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 La faiblesse des sentiments. [Jun - RP pré-évent]

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Ven 08 Mar 2013, 17:18

    La fatalité. Cette foudre flamboyante qui s’abat sans prévenir, sans distinction de race ou de classe sociale, cette entité vivante qui semble choisir pour nous, de sa main invisible, elle fauche les uns et permet aux autres de croire aux inepties religieuses ; ce lancé de dés qui surenchérit les enjeux, les téméraires le défient, les sages s’y résolvent, tous pensent avoir raison mais personne ne sait vraiment. Vous vous pensez hors course et un instant tardif, voilà qu’au creux de votre cœur, vous sentez que les entrailles du monde battent en vous comme de irréductibles sentiments dont vous ignoriez toute la teneur, pauvres égoïstes que nous sommes, enchaînés à nos seules volontés. Les anges sur leur nuage chantent les louages des bravoures malheureuses, soldées par les drames et le glas mais si on chante pour vous c’est qu’on s’en souvient, un hommage bien insatisfaisant si ce n’est pour ceux qui aiment se mettre sur le devant de la scène ; ces anges alors se penchent un instant sur vous : va-t-il réellement le faire ? Un défi construit un Homme car il semble qu’il ne vit que par ce qu’il accomplit, sa morale ne représente rien de plus hiérarchisée que la volonté de tout son groupe d’appartenance, on ne s’individualise pas vraiment, on reproduit inconsciemment la folie d’un autre qui a échoué mais qui n’est pas là pour vous le dire. C’est pourtant seul qu’on lève son épée sous le menton des dieux qui rient pourtant encore de vous, intouchables se disent-ils, bien sots pense-t-on alors à l’égard des mauvais jours et des tempêtes qui s’abattent. Tout était prévu, dans le grand tracé des étoiles qui valsent, nous sommes tous des spectateurs du grand rêve. Et ce grand livre des contes qui retrace nos vies, celui où les lignes s’écrivent d’elles-mêmes et retranscrivent l’essor et le déclin de tout être, d’une âme naissante et florissante jusqu’à celui où il perd l’intérêt du lecteur qui tournera la page de son existence, et alors vous êtes morts bien avant de l’avoir compris. Là est la croisée des chemins de mes chimères, celles qui ont dérivé vers l’infini. Malgré nos cris, personne ne nous dit qui nous sommes vraiment, si nous serons assez fort ou juste trop bête, c’est une question de choix parait-il mais pensez-vous que le vôtre déterminerait un tout autre destin que celui prévu sans votre action ? Là est tout le problème du nombrilisme et la vanité habille les plus mauvaises pensées en la matière pour nous pousser à croire au déterminisme. Mais, moi, puis-je croire aux dieux ? En ai-je la permission lorsqu’on vit ce que, moi, je vis ? Nos actions qui échouent ou percent le trophée d’un acte est un mensonge. Et aujourd’hui, je crois, nous sommes tous perdus, les lumières se sont toutes éteintes et nous n’émions que la nuit puisqu’elle était toujours étoilée. Mais le néant au-dessus de nos tête à présent nous angoisse et j’ai froid des nuits interminables. Et si le soleil jamais n’apparaissait le lendemain ? Que deviendrions-nous ? Fallait-il qu’un seul Homme parte en croisade contre la peste ? Non, me direz-vous, ce serait folie et si tous les Hommes se soulevaient, nous pourrions sauvegarder notre phare céleste. Mais il est condamné à mort, les populations le savent, la vie de toutes les étoiles sont comptées à présent, alors pourquoi lutter puisque leur destin est écrit ? Pourquoi, oui ? Mais, s’il vous arrivait un jour d’être annihilé d’amour comme le sont tous les épicuriens de mon nom, alors que feriez-vous ? Vous mettriez-vous sur une colline une dernière nuit à admirer leur dernière spectacle ? Ou alors, abandonneriez-vous ces plaisirs indolents pour lutter contre les vents et marées de la fatalité ? C’est mon choix, mon nom est Naram-Sin, et puisque plus personne ne croit en un autre futur alors c’est à ce point précis de la courbe du temps qu’à présent je lutterai, contre un Némésis né de la douleur des roses, des larmes d’une femme et des choix d’un homme. Voilà mon histoire, celle où je crois encore au miracle.

