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Nos racines

# Bienvenue auprès des tiens

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Catégorie de quête : IX. | Apprentissage. – X. | Enseignement.
Partenaire : Laëth Belegad ♪
Intrigue/Objectif : Des Anges venus de tous les horizons séjournent aux Jardins sans pour autant s’être pleinement intégrés à la société angélique. Ils ont beaucoup à apprendre de la culture des Anges, de leur manière de vivre, et la Compagnie de Yüerell, à la recherche de nouveaux bras, notamment en raison des prochaines expéditions qu’ils mèneront à travers les Océans, désire introduire et intégrer ces nouveaux citoyens au sein de leur milice.

« Un programme d’intégration? Répétais-je d’une voix basse en coulant un regard en direction de mon capitaine, qui acquiesça d’un hochement de la tête.

- C’est exact. Récemment, beaucoup d’Anges ont fait le voyage jusqu’ici pour nous rejoindre et ne se sont pas pleinement intégrés à notre culture et à notre manière de vivre. Disons que nous devons gérer énormément de choses, avec tout ce qui se passe, et nous négligeons ces nouveaux arrivants… Dont plusieurs ne font rien, pour l’instant. D’autres sont encore traumatisés de leurs expériences passées… »

Un soupir franchit les lèvres d’Hayden alors que ce dernier se levait de son siège.

« Par conséquent, les Consuls ont proposé l’aide de la Compagnie pour que nous puissions les épauler, afin de les aider à se prendre en charge pour qu’ils puissent faire leur part pour les Ailes Blanches. La Compagnie voudrait, aussi, en recruter certains pour qu’ils deviennent soldats et d’autres pour devenir citoyens de notre nouvelle terre.

- N’est-ce pas un peu trop tôt? Lui fis-je savoir d’un ton inquiet. Et je ne parle pas uniquement du fait que nous n’avons pas encore commencé de véritables expéditions. Ces Anges ont vécu beaucoup de choses et ont fait tout le chemin jusqu’ici en espérant y trouver un refuge, un chez-soi… Croyez-vous vraiment qu’ils soient prêts à accomplir un nouveau voyage? »

Hayden me coula un regard en biais avant de m’adresser un vague sourire. Bien sûr qu’il était conscient des risques, de ce que cela impliquait d’aller voir ces Anges, brisés pour certains, solitaires pour d’autres, et de leur proposer d’aider une nation qu’ils n’ont jamais véritablement connue, si ce n’était que dans l’histoire et les rumeurs qu’on leur avait chuchoté à l’oreille. S’ils avaient quitté leurs terres et leurs prisons pour les rejoindre, c’était parce qu’ils recherchaient un bonheur qu’ils ne semblaient pouvoir combler là où ils se trouvaient… Un bonheur, mais aussi une protection qui puisse leur garantir un mieux-vivre que celui auquel ils s’étaient habitués, généralement remplis d’horreur, de sang et de morts et encore, mes mots étaient certainement plus doux que ce qu'était véritablement la réalité.

« Je comprends ton point de vue, mais nous avons besoin d’eux. La Compagnie ne les forcera aucunement et seuls ceux qui se porteront volontaires seront les bienvenues. Cela étant dit, nous espérons qu’ils se joignent à nous et à notre entreprise, parce que leur futur dépend également du nôtre désormais. »

Je me mordis la lèvre inférieure, conservant le silence. Cependant, après une poignée de secondes, je finis par abaisser le buste vers l’avant, présentant ainsi mon accord à mon supérieur. En dépit de tout cela, il est vrai que plusieurs avaient choisis de quitter leur maison, leurs amis, voire leur famille, pour se joindre à nous. Ils étaient venus dans l’espoir d’y trouver une nation, d’y trouver un foyer qui, peut-être, leur feront comprendre d’où ils venaient… Mais tous ces Immaculés, venus de ces coins reculés, devaient être particulièrement déçus de ce qui se présentaient devant eux. Ils voyaient bien un peuple, mais l’un d’eux qui désespérait à se redresser et qui n’avaient de cesse de quémander la main des Magiciens pour se sortir du pétrin. S’attendait-il à une nation forte? Ambitieuse? Je ne saurais vraiment le dire…

« Que désirez-vous que je fasse, exactement? » M’exclamais-je soudainement.

À ce constat, le capitaine sourit avant d’étendre une carte sur son bureau, qui représentait les Jardins de Jhēn.

« Tu rejoindras les Anges se trouvant dans cette caserne : ils seront avertis de ton arrivée, m’indiqua-t-il en me pointant une bâtisse du doigt. La plupart proviennent des terres Réprouvés et quelques-uns d’entre eux ont fui les Démons. »

J’hochais de la tête, l’incitant ainsi à poursuivre.

« Je voudrais donc que tu diriges une sorte de visite guidée auprès de ces Anges, que tu leur montres les environs, que tu leur racontes notre histoire, mais surtout, éclaire-les quant à notre situation, à ce que nous faisons et apprêtons à mener.

- Vous voulez de moi que je fasse de la propagande, en fait…

- C’est une façon de voir les choses… »

Je me permis d’exhaler un soupir, passant une main dans mes cheveux.

« Excusez-moi, capitaine, mais ça ne serait pas mieux de demander à Isiode de faire ce boulot? Il est bien meilleur que moi pour ce genre de choses…

- Mais Isiode est aussi très arrêté sur ses idées. Là où, lui, ferait de la propagande, toi, tu ne ferais que citer les faits. Je ne veux pas que tu remplisses la tête de ces gens de mille et une idées, mais que tu leur livres simplement ce qui est.

- Je comprends.

- Bien. »

Rangeant la carte, Hayden finit par poser son regard dans ma direction, souriant.

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Cette conversation, je l’avais eue il y a de cela trois jours et, maintenant, je me trouvais à l’entrée de la caserne, particulièrement nerveux. J’avais beau m’être préparé, il me semblait que j’étais arrivé au seuil de cette porte complètement perdu et désorganisé. Mais reprends-toi, Isley! Tu es seulement ici pour leur raconter et leur faire explorer. Tout va bien se passer. Et je l’espérais, alors que mon pas m’entraîna à l’intérieur du bâtiment.


◆ 869 mots | Post I

La lumière tendre du point du jour glissa sur ses paupières closes. L'Ange ramena la couette sur son visage et poussa un grognement de mécontentement. Soupir las d'une nuit trop courte. Comme elle roulait sur le dos, elle ouvrit les yeux. Drôle de sensation au creux du ventre. « Oh ! » Elle venait de se souvenir. C'était de l'excitation. Grand jour. Aussitôt, elle rabattit la couverture et se leva précipitamment. Elle se dirigea vers la cuisine d'un pas titubant mais pressé et se dépêcha d'engloutir son petit-déjeuner. Depuis quelques temps déjà, elle vivait sur les Terres du Lac Bleu, parmi les Anges. Elle avait exploré le repère des ailes blanches par ses propres moyens, et avec l'aide de quelques amis qu'elle s'était fait à la caserne. Si elle s'était improvisé quelques repères, elle n'en restait pas moins une néophyte emplie de réflexes réprouvés. Elle tentait de s'acclimater au mieux, mais son éducation lui menait la vie dure, et il y avait tant de choses ici qu'elle ignorait ! Elle avait connaissance des grandes lignes ; elle se languissait d'apprendre chaque détail. Ainsi, lorsqu'ils avaient été avertis, quelques jours plus tôt, qu'un Ange - un Ange ayant survécu à la Guerre ! - viendrait les instruire, Laëth aurait presque pu sauter de joie. Dès qu'elle y pensait, un sourire impatient illuminait son visage. Enfin, elle allait pouvoir apprendre, comprendre, faire, être utile. C'était le grand jour.

Son repas avalé, elle entreprit de faire la vaisselle. Plusieurs de ses compagnons s'étaient réveillés, qui la saluèrent tour à tour. Ils partageaient la même fébrilité face à l'événement de la journée ; elle pouvait le voir dans leurs yeux brillants ou leurs gestes maladroits. Les couverts et bols rangés, elle s'éclipsa pour faire un brin de toilette. A Lumnaar'Yuvon, il ne lui serait pas venu à l'idée de se laver le matin, puisque chaque aurore annonçait une journée de dur labeur à l'extérieur ; ici, cela ne paraissait pas absurde du tout. Prête, elle se rendit dans la salle principale. Il y avait déjà quelqu'un d'installé dans un canapé. « Salut, Ella. » La concernée, le nez plongé dans un livre, releva la tête. « Oh, salut, Laëth ! » - « Tu lis quoi ? Ça fait longtemps que t'es là ? » La jeune femme pensait être la première présente dans cette pièce. Elle s'assit près de la lectrice. « Oui... C'est un livre sur la dynastie Galathiel. » - « Oh, chouette. Et ils sont connus pour quoi ? » demanda-t-elle, hésitante. Était-elle censée le savoir ? « Eh bien... ils sont excellents dans l'art de la guerre, ils créent des illusions fantastiques, et sont de très bons stratèges. Mais aujourd'hui, je crois que ce nom évoque surtout une ancienne reine. Elle... » Ella semblait mal à l'aise. Elle se tortilla dans son siège et se racla la gorge, avant de baisser la voix : « Elle a été déchue par le Monarque Démoniaque de l'époque. » Laëth se redressa et fronça les sourcils. « Tu veux dire que...? » La blonde hocha. « C'est vraiment un ramassis de bouses de bicornes, ces Démons ! » Sur les yeux gris d'Ella s'était déposé un voile aux reflets indescriptibles. Elle revenait de là-bas. Parfois, la fille de Réprouvés l'oubliait. Ils n'avançaient pas tous avec le même passé. « Désolée. » - « C'est rien. » sourit la jeune femme. La brune baissa les yeux sur ses mains. Heureusement, un bruit de pas brisa le silence gêné qui enlaçait les deux Anges.

Laëth se redressa brutalement. L'Ange ! Elle se leva et fit quelques pas en sa direction, sous le regard étonné d'Ella. « C'est toi, euh, vous, Isley Yüerell ? » Plantée à quelques mètres de lui, elle inclina la tête et le dévisagea. Il avait l'air à peine plus âgé qu'elle. Cela n'avait rien de surprenant, en soi. Ils étaient éternels. Pourtant, elle l'avait imaginé plus vieux. Plus marqué. Plus abîmé. Elle avait pensé qu'on verrait les traces de la Guerre, de la mort, de la douleur. Des cicatrices. Il posa ses yeux sur elle. Elle sonda son regard. Elle le trouva plus vieux, plus marqué, plus abîmé ; là, dans la noirceur de ses prunelles, elle crut voir une étincelle qui disait ses tourments. Quelque chose qui lui donnait plus d'âge qu'il n'en paraissait. Le mot avait couru qu'il était arrivé, et les autres Anges de la caserne s'étaient approchés, formant un petit comité bien rangé, et rongé par la curiosité.

Message I - 762 mots

Je traçais ma route à l’intérieur du bâtiment, croisant le regard de quelques Anges en chemin, tandis que la responsable de la caserne me guidait dans les couloirs de celle-ci pour me mener dans la salle commune. Quelques murmures, à notre passage, parvenaient à mes oreilles et je sus, assez rapidement, que mon arrivée fera bientôt le tour de la caserne.

« Ils sont particulièrement excités depuis l’annonce de votre arrivée, m’informa la responsable en souriant. Ils ont soif de connaître qui nous sommes et veulent poser, eux aussi, leur pierre à l’édifice. »

Je l’écoutais d’une oreille distraite, répondant tout de même à ses propos par un vague sourire sur la commissure de mes lèvres.

« Je ferais de mon mieux, lui promis-je finalement à l’instant même où elle m’arrêta devant une entrée ouverte.

- Nous y sommes. »

L’Ange se tassa légèrement sur le côté, m’invitant à m’introduire dans la salle.

« S’il y a quoi que ce soit, je serai dans mon bureau; vous connaissez le chemin.

