisé pour celui-là. En tant que futur méchant – il était un Démon, ne l'oublions pas – connaitre les moindres recoins du corps humain était important. De cela, il pourrait tirer des conclusions sur les points forts et surtout les points faibles de ses futurs ennemis. De ce fait, il avait jusqu'ici été relativement confiant quant à l'issue de ce devoir sur table. Seulement, un problème était survenu depuis pas moins de dix minutes : il avait un trou. Un trou de mémoire. L'ironie du sort. C'était rageant, surtout qu'il savait qu'il savait. Il était censé savoir. Il avait la réponse sur le bout de la langue, mais impossible de se souvenir du nom débile de cet os dans le bras. Le radius et le... le... ??? Putain ! En plus il avait inventé un moyen mnémotechnique pour s'en souvenir et là, ça lui échappait complètement. C'était un moyen mnémotechnique à base de vocabulaire salace.

Puis soudain, il eut l'illumination. Non, il n'avait pas encore trouvé la réponse, mais il était littéralement illuminé. Il n'eut pas le temps de comprendre ce qu'il se passait, qu'il se fit avaler par le halo. Mais il était trop concentré. C'était quoi déjà le nom de ce foutu os ? C'était un truc avec cul et bite...

*


Ses coups de rein s'intensifiaient. Ça commençait à devenir sérieux. Sulfureux. Son souffle se mêlait au sien. Quand un gémissement de plaisir lui échappait, elle gémissait aussi. En tout cas, c'était au moins ce qu'il s'imaginait. Il n'écoutait pas toujours ce que ses amantes, si ce n'était sa femme, avaient à exprimer lorsqu'il s'agissait de sexe. Le temps et les hordes de femme qui lui avaient toujours couru derrière, lui avaient toujours confirmé qu'il était un bon coup. Un très bon coup, même. Et s'il était un très bon coup, alors elles prenaient forcément du plaisir. C'était logique, mathématique. Il ne pouvait que les comprendre : il était beau. Il avait toujours été beau. Et le temps le rendait encore plus beau. Longtemps, il avait eu peur de vieillir. Il avait eu peur de perdre de sa superbe. A la naissance de son fils, il avait tout fait pour transmettre le flambeau à ce dernier d'ailleurs, afin de pouvoir au moins être spectateur des exploits de son propre héritier et de s'autocongratuler de lui avoir transmis les bonnes valeurs du tombeur qu'il était. Mais à sa grande surprise, Gustave n'avait pas mal vieilli. Le temps lui avait même appris une chose : vieillir en tant qu'homme – pas les femmes, car les cheveux gris avait quelque chose de négligé sur elles – c'était autant de charisme de gagné chaque année.

Mais bref. Tout ça pour dire qu'il était un excellent coup et que dans quelques années, on le considèrerait probablement comme un dieu. De ce fait, même si ses conquêtes ne criaient pas à chaque fois qu'ils passaient à l'acte, Gustave savait qu'elles aimaient ça. Certaines étaient juste plus discrètes que d'autres, mais il savait qu'à l'issue de leur échange charnel, elles avaient eu au moins un orgasme. Au moins. Car l’amant qu’il était savait être généreux.

En parlant d'orgasme, Gustave sentit le plaisir monter et irradier son bas ventre. Il était temps de donner le meilleur de lui-même – même s'il était déjà le meilleur. Ses coups devinrent plus intenses et plus violent encore. Il jouit. Soulagé, Gustave se laissa retomber aux côtés de son amante. Ah, que c'était bon. Haletant, il pensa un instant au sens glorieux de sa fantastique vie, puis se tourna vers la femme allongée près de lui. Il transpirait un peu mais il aimait bien : ça rendait ses muscles un peu plus saillants. Car il était musclé et viril. L'homme regarda amoureusement son amante dans les yeux et l'embrassa. Il ne dit rien. C'était inconscient, mais il ne se risquait jamais à demander si ça leur avait plu. Ainsi, il restait persuadé que la réponse était oui. Lorsqu'il décida que suffisamment de temps était passé entre la fin du sexe et le retour au quotidien, il prit une inspiration.

-Comment va ton frère ?

Car oui, cette femme avec qui il couchait n'était pas n'importe qui : c'était la sœur du Roi. Rien que ça. Inutile de dire qu'il avait tapé dans le mille, en plus d’avoir tapé dans le fond. Une telle relation avec la royauté était une excellente passerelle pour faire marier son fils. A moins qu'il ne choisisse d'abord de se réserver une place pour lui. Il n'avait pas encore tout à fait choisi. Après tout, le Roi avait des filles et son héritier avait besoin d'une femme. Toutefois, ces mêmes filles étaient très à son goût en plus d'être vierges. L'idée de les soulever en premier le séduisait fortement et lui caressait l'esprit autant qu'ailleurs.

-Quelque chose de prévu pour le bal ?

Il parlait bien évidemment de manigances. Il connaissait le ressenti de Garance à l'égard de son frère, et en tant que bon amant et qu'opportuniste, il la suivait. Il savait que cela l'entrainait parfois dans des stratagèmes un peu obscurs, mais l'inverse aurait été une erreur compte-tenu de ses ambitions. Gustave méritait plus que sa position déjà confortable. La preuve était là : les femmes l'adulaient. Garance était sienne. Rien que ça. Le sourire aux lèvres, Gustave se leva et se rhabilla. Il posa ensuite ses mains sur les hanches de son amante et embrassa son cou.

1035 mots



Bijin
nastae:
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Kyra Lemingway
~ Déchu ~ Niveau III ~

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◈ Activité : Tenancière (rang I) ; Négociatrice (rang I) ; Reine du monde des contes à mi-temps
Kyra Lemingway
Dim 04 Sep 2022, 23:45


Les Portes

Les lèvres pincées, je tentais contenir une colère que je sentais me submerger un peu plus à chaque seconde qui s'écoulait. Sous le regard médusé des domestiques présentes, je refermai la boîte dans un claquement sourd et la reposai rudement sur la coiffeuse. « Mademoiselle... » - « Coline ! ». Sans la laisser terminer, je commençai à traverser le palais à la recherche de ma sœur, abandonnant sans explications préalable les servantes derrière moi alors même que nous étions en plein essayage pour le bal. Sans me retourner, je les devinai me suivre aux pas résonnant dans le couloir, probablement dans une tentative désespérée de me rattraper et me stopper tandis que je me trouvais à peine coiffée et ornée des épingles ajustant à divers endroits l'habit, m'offrant à l'évidence une allure de bourgeoise de village. Et alors ? Mon apparence ne m'importait que peu actuellement. J'avais bien autre chose en tête dont l'idée d'où je pouvais trouver ma jumelle. Je m'empressai donc de visiter chacun de ces lieux qui me venait à l'esprit. « Coline ! ». Les mains agrippées de chaque côté de la robe, je la remontai assez pour me libérer les jambes et pouvoir accélérer le pas sans m'empêtrer dans mes jupons, me moquant éperdument de la réaction que pouvaient avoir les courtisans et personnels du palais si leurs yeux devaient tomber sur mes chevilles découvertes. « Coline ! » m'exclamai-je une dernière fois en la trouvant enfin, sereine et une tasse à la main, sous le kiosque. Cernée des fleurs blanches tout juste écloses et habillant la structure de l'abri, l'ignorant pourrait croire assister à une vision sacrée. Elle n'avait pourtant rien d'angélique. « C'est toi, n'est-ce pas ?! C'est toi qui me l'a prise ! ». Je pus lire le questionnement dans son regard mais ne me laissa pas duper. Elle était bonne actrice quand elle le désirait. « La broche de mère, celle dont la forme semble une plume. Tu le savais que je comptais la mettre le soir du bal. C'est toi qui me l'a prise, admets-le ! ». Pourtant la voilà qui nia fermement mon accusation. Le toupet ! Autour de nous, les courtisans commencèrent à ralentir leur marche, savourant  vraisemblablement le spectacle d'une princesse en furie. Mon comportement n'était ni correct ni digne de mon rang, j'en avais parfaitement conscience. Mais je n'en avais cure pour l'instant. Je baissais tout de même d'un ton en reprenant la parole dans un persiflage assumé et convaincu. « Que tu usurpes une identité — car je sais ce que tu fais, ne me crois pas assez idiote pour ne pas l'avoir remarqué — cela ne m'étonnes pas venant de toi. Seulement je n'aurais jamais songé ne serait-ce qu'un instant que tu puisses t'abaisser à un acte aussi populaire qu'est le larcin, ma très chère sœur. ». Il suffisait d'observer son comportement avec ceux ne portant pas la culotte. Le dédain envers les femmes. Le dégoût envers la plèbe. Alors lorsque les deux étaient réunis... Parfois j'enviais Clémentin bien que sa naissance lui eût accordé moins de privilège que la mienne. Étaient-ils différents tout du moins. Je pouvais avoir presque tout ce que je désirais, il me suffisais le demander. J'avais ce luxe de l'abondance sans avoir la nécessité de me tuer à la tâche pour cela. Toutefois lui n'était pas brimé par l'étiquette et les convenances. Il pouvait quitter le palais sans avoir l'obligation de mettre tout le monde au courant. Il avait la liberté. Une que je ne possédais pas et rêvais bien trop. « C'est cela, n'est-ce pas ? Car tout ce que tu veux c'est t'approprier toute les miettes qui peuvent traîner. Tu refuses de partager la toilette de notre mère, tu veux tout te garder pour toi. Parce que ça a toujours été ça. Tu as toujours tout pris, comme si tout pouvait t'appartenir. Même ce qui ne te reviens pas de droit, tu le prends, et tu te le gardes. ». Je sentais les larmes monter, de rage et de tristesse, mais fis tout pour les contenir. « Les affaires de maman sont autant ton héritage qu'elles sont le mien, et celui de Placide. Tu n'as pas le droit de nous en priver comme ça. ». Je désespérais de cette situation. De ses attitudes et réflexions. Pourquoi était-ce si difficile de s'entendre avec elle ?
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Mots | 733