    -------------

    « Vas-tu réellement le faire ? » d’une voix grave, interrogatrice de savoir si le monde était à la toute fin de sa course, Seth, majordome du soleil de ce monde, une main sur mon épaule, regardait au loin la prison que j’épiais une fois encore, une dernière fois. Un vent glacial griffait nos chairs, le ciel était si noir, le tonnerre grondait jours et nuits depuis des semaines, l’apocalypse n’était plus qu’un livre mal écrit mais une réalité où nous la vivions avec mal. « La métamorphose du changement erre en mon âme comme une maladie qui incommode ma pensée et empêche mes rêves de s’épanouir dans la beauté mais plutôt dans l’horreur peinte par cet homme, celui qui se trouve à quelques mètres de moi. Bien au-delà des révélations de nos histoires. Ici s’inscrit un évènement que le théâtre des ombres ne pouvait jouer sans moi. » Alors Seth ne s’opposerait pas. Redressant son épais et noir chapeau aux hautes formes, ses iris m’accablant de sa tristesse, il était à la fois désolé mais heureux d’être trop faible pour m’accompagner. Je n’avais quant à moi pas besoin d’aide, j’en avais quémandé pendant des mois durant et tout le monde m’avait ri au nez, pensant Jun comme un illuminé de plus, n’avaient-ils pas appris d’Orion que l’ange peut devenir le diable ? Trop tard pensaient les dieux, les esprits du temple m’envoyant un baiser d’adieu de leur barricade, comme si une quelconque frontière physique allait encore les séparer du mage noir. « Ceci est un peu de mon sang, Seth. Tu en verseras trois gouttes dans le flocon de parfum de l’aether lorsque la lune sera à son zénith. Insiste pour qu’elle s’en parfume un instant. Alors, elle subira une sorte de trouble où elle ne verra plus que le néant, qu'elle ne saura que comme une humaine, son omniscience sera rompue jusqu’au petit matin. Cela me laissera le temps d’agir sans qu’elle ne sache. Car si notre lien est rompu, celui qu’elle a avec Jun est en effervescence et elle ne doit être informée. » Le majordome au teint grisâtre et aux mains ridées par l’épuisement de ses journées en dehors du manoir prit alors ledit poison de mes veines. « A jamais tu demeuras dans l’ombre. » jura-t-il sous ce ciel cauchemardesque, il y veillerait. Deux simples regards se croisèrent alors qu’il n’y en avait eu aucun pour l’autre jusqu’à lors, un signe tacite d’un adieu hypothétique qu’ils consentirent simultanément avant de partir dans deux sens complétement opposés : l’un repartant vers le soleil et l’autre s’abandonnant vers la lune, la lune noire.

    « Un dernier baiser envers ce que tu incarnes. » susurrai-je au vent tempétueux dans l’espoir qu’il veuille bien transmettre ce message au poison des merveilles avant de m’approcher de la colossale porte de la prison que deux sorciers en armure gardaient. C’est sous les traits de Jun que je me présentai à ces malheureux, le ton ferme et le regard noirci par la peine colérique. « Vous comptez peindre mon portait où vous ouvrez ces portes ? » je n’avais plus aucune minute à perdre, Jun était à quelques kilomètres de la prison, revenant du manoir Taiji, suivi par deux génies qui le suivaient depuis qu’il avait quitté l’endroit. « Un homme qui aura volé mes traits viendra à son tour dans quelques minutes, ne lui opposez aucune résistance et prévenez-le que je l’ai devancé. » les deux gardes acquiescèrent sans dire un mot, qui osait contredire Jun de toute évidence, lui qui tenait par la terreur tout un univers, attendant qu’il diverse sur ce dernier toute sa haine.