- Me-Merci beaucoup. »

J’avais balbutié sans le vouloir, la nervosité m’ayant soudainement pris la gorge à l’instant où je pris conscience qu’il y avait déjà quelques gens à l’intérieur de la pièce commune. Je pris mon courage à deux mains, inspirant et expirant de façon à conserver un souffle régulier, et je m’avançais dans la salle. Cependant, à peine venais-je de pénétrer dans le salon, décoré sobrement et meublé de quelques tables et canapés pour assurer le confort des résidents, qu’une jeune fille m’interpella d’une voix allègre et fébrile. Mon pas se suspendit, mon regard se planta dans le sien, fixe, jusqu’à ce qu’un sourire s’invite sur mon visage, fendant ma bouche d’une mince ligne.

« En effet, je suis Isley Yüerell, lui répondis-je le plus calmement possible, abaissant mon buste vers l’avant, posant l’un de mes poings sur mon cœur, en signe de salutation. Et à qui ai-je l’honneur, mademoiselle? »

La salle se remplissait petit à petit des autres Anges qui désiraient participer à l’atelier, mais je pris tout de même quelques instants avec la jeune fille pour lui parler. C’était étrange, de voir un tel entrain, une telle innocence, de voir une telle lumière dans les yeux d’une enfant. En fait, cela faisait surtout bien longtemps… Les stigmates qu’ont laissé la Guerre étaient marqués dans nos esprits, mais ils étaient tout aussi bien gravés sur nos visages, dans nos yeux et nos sourires, rendant le moindre de nos rires aussi monotones que froids. Lentement, je me permis de relever la tête et de balayer les faciès des autres Immaculés qui s’étaient installés dans la salle. Rapidement, je parvins à identifier du regard ceux qui s’étaient soustraits du joug des Malins et ceux qui, au contraire, provenaient des Terres réprouvées : la lueur qui se reflétait au plus profond de leurs iris était si dissemblable, si évidente, que c’était comme s’ils me criaient en silence, chacun à leur tour, le passé qui marquait la trace de leur chemin.

« Bien. Je… Je pense qu’il est temps de commencer, m’adressais-je au petit rassemblement, indiquant, de même, à la jeune fille de retourner auprès de ses camarades. C’est un plaisir, mademoiselle Belegad », lui fis-je tout de même savoir, lui renvoyant un nouveau sourire.

Je la laissais aller avant de me poster devant les Ailes Blanches et de les gratifier d’une légère, mais solennelle, révérence.

« B-Bonjour à tous. Je suis Isley Yüerell, soldat pour le compte de la Compagnie de Yüerell, une milice affiliée à l’armée angélique, mais pour aujourd’hui, je suis votre… hum… conférencier, m’introduisais-je d’une voix quelque peu tremblotante, me redressant finalement pour leur faire face. J’aimerais, tout d’abord, vous souhaitez la bienvenue aux Jardins de Jhēn. J’espère que vous vous y plaisez et que vous vous y sentez comme chez vous. »

J’eus droit à quelques réponses de la part des Immaculés, des « oui » timides ou bien des regards discrets et réservés. À ce constat, j’essayais de me détendre, leur adressant un léger sourire pour les mettre à l’aise également.

« Vous n’êtes pas obligés de vous adresser à moi de manière si formelle, vous savez. Tutoyez-moi, ne soyez pas gênés, même si je ne le fais pas de mon côté, les avertis-je en échappant un faible rire. Ce sont mes habitudes. »

Je marquais une courte pause.

« À mains levées, qui sont ceux d’entre vous qui ont quitté les Réprouvés pour venir jusqu’ici? »

À la volée, des bras se tendirent vers le haut et je fus ravis de constater que ma première impression ne fut pas si mauvaise que cela : la jeune Belegad, qui m’avait accosté un peu plus tôt, et tous les autres Anges ayant cet éclat vif dans les yeux avaient vécu auprès des Réprouvés.

« Maintenant, à mains levées, qui sont ceux d’entre vous qui se sont échappés des Démons? »

La question, même si elle avait été formulée pareillement, sembla pourtant créer un certain malaise dans le rassemblement alors que les quelques concernés, un à un, levèrent le doigt. Je les jaugeais du regard avant de les inviter à avancer d’un pas, ce qu’ils firent sans broncher, intrigués.

« Veuillez accepter mes plus sincères excuses. »

À la surprise générale, je penchais mon buste vers l’avant, courbant l’échine très bas, en signe de pardon.

« Peut-être ne valent-elles rien à vos yeux, peut-être que vous nous en voulez, de ne pas avoir agis plus tôt, mais croyez-moi, si cela ne comptait qu’à nous, il y a de cela des années que nous aurions menés l’assaut pour tous vous sauvez. »

Je me redressais à nouveau, posant mon regard sur le visage de chacune des Ailes Blanches présentes dans la salle, car ce que je m’apprêtais à leur dire les concernait tous.

« Malheureusement, la réalité est telle que vous avez pu le remarquer depuis votre arrivée ici. »

Je ne mâchais pas mes mots, mais on m’avait demandé d’énoncer les faits.

« Si vous vous étiez attendus à un peuple fort et soudé de son passé, de ses expériences et de sa ténacité, je peux parfaitement m’imaginer la déception que vous avez vécu en entrant pour la première fois dans les Jardins. »

Je relâchais un soupir, croisant les bras, plantant mon regard dans celui de ces jeunes gens.

« J’ai une première question pour vous : que savez-vous des Anges, exactement? Que vous a-t-on raconté dans vos milieux respectifs? »

J'attendais, patiemment, que l'un d'entre eux prenne la parole.

◆ 1 073 mots | Post II

Elle avait les yeux et l'insolence insouciante d'une enfant. Tout, pour elle, se drapait d'une nouveauté exaltante. Elle avait soif de comprendre et d'apprendre. Parfois, un frisson courait entre ses épaules, un étau étreignait sa poitrine, et elle se surprenait à vouloir se réveiller à Lumnaar'Yuvon. Elle détestait se laisser aller à de telles pensées ; elle les chassait toujours avec vigueur et se promettait d'être forte. Elle s'imaginait capable de faire preuve d'une volonté d'acier : rien ne saurait résister à son bon vouloir, pas même ses souvenirs tendres et ses inquiétudes de petite fille. Lorsqu'elle sentait que sa détermination vacillait, elle se réfugiait dans un coin tranquille, un endroit où personne ne la verrait ni ne l'entendrait, et permettait à ses larmes traîtresses de s'échapper. Elle se rassurait en se disant que si Priam était venu avec elle, les choses auraient été différentes. Mais Priam n'était pas là et ne serait jamais là. Il y aurait toujours ce creux dans son cœur, qu'aucune autre compagnie ne pourrait combler. Elle sentait la présence des autres, près d'elle ; il demeurait une place vide. Elle n'y songea que brièvement, beaucoup trop concentrée sur le nouvel arrivant qu'elle avait abordé en toute impunité - Ella en était encore perturbée. « Laëth Belegad. » répondit-elle en le voyant s'incliner, poing sur le torse. Elle avait déjà pu observer des Anges agir ainsi. Ce devait être le salut de coutume, toutefois, elle n'osait pas le reproduire. Elle se contenta d'un sourire. Comme il le lui indiquait, elle s'éloigna de quelques pas pour retourner auprès de ses camarades, qui pour la plupart conservait une distance honorable avec l'homme. Néanmoins, cette bienséance ne trompait guère : leurs iris rongés par la curiosité le dévoraient tout autant.

Une tension maintenait les respirations en souffles silencieux. Chacun attendait qu'il prît la parole. Lorsqu'il s'exprima, une vague d'excitation et d'impatience caressa l'assemblée, si bien qu'ils se rendirent à peine compte de son malaise. Cette petite réunion consacrait, en quelque sorte, leur périple. C'était le début et la fin. Le début de leur nouvelle vie, chez les Anges ; la fin de leur passé tourmenté parmi les Démons ou la fin de leur histoire réprouvée. Pour sûr, qu'ils se plaisaient en ces lieux. Cependant, nul ne savait trop où se positionner et comment se comporter. Même Laëth, si spontanée, se trouvait touchée par le doute de ses comparses. Peut-être avait-elle très mal agi et l'avait-elle offensé ? Peut-être aurait-elle dû rester à sa place - c'était une expression qu'elle exécrait - et se tenir tranquille ? Elle échangea un regard avec Ella, dont les prunelles charriaient la même incertitude. La fille de Réprouvés pinça les lèvres. Heureusement, le fameux conférencier les rassura, ce qui eut pour effet de détendre immédiatement l'atmosphère. Plusieurs sourires se peignirent sur les visages des jeunes recrues.

Lorsqu'Isley leur demanda s'ils venaient des cités réprouvées ou des prisons démoniaques, chacun leva la main en conséquence, dans un silence respectueux. Presque gêné, pour les seconds. Hésitante, Ella s'avança comme on le lui demandait, non sans jeter un regard à Laëth. Elle lui sourit pour la rassurer. Ici, ils ne craignaient plus rien. Rien ne pouvait leur arriver. Ils étaient en sécurité. Et ils sauveraient tous les autres - a minima, autant d'âmes que possible. C'était un sujet qu'aucun Ange ne prenait à la légère. Leur guide n'échappait pas à la règle. Sous les mines étonnées des participants, il s'inclina profondément en présentant aux torturés des excuses. Bien malgré elle, la brune sentit ses yeux la piquer, et une larme ou deux vinrent flouter sa vision. Elle ferma les paupières : lorsqu'elle les rouvrit, ses cornées étaient sèches. Il avait raison : elle se promettait toutes sortes de choses, mais la réalité ne facilitait aucun de ses plans. Il avait raison : elle n'avait pas vu la force à laquelle elle s'attendait. Il avait raison : les Ailes Blanches n'étaient pas soudées comme pouvaient l'être les Bipolaires. Pourtant, le reconnaître demeurait étrange. C'était cette illusion qui la faisait tenir ; elle avait l'espoir qu'elle s'accomplirait. Elle ferait tout pour, en tout cas. Elle refusait que sa déception persiste. Son optimisme naturel la conduisait à envisager le bon côté des choses et à vouloir améliorer ce qui pouvait l'être - tout pouvait l'être.

A la question suivante, un murmure parcourut l'assemblée, qui brisa le silence religieux qui l'avait gardée inanimée. Personne n'osait prendre la parole, et même Laëth préférait ne pas s'exprimer, intimidée malgré tout. A sa grande surprise, ce fut Ella qui s'avança à nouveau. « J'étais chez les Démons... Mon geôlier... il disait que les Anges... » La jeune femme ne parlait pas souvent de ses origines. Il était difficile, pour elle, d'évoquer ce passé qui la hantait déjà chaque nuit. La Belegad l'avait déjà entendue crier. Ses hurlements lui avaient glacé le sang. « Il disait qu'on était faibles. Que nous n'avions pas notre place en ce monde, qu'ils nous extermineraient tous ou nous corrompraient. Il disait que c'était parce qu'on est trop sûrs de notre puissance et trop orgueilleux qu'on a perdu la guerre. » Elle finit sa phrase dans un murmure presque inaudible, la tête baissée. « La mienne me parlait des Vertus. Mais juste pour dire que ce n'étaient que des bêtises et que je ne serai jamais capable de m'y tenir. Elle disait aussi qu'on n'était plus capable d'enfanter correctement. Qu'on avait payé et qu'on continuerait à payer notre mauvais choix. » ajouta Ariès, un jeune homme blond. Laëth fut troublée par leurs propos, en même temps qu'elle y reconnaissait le caractère dur des Démons, dont les Réprouvés étaient aussi pourvus, par moment. Il n'était pas difficile de deviner que les deux Anges y mettaient les formes et que ces quelques mots n'évoquaient pas la moitié des sévices subis. Un lourd silence s'abattit sur le groupe. Tout le monde regardait les deux braves qui avaient parlé, plus personne n'osait élever la voix.

