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 Les Portes - Chapitre V

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Min Shào
~ Orine ~ Niveau II ~

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◈ Parchemins usagés : 315
◈ YinYanisé(e) le : 25/03/2022
◈ Âme(s) Soeur(s) : Elle m'attend quelque part.
Min Shào
Jeu 03 Nov 2022, 22:59


Image par Alena Aenami
Les Portes - V


Merlin se saisit de la main de Garance et l'emmena au centre de la piste. Les couples s'écartèrent hâtivement sur leur passage. « Je tiens avant tout à vous complimenter sur votre tenue », commença-t-il en employant un ton inhabituellement doux. « Elle sied fort bien à mon présent. Je salue votre ingéniosité. » Il initia une valse d'un autre genre, en la guidant d'une façon différente qu'avec Adolestine. Car sa tante était une stratège qu'il estimait bien plus. Ce dernier avait toujours la main ferme et des gestes secs, mais il se mettait plus en retrait pour faire briller sa cavalière. Au fil de la musique, les gestes du D'Uobmab gagnaient de l'amplitude.

Son cœur accélérait alors qu'il entamait une danse plus physique, plus ambitieuse. Telle était la pratique de la valse dans son Royaume, comme ce que son père démontrait de l'autre côté de la salle avec... Coline ? Merlin haussa un sourcil. Cette dernière était la seule qui était passée quelque peu au travers de son attention. Son caractère colérique, voire tyrannique, n'avait attiré que son dédain. Peut-être était-ce inconscient, car ses excès faisaient écho aux siens. Quoiqu'il en soit, il voyait ce rapprochement d'un œil hostile. Ce dernier fit mine de regarder les autres duos en gardant la même expression, puis se replongea dans les doux iris de sa cavalière. « Parmi vous ? Bien entendu », répondit-il à sa mondanité.

Merlin ne se formalisait pas d'une question aussi frivole : pour Garance, ce n'était pas une occasion de parler de la pluie et du beau temps, mais bien de déceler des informations précieuses sur ses interlocuteurs. Son expression se ferma. « Il m'attriste de ne pouvoir constater la même chose pour ma... fiancée.  » Le doute pesait sur ses mots, comme si leur engagement était remis en question. « Je crains que vous êtes mêlés, bien malgré vous, à nos querelles familiales, et je m'en excuse. » C'était la première et la dernière fois qu'il exprimait des regrets dans ce piètre royaume. Mais il avait le sentiment que l'excès de confiance ne bernerait pas la femme de pouvoir qui lui faisait face. Garance était ni naïve comme Adolestine, ni colérique comme Coline : elle avait arrondi les angles en apparence tout en aiguisant ses lames contre le roc de l'expérience... très certainement. Il voulait éviter de la sous-estimer. Car dans son entreprise, il était bel et bien seul.

La remarque sur son père, en revanche, était une surprise. Pourquoi feindre la complète ignorance alors que le Roi affichait si fièrement son nouveau jouet ? « Bien au contraire. » Merlin se planta dans les yeux de Garance, l'air sérieux. « Sa venue à tout à voir avec ce malheureux événement », confessa-t-il, feignant une quelconque connaissance sur les plans de Judas. « Mais nous pourrons en parler plus tard », ajouta-t-il afin de planter la graine dans son esprit. Oh, il ne pensait à rien de sexuel. La proximité de son corps voluptueux aurait éveillé tous ses sens si son esprit n'était pas assombri par la présence de son père. Mais désormais, comme quand il traquait le gibier, Merlin était uniquement concentré sur son objectif. Sa rage grondait intérieurement. « Vous savez, ce bracelet est fort précieux pour la famille D'Uobmab. Ce fut mon arrière-arrière-grand-mère qui le commanda suivant la conquête du Royaume de Narfas. Il est réputé pour de tels joyaux. » Il n'avait en réalité aucune connaissance sur les ancêtres de la famille, mais cette histoire restait à moitié vraie. « Notre famille a toujours évolué grâce aux conquêtes. C'est ancré dans nos coutumes. » Il jeta une œillade à Judas. Le message ne pouvait être plus clair.

« Ce bijou est, en définitive, destiné à la Royauté. » Merlin leva la main de sa cavalière et la libéra afin de la regarder tournoyer, puis il la rattrapa et reprit la valse avec des gestes plus mesurés, son cœur battant dans ses tempes. Il se rapprocha d'elle et murmura : « Il a assisté à des passations de pouvoir dans la douleur et le sang. » Une flamme dansait dans son regard. « Comme ce soir. » Le prince n'avait pas hésité à lancer sa première bombe. De toute façon, il ne pouvait plus reculer et son affirmation était vraie, même si Merlin ne savait pas qui de lui ou son père verserait le sang en premier. Il ne pouvait imaginer Judas et son ambition dévorante fouler ces terres sans quelque sombre dessein. « Mais le chaos perce un sillon d'opportunités saisies par ceux qui ne détournent pas le regard », renchérit-il avant qu'elle n'ait le temps de réagir. Au même moment, la seconde valse s'achevait sur un ultime air de violon. Merlin s'immobilisa puis s'inclina longuement. Il lui baisa la main et acheva : « Vous m'avez honorée en tant que cavalière. Vous siérait-il de poursuivre notre discussion ailleurs ? Accompagnés d'un domestique de votre choix, si vous le souhaitez », ajouta-t-il en fronçant les sourcils, trahissant son ressentiment face à une telle précaution. Garance pouvait bien croire qu'il souhaitait l'isoler pour l'éliminer. Et pour sa gouverne, il en aurait été capable si elle ne jouait pas un rôle indispensable dans son complot.

Mots: 841

Rôle:

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Dorian Lang
~ Vampire ~ Niveau III ~

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Dorian Lang
Ven 04 Nov 2022, 00:14

Les Portes - Chapitre V  - Page 15 G7pa
Les Portes V - Le Conte II
Ezidor




Rôle:

Le départ brusque d'Adénaïs eut la saveur d'une bénédiction pour Ezidor. La prostituée mettait un terme à la fois à une valse dont il ne goûtait pas le plaisir, et à un contact qu'il ne désirait prolonger qu'à la condition qu'elle en souffre en retour. L'étrangler en plein milieu de la piste de danse était malheureusement exclus, et il fixa son dos qui s'éloignait de ses griffes sans se soucier de voir qu'il gênait la progression des autres couples en demeurant immobile sur leur trajectoire. Il aurait le temps plus tard de marquer la chair blanche de sa nuque du collier de ses doigts.

L'expression fermée pour déjouer l'éventuelle audace de cavalières en recherche de partenaire, le docteur se fraya un chemin à travers la salle en quête d'espace et trouva tout naturellement près du buffet un semblant de paix, mais surtout une position qui lui donnait une vue d'ensemble de la salle de bal. Il accepta l'offre d'un domestique armé d'un plateau et porta lentement le verre à ses lèvres. Un premier examen lui apprit que Montarville avait disparu et il en fut surpris. Quelle affaire suffisamment urgente retenait le monarque de tenir compagnie à son homologue ? Cette impolitesse était inhabituelle, mais aussi périlleuse. Judas d'Uobmab n'était déjà pas un homme facile à regarder en face, mais lui tourner le dos revenait à signer son suicide. Dans tous les cas, sa présence n'était pas bon signe pour De Lieugro et Ezidor n'avait pas prévu de se mettre en travers de son chemin au nom de la prétendue amitié qui le liait à Montarville, en cela qu'il n'avait pas hésité à se parjurer des années plus tôt à la demande du souverain étranger. Judas n'était pas un homme à qui on pouvait dire non sans en souffrir des conséquences immédiates mais plus que cela, jouer sur deux tableaux était aussi exaltant que se trouver contre les fesses passives des victimes de ses philtres spéciaux. Alors oui, plutôt qu'éveiller son inquiétude, Ezidor avait hâte de découvrir ce que la présence du roi tyrannique induirait pour les sujets ici présents et quels cadavres il traînerait dans son sillage cette fois-ci.

