Méticuleusement, Perséphone copiait ses notes. Le cours de politique internationale n'était pas celui où elle brillait le plus, loin de là même. En ayant appris la position des continents et des océans il y a seulement quelques mois, peinant toujours à se souvenir des dirigeants actuels et encore plus des anciens dirigeants ayant marqué les terres de Sympan, la Sorcière avait dû se plonger des heures durant dans des livres de remise à niveau conseillés par ses professeurs. Désormais, des noms comme Mancinia Leenhardt, Vanille Caël Deslyce ou Sakuya Tsuyari n'étaient plus des noms aux étranges sonorités sans visage. Il lui restait encore beaucoup à apprendre, et les complexités des relations entre chaque territoire et chaque race avaient le don de mettre sa mémoire à rude épreuve.
Une feuille flotta jusqu'à son bureau, portée par un courant magique et vint couvrir la description du gouvernement de Stenfek. Perséphone fronça les sourcils en voyant l'exemplaire du journal qui venait gêner sa rédaction et leva des yeux interrogateurs autour d'elle. Les mines réjouies de ses camarades accentuèrent les plis sur son front et elle baissa les yeux sur la feuille volante pour parcourir rapidement les rubriques alignées en colonnes. Son sang ne fit qu'un tour en arrivant à l'encadré dédié à l'AAAP. La feuille trembla entre ses phalanges nouées. Elle distingua comme un écho lointain des petits rires mais n'y fit pas attention. Brusquement, elle se leva, envoya son sac sur son épaule et plaqua la gazette et ses affaires contre sa poitrine. Le professeur s'interrompit au milieu de sa phrase pour la considérer avec étonnement. « Perséphone ? Ça ne va ... pas ? » La sorcière avait déjà quitté la salle de classe sans prendre la peine de se justifier.
Dans le couloir, elle opta immédiatement pour se diriger vers là où elle savait que Faust se trouvait à cette heure-ci avant de s'immobiliser. Ils ne s'étaient pas reparlé depuis qu'il avait claqué la porte. Ils ne s'étaient pas réellement disputés, mais d'une certaine façon, c'était pire. Plus d'une fois, elle avait été tentée d'aller le voir pour s'excuser et lui demander d'oublier son comportement, qu'elle ferait mieux, mais son agacement était encore trop frais et elle n'avait pas envie d'affronter le Démon à ce sujet. Ces discussions finissaient par la lasser, elles complexifiaient leur relation à un degré surréaliste. En vérité, il la fatiguait. Alors elle tourna les talons et se rendit plutôt vers son dortoir. Souvent vide en journée, c'était le cas quand elle y parvint, alors elle se posta dehors, dos au mur et bras croisés, résolue à attendre Mélissandre jusqu'à ce que l'Humaine passe par là pour y récupérer des affaires ou autre.
Elle en profita pour réfléchir. Pour commencer, elle ne comprenait pas l'existence de ce poème. La rédaction comme la publication de cette chose ne collait pas à la personnalité de Faust. Cependant, elle savait parfaitement qu'il avait passé un speed-dating avec l'albinos, ainsi qu'avec Susannah et Moon. À l'inverse des dirigeants du monde et leurs impacts sur les sociétés, Perséphone retenait très facilement tous les détails relatifs au Démon, tous sans exception. C'est ainsi qu'elle savait aussi que Mélissandre était au club de jeux avec lui. Il n'en fallait pas davantage pour semer un doute horrible en elle et soulever des bouffées de rage glaciale qui lui crispaient douloureusement l'estomac. Nerveusement, la Sorcière se mit à triturer brutalement un bouton sur sa veste.