Cependant, certains croisèrent le regard d'Isley, qui les encourageait à s'exprimer. Zeïk finit par se détacher un peu de la masse d'Ailes Blanches. « Je viens de Gein’Draakul... Sceptelinôst. Y'avait beaucoup de gens, qui y passaient. Des pirates, tout ça. C'est pas un lieu très... enfin, j'imagine que tout le monde connaît. » Tout le monde connaissait la réputation de la ville, capitale des vices. « On m'a déjà parlé des Vertus. Mes parents me disaient souvent que si je voulais rester un Ange, 'fallait que je fasse attention, et que je suive pas toujours les jeunes de mon âge. Ils m'ont dit que je serai déchu si je péchais. » Grâce au ton de sa voix, on voyait que le brun avait du mal à conceptualiser la chose. Quelqu'un allait venir le chercher pour lui colorer les ailes ? Où s'arrêtait la Vertu et où commençait le Péché ? « C'est pas aussi simple que ça. » affirma Jenna, une jeune rousse aux larges yeux bleus. Elle se tourna vers Isley. « Je viens de Stenfek, et là-bas, on m'a dit que les modalités de la déchéance avaient changé, depuis la fin de la guerre. Que c'était plus souple... » Elle ne continua pas, soit qu'elle eût peur de se tromper, soit qu'elle craignît de soulever un sujet épineux. Laëth fut impressionnée par sa connaissance, car elle croyait encore naïvement que la moindre once de péché la conduirait presque directement chez les Déchus. « Chez moi, à Lumnaar'Yuvon, je veux dire, Bouton d'Or, on m'a pas appris ça. Enfin, il y avait l'idée qu'on était plus Réprouvés qu'Anges, et que ça nous protégeait un peu, je crois... En fait, on parlait pas beaucoup de tout ça. » réalisa-t-elle. « C'était un peu tabou. Les Anges, les Démons, la possibilité de partir... » Ses parents lui avaient expliqué, dans les grandes lignes. Ils avaient répondu à ses questions, dans les grandes lignes. Pour le reste, elle avait dû s'instruire ailleurs. Ils ne s'étaient pas opposés à sa décision, mais elle savait qu'ils avaient espéré autre chose. « Oh ! On m'a parlé des Humains aussi ! Les Anges Gardiens. Ça existe encore ? » s'exclama Zeïk, à qui l'évocation de Bouton d'Or avait fait penser au racisme ambiant, et donc aux autres ethnies qui peuplaient les Terres du Yin et du Yang.

Message II - 1457 mots
Houlala pardon pour ce pavé je me suis emballée xD (enfin ça va y'a que les deux derniers paragraphes qui sont essentiels /sbaf) Promis j'abuse pas autant pour le prochain post !

Lorsque la première Aile Blanche prit la parole, je l’écoutais avec un intérêt presque religieux, notant immédiatement l’insensibilité et l’hostilité propres aux Démons qui transpiraient à travers ces mots. Je me doutais bien, intérieurement, que plusieurs – et pas que les Démons – devaient partagés ces idées et les exprimer encore plus violemment qu’ils étaient dits aujourd’hui, mais les entendre de manière aussi crue et directe était bien plus poignant que je l’aurais imaginé. C’est pourquoi, sans grincer des dents ou serrer des poings, je l’incitais à continuer du regard, lui adressant un vague sourire, parfaitement conscient du trouble éperdu qu’elle devait ressentir à cet instant. Cependant, à un moment, la jeune femme perdit de la voix, ses yeux s’embrumèrent et son visage s’abaissa pour toucher le plancher du regard. Cela étant dit, avant même que le silence nous enveloppe, un second Immaculé s’avança à son tour pour parler, racontant sa propre expérience auprès des Cornus, mettant mots et formes aux quelques pensées des Infernaux, et lorsque les deux se turent, je me permis de les fixer longuement.

« S’il-vous-plaît, relevez la tête, leur indiquais-je d’une voix qui se voulait douce et rassurante. Quels sont vos noms?

- Ella, murmura la jeune femme tout en levant le menton.

- Ariès, monsieur.

- Écoutez-moi – et ça vaut pour tout le monde – nous ne sommes, en effet, plus ce que nous étions, mais notre place en ce monde n’est pas décidée par les Démons, ni par qui que ce soit ci-bas : malgré nos décisions passées, malgré la malédiction qu’Il nous a lancée, le Dieu-Roi a jugé qu’Il avait encore besoin de nous en ce monde, sinon, je suis convaincu que notre race aurait depuis longtemps disparue, comme bien d’autres à ce jour. Les Démons jouent les fiers, les grands conquérants, mais, un jour, ils récolteront ce qu’ils ont semé, tout comme nous avons payé pour notre négligence et notre arrogance passées, je ne peux le nier. Pourtant, malgré notre descente, nous n’avons pas été détruits et tant que nous continuerons d’exister, nous poursuivrons notre combat. Nous avons fait des erreurs, mais nous avons appris de ces derniers, et même s’il nous faudra du temps pour nous relever, nous parviendrons à retrouver notre grandeur d’antan. »

J’en étais persuadé.

« Les Vertus ont besoin de leurs représentants, de leurs défenseurs et c’est ce qui nous rend, à mon avis, si indispensables. Mon frère le dit souvent, mais le Bien, le véritable Bien, est un art, une Force, que peu de gens peuvent se vanter de posséder. Mais vous, dis-je en plaquant mon regard sur chacun d’eux, vous l’avez en vous. Vous avez cette Force, cette volonté à vouloir changer ce monde pour le meilleur, n’est-ce pas? Et si vous êtes suffisamment braves, et si vous êtes suffisamment forts, vous parviendrez à conserver la pureté de vos ailes, mais surtout de vos âmes. »

Sans le vouloir, je m’étais un peu trop emballé, mais en écoutant ce genre de discours, je ne pouvais laisser ces Anges penser d’eux qu’ils n’étaient pas désirés, qu’ils n’étaient que nuisances et indésirables à exterminer. Parce qu’ils étaient plus que cela. Bien plus. Je balayais la petite assemblée du regard avant d’esquisser un mouvement de tête, incitant d’autres Immaculés à parler.

« Quelqu’un à autre chose à nous partager? »

Le silence était tombé sur les jeunes Anges, mais, finalement, une troisième Aile Blanche – de Sceptelinôst cette fois – prit la parole, traitant plutôt du sujet de la Déchéance. À quelques reprises, j’acquiesçais à ses dires d’un signe de la tête, portant néanmoins mon regard vers une nouvelle intervenante qui voulut ajouter quelques précisions quant aux conditions de la Déchéance.

« Effectivement, comme votre camarade… »

Je suspendis ma phrase, tendant la main vers la jeune femme pour qu’elle s’introduise.

« Jenna.

- … Comme Jenna vient de le mentionner, poursuivis-je instantanément, la Déchéance angélique n’est plus ce qu’elle était auparavant, notamment depuis que la tâche soit passée entre les mains de l’Apakan. »

Je leur expliquais qu’autrefois, un Archange – celui du Châtiment – s’occupait des cas de Déchéance, définissant la punition et appliquant la sentence aux individus qui auraient goûté aux plaisirs des Péchés. La punition était sévère, intransigeante et particulièrement humiliante, et si le moindre soupçon reposait sur sa personne, un Ange se retrouvait rapidement devant l’Archange du Châtiment pour qu’on lui retire la blancheur de ses ailes et qu’on le fasse chuter du ciel.

« L’exil était une finalité, la fin de leur vie en tant qu’Ange, et rares étaient ceux qui revenaient demander Pardon pour leurs fautes afin d’expier leurs Péchés, leur expliquais-je en me remémorant le mépris et la déconsidération que ressentaient les Anges à l’égard de ceux qui s’étaient détournés du droit chemin. Aujourd’hui, cependant, les mesures ne sont pas devenues plus souples ou moins sévères, elles restent les mêmes, et plus encore… L’Ange pécheur, en plus d’être disgracié de la pureté de ses ailes, peut également perdre son Éternité. Il recommencera à vieillir, son corps à pourrir, et la Mort pourrait venir le cueillir à la fin de sa vie éphémère… »

Je me tus quelques secondes, me demandant s’il était nécessaire que je fasse mention de cette pratique, qui tenait plus son origine de la rumeur que de la réalité, selon moi, mais quelques chuchotis ici et là traitaient de cette méthode, l’Agbara, qui serait un autre moyen de punir les Anges pécheurs. Cependant, je finis par laisser de côté le sujet, reprenant bien rapidement :

« Néanmoins, il est vrai qu’il est plus difficile d’être Déchu passé un certain niveau de puissance et de notoriété, et les jugements pour Déchéance sont portés contre des individus qui se seraient plongés corps et âme entiers dans une vie de Pécheur. L’Apakan désire garder une certaine autorité sur ces individus et c’est pourquoi un ou deux écarts sont désormais tolérés, mais il ne faut pas en abuser. »

Je fus enchanté de constater que la discussion reprenait de plus bel.

« Je comprends… Pour certains, vous êtes nés auprès des Réprouvés, vous avez été éduqué selon le savoir-faire réprouvé et vous avez été imprégné de leur culture : peu importe comment vous voyez cela, vous êtes, en effet, plus Réprouvés qu’Anges en ce qui concerne l’apparence et les manières. Cela étant dit, vous êtes des Anges par essence, par naissance, et c’est pour vous rapprocher de vos pairs, de vos racines, que vous avez quitté vos familles. »

Je leur adressais un sourire.

« Bien sûr, nous aimerions que vous restiez auprès des vôtres, que vous renouez avec les origines de votre peuple, mais si vous ne vous sentez pas à votre place, si vous vous sentez étrangers, personne ne vous obligera à mener une vie qui ne vous sied pas. Toutefois, rajoutais-je en les gratifiant d’un regard en biais, je suis convaincu qu’il nous faut des gens comme vous pour rallier nos deux peuples, des gens qui ont un cœur appartenant aussi bien aux Anges qu’aux Réprouvés. »

Je réfléchis quelques secondes, cherchant les bons mots.

« Peut-être serez-vous ceux qui changeront notre manière de voir le monde, de voir les Enfants des Deux-Rives; peut-être que nous n’attendions que vous, en réalité. Je ne vous cache pas que nos rapports ne sont pas en très bons termes avec les Réprouvés : nous ne les comprenons pas et nous ne cherchons pas à les comprendre. Nous ne connaissons d’eux que leur bagage maudit et cela suffit à les rejeter et à les ignorer dans l’indifférence la plus absolue… Nous n’essayons pas de nous connaître, de nous réunir, voire de nous écouter et la faute est partagée par les deux camps. Malgré notre statut de peuple bénéfique, nous ne sommes pas le peuple le plus tolérant qui soit, sachez-le : nous jugeons rapidement et, sans plus de clarification, nous posons une étiquette à autrui. »

J’émis un rire jaune.

« Nous sommes coincés dans notre mentalité, mais la nouvelle génération peut tellement nous apporter… J’en suis sûr : vous serez certainement ceux qui nous ouvrirons les yeux sur nos problèmes et qui nous permettrons de les corriger, en bien, je l’espère. »

L’exclamation du jeune Immaculé de Sceptelinôst attira alors mon attention.

« Oui, les Gardiens existent encore, mais… nos relations avec certaines communautés humaines ne sont plus aussi bonnes qu’elles l’étaient autrefois, leur avouais-je en baissant les yeux. La Guerre contre les Démons nous a beaucoup enlevé, dont la confiance de certains Humains qui nous jugent désormais inaptes à pouvoir les protéger. »

J’exhalais un soupir.

« Malgré cela, nous ne nous détournons pas de notre engagement à leur endroit et continuons de les soutenir du mieux que nous le pouvons : nos peuples ont bien trop vécu ensemble pour se tourner ainsi le dos. Cependant, et il s’agit là de mon opinion personnelle, je trouve cela dommage que certains Hommes aient ainsi perdu la Foi en nous, mais en même temps, ce sont des Humains : par nature, ils chercheront à survivre, à assurer leur éternité en tant que peuple et ce, peu importe les moyens employés pour y parvenir. Car il ne faut pas oublier une chose : nous avons beau soutenir les Humains, ces derniers ne sont pas bénéfiques pour autant. Ils peuvent déraper, comme n’importe qui, et ne chercheront pas nécessairement à faire le Bien autour d’eux. C'est de notre devoir de les guider, si besoin est, et de les épauler s'ils se sentent faiblir. »

Je me replongeais dans mes réflexions, la question de l’Ange éveillant une toute autre forme de curiosité.