Le fil agréable de ses pensées fut sectionné sans transition quand son regard se verrouilla avec un hasard cruel sur les silhouettes entrelacées de son ancienne cavalière et du commandant des armées. Cette traînée avait le don de traverser son armure de tempérance comme une lame dans du beurre mou et ses phalanges blanchirent sur le verre dont le contenu doré frémit sous la pression exercée. Le calme qu'il avait réintroduit en lui s'évapora comme la rosée quand sonne midi en voyant la sangsue s'accrocher à Childéric et il se domina non sans difficulté pour inspirer profondément autant de fois que nécessaire afin que cessent les tremblements de sa main. Lorsque ses dents se desserrèrent, il but une gorgée sans quitter des yeux le couple évoluant sur la piste. Leur aisance naturelle était une insulte qu'il prenait personnellement et qu'il règlerait tout aussi personnellement. Un maëlstrom se déchainait en lui si bien qu'il s'étonna que son épiderme ne se craquela pas sous la violence de ses émotions.

Finalement, il se força à détourner le regard, un pli mauvais barrant ses lèvres et constata la présence non loin d'un jouvenceau qui avait aussi élu domicile au buffet. Ce dernier semblait décidé à piller les réserves en vin de Montarville et son air morose laissait penser que le blond subissait les déconvenues amoureuses propres à ceux de son âge, mais ce ne fut pas la pitié qui envahit le médecin. Sans l'avoir prémédité, d'un geste rendu fluide tant il avait été répété plus de fois qu'il ne pouvait le compter, il fit tomber quelques gouttes dans une flûte. Muni de celle-ci, il s'avança jusqu'à l'adulescent et fit glisser le verre près de sa main. « Si je peux me permettre une recommandation, ce cru me paraît le plus approprié pour le mal qui vous tourmente. Il vous apportera la petite touche d'euphorie qui vous fera oublier tous ces tracas qui attristent votre sourire. » Profitant qu'il avait capté l'attention du blond, il inclina la nuque. « Bonsoir. Ezidor de Xyno. J'ai le regret de n'être devenu qu'un visage anonymisé par mes trop longues années d'absence, aussi ne connais-je pas votre nom comme vous ignoriez sûrement le mien. » Il leva son propre verre et attendit que son interlocuteur fasse de même pour déclarer amicalement, le premier élan de surprise passé. « Aux heureuses rencontres. » Ce nom de famille devait être maudit pour attirer l'oiseau de malheur sur chacun de ses membres et Ezidor avait tâché de dissimuler un sourire sardonique lorsqu'il lui avait décliné son identité. Le destin n'était pas défini dans sa religion, mais il était prêt à le remercier de lui offrir cette petite vengeance. Par sa faiblesse, Childéric tirait aussi son vieil ami vers le bas, or il ne souhaitait pas s'acoquiner avec un homme qui ne serait qu'un fardeau. Jugeant l'occasion trop belle, il ne fit rien pour faire machine arrière.

En faisant mine d'admirer les danseurs et d'apprécier les notes tirées par l'orchestre, Ezidor observait un silence patient mais ses sens de prédateur s'étaient éveillés et s'il était conscient de tout autour de lui, sa concentration se focalisait entièrement sur celui à ses côtés. Il le savait, c'était inévitable. Au final, il n'existait qu'un seul et unique exutoire qui lui permettait de recouvrir son sang-froid. Le seul remède à ces sentiments qu'il haïssait nourrir passait par la domination complète d'un être sans défense. Il pouvait se donner toutes les excuses du monde en s'inventant des raisons de s'en prendre à ses victimes mais lorsqu'il passait à l'acte, la vérité lui apparaissait dans sa froide cruauté. Il était asservi à ses pulsions comme un chien à sa pâtée. Lorsqu'il le pouvait, il conjuguait ses ambitions destructrices avec ses lubies et il s'en prenait alors à ceux qui lui procureraient la plus grande satisfaction quand il y songerait plus tard, mais parfois, il n'y avait pas d'autre motivation que celle de souiller un innocent.

Dès qu'il vit le jeune garçon s'appuyer lourdement au buffet du coin de l'oeil, sa main menotta son bras. « Vous allez bien ? » S'enquit le docteur d'une voix doucereuse. « Vous êtes bien pâle. L'alcool a dû vous monter à la tète et toute cette agitation n'est en rien bénéfique dans ces cas-là. Je vous emmène prendre l'air, cela vous éclaircira un peu les idées. » Soutenant Natanaël d'une poigne solide, Ezidor les mena le long du mur et ils franchirent une des portes-fenêtres menant aux jardins. Il jeta un rapide coup d'oeil aux alentours et prit la direction d'un chemin désert, les éloignant des trilles entraînantes d'une valse aux tons plus enlevés. À l'approche de son méfait, sa respiration s'accélérait et à mesure qu'ils s'enfonçaient entre les couloirs denses de végétaux, il abandonnait toute douceur et prévenance, tirant le blond comme il le ferait d'un animal récalcitrant.

Ils s'arrêtèrent dans un recoin avalé par les ténèbres, loin des torches scintillantes ceinturant les abords du château. La musique n'était plus réduite qu'à un joyeux écho et n'étouffait plus le souffle haletant du médecin qui n'avait rien à voir avec leur marche. Il se passa une main tremblante dans les cheveux tandis que l'autre lâchait le bras du blond pour venir s'enrouler solidement autour de son cou. Il le suréleva pour le porter à sa hauteur et plongea ses yeux dans ceux devenus brouillés par la drogue. Sa peau prenait une teinte spectrale sous le baiser de la lune, lui permettant de noter des traits familiers. Il n'avait même pas pensé à lui demander son affiliation avec Childéric. Était-il un cousin éloigné ? Ces questions importaient peu à cet instant. Il le retourna sans rencontrer de résistance, enfouissant la figure défaite du blond dans le berceau du mur de plantes. Il fit sauter les boutons qui refermaient son pantalon, déjà mis à mal par la pression gonflée qui enflammait son entrejambe.

Message VII | 1424 mots

Dans la famille d'Ukok, je voudrais le fils ! Encore une carte et j'ai une famille 8D.
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Ven 04 Nov 2022, 00:32

Chelae
Le Conte
Une moue compatissante écrasa ses lippes.

-Eh bien, votre cavalier a mal choisi ce qu'il devait oublier.

Ce genre de propos était étonnant de la part de Clémentine, elle qui se souciait en tout temps de ne contrarier personne et au contraire, se faire apprécier de tous. Jeter l'opprobre sur ledit cavalier, dont elle ne connaissait même pas l'identité, était un culot dont elle n'était pas adepte, contrairement à beaucoup d'autres femmes de la cour.

-Effectivement. Ça avait l'air important, mais j'espère que tout ira bien. Il serait tout de même dommage que lui et son conseiller ne puissent pas profiter de leurs propres festivités.

