Ce serment qui nous lie

Partenaire : Asra
Intrigue/Objectif : Suite aux révélations de leurs implication dans le Conte des Trois Royaumes, Astriid va entrer en contact avec Asra pour rencontrer celle qui lui est liée. Ensemble, elles vont chercher à comprendre ce Monde des Contes auxquelles elles ont accès tout en se découvrant l'une l'autre.

Thème

La nervosité avait gagné Astriid. Le voyage jusqu'à Caelum lui avait laissé amplement le temps de réfléchir à ce que la Fae Missælys lui avait révélé. Toutefois, ses réflexions demeuraient stériles. Elle pouvait encaisser d'avoir accès à ce monde des Contes et devenir la Reine de son propre Royaume; les Faes tenaient les rênes du merveilleux et elle en était consciente depuis sa plus tendre enfance. Non, ce qui troublait la jeune Eskët, c'était ce mariage. Bien que Missælys lui ait assuré que cette union n'était valable que pour leur peuple et qu'elle était libre dans tout autre cas, Astriid ne parvenait pas à réellement appréhender la portée de cette information. Le mariage était très sérieux pour le peuple sylvestre. La rousse ne pouvait envisager d'avoir ce lien avec une personne qu'elle ne connaissait pas, qu'elle n'avait pas choisi ailleurs que dans une réalité alternative. Astriid poussa un soupir à s'en fendre l'âme quand la proue du bateau pénétra en terres Magiciennes. Ils étaient arrivés. Elle allait rencontrer Asra. Sa femme. Elle frissonna. Il valait mieux songer à elle comme étant une simple jeune femme qui n'avait pas voulu ça plus qu'elle. Même dans ses souvenirs du Conte, ce mariage n'avait pas été célébré suite à l'amour fou entre leurs deux personnages. Pions sur un étrange échiquier, ils avaient juste été choisis pour servir les desseins de joueurs aux intentions douteuses. Le destin étant ironique, Asra et elles seraient réunies de la même manière que lors du Conte.
L'Elfe se tourna à nouveau pour regarder Raïm. Le Boräk n'avait pas estimé que la jeune fille courait un risque en venant au Duché d'Eliassen et la laissait donc affronter la Mage Blanche toute seule. Astriid inspira, une main sur son ventre pour contrôler sa respiration et maîtriser ses émotions. Une vague de paix l'enveloppa, chassant son anxiété. Enfin calme, la rousse lissa une dernière fois le devant de sa robe beige, celle qui avait été le moins abîmée par les voyages, et vérifia que le nœud de sa ceinture ne s'était pas défait. Elle passa une main dans ses cheveux avant de se rappeler qu'ils avaient été nattés par Solenn. Rassemblant son courage, Astriid frappa enfin à la porte avant de croiser les mains dans son dos. Quand la porte s'ouvrit, elle afficha un sourire qui découvrit ses dents et clama, d'une voix peut-être un peu trop forte : «Bonjour ! Vous avez dû recevoir ma lettre ! Je suis Astriid Cëlwùn et je viens des terres de Melohorë. Je suis là pour rencontrer Asra, une Fae m'a chuchoté dans l'oreille que nous avions une petite discussion à avoir.»

