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 [Q] - Aux cœurs inhumains | Solo

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Priam & Freyja
~ Ange ~ Niveau III ~

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◈ Parchemins usagés : 4162
◈ YinYanisé(e) le : 02/02/2018
◈ Âme(s) Soeur(s) : La bière et le saucisson | L'adrénaline et les problèmes
◈ Activité : Berger [III], traducteur [II], diplomate [I] | Soldat [III], violoncelliste [I]
Priam & Freyja
Mer 27 Mai 2020, 23:34



Illustration boat by Adrien Gonzalez (artstation.com)

Aux cœurs inhumains

En solo | Priam & Laëth


Intrigue : Laëth se remet doucement des séquelles de la Terre Blanche. Avec Priam, ils reçoivent les lettres de Mancinia Leenhardt et sa convocation à la CDN Sorcière.

RP précédents : Prise de consciencePersonne n’est à l’abri.
RP liés : Nos racinesLes Gardiens des Cieux (Isiode)Il ne reste que les ténèbresVerléiftLärtneeshDélicieuse nuit de sang et de magie (Léandra)Le courrier de la conciliation (Mancinia).


« La fièvre devrait se dissiper d’ici quelques jours. » Le regard de Priam alla du médecin à sa sœur. Elle était étendue sur un lit aux draps blancs. Parfois, des tressaillements animaient brièvement son visage. La sueur brillait sur son front. « Le temps que vous dissipiez le poison ? » - « C’est ça. La plaie est propre, mais il en reste dans son organisme. » - « Je peux voir ? » - « Quoi ? La plaie ? » Le brun acquiesça. Le soignant le considéra avec un drôle d’air, avant d’accepter. Il repoussa la couverture, puis souleva délicatement le haut de sa cadette, juste au-dessus de son estomac. « Certaines côtes étaient cassées, mais nous les avons ressoudées. » Avec toujours plus de minutie et de douceur, il plaça l’une de ses mains sur le bandage. Celui-ci disparut partiellement. Sur la peau de Laëth, la trace de la mâchoire était encore nette. Elle courait sur sa taille, de la naissance de sa hanche à ses premières côtes. La morsure n’avait pas été que superficielle. Le Vil avait sécrété un poison qui avait nécrosé les chairs et attaqué l’organisme. La dose n’était pas létale, mais suffisamment importante pour que l’Ange se fût évanouie à plusieurs reprises, jusqu’à être maintenue dans un sommeil artificiel. « La magie blanche est remarquable. Ils se sont bien occupés d’elle sur le navire. Tout cela ne sera bientôt plus qu’un mauvais souvenir. » affirma le scientifique en retirant sa main – le tissu du bandage se reforma. « Je n’en doute pas. » Elle allait déjà nettement mieux que la veille. Il avait croisé Adriel Namênor, sur le chemin. Il s’était excusé de n’avoir pas su la protéger durant la bataille. Sur les navires, il avait fait de son mieux pour améliorer son état. Priam ne lui en voulait même pas. Ce n’étaient que les affres des combats. Né parmi les Réprouvés, il avait conscience que chaque bataille a son prix. Il était simplement reconnaissant qu’elle fût en vie. Si elle avait péri, sa réaction aurait peut-être été différente, mais ce n’était pas le cas.



Laëth flottait. Son environnement n’avait aucune saveur : il se confondait dans le néant. Tout n’était qu’abstraites pensées et tourments oniriques. Elle ne percevait rien : ni la voix des médecins, ni celle de son frère ou d’Adriel, ni les mains qui la soignaient ou l’effleuraient, ni la magie qui agissait sur son corps. Rien. Elle vivait dans un monde peuplé de chimères ou dévolu à l’oubli. Le nouveau Monarque Démoniaque lui apparaissait souvent, réminiscence d’un choc que son esprit ne parvenait pas à chasser. Par moments, il remplaçait même Pendrake dans certains souvenirs. Se débattre ne menait nulle part : elle ne parvenait pas à se réveiller. La noirceur l’étouffait. Dans l’ombre, elle cherchait la lumière. Elle était toujours plus subversive, toujours moins franche. Elle n’était rien de ce qu’elle aurait dû être : elle se baignait dans les ténèbres comme si elle leur avait toujours appartenu.

Elle rêvait de bonheurs éphémères et de réalités travesties. Elle rêvait de lui, cent fois plus désirable qu’il n’aurait dû l’être. Elle le voulait d’une façon plus entière et plus pleine encore ; jusqu’à la mort. Elle le mordait et cette morsure provoquait plus de plaisir qu’elle n’aurait pu l’imaginer. Quand elle ressortait du château et que l’air de la nuit caressait son visage, elle levait les yeux vers le ciel et voyait la lune bleue, ronde et scintillante. Elle lui donnait envie de le protéger. Dans des sursauts de lucidité, elle le renvoyait à la pénombre. Il n’était pas trop tard pour l’aider ; mais le destin menaçait et les révélations sur son identité l’avaient tant ébranlée qu’elle ne parvenait pas à passer au-dessus. Une forme de rancœur s’était immiscée en elle ; contre lui et contre elle-même, pour avoir été si sotte.



« J’ai croisé son nouveau mentor, si ça vous intéresse. » - « Ah oui ? » s’étonna Priam. Adriel acquiesça. « Il est venu la voir pour prendre des nouvelles. C’est Isiode Yüerell. » L’enfant de Réprouvés cilla. « Le Boucher ? » Son interlocuteur eut un sourire contrit. « Il est bien plus que ça. Ou bien moins, c’est selon. » - « Oui, pardon, c’est juste que j’ai tellement entendu ce nom-ci, ces derniers temps… » - « Ce n’est rien. Je suis convaincu qu’il lui apportera beaucoup. C’est un excellent soldat. » Il posa une main aussi empathique que ferme sur l’épaule de Priam, puis acquiesça et prit congé.



Message I – 757 mots




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Priam & Freyja
Jeu 28 Mai 2020, 16:13



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Aux cœurs inhumains

En solo | Priam & Laëth



Pendrake,

J’espère que tu vas bien. J’imagine que tu as eu écho de l’assaut que les Sorciers, les Anges et l’Ordre d’Hébé ont mené en Terre Blanche. Laëth y a participé. Elle va aussi bien que possible et se remet doucement de ses blessures. Pas de quoi s’inquiéter, a priori, et tant mieux.