« Dîtes-moi, qu’est-ce que vous pensiez faire, une fois arrivés aux Jardins? Quels sont vos aspirations, vos motivations? »


◆ 1 613 mots | Post III | T’inquiète pas pour les pavés (je t’en fais tout autant baver /sbaf/) C’est parfait

Laëth n'avait pas envisagé les choses de cette façon. Sympan ne les avaient pas éradiqués. Il avait poussé les uns dans les bras des Démons et fait en sorte que les autres naquissent chez les Bipolaires ; il leur avait compliqué la tâche, mais ne les empêchait pas d'être et d'agir. Ils se relèveraient, comme le disait Isley. Une expression plus déterminée peignit le visage de la jeune femme. Elle ne savait pas si elle avait cette Force dont il parlait. Cependant, elle l'espérait et le voulait : elle se battrait pour en faire preuve, contre autrui et contre elle-même, s'il le fallait. Elle s'en était fait la promesse, lorsqu'elle avait décidé de rejoindre ses semblables, et Laëth accordait aux promesses une importance presque sacrée. Elle prônerait les Vertus et mépriserait la Déchéance. Elle célébrerait le Bien et punirait le Mal. Elle avait conscience d'avoir un long chemin à faire, probablement sinueux et semé d'embûches. Toutefois, elle ne se décourageait pas. Si elle ne bénéficiait plus de l'appui infaillible - ou du moins, qu'elle avait cru infaillible - de son frère, elle avait trouvé dans ses camarades des amis sur lesquels elle pensait pouvoir compter en cas de difficulté. De toute façon, elle n'avait plus rien à faire avec Lumnaar'Yuvon, et... Les mots d'Isley firent briller une étincelle troublée dans ses iris. Elle avait pensé devoir tout renier et... un sentiment étrange, entre la joie et la nostalgie, lui serra le ventre. Elle rejetait tout, refusait d'y songer, mais la réalité frappait toujours plus fort que les illusions : sa famille lui manquait. Elle n'avait jamais vécu loin d'eux. Elle avait toujours partagé son quotidien avec eux. La tendresse de son père, la prestance rustre de sa mère, la tranquillité de Priam, l'odeur chaude des juments, la fraîcheur de la terre... tout lui manquait. Les souvenirs avaient ce terrible pouvoir de renverser les états d'âme ; et ses émotions si intenses lui broyaient la poitrine. Elle ne revint à leur conférencier que lorsqu'un rire franchit ses lèvres. La phrase qu'il prononça, quoiqu'encourageante, fit peser sur les épaules de la jeune Ange un fardeau qu'elle n'avait pas conscientisé. On portait sur eux des espoirs plus vastes que ce qu'elle avait imaginé.

Elle n'avait pas envisagé de retour à Lumnaar'Yuvon ; elle n'avait pas cru que l'entretien de liens avec des Réprouvés serait possible. Du moins, pas ceux de chez elle, qui tranchaient la tête des traîtres et des étrangers pour mieux les exposer sur des piques. Ce qu'elle pensait faire ? Toutes les possibilités qu'elle avait fantasmées revinrent enlacer sa poitrine, et un sourire éclaira ses traits. « Ben justement, les Anges Gardiens, moi, j'aimerais bien ! » s'enthousiasma Zeïk, qui avait écouté attentivement la réponse du Wun. « A Sceptelinôst, j'en ai croisé plusieurs... et je sais c'que c'est, de se perdre. » Il hocha la tête avec plus de gravité, comme pour appuyer sa motivation et montrer qu'il ne s'agissait pas simplement d'une envie de l'instant. « Toi aussi, Ella, tu veux faire ça, non ? » La concernée se figea et pâlit. Elle balbutia : « J-je... oui mai-mais pas tou-tout de suite. » Laëth effleura son bras pour lui témoigner son soutien. « Tu veux pas plutôt aider les nôtres ? » s'étonna Ariès. « Ceux qui arrivent de la Terre Blanche... » Ella eut un mouvement de recul apeuré et secoua la tête. « Non. » Il était ferme et décidé ; pourtant, on y devinait la crainte de devoir poursuivre sur le sujet. Elle ne voulait pas se replonger dans ces souvenirs, surtout pas en les confrontant à ceux d'autres. Néanmoins, le blond ne sembla pas le comprendre. Il s'apprêta à enchaîner sur une nouvelle question, mais Jenna fut plus rapide : « Avec Laëth, on aimerait rejoindre l'armée. Aider à combattre les Démons, à libérer des Anges, et à conquérir de nouveaux territoires ! » La brune acquiesça. Les deux jeunes Anges s'entraînaient pour cela, sur leur temps libre. Elle se tourna vers leur conférencier et l'interrogea, curieuse : « C'est ce que tu fais, toi, non ? » Il lui avait semblé qu'il s'était présenté ainsi, plus tôt. La Compagnie de Yüerell, ou quelque chose comme ça. Si elle associait correctement les quelques rumeurs et savoirs communs qu'elle avait entendus depuis le début de son séjour aux Jardins, il avait un jumeau, aussi. « Ah ? Je croyais que c'était juste votre frère, moi. Non ? » Ah, voilà, un frère, songea Laëth, fière d'avoir retenu au moins une information correcte du flot qui l'assaillait depuis qu'elle était arrivée.

Message III - 785 mots
Héhéhé je me suis calmée xD Tu peux jouer les PNJ si tu en as besoin, bien sûr J'ai pas fait de fiche ou quoi donc c'est tout libre !

L’Ange de Sceptelinôst – une Aile Blanche à la silhouette fine mais robuste du nom de Zeïk – fut le premier à s’exprimer, avouant qu’il rêvait devenir un Ange Gardien. À cette mention, un discret sourire s’esquissa sur le bord de mes lèvres, un sourire qui cachait bien plus que mon approbation quant au choix du jeune Immaculé dans sa voie. Être Ange Gardien était un bonheur comme une peine, une véritable liberté comme un boulet à ses pieds. Il fallait faire attention, car cette relation était à double tranchant. Je l’avais expérimenté par le passé, et je ne savais guère si j’en aurais encore la force dans le futur. Parce que les moments que j’avais passé auprès d’Araya, à la voir grandir et s’épanouir furent les plus beaux moments de ma vie, et les plus tristes à présent que je me les remémorais. Je n’avais jamais ressenti cela auparavant, les doctrines de Père ayant, pendant longtemps, noyé mon cœur dans cette bouillasse d’insensibilité et de froideur. Aimer faisait mal, n’avait-il cessé de nous répéter durant toute notre enfance. S’attacher était une épée de Damoclès qui pouvait s’abattre à tout instant sur le dessus de nos têtes pour frapper et faire mourir à tout jamais le bonheur que l’un aurait si longuement nourri et fait mûrir. L’Amour ne faisait aucune différence, après tout, entre le désespoir et le véritable bien-être. L’Amour avait tué plus qu’il n’avait sauvé. Et peut-être me serais-je transformé en un Isiode deuxième version si je ne l’avais pas rencontré, elle et tout ce qu’elle avait pu me procurer; elle et tout ce bonheur et cet amour qu’elle avait pu m’insuffler… Mais d’un autre point de vue, si je ne l’avais pas rencontré, jamais je n’aurais souffert à ce point. Jamais je n’aurais ressenti cette douleur à être de nouveau abandonné par un amour que je croyais enfin avoir accepté.

« C’est très honorable de votre part, Zeïk, lui dis-je d’une voix douce tout en le gratifiant d’un sourire. Le lien entre un Ange et son Humain est bien plus qu’une relation : il s’agit d’une véritable union, d’une complicité et d’un amour uniques et sans pareille. Croyez-moi, tous les moments que vous passerez en compagnie de votre Humain, vous les choierez jusqu’à la fin de votre vie.

- T-Tu sembles t’y connaître… T’as déjà été un Ange Gardien?

- Oui, avouais-je sans détour, une once de mélancolie apparaissant dans le fond de mon regard. Oui, mais cela fait très longtemps. »

Parce que ma douleur n’était pas universelle, cela ne voulait pas dire que chacun vivrait les mêmes drames que j’avais vécu dans mon passé. Il ne fallait que voir la relation du soldat Katzuta et de Dame Leenhardt, la relation Ange et Humain la plus solide et affectueuse que j’eus la chance d’observer. Si l’Amour faisait véritablement mal, pourquoi ces deux-là étaient-ils si heureux, malgré le fait qu’ils soient les seuls à ne pas voir ce que le reste du monde avait déjà remarqué? Mais là n’était pas le sujet présentement parce que si je ne faisais que juger cette opinion selon mon vécu, jamais je n’aurais dû vivre ce que j’avais vécu avec Araya. Jamais je n’aurais dû me laisser tenter par ce bonheur et cette chaleur grisante qui me prenait à chaque instant que je me trouvais à ses côtés. Ce serait comme les regretter et vouloir les oublier. Alors que je ne désirais rien de toute cela. Par Raanu, bien sûr que je ne désirais pas oublier cela…

Perdu dans mes réflexions, je perdis quelques instants le fil de la conversation, percevant du coin de l’œil le trouble de la jeune Ella. Cette dernière était particulièrement mal à l’aise quant à la situation, mais par chance, Jenna changea rapidement de sujet, me témoignant qu’elle nourrissait l’espoir de s’engager dans l'armée. À un moment, mon regard se porta sur Laëth, qui partageait l’ambition de sa camarade. Je leur souris, un peu embarrassé.

« C’est exactement ce que je fais. Et non… Il ne s’agit pas uniquement de mon frère, Isiode. Nous faisons tous les deux partis de l’armée depuis déjà plusieurs années, leur confiais-je. Quoi qu’il en soit, Jenna, Laëth, êtes-vous véritablement sûres qu’il s’agisse bien là de ce que vous désirez faire? »

Brièvement, je marquais une pause.

« La vie d’un soldat ne se résume pas qu’à de simples combats et conquêtes territoriales. Lorsque nous prêtons serment, nous offrons, du même fait, notre corps et notre âme pour la protection de notre nation. Nous devenons les piliers soutenant le peuple et les remparts qui le protège du danger. Nos responsabilités vont bien au-delà de la simple bataille. »

Je les fixais sérieusement, jaugeant si elles aspiraient à un tel avenir uniquement par insouciance et témérité ou à la suite d’une décision réfléchie. Je pouvais comprendre que leur éducation chez les Réprouvés les avait rendus, pour certains, plus téméraires et brutaux que la majorité des Ailes Blanches, mais elle ne pouvait les amener à négliger leur propre vie en croyant que celle-ci se résumait qu’à se balader avec une épée à la main. Successivement, je fixais la rouquine et la brunette, étirant un sourire.

« Êtes-vous réellement déterminées à suivre cette voie, mesdames, peu importe le prix? »

À leur réponse, je finis par battre rapidement des cils, un sourire bienveillant se dessinant sur mon visage à cet instant.

« Lorsque nous aurons terminés, j’aimerais vous parlez. J’aurais peut-être une proposition à vous faire, à toutes les deux, pour vous aider. »

Une seconde, je portais finalement mon regard vers Ariès et Ella, restés silencieux depuis l’intervention de Jenna.

« Et vous? Vous ne nous avez toujours pas dit ce que vous désirez faire. Voudriez-vous aider ceux qui ont fuient les terres démoniaques, Ariès? »

Plus particulièrement, je m’intéressais au cas d’Ella, qui fuyait les autres du regard.

« Fonder une famille, en adoptant par exemple, ou dédier sa vie à la religion. Vivre pour s’instruire ou vivre pour l’aventure et l’action. Il doit bien y avoir un rêve que vous souhaitez réaliser ici, Ella, n’est-ce pas? »

J’attendis sa réponse patiemment, balayant le visage des autres Immaculés dans la pièce.

« Après, j’aimerais vous amenez à l’extérieur. Il y a certaines choses que je voudrais vous montrer. »

Que ce soit pour leur savoir ou pour les aider, ultérieurement, dans la voie qu’ils choisissaient de traverser.