La fête va enfin commencer, Sortez les bouteilles, fini les ennuis

Vive les pionniers, Les rebelles et les révoltés

 (:KYRA:)  :
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Jämiel Arcesi
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Jämiel Arcesi
Lun 05 Sep 2022, 14:30

Love's Grip par Eva Soulu
Les Portes

Plusieurs longues minutes s'étaient écoulées déjà. Elle s'était perdue dans la contemplation de l'eau ondulant à ses pieds et ne voyait plus le temps passer. C'était sans hésitations que son courant rejoignait le delta pour se jeter avec fougue dans l'océan. Vive, claire, vivante. Elle aurait pu rester des heures ainsi. Parfois il lui prenait l'idée d'y plonger et se laisser porter sur d'autres rivages peut-être plus paisible. Mais rapidement elle se faisait rattraper par la seule raison pour laquelle elle demeurait encore au royaume de Lieugro : ses enfants. Une ombrelle entre les mains, Adénaïs faisait jouer la canne entre ses doigts la toile tournant lentement de façon irrégulière au-dessus de sa tête. Un fredonnement joyeux la tira de ses ténèbres. Elle tourna le visage et découvrit la silhouette de Clémentine d'Ukok. Elle plongea une nouvelle fois son regard dans la rivière. Son reflet lui paru, flou, trouble. Comme son être. Après une hésitation elle tourna les talons pour finalement s'avancer vers la Dame d'Ukok. Il y avait des devoirs qu'elle se devait encore d'endosser et la conversation avec une semblable faisait parti de ceux-ci. Après une inspiration, elle se para de son masque habituel et afficha un fin sourire avenant surmonté d'un regard brillant la joie de rencontrer au hasard d'un détour un visage connu dans ce calme printanier.

« Bonjour à vous. » répliqua en écho Adénaïs avant lever une main pour empêcher sa vis-à-vis de s'étendre plus que de raison en pardon. « Vous n'avez aucune raison de vous confondre en excuse. La faute est mienne, j'aurai dû m'annoncer. » la rassura-t-elle, amène. Vint alors la proposition à lui tenir compagnie. « Ce serait avec joie. ». Pas tout à fait en fait. La convenance était devenue une astreinte à laquelle elle se pliait pour continuer faire un minimum bonne figure auprès de ses comparses. Car il ne lui restait bien que ça. Paraître. « Ma foi, il y a eu des jours meilleurs. ». Ils lui paraissaient tous gris depuis le décès de son époux. Demeuraient de temps à autre quelques éclaircies en la personne de Childéric. « Et vous, comment vous portez-vous ? Que deviennent votre frère et votre sœur ? ». Clémentine respirait l'innocence. C'était agréable. Ses manières et ses réflexions étaient apaisantes. Un souffle d'air frais dans son brouillard pesant. « Et elles sont splendides. » commenta Adénaïs en attardant son regard sur le panier que la jeune femme portait au bras. « Je comprends mieux pourquoi le monde loue le jardin de votre demeure. Vous savez repérer les belles plantes. ». Et il ne s'agissait pas seulement de rumeurs. Elle avait déjà eu l'occasion de l'observer depuis les fenêtres. « Oui... J'ai cru entendre ça. ». Elle se rembrunie. Elle l'avait apprit en tendant l'oreille un soir, dans la maison de passe du bourg de l'autre côté du fleuve, d'une bouche qu'elle avait ensuite fait gémir. « Je l'ignore encore. Je n'ai pour l'instant aucune id– ». Elle s'interrompit face à l'exclamation de Clémentine, sa réaction dessinant un sourire sincère sur ses lèvres avant de céder à la surprise. « Oh et bien... ». Elle marqua un temps, fixant le bosquet de fleurs, puis offrit un regard désolé à la Dame. « Je suis navrée. Ce serait avec plaisir cependant je suis loin d'avoir la main suffisamment verte pour ça. Vous l'avez vous-même fait remarquer, elles sont magnifiques. Leur vie est bien trop éphémère pour que je les en prive si rapidement. ». À l'époque elle aurait laissé ça aux jardiniers. Les choses étaient différentes aujourd'hui. « Mais je vous remercie tout de même pour l'attention. » conclut-elle malgré tout.

Elles se remirent finalement en route dans le silence brisé du seul écoulement de la rivière et des gazouillis des oiseaux. « Dites-moi, irez-vous au bal ? Il paraît qu'il s'agit à nouveau d'une initiative de Monseigneur d'Eruxul. Ce doit être une bonne personne pour s'impliquer tant dans la vie de sa Majesté. ». Le malheur du Roi n'était pas méconnu de la population et elle ne pouvait que le comprendre. Peut-être avait-ce été ce qui lui avait manqué à elle, une amie sur qui compter pour tenir debout, à défaut de se mettre à genoux aujourd'hui. « Permettez que je vous pose une question. ». En même temps qu'elle lui adressait ces mots, Adénaïs posa une main sur l'avant-bras de la brune. « Vous êtes une belle femme, débordant de gentillesse qui plus est. N'y a-t-il aucun homme qui soit encore venu vous faire la cour ? À moins qu'ils n'aient pas encore trouvé grâce à vos yeux. ». Cette hypothèse lui paraissait la plus vraisemblable.
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Kaahl Paiberym
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Kaahl Paiberym
Lun 05 Sep 2022, 21:05



Les Portes


La cabane n’avait rien à voir avec nos demeures respectives. Nous l’avions construite lorsque nous étions encore enfants, sous la supervision d’un charpentier du village. Elle mesurait environ vingt mètres carrés et offrait assez de confort pour y passer quelques jours si nous le désirions. Nous avions pris l’habitude de nous réunir en son sein afin de discuter de tout et de rien. Nous n’étions pas obligés de nous y réunir à cinq. Déodatus n’avait pas pu venir et c’était la raison pour laquelle nous n’étions que quatre. Durant l’adolescence, nous avions tous dû y amener quelques conquêtes, bien que nous nous étions promis de garder cet endroit « secret ». Malgré tout, je l’avais fait et ne devais pas être le seul. Le lieu offrait un abri solide. L’espèce de chalet ne prenait pas l’eau et nous l’avions habillé de plusieurs meubles. Les coussins servaient au confort. Au fur et à mesure de nos aventures, des objets divers et variés s’étaient ajoutés, parfois fruits d’un moment inoubliable. C’était notre planque, notre quartier général, là où nous discutions, là où nous faisions des expériences que nos parents n’auraient pas tolérées. J’avais pris ma première cuite ici. J’avais eu ma première fois ici. J’avais pris mon premier coup ici aussi. Tout se passait ici. C’était un endroit chargé de souvenirs et porteur d'avenir.