Quand elle vit enfin la tignasse blanche encadrant un visage aussi blême qu'un Vampire arriver vers elle, Perséphone se redressa. « J'ai à te parler. » annonça-t-elle d'emblée. En dépit de toutes ces nuits passées aux côtés de Mélissandre, Perséphone ne savait pas grand chose d'elle et n'arrivait pas à cerner sa personnalité, sinon que toutes deux semblaient adopter comme politique de s'ignorer cordialement, ne possédant aucun atome crochu. Elle rentra dans leur chambre et une fois que l'Humaine eut fait de même, referma la porte. Sans un mot, elle lui tendit la gazette et attendit quelques secondes avant de prendre la parole. « J'ignore d'où sort cette chose, si c'est vrai ou non, et je sais que ce n'est pas avec toi que je dois vérifier ça. Cependant, je veux savoir ce que tu en penses, et clarifier un point tout simple. » Les yeux de Perséphone s'écarquillèrent un peu plus, lui donnant un air presque ahuri tandis qu'elle se rapprochait de sa colocataire. « Tu n'as pas l'intention d'y croire toi-même ? Ce serait ridicule, n'est-ce pas ? Je n'ai pas besoin de te rappeler que c'est un Démon. Alors, ça me paraît évident que tu ne vas pas donner suite à cette... erreur de l'AAAP. Le mieux, ce serait même que tu évites Faust, à l'avenir, pour ton bien. »
Message I | 842 mots
C'est un flash si si T__T
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Maximilien Eraël ~ Humain ~ Niveau III ~ ◈ Parchemins usagés : 2485 ◈ YinYanisé(e) le : 18/09/2016◈ Activité : Charpentier | rang II ; Ébéniste | rang II ; Soldat | rang II
Un long bâillement échappa à l'adolescente. Elle se serait bien passée de ce cours optionnel qui l'épuisait la moitié du temps. Maya avait cependant justement relevé— et ça Melissandre ne pouvait que lui concéder avoir raison — qu'il serait judicieux de consacrer une partie de leurs dernières années à la maîtrise des arts de la guerre, notamment concernant la maîtrise des armes. Après tout, à leur sortie, elles ne pourraient pas échapper à l'Askeri. Quand bien même leur formation serait plus courte, elle leur sera plus intensive également. C'est donc un peu malgré elle que Melissandre avait ajouté à son parcours le cours de combat. Une option qui réunissait les différents apprentissages martiaux qui existaient. Là également, les leçons étaient intensives, et elle en ressortait régulièrement épuisée et les muscles endoloris. Sans parler de la concentration qu'elle mettait à simplement les canaliser et les ignorer. Elle était ainsi ravie que le cours qui suivait était celui de l'apprentissage de la magie. Un cours dont elle était, de fait, exonérée, créant un trou dans son emploi du temps qui tombait parfaitement. C'est avec un certain soulagement et beaucoup de satisfaction qu'elle prenait la direction du dortoir, déjà prête à se plonger dans son lit pour une sieste amplement méritée à ses yeux.
Son bonheur parti néanmoins en fumée lorsqu'elle croisa le regard furibond de Perséphone. « Qu'est-ce qu'elle fout là ? » - « Persy sèche les cours. » - « Elle a l'air en colère. » - « Contre toi. » - « Qu'est-ce que t'as fait ? » - « Qu'est-ce que t'as fait encore ? ». Déjà Melissandre était agacée avant même que la Sorcière ne l'interpelle, en partit à cause d'elles qui l'accusaient sans raison, se basant uniquement sur comportement de sa colocataire. Seules dans la chambre, la Kaa s'écarta à peine de la porte fermée. Ainsi, en cas de danger immédiat, elle n'aurait qu'à balancer son sac à la gueule de la Sorcière et faire un pas pour quitter la pièce. « Ou alors tu profites qu'elle soit au sol pour continuer à la cogner. ». Sans