◆ 1 064 mots | Post IV

La jeune Ange avait à cœur de mémoriser le plus d'informations possible. Dans tout ce qu'elle entreprenait, Laëth était animée d'une volonté de bien faire intense. C'était d'autant plus vrai à cet instant, tandis que son cœur battait au rythme d'une nouvelle vie et que son esprit échafaudait mille futurs. Son innocence balayait le semblant de désarroi que pouvait lui inspirer certaines remarques justes d'Isley. Elle tentait de les conserver dans un coin de sa tête, toutefois, il lui était difficile de refréner son emballement. Elle avait toujours été ainsi ; la nouveauté excitait ses sens quand la routine assassinait son énergie. Aussi, lorsque leur visiteur se tourna vers Jenna et elle pour leur demander si elles étaient certaines de leur choix, les jeunes Anges hochèrent vigoureusement la tête. Comme il poursuivait en détaillant ce qui les attendait, elles échangèrent un regard teinté d'une touche d'hésitation. La rousse s'était sans doute laissée portée par l'élan du moment, cependant, elle n'ignorait pas les profondeurs de cet engagement. Laëth admira la flamme déterminée qui embrasa les yeux de son acolyte ; un pli d'assurance vint se loger entre ses sourcils. Elle avait toujours voulu être une guerrière. Une grande guerrière. Comme Erza, comme Isran. Le chemin serait long et difficile - là-dessus, elle ne se faisait aucune illusion - et elle devrait sans doute sacrifier une partie de sa vie personnelle, toutefois, c'était ce qu'elle souhaitait. Certaines rêvaient de princesses et de chevaliers, Laëth fantasmait sur des combats sanglants et la défense d'idéaux chers à son cœur. La jeunesse l'étreignait si fort qu'elle ne parvenait pas à se projeter ailleurs. Voudrait-elle fonder une famille ? Consacrer une grande partie de son temps à s'occuper de ses enfants ? Ne jamais devenir mère ? Elle n'en avait aucune idée, et poursuivait son unique objectif avec d'autant plus d'ardeur. Le reste suivrait, plus tard. « Chez les Réprouvés, chacun est formé pour être un guerrier, et ils sont tous prêts à sacrifier leur corps et leur âme pour leur peuple. » affirma la brune en reprenant les paroles de l'Ange. « Oui. On a été éduquées comme ça. Défendre les siens coûte que coûte. » Il était vrai que les Réprouvés partageaient cette mentalité. L'Histoire et les autres peuples les avaient tant malmenés qu'ils n'envisageaient pas la vie autrement que comme un combat pour les siens et soi-même. Aux propos du blond, Laëth ne put cacher sa surprise et sa curiosité et balbutia : « D-d'accord. » Jenna lui renvoya son propre regard ; elle était aussi étonnée et prise au dépourvu. Comme l'intervenant se tournait vers Ariès et Ella, les deux jeunes femmes pivotèrent à leur tour.

« Oui. » Ariès s'était détourné de sa compagne d'infortune, et répondait avec tout le sérieux nécessaire. « Oui, c'est ça. Arriver ici et être immédiatement soutenu, ça m'a aidé à me... me reconstruire, en quelques sortes. Et j'aimerais pouvoir apporter la même chose à ceux qui reviendront. » Il parlait avec une ferveur qui toucha Laëth. « Et quand cette situation ne sera plus... je ne sais pas encore. La médecine, peut-être. Je crois que ça m'a toujours intéressé. » Ses yeux coulèrent vers Ella, mais elle gardait les yeux fixés au sol, refusant d'affronter le regard des autres. La fille de Réprouvés sentit son cœur se serrer à cette vision, sans savoir quoi faire pour soulager son amie. A la question d'Isley, elle se redressa et l'observa furtivement, mais il lui fallut un certain temps avant de trouver le courage de formuler une phrase. « Un rêve, je... j'aimais bien m'occuper de-des fleurs, en Terre Blanche. Peut-être qu'ici... je ne sais pas. Le reste, c'est... » Elle s'arrêta, puis lâcha, plus fort : « Ça me paraît tellement dérisoire. J'ai besoin de temps, je crois. » Sa voix tremblait un peu, mais elle avait déjà plus d'aplomb que quelques minutes auparavant. Le silence respectueux de ses camarades avaient dû l'aider. Tout était fait pour qu'elle s'en sortît, ici. Elle avait souvent parlé de sa passion pour l’horticulture à Laëth. Depuis qu'elle était aux Jardins, elle avait lu tous les manuels de botanique qu'elle avait trouvés, si bien qu'elle était capable de différencier des plantes terriblement semblables et d'en lister les besoins et les effets. Toutefois, la brune n'avait jamais imaginé que cela constituait un tel exutoire pour l'ancienne captive. Les jeunes Anges laissèrent le plus âgé formuler une réponse, puis Zeïk, trop impatient - ou gêné -, demanda : « Alors ? On te suit dehors ? » Il jetait des œillades inquisitrices vers la porte, désireux de savoir ce que leur guide leur réservait pour la suite.

Message IV - 801 mots

« Cela est tout à votre honneur. Si un peuple a besoin d’être protégé, il a également besoin d’être soutenu. Les soldats comme moi ne pouvons apaiser ce genre de maux : nous évitons à ce dernier le pire, certes, mais ne le soignons guère. C’est pourquoi il est d’autant plus admirable, du point de vue d’un homme d’épées et d’armes, que vous vouliez les aider à porter une part de leur fardeau pour les alléger. »

J’échangeais un sourire avec le jeune Ariès.

« Vous avez tout votre temps, Ariès. Profitez-en maintenant que vous êtes ici, chez vous. »

Puis, je portais mon regard sur la jeune Ella qui, motus et bouche cousue, n’avait – semble-t-il – toujours pas trouvé le courage de partager ce qui la troublait à ce point. Je tentais de conserver un certain contact visuel entre elle et moi, mais la jeune femme détourna le regard après un instant, hésitante sur la marche à suivre. Que pouvait-il la troubler à ce point pour qu’elle ne souhaite pas s’exprimer de vive voix? Malgré tout, nous attendions sa réponse avec une patience de moine, jusqu’à l’instant où elle daigna enfin relever la tête et formuler ses véritables pensées et sentiments. À leur mention, je penchais la tête sur le côté, intrigué par la nervosité qui avait possédée sa voix et ses mouvements, sa gestuelle s’étant brusquement agitée tandis que son intonation, elle, semblait se casser à certains moments.

« Au contraire, cela me paraît loin d’être dérisoire », lui fis-je finalement savoir.

Un silence s’était installé entre nous avant que je ne prenne l’initiative de reprendre la parole. Ces camarades ne pipaient également mot, la détaillant tout simplement avec attention et compassion, et le respect qu’ils témoignaient à la jeune Immaculée, par cette unique action, me paraissait parler d’elle-même.

« Il s’agit bien là de votre rêve, n’est-ce pas? Voulus-je confirmer avec elle, ce qu’elle finit par admettre en hochant de la tête après un certain temps. Alors ne le comparez pas à celui des autres. Il est vôtre, il est unique, et il vous appartient. Sans lui, vous ne seriez heureuse, et en le substituant avec un autre rêve, vous ne seriez certainement pas à même de profiter de ce qu’Edel vous a offert.

- C’est vrai Ella! Tu as le droit de penser à toi, intervint Ariès en renfort, tout sourire.

- Et si c’est parmi les fleurs que tu te sens le mieux, ne cherche pas un autre endroit où trouver ta place : tu l’as déjà trouvé », renchérit Jenna en posant l’une de ses mains sur l’épaule de sa compatriote, à qui elle adressa un chaleureux sourire.

L’Aile Blanche écoutait les propos de ses compagnons, légèrement désemparée par cette soudaine solidarité. Elle qui croyait que vouloir vivre une vie paisible n’était pas « digne. » Elle n’avait rien d’une guerrière comme Laëth et Jenna, et tout ce à quoi elle aspirait, maintenant qu’elle n’avait ni fer, ni boulet, c’était vivre paisiblement, sans peur ni soucis. Pourtant, malgré l’évident apaisement que lui procurait cette activité, elle ne pouvait s’empêcher de trouver ses efforts bien maigres et petits en comparaison à tout ce que les autres étaient prêts à donner pour soutenir le peuple des Anges. Zeïk était prêt à vouer sa vie pour protéger celle d’un autre, les deux filles de Réprouvés étaient prêtes à prêter serment pour devenir les boucliers et les épées de la nation et Ariès était prêt à donner de son temps et de son énergie pour aider d’autres Anges, comme elle et lui, à se soustraire petit à petit de la peur constante qui les étreindrait une fois arrivés aux Jardins.

« Et puis, ne vous fourvoyez pas : je suis certain que votre expertise sera utile à la communauté. Cela étant dit, faîtes le d’abord pour vous. »

Enfin, un sourire parvint à éclairer ce visage d’angoisse et d’inconfort, adoucissant ce dernier pour nous permettre de contempler une Ella un peu plus rayonnante, même si, au fond de ses yeux, un doute persistait encore. Mais l’intervention de Zeïk attira bien vite notre attention.

« Allez, venez. »

Sans spécifier plus que cela le fond de ma pensée, je pris les devants en poussant le battant de la porte de la salle. Me dirigeant d’un pas assuré en direction du bureau de la responsable, je les avertissais de m’attendre à l’extérieur de la caserne, le temps que je glisse deux, trois mots à l’endroit de la jeune femme qui, à mon arrivée, releva les yeux de son cahier de notes.

« Une sortie?

- En effet. J’aimerais leur présenter différentes institutions qui pourraient les aider à découvrir ce qui les attend. »

L’Ange sourit.

« C’est ce qu’ils veulent, après tout. Alors n’hésitez pas à les épuiser au point qu’ils s’en effondrent, ce soir. »

J’hochais de la tête, saluant la responsable, avant de rejoindre le groupe.

« Suivez-moi, nous visiterons d’abord le quartier de l’ouest. »

Je pivotais sur moi-même, fixant Zeïk du regard tout en marchant.

« Là-bas, il est possible de retrouver la plus grande population humaine dans les Jardins. J’ose croire que vous êtes plus ou moins familier avec la situation des Humains? »

Je les fixais tour à tour, voyant quelques points d’interrogation dans les yeux de certains et, par conséquent, je me permis de clarifier le sujet, parlant de la division de la race qui, autrefois unie, avait choisie d’abandonner l’ancienne cité-mère humaine – Utopia – pour construire et développer cinq grands nouveaux Royaumes. Je traitais également de la situation de certains Humains qui furent plongés, à la victoire du Dieu-Roi, dans un sommeil ayant duré près de dix ans, tandis que d’autres se voyaient brusquement vieillir, mourant prématurément s’ils ne s’étaient pas liés avec un Ange Gardien.

« Depuis, nous avons compté plusieurs vagues immigrantes de la part des Humains, certains de passage, dans l’espoir de retrouver leur Gardien, d’autres dans l’espoir, tout simple, de se reconstruire après la catastrophe du retour du Dieu-Roi. »

Je levais les yeux vers le ciel un instant avant de les reposer sur le visage de l’Immaculé.

« Je vous introduirais à un ami, qui fait lui aussi parti de la Compagnie de Yüerell. Il pourra nous montrer le quartier, le petit marché local également. Combien parmi vous avez déjà goûté au kumquat? »


◆ 1 065 mots | Post V | Sans problème, tu peux jouer l’ami d’Isley si ça te dit xD Et au besoin, n'hésites pas à faire une ellipse

« Isley. » Le poing sur le cœur, le nouvel arrivant salua son ami, non sans arborer un sourire en coin. En d'autres circonstances, ils se seraient probablement contentés d'une accolade amicale, mais sous le regard des jeunes Anges, les gestes un petit peu cérémoniels avaient une saveur sans égale. Tandis que son collègue le présentait, il observa les nouveaux arrivés, ses yeux noirs perçants scrutant les détails de leurs faciès. C'était un petit nombre, mais c'était toujours ça de pris. Quelques échappés des Démons, une majorité d'enfants de Bipolaires, pour évoluer parmi les rescapés du Génocide. A bien y songer, c'était une drôle de société qui se dessinait dans le sillage de leurs ailes blanches. Ils se ressemblaient tous, parce qu'ils partageaient la même essence ; pourtant, leurs mentalités et leurs attitudes divergeaient avec une grande force. L'intégration ne devait pas être évidente pour eux, d'autant plus dans ce contexte de reconstruction après une débâcle intense. Il se demandait aussi, parfois, si leur peuple serait ainsi viable sur le long terme. Parviendrait-il à faire émerger une unité de ces éclats jetés au vent ? Il le fallait. Sans fondations solides, il s'écroulerait. Les Anges ne pouvaient ni se permettre de laisser vivoter ceux qui les rejoignaient ni de tituber quant à la marche à suivre. Les lignes devaient être claires et limpides pour tous, et la cohésion, rapidement établie.