Mes yeux s’arrêtèrent un instant sur la silhouette d’Yvonelle. Ma demi-sœur me paraissait toujours belle, toujours désirable. Nous avions fait l’amour le matin même et savoir que j’étais le dernier à l’avoir touchée avait un petit côté plaisant. Pourtant, notre situation me hérissait fortement. Elle était fiancée à Natanaël et, bien que j’aimasse mon ami, je n’avais qu’une envie : que la promesse se brisât. Je voulais être le seul à profiter des doigts de musicienne de la jeune femme. Je voulais qu’elle les passât sur moi et rien que sur moi, qu’elle les exerçât à pratiquer mon seul instrument.

Après un temps, je brisai le contact et regardai Natanaël. Je doutais qu’il fût au courant de la situation. Notre amitié en aurait été entachée, sans aucun doute. Il valait mieux que la chose restât secrète jusqu’à ce que je convinsse mon véritable père de me reconnaître. Je pourrais alors épouser Yvonelle. L’alliance ne se ferait pas sans essuyer de nombreuses critiques mais elle serait possible. Le voulait-elle seulement ? Si tel n’était pas son souhait, il me faudrait arrêter d’attendre et épouser une femme à mon tour. Pourrions-nous rester amants ? Simplement amants ? Peut-être. Personne de sain n’émettrait l’hypothèse que le frère se tapait la sœur. Rosette savait-elle ? Yvonelle et elle étaient proches. La dernière ne m’avait jamais parlé de cette situation. Peut-être qu’Yvonelle le lui cachait mais je n’étais pas dans les confidences qu’elles pouvaient se faire lorsque nous autres, les garçons, avions le dos tourné. Elles se racontaient sans doute des choses qui ne nous concernaient pas.

Mes doigts caressèrent la couverture du livre que je tenais avant de le replacer dans la petite bibliothèque de la cabane. Je quittai le coin du mur pour m’asseoir avec les autres. « Ce qui est sûr, c’est qu’il y aura du monde à ce bal. » Je souris. « Ce sera l’occasion pour moi de rencontrer les jeunes femmes encore célibataires du royaume. » Je disais cela pour donner l’illusion. À mes yeux, il n’y avait qu’Yvonelle. Pourtant, je savais que ma persistance à rester seul finirait par éveiller quelques suspicions. Même si je faisais mine d’être difficile en matière de femmes depuis quelques temps, l’excuse finirait par ne plus être suffisamment crédible et on me prêterait quelques aventures obscures, avec une femme mariée peut-être. « Il paraît que les filles du Roi sont belles. » Je souris et pris un verre sur la table. Il contenait de l’alcool. Je me laissai tomber sur le dossier et bus une gorgée. « Je pourrais peut-être conclure une alliance profitable. » Plutôt mourir. Ça ne m’empêcha pas de continuer. « Qui pense que j’ai mes chances ? » demandai-je, le regard aussi amusé que ma mine. « Il me faudrait quelques conseils sur ma tenue, c’est sûr. On ne séduit pas une fille de Roi si facilement. En plus, il paraît que l’une d’elles a mauvais caractère. » Je ne savais plus exactement laquelle. Je ne m’intéressais qu’à Yvonelle. Les autres me paraissaient fades au possible. « Natanaël, tu pourrais m’aider à en séduire une, nan ? » fis-je, en regardant le concerné. J’espérais surtout le faire succomber à l’une d’elles, afin qu’il brisât ses fiançailles. « Au nom de notre amitié. » ajoutai-je, comme pour le pousser à accepter.

755 mots
Elzibert (Lucius)

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Susannah
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Susannah
Lun 05 Sep 2022, 23:50

Les Portes - Chapitre V  Lrvr
Les Portes V - Le Conte II
Zébella




Rôle:

Une botte, puis sa jumelle, vinrent s'imprégner d'un nouveau parfum en s'enfonçant dans un crottin encore fumant. Les mains solidement ancrées sur ses hanches, la jeune femme inspira pleinement les odeurs caractéristiques des lieux. À la fois âcres et familières, c'était préférable aux fragrances d'orchidée et de rose dont s'aspergeaient la cour, hommes comme femmes. C'était une odeur vraie. Le nouvel état de ses chaussures ne lui valut qu'un bref coup d'oeil désintéressé et elle se contenta de faire un pas de côté. Il en fallait davantage, bien davantage pour émouvoir Zébella. Depuis enfant, elle avait toujours eu l'estomac bien attaché, jugeant avec un mépris non dissimulé ses comparses s'agiter comme des dindes à la moindre situation malaisante. Toutes des greluches. Et Zébella n'était pas une greluche.

Son regard franc parcourut l'écurie jusqu'à s'arrêter sur une silhouette à moitié dissimulée par un cheval massif qui dormait à moitié au bout de sa longe, la lèvre inférieure pendante. Ce n'était pas le fier destrier qu'elle était venue quérir, aussi s'avança-t-elle d'un pas déterminé jusqu'au palefrenier, soulevant des petits nuages de poussières sur son sillage. Le cheval perçut sa présence bien avant celui qui étrillait ses flancs et tourna des oreilles curieuses dans sa direction. « Bonjour ! » Claironna-t-elle à l'attention du jeune homme. Le blanc de son gant perdit de sa pureté en se promenant sur l'encolure de l'animal qui, rassuré, retourna somnoler sans plus se préoccuper de la nouvelle venue. Celle-ci, réalisant avec un peu d'agacement qu'elle était trop petite pour apercevoir son interlocuteur, se dressa sur la pointe des pieds en prenant appui sur les flancs du cheval. Oh. Ou plutôt. Oh. Celui-ci avait été nourri au sein même des dieux pour être gracié d'un tel minois. « Bonjour ! » Répéta-t-elle, les joues un peu roses. « Je suis Zébella. Et vous êtes ? » Lassée de devoir faire tous ces efforts pour continuer d'admirer son visage, elle passa sous l'encolure pour le rejoindre de son côté. Elle prit bonne note de ses avant-bras musculeux, apprécia d'un coup d'oeil expert la fermeté de ses cuisses avant de se fixer sur ses yeux. Elle comprit brusquement pourquoi certaines battaient tant des cils avec une telle ardeur. Mais elle ne s'abaissa pas à de telles pratiques. Elle ne voulait pas ressembler aux autres. Il y avait tant d'autres façons de prouver ses valeurs et de déployer ses talents. Elle savait où sa force résidait et elle avait fermement l'intention d'en faire l'étalage à tout le royaume. Et quoi de mieux pour cela qu'un adversaire à sa taille ? Si ce palefrenier se mesurait à elle, obtiendrait-elle les faveurs du Roi De Lieugro ? Une liste roulée dans sa manche dressant l'inventaire de tout ce qu'elle souhaitait lui soumettre était prête à être dégainée à la première chance qu'elle aurait d'échanger avec lui. Sa tête fourmillait sans cesse d'idées pour animer le quotidien du royaume. Qui se souciait des bals quand on pouvait faire du tir à la corde ?