Elle a insisté pour que je t’écrive. La nouvelle t’est peut-être déjà parvenue, mais il reste préférable de te le répéter plutôt que de te laisser dans l’ignorance. Ta vie risque de prendre un tournant inattendu et dangereux, d’ici quelques temps. Zane Azmog ne gouverne plus l’Enfer, et le nouveau Monarque Démoniaque a ton visage.

Connais-tu un lieu sûr où tu pourrais te réfugier, le temps que chacun puisse faire la part des choses ? Chez ta femme ? Ou à Lumnaar’Yuvon, peut-être ? Je suis certain que nos parents seraient d’accord.

Tiens-nous au courant.

À bientôt,

Priam et Laëth

Après l’avoir lue à sa cadette, l’Ange plia la lettre et la glissa dans une enveloppe. Allongée sur son lit, elle ne l’avait pas quitté des yeux. Elle avait ponctué sa rédaction de quelques questions ou éléments supplémentaires. Elle avait encore le visage pâle et ses réflexes étaient presque inexistants. Les médecins l’avaient réveillée plusieurs heures auparavant. Le poison avait disparu. Il ne demeurait que la cicatrice, et les souvenirs. Il lui avait fallu un long moment avant de revenir à elle. Même maintenant, elle semblait un peu ailleurs, comme si elle n’avait pas tout à fait quitté le monde des songes. Les jours passés couchée lui avaient aussi fait perdre en mobilité, et elle devrait suivre une rééducation avant de pouvoir retourner à ses occupations quotidiennes. Cette annonce n’avait même pas fait étinceler son regard de la force de vivre que Priam lui connaissait. Elle l’avait accueillie avec une impassibilité qu’il avait trouvée terrifiante. Il se rassurait en songeant que l’état de choc ne pouvait pas se résorber en quelques heures. Elle avait vu des choses qu’il pouvait à peine imaginer. C’étaient de nouvelles pierres apportées au palais de sa douleur. Elle ne le mesurait pas encore. Elle le lui avait dit. Elle avait la sensation de sortir d’un long cauchemar. Il ne faudrait probablement que quelques jours avant que ses ressentis ne se raccrochassent à la réalité.



« Isiode Yüerell ? » Laëth cligna des yeux. « Mais il est à Orhmior… » - « Avec les portails, il est facile de voyager, maintenant. » - « Oui. » Adriel posa sa main sur la sienne. Il avait promis au guerrier d’avertir la Conscrite si elle se réveillait avant qu’il ne pût revenir. « C’est un très bon soldat. » Elle le savait. « Je n’ai pas de doute sur la qualité de la formation qu’il te dispensera. » Mais ce n’est pas Hena. Cette pensée infantile la frappa avec une virulence qu’elle n’avait pas escomptée. Elle se sentit chavirer et serra les dents. Isiode… « C’est lui, le Boucher, c’est ça ? » Elle avait parfois du mal à resituer les informations. Sa convalescence s’appliquait autant à son physique qu’à son mental. « Oui, c’est lui qui a mis fin aux jours des soldats atteints de cette étrange maladie. » La jeune femme ferma les yeux. Il serra doucement sa paume entre ses doigts. « Je connais son frère. Isley. » Un souffle mince glissa entre ses lèvres. Elle ne lui avait pas reparlé depuis cette fameuse journée d’intégration aux Jardins de Jhēn. La dernière fois qu’elle l’avait vu, c’était de loin, la veille de leur départ pour les explorations. Elle avait l’impression que cela faisait une éternité. « Ah oui ? » - « Oui. C’est grâce à lui que je suis entrée à Yüerell. » Elle sourit faiblement. C’était définitivement une autre époque. « Il avait été chargé de faire visiter les Jardins à un groupe d’Anges nouvellement arrivés. Jenna et moi en faisions partie. On lui a fait part de notre volonté d’intégrer l’armée, et il nous a proposé de suivre les entraînements des futures Recrues. » - « La boucle est bouclée, alors. » Lentement, elle acquiesça. Elle savait que le mentorat d’Adriel ne durerait pas – ils n’appartenaient pas à la même Troupe –, pourtant, l’idée de devoir s’en défaire lui était assez pénible. « Merci d’avoir pris la peine de poursuivre mes entraînements. » - « C’était la moindre des choses. Malgré les circonstances, ça m’a fait plaisir. » Il retira sa main de la sienne et se releva. Elle rouvrit les yeux. « Il faut que j’y aille. Je repasserai demain, si tu veux. » - « D’accord, à demain. » Il lui sourit. Elle le regarda s’éloigner. La solitude revint passer un bras autour de ses épaules.



Message II – 792 mots




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Priam & Freyja
Jeu 28 Mai 2020, 23:13



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Aux cœurs inhumains

En solo | Priam & Laëth



La solitude, l’inactivité et le temps composent un cocktail détonnant. Il offre à l’esprit des perspectives de réflexions intarissables. Quelques éléments auraient pu interrompre ce cours impétueux, comme le passage des soignants, la présence des autres malades, la venue de quelques proches des uns et des autres, mais, en réalité, ce n’était pas suffisant pour distraire l’Ange. Au début de son hospitalisation, rien n’existait d’autre que l’univers de sa conscience endormie. Au réveil, ses sens étaient troubles et elle avait du mal à former des pensées cohérentes. Désormais, sans être parfaitement lucide, tout était plus aiguisé. Parfois, ses doigts se promenaient sur la cicatrice qui marquait son flanc. Elle en découvrait les irrégularités. Souvent, elle fixait le plafond, perdue dans le flot de ses idées. Les plaies les moins visibles s’y terraient. Elles n’en étaient pas moins pénibles. Le pire, c’était la nuit, quand plus rien ne pouvait troubler les longues heures qui la séparaient du lever du jour. Elles en profitaient pour venir la dévorer. Au début, elles n’apparaissaient que comme des menaces vagues et lointaines. Elles s’étaient précisées. C’étaient les monstres sous son lit.