Message I | 461 mots

Ce serment qui nous lie

☙ Pomme - Les oiseaux

Des cheveux blonds encadrent un visage portant encore les rondeurs de l'enfance. De grands yeux expressifs dans lesquels Astriid plonge, avide de découvrir enfin celle à qui elle a lié son destin dans un autre monde. L'Ygdraë dévisage Asra s'en pouvoir s'en empêcher. Elle ne s'attendait pas à se trouver face à une adolescente. Elle se rappelle la princesse Anna, réservée et mature. L'Elfe rencontre dans ses yeux argentés les mêmes appréhensions qui l'agite. Aussitôt, elle se prend de sympathie pour cette jeune fille au visage avenant. Curieusement, en la voyant, tous ses doutes sont chassés dans le vent. Elle ne sait pas ce qu'elle craignait. De se trouver face à un monstre qui s'empresserait de la gober ? Elle se sent idiote d'avoir tant cogité sur cette rencontre. Il ne servait à rien de se mettre tant de pression. Elle se martela une nouvelle fois que ce mariage n'était valable que pour les Faes. Peut-être qu'au bout d'un millier de fois à se répéter ce mantra, la rousse finirait par cesser d'y porter tant d'importance.
L'Eskët suivit la Magicienne en silence jusqu'au salon tout en glissant de fugaces coups d'oeil dans sa direction. Sa démarche, ses cheveux blonds, ce visage diaphane réveillent l'écho de cette princesse dans le Conte. Les souvenirs de ses aventures sont éparpillés et flous. Parfois, certains détails lui reviennent avec une clarté surprenante, comme des moments volés et la princesse Anna en fait partie. Astriid se souvient très bien de la vision de son dos alors qu'elle pleurait de toutes les larmes de son corps en apprenant la mort de sa mère. Troublée, Astriid met un certain temps à réagir aux questions de la blonde. Elle rougit et masque sa gêne en buvant une gorgée du thé. «Merci, il est très bon.» Commença poliment la rousse. Elle qui ne s'était jamais préoccupée de ce qu'on pouvait penser d'elle, il lui paraissait important soudainement de faire bonne impression. Bien sûr, tout ça était un peu altéré par la personnalité originale de Kuzco. Astriid ne pouvait pas cacher éternellement qu'elle avait autant d'entrain que l'empereur déchu même si elle ne partageait pas encore son goût pour l'exhibitionnisme.
«Plutôt oui.» Elle se rattrape aussitôt. «Mais ça ne fait rien ! Caelum était une étape dans le voyage que Raïm a organisé avec les autres membres de mon groupe. Raïm est notre guide.» Précisa l'Elfe. Parler la détendait et elle s'installa plus confortablement dans le fauteuil. «J'aime beaucoup voyager. C'est beaucoup plus amusant que d'être en classe ou à faire ses devoirs... Tu vas à l'école toi ? Moi je n'aime pas ça. Je trouve que j'apprend beaucoup plus depuis que j'ai quitté les terres de Melohorë. C'est utile bien sûr, et je pense que si j'avais été plus assidue, ça m'aurait éviter quelques déconvenues.» Elle rit légèrement comme si ça n'avait pas d'importance. Elle était heureuse et en vie alors finalement, elle ne regrettait pas tant que ça sa procrastination chronique à Dhrosca. L'Ygdraë baissa les yeux sur la blonde et son visage redevint sérieux. «Tu... Euh...» Ses mots trébuchaient, échappant à son contrôle alors qu'elle essayait de rassembler ses pensées, de former une question cohérente. «Tu as lu le Conte des Trois Royaumes j'imagine ?» Souffla finalement l'Eskët. «Tu lui ressemble vraiment. À Anna je veux dire. Enfin elle te ressemble plutôt. Je veux dire.» Bafouilla pitoyablement l'Elfe. «Drôle d'histoire hein ?» Elle gloussa nerveusement avant de plonger le nez dans son thé, le bout de ses oreilles cramoisi.