Un long regard scrutateur fut à nouveau lancé à Clémentin. À la fin de son inspection, son pied frappa le sol avec impatience. « Préparez deux chevaux. Nous sortons. J'ai perdu mes dames de compagnie, mais une dame ne peut sortir seule. Ce ne serait pas convenable. » C'était faux, elle avait semé ses congénères. Leur faisant croire à la présence d'un dragon dans le ciel, elle en avait profité pour prendre ses jupes à pleines mains pour donner de l'amplitude à ses jambes et avait pris la tangente à toute vitesse. Et personne ne savait la battre à la course.

Pourtant, malgré l'aspect légèrement dépenaillé de sa tenue et son absence totale d'efforts pour satisfaire aux codes sociaux - une perte de temps selon elle, le nombre d'heures passées chaque jour juste pour se vêtir puis se dévêtir la rendait folle - Zébella ne trompait personne sur son rang. Sa robe fendue pour la monte en amazone était en velours outremer d'une qualité indéniable et, bien qu'elle eut lutté pour s'y soustraire, ses domestiques avaient réussi par miracle à fixer sur ses cheveux relevés en boucles sur le haut de sa tête un inutile petit chapeau accordé à sa robe et auquel on avait accroché, comble du ridicule, quelques plumes de canari duveteuses à souhait. Merlin tenait aux apparences tant qu'ils étaient hors de leur Royaume natal, mais manifestement, il ne tenait pas à ses appareils génitaux car elle allait lui faire regretter cet affront sur sa personne. Le plus tôt serait le mieux, mais avant, elle se devait de découvrir les environs par elle-même. Parader en jupons en gloussant avec les autres aristocrates ? Plutôt avaler un crapaud vérolé. Ces promenades étaient si ennuyeuses, ils marchaient tous si lentement qu'elle manquait s'endormir debout. Zébella aimait aller vite, très vite, plus vite que les autres. Elle aimait le bruit, croquer dans les fruits sans se soucier de tâcher ses vêtements, rire sans cacher ses dents, mais surtout, surtout, être la plus forte, et le faire savoir.

Une fois les montures prêtes et Zébella juchée sur la sienne, elle attendit qu'ils soient sortis pour échanger un regard avec Clémentin. À la lumière du jour, il était évident qu'il était le parfait partenaire pour que son rayonnement s'étende sur tout le royaume. Et elle ne disait pas ça parce qu'il était beau. Rien à voir. Son intérêt résidait purement dans l'évaluation physique du palefrenier. Rien de plus. « Est-ce que vous aimez jouer, Clémentin ? » Malgré son ton amène, son expression était devenue sérieuse et l'horizon se figea sous son regard. « Essayez de me rattraper si vous le pouvez. » Son talon s'enfonça dans le flanc de son cheval qui bondit en avant et le vent s'empara de son éclat de rire.

Message I | 1015 mots


Les Portes - Chapitre V  7qoc
Merci Jil  Les Portes - Chapitre V  009 :
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Adriæn Kælaria
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Adriæn Kælaria
Mar 06 Sep 2022, 07:31

Les Portes - Chapitre V  4yi9
Image par Inconnu
Les Portes - Chapitre V



Rôle:

Hermilius se tourna sur le dos. Sa couche était grande mais vide. Ce n’était pas si habituel mais un mal que certains nomment amour et d’autres passion le hantait depuis quelques temps. Il ne cessait de penser à Clémentine d'Ukok. La chose devenait presque maladive puisqu’il n’avait de cesse de quémander les fruits qui portaient son prénom. Il s’en empiffrait goulument dès qu’il le pouvait, en songeant à un tout autre fruit. Celui de sa cousine lui semblait maintenant avarié. Trop mûr. Trop mâché. Trop pratiqué. Surtout, il n’était pas le seul à le lécher. Si, jusqu’ici, ça ne l’avait pas dérangé, il devait admettre qu’il n’était plus l’adolescent de jadis. Il commençait à prendre de l’âge et il ne pourrait pas toujours s’amuser avec sa cousine, que ce fût entre les draps ou au détriment des autres. Ce dernier point demandait plus de réflexion. Il aimait ça, profiter de la faiblesse des nobles et du peuple pour leur jouer de vilains tours. Était-ce de sa faute si la majorité était stupide au point de se laisser berner ? Non. Ainsi, depuis de nombreuses années, il avait pris grand plaisir à pousser les femmes mariées dans le lit d'un homme quelconque dans le seul objectif de briser leur union ou de les pousser dans une culpabilité destructrice. Il avait fait déflorer, ou avait défloré, telle ou telle femme, sous les conseils avisés de sa cousine qui ne cachait jamais sa joie lorsqu’il réussissait leurs paris fous. Le sexe n’était pas une fin en soi. Il était un moyen d’obtenir des privilèges et des pots de vin. Cependant, si leurs activités restaient discrètes – aussi parce que beaucoup n’étaient pas prêts à voir leurs comportements contraires aux mœurs dévoilés au grand jour – il savait qu’ils finiraient peut-être par payer le prix de leur méchanceté. Parfois, il suffisait d’un rien pour passer de la vie à la mort et il tenait à la première.

Il fixa le plafond. Le lendemain, Eléontine serait occupée, ce qui lui donnerait un temps libre inespéré. Il sourit, en pensant à cet abruti de Gustave. Le mari de sa cousine était très peu discret dans ses coucheries, contrairement à cette dernière qui savait pertinemment qu’il la trompait avec d’autres. Eléontine avait même pris beaucoup de plaisir à lui demander, à lui, Hermilius, de passer derrière son mari. Au début, il l’avait fait par amour pour elle et colère pour le sort qui lui avait donné un mari pareil. Ensuite, il avait pris un certain plaisir à faire fondre ces femmes. Puis, il avait fini par les mépriser. « Hum… » Oui, il venait de le décider. Demain, il irait – encore – observer discrètement Clémentine. Il paierait l’un des domestiques de cette dernière pour connaître sa position et irait la trouver. Il avait déjà utilisé le stratagème plusieurs fois. Il avait même pu obtenir une pièce de sa lingerie, afin de se faire une idée des goûts de la belle. Il en était sûr : cette femme était très différente de sa cousine. Elle lui semblait honnête, aimable et responsable. En d’autres termes : parfaite pour fonder une famille. Le problème majeur restait sa liaison avec Eléontine et la persistance de leurs manigances. Néanmoins, s’il réussissait à séduire Clémentine, il règlerait peut-être l’ensemble du souci, même s’il n’était pas certain que sa cousine prît bien qu’il réservât son intérêt à une autre. Il verrait.

Caché derrière un arbre, il avait revêtu des vêtements convenant à sa petite excursion : une paire de bottes, un pantalon plus ample que ceux qu’il portait d’habitude et une chemise moins soyeuse qu’il avait ouverte en constatant que le temps était beau. Ce n’était pas convenable pour un noble de se promener torse nu mais il n’avait pas l’intention d’aller à la rencontre de la femme de ses pensées. S’il changeait d’avis, il boutonnerait de nouveau son vêtement. Il avait attaché ses cheveux en queue de cheval, afin d’éviter d’être gêné dans son voyeurisme. Et alors qu’il observait Clémentine, l’envie de se baigner dans l’eau calme se faisait de plus en plus forte. Se baigner avec elle. Nu contre elle. Pourtant, il savait qu’il devrait être patient. Ce genre de femmes ne se conquiert pas si facilement. Il devrait y mettre les formes, sortir le grand jeu, la couvrir de compliments et d’attentions. Malgré son attrait pour le sexe, tout ceci ne le dérangeait pas le moins du monde. Il la trouvait remarquable et, plus il l’observait, plus il l’aimait.

Avant qu’une seconde femme n’arrivât, il nota de nouveau qu’elle adorait les fleurs. Il le savait déjà et envisageait de lui offrir des espèces rares à planter dans son jardin. Déjà silencieux, il redoubla de concentration, afin d’écouter leur conversation, tout en les suivant. Il en apprendrait sans doute davantage sur elle ainsi.