Il était inutile de s'étendre sur les responsabilités du Roi. Ils les connaissaient tous. Pour autant, la raison n'était pas grand-chose par rapport à l'embarras que lui avait causé l'intervention de Sir d'Eruxul. Elle ne lui en voulait pas, ceci-dit : il y avait des affaires qui ne savaient attendre et elle respectait cela. Mais Clémentine aurait aimé... ne pas se trouver au milieu de cela, en cet instant et en cet endroit. Cela avait davantage stressé la Dame, et lorsque la Dame était stressée, elle ressentait le besoin presque viscéral de se vider de ses pensées grouillantes et de ces mots qui avaient besoin d'être dits.

-Pour être tout à fait honnête, je serais très heureuse d'en savoir plus sur vos origines. Je ne suis pas une voyageuse, mais j'aime m'instruire par les expériences d'autrui.

Les inconnus avaient souvent tant de choses à relater. Clémentine les trouvait tellement plus intéressants que tout ce qu'elle pouvait dire sur elle. Les fleurs elles-mêmes étaient plus intéressantes que sa propre personne.
Son attention fut détournée alors qu'Hermilius de Tuorp les alpaguait. Clémentine était intriguée. Celui-ci n'était-il pas avec Ernelle ? Ses mires cherchèrent aussitôt la concernée. L'avait-il abandonnée ? Elle espérait naïvement que ce n'était pas le cas et qu'Hermilius n'était pas seulement venu la voir parce que Montarville l'avait laissée seule. Elle s'en voudrait terriblement dans le cas contraire.

-Oh, eh bien...

Elle n'allait pas refuser. Après tout, elle devait une danse à cet homme. Elle avait été désolée de décliner sa demande, vraiment. Elle avait hésité quelques heures avant de prendre sa décision finale. Elle ne pensait pas regretter son choix. Pourtant, maintenant que l'homme se trouvait une nouvelle fois devant elle, elle ne savait plus. Sa culpabilité remontait de son diaphragme jusqu'à sa gorge, enserrait son cœur qui se mettait à s'emballer. Non, en fait elle ne regrettait pas son choix. Hermilius avait choisi sa sœur pour cavalière dans le simple objectif de se rapprocher d'elle et Clémentine n'était pas à l'aise avec cette idée. Ernelle ne méritait pas cela. Peut-être pourraient-ils donc commencer par une danse, en profiter pour discuter des intentions de l'homme et ensuite, peut-être – il la prenait par les sentiments – pourraient-ils faire un tour dans les jardins.

-Avec plais...

Un terrible fracas l'interrompit.

-Par les cieux !

Elle voulut s'enquérir de l'état du serviteur, puis de Candice et d'Hermilius, avant de se pencher vers sa propre tenue – c’était en réalité le cadet de ses soucis, du moment que tout le monde allait bien. Elle leva un regard interloqué en direction d'Ernelle. Pourquoi cette dernière parlait-elle ainsi à ce pauvre domestique ? Hermilius l'avait-il énervée pour qu'elle ressente le besoin de déverser ses émotions sur autrui ? Ou bien avait-elle été blessée par l'explosions des verres ? Elle ne comprenait pas. Pourquoi tout autour d'elle semblait subitement s'accélérer, sans qu'elle ne comprenne les raisons de tout ceci ? Naturellement, Clémentine se rapprocha de sa sœur.

-Pardon ?

Ce goujat ? Elle fronça les sourcils, plus confuse que jamais malgré le sombre tableau qu'elle croyait entrevoir. C'était donc cela : les deux danseurs avaient dû se disputer. Pourtant, la d'Ukok n'avait rien vu.

-Mais... Je...

Ce fut tout ce qu'elle put balbutier avant qu'Ernelle ne l'entraine à sa suite, accompagnée de la pauvre Candice. La situation la dépassait profondément et l'agitation causée n'aidait pas à la rassurer. Elle ne se remit qu'à penser correctement qu'une fois qu'on lâcha sa main.

-Le dénoncer ? Pour quoi ? Qu'a-t-il dit ?

En théorie, Hermilius n'avait rien fait de mal. "Pas encore." se surprit-elle à penser. Quant à celles qui les accompagnaient, Clémentine ne leur prêtait plus autant d'attention. Les paroles d'Ernelle étaient inquiétantes et elle ne pouvait pas y rester sourde. Si cela n'avait pas été si important, sa sœur n'aurait pas provoqué toute cette scène. Il se tramait quelque chose, Clémentine ignorait quoi et cela lui faisait du mal. Elle était inquiète, terriblement inquiète. Qu'avait dit Hermilius ? Qu'avait appris sa sœur ?

-Oh... Oui.

Pouvait-on prétendre que cela s'était bien passé alors qu'ils avaient été interrompus avant d'avoir effectué quatre temps ? Eh bien... Elle supposait que l'on pouvait dire que cela avait été un bon début. C'était tout. Clémentine sentit ses joues rougir. Aux mots de la domestique envers Candice, elle une œillade. Une De Lieugro ? Cela la surprit. Elle ignorait que certains vivaient dans des royaumes reculés. Elle n'osa rien dire, cependant, hormis pour indiquer à Lénora qu'elle pouvait disposer si elle le souhaitait. La situation n'était plus tout à fait propice pour vaquer à de simples conversations. Alors qu'elle laissa cette dernière partir après la blonde, sans savoir qu'elle laissait s'échapper l'objet de ses convoitises. Elle se retourna vers Ernelle.

-Qu'a-t-il dit ? Répéta-t-elle.

Désirait-elle le savoir ? Non. Elle était assez terrifiée. Mais elle devait savoir. Si cela était susceptible de remonter à d'autres oreilles, alors même que Childéric devait déjà être très occupé, alors elle le devait. Les poings serrés et les épaules remontées, elle soutenait le regard de son aînée avec une férocité qu'on ne lui connaissait pas. Cela ne dura que quelques secondes. Finalement, elle relâcha la pression et ses muscles retombèrent. Clémentine n’était pas forgée pour ce genre de situations, alors elle se sentait particulièrement fatiguée. Ces quelques dizaines de minutes, tout au plus, avaient suffi à la vider de son énergie.

-J'ai la sensation d'être... à côté de la plaque, ce soir...

Ça l'agaçait. Elle ne comprenait pas pourquoi tout cela lui arrivait. L'invitation du Roi avait, sans qu'elle s'en aperçoive, élevé ce qu'elle avait attendu de ce bal. Elle s'était trompée et s'en voulait. Une seconde, elle se surprit à penser qu'elle avait passé trop de temps sur sa robe, avant de balayer cette idée odieuse d'un revers de manche.

-Que se passe-t-il ? Qu'est-ce que... Qu'est-ce que je fais de mal ?

Elle l'avait dit avec plus de ferveur qu'elle l'aurait voulu. C'était presque agressif et cela ne lui ressemblait guère. La d'Ukok se mordit la langue.

-Excuse-moi.

Ses joues s'empourprèrent encore et elle baissa les yeux. Accroché à son poignet droit, tandis que ses mains s'étaient jointes devant elle, elle aperçut son ruban.

-Nous devrions peut-être y retourner, afin d'honorer la deuxième danse.

Elle n’en avait pas envie, mais elles avaient des apparences à tenir.