Laëth observait leur second guide. L'harmonie du visage du grand brun était rompue par une épaisse cicatrice qui filait de sa tempe gauche à son menton. Pourtant, une forme de beau s'en dégageait toujours, rehaussé par l'élégance que lui conférait son habit militaire. L'emblème de la Compagnie de Yüerell, qu'elle avait pu rencontrer plusieurs fois à travers les Jardins de Jhēn, y figurait. Jenna se rapprocha de l'oreille de son amie et demanda tout bas : « T'as déjà mangé un... du kumquat, toi ? » - « Je sais même pas à quoi ça ressemble. » répondit cette dernière sur le même ton. « Hum. J'ai faim, j'espère que c'est bon. » La brune lui adressa un regard en coin et sourit doucement. « J'espère que vous n'êtes pas épuisés, il y a un peu de marche à faire. Qu'est-ce que tu leur as montré, pour l'instant ? » Il se tourna vers Isley, dans l'attente de sa réponse, puis hocha la tête. « On n'a qu'à commencer par les commerces. » Il ne perdait pas de vue qu'ils devaient aussi passer par le marché. L'heure du repas approchait, et ils finiraient donc leur tour à ce moment-ci. « C'est par là. » Il pivota et se mit en marche. Durant le trajet, le membre de la Compagnie de Yüerell questionna un peu le groupe d'Anges, puis parla avec Isley. Laëth marchait aux côtés de Jenna et Ella, cette seconde se sentant bien plus à l'aise que lorsqu'ils se trouvaient à la caserne.

Les jeunes écoutèrent attentivement ce que dirent leurs deux mentors de la journée tandis qu'ils leur présentaient les rues commerçantes de la ville. La brune étudiait l'espace et essayait de mémoriser tant son agencement que les informations qu'on lui communiquait à son sujet, bien que la faim qui pressait de plus en plus son estomac ne l'aidât dans aucune de ces tâches. Lorsqu'ils parvinrent au petit marché, leurs sens furent sollicités par des couleurs chatoyantes, des odeurs alléchantes et des sons mêlés et confondus. « C'est ça, les kumquats ? » interrogea Zeïk, posté près d'un étal de fruits et légumes. Il montrait du doigt des fruits oblongs dont la chair était d'un orange vif. Une petite pancarte, plantée devant, indiquait « kumquats ». Laëth les regarda d'un air suspicieux. Si elle adorait le potiron, elle n'était pas une très grande adepte des carottes. Elle se demandait auquel des deux s'apparentait le plus cet étrange met. « Tu leur as déjà parlé des kumquats ? Tu ne perds pas de temps. » sourit le grand brun. Puis, il fit face au commerçant : « Mettez-en assez pour tout le monde, s'il vous plaît. » Lorsqu'il récupéra le paquet, il le tendit au blond. « Isley ? » Il le présenta alors aux yeux curieux des Anges. Chacun se servit en le remerciant. « N'hésitez pas à faire un tour et à acheter de quoi manger. » Il ferait de même avec son camarade de la milice après avoir écoulé le stock de kumquats. Laëth inspecta la peau lisse du fruit quelques secondes, puis le plaça dans sa bouche. Il ne ressemblait ni à la carotte ni au potiron. C'était extrêmement étrange. Acide et sucré, principalement. Elle fronça le nez, incapable de dire si elle appréciait ou non. « Super bizarre ! » - « C'est trop bon, moi j'adore ! » s'exclama Jenna, enthousiaste. Ella sourit, amusée. Ariès s'approcha d'Isley et son collègue et demanda, intrigué : « Ça vient d'où ? »

Message V - 828 mots
Du coup j'ai fait une ellipse (et un résumé huhu) pour avancer un peu le tout
(puis éviter de faire un blabla seule qui servirait pas à grand-chose niveau interaction),
et j'espère que ça te convient pour l'ami d'Isley

Le goût juteux et acidulé du fruit éclata contre mon palais à la première bouchée. Pour être tout à fait honnête avec vous, je n’avais que très peu mangé le kumquat cru comme tel, mes expériences m’ayant plutôt dirigées sur une consommation faite à base de compote, de confiture ou bien de fruits séchés. C’est pourquoi mon visage se décomposa drôlement aux premières explosions de saveurs, ma langue peu familière à la sapidité du fruit exotique, habituellement diluée ou mélangée avec les autres saveurs qui en composaient les plats ou les sucreries. Et un seul regard du côté des Ailes Blanches m’indiqua que la succulence du fruit n’était pas au goût de tout le monde. À cette vue, je me permis d’échanger une œillade amusée avec mon collègue angélique, qui croquait à pleine dent dans l’agrume, visiblement habitué par la texture douce de la pelure et la chair du fruit. Après tout, il vivait dans ce quartier depuis quelques années déjà, auprès de sa Protégée. Il avait, certes, boudé les chambres de la caserne, mais il était aux côtés de celle qu’il aimait.

« Si vous appréciez cela, je vous conseille d’acheter la confiture de kumquat : je crois que la prochaine production se fera dans quelques jours, les informais-je lorsque j’entendis l’exclamation de la jeune Jenna. Il est également possible de retrouver les kumquats en fruit séchée, voir même confit. Personnellement, j’adore les premiers. »

J’avais toujours eu la dent plus sucrée que salée, vous l’aurez rapidement compris. Mon regard s’attarda quelques instants sur le faciès d’Ariès, qui s’était avancé pour nous poser une question, auquel mon collègue n’avait qu’une partie de la réponse.

« Les kumquats sont cultivés dans le Désert des Humains, mais à part cela…

- Je peux vous éclairez, si vous le voulez. »

Nous nous retournâmes tous d’un bloc en direction du commerçant qui nous avait vendu les fruits. D’un charmant sourire, ce dernier salua la cliente qu’il venait de servir avant de reporter son attention sur notre petit groupe.

« Effectivement, les kumquats sont cultivés dans la région du Désert, au Royaume de Quaixopia. »

Le secret du Royaume humain n’était connu de personne, à l’exception du peuple angélique et celui humain – bien évidemment. En réalité, la vulnérabilité des Immaculés, à la suite du Czírnúma, était l'une des principales raisons de la scission de la couronne humaine, mais la victoire du Dieu-Roi avait apporté tout autant son lot de conséquences pour les Humains que pour les Ailes Blanches. C’est pourquoi, désormais, les Enfants de Sympan s’étaient éparpillés un peu partout à travers les terres du Yin et du Yang, l’un de ces fameux Royaumes s’étant même établis sur les terres du Lac Bleu, tout près des frontières divisant les terres d’Émeraude et la région magicienne, tout au sud.

« L’arbre a besoin d’un apport considérable de Soleil, en réalité, pour fleurir et faire mûrir ses fruits, continua le marchand avant de plonger sa main dans son étal avant d’extirper un nouveau fruit orange. Cela étant dit, rien ne vous empêche de tenter de le cultiver ici, aux Jardins. Les fleurs de l’arbre sont douces et jolies et puis, y-a-t-il quelque chose de plus satisfaisant que de manger ce que l’on a soi-même cultivé et récolté? »

À ces mots, les yeux d’Ella se mirent à pétiller discrètement. Serait-elle tentée à lui poser des questions quant à la mise en culture et l’entretien de l’arbre fruitier par la suite? Si elle décidait de marquer le premier pas, je n’en serais pas le moins du monde surpris.

« Cependant, clarifia le commerçant humain avant de tendre le fruit, qu’il avait gardé en main, à Ariès, dès les premiers signes de gel au sol, à la saison des neiges, le kumquat perdra ses fruits et il sera trop tard pour les consommer. Mais ce petit bonhomme a besoin de lumière et le garder à l’intérieur toute la saison pourrait vous faire perdre votre kumquat. Du coup, ce que je peux vous recommander, c’est de le sortir à l’extérieur périodiquement, lorsqu’il ne fait pas trop froid dehors, afin qu’il puisse profiter de son bain de soleil journalier. »

Ella prit enfin son courage à deux mains pour poser des questions au marchand, qui se plût à l’éclairer et à la guider sur la marche à suivre si elle désirait débuter sa propre petite plantation.

« Je vous laisse une dizaine de minutes pour explorer le marché? Nous pouvons nous rejoindre ici même par la suite. Après quoi, je vous mènerai à la caserne de la Compagnie de Yüerell. Je pense que l’endroit saura plaire à quelques personnes d’entre vous. »

Mon regard se perdit sur les visages de Laëth, de Jenna et du jeune Ariès, qui s’échangèrent quelques œillades en coin. Zeïk, de son côté, avait pris à part mon frère d’arme pour lui poser des questions quant à la condition d’un Ange Gardien. Comment pouvait-il savoir qu’il se liait à la bonne personne? Comment se liait-il, également, à un Humain? Et que se passait-il, une fois le lien établi? Pouvait-il ressentir ce que l’autre ressentait et vice versa? Pouvait-il lire leurs pensées, leurs secrets? Une panoplie d’interrogations que mon frère d’armes eu le plaisir de lui répondre, des étoiles dans les yeux. Si, pour certains, avoir un Humain était un fardeau – étrangement, l’image de mon frère s’imposa à mon esprit – autant pour d’autres, il s’agissait de la plus belle expérience qui puisse se réaliser dans une vie. Et pour le coup, j’étais parfaitement en accord avec cela, mes souvenirs auprès d’Araya m’écrasant le cœur en même temps de l’alléger et de le faire battre follement. Distraitement, je secouais ma tignasse avant de constater que Laëth et Jenna s’enfonçaient déjà au cœur du marché. Jetant d’abord un regard en direction d’Ariès et d’Ella, qui continuaient de discuter avec le marchand, je me permis de quitter leurs côtés pour rejoindre les deux jeunes filles.

« Jenna, Laëth! Attendez un instant. »

J’arrivais à leur hauteur, leur adressant un sourire.

« Désirez-vous que nous fassions le tour ensemble? »

J’attendis leur réponse avant d’hocher de la tête.

« En vérité, j’aimerais vous parler de votre souhait à intégrer l’armée. »

Nous traversions dans la rue marchande, laissant nos yeux glisser sur les produits mis en valeur au-dessus des étals.

« Est-ce que vous vous entraînez régulièrement? Et de quelle façon? »

Une fois de plus, je les gratifiais de toute mon attention, sentant l’enthousiasme chatouiller les coins de ma bouche.

« Vous savez, la Compagnie de Yüerell recrute souvent et est constamment à la recherche de jeunes, comme vous, qui désirent prêter leur force et leur expertise à la nation. Je ne connais pas encore vos niveaux respectifs, mais, si vous êtes intéressées, lors de notre visite à la caserne, j’aimerais que vous assistiez à un entraînement de Recrues. Peut-être qu’au terme de cette observation, vous désireriez commencer un entraînement auprès de la Compagnie et essayer les épreuves d’intégration? »

Je marquais une courte pause, mes yeux ayant capté le brun caractéristique des noix de coco qui trônaient sur leur échoppe. Je menais les deux Ailes Blanches en direction du commerce, leur demandant si elles étaient curieuses à goûter le fruit du cocotier.