791 mots



Les Portes - Chapitre V  4p2e
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Min Shào
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Min Shào
Mar 06 Sep 2022, 10:39


Image par Sylvain Sarrailh
Les Portes - Chapitre V


Rôle:

 Un soupir s'échappa de la bouteille de rhum arrangé quand Natanaël en retira le bouchon, afin d'en verser le contenu dans quatre verres. Il avait encore piqué une bouteille dans la réserve de sa mère Ernelle, savant pertinemment qu'elle ne lui en tiendrait pas rigueur. Et de toute façon, il pourrait lui expliquer que c'était pour le travail. Dans le livre que son tendre ami Elzibert lui avait recommandé récemment, il avait lu que les marins étaient des fins connaisseurs de rhum et que c'était l'un des meilleurs filons pour s'intégrer socialement dans leur groupe. Aspirant à intégrer la marine, il prenait cela très au sérieux ; cela n'avait évidemment aucun rapport avec le plaisir de se la coller en bonne compagnie.

Aujourd'hui, le sujet de conversation privilégié au QG était celui du bal qui se déroulerait au Palais Royal, officiellement annoncé. Natanaël adorait ce genre d'occasions. Du festin à la musique, en passant évidemment par les belles robes et leurs corsets séduisants, c'était une ode au plaisir dans toutes ses formes. Certains voyaient plutôt cela comme l'occasion de placer des pions dans la poursuite de leurs desseins personnels, mais le jeune homme était à mille lieux de ces jeux politiques. Il avait les bras déjà bien chargés -Yvonelle d'un côté, Rosette de l'autre, c'était déjà une sacrée besogne, à la fois mentalement et physiquement. Satisfaire deux femmes n'était pas à la portée de tous les hommes. Il redoublait d'efforts chaque jour pour les mériter, grisé par la sensation de les avoir toutes les deux pour lui seul. Parfois, le fils D'Ukok rêvait de les posséder toutes les deux en même temps ; mais malgré ce fantasme impossible, il restait parfaitement comblé.

« Je n'ai aucun doute là-dessus ! Une femme te tapera dans l'œil à ce bal, j'en mets ma main à couper », affirma Natanaël en réponse à son ami Elzibert. « Il nous est impossible de résister à ces femmes dans leurs robes élégantes, n'est-ce pas ? » Le jeune homme jeta un regard extrêmement discret à Rosette, son aimante. « Mais pour moi, ni les bijoux royaux, ni la mer scintillante ne sauraient égaler la beauté de ma fiancée. Tu seras parfaite, peu importe la tenue que tu choisis, ma douce et tendre. » Il ponctua ces mots en se collant un peu plus contre Yvonelle et releva une mèche qui cachait son si beau visage pour la lover derrière son oreille. Rien que l'idée de la voir dans une tenue de bal éveillait tous ses sens -mais il avait tout aussi hâte d'admirer Rosette dans un accoutrement flatteur. Le contraste de son image chaste et pudique avec une tenue proche du corps lui conférait un pouvoir de séduction dont elle ne soupçonnait pas toujours l'étendue. Peut-être même pourrait-il l'isoler dans un moment d'égarement, afin de lui montrer son affection... et se rappeler qu'elle était sienne, malgré les danses qu'elle accorderait à d'autres au cours de la soirée.

Hormis lui et Yvonelle, tous leurs amis étaient encore célibataires. Pour lui, il ne faisait aucun doute qu'Elzibert cherchait à taper dans le haut du panier : il en était capable, quitte à repousser les avances des prétendantes qui ne trouvaient pas grâce à ses yeux. « Bien évidemment Elzibert, que tu as tes chances ! Les deux sœurs pourraient se disputer pour toi que je serais nullement surpris. » Il le pensait réellement, même s'il ne savait pas grand chose de ces deux jeunes femmes. « T'aider à séduire, moi ? Il te suffirait d'envoyer Déodatus au casse-pipes. Elles seraient trop contentes de se jeter sur leur sauveur après une séance de peinture en tête-à-tête avec lui ! » Il s'esclaffa. Ce dernier était connu pour enlever quelques vêtements aux femmes qui posaient pour lui en les peignant. Et quand il était absent de la cabane alors que les amis d'enfance se retrouvaient, il en prenait souvent pour son grade. « Je blague... on l'aime comme il est, Déo. Je t'offrirais évidemment toute mon aide pour séduire qui tu veux, car je sais que la dame en question sera chanceuse d'être tienne. Qui qu'elle soit. A notre amitié ! » S'écria-t-il en levant son verre, le vidant dans la foulée. En effet, il était temps qu'Elzibert se trouve quelqu'un : il était injuste qu'un ami aussi talentueux que lui souffre de solitude alors que le Royaume pullulait de femmes à marier. « Et toi, Rosette, as-tu des vues sur quelqu'un en particulier ? » Il se resservit un verre, feignant l'indifférence.

Mots: 780

Résumé:
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Kaahl Paiberym
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Kaahl Paiberym
Mar 06 Sep 2022, 13:23



Les Portes


Je me redressai et passai mon avant-bras sur mon front afin d’enlever la sueur qui s’y était accumulée. Je venais de distribuer le foin dans les boxes des chevaux. Aussi, bien que je connusse parfaitement chaque geste, je repassai mentalement chaque étape dans mon esprit afin d’être certain de n’avoir rien oublié. Les chevaux qui dormaient dans l’écurie avaient bien été sortis au pré où les attendaient déjà quelques-uns de leurs congénères qui passaient la nuit à la belle étoile. Il me faudrait leur fournir des grains, plus tard dans la journée. L’herbe était encore haute et ils n’auraient donc pas besoin de foin avant quelques jours, contrairement aux chevaux qui restaient dans les boxes. L’eau avait été changée et le crottin retiré. Je devrais renouveler la paille des boxes d’ici trois jours. Finalement, puisque tous les chevaux se portaient on ne peut mieux, il ne me restait plus qu’à travailler certains d’entre eux. Avant tout, il me fallait m’hydrater. Au passage, je retirai mon haut, le frottai sur ma peau humide et en pris un autre de rechange dans l’armoire. Je m’arrêtai devant une glace de fortune et, comme la poussière s’était accumulée de façon indiscernable dans mes cheveux, je me mis à secouer ces derniers pour essayer d’en retirer le maximum. Je pris la carafe que j’avais préparée au préalable et me versai un verre que je bus d’une traite. Un grand soupir émergea d’entre mes lèvres, un soupir de soulagement. L’eau avait toujours bon goût après l’effort, même si ma journée n’était pas encore terminée. Le réconfort ne viendrait que le soir, tard, lorsque j’aurais rentré les derniers chevaux et effectué un énième tour des écuries pour m’assurer que tout allait bien.

Patiemment, après avoir enfilé mon haut propre, je préparai l’un des chevaux afin de le travailler à la longe. Ma main caressa son poil. Je le conduirais bientôt dans la carrière attenante pour quelques exercices qui lui seraient profitables. Puisqu’il passait le plus clair de son temps dans son box, sa propriétaire étant une femme âgée proche du Roi et n’ayant plus que rarement l’occasion de le monter, je veillais particulièrement à sa santé. Il fallait qu’il se dépensât correctement. Lorsque j’étais arrivé, il s’était avéré difficile à manier à cause de son trop plein d’énergie. À présent, à force de travail, il s’était assagi. Je lui souris et m’apprêtai à le guider lorsqu’une jeune femme apparut. Elle approcha l’animal. Je l’observai. Je n’étais que le palefrenier et, elle, malgré son accoutrement, n’appartenait pas à mon monde. « Bonjour, ma Dame. » dis-je, sans remarquer son attrait. « Clémentin. » répondis-je, affable. « Ah… C’est que… » Je n’étais pas payé pour effectuer des balades en compagnie des femmes qui vivaient au château. Car, oui, j’avais fini par la reconnaître, lorsqu’elle avait prononcé son prénom. Je savais qu’elle était arrivée avec son frère et qu’elle venait d’un Royaume voisin. En tant qu’invitée du Roi, je lui devais le respect, bien que j’essayasse de respecter tout le monde. « Bien, ma Dame. » finis-je par capituler. Peut-être aurais-je des ennuis plus tard mais quelque chose me disait que si je refusais, j’en aurais maintenant. De plus, j’étais toujours heureux de me promener à cheval.