~1130 mots~
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Priam & Freyja
~ Ange ~ Niveau III ~

~ Ange ~ Niveau III ~
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◈ YinYanisé(e) le : 02/02/2018
◈ Âme(s) Soeur(s) : La bière et le saucisson | L'adrénaline et les problèmes
◈ Activité : Berger [III], traducteur [II], diplomate [I] | Soldat [III], violoncelliste [I]
Priam & Freyja
Ven 04 Nov 2022, 17:02




Les Portes – Chapitre V

En groupe | Yngvild


Rôle :


Les paupières de Rosette papillonnèrent, saupoudrant ses joues d’un fard rougeoyant. Qu’ils parlent mariage ? Elle le regarda s’éloigner, choquée. Par sa proposition mais, surtout, par son attitude. Un pli se dessina entre ses sourcils, tandis que son expression se refermait. Que lui prenait-il ? Comment pouvait-il oser émettre une telle idée alors qu’elle s’apprêtait à danser avec un autre homme ? Avec celui qui écrivait des poèmes dont les vers faisaient vibrer son palpitant ? Si elle ne l’avait pas su amoureux d’Yvonelle, elle aurait parié qu’il était jaloux. Ce comportement, et ce regard noir… Une pointe de colère, forgée de ressentiment, s’enfonça dans son cœur. « Je ne sais pas quelle mouche l’a piqué. » lâcha-t-elle, l’agacement perçant sa voix malgré le contrôle qu’elle essayait d’exercer dessus. Elle se tourna vers Clémentin. « Je vous prie de l’excuser. » Une dernière fois, elle jeta un regard par-dessus son épaule, vers Elzibert. Pourtant, sa silhouette ne lui offrit aucune réponse satisfaisante. Il se dirigeait vers le buffet, à l’opposé de Natanaël et Yvonelle. S’était-il disputé avec elle, avant de venir ? Était-ce pour cela qu’il avait hésité à venir ? Son amie lui confiait parfois la détresse de son demi-frère lorsqu’il était question de ses fiançailles. Il était évident, et largement compréhensible, qu’il souffrait de la situation. Néanmoins, une union entre eux paraissait peu probable. Les choses demeureraient sans doute ainsi, jusqu’à ce qu’il ne pût plus supporter de voir la blanche au bras du blond ou jusqu’à ce qu’il fondât sa propre famille. Elle inspira, incertaine. Elle éprouvait de la pitié pour lui, en dépit de l’énervement qu’il venait de susciter chez elle. Pourquoi diable prétendre vouloir l’épouser ? Pour être au plus près de sa demi-sœur, toujours ? Ou n’avait-il prononcé ces mots que par provocation ?

Elle soupira, avant d’être ramenée à la réalité par les paroles de Clémentin. Un frisson inattendu caressa son échine. Ses yeux émeraude plongèrent dans l’azur des siens. « Moi aussi. » Sa bouche s’assécha. Elle racla sa langue sur son palais, avant de déglutir. « De vous rencontrer, enfin. » Elle plaça ses mains autour de lui. Une drôle de sensation l’envahit lorsque son corps se lia au sien. Elle inspira, prête pour la valse. Savait-il danser comme les nobles dansaient ? La rousse eut honte de cette pensée. Il avait dû apprendre, oui. « Comment ? Non, bien sûr que non. Même si c’est vraiment troublant. » Elle secoua la tête. « Elzibert est un ami. Si cela peut vous rassurer, il en aime une autre. » Si cela pouvait le rassurer ? Le rassurer pour quoi ? « Il ne peut pas l’épouser, mais… » Elle se pinça les lèvres. « Je ne vais pas vous embêter avec ça. » Surtout, elle était d’une maladresse affligeante : il valait mieux qu’elle se tût. Il valait même mieux qu’elle arrêtât de penser. Si seulement il avait été possible d’éteindre son cerveau ! « Fermer les yeux ? » répéta-t-elle, étonnée par sa proposition. Elle le dévisagea, la curiosité brillant au fond de ses prunelles. Finalement, elle sourit. « D’accord. » L’adolescente ferma les yeux. Ses doigts, d’abord crispés sur l’épaule et autour de la main de son cavalier, se desserrèrent à mesure qu’elle se laissa entraîner par ses mouvements.

Rapidement, la jeune fille oublia le bal, la piste de danse et les invités. Il n’exista plus qu’un monde de ténèbres au cœur duquel elle tournoyait, légère et libre comme un oiseau. Le corps de Clémentin effleurait le sien telle une brise s’engouffrant dans son plumage. Ses courants ascendants et descendants l’appelaient ; elle les suivait sans se soucier de l’espace et du temps qui passe. À cet instant, il lui semblait que son poète incarnait ce que ses vers créaient : une beauté intemporelle, insaisissable et inoubliable. « Oui. » chuchota-t-elle, envoûtée par ses gestes. Il dansait plus que bien. Son toucher et ses mouvements imprimaient des interdits sur sa peau et, pis encore, dans les recoins les plus intimes de son corps. Cependant, elle ne cherchait pas à s’y soustraire, bien au contraire. Quelque chose, quelque chose d’inexplicable, habitait le garçon d’écurie et enveloppait délicieusement Rosette : une confiance qui l’aurait poussée à le suivre jusqu’au bout du monde, s’il le lui avait proposé. Comment avait-elle fait pour ne pas le remarquer durant tout ce temps ? Comment faisait-il pour se fondre si bien dans la blondeur de la paille et l’odeur musquée des chevaux ? Était-ce dû à tous ces voyages qu’il avait effectués ? L’emmènerait-il, si elle le lui demandait ?

Peu à peu, elle le sentit ralentir la cadence. Les notes de musique s’étiolaient. Finalement, elles laissèrent place à un silence ponctué du brouhaha des grandes réceptions. La rousse garda les yeux fermés un instant, pour s’enivrer encore des sensations de leur valse. Puis, elle rouvrit doucement les paupières, et battit des cils pour se réhabituer à la luminosité de la salle. Dès qu’elle ne les importuna plus, ses pupilles scrutèrent Clémentin. Son cœur reprit peu à peu un rythme normal, ralenti par la déception d’avoir dû s’arrêter et la tristesse de savoir qu’il allait devoir s’éloigner. Il se remit à battre plus fort, sidéré par les inepties qui le traversaient de part en part. C’était de la folie. « Demoiselle d’Eruxul. » La voix la fit sursauter ; elle fit volte-face, vivement. « Pardonnez-moi de vous importuner. » Le domestique les regarda tour à tour, avant de lui tendre un papier. « Messire Natanaël d’Ukok m’a demandé de vous délivrer ceci. » Lâchant tout à fait Clémentin, elle le prit, troublée. Elle avait la sensation que l’on venait de l’arracher à un rêve. « Merci. » La rousse regarda le mot un instant, puis le déplia et le lut. Elle fronça les sourcils, avant de relever la tête et de chercher les deux concernés dans la salle. Yvonelle n’était effectivement pas là. Natanaël se tenait près du buffet et les regardait. Elle pinça les lèvres. L’avait-il fait exprès ? En temps normal, ce ne serait pas la première pensée qui lui serait venue ; mais le souvenir du comportement d’Elzibert projetait son ombre sur celui de son amant. L’agacement piqua sa poitrine. L’interrogation la plus logique vint ensuite : pourquoi Yvonelle avait-elle délaissé son fiancé au profit des jardins ? S’étaient-ils disputés ? Ou avait-ce quelque chose à voir avec l’attitude du brun et son non-désir de venir au bal ? C’était l’hypothèse la plus probable. Le comportement d’Elzibert était étrange, celui d’Yvonelle aussi ; seul Natanaël semblait avoir agi à peu près normalement. Que s’était-il passé au domaine d’Etamot ? Elle chercha le brun des yeux. Il était avec Irène d’Errazib. Elle pouvait tenter de faire d’une pierre deux coups ; le sauver des bras de la folle du royaume et le renvoyer vers Yvonelle. Si le problème les concernait tous les deux, ils avaient besoin de se parler. Si ce n’était pas le cas et qu’Elzibert ne se déplaçait pas, elle interviendrait. « Attendez. » Le serviteur, qui avait commencé à s’éloigner, revint sur ses pas. « Oui, mademoiselle ? » - « Pourriez-vous remettre ce mot à Elzibert d’Etamot, s’il vous plaît ? Dites-lui que je pense qu’il gérera bien mieux cette situation que moi. » - « Très bien, je m’en occupe. » - « Merci. » Elle le regarda s’éloigner, songeuse, puis accorda une œillade à Natanaël, qui conversait avec Ezidor de Xyno, le médecin qui séjournait chez les d’Etamot.