Elle ne se rappelait pas de la totalité des combats. Elle ne parvenait pas même à se souvenir du Démon qui l’avait mordue. Si on le lui avait demandé, elle aurait été incapable de le décrire. En revanche, le visage du sosie de Pendrake ne la quittait plus. Par instant, elle avait même l’impression de pouvoir encore sentir son odeur morbide. Sans qu’il fût là, elle avait la nausée. Elle se remémorait aussi facilement le goût du sang et de l’adrénaline. Et puis, les lunes, et tous les sentiments qui l’avaient ravagée lorsqu’elle avait vu leur ballet fatidique. Puisqu’elle avait pris soin de verrouiller chaque émotion négative avant son départ en Terre Blanche, leur charge s’avérait d’autant plus douloureuse. Elles lui tiraient des larmes capables de ruisseler sans discontinuer. Du temps avait passé depuis qu’elle avait compris qu’Elias Salvatore était le prolongement de Kaahl, mais elle n’avait jamais fait le point. Elle avait pleuré, crié, gémit, haït ; cependant, dans ce tourbillon, pas une réflexion claire n’avait pu percer. Coincée dans son lit, elle avait tout le loisir d’y songer. Elle ne pouvait pas s’échapper et elle était trop faible pour faire semblant de tout.

Les paroles de Jun Taiji et la prophétie d’Othaline tournaient en boucle, avec pour fond l’image du tatouage qui ornait le dos de Kaahl. Le tout résonnait si étrangement que les éléments semblaient se faire écho. Le Mage portait le signe du chaos. La lune noire avait englouti l’astre bleu. D’après la légende qu’il lui avait contée, c’était le signe qu’un individu aux sombres projets était sur le point d’accéder au pouvoir. C’était la menace d’années de souffrance et de massacres. Durant la bataille, les deux sphères s’entredéchiraient. Laëth pinça les lèvres. Cela n’avait rien de rassurant. S’il n’était pas trop tard pour l’aider comme son père l’avait demandé – le voulait-elle encore ? –, elle croyait pouvoir affirmer ce qu’elle redoutait. Kaahl n’était pas tant dissocié d’Elias. Si la dichotomie avait été irréprochable, les lunes ne se seraient pas battues. S’ils avaient été deux personnes totalement différentes, Jun ne lui aurait pas demandé de combattre le mal. Il aurait exigé qu’elle l’en préservât. Elle avait essayé de se rassurer en se disant qu’il ne faisait qu’endosser un rôle, mais au fond, elle savait. Elle l’avait pensé. On ne peut pas tenir une telle position sans crouler sous le poids des remords, de la honte et de la culpabilité. Elle ne pouvait pas le croire. Elle l’aurait voulu, mais elle ne le pouvait pas. L’innocence ne cautionnait pas toutes les bêtises.

La jeune femme passa une main tremblante sur un côté de son visage. Elle se sentait idiote. Tant d’éléments s’étaient trouvés juste devant elle, en sa possession parfois, et elle n’avait jamais rien su en faire. Maintenant, elle était là, clouée dans un lit d’hôpital, avec la réverbération cruelle et tranchante de sa naïveté. Les mensonges et les secrets révélés lui murmuraient des horreurs. L’aimait-il ? S’il savait si bien faire semblant… Elle se tourna sur la tranche et ramena un peu plus la couette sur elle. Elle ne savait pas. Il n’était ni Magicien ni Sorcier et trompait probablement son monde dans les deux camps. Jusqu’à quel point ? Elle repensa à ses mots et à sa lettre. Non. On ne dit pas, on n’écrit pas, de telles choses à une personne pour laquelle on ne ressent aucun amour. C’était trop douloureux à envisager. Il n’aurait pas pu lui faire ça, pas en sachant toutes les peurs qui couvaient en elle. Elle ferma les yeux, si forts que des rides expressives troublèrent ses paupières, et remonta ses genoux vers sa poitrine. En voulait-elle encore, de ses sentiments à son égard ?

L’Aile Blanche renifla. Othaline n’était qu’une enfant, pourtant, ce qu’elle avait énoncé ne l’avait pas quittée. Elle était une guerrière, elle avait combattu des monstres, elle avait participé à la découverte de la Terre d’Iyora, elle était tombée amoureuse de Kaahl. Elle avait prévu tout cela. Il n’y avait que quelques données encore inaccomplies. Elle ne l’avait pas épousé mais elle savait qu’il le désirait. Éclairait-elle l’obscurité comme le feu ? Lorsque la gamine avait dit qu’il en serait ainsi, elle n’avait pas compris. Mise en parallèle avec les propos de Jun et ses élucubrations sur la lumière et l’ombre, la phrase prenait tout son sens. Fallait-il accorder du crédit aux révélations de la petite Magicienne ? Dans quelle mesure ? Personne n’était certain des dons qu’elle possédait. Laëth essayait de se raisonner, toutefois, elle peinait à se défaire des prédictions de l’enfant. Mais si elles étaient vraies, à quoi bon lutter ? Pourquoi se débattre si tout était déjà tracé ? Pourquoi souffrir et pleurer quand aucune détresse ne serait en mesure de la soustraire à son destin ? Elle enfouit sa figure dans la couverture, qui devint rapidement humide et chaude. Elle le détestait. Elle l’aimait tellement qu’elle ne pouvait pas faire autrement.



« Priam, tu crois au destin ? » Le brun haussa les sourcils. « Au destin ? » Sa sœur opina. « Je ne sais pas. À force de lire, je me rends compte que beaucoup de prophéties ont été contées et se sont parfois réalisées dans les moindres détails. » Elle frissonna. « Mais l’idée d’avoir une route toute tracée… Ce serait un peu triste, non ? » Silencieuse, elle le dévisagea. L’argument était faible, et il le savait. Ces questions-là n’appelaient pas au débat, pas quand on possédait, comme eux, si peu des mystères du monde. « Oui, ce serait triste. » Elle baissa la tête et balança doucement ses pieds. Ils étaient assis sur un banc, à l’extérieur de l’hôpital. Avec son aide, elle avait réussi à marcher jusqu’ici. Ses séances de rééducation se passaient bien. Elle récupérait vite. Lorsqu’il la regardait, il voyait encore tous les bouleversements qui se jouaient en elle, cependant, ses prunelles étaient déjà plus alertes. « Pourquoi tu demandes ça ? » Ses yeux verts le scrutèrent avec intensité puis se détournèrent pour se porter sur le paysage qui se déroulait devant eux. « Je me demandais si les choses nous arrivaient toujours pour une bonne raison. »



Message III – 1214 mots




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Sam 30 Mai 2020, 08:47



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Aux cœurs inhumains

En solo | Priam & Laëth



Aux Jardins de Jhēn.