Message II | 625 mots

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☙ Sonata of Awakening

Face au trouble de la jeune Mage, l'anxiété de la sylvestre augmenta. Dans ses souvenirs comme dans sa lecture du Conte, la princesse Anna ne haïssait pas son personnage ; mais si elle avait eu le choix, Astriid était persuadée qu'elle aurait abrégé sa rencontre avec Kuzco. Il était clair dans cette histoire que le mariage n'était pas consenti. En venant ici, la rousse y avait songé, peut-être qu'Asra Taiji ne désirait pas d'elle plus qu'elle ne le voulait dans cette histoire farfelue ? Peut-être lui imposait-elle sa présence alors que la blonde voulait tout oublier de leur relation fictive ? Elle imaginait les Magiciens comme des êtres polis, la jeune fille n'osait peut-être pas avouer qu'elle aurait préférer nier en bloc toute cette histoire et poursuivre sa vie d'étudiante à Basphel avec insouciance ? À en croire le luxe de la maison où elle vivait, Asra ne manquait de rien et venait peut-être même de la noblesse. S'encombrer d'une Elfe sans prétention à cause d'un Conte où elles n'avaient pas eu leur mot à dire ne figurait certainement pas dans ses prérequis.
Nerveusement, Astriid se mordilla la lèvre inférieure et planta l'or émeraude de ses yeux dans le contenu de sa tasse pour reprendre une contenance. Elle se rassura en songeant qu'après tout, elle n'était pas Kuzco. Si sa personnalité avait dû influencer l'empereur déchu, cela ne signifiait pas pour autant qu'elle était similaire à lui, tout comme Asra apprécierait peut-être plus la présence d'Astriid qu'Anna celle de Kuzco. Ça faisait beaucoup de peut-être pour une Ygdraë qui n'aimait pas cogiter trop longtemps. Toutefois, avant de répondre aux interrogations de la Mage Blanche, l'Ygdraë voulut clarifier ses intentions pour rassurer les probables inquiétudes de la Magicienne. Après un instant d'hésitation le temps de rassembler ses pensées, elle souffla finalement : «Tu sais, je suis surtout venue par curiosité. Ce que je veux dire, c'est que je ne veux pas que tu crois que j'ai certaines attentes par rapport à ce euh, tu sais ce mariage. Nous continuerons nos vies après cela. Malgré tout, j'aimerais que nous soyons amies.» La rousse lui offrit un sourire éclatant qui se voulait rassurant avant de poursuivre.
«Oui je m'en souviens, comme je me souviendrai d'un rêve. La chronologie est incertaine et il y a des détails qui semblent illogiques.» Comme cette étrange scène où son personnage se dénudait devant plusieurs personnes ou quand il s'embrassait lui-même alors qu'il était dans le corps d'une autre. Aucun sens, vraiment. Elle toussa, gênée. «Heureusement, le Conte éclaircit les zones d'ombre et permet de mettre de l'ordre dans tout ça. Enfin je ne sais pas si c'est une bonne chose. Il y a des scènes dont j'aurai préféré ne pas me rappeler.» Elle eut un petit rire bref. «Et toi ?» L'Elfe se rappelait une petite princesse avec un air sérieux, qui avait été ébranlée par la mort prématurée de sa mère. Astriid espérait que sa peine avait été contenue dans l'encre noire du Conte et qu'il n'en restait rien sur la petite blonde en face d'elle.

Message III | 552 mots

Ce serment qui nous lie

☙ George Michael - Faith

L'Ygdraë scrutait avec curiosité le visage encore marqué par l'enfance de la jeune Magicienne. Le Conte avait entrelacé leurs destins de manière inattendue et elle avait le sentiment de connaître Asra sans vraiment la connaître, sans parvenir à clairement discerner la ligne démarquant sa personnalité et celle d'Anna. Soulagée de voir que leurs opinions convergeaient sur leur mariage, Astriid se mit à pouffer en voyant que la blonde éprouvait toutes les peines du monde à s'exprimer. «Je pense que le mieux serait de ne pas laisser cette histoire prendre trop de proportions sur nos vies respectives. Ces aventures m'auront permis de trouver une amie.» Un sourire chaleureux éclaira le visage de la rousse qui était satisfaite de la tournure qu'avait pris cette discussion. Elle aimait trouver une issue positive à toute situation et se concentrer dessus, la vie était plus simple ainsi.
«Oh non ils sont déjà partis déposer leurs affaires dans une auberge et doivent être en train de visiter la ville actuellement. Je leur ai raconté le Conte et ils se sont montrés compréhensifs en me laissant te voir seule à seule.» Caelum étant un espace hautement sécurisé, Raïm et les autres Ygdraës encadrant le groupe avaient consenti à laissé plus de liberté aux Eskëts qui le désiraient. Ces derniers avaient mûrit depuis leur départ de Melohorë, ils étaient plus prudents et capables de se débrouiller et leurs moments de temps libre étaient de plus en plus fréquents. Le Boräk était légèrement plus réticent à laisser Astriid seule car elle avait la fâcheuse tendance de se fourrer dans des situations qui l'amenaient à côtoyer des individus plus ou moins problématiques comme Neah Katzuta l'avait souligné. «Et je crois qu'ils seraient gênés d'imposer leur présence.» Ajouta la Sylvestre. Sans compter que les Ygdraës préféraient rester entre eux, sûrement par habitude après avoir vécu la plus grande partie de leur vie entre eux à Melohorë. La rousse ne faisait pas exception mais elle avait un lien spécial avec la Disciple Blanche qui lui donnait envie de se rapprocher d'elle. Elle avait aussi besoin de pouvoir parler de ce qui leur été arrivé avec quelqu'un qui comprendrait, quelqu'un qui l'avait vécu. Aux yeux des autres Ygdraës, ce n'était qu'une histoire chimérique qu'ils reléguaient au rang de rêve et ils s'attendaient à ce qu'Astriid l'oublie.
Sa tasse réchauffant ses mains, Astriid se leva du fauteuil sur lequel elle s'était lovée pour se rapprocher des immenses fenêtres. La lumière qu'elles laissaient filtrer entre les rideaux jetait des éclats ocres dans ses boucles. Pensive, elle s'abîma dans la contemplation du jardin quelques secondes. Elle-même ne souhaitait pas s'imposer mais elle ne pouvait tout simplement pas repartir comme ça, la frustration aurait été trop grande. Finalement, elle se retourna d'un mouvement vif et rejoignit Asra, l'enthousiasme creusant des rides autour de ses yeux. «Pour être honnête, je préfère que nous restions entre nous. Si ça ne dérange pas que je reste chez toi, alors j'adorerai passer plus de temps avec toi. Je ne m'éterniserai pas car nous avons un itinéraire à respecter et Raïm est intransigeant sur ce sujet. Mais j'ai encore plein de choses à te dire et des tas de questions à te poser. J'aimerais bien relire le Conte avec toi aussi, ça pourrait être amusant. Je préviendrais mon groupe, ça ne devrait pas poser de problème.» C'était tout le contraire, l'Ygdraë était certaine que Raïm ne serait pas mécontent de ne pas l'avoir dans les pattes.