    Dans ses appartements, je m’installai. Fumant de l’étoile noire en ultime provocation pour l’homme auquel cela faisait référence, je fixai sans cligner la porte où il passerait bientôt son imposante posture. Le silence régnait en maître et étouffait l’air de sorte que mes poumons étaient compressés, je n’avais pas peur de l’homme, j’avais juste peur de ce qu’il arriverait. Nous n’avions jamais eu le mauvais plaisir de nous voir, jamais eu le loisir de nous serrer la main, de nous échanger nos convictions et pourtant, j’étais venu expressément pour rattraper le temps perdu. Regardant à droite et à gauche, j’observai sans sourire les corps de deux sorciers que j’avais trouvé dans les couloirs et qui avaient douté de mon identité, plus malins que les autres semblait-il mais cela leur coûta la vie, je ne pouvais me résoudre à annoncer mon arrivée à un autre que celui que j’attendais. J’avais pendu haut et court leur corps à des poutres autour du long fauteuil où je m’étais assis. Je savais qu’ils étaient morts mais je ne pouvais m’empêcher de leur adresser un petit mot : « Rien ne se crée, rien ne se perd, tout se transforme. Puisqu’un sorcier a tué deux de mes génies, je lui rends tout mon amour. Pauvre hasard que celui qui a fauché vos vies. » Ou peut-être était-ce la fatalité en finalité. C’est à ce moment précis que la porte s’ouvrit et où mon regard s’écarquilla, où je cessai de respirer les bouffées d’étoile noire, où à présent, je ne pouvais plus reculer. Sans même attendre qu’il me fasse face, j’entrepris : « Frères humains, qui après nous vivez, n'ayez les cœurs contre nous endurcis, car, si pitié de nous pauvres avez, dieu en aura plus tôt de vous mercis. Vous nous voyez ci attachés, cinq, six : quant à la chair, que trop avons nourrie, elle est piéça dévorée et pourrie, et nous, les os, devenons cendre et poudre. De notre mal personne ne s'en rie ; mais priez Dieu que tous nous veuille absoudre. » Sans une quelconque chaleur dans la voix, en signe de salutation et pour donner le ton à notre rencontre. « La ballade des pendus. » puisque j’aimais donner les références de mes citations. « Prie, Jun, prie qu’on veuille t’absoudre de tes crimes, prie, car je ne suis pas miséricordieux. »
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Jun Taiji
✞ Æther de la Mort ✞

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Jun Taiji
Dim 10 Mar 2013, 18:35

« Répète pour voir... ». Ma voix était d'une sècheresse sans pareille, mes yeux plantés dans ceux de l'homme qui avait osé m'annoncer que « moi-même » m'avait déjà devancé. Inspirant profondément devant le silence du pauvre homme qui n'arrivait même plus à parler à cause de ma colère qui le paralysait sur place, je fis craquer mon cou, ajoutant à sa terreur. Expirant, plus calme, je demandai confirmation. « Tu viens de me dire que tu as laissé passer un homme qui t'a indiqué être moi? Donc si je comprend bien, n'importe quel individu prenant mon apparence peut aisément entrer dans la prison? Dis moi... ». J'étais légèrement ironique, sarcastique, riant presque de ce pauvre idiot. « quel est ton métier déjà? N'es-tu pas sensé garder la prison? ». Seulement, mon calme apparent fut vite oublié lorsque mon poing rencontra la joue du garde qui, sous la surprise, n'essaya même pas de se défendre, tombant au sol comme une quille fauchée par une boule lancée à pleine vitesse. « Sais-tu au moins ce que GARDER veut dire! ABRUTI! ». Je vociférai, fou de rage, mon pied rencontrant plusieurs fois les côtes du garde qui devrait aller par la suite se faire soigner, si je décidai de le laisser vivre bien entendu. L'autre balbutia des paroles que je dus deviner, paroles qui me firent m'arrêter dans mon élan de colère. Je me tournai alors vers lui : « Puissant tu dis? ». « Ou...oui. Il était si sûr de lui et je suis certain qu'il avait une puissance similaire à la votre... c'est pour ça... ». Je restai un instant pensif avant qu'un petit sourire n'apparaisse sur mon visage. Ce garde possédait un don utile, contrairement à son collègue qui ne servait à rien. Après tout, les personnes aussi puissantes que moi n'étaient guère nombreuses et si l'on en réduisait celles qui n'avaient guère d'intérêt à prendre mon apparence, le résultat ne laissait que très peu de possibilités. J'entrai donc dans la prison, laissant là les deux gardes, sans un mot de plus. Ils devaient déjà s'estimer heureux d'être encore vivants.