Quelques jours après son réveil, les médecins la laissèrent rentrer chez elle. Le temps de l’observation et de la rééducation terminé, elle pouvait reprendre le cours de sa vie. Elle recommença le sport doucement – à son sens, en tout cas. Être alitée lui avait fait perdre en fibre musculaire. Tous les matins, elle partait courir dans les forêts autour des Jardins. L’effort lui vidait la tête. Elle se concentrait sur sa respiration, et tout devenait délicieusement mécanique. Les pensées parasites s’échouaient sur la grève de son esprit. Lorsqu’elle rentrait, elle s’étirait, puis aidait son frère aux écuries. Le soir, ils partaient se promener à cheval ou s’allongeaient au bord du lac. Ils parlaient de tout et de rien et, dans les silences de leurs conversations, des questions la travaillaient, répétitives et insistantes. Elle cherchait les raisons, les pourquoi, les explications ; elle voulait trouver des réponses qu’elle ne parvenait pas à formuler.

Entre les draps, elle s’endormait bien après son aîné, malgré la fatigue. Elle réfléchissait, et surtout, elle ressentait. Le reste du temps, elle l’occupait sur Iyora. Comme les minutes de répit étaient les pires, elle tentait de les éliminer. Parfois, elle pensait au violoncelle. Il lui arrivait de passer devant l’habitation du musicien. Elle hésitait, mais n’entrait pas. Chaque fois qu’elle songeait à Kaahl, elle avait envie de lui écrire des lettres incendiaires, de lui frapper le visage à coups de hache, d’en faire une torche humaine ou d’exercer sur lui tout autre type de souffrance qu’elle jugeât à la hauteur de la sienne. La seconde suivante, elle voulait le voir, le serrer contre elle, le protéger – elle l’ignorait, mais c’était dû au rêve dans lequel elle l’avait mordu. D’un bout à l’autre de ses réflexions incohérentes, elle souhaitait ne l’avoir jamais rencontré. C’était l’un de ces désirs impossibles, créateurs de chimères qui ne pouvaient rien contre l’exactitude péremptoire et incisive des faits. Elle serrait les dents et l’écartait autant que possible de son esprit et de son cœur.

Il était retourné à Amestris en héros. Elle s’était demandé s’il s’entendait aussi mal qu’il le prétendait avec sa famille. Ses frères, sa tante, sa grand-mère. Les trompait-il avec son jeu magicien ou avaient-ils conscience de sa dualité ? Sa femme et sa fille ne le connaissaient probablement que comme Elias. Les aimait-il ? Aimait-il vraiment les enfants de cette manière inconvenante et répugnante ? N’était-ce qu’une rumeur pour étoffer son personnage ? Cela faisait-il partie de ces choses qu’il était contraint de faire pour ne pas être démasqué ? Tout lui paraissait à la fois absurde et vraisemblable. Les lignes étaient floutées et chaque incertitude rognait sa rationalité. L’Ange pouvait fournir tous les efforts du monde, retourner le problème en tous sens : elle serait toujours face au même mur infranchissable. Elle ne pouvait se fonder que sur ses ressentis, inspirés de choses qu’il avait dites ou faites en sa présence, sans être certaine qu’elles eussent été le reflet de la vérité. C’était une impasse. Quand elle doutait du Bien en lui, la honte l’assaillait ; et dès qu’elle s’abattait, le spectre du Mal, insidieux et fourbe, la poussait à flageller sa naïveté. Elle revivait son rêve à propos de Stanislav et se demandait si Kaahl avait pu commettre des actes aussi atroces que ceux qu’elle avait imaginés – car ce n’était que ça – pour les Dementiæ. Plus elle y pensait, moins elle savait qui elle aimait ; et l’idée terrifiante que celui qui siégeait en son cœur pût n’être qu’une invention lui ruinait l’âme. Elle haïssait tellement les Sorciers. La détestation de Stanislav à l’égard de Kaahl ne faisait que renforcer la sienne. Elle n’avait reçu aucune nouvelle. Elle était trop blessée pour vouloir en prendre. Elle refusait de ramper, larmoyante, jusqu’à ses pieds. Les drapés de la fierté étouffaient tous ses élans.

Assise dans l’un des fauteuils du salon, Laëth lisait. Concentrée sur la lecture, elle oubliait de songer au reste. Il était tard. Après avoir roulé d’un bout à l’autre du lit, elle s’en était extirpée et comptait parcourir les pages jusqu’à épuisement. Elle le fit si bien qu’elle s’endormit, la tête sur son bras, plié sur l’accoudoir, assise sur une fesse et les jambes ramenées sur le siège. Son sommeil fut délirant. Le devoir, le destin, l’insolence, l’impuissance, l’amour, la tristesse. Des voix et des visages qu’elle ne connaissait pas. Des concepts qui lui échappaient. Jun, Ezechyel, et tous les mystères qu’il lui livrait sans lui en donner les clefs. Elle ne comprenait pas tout, parce qu’elle ignorait trop de choses. Des êtres ont des obligations qui transcendent leur volonté même. L’Ailée se réveilla brutalement, en sueur et haletante. Ses yeux galopèrent sur son environnement. Elle était toujours dans le salon. Seule la lueur des astres troublait la nuit. Son livre reposait dans le creux entre l’un de ses genoux et l’accoudoir. C’était le même type de rêve qu’avec Stanislav. Ezechyel. Le nom tourbillonna. Il ricocha si bien contre son crâne qu’il en déclencha des maux de tête. Elle ne pourrait plus dormir. Les rêves n’en étaient pas toujours. Et les choses avaient l’air d’arriver pour une bonne raison.