se débarrasser de ses affaires, elle attrapa le papier tendu par sa vis-à-vis et passa en diagonale dessus. Son regard s'accrocha cependant à un mot, ou plutôt un nom : le sien. Elle lut alors avec plus d'attention ce passage, un poème, qui lui fit lever un sourcil, puis le deuxième en découvrant l'identité de l'expéditeur. « Faust ? ». Le Démon ? À en voir la réaction de Perséphone, il s'agissait vraisemblablement de lui, oui. Mélisande était partagée entre l'envie de rire, la pensée de "sérieusement ?" et l'idée que ce type était un vrai tocard. Elle releva les yeux sur son accusatrice. Elle n'aimait pas le ton employé par celle-ci. Elle n'était pas la seule. Perséphone l'ignorait, mais il n'y avait pas que les foudres de Melissandre qu'elle s'était attirée, et certaines d'entre elles n'avaient rien de tendre dans leurs propos. « C'est un Démon, et ? Ce ne sera pas la première fois qu'un Démon me fait une proposition. ». Elle ne précisa pas plus sa déclaration, quand bien même les deux situations n'aient strictement rien à voir. Si là il s'agissait d'un poème romantique en pleine page d'une gazette écolière, la fois précédente elle venait d'arriver à Basphel, Zane Azmog avait balancé à l'autre bout de la pièce un camarade sous ses yeux avant que son second ne lui propose, le temps d'une soirée, de se mettre à son service. Si elle devait choisir, la première proposition lui était bien plus profitable que de céder à cette déclaration d'amour, quand bien même le personnage soit bien plus terrifiant. s'agissait « Si ce truc est vrai, c'est à toi que tu devrais t'en prendre plutôt. A l'évidence, t'as loupé quelque chose qui le fait regarder ailleurs sans sentir le besoin de te le cacher. »[/color] continua-t-elle en jetant le journal sur son lit. s'agissait « Puis tu l'as dit toi-même. C'est un Démon. Leur race est pas réputée pour être un modèle de fidélité.»[/color] - « Si c'est faux, on retrouve ce bâtard qui t'affiche comme ça. » - « Et on l'étrangle ! » - « Non, c'est exagéré pour ce que c'est quand même. » - « C'est peut-être Muscarine. » - « Raison de plus de l'étrangler si c'est elle. ».C'était une possibilité. Déjà ? Il lui faudrait faire attention alors, et l'observer dans les jours à venir pour confirmer, ou non, cette hypothèse. s'agissait « Maintenant ravale ta jalousie et fous moi la paix. Je m'en fous de ton copain. Mais crois pas que je vais quitter le club de jeu juste pour te rassurer. » [/color]- « Viens on lui fait regretter ses menaces. ». C'était tentant. Ce serait si plaisant. Elle avait encore les muscles chauds de son cours précédent en plus.
La réaction de Mélissandre n'était pas celle à laquelle Perséphone s'attendait. Elle n'était pas non plus celle espérée. Une Humaine qui frayait avec des Démons ? Ses livres d'histoire lui avaient appris la relation épineuse unissant les deux races. La conclusion logique voulait que leurs membres s'évitassent, au mieux. C'était oublier que dans les faits, à Basphel si nulle part ailleurs, tous les peuples se côtoyaient, et parfois même, s'appréciaient. La cohabitation restait profondément chaotique, et par conséquent encadrée par la rigueur du personnel enseignant. Personne ne voulait se mettre Avril d'Ovipa à dos, c'était une des premières choses que la Sorcière avait compris. Ce qu'elle comprenait moins en revanche, c'était Mélissandre. C'était ce poème. Perséphone ne comprenait pas grand chose, mais elle avait l'habitude de nager dans un état perpétuel de confusion. Pour une fois cependant, il lui semblait que ce n'était pas elle qui était à côté de la plaque.
