La magicienne avait les yeux braqués sur son amie, au travers du miroir face auquel elle se tenait. Elle avait retrouvé son calme. Le dîner l’y avait aidée, lui laissant la sensation d’un retour à la réalité un peu brutal après un rêve étrange. « Merci… Les tiens sont très jolis aussi. Ils ont l’air assez rebelles aussi. » La disciple blanche eut un petit rire. Elle ne savait pas vraiment pourquoi, mais c’était l’impression qu’Astriid lui faisait. Une aventurière au grand cœur, comme dans beaucoup de ses livres. « Oh, tu n’as pas à t’excuser. Ce n’était pas de ta faute. Je ne m’y attendais juste vraiment pas. Une future reine des contes sous notre toit, et… j’ai l’impression qu’on ne t’a pas très bien reçue. » expliqua-t-elle, luttant contre l’envie de se retourner pour faire face à l’Ygdraë. Il ne manquerait plus qu’elle ruine sa coiffure. « Tu sais, ce n’était pas du tout contre toi. Ils ne sont pas comme ça d’habitude. » Elle avait l’impression d’empirer les choses. « Mon oncle est juste inquiet concernant cette histoire des élus d’Hel’dra. Je ne sais pas si tu en as entendu parler ? Il pense que je suis en danger, ou je ne sais quoi. » Asra se pinca les lèvres, soudainement nerveuse. Elle devait avoir l’air idiote. Personne ne viendrait l’attaquer, ce n’était que des histoires.

« Enfin, au moins il s’est rattrapé pendant le dîner. Je pense qu’il a compris que tu ne me voulais pas de mal. » Son sourire effaça sa gêne aussi vite qu’elle était venue. « Je crois même qu’il t’aime bien, en fait. » Ses yeux montèrent au ciel un instant, comme si la confirmation qu’elle cherchait s’y trouvait. « Même Shila ! Et Elina, la femme de mon oncle ! Elle t’a dit que tu pouvais venir à la serre quand tu voulais. On pourra s’occuper des plantes ensemble ! » l’excitation de l’adolescente était palpable. Elle y était déjà, dans sa tête. Asra attendit de sentir la tresse retomber contre son dos pour se tourner vers son amie, et lui prendre les mains. « Je t’aiderais du mieux que je peux pour ton royaume. Je pourrais même demander à ma grand-mère, sans lui dire de quoi il s’agit. Elle a toujours eu un talent pour diriger les gens ! » Elle ne se rendait pas compte de ce que pouvait impliquer la formulation qu’elle avait choisi pour parler de la vieille magicienne, mais au fond, il fallait le dire, elle n’avait pas tort. Heureusement, ses oncles n’avaient pas été présents pour l’entendre. Seule la perception de l’Ygdraë en serait affectée. Peut-être.

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