Message IV – 844 mots
(sans la phrase en italique, reprise de Mitsu)




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Sam 30 Mai 2020, 21:51



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En solo | Priam & Laëth



Aux Jardins de Jhēn.

Sporadiquement, les faciès hideux des Démons revenaient la hanter. Ils dispensaient à son dos des frissons glacés. Elle était l’Aile d’Acier ; et par moments, elle se rêvait Cœur de Métal. Elle aurait voulu ne rien ressentir, ne rien craindre, ne rien aimer. Pouvait-on se fermer au monde au point de ne plus être contraint de réagir à ses mouvements ? Elle se figurait la quiétude qui devait en découler et exécrait sa condition de mortelle. Pourtant, elle savait, désormais, que même les Ætheri répondaient à des lois qui les dépassaient. Ils n’étaient pas libres. Ils étaient peut-être encore moins libres que leurs fidèles. Elle avait goûté la tristesse de Jun, alimentée par sa connaissance du temps – passé, présent, futur. Elle avait compris qu’il n’était pas soumis à sa linéarité. Il avait su pour les génocides angéliques et démoniaques bien avant qu’ils n’advinssent. Il pouvait voyager et contempler les événements, sans toujours pouvoir en altérer le cours. Était-on mieux préparé à la souffrance si on avait la possibilité de la voir venir ? Elle ne le saurait sans doute jamais. Il avait semé tant de questions dans son esprit. Les réponses n’étaient pas toutes à sa portée. Il lui faudrait faire des recherches qu’elle n’avait actuellement pas la force de mener. Les raisonnements ne pourraient s’effectuer que si elle avait l’esprit clair : il se débattait dans les eaux noires de sa douleur.



« Priam ? » - « Hum ? » Elle revenait de l’extérieur, un colis dans les bras et trois lettres à la main. À moitié allongé dans le canapé, il haussa les sourcils. « C’est quoi ça ? T’as encore un admirateur secret ? » Elle le regarda sans sourire, une ombre jetée sur ses iris. Il suspendit toutes ses plaisanteries. Il emprunta un ton plus doux et calme. « Tu sais, ce serait peut-être bien que tu m’en parl- » - « Celle-là est pour toi. » l’interrompit-elle en lui glissant une missive entre les mains. Les yeux de son frère tombèrent sur l’expéditrice. « Mancinia Leenhardt ? Qu’est-ce qu’elle me veut ? » - « J’en sais rien, sûrement t’expliquer qu’une de tes fréquentations est foncièrement mauvaise et te manipule. » rétorqua-t-elle avec amertume. Priam afficha une expression un peu étonnée. « T’as bouffé un bicorne grognon ce matin ou quoi ? » Elle lui décocha une œillade noire puis se laissa tomber dans un fauteuil. C’était peut-être préférable à sa nouvelle habitude de se morfondre dans un silence mélancolique. Il ne releva pas. « Non. C’est juste qu’elle m’a aussi envoyé une lettre, et ça. » - « Ah. » Il baissa le regard sur le paquet. « Tu ouvres ? » Elle se mit à fixer la boîte. Lire le nom de la Marquise avait propagé une vague d’irritation dans tout son organisme. Tout ce qui touchait de près ou de loin à Kaahl la poussait dans les griffes de l’ire. La tristesse ne suffisait plus à la douleur. Elle puisait dans la colère.

Dans un soupir, la jeune femme s’inclina pour ouvrir le coffret laissé au sol. Lorsqu’elle souleva le couvercle, une expression de franche surprise peignit ses traits. Priam se redressa pour voir le contenu et fronça les sourcils. Pierres et métaux brillaient au-dessus d’un tissu bleu et blanc. Laëth demeura bouche-bée quelques instants, le dessus de la boîte entre ses mains, la silhouette figée. « Qu’est-ce que c’est que ça ? » demanda son aîné en se levant et en s’approchant. Il s’accroupit près d’elle et prit l’un des objets entre ses doigts. Au bout de ceux-ci, une paire de chaussures à talons hauts se balança. Sceptique, il arqua un sourcil. « Je te promets que je ne lui ai pas demandé de t’offrir ça pour le plaisir de te voir essayer de marcher avec. » Peu à peu, il se dérida. L’absurdité de la situation le fit même pouffer. L’étonnement avait tempéré l’humeur massacrante de sa sœur, mais il ne doutait pas qu’elle reviendrait vite à la charge. « Tu aurais dû aller combattre les Démons avec ! Pas besoin de voler, tu les aurais tous surplombés. On t’aurait peut-être appelée Talon d’Acier, à la place ? » - « Si j’avais un talon d’acier, j’écraserais sans vergogne les petits pigeons. » répondit-elle en faisant semblant de lui tirer l’oreille. Il grimaça pour la forme, ravi qu’elle eût retrouvé un peu d’humour entre temps, puis entreprit d’étudier le reste du paquet. « C’est le symbole de Yüerell, ça, non ? » L’Ailée acquiesça, avant d’esquisser une moue embarrassée. Après avoir sorti les objets du paquet – les chaussures, la broche au symbole de Yüerell, une tiare qui amusa beaucoup Priam, un collier, une bague, des boucles d’oreilles, une pique et un ruban pour les cheveux –, elle attrapa un pan de tissu et le souleva, bras tendus. Une robe finement ouvragée, dans les tons bleus et nacrés, se déplia. Dans le colis, il demeurait une cape et un pantalon pourvus des mêmes teintes. Le regard perturbé de Laëth coula jusqu’à celui de son frère, qui lui renvoyait la même expression. « J’espère qu’elle ne compte pas m’envoyer une robe. » fit-il pour détendre un peu l’atmosphère, quoiqu’on sentît la crispation dans sa voix.



Message V – 874 mots




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Sam 30 Mai 2020, 22:55



Illustration boat by Adrien Gonzalez (artstation.com)

Aux cœurs inhumains

En solo | Priam & Laëth



Aux Jardins de Jhēn.