Je fis apparaître ma boussole, lui demandant où se trouvait mon invité surprise, suivant la flèche jusqu'à la porte de mes appartements. Bien. Néanmoins, au lieu d'ouvrir la porte, je tournai les talons. Je n'étais pas sûr quant à l'identité de la personne qui se trouvait ici mais je devais prendre quelques précautions avant au cas où ce serait « lui ». Me déplaçant sans bruit dans le couloir, telle une ombre, je finis par m'arrêter devant une porte où je frappai. L'on m'indiqua d'entrer et je m'exécutai, découvrant Edelwyn à moitié vêtue. Ne détournant pas les yeux devant cette femme, je lui coupai la parole avant qu'elle ne prononce un seul mot. « Je pense que je vais pouvoir exhausser ton souhait. ». Nous avions fait un accord. Je pouvais l'utiliser comme bon me semblait, du moment que cela ne porte atteinte à son peuple et, en échange, je devais tout faire pour la placer très confortablement dans les bras de mon jumeau. J'avais pensé effectivement me servir d'elle sans respecter ma part du contrat mais si c'était bien lui qui se trouvait dans mes appartements, alors il me semblait pouvoir obtenir les deux. Son regard s'éclaira, des mois qu'elle voulait le revoir sans oser lui écrire, sans oser le chercher. Elle n'était pas si assurée qu'elle en avait l'air et sa rencontre avec la première des Mitsuko l'avait mise si mal à l'aise qu'elle s'était calmée, vraiment. Au moins, elle ne cherchait plus à essayer de me séduire, ce qui m'arrangeait. Elle s'approcha, fixant mon cou en plissant les yeux. « Alors vous l'avez fait? ». Je soupirai, agacé. « Non. ». « Pourquoi as-tu un suçon, alors qu'avant de partir tu n'en avais pas, dans ce cas? ». « Cela ne te regarde pas. ». Je commençai à m'impatienter. « Edelwyn, nous avons un accord et si tu veux que je respecte ma part du contrat, il va te falloir accomplir la tienne avant. ». Souffrir pour avoir Naram, voilà le ton que prenait notre arrangement. Bien sûr, je ne comptais pas recourir à elle si ce n'était guère nécessaire mais le génie possédait sans doute quelque chose que je souhaitais. Je ne voulais pas le tuer, pas maintenant, pas comme ça, je voulais qu'il souffre, qu'il la voit mourir, qu'il la sente disparaître, qu'il soit impuissant, qu'il abandonne, courbe le dos devant moi. Et après seulement, je le tuerai, comme une bénédiction qui lui serait accordée pour en finir avec sa peine. Edelwyn allait souffrir, mais un accord était un accord. Je n'allais pas y aller de mains mortes parce qu'elle m'importait peu. Elle n'avait de valeur que l'importance qu'il pouvait lui accorder et si je voyais qu'il n'en ressentait aucun émoi, alors je la tuerai sans aucune hésitation. Je me demandai cependant comment une femme aussi intelligente avait pu se réduire à ça, m'obéir sans concession.