Sans rien ajouter, elle se tourna à nouveau vers Clémentin. « Je suis désolée. Mes amis ont quelques affaires à régler entre eux, mais on ne devrait plus être dérangés. » termina-t-elle, à voix basse. Les yeux céruléens du brun l’inondaient. Elle inspira pour éviter de se noyer. « Vous me devez encore une danse. » Ils venaient d’exécuter celle du ruban ; il restait à effectuer celle qu’elle lui avait demandée, dans sa lettre. « Me l’accorderiez-vous ? » Comme il consentait, elle se repositionna ; une main dans la sienne, l’autre sur son épaule. Les premières notes montèrent. Elle suivit ses pas. « Vous dansez bien. » dit-elle, au bout de quelques secondes. Un sourire étira timidement ses lèvres. « Poète, danseur… Quels autres secrets cachez-vous ? » Ses yeux sondèrent les siens. Progressivement, ils se parsemaient d’éclats moins effarouchés, plus malicieux. « Et tous ces voyages… Où êtes-vous allés ? » Quelles contrées avait-il explorées ? Qui avait-il rencontré ? Qu’avait-il appris ? « Je vais finir par croire que vous n’êtes pas du tout un garçon d’écuries. » Elle s’interrompit. « Pardon, je ne veux pas vous mettre mal à l’aise. C’est juste que… Enfin, vous me rendez curieuse, forcément. » Ses iris bondirent sur différents points de son visage, à la recherche d’une expression qui trahirait ses pensées.



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Ven 04 Nov 2022, 18:40




Les Portes – Chapitre V

En groupe | Hélène


Rôle :


« Vous avez une façon de danser peu commune. » déclara la princesse dans un sourire. Les mouvements étaient plus énergiques, plus amples ; sa robe tourbillonnait autour de ses jambes, quand elle avait simplement l’habitude de les frôler délicatement. Son cœur battait plus fort derrière ses côtes et ses muscles s’échauffaient sous la pression de l’effort, mais cela ne la dérangeait pas. Chacun dansait selon son caractère. Elle avait tendance à s’adapter à la gestuelle de son cavalier – être une femme, dans ces circonstances, était un avantage non négligeable, car il fallait se laisser guider. Encouragés dans leurs déplacements, les hommes révélaient à leur insu le caractère qu’ils s’étaient forgés. Childéric l’avait menée doucement, fermement et précautionneusement, et il agissait ainsi dans de nombreux domaines de sa vie. Merlin était plus impétueux, vif et brusque. Cela concordait avec les récits qu’on lui avait faits de sa conduite. « Vous m’en voyez désolée. » répondit-elle dès qu’il aborda la situation de sa sœur et fiancée. Elle s’en doutait, pour ne pas dire qu’elle le savait déjà. Au cœur du palais, les rumeurs allaient vite, d’autant plus lorsque l’on savait à qui s’adresser. « C’était un risque à prévoir. J’espère que cela n’entachera pas les relations entre nos deux royaumes. Ce n’est pas ce que mon frère souhaite. » La blonde jeta un nouveau regard en direction de la position du roi : il n’était plus là, et Lambert non plus. Il faudrait qu’elle s’arrangeât pour danser avec lui, lorsqu’il reviendrait. Ses iris retournèrent se poser sur le père de son cavalier. « Vraiment ? » Son regard s’ancra sur Merlin. Elle se méfiait de lui. Les récits de sa cruauté laissaient supposer une certaine ingéniosité, si bien qu’elle préférait ne pas le croire idiot. C’était là le plus grand risque qu’encourraient ceux qui orchestraient des complots : sous-estimer les autres.

Comme il en parlait, elle regarda le bracelet. Les lustres jetaient sur ses pierres des feux profonds, qui roulaient au cœur de la transparence des joyaux. Lentement, elle releva les yeux vers son cavalier. Bien que jeune, il présentait un potentiel certain ; de la finesse de ses propos se dégageait une clarté qui était tout à son honneur. Garance ne pouvait que se féliciter d’avoir fait renforcer la garde, bien qu’elle fût consciente que cette simple mesure ne suffirait pas à défaire toutes les tentatives de violence. Les loups étaient entrés dans la bergerie. Mais peu importait les pertes, pourvu qu’elles servissent ses intérêts. « En cela, les politiques de nos royaumes diffèrent. Mon frère et ses prédécesseurs ont tenu à faire de leurs terres un havre de paix où il fait bon vivre et où chacun trouve sa place. » Montarville avait épousé la sœur de son meilleur ami et assuré la prospérité au sein de son pays. En matière de politique, il ne tournait le regard vers l’extérieur que pour échanger de franches poignées de main. En matière de femme, il ne le faisait jamais. Même dans la mort, il demeurait fidèle à Déliséa. « Si vous demandez aux gens d’ici, ils vous diront sans doute que les conquêtes peuvent ouvrir la porte à toutes les folies. Prudence est mère de sûreté. » acheva-t-elle dans un nouveau sourire. Pourtant, c’était peut-être cet entre-soi gorgé de sécurité qui finirait par faire péricliter ce royaume.

Un sourire étira franchement ses lèvres, tandis qu’un souffle amusé s’échappait de son nez. « Tenez-vous à faire de moi votre belle-mère ? » répliqua-t-elle, un brin de taquinerie dans la voix. « Ou avez-vous l’ambition de m’épouser ? » Elle haussa un sourcil, sans se départir de son sourire. Au fil des années, peu désireuse de s’emprisonner, elle avait éconduit nombre de prétendants. Son cavalier l’envoya au bout de son bras ; elle tourna, puis revint, plus près que précédemment. Elle le laissa s’approcher de son oreille et y murmurer ces violences. En conservant un masque de marbre, elle se décala pour pouvoir observer son visage. Ses iris brûlaient. Elle ne le quitta pas du regard. Qu’avait-il manigancé ? Le cœur de la princesse battait lourdement. Elle essayait de se remémorer des informations qu’elle avait pu oublier. Elle repensa à Montarville, parti en compagnie de Lambert. Adolestine dansait avec Ludoric. Placide dormait sans doute paisiblement à la campagne. Coline, derrière Merlin, disparaissait dans les couloirs en compagnie de Judas. Garance ne cilla pas. Elle ramena ses yeux bleus sur le prince et se dégagea avec douceur, avant de reculer d’un pas pour mettre définitivement fin à la danse. « Comptez-vous finalement me trancher la gorge ? » demanda-t-elle, son regard ancré dans le sien. « Ou présupposez-vous que je vous crains ? » Elle revint vers lui, légèrement de côté. « Vous avez vos atouts, j’ai les miens. » Et elle n’hésiterait pas à les abattre s’il tentait quoi que ce fût. La blonde posa une main sur son bras. « J’ai bien peur que les couloirs soient occupés par votre père et ma nièce. Mais je reste curieuse de savoir ce que vous avez à dire. Que diriez-vous d’une promenade dans les jardins ? » Comme il acceptait, elle prit son bras et se dirigea vers l’extérieur. Cachée par les nuages, la lune n’éclairait que faiblement. Les torches jetaient des lumières tortueuses sur les chemins. Elle s’engagea sur l’un d’eux et, au bout de quelques mètres, reprit leur conversation d’un ton badin et à voix basse : « J’espère que vos manigances sont bien menées. Il serait regrettable que cette promenade commune nous porte préjudice. » En vérité, elle se moquait de ce qui pouvait lui arriver. En revanche, elle tenait à sa propre tête. « Votre père vous épaule-t-il dans vos entreprises ? »