« C’est peut-être pour s’excuser ? » reprit-il. « Je ne lui ai rien demandé. Je ne la connais même pas ! Je l’ai vue une fois, et c’était il y a tellement longtemps… » Sur un navire, loin, après son passage sur une île où l’air s’imprégnait de folie. « Enfin on n’offre pas ce genre de choses à des inconnues, quand même… » Dubitative, elle continuait à fixer le précieux vêtement. Finalement, elle le reposa dans la boîte. « Ouais… La raison est peut-être explicitée dans sa lettre. Ou alors, les Humains ont juste des mœurs bizarres. » Laëth saisit l’un des papiers calés entre ses cuisses. L’autre émanait du gouvernement. Sans doute quelque chose en rapport avec la Terre Blanche. Elle s’en occuperait après. « Ouais. Elle dit quoi, la tienne ? » Le fils de Réprouvés haussa les épaules, avant de la décacheter. Il lut à voix haute. Au fil de sa lecture, des rides de mécontentement apparaissaient sur sa figure. Sa cadette cligna des yeux, sourcils froncés. « Des vaches ? Mais personne ne t’a rien dit ? Et entre les traductions et la diplomatie, tu vas avoir le temps ? » - « Ben… je ne pense pas. Ça va déjà être suffisamment compliqué avec tous les animaux que j’ai là. » - « Hum. Fais voir. » Il lui donna le courrier, qu’elle relut pour elle-même. « On dirait qu’un accord a été passé entre… je ne sais pas. Avec d’autres Anges ? Qui est-ce qui gère l’écurie ? » - « Célarion. Je lui demanderai. Mais ça me paraît bizarre. Il m’aurait prévenu si des vaches devaient débarquer dans ses locaux, d’autant plus si je suis censé m’en occuper. Et puis on n’a pas besoin de l’aide d’une Humaine pour gérer tout ça. » grogna l’Ange, aussi gêné qu’agacé. Il aimait les animaux et il adorait passer du temps avec son troupeau. Cependant, il comptait déjà une petite dizaine d’individus. Avec l’expansion de son activité bureaucratique, il aurait de moins en moins de temps à leur consacrer. Il réfléchissait déjà à des moyens d’assurer leur bien-être. Le fait que Laëth pût sortir Yuvon et Nyellë et l’aider à entretenir les box le soulageait d’un poids, mais elle ne serait pas toujours disponible. Avec trois grosses bêtes de plus, les choses se compliqueraient encore. « Ouais. Il sera sans doute ravi de savoir qu’elle veut bien payer l’extension de son étable, s’il en a besoin. » ironisa la brune. L’ombre d’un sourire sarcastique courut sur les lèvres de Priam, avant qu’il ne soupirât profondément.

« Et la tienne ? Elle a l’air plus longue. » L’enveloppe était plus épaisse. Elle l’ouvrit et en tira plusieurs feuilles. « Chère Laëth… Même pas Dame Belegad. » fit-elle en souriant. Elle n’avait rien d’une dame, et de la même façon, appliquer « Messire » à Priam lui avait paru étrange. Mais c’étaient les formules d’usage pour s’adresser aux individus que l’on ne connaissait pas, sur ces terres. « Elle t’a percée à jour. Ça doit être pour ça, la robe et tout le bordel. Pour que tu ressembles un peu plus à une femme. » Elle leva la jambe et fit mine de lui envoyer son pied dans la figure, avant de balancer sa cuisse par-dessus l’accoudoir du fauteuil. « Tu vas voir si je suis pas féminine, moi. » Dans cette position, les jambes écartées et à moitié avachie sur son siège, elle aurait fait rougir de honte la noblesse magicienne. « Bon, c’est trop long, je te la passe après, si tu veux. » Priam opina et se releva. Il se secoua un peu pour faire mieux circuler le sang dans ses jambes, dont la course avait été altérée par sa position accroupie. « Je vais couper du saucisson, ça va me détendre. » Il alla jusqu’à la cuisine et s’attela à sa tâche.

« Cite-moi les passages intéressants. » - « D’accord. » Dès les premières lignes, Laëth fronça le nez. Elle poursuivit toutefois sans relever. Elle plissa les yeux, les dents serrées. Il lui était pénible de lire quoi que ce fût au sujet de sa relation avec Kaahl. Or, c’était là le cœur de la lettre. C’était tout sauf ce dont elle avait besoin. Elle ne voulait pas penser à lui, ni à ses mots, ni à ses baisers, ni à ses sourires. Elle voulait tout oublier, jusqu’à ce qu’il forçât une confrontation entre eux ou jusqu’à ce qu’elle ne pût plus contenir le feu qui brûlait en elle. Elle préféra ne pas s’attarder dessus. « Elle parle de ma relation avec Kaahl. Et pour une Marquise, elle a un langage drôlement fleuri. » - « Ah ? » Elle lui cita les extraits concernés. Priam siffla d’étonnement. « C’est bizarre de réagir comme ça vis-à-vis de rumeurs sur une inconnue. » - « Oui… » À la surprise et la colère se mêlait lentement une fine angoisse. Les mots de la Matasif la faisaient osciller entre une impression d’inadaptation sociale et d’offense. « Elle précise quand même que ça ne la regarde pas. Mais il me reste plus de la moitié de la lettre à lire. » - « Ben écoute, l’incohérence ne doit pas tuer. » La phrase suivante la fit grimacer. Elle passa rapidement au reste. « J’ai volontairement dit ces choses en sachant que vous seriez au courant. » Priam cessa de couper le saucisson et la regarda, un sourcil haussé. « Je réitère mes propos. » Ensuite, elle évoquait les conséquences de ses médisances au sein de la société magicienne. Elle demandait pardon en se défendant d’avoir voulu l’insulter. « Mais ce n’est pas toi qu’elle insultait, c’était Kaahl. » - « Je sais. » Cette lettre la laissait profondément perplexe. La Marquise semblait ne plus assumer ses propos – c’était en tout cas l’impression que Laëth tirait de sa lecture. En outre, et quand bien même l’écrit serait parti d’une bonne intention, il établissait entre les deux femmes une proximité qui dérangeait l’Aile Blanche. Devait-elle en rire, en pleurer ou s’énerver ?