Message IV | 608 mots

Ce serment qui nous lie

☙ David Arkenstone - Fairy Tales

Astriid resta attentive durant la visite, réprimant les questions qui lui brûlaient les lèvres. Le regard de la domestique semblait imprimé sur sa nuque et l'Ygdraë avait la solide intuition que ses moindres faits et gestes seraient surveillés et jugés. Bien que leur mariage ne soit pas valable devant leurs lois raciales, le souhait de faire bonne impression était saillant et elle tentait de mesurer ses ardeurs qui tendaient parfois vers l'impolitesse. Ayant grandi dans un modeste village, à l'opposé des carcans sociaux de la noblesse magicienne, il lui était parfois difficile de deviner quel comportement adopter. Ce fossé entre les jeunes filles était cependant comblé par la personnalité solaire de la Disciple Blanche et tandis qu'elle lui présentait sa chambre, Astriid se surprit à la regarder elle plutôt que la maison. Dissimulés sous les traits juvéniles de la blonde se lovaient le sérieux de la princesse Anna, la droiture de sa stature de part son lignage royal dans le Conte, sa fragilité quand elle s'était effondrée lorsque la mort de sa mère lui avait été révélé. Mais loin des pages de l'histoire des Trois Royaumes, Asra se révélait être une adolescente enjouée qui l'accueillait et lui offrait son amitié et ce fut naturellement qu'Astriid lia ses doigts à ceux de la Basphélienne lorsqu'elle les entraîna jusqu'à la serre.
«C'est si grand chez toi.» Fit remarquer la rousse. Le hameau la fascinait, ses jardins parfaitement entretenus à l'herbe qui paraissait si douce qu'Astriid avait envie d'enlever ses chaussures pour courir pieds nus à travers les bosquets. Ce devait être un endroit parfait pour élever des enfants et recevoir de la famille et des amis, songeait Astriid. Où que son regard se pose, tout semblait fait pour inspirer une quiétude qui lui plaisait. «Tu as des frères et soeurs ?» La Magie vivait-elle seule ici ? Peut-être invitait-elle ses amis de Basphel pour lui tenir compagnie ? Astriid les envia soudainement. Comme ils devaient s'amuser dans un tel endroit pour les vacances. Pendant quelques secondes, elle se plut à imaginer une multitude de jeux divers et passionnants qui auraient provoqué des rires dont l'écho résonnerait longtemps dans la demeure.
À la suite d'Asra, l'Elfe pénétra dans la serre. Il y faisait humide, telle une bouche arboricole qui se refermait sur les filles, plus sombre aussi, comme si les hôtes aspiraient toute la luminosité qui aurait l'audace de s'y installer pour donner à leur robe un vert vibrant. Sa bouche s'arrondit face à la variété des spécimens qu'elle avait sous les yeux. Lâchant la main de la Magicienne, l'Ygdraë s'avança pour explorer la serre, s'arrêtant parfois pour effleurer le velours délicat des feuilles ou humer la fragrance d'une fleur. Certaines plantes lui étaient familières, poussant également sur les terres de Melohorë mais d'autres lui étaient complètement inconnues et elle passa un certain temps à les examiner, procédant avec la précaution d'une jeune mère avec son nouveau-né. Après avoir rassasié sa curiosité, elle se tourna vers Asra. «C'est toi qui t'en occupe ?» L'interrogea-t-elle, impressionnée par l'entretien manifeste de la serre.