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Les Portes - Chapitre V  - Page 15 4yi9
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Les Portes - Chapitre V


Musique
Attention, c'est un vilain pas beau

Rôle:

Hermilius avançait en douceur dans les jardins. Il avait commencé à suivre Ezidor et Natanaël pour une raison mais cette raison s’était comme envolée depuis que la silhouette ombragée du médecin lui semblait soutenir de plus en plus celle du fils d’Ernelle d’Ukok. Il avait souhaité souffler quelques mots au brun en l’apercevant près du buffet et se retrouvait à présent chasseur de pédophile. Enfin… chasseur était un bien grand mot, puisqu’il n’était pas dans ses principes d’interrompre les déviances d’autrui, bien au contraire. Elles lui servaient trop pour qu’il pût s’en passer. Surtout, il aimait ça. Aussi, en tâchant de rester invisible, aussi discret et silencieux qu’une araignée dans une forêt lugubre, il suivait le duo, attiré par l’odeur du vice. Quelle ironie, n’est-ce pas, qu’Ernelle choisît de protéger sa sœur – puisqu’il s’agissait de cela, il n’était pas dupe – et de délaisser complètement son fils. Hermilius était patient mais certaines choses avaient tendance à l’agacer. Clémentine était-elle handicapée ? Il se posait réellement la question, depuis la scène qui s’était déroulée à l’intérieur. Ne pouvait-elle donc pas exprimer ses désirs seule ? Avait-elle besoin de sa sœur pour l’encadrer ? Était-elle simple d’esprit, ce qui expliquerait sa vertu et le fait qu’elle ne fût toujours pas promise ? Parce que, honnêtement, si c’était cela, il préférait cesser de la courtiser. Il désirait épouser une femme vertueuse, certes, mais pas un bébé duquel on devait changer la couche. En tout cas, s’il avait été Ernelle, il n’aurait jamais osé. Lui-même n’aurait pas tenté une mise en scène si grotesque pour sortir Eléontine d’un mauvais pas. Il ne l’aurait pas fait parce qu’il avait foi en elle. Néanmoins, il était possible de prendre le problème dans le sens inverse. Peut-être Clémentine était-elle vertueuse et seule justement parce qu’elle était bien trop couvée. Cette fratrie était étrange. Ernelle était une femme célibataire, avec un enfant. Childéric, malgré son statut, n’était toujours pas promis. Quant à Clémentine… elle avait l’esprit pur mais des tableaux de son corps dénudé existaient bel et bien. Childéric prostituait-il ses sœurs ? À moins qu’Ernelle ne pût supporter de rester trop éloignée de son frère et de sa sœur, sacrifiant par là même la vie de couple qu’ils auraient pu avoir ? Toutes les hypothèses étaient possibles et il n'avait aucune idée de ce qu’il se tramait exactement entre les d’Ukok. En tout cas, il n’avait pas apprécié ce qu’il venait de se passer. Le vin n’avait pas tâché les vêtements outre mesure et les cris portés sur le domestique avaient semblé étonner Clémentine elle-même. Cette fuite – puisqu’il fallait l’appeler ainsi – n’avait aucune subtilité. Il aurait peut-être dû tenter de rattraper Clémentine mais, prise en otage comme elle l’avait été, il n’avait eu d’autre choix que de la laisser partir. Le contraire aurait été impoli.

À la suite de cette aventure, et comme il le savait de retour, Hermilius avait souhaité discuter avec Ezidor d’un nouveau contrat. Cette Ernelle était un furoncle sur son orteil et le médecin possédait des méthodes particulièrement efficaces pour arracher les abcès et les faire disparaître à jamais. Tout se négociait et il le savait parfaitement. Il aurait même pu lui demander un philtre pour plonger Clémentine dans l’inconscience plusieurs nuits de suite, afin de la violer et de l’engrosser. Prise par la honte, elle n’aurait eu d’autres choix que de trouver un mari rapidement : lui. Néanmoins, malgré ses idées tordues, il rechignait à employer de telles méthodes avec la jeune femme. Il sombrait souvent dans la critique et aimait la dénigrer lorsqu’elle lui échappait mais il culpabilisait et cessait. Elle n’était pas comme les autres à ses yeux. Ce qu’il ne comprenait pas, en revanche, était le comportement d’Ernelle. Qu’il eût été surpris, la chemise ouverte, proche de deux femmes en train de discuter ne constituait pas un crime. Certes, la peau de son torse avait été visible et cela pouvait atteindre la pudeur, mais ce n’était pas un vice de sa part. Peut-être que la situation portait à confusion mais n’importe quel individu de censé aurait cherché une explication et l’aurait interrogé. Elle pouvait se méfier mais il n’avait rien fait contre sa sœur, rien de répréhensible. Il présentait bien et n’avait jamais attiré l’attention sur lui. Malgré ses vices et les coups bas qu’il avait fait, il avait su rester prudent jusqu’ici. Personne ne l’avait jamais soupçonné et voilà qu’en cherchant à bien agir, on le prenait pour un pervers. À moins que cela n’eût rien à voir avec lui et qu’Ernelle préférât un autre prétendant pour Clémentine, d'où son comportement ? Néanmoins, là encore, sa pensée revenait au même point : la sœur de Clémentine faisait œuvre d’ingérence dans sa vie.

Lorsqu’il vit Ezidor s’arrêter, il chercha un endroit pour se dissimuler. Il trouva refuge derrière une statue et observa la scène, curieux. Le visage dans les feuillages, Natanaël était méconnaissable. De loin, il serait possible de penser à un couple partis à la conquête d’un peu d’intimité. Il sembla clair à Hermilius que si quelqu’un les surprenait – quelqu’un d’autre que lui – il ferait demi-tour, gêné, sans comprendre de quoi il s’agissait exactement. Il sourit. Ça lui rappelait la fois où il avait espionné Eléontine et Gustave au lit. Il n’était pas si vieux à cette époque et c’était lors de cet événement qu’il avait compris à quel point il aimait regarder. Il préférait les femmes mais Natanaël n’avait pas encore atteint l’âge adulte. De loin, ça revenait au même. Il se demanda ce qu’il devait faire. S’il aidait Natanaël, il pourrait s’attirer les faveurs de Clémentine et convaincre Ernelle de son innocence. Néanmoins, cette dernière s’était montrée agaçante. Vu son caractère elle le soupçonnerait peut-être encore. Il n'était pas à l'abri d'une folie accusatrice et il préférait ne pas prendre de risques. Enfin, il savait qu’il se sentirait mieux, une fois qu’Ezidor aurait commis son forfait. Il n’aurait plus besoin de se venger sur la mère car, en atteignant l’enfant, cette dernière serait aussi touchée en plein cœur. Ça marchait souvent ainsi. En plus, puisque le médecin savait y faire, l’affaire ne serait pas révélée tout de suite – ou jamais. Il garderait donc précieusement l’information en tête et y repenserait si la d’Ukok continuait de l’empêcher d’atteindre sa sœur pour une raison obscure.