« Je crois que tu n'as pas compris. » articula-t-elle lentement après être allée s'asseoir sur son lit. « Faust est fidèle. Il n'est pas comme les autres. » dit-elle avec assurance. S'il allait voir ailleurs, elle le saurait immédiatement. Quelque chose changerait dans son attitude, dans sa façon de lui parler. Au plus profond d'elle-même, elle le saurait. C'était certain. « Mais crois-tu qu'il irait t'écrire un poème ? » Le fait que l'albinos puisse envisager une telle chose démontrait bien une chose : elle connaissait bien mal le Démon. « Ce n'est pas lui. Je venais juste te prévenir de ne pas prêter d'attention à tout ça. C'est évident que c'est une farce, ou un malentendu. Ca ne te concerne absolument pas. » exposa-t-elle. Comme toujours, la Sorcière était en proie à un calme imperturbable. Elle avait cru ressentir de la colère à l'égard de cette fille, mais c'était au vrai coupable qu'elle réservait ses foudres. Mélissandre n'était finalement qu'un dommage collatéral de cette histoire. Il ne fallait simplement pas qu'elle croit à ces histoires et ne commence à se faire des illusions. « Je ne te demande pas de quitter ton club. Tu fais comme tu veux. » Tant qu'elle le faisait loin de Faust. Et ce n'était pas comme s'il s'intéressait à elle. Pas vrai ? Le doute persistait à fragiliser la solidité de son raisonnement, mais ce n'était pas auprès de sa colocataire qu'elle le ferait disparaître. Elle se leva. « Je ne vais pas t'ennuyer plus longtemps maintenant que c'est plus clair. »
Message II | 443 mots
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Melissandre manqua exploser de rire face à l'aplomb avec lequel la Sorcière lui exposait sa certitude. Elle se retint difficilement, un large sourire étirant ses lèvres alors qu'elle se les pinçait violemment après qu'un pouffement lui eut échappé. Elles, en revanche, force de leur discrétion — ou plutôt de leur inexistence pour être plus juste —, ne s'étaient pas retenues. À moins qu'elle ait loupé un, vu plusieurs cours, l'albinos n'avait pas connaissance que la fidélité soit péchée. Les Anges seraient les premiers détenteurs des bordels de ce monde en plus d'être les meilleurs menteurs qui soient si tel avait été le cas. L'idée l'amusa plus encore que la chimère de Perséphone. « Si tu le dis. » se contenta-t-elle simplement de répondre sans dissimuler plus son amusement. Elle en était de toute façon incapable. Elle la laissa finalement débiter ce que sa colocataire avait à lui dire. Cette conversation l'ennuyait. Plus vite elle lui aurait exprimé ce qu'elle avait sur le cœur, plus vite Melissandre en serait débarrassée. Elle exprima d'ailleurs cette attente d'un soupir las. Sa capacité d'attention n'étant pas son principal atout, surtout lors de ce genre d'échange, déjà son regard se promenait d'une étagère à l'autre, son esprit égaré sur des pensées qui étaient à mille lieues de la raison pour laquelle la Sorcière lui tenait la jambe. Une mine dégoûtée déforma ses traits quand ses iris se posèrent sur la partie exclusive à Muscarine. Elle jetterait bien l'ensemble de ses affaires au feu pour se débarrasser de la pourriture qui s'y étendait jusque sous son lit. « Et elle avec. » - « Deux jambons bien braisés pour les étudiants. » - « Bien gras comme ils sont, la chaire sera pas sèche en plus. » - « Doit pas y en avoir beaucoup par contre. » - « Les abats, on les réserve pour son fiancé. ». C'était un peu dégueulasse comme réflexions, d'autant plus que l'Humaine voyait les images s'imposer à elle. Elles la firent néanmoins ricaner, habituée à leur humour noir, si ce n'était morbide. Ce fut lorsque Perséphone se leva que les pensées de Melissandre revinrent sur sa personne. « C'est bien gentil de ta part. » répondit-elle en s'écartant d'un pas pour lui laisser volontiers l'accès à la porte, ignorant totalement ce qu'elle avait pu lui dire entre-temps. Ça ne devait, de toute façon, pas avoir beaucoup d'importance. Cela étant dit, elle aussi devrait mettre au clair les choses avec le Démon. Et l'AAAP accessoirement aussi. Mais pas dans l'immédiat. Elle avait besoin d'eux encore.
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