◆ 1 204 mots | Post VI | Tu peux directement les mener à la caserne si tu veux 8D En fait, fait comme tu le sens XD Ne te restreint surtout pas au niveau des actions et déplacements, héhé ~

Le marché recelait de denrées inattendues. A Lumnaar'Yuvon, les commerces proposaient beaucoup de produits locaux. Laëth observait tout, alerte et étrangement grisée. Lorsque la voix d'Isley retentit dans leur dos, les deux jeunes Anges se retournèrent et le laissèrent venir jusqu'à elles. Après un bref échange de regards, Jenna sourit et répondit : « Oui, bien sûr. » L'armée... une pointe d'excitation piqua la brune, dont l'attention se décupla. « On s'entraîne un peu... » répondit-elle en jetant un coup d’œil à la rousse. « C'est rien de très poussé. On reproduit ce qu'on a appris avec les Réprouvés, on observe les autres Anges et on essaie de... de s'approprier les mouvements ? » Elle esquissa une moue. « Oui, c'est rudimentaire. Mais on essaie de se voir au moins deux fois par semaine pour ça. » Laëth reporta son regard sur Isley. « On n'est pas que toutes les deux. Il y a aussi Ariès et Zeïk, souvent, et puis d'autres enfants de Réprouvés. » Toutefois, elles demeuraient les plus assidues. Elles portaient en elles la volonté farouche d'agir en protégeant et en combattant. De la même manière que la Belegad, Jenna entretenait ce rêve depuis l'enfance. Elles avaient observé les guerriers bipolaires. Ils avaient été leur inspiration, leur motivation, leur but. Elles s'étaient imaginées à leur place. Peu à peu, les raids contre les Goleds s'étaient transformés. Ils avaient pris des formes plus aériennes, et les ennemis avaient gagné de larges ailes noires. Aussi, à la proposition de l'Ange blond, leurs iris s'illuminèrent et des sourires s'accrochèrent à leurs lèvres. Elles n'avaient nullement besoin de se concerter pour savoir quelle était la réponse. Elles lui transmirent d'une même voix, avant de rire doucement de leur emballement.

J'espère qu'on sera à la hauteur, songeait Laëth tandis qu'elle observait la carapace brune et poilue des noix de coco. On s'entraînera dur, de toute façon. Elle passa les doigts dessus, plus distraite que curieuse. « Allez, il faut savoir prendre des risques dans la vie ! Après le kumquat, la noix de coco ! » Le commerçant, souriant, découpa aux membres du trio des morceaux. La brune croqua dedans. « Oh, c'est marrant comme goût... J'aime bien, je crois. » Son amie lui sourit. Elle pivota légèrement vers Isley et le questionna avec naïveté : « Ça fait longtemps, que tu es dans la Compagnie de Yüerell ? Et pourquoi vous portez son nom, toi et ton frère, d'ailleurs ? » Elle ne se souvenait pas qu'on lui eût déjà dit, et si tel était le cas, elle avait oublié. Elle attrapa un autre morceau de noix de coco. C'était vraiment bon, ce fruit. Alors qu'ils discutaient, le reste du groupe les rejoignit. Le collègue d'Isley lui dit qu'il était prêt à les suivre jusqu'à la caserne. Réunie, la petite troupe se mit rapidement en route. Les deux jeunes filles étaient rongées d'impatience et drapées d'adrénaline.

Lorsqu'elles arrivèrent devant la caserne, elles restèrent coites d'admiration. Le bâtiment n'était pas outrageusement imposant, mais ce qu'il représentait suffisait à les impressionner. Peut-être qu'un jour, elles entreraient ici en tant que soldats... Elles songeaient depuis un certain temps à s'engager dans l'armée, mais la proposition de leur guide conférait une autre dimension à leur rêve. Elle le poussait sur le chemin de la concrétisation plus vite qu'elles ne l'auraient cru. « Je suis encore plus excitée, maintenant... » souffla Jenna à Laëth, qui lui communiqua son état - le même - d'un simple regard. Les jeunes Anges et leurs deux mentors du jour pénétrèrent dans l'antre de Yüerell. Zeïk examinait attentivement leur environnement : les allées et venues des membres de la Compagnie, leurs uniformes, les étendards accrochés çà et là... De temps à autre, il poussait un sifflement bref. Ella demeurait près d'Ariès et levait des yeux intimidés sur ce nouveau décor, tandis que son ami l'étudiait sans précipitation. « Vous vivez ici tout le temps ? Ou vous avez une maison ailleurs ? » s'enquit la brune, curieuse, tandis qu'elle continuait à scruter les détails du hall dans lequel ils se tenaient. Jenna, postée à côté d'elle, cherchait des yeux le lieu qui revêtait le plus d'intérêt pour elle : le camp d'entraînement, le stade, l'arène ou n'importe quel espace qui promettait des combats.

Message VI - 740 mots

Tout en croquant dans la chair de la noix de coco, je repensais aux informations que m’avaient partagés les deux Immaculées. Elles s’entraînaient avec les ressources qu’elles possédaient, mais ce n’était clairement pas suffisant pour atteindre le niveau que l’on demandait aux jeunes élèves désirant vouloir intégrer nos rangs. Puis, deux entraînements semaine, c’est très peu… Me souvins-je avoir songé lorsque la brune m’avait éclairé sur la fréquence de leurs exercices. Cela étant dit, je ne pouvais émettre aussi hâtivement de conclusions, puisque je ne connaissais ni leur niveau, ni l’entraînement, préalable, qu’elles avaient subi chez les Réprouvés avant de rejoindre les Jardins.

« Oh… Mon frère et moi nous y sommes depuis… tellement longtemps en réalité. Du plus loin que je me souvienne, notre père nous entraînait inlassablement pour que l’on puisse entrer dans la Compagnie. »

Depuis la mort de Mère, pour être plus exact. Dès cet instant, je ne nous avais plus vu qu’autrement qu’avec des épées et des boucliers. Notre père voulait nous renforcer, planifiant, jour après jour, des entraînements adaptés à notre condition. Il voulait faire de nous des guerriers. Il voulait faire de nous des défenseurs de la Paix et du peuple. Et plus nous grandissions et plus les exercices se faisaient douloureux, longs et durs. Disons que notre parcours, à mon frère et à moi-même, a été particulièrement insolite et singulier.

« Et puisque nous y sommes depuis presque toujours, mon frère et moi avons adopté le nom de la milice. Elle est tout ce que nous avons et nous ne nous voyons nulle part ailleurs qu’en son sein. C’est pourquoi nous nous appelons ainsi : Isiode et Isley Yüerell, peut-être parce que nous nous considérons comme des enfants de la Compagnie. »

Même Père n’avait pas été plus choqué que cela lorsque nous lui avions formulé le souhait de porter le nom de la milice au détriment du sien. Je pense même qu’à un certain point, il en fut heureux, heureux de constater que son enseignement portait ses fruits : ses enfants ne se rattachaient plus à une maison ou à un foyer, mais à une structure qui désirait protéger bien plus que les familles du peuple et des nations.

« Bien, si tout le monde a terminé, nous pouvons nous diriger vers la caserne désormais », lançais-je aux autres Ailes Blanches qui finirent par nous rejoindre.

Je pouvais voir, du coin de l’œil, l’excitation des futures combattantes, qui, après avoir traversé le seuil de la caserne, ne pouvaient s’empêcher de regarder absolument partout. Les installations, les uniformes, les armes qui reposaient sur les hanches des militaires que nous croisions : rien ne semblait échapper à leur regard. Ella vint, cependant, me poser une question quant à un bouclier qui avait été accroché à l’un des murs du couloir que nous longions. Elle y avait remarqué les anciennes traces de brûlure et de morsures, et je lui contais que la grande partie des trésors que l’on pouvait observer le long des couloirs de la caserne étaient des objets, des artéfacts pour certains, des armures ou bien des armes qui avaient miraculeusement échappés à la guerre contre les Démons.

« C’est tout ce que nous avons pu récupérer. Certains étaient beaucoup trop abîmés pour les exposer tandis que d’autres représentent les souvenirs de nos frères et de nos sœurs d’arme qui sont tombés au combat au cours du Rimkalàri. »

J’étirais un sourire à l’endroit de mon interlocutrice et d’Ariès, qui se tenait aux côtés de la timide Aile Blanche, afin de ne pas les déprimer tous les deux. C’est alors que Laëth ralentit son pas pour rejoindre ma hauteur afin de me poser une nouvelle question.

« En effet, plusieurs miliciens de la Compagnie vivent en permanence entre les murs de la caserne. Moi et mon frère, par exemple, avons nos chambres au premier étage. Cependant, d’autres militaires, comme Gabriël, poursuivais-je en pointant le second milicien du menton, ne viennent ici que pour leur travail et leurs entraînements journaliers avec leur cohorte. Autrement, leur maison se situe dans les quartiers des Jardins de Jhēn, avec le reste de la population civile. »

J’adressais un sourire à la jeune génération.

« La caserne est grande, mais possède malheureusement ses limites. Nous ne pouvons-nous permettre d’accueillir des familles au sein même de notre quartier général. Certes, il était tout à fait possible de le faire, lorsque notre base était localisée sur les Terres Blanches, mais à l’heure actuelle, nous n’avons ni l’espace et ni les ressources nécessaires pour adapter convenablement nos établissements. »

Je pris le temps de réfléchir quelques secondes avant de reprendre :

« Cela étant dit, même lorsque nous avions les installations pour, il y avait très peu de familles qui vivaient à la base : la majorité des locataires étaient des Recrues ou bien de jeunes Soldats fraîchement adoubés.

- Isley, l’entraînement de Kahena va commencer dans quelques minutes, m’interrompit mon collègue en se rapprochant de Laëth et moi.

- Oh, déjà? »

Je fixais le ciel avant de reporter mon attention sur les jeunes Immaculés.

« Suivez-nous, nous allons nous diriger vers le site d’entraînement. »

D’un bon pas, nous les guidions jusqu’au terrain.

« Kahena est le nom de l’un de nos groupes de combat, leur appris-je tout en progressant jusqu’au lieu désiré. Cette cohorte se spécialise dans les arts magiques. Si vous avez besoin d’en connaître davantage sur certains artéfacts, sorts ou bien sortilèges, ils sont vos hommes. »

Nous étions arrivés, pile au moment où quelques Recrues, à tour de rôle, enchantaient des armes sous l’œil vigilant de leur mentor. L’espace d’entraînement était vaste et il nous était possible d’y apercevoir plusieurs mannequins qui feraient office d’adversaires pour les Ailes Blanches. Pour l’instant, ils n’étaient pas en mouvement, reposant simplement au sol dans l’attente que chaque Recrue ait terminé son enchantement.

« Ces pantins sont magiques et s’ajustent constamment au niveau de celui ou celle qu’il a en face de lui. Il n’est pas trop fort, mais pas trop faible non plus. C’est pourquoi il nous faut être constamment sur nos gardes, parce qu’ils ne nous feront pas de cadeaux. »

Mes yeux se portèrent alors vers la jeune fille qui venait de rejoindre le centre du terrain d’entraînement et qui venait de perdre la maîtrise du Feu qu’elle tentait de contrôler. Une boule rougeoyante s’échappa d’entre ses mains, filant à toute vitesse dans notre direction.

« N’ayez crainte », dis-je à notre petit groupe jusqu’à ce que le projectile enflammé rencontre, avec fracas, la surface invisible et magique du bouclier protecteur.

En remarquant le visage tiré de certains, je ne pus réprimer le sourire qui jouait délicieusement sur la commissure de mes lèvres.

« Un bouclier magique entoure le terrain d’entraînement, comme un dôme protecteur, afin d’empêcher les attaques magiques, comme celle-ci, de toucher les structures aux alentours et de détruire des bâtiments, voire blesser des gens. »

Appuyant mes deux bras contre la rambarde qui séparait l’immense portique et le site de combat, j’invitais les Immaculés à me rejoindre pour voir les échanges de plus près et constater, par eux-mêmes, du niveau de certains exercices. À mes côtés, Gabriël contemplait également l'entraînement, son esprit se perdant quelques secondes dans ses jeunes années où il était à la place de ces Anges sur ce terrain.