Après quelques longues minutes passées en sa compagnie où des cris s'élevèrent de sa chambre, suivis de pleures, je quittai la pièce, l'un de mes poings encore ensanglanté, rangeant mon sabre dans son fourreau avec un petit sourire. Ce qu'une femme pouvait endurer par amour était presque scandaleux, ce qu'Edelwyn pouvait endurer pour Naram, pour le revoir, pour qu'il accepte de rester à ses côtés. Cette femme était maudite. J'avais fini par lui dire pour le suçon, une simple volonté de madame Taiji, un petit cadeau de départ. Après tout, je résistai à ses charmes bec et ongles depuis qu'elle avait retrouvé la vie et l'affirmation qu'elle détestait qu'un homme lui dise non n'avait jamais été aussi vraie. Cela éveillerait sans doute la curiosité de mon reflet, si j'avais vu juste. Cependant, je n'aborderai pas le sujet et, s'il voulait parler d'elle, il faudrait qu'il conduise la conversation en ce sens, tout simplement. Soufflant un coup avant d'entrer dans mes appartements, je fermai la porte derrière moi, autant le fourreau de mon sabre de ma ceinture, enlevant le surplus de vêtements qui me couvraient pour me retrouver en chemise. Prenant mon temps pour tout plier correctement, je posai le tout sur un fauteuil, écoutant les paroles de celui qui n'avait pas attendu que je le salue pour le faire. De profil, je tournai le regard vers lui une fois qu'il eut fini. C'était impressionnant. Je souris face à cet homme qui me ressemblait tant. Avançant doucement vers lui, je semblai réfléchir un instant, oui, j'avais une mine songeuse. Je m'arrêtai à quelques mètres, le fixant dans les yeux. J'avais remarqué les sorciers qu'il avait pendu, j'avais senti les effluves de ce qu'il fumait et il avait dû voir ce suçon dérangeant sur mon cou, mais ce qui était plus intriguant encore, c'était sa simple présence. « Et le génie sortit de sa cachette... ». Peut-être étais-je amusé, ou peut-être ce moment était-il trop unique pour que je puisse lui nuire de suite. Lui tournant le dos pour m'approcher d'une armoire aux portes vitrées, j'en sortis deux verres ainsi qu'une bouteille de whisky. Bien sûr, j'étais conscient de sa condition de génie mais je voulais fêter notre rencontre, le début de sa fin. Faisant couler le liquide dans les deux verres que j'avais préalablement posé sur une petite table, je finis par répondre à ce qu'il m'avait avancé. « Naram, crois-tu un instant que j'ai quelque chose à faire de ta miséricorde et de l'absolution? Voyons, tu sais comme moi que les hommes comme nous ne sont pas faits pour ces choses là. Elle t'a perverti, tout simplement, t'a perdu, comme je l'étais autrefois. ». Je lui fis signe de se lever s'il souhaitait boire, prenant mon verre tout en le fixant. « Si elle n'existait pas, tu prendrais un plaisir immense à entreprendre ce tableau chaotique avec moi. Si elle n'existait pas, nous pourrions le peindre ensembles. ». Je bus, ne l'attendant pas pour trinquer. Il avait déjà refusé l'offre que je ne lui avais guère encore faite. « Bien. Puisque tu es l'invité, parle, je t'écoute. ». Je ne détachai pas mes yeux de lui, cherchant nos différences, cherchant ce qu'il voulait. Me tuer, sans doute.
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Lun 01 Avr 2013, 02:03

    Un instant de vie, une goutte simple et délicate qui vient perturber le courant de l’eau, certains méditaient des décennies pour comprendre le respect de l’équilibre, si fragile, un son mélodieux dans l’harmonie du silence, qui nous semble agréable mais inconfortable au reste : là était nos existences, la sienne, la mienne. « Du whisky ? Là tu me prends par les sentiments. » Il voulait trinquer en l’honneur de notre rencontre et je me levai avec lui. Il n’attendit pas, l’avalant d’une traite, il était donc incapable de savourer les plaisirs de ce monde, lui qui en voulait toujours plus, toujours trop. « Jun. Si elle n’existait pas, tu n’existerais pas, la question ne se pose donc pas. » Un fin sourire aux lèvres, je portai à mon tour le liquide à mes lèvres, n’en prenant qu’une gorgée que je gardai d’abord en bouche pour en libérer les aromes avant de le laisser filer dans mon gosier. « Mais tu as raison. Sans elle, je t’aurai rejoint sans une quelconque hésitation. Oh seigneur, que le pouvoir des femmes est fascinant. » Faisant vaciller le verre, le liquide brunâtre faisait des tourbillons dans son contenant avant que je ne repose un peu brutalement le verre. « Parler ? Que veux-tu que je te dise ? » Je lui tournai le dos. Oh certes, c’était bien imprudent de ne pas faire face à son ennemi, lui qui pourrait alors m’attaquer à tout moment. Mais Jun savait qu’une telle hypothèse mettrait la prison à feu et à sang, il ne pouvait qu’imaginer ce que serait la colère du Mârid et de l’empereur noir mêlée.