Message V | 542 mots

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☙ Lorde - Mood Ring

«Je vois. C'est merveilleux de s'occuper de toutes ces plantes !» L'Ygdraë tenait en haute estime quiconque respectant la nature et en prenant soin. Plus elle passait du temps aux côté de la Mage, plus elle découvrait de nouvelles raison de l'apprécier. Quand les propos d'Asra se terminèrent en un marmonnement hésitant, Astriid sourit, attendrie, et lui prit les mains avec douceur. «Voyons, il n'y a pas de honte à avoir. Je suis heureuse de trouver quelqu'un d'autre qu'un Ygdraë ayant un intérêt pour les plantes et les fleurs.» Elle lui caressa doucement ses mèches blondes comme les blés. «Et je ne connais certainement pas tout dans ce domaine. Tiens, je suis sûre qu'il y a des choses que tu sais et moi non car il est très probable que vous ayez des plantes ici qui ne poussent pas sur les terres de Melohorë.» Conclut Astriid, une lueur amusée pétillant dans le vert de ses yeux. «Tu me montres ?» Elle tira en avant la Basphélienne avant de s'arrêter brusquement. «Ou non ! Je sais ! C'est peut-être l'endroit idéal... Peut-être qu'il y a des Faes dans cette serre ! Ce serait l'occasion de leur poser nos questions sur le Conte. Qu'est-ce que tu dis de les chercher ?» Les Faes ne se laissaient trouver que lorsqu'elles le voulaient bien mais la sylvestre gardait bon espoir. Elles étaient animées des meilleures intentions et l'amitié naturelle entre le peuple elfique et des petites créatures ailées les aideraient sûrement. Alors que cette pensée germait dans son esprit, la rousse perçut un scintillement derrière une gerbe de crocus. «Là !» S'écria-t-elle, surexcitée. Réprimant l'envie de se ruer sur la Fae, Astriid se contraignit à observer un pas lent et prit une voix apaisante pour convaincre la Faiseuse de Contes de ne pas s'affoler. «Bonjour ! Est-ce que vous connaissez Missælys ? C'est elle qui m'a parlé du Conte des Trois Royaumes, vous l'avez lu ?» Une minuscule tête émergea des corolles mauves, fixant un regard doré sur les jeunes filles. L'Ygdraë apercevait l'extrémité iridescente de ses ailes agitées d'un faible vrombissement. Avec précaution, la Fae posa ses mains sur un pétale et garda le silence quelques secondes avec un air attentif comme si elle écoutait une voix. Finalement, sa voix flutée parvint aux Elues des Portes. «Je ne connais pas Missælys. Et je ne participe pas aux Contes. Mais je l'ai lu, naturellement.» Elle les observa un instant avant d'ajouter. «Vous êtes la Princesse Anna et vous êtes...» La Fae plissa les yeux, plus incertaine sur Astriid. «Kuzco.» Compléta l'Elfe piteusement, peu fière du rôle qu'elle avait joué dans le Conte. «Ah oui ! Oui...» L'Ailée gloussa tandis qu'Astriid rougissait subitement. Un silence inconfortable s'installa dans l'air moite de la serre. «Vous vouliez quelque chose les filles ? C'est que j'ai du travail et... Enfin je suis heureuse de rencontrer des personnes ayant contribué au Conte, qui plus est qui soient mariées, mais...» Les doigts de la Fae pianotèrent avec impatience le pétale violine. «Ah et bien, au sujet de ce mariage justement. On est encore jeunes vous voyez et on ne se connaît pas vraiment.» La Fae les regarda tour à tour. «Félicitations ? Tous mes vœux de bonheur ?» Finit-elle par répondre d'une voix hésitante. Astriid, dont les rougeurs avaient atteint sa gorge, tortilla la pointe d'une oreille entre ses doigts. «Merci, merci beaucoup ! Mais ce n'est valable que dans le Conte n'est-ce pas ?» «Et parmi nous également. Mais on a déjà dû vous le dire non ? Je ne suis pas la mieux placée pour répondre à vos questions vous savez ? Je n'ai pas participé à l'élaboration du Conte d'Ambroisine.» Elle se mit à bougonner. «Certaines Faes doivent veiller à maintenir leurs jardins en bonne santé voyez-vous. Oh bien sûr, on pourrait penser qu'elle aurait accepté ma candidature pour enjoliver les décors du Conte avec mes talents de jardinière mais tout le monde n'est pas dans les petits papiers de Maaademoiselle Ambroisine.» Astriid cligna des yeux plusieurs fois et échangea un regard perplexe avec Asra. «Je suis désolée pour vous.» La Fae fronça les sourcils et leva fièrement le menton. «Désolée ? Humf, de toute façon c'est mieux comme ça ! Je n'avais pas le temps de délaisser mon jardin !»