Message VI – 1002 mots
(sans la phrase en italique, reprise de Mancy)




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Dim 31 Mai 2020, 11:32



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Aux cœurs inhumains

En solo | Priam & Laëth



Aux Jardins de Jhēn.

À l’évocation de la Terre Blanche, ses doigts se crispèrent sur le papier, et l’une de ses mains rejoignit sa cicatrice, cachée par son haut. Un rictus de douleur défigura ses lèvres. Elle n’avait pas agi en héroïne, et elle avait trop perdu, sur ce paradis transformé en enfer. Malgré elle, elle revit les deux lunes, et son cœur se serra. « Laëth, ça va ? » - « Oui oui. » souffla-t-elle en se ressaisissant : elle se redressa un peu dans le fauteuil et se racla la gorge. La suite. Elle serait forcément moins difficile à lire. Pourtant, un sourire amer fit frémir sa bouche. Visiblement, elle envisageait les hommes comme des créatures superficielles qui se plaisaient à acheter les femmes avec des cadeaux parfois inadaptés – ou c’était ce que la colère lui faisait comprendre. Il n’est pas comme ça, songea-t-elle avant de resserrer ses phalanges autour de son flanc. Elle n’en savait rien, en fait. Elle ne savait plus. Ses intuitions ressemblaient de trop près à des illusions. Elle se raccrocha au claquement du couteau contre la planche à découper.

Ses yeux s’écarquillèrent. « Mais… » - « Qu’est-ce qu’il y a ? » Elle lui lut la phrase concernant les menstruations. Priam interrompit sa tâche, regarda sa cadette, puis éclata de rire. « Non mais, Laëth, tu la connais, non ? Tu as déjà échangé avec elle, c’est pas possible autrement ! » - « Je te jure que non ! La seule fois où je lui ai adressé la parole, c’était pour savoir où se trouvait quelqu’un d’autre, et elle a à peine semblé me remarquer ! » - « Mais enfin, on ne parle pas de ça avec des inconnus, c’est invraisemblable. Même chez nous, on ne fait pas ça. Alors chez les Humains et les Magiciens… » Un sourire hilare éclaira le visage du brun. « C’est comme si je lui répondais en lui expliquant que j’ai beaucoup de travail et qu’il m’est donc difficile de prendre soin de ses vaches, mais que, heureusement, je trouve du temps pour me masturber afin de me détendre. » - « … Effectivement, j’avais pas nécessairement envie de savoir ça. » Elle ne pouvait pas retenir un petit sourire. « Roh, n’importe quoi, fais pas comme si tu le savais pas déjà. » - « On n’est pas censés faire ça ici. » - « Ouais, bon, c’est quoi la suite ? Elle te demande ta position sexuelle préférée ou si tu as la diarrhée pendant tes règles ? » Il ricana, tandis qu’elle dardait sur lui un regard scrutateur. « Tu es intenable. » Elle baissa à nouveau les yeux sur la lettre. « Non, elle… Elle me dit qu’elle a réalisé elle-même la parure. » - « Ah oui ? Elle est douée, en tout cas. » Laëth hocha la tête. « Elle m’explique ce qu’est une tiare. » Son aîné lui jeta un regard intrigué. « Les enfants de Réprouvés ont si mauvaise réputation ? » Elle haussa les épaules en esquissant un petit sourire. « Si elle se fonde sur toi, ça ne m’étonne pas. » - « Je ne vois pas pourquoi tu dis ça, je suis irréprochable et extrêmement raffiné. » Pour appuyer ses dires, il attrapa une tranche de saucisson, qu’il glissa entre deux canines pour la déchirer d’un air moqueusement sauvage. Elle sourit en secouant la tête, avant de revenir aux lignes manuscrites. La jeune femme blêmit. « Elle me parle de mon mariage avec Kaahl. » Priam cligna des yeux en se raclant la gorge. Il avait failli avaler de travers. « Vous allez vous marier ? » - « Non ! » répliqua-t-elle un peu trop vivement. Elle reprit : « Non, on n’a pas… Ce n’est pas prévu. C’étaient les rumeurs qui parlaient de ça, mais il ne m’a rien demandé et je ne lui ai rien demandé non plus. D’ailleurs, les seules personnes qui savent ce qu’il en est vraiment, c’est toi, peut-être Gustine, et Hena, mais elle est morte ! » Ses prunelles tremblaient d’une émotion mal contenue, entre l’effarement, la détresse et la colère. Plus personne ne savait rien, en réalité. Son monde s’était renversé, et elle n’en avait rien dit. Elle ne le pouvait pas. Il lui en avait ôté le droit.

« Elle a fait un pari pour savoir qui de nous deux se marierait en premier ! Mais qu’est-ce que ça peut lui foutre ? Et elle me donne des conseils ! De quoi elle se mêle, sans déconner ? » La fille de Réprouvés froissa les feuilles ensemble et les jeta à travers la pièce. Elle écarta du pied le coffret offert par la Marquise et se leva prestement. « Je ne sais pas, elle… » Il essaya de trouver une raison, une excuse, une justification, n’importe quoi pour expliquer ce comportement aberrant, mais rien ne lui vint d’autre qu’un mépris dument placé. Sa cadette marchait à travers la pièce, agitée par l’ire. « Pourquoi les gens ne se mêlent pas que de ce qui les regarde ? Pourquoi est-ce qu’ils ont toujours besoin d’interférer dans tout ce qui ne les concerne pas ? Et puis qui envoie ce genre de lettres à des inconnus ? Avec ces cadeaux-là ? C’est juste… c’est aussi effrayant qu’embarrassant ! Qu’est-ce que je lui réponds, moi ? « Va te faire foutre, connasse » ? C’est une putain de noble ! » Priam l’attrapa par le bras et l’attira à lui. « Calme-toi. Ça partait sûrement d’une bonne intention. » Il la serra contre lui ; il sentit la tension dans son corps résister puis s’évanouir brutalement. Elle pleurait, et chaque sanglot détendait son dos. « Laëth… » Au fond de ses tripes, il savait, il sentait, qu’il y avait autre chose. Ce n’était pas que cette lettre, Hena ou la Terre Blanche. Il y avait quelque chose dont elle ne voulait pas parler, quelque chose de corrélé au Magicien qu’elle aimait. « Parle-moi. Si tu ne me dis rien, je ne peux pas t’aider. » Mais même si elle l’avait pu, il n’y aurait eu aucun mot pour caractériser ce qui pourfendait son palpitant. Les émotions le déchiraient si bien qu’il semblait se désagréger. Peut-être qu’à terme, elle ne ressentirait plus rien, comme anesthésiée. Elle fit tomber les digues, et ses ressentis frappèrent son frère de toute leur force sauvage et abrupte. Il tituba.