    « Sais-tu quel est le seul avantage de cette discussion ? » je l’interrogeai, me demandant s’il trouverait la réponse avant que je ne le fasse. « Je n’ai pas besoin de te peindre la métaphore d’un conte pour te faire comprendre ce que tu ne serais pas capable de comprendre concrètement. Je n’ai pas besoin de parler. Pour dire quoi ? Ce que nous savons déjà. La fin de ton histoire ne peut être que malheureuse, tout comme la mienne d’ailleurs. Alors tu n’as plus le choix, tu ne peux plus reculer. Et moi je n’ai pas d’autres choix que de t’arrêter. Le Yin et le Yang, l’un semblant dévorer l’autre, s’aventurant dans le demi-cercle de sa moitié jusqu’à ce que les pôles s’inversent. Je suis une pluie de couleur sur ces terres de noirceur, l’aridité de ton cœur se répond là où âme respire. Et ainsi, le portrait est parfait. » et le tourbillon dans mon verre ne cessait de s’accélérer, à l’envers des lois de l’apesanteur qui freineraient sa course.

    « Mes dialogues ne sont destinés qu’à ceux qui n’y comprennent rien, à qui il faut répéter cent fois la même chose. Je n’ai pas besoin de ça avec toi. C’est fatiguant, tu sais ? Une bande d’incapables que je me coltine au jour le jour, tous ces gens qui m’ennuient, qui pensent pouvoir se jouer de moi, me manipuler. Risibles. Tu n’as jamais cherché à me manipuler et je n’ai jamais cherché non plus. La population, les alliés, les ennemis, oui. On ne peut manipuler que les naïfs. Tout ceci est un combat d’influence, mais toi, jamais. Car on ne peut raisonner un fou, d’autant plus lorsqu’il est clairvoyant. » Bien entendu, je ne faisais qu’introduire, je n’étais pas venu pour lui dire ça, il le savait déjà. J’étais si intrigué, savoir que nous pouvions par le fruit d’un léger hasard et d’un trop perçu de génétique penser la même chose m’effrayait et me fascinait. Oui, il me fascinait.

    « Je n’ai ni allégeance, ni sentiments. Je n’éprouve ni haine, ni amour. Je ne suis capable que d’indifférence et je m’ennuie. Alors je me trouve des passions à consommer. Des passions qui m’amusent, me font passer le temps. Mais il se trouve que tu cherches à anéantir ma plus douloureuse mais pas moins plus savoureuse passion. Alors que faisons-nous ? Duel chevaleresque à l’épée ? Le méchant contre le gentil ? Est-ce de ça dont il s’agit ? Un sempiternel combat contre le bien et le mal ? Me vois-tu vraiment incarner le rôle du bien ? » Je faisais le tour de la pièce, déplaçant des objets de décoration, comme si je trouvais qu’ils étaient mieux placés quelques millimètres plus loin. Toute la géométrie de mes gestes était voulue. « Je tant de sang sur les mains. Et pourtant, me voilà ici, devant toi. Comme quoi, avec un rien, on peut devenir n’importe qui. Imagine un instant que cette scène soit une pièce de théâtre, Jun. Imagine-le un instant. Que direz les spectateurs en nous voyant ? Le héros Naram-Sin arrêtera-t-il le méchant Jun pour sauver sa belle et dulcinée Mitsuko des griffes du diable ? » J’allais doucement au fond de mon histoire : « Pièce où la dulcinée s’est barrée avec le soulard de la taverne d’à côté, pièce où le héros rêve de brûler en enfer et où le méchant rêve d’un paradis interdit. Mais alors se dirait le public, se serait-on joué de nous ? » Je semblais lui poser réellement la question malgré le ton de ma voix d'abord faussement inquiet, comme si une révélation venait de m'atteindre puis très moqueur : « Qui nous a placé dans ces rôles qui ne nous vont pas ? Qui, Jun ? Est-ce le seul fruit de notre volonté ? Oh non. Et pourtant nous ne pouvons reculer. Habiles sont ceux qui tirent les faciles mais bien amers seront leur réussite lorsque je me serai occupé d’eux. » Je me rassis sur le fauteuil où je reprenais le verre de Whisky, reprenant une deuxième gorgée sous le même rituel que le premier. « Et toi Jun, comment vois-tu cette histoire ? Vois-tu comme moi une comédie grotesque être notre fardeau à tous les deux ? Ou alors crois-tu vraiment avoir un rôle capital dans cette histoire ? Qu’a-t-on réussi à te faire avaler de si gros qu’on se dirait « non, il n’y croira jamais, tout de même, il n’est pas si bête » et au final on rit, on rit de toi, on rit de nous. Car ils dansent pendant que nous pensons jouer le destin du monde au bout de nos lèvres. Comme si ce que je pouvais dire, moi comme toi d’ailleurs, allait changer quoi que ce soit aux évènements à venir. Tout est écrit, on me l'a assez répété. » J’étais un homme résolu par la fatalité. Les trahisons et les questions sur la valeur de nos actes. Tout ça n’était que du papier à jeter au feu, le déterminisme me faisait rire, je n’en étais plus acteur, simplement spectateur.