Hermilius passa sa main dans son pantalon afin de remettre ses parties en place. Malgré l’âge respectif des deux protagonistes, il ne pouvait pas s’empêcher d’être excité par la scène. Il repensa brièvement à Coline. Il allait rester là, à regarder et à savourer. On lui avait refusé sa danse avec Clémentine alors il allait admirer une autre danse, plus cruelle et traumatisante. Enfin, pour qu'un traumatisme pût s'installer, encore fallait-il s'en souvenir. La vie de Gustave ne semblait pas avoir changé depuis le passage d'Ezidor. Celle de Natanaël ne changerait peut-être pas non plus.

1069 mots



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Sam 05 Nov 2022, 14:34



Les Portes


« Ah oui ? » lui demandai-je. Je trouvais son approche étonnement agréable. Une personne normalement constituée aurait peut-être cherché une solution pacifique au problème. Irène non. Irène me confortait dans mes impressions et allait plus loin, sans aucune gêne. Le fait qu’elle le fît me donnait envie de la suivre, par curiosité, pour voir jusqu’où est-ce que nous pourrions aller. « Ce à quoi il tient le plus… » répétai-je, avant qu’elle ne prononçât le nom d’Eléontine. Je déglutis. Je l’avais déjà prise, en un sens, même si j’avais plutôt l’impression qu’il s’agissait de l’inverse. J’étais peut-être trop jeune pour faire œuvre de conquête. Elle m’avait conquis et m’avait fait ce qu’elle avait désiré. J’avais entrepris de la satisfaire, pour répondre à ses attentes et à ses commandements. Je n’en avais jamais parlé à Déodatus et me voyais mal m’en vanter à présent. « Hum… » Ce n’était pas ça… ça n’aurait aucun sens. Ce n’était pas ce que je voulais. Je désirais lui faire mal mais davantage avec mes poings qu’avec un stratagème. Je n’étais pas taillé pour cela : fomenter des manœuvres contre autrui. Je ressentais pourtant une colère claire. Avait-elle raison ? Devais-je lui faire regretter par un moyen détourné ? Me réjouirais-je de le voir souffrir ? J’en doutais. Ce serait trop long, là où je voulais une vengeance immédiate. « Quelqu’un qu’il n’a pas seulement observé ? » Elle me perdait. Elle était folle, après tout. Cependant, rien ne m’interdisait de l’accompagner un moment sur la route de la démence. Elle me mettait pourtant mal à l’aise, à me toucher ainsi, à coller sa tête contre mon épaule. Le contact me rappelait bien autre chose. Je l’avais surprise avec une fille. La scène était toujours intacte dans ma mémoire, même si cela faisait un certain temps maintenant. Aimait-elle ce genre de pratiques ? Elle semblait apprécier dominer et c’était l’inverse qui me plaisait chez les femmes : le fait qu'elle fût soumise, comme celle avec qui elle s'amusait alors. Peut-être était-ce à cause du grand pouvoir qu'avait eu Eléontine sur ma personne ? « Je regarderai. » promis-je, tout en redoutant ce que je risquais de découvrir. La possibilité qu’il s’agît d’un cadavre tourna dans ma tête quelques secondes avant de disparaître. Déodatus ne ferait pas ça.

« Ah ? » Ennuyante ? Je ne comprenais pas. Pas plus qu’une autre. Elle rêvait beaucoup mais je la trouvais séduisante et intéressante. « Trop sage ? Pourquoi ? Vous ne me trouvez pas sage ? » C’était étonnant, assez pour que je m'interrogeasse sur ce qu'elle savait de moi. Plus elle parla, moins je lui posai de questions. Mon malaise ne faisait que croître. Comment savait-elle que je lisais beaucoup ? Comment savait-elle ce que je lisais ? Et… cette femme dont elle décrivait les vertus, était-ce elle ? Je déglutis, contre elle par la force de sa volonté. Ses paroles me semblaient râper ma peau. Néanmoins, je ne pouvais pas m’empêcher de réfléchir sérieusement à sa proposition. Rosette ne voudrait très certainement pas se marier avec moi. Elle attendait l’élu, l’homme qui ferait battre son cœur et qu’elle épouserait par amour. Je n’avais qu’un mariage de raison à lui proposer, entremêlé d’un désir de ma part qui me rendrait la création d’une descendance plaisante. Mais si elle refusait ? Irène était folle mais elle n’était pas horrible à regarder, au contraire. Surtout, elle était riche. Je ne comprenais pas tant les problèmes financiers qu’elle évoquait. Je ne nous croyais pas dans la misère. Néanmoins, j’étais peut-être trop jeune pour m’en préoccuper. Elle avait peut-être raison. Si je l’épousais, j’aurais sa propriété et ses biens. Si ma mère avait besoin, je serais en capacité de l’aider. Et… si elle disait vrai, elle me laisserait faire ce que je désirerais.

J’allais lui poser des questions mais elle enchaîna sur mon amour pour Yvonelle, sur la raison qui m’avait poussé à garder le silence. Je déglutis encore. Elle n’avait pas tort. J’aurais dû le dénoncer directement, ou sortir sans attendre. J’avais voulu éviter qu’il sût ce que ma sœur et moi faisions ensemble mais, finalement, peut-être aurait-ce été plus sage ? « Quoi ? » l’interrogeai-je, furieux quant à ses derniers mots. « Non, il ne peut pas me prendre Yvonelle ! » fis-je, de façon bien trop brusque pour que mes propos pussent s’appliquer à une simple relation entre un frère et sa sœur. Je fermai les yeux en comprenant mon erreur, agacé contre moi-même. Heureusement que c’était elle. J’inspirai, le temps de me redonner contenance, et plongeai mon regard dans le sien. « Si je vous épouse, vous m’aiderez à protéger ma sœur des perversions de Déodatus ? » lui demandai-je, avant d’être interrompu par un domestique venu me remettre un mot et le message de Rosette. La valse touchait à sa fin. Je lus avant d’observer la rousse, dans les bras de ce type... Ainsi était-ce donc ça ? Elle préférait faire la poule aux bras de ce coq de bas étages plutôt que d’aller s’occuper d’Yvonelle ? Combien de danses allait-elle lui offrir ? Toutes ? Où était l’amitié dans tout ça ? Je serrai les dents et reportai mon regard sur Irène. « Nous reparlerons de cette histoire de mariage. En attendant, est-ce que vous pourriez me rendre un service et les séparer ? » Je donnai un petit coup de tête en direction des deux tourtereaux. « Vous n’avez qu’à, je ne sais pas, poignarder ou arracher un œil à ce connard. » Je ris, trouvant ma plaisanterie macabre satisfaisante. Je détestais cet homme. « Excusez-moi. » lui dis-je, avant de la quitter pour me diriger vers les jardins.