Message VII – 1074 mots




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Lun 01 Juin 2020, 11:54



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En solo | Priam & Laëth



Aux Jardins de Jhēn.

Marquise Leenhardt,

Je ne sais pas comment vous répondre sans paraître impolie, voire agressive, mais je préfère être franche. J’ai trouvé votre lettre particulièrement déplacée. Effectivement, vous n’êtes en rien concernée par ma vie privée ou celle du Baron Paiberym, et j’aurais préféré que vous vous en teniez là.

Cependant, il me semble essentiel d’éclairer quelques points, afin que vous cessiez de vivre dans le fourvoiement. Le Baron ne m’a jamais rien promis et ne méritait donc en aucune façon de subir vos accusations. Nous ne sommes ni fiancés ni engagés l’un envers l’autre. Nous ne nous sommes vus qu’une fois, lors de la soirée de révélation des Élus d’Hel’dra. Tout ce que vous croyez savoir découle d’un malencontreux malentendu, qui a donné vie à de nombreuses rumeurs.

Je ne suis pas une héroïne de guerre, et quand bien même ce serait le cas, faire mon devoir ne mérite pas de recevoir des cadeaux. Le pardon ne s’achète pas de cette façon non plus. Au demeurant, je n’entretenais aucun grief à votre égard. Vous n’êtes pas la première à avoir propagé des mensonges, vous ne serez pas la dernière, et j’ai trop à faire pour en vouloir à quelques inconnus malavisés. Enfin, si vous souhaitez défendre quelqu’un, nul besoin de le faire au détriment d’une autre personne.

Vos cadeaux sont très beaux et votre talent en joaillerie épatant, et je vous remercie d’avoir pris la peine de me les faire. Malheureusement, je me vois dans l’obligation de les refuser. Je ne saurais pas les porter sans me sentir mal à l’aise. J’ai conscience que ce n’est pas poli, mais j’imagine que vous ne serez pas choquée par ce geste venant d’une fille de Réprouvés. J’espère que vous trouverez quelqu’un qui saura en faire meilleur usage.

Je vous souhaite d’être heureuse avec votre futur mari.

Cordialement,

Laëth Belegad



Marquise Leenhardt,

J’ai été voir les vaches, et il est vrai qu’elles sont très belles. Toutefois, je cumule les obligations ici et là, et il va devenir essentiel que je me détourne de l’entretien des animaux. Je n’aurai pas le temps de m’occuper d’autres bêtes que les miennes.

Si vous souhaitez les récupérer, vous pouvez vous adresser à Célarion, le propriétaire de l’écurie. Sinon, je lui dirai de trouver quelqu’un pour en prendre soin.

Cordialement,

Priam Belegad



Les lettres de la Marquise les avaient perturbés et, plus encore, les émotions virulentes de Laëth avaient bouleversé Priam. Même après plusieurs longues minutes, l’Ange se sentait détaché de lui-même. Il savait que sa cadette chavirait trop facilement sous ses ressentis, qui exerçaient sur elle une force encombrante. Les vivre lui avait retourné l’estomac. Elles lui avaient arraché des larmes. Tristesse, abattement, chagrin, déchirement, tourmente, écœurement, colère, agacement, agitation, énervement, haine, apeurement, angoisse, effarement, détresse, essoufflement. La vulnérabilité, maîtresse de tout. Il avait immédiatement diffusé le Sanctuaire d’Ahena et les tensions dans leurs deux âmes s’étaient apaisées, mais elles paraissaient continuer de flotter, persistantes. Les non-dits s’accrochaient à elles et les nourrissaient. Il ne comprenait pas pourquoi Laëth refusait de lui parler. Plus le temps passait, plus sa souffrance paraissait augmenter ; moins il pouvait l’aider, plus il jetait des braises sur le foyer de sa colère.

Une fois calmés, ils avaient entrepris de répondre à la Matasif – Laëth lui renvoyait aussi le coffret rempli de cadeaux –, puis ils s’étaient assis dans le canapé, blottis l’un contre l’autre. La main de Priam caressait doucement le dos de la brune, dont les doigts jouaient avec le bas de sa chemise. Ils en avaient presque oublié l’autre courrier. Il s’en souvint et, dans l’espoir qu’il leur changerait les idées, il demanda : « Et l’autre lettre ? Tu l’as mise où ? » Laëth se redressa doucement et essuya d’un revers de manche ses paupières humides. « Elle est… ah, là-bas. » Elle quitta l’appui du meuble et alla récupérer la missive, qui avait glissé entre le siège du fauteuil et son accoudoir. Comme elle décachetait l’enveloppe, elle revint près de son frère. Elle s’assit un tailleur, en face de lui, dont le dos était soutenu par le bras du canapé. Ses yeux tombèrent sur les premières lignes. Elle se figea et sa figure pâlit tant que Priam crut qu’elle allait s’évanouir. Rapidement, de violents tremblements assaillir ses doigts. « Laëth ? C’est quoi ? » - « … Je ne veux pas y aller. » Elle l’avait soufflé d’une toute petite voix, vibrante des émotions qu’elle ne réussirait pas à contenir. Sourcils froncés, il attrapa la missive. Elle plongea presqu’aussitôt son visage dans ses mains et les pleurs revinrent mordre ses épaules. C’était une convocation pour participer à la Coupe des Nations sorcière.

FIN [Q] - Aux cœurs inhumains | Solo 3298876942



Message VIII – 777 mots




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