◆ 1 205 mots | Post VII

Laëth avait écouté avec attention ce qu’avait répondu Isley. Il devait être vraiment vieux. Face à cette constatation, elle s’était sentie petite, mais aussi impressionnée et, de manière assez étrange, rassurée. Leur père avait dû être une forte personnalité, pour les avoir ainsi poussés dans leurs retranchements. Sa fierté de les voir triompher devait avoir été sans limite. Si elle avait poursuivi son chemin chez les Réprouvés, aurait-elle pu voir le même éclat dans les yeux de ses parents ? Cette pensée lui serra le cœur. Elle n’osait pas le dire, mais ils lui manquaient. Elle voulait être forte et indépendante ; elle découvrait qu’elle était encore une enfant qui avait besoin de la chaleur comme des remontrances parentales. Elle avait envie de passer du temps avec son frère, aussi, de rire avec lui, de se chamailler, de s’aimer. Toutefois, maintenant qu’elle avait pris son envol, elle devait battre des ailes pour ne pas tomber ; le vide la menaçait, tentant et séduisant. Elle prouverait que ses rêves n’étaient pas que des fantaisies. Elle les travaillerait durement jusqu’à ce qu’ils épousassent les contours de sa réalité et chassassent tous ses doutes et tous ses regrets. Les yeux levés vers les trésors, vestiges et reliques de la Compagnie de Yüerell, accrochés au mur, elle songeait à cela.

L’Ailée, qui marchait, ne s’arrêta que pour poser une question à leur guide. Elle acquiesça. C’était logique. Certains demeuraient de jour comme de nuit, ce qui permettait sûrement d’assurer le bon maintien et la continuité des activités. D’autres faisaient le choix de vivre à côté, parmi la population, ou le devait, du fait de la taille réduite des locaux. Ceux qui avaient un époux ou une épouse et éventuellement des enfants – quoi que la situation fût désormais plus exceptionnelle – devaient probablement aspirer à une intimité plus profonde, ce qu’elle comprenait aussi. A Lumnaar’Yuvon, la vie familiale tenait une place importante dans le cœur des Bipolaires. C’était sans doute pour cela, aussi, que partir était si difficile et définitif. Ce n’était pas qu’une trahison envers le peuple ; c’en était une envers la famille. Elle frissonna.

Gabriël revint vers eux et les informa du début de l’entraînement de Kahena. La jeune fille était curieuse de découvrir de qui il s’agissait. Aussi, lorsqu’Isley leur appris que c’était le nom d’une des troupes de combat de la Compagnie, elle se sentit un peu idiote – elle n’aurait pas pu le deviner, certes. Spécialisée dans la magie… Cette idée provoqua chez elle une drôle de sensation. Les Réprouvés n’étaient pas de grands adeptes de l’art des ensorcellements. Ils lui préféraient la force brute et des techniques de combat fermes, parfois même bestiales. Laëth savait qu’elle pouvait utiliser ses dons pour se battre, cependant, par manque d’habitude et de pratique, elle le faisait rarement. En outre, elle ne les maîtrisait pas, et tenter d’y recourir pourrait avoir des conséquences indésirables. A l’instar des autres Anges, la jeune fille s’arrêta près du terrain d’entraînement et observa les Recrues opérer. Leur magie enveloppait des armes et, quelques mètres plus loin, des mannequins reposaient sur le sol. Elle tourna un regard curieux vers Isley, qui ne tarda pas à répondre à son interrogation silencieuse.

Ces jeunes allaient donc se battre contre les pantins, qui s’animeraient lorsqu’ils seraient prêts. La fille de Réprouvés s’avança un peu, pour mieux voir, intriguée. Lorsque la boule de feu échappa des mains de l’une des apprenties et fusa vers eux, elle bondit en arrière dans un hoquet de surprise. Ses compagnons eurent tous un mouvement de recul plus ou moins accentué. Néanmoins, les flammes enlacées se désagrégèrent contre une paroi invisible. Impressionnée, elle demeura muette. Un bouclier magique ? C’était bien pensé. Ils avaient dû passer du temps à conceptualiser et construire leur caserne. « C’est déjà arrivé, qu’un entraînement cause des destructions ? » s’enquit Jenna, tout aussi admirative, en s’approchant comme les autres de la barrière sur laquelle s’appuyaient Isley et Gabriël. Laëth observa un instant le début des combats, puis demanda : « Qu’est-ce qu’il y a d’autres, comme groupes, dans la Compagnie ? Vous ne combattez pas qu’avec la magie, si ? » Auquel cas, il lui faudrait faire des progrès encore plus considérables avant de pouvoir prétendre à l’intégration au sein de la milice. Néanmoins, il lui semblait que l’Ange avait laissé entendre qu’il existait d’autres troupes. « Et vous faites partie de laquelle, tous les deux ? » Elle regarda alternativement le blond et le brun, intriguée.

Message VII - 734 mots

À l’interrogation de la rousse, Gabriël tourna son visage dans ma direction, me gratifiant d’une œillade. Comme des acolytes, nous nous échangeâmes des sourires complices avant de reporter notre attention sur les jeunes Anges.

« Pour être tout à fait franc avec vous, oui.

- Plusieurs fois, même, mais rien de catastrophiques ou d’irrécupérables, en fait, renchérit le milicien en se grattant la nuque, légèrement mal à l’aise.

- Mais c’était bien avant que l’on s’établisse sur le territoire magicien en réalité. Notre quartier général se trouvait encore sur la Terre Blanche et… »

Un entraînement en particulier avait fait s’interroger les officiers et la Trinité sur la sécurité de nos infrastructures et de nos exercices. De jeunes Recrues avaient voulu tester un nouvel artéfact. Ils étaient surveillés par l’un de leurs mentors, qui supervisaient l’essai. Cependant, ce qu’ils ne savaient pas, c’est qu’ils avaient littéralement créé une bombe. En réalité, l’artéfact était encore très instable et il a tout bonnement éclaté dans les mains de l’un des élèves. Quelques bâtiments, dans le périmètre, avaient été balayés, quelques malheureux piétons finirent blessés, également, et nous avions pu en compter aussi bien chez les civils que chez les militaires, tandis que les Recrues, ainsi que le jeune milicien, moururent brûlés par l’explosion.

« Après l’accident, la Compagnie a mandaté la Troupe Kahena, justement, afin que cette dernière pense, développe et construise ce dôme protecteur. Il devait être suffisamment étendu pour englober l’intégralité du site d’entraînement en plus d’être suffisamment puissant et résistant pour être en mesure de bloquer l’intégralité des assauts qui proviendraient de son intérieur et ce, peu importe la force et la nature de ceux-ci.

- Le bouclier devait également annihiler la Magie uniquement sur son pourtour, non? Kahena a eu pas mal de problèmes à ce niveau… » Me remémorais-je, pensif.

Gabriël claqua ses doigts entre eux.

« Oui, oui, tu as parfaitement raison, m’accorda-t-il avant de revenir aux Ailes Blanches. En gros, Kahena a également dû réfléchir à une défense qui n’annihile la Magie qu’aux limites du bouclier, et non pas à l’intérieur du bouclier. À leurs premiers essais, je me souviens, tout le monde avait paniqué en voyant que plus personne n’était en mesure de faire apparaître une simple étincelle sur le bout de leurs doigts », termina le Fantassin en souriant légèrement à ce souvenir.

Jusqu’à ce qu’ils comprennent la source du problème, une semaine, au moins, s’était écoulée. C’est alors que nous tendîmes notre cou vers la brune aux yeux verts.

« Nous ne combattons pas uniquement avec la Magie, effectivement : il s’agit de la spécialité de la Troupe Kahena, en réalité,  et chacun de nos groupes – chacune de nos cohortes – a sa propre spécialisation, son propre rôle. »

Pivotant vers Laëth, je lui montrais mes deux poings.

« Tout d’abord, il faut savoir que l’armée au sein de la Compagnie est divisée en deux pelotons, ici représentés par mes poings, lui indiquais-je en les bougeant légèrement. Le premier peloton, le peloton d’information, est composé d’éclaireurs, de messagers et d’espions. Leur but principal est de récolter des informations à travers le monde pour le compte des Anges. Le second peloton est le peloton d’intervention : comme son nom l’indique, il s’occupe de toutes les interventions sur le terrain. Cependant, chaque peloton se subdivise en cinq cohortes. »

Je me tus quelques secondes, regardant autour de moi afin de trouver un support visuel, plus convenable que mes mains, pour aider les Anges, intéressés à mon petit cours, à suivre celui-ci. Rapidement, je ciblais une branche en bois qui se trouvait non loin de notre position. Je la pris avant de revenir auprès des jeunes. Puis, je m’abaissais vers le sol sableux, la zone entre le terrain d’entraînement et le portique n’étant, au final, qu’une extension du sable qui s’étendait en grandeur sur le site de combat. Frénétiquement, je me mis à écrire dans le sable, séparant une zone en deux que j’avais respectivement nommée Information et Intervention.

« Alors, si l’on commence par celui-ci… Le peloton d’information, donc, à cinq cohortes : les Patrouilles Dagda, Ogun, Susāo, Hēres et Isra., reprenais-je en écrivant le nom de chaque Patrouille à l’instant où je la prononçais. Les membres de Dagda pourraient être comparer à des inspecteurs et des détectives : ils collectent des informations afin que les cohortes du peloton d’intervention puisse travailler. Ogun est ce que l’on pourrait appeler notre cohorte médicale. Susāo est notre Patrouille purement espionnage et infiltration. La Patrouille Hēres représente littéralement notre centre de communication : elle est spécialisée dans la transmission, le relais et la diffusion de toutes informations qui transitent vers la Compagnie. Et finalement, la dernière Patrouille, Isra, s’occupe de la surveillance frontalière ainsi que des missions de reconnaissance. Nous ne les voyons que très rarement à l’intérieur des Jardins, puisqu’ils travaillent exclusivement à l’extérieur. »

Cette fois-ci, je me décalais un peu, plaçant l’extrémité du bout de bois sous la colonne Intervention.

« Les cohortes du peloton d’intervention, quant à elles, se nomment Troupes. Il y a les Troupes Valfreja et Boadicēa, toutes deux des troupes de combat terrestre, donc, qui s’entraînent aussi bien pour les combats au corps-à-corps que ceux à distance. Ensuite, il y a la Troupe Xēna, qui est une cohorte se spécialisant dans le combat martial et aérien. Elle sert de troupe de support pour les unités au sol, et défend également le ciel contre tous ennemis, leur décrivais-je en complétant le nom. La Troupe Kahena, comme dit plus tôt, se spécialise dans le combat magique. Elle regroupe tous nos mages, qui s’entraînent afin de soutenir à distance, et au mieux, les autres cohortes. Et finalement, le dernier groupe, la Troupe Diana, est particulière, puisqu’elle se spécialise dans la défense et l’escorte civile. En gros, tous les Anges de la Compagnie que vous voyez patrouiller les rues des Jardins font partis de cette cohorte, sauf exception. Lorsque le reste des groupes partent au front livrer bataille, Diana reste auprès des civils pour les protéger et les aider à évacuer au besoin. Bref, Diana représente le dernier rempart de protection de notre milice et si cette Troupe tombe… »

Je n’avais pas besoin de leur décrire ou de leur faire un dessin quant à ce qui se produirait à ce moment-là.

« Je fais partie de la Troupe Diana, intervint alors Gabriël en souriant.

- Et moi, de la Troupe Xēna. »

Je fixais les demoiselles du coin de l’œil.

« Est-ce que l’une de ces cohortes vous intéresse plus que les autres? » S’amusa mon collègue alors que Zeïk, captivé depuis tout ce temps par les enchantements, daigna porter une distraite attention dans notre direction.

Nous écoutâmes leur réponse, tout sourire. Cependant, nous ne pûmes rajouter quoi que ce soit, Zeïk reportant soudainement son regard vers le terrain.

« Oh! Regardez! »

Nous levâmes la tête.

« Ils se battront contre? Ce sont des duels?

- Non, je n’en suis pas aussi sûr. Cela ressemble plutôt à des duos. Regardez les pantins : ils ont commencé à bouger. »

Je leur montrais du doigts les mannequins désarticulés qui, soudainement, prenaient vie. Quatre d’entre eux se levèrent, avançant dans la direction des deux Recrues qui venaient de se positionner au centre du site d’entraînement, leurs armes enchantées en main. Si la démarche des pantins fut, au début, lente et saccadée, elle se stabilisa bien rapidement, les mouvements des marionnettes devenant soudainement plus fluides et naturels. Je souris.

« Le vrai entraînement commence… »


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