Je m’exécutai donc et la rejoignis afin de lui confier l’animal qui serait sa monture. Je montai sur la mienne, une jument aussi grise que têtue mais qui possédait de bons muscles et une agilité prodigieuse. Elle courait vite et aimait le galop, si bien qu’il lui arrivait de partir sans attendre les directives de son cavalier, voire en allant contre ces dernières. Initialement la jument d’une jeune fille, ses parents l’avaient jugée trop dangereuse pour leur progéniture qui avait rapidement fait un vol plané, étant incapable de la maîtriser. Depuis, elle était montée par l’aîné de celle-ci, plus autoritaire mais toujours pas assez pour faire entendre raison à la bête. Lorsque Dame Zébella prononça son défi et partit, je n’eus donc rien à faire pour que la jument suivît à son tour. Là où la compétition n’était qu’accessoire pour moi, ma monture était compétitive pour deux. Elle rattrapa donc le cheval et galopa à ses côtés, imperturbable, libre et sauvage. J’essayais de suivre son mouvement du mieux que je le pouvais, afin de ne pas être un frein au déploiement de ses capacités. Elle était vive, puissante et belle.

Nous longeâmes le fleuve jusqu’à ce que la forêt fut trop dense pour laisser passer les chevaux sans encombre. Les ronces commençaient à se former et la berge était bloquée par d’imposants chênes. À présent à l’arrêt, je descendis de la monture. L’air avait battu mes tempes autant que mon cœur. J’avais chaud. J’attachai la jument à la branche d’un arbre, près de l’eau et me baissai vers celle-ci pour me mouiller le visage. « Vous savez y faire, avec les chevaux. » dis-je à la cavalière. « Dommage qu’il n’y ait pas de défilés de cavaliers au prochain bal. On m’a raconté qu’il y en a eu plusieurs avant que j’arrive. » Les bals n’étaient pas organisés à l'attention des domestiques du château. Peut-être y assisterais-je quand même, s’il venait à manquer de personnel. « Vous êtes ici pour vos études ? Ou pour le bal, peut-être ? » me hasardai-je. Certaines Dames prenaient facilement la mouche. Je n’étais pas de son rang. Elle pouvait me demander de disposer si ma compagnie lui déplaisait. Je pensai que je ne pourrais pas écrire un poème à Rosette ce soir. Je finirais sans doute trop tard.

885 mots
Erasme (Clémentin)

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Adriæn Kælaria
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Adriæn Kælaria
Mar 06 Sep 2022, 21:39

Les Portes - Chapitre V  Zwbn
Image par Kelogsloops
Les Portes - Chapitre V



Rôle:

« Ensuite, les danseurs entreront en scène. » continua Lambert, en revenant de la porte vers laquelle il s’était précédemment dirigé. Il adorait plus que tout parler de l’organisation de ses soirées. « Je n’ai pas encore déterminé comment nous réunirons les uns et les autres. » Il sourit, rieur. « D’ailleurs, si tu veux une cavalière en particulier, tu n’as qu’un mot à dire, tu le sais bien. » Il exécuta un clin d’œil en direction du Roi. Bien entendu, il avait conscience de la situation particulière de son ami. Son ancienne femme, morte en couche, n’était autre que sa sœur. Il avait néanmoins fait son deuil. Il pensait à elle, souvent, mais avait également conscience que Déliséa n’aurait pas voulu voir son mari malheureux et, surtout, seul. Lambert voyait dans le mariage autre chose que la passion. Il s’agissait, à ses yeux, d’une forme de stabilité et de confiance mutuelle. Cela faisait bien longtemps qu’il n’avait plus connu l’étreinte d’une femme. Il se contentait d’embrasser la sienne chastement de temps en temps. Cela lui convenait. Le sexe ne lui manquait pas. Il aimait simplement avoir quelqu’un près de lui, pas trop loin, quelqu’un à qui il pouvait parler lorsque l’envie lui en prenait. Il aimait tendrement Madeline. Ni plus, ni moins. Il aurait été triste sans elle, même s’il ne lui vouait aucune passion. Il était passionné par d’autres sujets, comme l’organisation des événements du royaume. Alors, d’un mouvement ample, il imita un couple qui dansait la valse quelques secondes, avant de s’arrêter. « Nous pourrions peut-être tenter de rapprocher nos jeunes. Ils formeront bientôt l’avenir du Royaume. Des mariages pourraient être arrangés. Les bals sont toujours l’occasion de tomber amoureux et il faut profiter de la jeunesse pendant qu’elle est encore là. » Il n’était pas très vieux mais se considérait comme tel. Subir les frasques des amours éphémères était bien trop instable pour lui. Il préférait goûter aux joies de l’alcool. Celui-ci était moins dangereux que les femmes. Une idée en conduisant une autre, il pensa à Garance. Il avait connu des sentiments semblables à son égard, le genre à faire perdre la tête, à en oublier de dormir et à aller au-delà des capacités de son propre corps. Il aurait pu se noyer en elle jour et nuit. C’était ce qu’il s’était produit, au début. Cependant, le temps finit toujours par détruire les passions. Aujourd’hui, il se méfiait d’elle et, surtout, de l’influence qu’elle pouvait avoir sur le Roi. Il la surveillait, pour le bien de son ami. Restait qu'il ne pouvait pas s’empêcher de penser au moins un peu à leur jeunesse lorsqu'il la voyait. Ça le tiraillait. Néanmoins, il ne cessait de se répéter que le passé était le passé et qu’elle n’était plus la femme qu’il avait connue. De plus, il était marié.

Lambert finit par se rassoir proche de Montarville. Il actionna le robinet du tonneau de bière et remplit leurs deux verres vides. Ils avaient déjà vidé au moins deux chopes. Ça ne l’arrêtait pas. Il avait l’habitude de festoyer. « Je pensais organiser un jeu lors du bal, en plus des danses. Il s’agirait de confier un ruban de couleur coupé en deux à deux invités. Le but serait de retrouver sa moitié. » Il interrogea la tête couronnée du regard. « Il pourrait y avoir une récompense pour ceux qui réussiraient, comme euh… » Il réfléchit en tendant son verre au Roi. « Tu as des idées ? » demanda-t-il, toujours ouvert aux propositions.

Après quelques minutes à discuter encore du bal, la conversation changea de sujet. Si Lambert parlait peu de sa femme, il était en revanche toujours intéressé par l’avenir des enfants de Montarville et de Rosette. « Ma fille reçoit des poèmes de temps en temps. C’est Madeline qui me l’a dit. » Il rit, amusé. « Elle aurait donc un prétendant, quelqu’un d’un peu timide. » Il ne voyait pas de qui il pouvait bien s’agir. Timide ou trop vieux ou trop pauvre pour agir à visage découvert. Il pouvait s’agir d’un homme déjà engagé également. « Et toi ? Tes enfants commencent à avoir des amourettes ou pas encore ? » Certainement. Même s’il disait « amourette », il entendait quelque chose d’un peu plus sérieux. Il soupira dans son verre et but plusieurs gorgées, au point de le vider. « Je te jure… le temps passe trop vite. Hier, elle semblait minuscule. Je pouvais la faire voler au bout de mes bras et, maintenant, c’est déjà une femme. Le mariage approche… » Il resta un instant dans sa suspension avant de reprendre. « Gare à celui qui fera souffrir ma fille. Celui-là risque de finir étranglé dans son sommeil ! » Il était sérieux, bien que son ton fût celui de la rigolade.