    « Cependant je dois bien avouer faire preuve d'une grande curiosité te concernant. Que feras-tu Jun après tout ça ? Lorsqu’elle ne sera plus là ? Lorsque tu auras tout détruit ? Que feras-tu ? Tu seras roi de ton petit tas de cendre ? » Je me mis à rire avec une effronterie rare. « Quelle prestance mon roi, votre excellence est un stratège qui s’est concocté un avenir radieux que j’envie ! » mon ironie était perçante, troublante. « C’est ton propre suicide que tu orchestres. Et moi je suis aux premières loges alors pourquoi t’arrêter ? Tu fais si bien le sale travail. Tu meurs à petits feux mon frère, et je te regarde lentement dépérir. Il n’y aura certes plus rien après toi mais moi je serai toujours là pour danser sur ta tombe. Au moins, quelqu’un te rendra hommage. Surtout que je suis un homme plutôt tenace, tu es sûr que ta tombe sera toujours fleurie de mes ronces au moins. » Jusqu’en enfer, je l’avais juré à Mitsuko, je lui jurai également. Menaçant et courtois à la fois, c’était tout un art.
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Jun Taiji
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Jun Taiji
Mer 17 Avr 2013, 01:33


Je me servis un nouveau verre, contemplant la pièce, mon regard se perdant sur la lettre que j'avais écrite à l'homme qui se tenait devant moi, celle-ci coincée entre deux épais livres. Cette fois, je bus le liquide à petites gorgées, appréciant le calme et la voix de mon jumeau qui semblait être en tout point identique à la mienne. Seul le ton était différent, les temps d'arrêt entre chaque mot. Je fermai les yeux un instant, écoutant le rythme de ses dires. En réalité, je n'avais pas besoin de l'écouter avec attention pour prendre connaissance du contenu. Doucement, je fis un geste de la main vers le coffre en bois qui se trouvait dans la pièce, celui-ci s'ouvrant pour laisser apparaître plusieurs pierres, des fragments du cristal maître qui se mirent à léviter devant le génie. « Il se trouve que le soulard du coin est aussi celui qui a fourni l'alibi parfait au grand méchant pour s'éclipser un instant de la scène politique afin de partir chercher ce qui causera la perte de sa femme. ». Je m'appuyai contre la bibliothèque, penchant délicatement ma tête en arrière, celle-ci venant s'appuyer contre un livre. « Et, le gentil, en parfait gentleman donnera bien sûr sa pierre au méchant. ». Je souris, buvant une nouvelle gorgée comme si ce que je disais était irrémédiable, comme s'il y était bien obligé. Il avait raison, j'étais assez fou pour provoquer une guerre mais assez clairvoyant pour savoir en tirer les avantages. Et j'étais également perspicace au point de comprendre que mon avenir ne serait qu'un tas de cendre. Néanmoins, je savais que je ne pouvais plus reculer et, puisque mon jumeau le savait aussi, nous nous retrouvions tous les deux dans une impasse. Je ris doucement. « Le pire c'est que ta plus douloureuse et savoureuse passion est la mienne également, ravie par un homme que je n'ai pas vu venir. Comme quoi, à force de trop me tourner vers mon reflet, il en devient une obsession aveuglante. ». Je bus. « C'est amusant que, toi, qui n'éprouve guère de sentiments, tu veuilles la sauvegarder, alors que moi en l'aimant, je souhaite la détruire. ».

