Après un court passage dans les ruines, Nissa avait quitté Akechi afin de continuer sa route. Bref était effectivement le terme approprié: elle n'y avait passé qu'une nuit, mais une nuit à dévaster tout un village de bandits. Elle avait eu de la chance pour ce coup là. Des ruines, elle voulut regagner l'océan afin de quitter ce continent et revenir vers un plus calme. Après avoir découvert le territoire des élémentals puis exploré celui qui lui était adjacent, elle devait traverser l'antre des damnés.
Elle avait vaguement entendu le terme, et il ne lui faisait pas peur. Elle était persuadée que c'était un titre donné afin d'éloigner les explorateurs et les visiteurs un peu curieux. Ce genre d'endroit faisait beaucoup moins peur à traverser que ce que son nom laissait imaginer. Elle avait aussi entendu les histoires à propos de cet endroit, elle c'était un minimum renseignée avant de s'y engager. Ce territoire étant celui qui donnait un accès direct à la prison, on disait qu'il contenait les pires espèces de criminels, trop dangereux pour être enfermés dans la prison. Les pires monstres et créatures s'y trouvaient, se nourrissaient de l'ombre de cet endroit et répandaient la mort, la désolation, la maladie et devaient sûrement se goinfrer des cris de leurs victimes lorsqu'ils les torturaient. Voilà exactement ce qu'on en disait et ce que le nom laissait imaginer. Non pas qu'elle affectionna particulièrement ce genre d'endroit, mais c'était le chemin le plus rapide pour regagner l'océan autant à vol d'oiseau qu'à pieds.
Seule, elle laissa ses jambes la porter, et elle avança en ligne droite une bonne partie de la journée, se laissant emporter dans ses pensées. Plus elle marchait, plus la brume masquait ce qui se présentait devant elle mais cela se fit si doucement qu'elle ne s'en rendit pas compte. Elle revint à elle lorsque son pied buta sur un obstacle, lui infligeant une petite douleur:
"Et mince, on ne voit plus rien !"
Elle ne s'attarda pas sur l'objet qui lui avait infligé la douleur, l'enjambant simplement puis continuant à avancer. Elle tourna la tête à gauche puis à droite, réalisant que des parois de falaise encadraient le chemin dans lequel elle c'était engagée. Elle avait bel et bien pénétrée dans l'antre des damnés. Elle n'était pas claustrophobe mais l'environnement dans lequel elle progressait rendait cette attitude propice à se développer. Vivement qu'elle soit sortie de là. Elle n'avait trouvé aucune carte précise permettant de lui indiquer le détail de ces lieux, et elle avait naïvement supposé que ce serait en ligne droite sans détour. Les maints et maints tournants qu'elle dut emprunter la détrompèrent.
Un cri se fit entendre non loin d'elle. Heureusement que l'air n'était pas glacial, car cet appel sortit de l'enfer suffisait à la faire frisonner d'effroi.
"Si tu ignores le bruit, il n'existe pas, si tu ignores le bruit, il n'existe pas... Et voilà que tu te mets à parler toute seule. Tu devrais peut-être rester ici."
Elle se tut et reprit le contrôle de ses émotions, il n'était pas question de se laisser dominer par la panique. Ce qui était pratique avec le pouvoir du contrôle des émotions, c'était qu'il lui était beaucoup plus facile de dominer les siennes et de s'imposer celles qu'elle désirait. Cela pouvait lui sauver la vie dans le genre de situation dans laquelle elle se trouvait.
L'air embaumait l'odeur de fer rouillé, tout comme celui du sang séché. Respirer lui fit monter la bile. Des corps ne devaient pas se trouver loin. Son katana suspendu dans son dos, elle le prit en main afin de se tenir prête à la première attaque.
Un deuxième cri se fit entendre, plus près. Nissa accéléra le pas et se dirigea dans cette direction. Autant confronter son adversaire maintenant. En s'approchant, elle découvrit, dans la brume, une ombre dont la forme féminine se concrétisait au fur et à mesure qu'elle s'approchait. Se trouvant à quelques mètres, elle put déterminer que la jeune femme en face d'elle n'avait rien d'une forme spectrale:
"Qui crois-tu pouvoir transformer en charpie? C'est toi qui pousse ces cris? Tu as trop peur ici seule, ou tu t'es faite agressée?"
Elle semblait trop maîtriser ses sentiments pour venir de subir une attaque. Un autre cri se fit entendre, cette fois-ci se rapprochant des deux jeunes femmes, passant à quelques mètres d'elle puis s'éloignant. Nissa se retourna dans cette direction en levant son sabre puis en suivant la trajectoire du cri:
"Autant pour moi, c'est quoi cet endroit de fou?"
La brume n'avait pas disparu et on n'y voyait qu'à quelques mètres devant soi.
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