780 mots



Les Portes - Chapitre V  4p2e
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Ikar Pendragon
Mer 07 Sep 2022, 21:28



Les Portes - Chapitre V  Js9b

Les Portes V


Rôle :

Être dans la chambre de Ludoric en sa compagnie provoquait toujours chez moi une sorte de tension. Mes mains devenaient moites de tout ce que nous aurions pu faire mais ne faisions pas encore. Nous y allions par étapes, par peur de les brûler ou de se brûler. Pourtant, de mon côté, l’envie était là. Je pensais qu’elle était réciproque. Nous n’avions simplement pas passé le pas, juste échangé quelques baisers qui s’étaient, une fois, accompagnés d’un contact prolongé de nos deux corps habillés. Ça avait été dingue, si bien que j’y repensais souvent. Ça me prenait parfois au beau milieu de la journée. À chaque fois que je me masturbais, la sensation de notre étreinte venait me hanter et me terminait prestement.

« C’est sûr que ça prend du temps mais je te trouve déjà bien musclé. »

Ludoric rêvait de devenir militaire et s’entraînait tous les jours dans cet objectif. Son corps était à tomber, même si je n’étais pas objectif. Son père était connu pour être l’un des hommes les plus séduisants du Royaume et son fils, bien que différent, était beau comme le soleil. Beau comme un Dieu, si je m’étais écouté. J’étais peut-être niais mais à chaque fois que je posais les yeux sur lui, mon cœur s’emballait.

Le roux était l’une des seules personnes avec qui je me sentais bien. La foule me mettait tantôt mal à l’aise, tantôt en colère. Ça dépendait des cas mais je finissais toujours par ressentir l’envie d’être seul. Avec lui, les choses étaient différentes. J’avais envie d’être avec lui et de rechercher son contact. Il m’était vital. Ses lèvres l’étaient. Si je préférais normalement la présence de la nature et notamment des animaux, ça ne m’aurait pas dérangé d’être enfermé dans sa chambre durant des semaines, à la condition d’être en sa compagnie.

Alors que j’allais de nouveau ouvrir la bouche, mes oreilles captèrent un son. Le son se répéta, comme un refrain. Il semblait animal et sauvage. Je compris au bout de trois gémissements, les cris accompagnés par d’autres sons tout aussi explicites. Il s’agissait vraisemblablement de meubles pris dans un ballet de va et vient.

Je me raclai la gorge.  

« Peut-être que nous devrions fermer la fenêtre… »

Je l’avais murmuré et, sans attendre de réponse, me dirigeai rapidement vers l'ouverture afin de fermer le battant, en essayant de me détendre. Ça ne marcha pas. Ce fut même le contraire. Le sexe était comme le rire : contagieux. Il suffisait d’entendre des gémissements, de voir des corps l’un contre l’autre, pour être emporté vers des envies inavouables.

« Les domestiques profitent peut-être de l’absence de tes parents. »

C’était aussi ce que nous faisions. Ses parents ne devaient pas être présents et aucun de nous deux ne pouvaient se douter à l’avance que son père ne quitterait pas la demeure et qu'il profiterait même de l’absence de sa femme pour en inviter une autre.

J’expirai, avant d’oser le regarder de nouveau. Le désir ne voulait plus me quitter et il me fallut fournir un effort pour changer de sujet. Je me sentais faible d’être à ce point influençable par ce que mon ouïe avait capté. Je ne voulais pas l’avouer, peut-être par peur de le choquer.

« Il va falloir que je me trouve une cavalière pour le bal… J’aurais pu y aller tout seul, si je n’étais pas le fils du Roi. »

Je continuai, plus bas.

« C’est ce que j’aurais fait… »

Je ne voyais pas l’intérêt de me rendre à un bal avec une autre personne que lui. Nous ne pourrions pas danser ensemble. S’il y allait, nous serions condamnés à nous regarder de loin. Nous pourrions toujours discuter et rire entre deux valses ou proche du buffet mais ce comportement passerait pour de l’amitié. Je ne voulais pas être considéré comme son ami.

« Tu penses demander à une fille de t’accompagner ? »

Je l’avais demandé l’air de rien, en m’avançant vers son bureau. Je souris en voyant l’herbier que je lui avais fait. C’était un cadeau qui m’avait pris du temps. Je le feuilletai, comme si toucher les plantes séchées pourrait faire disparaître mon envie de coller encore une fois mon corps contre le sien et mon appréhension à le voir au bras d’une femme. Même si je savais qu’il ne ressentait aucune attirance pour l’autre sexe, je savais aussi qu’il lui faudrait bien se marier un jour et, sans doute, avoir des enfants. Ce ne serait pas facile à vivre, même si j’avais conscience que le même sort m’attendait. Pourtant, contrairement à lui, il m’était déjà arrivé d’être attiré par des filles. Ce n’était plus le cas depuis qu’il était dans ma vie.

« Je suis content que tu le gardes. »

Je parlais de l’herbier, sans comprendre exactement pourquoi je fuyais. Je me sentais peut-être coupable de l’aimer et de le désirer. Ce n’était pas ce qu’on attendait de moi. J’avais peut-être peur aussi, de franchir un cap dans notre relation, de le voir nu, de le toucher davantage. Je n’étais pas sûr de pouvoir m’arrêter si mes mains ou mes lèvres s'égaraient un peu trop. Je faisais donc comme si de rien n’était.

826 mots
J'ai hâte qu'il se fasse tuer par Erasme Les Portes - Chapitre V  Bisho

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Lana Kælaria
Mer 07 Sep 2022, 23:30




Les Portes – Chapitre V

En groupe | Lana


Rôle :


Yvonelle porta le verre près de son nez afin d’en humer le contenu. Le rhum sentait fort, mais elle réprima une grimace mal venue, et fit glisser jusqu’à ses lèvres le rebord en cristal. Le liquide enflamma ses papilles peu habituées aux alcools puissants, néanmoins, elle prit sur elle pour ne pas paraître trop troublée par le goût de la boisson. Seule son autre main se crispa légèrement autour de la lyre qu’elle avait apportée avec elle. Elle ne souhaitait pas paraître désagréable aux yeux de Natanaël ; elle savait que cet essai de boisson était pour lui une énième façon de s’ancrer à ce monde qu’il espérait tant rejoindre. Elle le regarda. Parfois, quand ses yeux bleus se perdaient dans la contemplation de son profil, elle avait presque l’impression de voir le vent marin s’immiscer dans ses cheveux et les faire voler autour de son visage. Le parfum des embruns berçaient son cœur d’une mélodie douce-amère. Elle serait heureuse qu’il pût réaliser son rêve, triste de le savoir loin parfois, ravie qu’il le fût parce que cela signifiait qu’elle pourrait passer plus de temps avec Elzibert. L’adolescente tourna la tête vers son demi-frère et amant, revenu s’asseoir près d’eux. Un frisson chaud souffla sur sa nuque. Après le petit-déjeuner, elle était allée le trouver dans sa chambre, sous prétexte qu’elle venait lui rendre un livre qu’il lui avait prêté et en discuter. Ce n’était pas totalement un mensonge, mais la conversation avait rapidement pris des allures de soupirs et de gémissements étouffés. Dès qu’ils le pouvaient – presque tous les jours –, ils s’arrangeaient pour se rejoindre et joindre leurs corps. Le sien portait l’odeur parcheminée des livres qu’il ne cessait de parcourir quand il ne la parcourait pas, elle. Il l’enivrait et lui décrochait des notes folles. Plus tard, elle retrouvait Natanaël, qui l’embarquait vers des contrées lointaines, où sa musique se perdait dans des rythmes effrénés. Souvent, il couchait aussi avec Rosette. Son amie ne s’en cachait jamais et les deux adolescentes riaient aux éclats en se racontant et en comparant la teneur de leurs ébats avec le jeune homme. Elle lui adressa un coup d’œil et un sourire.