Je m'écartai alors du meuble, m'avançant vers lui, les fragments s'écartant sur mon passage avant de disposer, retournant tranquillement s'installer à l'abri du coffre. Je m'assis dans un fauteuil, en face de lui, le regardant toujours avec cette étrange fascination dans le regard. Je laissai un petit silence s'installer avant de lui révéler ce que je savais. « A l'aube de mon existence, l'on m'a confié deux missions : la première étant de te remplacer, la seconde étant de trouver et protéger celle qui serait l'élue. Dès que je fus transféré en Mitsuko, je sus, m'attachant à elle immédiatement. On ne s'entendait pas, elle et moi bien trop différents, mais je l'aimais. ». Peut-être ne voyait-il pas où je voulais en venir mais j'allais éclaircir les choses. « Néanmoins, tu es arrivé et, au final, je n'étais plus seul, tu étais là, veillant. Je me rappelle de cette rencontre dans les profondeurs du désert, sans que tu ne lui révèles ton identité. Au final, il a fallu que je m'écarte d'elle pour que tu puisses t'en rapprocher. Et, à présent que j'en suis à rester éveillé des nuits entières, à réfléchir, je crois sincèrement que tu es le seul protecteur dans cette histoire. Je n'ai pas été créé pour la protéger, non, je l'ai été pour la détruire. ». Je me redressai, plantant mon regard dans le sien. « Alors, je te propose un autre conte : celui des deux jumeaux qui se firent avoir en beauté par une vieille peau revenue d'entre les morts. ». Je souris. « Sans vouloir t'offenser. ». S'il y avait bien une question que je me posais, c'était l'âge de cet homme. Bien sûr, j'étais plus âgé que la plupart des individus que je côtoyais, mais lui, que devait-il se dire lorsqu'il rencontrait des personnes d'une centaine d'années à peine qui pensaient tout connaître de ce monde? Comment avait-il pu être si longtemps auprès d'une femme qu'il avait connu alors qu'elle n'était qu'une enfant? J'avais vécu cela avec Mitsuko, certes, mais je n'avais pu la toucher qu'après sa transformation en vampire. Pourtant, j'en avais tant rêvé précédemment, si bien que je pourrai me souvenir toute mon existence durant de ce que j'avais ressenti en la caressant pour la première fois, en face d'elle, la dominant de par ma taille. Mes yeux, fixés sur un objet quelconque, brillaient sans doute d'une lueur de nostalgie mais je les reportai vite sur mon interlocuteur. « Tu as raison, tout est écrit. C'est pour cela que je ne reculerai pas. Je ne le peux pas, et ce n'est pas toi qui m'arrêteras. ».

Tout ceci était si contrariant dans le fond mais je pouvais toujours lui retourner sa question. « Que feras-tu Naram après tout ça? Lorsque j'aurai détruit ta plus douloureuse passion? Lorsque je ne serai qu'un tas de cendre et que celle qui fut ta maîtresse jadis contrôlera le monde? ». Je n'étais pas sot, je ne l'avais jamais été, ni naïf. Aria n'était pas une femme faite pour rester dans l'ombre et je doutais qu'elle m'ait révélé le secret des pierres uniquement par bonté de cœur. Elle m'avait créé, elle me connaissait mieux que je ne me connaîtrais jamais, alors oui, je savais qu'elle y tirerait un avantage. « Finalement, peut-on dire que c'est l'être qui a conscience de se faire manipuler qui tire les ficelles? ». Je posai mon crâne sur le dossier du fauteuil, fixant le plafond. « Je dois la tuer, elle m'obsède... j'ai envi de la toucher, de l'embrasser, de la tenir contre moi. Tellement que je voudrais te tuer, le tuer... Je ne peux pas le supporter, toujours à courir derrière une femme qui prend un malin plaisir à devenir de plus en plus inaccessible. Et plus elle m'échappe, plus je la veux. ». Je murmurai alors. « Le pouvoir des femmes est effrayant. ». J'étais marié, père, et elle continuait de me hanter, de m'enchainer.

Je me redressai dans mon fauteuil, vidant le reste de mon verre avant de lui demander : « Bien, continuons nous à nous conter de belles histoires, à remuer le passé ou passons-nous aux choses sérieuses? Je ne suis évidemment pas pour un duel à l'épée ». Je souris. « mais plus pour une coopération entière de ta personne à ce qui causera ma perte. Réjouis toi, quand elle gouvernera le monde, Aria voudra sans doute te faire roi du chaos que j'aurai créé pour elle. ». Je ris.
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La faiblesse des sentiments. [Jun - RP pré-évent]

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