Message VI | 751 mots
Je te laisse jouer la Fae 8D

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☙ Lorne Balfe - His Dark Materials Main Theme

Épatée, Astriid laissa Asra poursuivre l'échange avec la Fae, tout en hochant la tête vivement pour appuyer ses propos. Maintenant qu'elle y réfléchissait, Missælys s'était contentée de donner vaguement les informations et, sans laisser le temps à l'Elue des Portes le temps de digérer les nouvelles, elle était repartie comme elle était venue, laissant Astriid avec ses questions en suspens. «Merci pour votre aide. On ne va pas vous déranger plus longtemps. Viens, Asra.» Son bras s'enroula autour de celui de l'adolescente pour l'entraîner plus loin. «Puisque les Faes n'ont pas l'air de pouvoir nous aider davantage, nous n'avons qu'à ignorer ce mariage ? Je veux dire, ne prenons que le meilleur de ce qui nous est offert. Le Conte d'Ambroisine nous a permit de nous rencontrer et nous avons gagné une amie grâce à tout ça. Et je suis d'avis que ce qu'il s'est passé dans le Conte y reste.» Tout en parlant, Astriid s'assit jusqu'à un petit banc en pierre où elle s'assit. Après lui en avoir demandé la permission, elle récupéra le Conte des mains de la blonde. «En plus du mariage, il y a autre chose que Missælys m'a dit.» Elle caressa distraitement la couverture du livre mais ses yeux demeuraient perdus dans le vague. «Je peux revenir dans le monde des Contes et y construire mon Royaume si je le veux.» Elle marqua une pause, hésitant avant de poursuivre. «En réalité, je n'ai pas encore essayé d'y aller. Je crois que j'ai un peu peur. Ça me paraît un peu gros pour moi toute seule. Oh bien sûr, c'est terriblement excitant, tu imagines ? Tout un lieu rien que pour moi où tout serait comme je le désire. Enfin je crois. Il y aura d'autres Elus des Portes là-bas, ils ne sont pas vraiment rassurants. Je ne sais pas si tu te souviens, lors de notre mariage, Maléfique est apparue, j'ai bien cru mourir.» Astriid ouvrit le Conte et feuilleta quelques pages avant de s'arrêter sur le chapitre qui l'intéressait. L'en-tête illustrait un ciel lourd de nuages d'un violet presque noir tandis qu'une silhouette drapée de noir invoquait des ronces. Un frisson hérissa les poils sur la nuque de l'Elfe à ce souvenir. Sous les traits de Kuzco, elle était supposée passer sa nuit de noces avec la Princesse Anna mais elle s'était alors endormie après avoir consommé trop d'alcool après la cérémonie. Elle toussa, gênée. «Je ne suis pas sûre d'avoir envie de les croiser en tout cas. En fait, j'aimerai que tu m'aides à construire un Royaume qui me permettrait de me protéger d'eux ? Tu auras sûrement des idées utiles, tu es très intelligente comme tu viens de Basphel. À nous deux, on pourrait certainement imaginer quelque chose d'incroyable ! Et si tu es avec moi, ce sera plus amusant, qu'en dis-tu ? On pourrait revenir dans ta chambre pour en discuter plus amplement et si tu es d'accord, tenter d'y aller juste pour voir à quoi ressemble ce Monde ? Je ne pense pas que ce soit dangereux mais je ne suis pas sûre. On peut revenir en arrière s'il y a quoi que ce soit je pense ?» Elle espérait. Missælys n'avait pas détaillé cette partie du cadeau des Faes et elle en savait assez sur ce peuple pour savoir que leur espièglerie pouvait être aussi bon enfant que néfaste pour les cibles de leurs farces. Elle ne pensait pas que les Ailées chercheraient à nuire volontairement à une Ygdraë et une Magicienne, du moins pas directement.