Au bal, elle espérait pouvoir danser avec les deux garçons. Bien qu’elle sût que qu’Elzibert l’aimait d’une passion qui ne pouvait en souffrir aucune autre, elle n’était pas ravie de l’entendre dire qu’il pourrait faire la connaissance de nombreuses femmes célibataires. Il était évident qu’il lui faudrait un jour se marier, mais elle repoussait cette pensée dès qu’elle s’invitait. Une épouse compliquerait la poursuite de leurs entrevues, et ce serait bien évidemment pire s’il s’agissait de l’une des princesses. Le frisson de l’interdit n’équivaudrait sans doute pas la brûlure de la honte. Toutefois, elle sourit, amusée. Elle se tourna vers son fiancé. Son sourire s’élargit, quoique s’y glissât une pointe de mélancolie. « Je sais bien que la mer finira par t’arracher à moi. » Sa main quitta son instrument de musique pour se faufiler sur la sienne. Elle emmêla leurs doigts. Lorsqu’ils se retrouvaient en privé, il arrivait qu’Elzibert démontrât quelque mécontentement face aux gestes tendres qu’elle avait à l’encontre de leur ami. Elle répondait toujours qu’il fallait bien qu’elle jouât le jeu et que toute autre attitude eût été suspecte. C’était probablement vrai, mais il était tout aussi vrai qu’elle prenait un certain plaisir à narguer son demi-frère. Plus elle prodiguait de l’attention à Natanaël, plus Elzibert redoublait d’effort quand ils étaient seul à seule. « Tu as toutes tes chances, oui, si tu ne choisis pas Coline et qu’elle ne te dévore pas avant que tu lui aies passé la bague au doigt. » fit-elle sur un ton léger et rieur. Au moins, s’il l’épousait, il n’en tomberait probablement jamais amoureux. Elle aimait qu’il n’aimât qu’elle.

« Dis donc… » gronda-t-elle gentiment Natanaël en lui pressant la main quand il fit une blague au sujet de son frère. Déodatus avait des idées pour le moins débridées. Elle ne le niait pas et, bien qu’elle rît souvent aux plaisanteries de leurs amis à son sujet, elle s’était érigée en défenseuse de son honneur. En même temps que les garçons, elle leva son verre et but une gorgée. « J’ai hâte de voir comment vous allez vous y prendre pour séduire des jeunes femmes. » Elle les regarda tour à tour, avant de décocher une œillade malicieuse à son fiancé. « J’espère que tu ne feras pas tout le travail à sa place. J’aurais le cœur brisé que tu te fasses prendre à ton propre jeu, et de te voir t’enfuir au bras d’une autre. » Et toc. « Ce serait pire qu’un départ en mer. » le taquina-t-elle. « Je serais obligée de me rabattre sur quelqu’un d’autre. » Elle leva les yeux vers le plafond de leur cabane et poussa un soupir. « Peut-être le fils du Roi ? Il paraît que c’est un garçon très sensible. Il doit aimer la musique, les animaux, la littérature, et peut-être même les poèmes. » Un nouveau sourire s’épanouit sur ses lèvres tandis qu’elle baissait le regard sur la rousse. « Tu devrais peut-être tenter ta chance avec lui, Rosette. »



Message I – 862 mots


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Babelda
Jeu 08 Sep 2022, 13:31


Image par Fernanda suarez.
Les portes - Chapitre V
Babelda

Rôle:
Montarville écoutait son meilleur ami lui expliquer avec détail l'organisation du bal qu'il orchestrait avec fougue. Observer Lambert parader d'un bout à l'autre de la salle pour mimer avec passion le déroulé de la soirée avait quelque chose de divertissant et d'amusant. A le voir ainsi, le roi retrouvait presque l’étincelle de vie qui l'avait animé avant le décès de sa femme - à cette époque, il aurait sans doute accompagné son camarade dans sa représentation, pour faire quelques propositions supplémentaires ou simplement le taquiner gentiment, mais il resta cette fois-ci sur son siège. Son visage, perpétuellement tiraillé par le chagrin qui ne le quittait jamais, était en cet instant illuminé d'un sourire discret qui témoignait de son intérêt. Non pas qu'il en eut pour le bal en lui-même mais Lambert avait ce talent de rendre toute ces mondanités un peu plus fantasques. C'était sans doute l'une des raisons pour lesquelles l'homme laissait son ami organiser autant de festivités : il n'aurait jamais laissé quiconque d'autre l'embarquer dans autant de frivolités inutiles. Il savait que son beau-frère et confident cherchait à lui changer les idées et appréciait ses efforts, bien que rien ni personne ne soit jamais suffisant pour apaiser la douleur infligée par l'absence de Déliséa, pour combler le trou béant qu'avait laissé sa mort. Il avait passé sa vie aux côtés de la femme la plus merveilleuse du royaume, aucune courtisane ne pourrait prendre sa suite. Le cœur épris s'étreignait des souvenirs passés, sans laisser la possibilités à de nouveaux de venir panser ses plaies. « J'y songerai plus tard. » répondit le monarque lorsque son camarade lui proposa de se désigner une cavalière, sachant pertinemment qu'il abandonnerait l'idée aussitôt que Lambert aurait le dos tourné.

A défaut d'apprécier ces soirées pour lui-même, Montarville admettait néanmoins que ses sujets se prêtaient volontiers au jeu et revenaient inlassablement à chaque nouvelle fantaisie organisée par le blond. A défaut d'égailler son humeur à lui, ces bals illuminaient au moins le quotidien des habitants. Ils semblaient même distraire ses enfants - c'était ce qui lui importait le plus. Que ses filles et son fils ne ressentent pas la perte de leur mère avec autant de tourment que lui. Il avait autrefois envisagé de prendre une nouvelle épouse, pour trouver une femme capable de tenir ce rôle maternel auprès de sa progéniture. Il avait cependant vite abandonné cette idée : il ne voulait pas remplacer la mère de ses enfants, agir ainsi, ç'aurait été comme de vouloir l'effacer de leur mémoire. Heureusement, Garance avait été là à ses côtés, et avait été la figure féminine pour ses héritiers. Une tante, ce n'était pas tout à faite comme une mère mais le roi s'était toujours félicité d'avoir la chance qu'elle eut été là pour eux - c'était toujours mieux que s'il avait été tout à fait seul.

Une fois Lambert de nouveau à ses côtés, l'homme brisé s'empara de sa choppe sans pour autant boire de son contenu, se contenant de parcourir le rebord du récipient du bout de l'index. Il écoutait attentivement la proposition de jeu, imaginant un début de romance entre ces mystérieux duos créés par le destin. « Nous pourrions organiser des rendez-vous pour les paires parvenant à se réunir. Des rendez-vous romantiques pour les célibataires, et quelque chose d'un peu plus sage pour les autres. » proposa le roi. Une après-midi dans leur jardin à boire le thé, ou une promenade à dos de cheval.

L'anecdote comptée par Lambert était attendrissante et les souvenirs d'adolescences flânèrent dans l'esprit du roi. Lui aussi s'était essayé à l'exercice des mots doux, dans sa jeunesse. « Je n'ai trouvé aucune note glissée dans les affaires de mes princesses. Mais cela ne leur empêchera pas d'avoir leurs petits secrets. C'était Déliséa qui était douée pour sentir ces choses là. » Elle avait été une bonne entremetteuse et avait prédit bien des alliances. « Mmh, les mariages... » marmonna le veuf tout en tapotant nerveusement la table du bout des doigts. « Mes filles sont bientôt en âge de ces choses là également et les prétendants ne manquent pas de me le rappeler. » Les propositions tombaient les unes après les autres, sans jamais que le roi ne leur eu accordé de réel intérêt : ses filles étaient encore à ses yeux ses bébés à protéger et couver. Le temps passait néanmoins et il ne pourrait pas ignorer éternellement le problème... Il se fit note d'en parler à Garance pour lui demander conseil - peut-être ses jumelles s'étaient-elles laissées allées à des confidences auprès de leur tantes. Il était plus naturel pour des jeunes filles de confier leurs émois sentimentaux à une parente plutôt qu'à leur propre père : aucun homme ne serait jamais assez bien pour ses trésors. « Quand à Placide, il est encore jeune mais si je ne veux pas que toutes les femmes plaisantes du royaume lui soit chapardées, il faudra que je commence à me pencher sur le sujet également... Veille à inviter des demoiselles intéressantes pour lui, veux-tu, mon ami ? Peux-être trouvera-t-il l'amour à son tour grâce à ton initiative. »
893 mots


Merci Kyra nastae

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