Message VII | 626 mots

Ce serment qui nous lie

☙ Red Velvet - One Of These Nights

Assise en tailleur sur le lit, Astriid faisait face à la Magicienne. Suite à l'invitation de sa nouvelle amie de passer la nuit, elle lui avait emprunté une chemise de nuit. Les coudes sur les genoux et son menton calé au creux de ses paumes, l'Ygdraë la regardait par en dessous. «Ils sont jolis tes cheveux. On dirait du blé, mais en plus doux, comme du duvet d'oisillon ! Je peux te les coiffer si tu veux ?» Joignant le geste à la parole, elle s'installa derrière la Basphélienne et commença à passer la brosse délicatement sur ses longues mèches lisses. «Désolée si je t'ai mise mal à l'aise tout à l'heure.» Elle comprenait parfaitement la soudaine panique d'Asra, pour l'avoir vécue elle-même. Cette histoire de Reine des Contes la dépassait complètement et elle ne savait pas par quel bout la prendre. Trouver quelqu'un qui avait vécu leurs aventures avait ouvert la porte à l'espoir qu'elle n'était pas seule pour y faire face. D'ordinaire, le courage ne lui manquait pas, mais l'idée de se plonger d'elle-même dans un autre monde l'effrayait. Comment être sûre qu'elle pourrait revenir ? Comment être sûre que ce n'était pas dangereux ? Il y a quelques temps de cela, elle n'aurait pas réfléchi plus de quelques secondes avant d'y aller. Son voyage et ses rencontres l'avaient faite mûrir sans qu'elle s'en aperçoive et elle avait une meilleure perception des risques qu'avant. Cela ne l'empêchait pas de persister à offrir une confiance aveugle à quiconque croisait son chemin mais c'était mieux que rien.
«Je ne sais pas non plus comment faire. Comment diriger un Royaume ou même comment le créer. Il faut un début à tout je suppose, même si je n'ai pas ces ambitions dans la réalité, ça peut être amusant d'essayer ça dans ce monde non ? Un peu comme lorsque on joue en étant enfant à des rôles qui ne sont pas les nôtres ?» Astriid déposa la brosse à côté d'elles et se mit à tresser les cheveux de la Magicienne. «Ça n'a pas à être réel, on n'aura qu'à voir ça comme un jeu à grande échelle ? J'ignore qui sont les autres, tu es la première que je rencontre qui ait participé au Conte. Enfin je crois ?» Il était difficile de se fier aux apparences et elle n'avait finalement rencontré que peu d'autres personnages du Conte. «Et sinon, ce sera l'occasion de les rencontrer ! On pourrait se faire des amis et jouer avec eux ! Et ceux qui sont méchants n'auront pas le droit d'entrer dans notre Royaume, voilà tout !» L'Elfe attrapa un lien pour faire tenir la tresse et frappa dans ses mains. «Et voilà ! En tout cas, on n'a pas à commencer tout de suite ! Si tu veux, on peut s'écrire régulièrement en se donnant des idées sur le Royaume qu'on pourrait construire ! Je sais déjà que je veux qu'il y ait des fleurs partout ! Et des lacs ! Je voudrais que le Royaume soit un lieu à ciel ouvert donc il faudrait que le temps soit tout le temps ensoleillé et pas trop froid, un peu comme sur les terres d'émeraude, là où dit que les Orines vivent ! Oh comme j'aimerai aller visiter Maëlith un jour, ce serait sûrement très inspirant !»

Message VIII | 583 mots