Yvonelle ne s’était pas trop éloignée et, malgré la demi-obscurité, je pus facilement la trouver. Elle était en compagnie d’une autre fille. « Yvonelle… » soufflai-je, en arrivant vers elle. Je m’accroupis devant ses genoux, afin de voir son visage. « Qu’est-ce qu’il s’est passé ? C’est qui ? Déodatus ? » Je m’interrompis, le temps de réfléchir. Elle dansait avec Natanaël plus tôt. « Natanaël t’a blessée ? » Mon regard tomba sur l’inconnue. « Je suis désolé du dérangement. » lui dis-je, sans oser lui demander de partir. Elle ne semblait pas heureuse non plus. Elle avait une bouille attendrissante mais clairement mélancolique. Je reportai mon attention sur ma demi-sœur. « Tu l’as vu récemment ? Je ne l’ai pas aperçu dans la salle de bal… Ce pourrait-il qu’il… » La trompait-il ? La présence de l’autre blonde rendait la communication difficile mais je finis néanmoins par demander : « Est-ce qu’il te trompe ? » Mon cerveau imagina des liens. « Avec elle ? » interrogeai-je, en désignant l’autre jeune fille. C’était possible, après tout. Cela expliquerait le chagrin des deux. Si c'était ça, j'allais le tuer. Il ne pouvait pas avoir le culot d'être marié à ma sœur et de la tromper avec une autre.

1084 mots
Lucius - Elzibert:

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Kyra Lemingway
Sam 05 Nov 2022, 22:55


Les Portes

Je fermai brièvement les yeux aux mots que m'offrit Ludoric avant de m'ancrer dans ses iris et me pincer les lèvres lorsqu'il exprima d'une phrase claire ce que j'avais difficilement essayé d'expliquer. « D'une certaine manière. Pas forcément "avec" moi juste... Partir. ». Il m'était encore difficile d'assumer ma décision. Il y a quelques jours de cela, ce souhait m'était paru si irréalisable. Puis s'était dessinée l'évidence. La principale barrière qui m'avait empêché d'essayer de partir, c'était moi-même. L'appréhension de plonger dans un univers inconnu, comme d'avancer à tâtons dans l'obscurité et le silence. Lorsque enfin j'ai eu réussi à faire sauter ce mur, tout m'avait semblé si simple, mais si cruel également quand je pensais à ceux que je devrais abandonner. L'une des raisons pour lesquelles j'avais proposé au rouquin de se joindre à moi, avec Placide. Je craignais de laisser seul mon petit frère dans la fosse au lion que pouvait être ce palais. Avec Ludoric, nous ne partagions pas le même avis sur la volonté qui pourrait l'animer. Je savais Placide être prêt à tout pour pouvoir vivre son idylle comme il le souhaitait, quitte à se faire porter pâle pour pouvoir se travestir et danser librement avec son aimant. Quitte à préférer se lover dans les bras de la Mort plutôt que dans ceux d'une princesse enragée. « Inutile de vous excuser. Ce n'est que la vérité. Ce serait vous mentir que de nier ne pas souffrir par avance de la douleur qu'aura à subir mon père à cause de mon égoïsme. » souris-je tristement. La deuxième barrière qui m'avait retenue dans ma cage : les sentiments de mon père. C'est ainsi dans le silence que je pris connaissance de ceux de mon cavalier, ainsi que des raisons qui l'empêchaient d'accepter ma proposition. « Je comprends. » soupirai-je seulement, mon regard partant trouver le chef des armées en réaction à cet aveu. A la place j'aperçus Clémentin au bras de ma cousine. Il n'aura fallu que d'une seconde pour que le germe de la jalousie vienne se planter dans ma poitrine et enserrer mon cœur de ses racines amères. Bien que nous ne fussions pas à proximité, je pus aisément discerner son expression et son attitude. Ce n'était pas seulement de l'aménité. C'était plus que cela. Je savais ce sentiment ridicule pourtant. Cela fait longtemps que je me suis faite à la raison que notre différence de rang nous menait, obligatoirement, à une relation des plus platoniques. Et le problème était équivalent avec Rosette. Pourtant, de la voir profiter d'un regard auquel jamais je n'eus droit, je ne pus empêcher cette acerbe rancœur de m'envahir. Je déglutis et me forçai à me détacher de leurs silhouettes pour retrouver le visage apaisant de Ludoric. « Avouer ? » répétai-je alors, surprise par la révélation qu'il me fit. Était-ce une si bonne idée ? En tout cas, son argumentaire faisait sens. Les yeux baissés et un sourire étirant mes lèvres, je l'écoutais avec attention et tendresse. Placide était prêt à tout pour Ludoric, même au pire. Ludoric était prêt à tout pour Placide, même au plus infamant. En cela ils avaient à eux deux plus de courage que quiconque entre ces murs. Cependant, cette détermination eut pour terrible effet de diminuer la mienne et me faire douter de mon entreprise. Pouvais-je réellement abandonner Placide pour un événement comme celui-ci ? Je ne relevai le regard que lorsqu'il m'interrogea sur mes propres projets. Dans une inspiration je penchai la tête sur le côté, le regard perdu dans le vide tandis que je visitai mentalement ces innombrables lieux fantasmés, la rêverie accrochée aux lèvres. « Je vais déjà commencer par apprendre à faire un feu par moi-même. » ris-je en songeant que le début de mes aventures passerait avant tout par l'apprentissage de ces besognes que l'on ne conférait normalement qu'aux paysans. « Je vais également aller voler une de ces tenues masculines à la princesse d'Uobmab avant de partir. Le voyage sera plus aisé ainsi que si je devais m'en aller dans cette robe pleine de froufrous. » continuai-je, blaguant à moitié. Puis je fermai les yeux, la musique me plongeant plus encore dans ces étendues infinies et inconnues. « On dit les terres régies par le roi Arthur, prospères et paisibles. On raconte que certains y ont même appris les arts occultes de la magie. Peut-être irai-je là-bas. Mais avant il y a un autre royaume que je tiens à visiter plus que tout. ». Mon sourire s'étira comme je rouvris les paupières. « Celui-ci. » fis-je après un court temps. Je tournai le visage vers l'extérieur. « Cette terre m'a vu naître et pourtant je la connais si peu. Nos précepteurs nous ont appris à connaître le moindre hameau et le moindre ruisseau s'y trouvant. Mais quid de la vie de ses habitants ? Sont-ils heureux ? Quelles sont leurs coutumes, leurs fêtes ? Qu'est-ce qui différencie un village d'un autre ? Quel est le rythme de vie de l'éleveur, du rémouleur ou du charpentier ? Et celui des hommes et des femmes d'église au sein de leur paroisse ? ». Je marquai un temps. « Quel est leur vision de l'amour ? Du romantisme ? De la vie ? De la mort ? » conclus-je alors. J'aimais ma terre autant que Ludoric l'aimait. Lui avait fait le choix de la protéger des assaillants potentiels. Moi j'avais décidé d'apprendre à connaître tous les sentiments qui l'animaient et découvrir le monde qui la faisait vivre. Les notes ralentissant, j'égarais un instant mon attention par-dessus l'épaule de Tuorp. La salle s'était étonnamment vidée, ce qui me permit de constater l'absence tant des d'Uobmab que de ma famille. « Je vous souhaite de tout cœur que Placide soit d'accord pour révéler votre liaison et que le monde l'accepte. Même si j'imagine que la pilule risque d'être particulièrement difficile à avaler pour votre père. » ricanai-je en reprenant le fil précédent de la conversation, avec une inquiétude certaine toutefois. Cet homme était trop fier pour qu'il acceptât que son unique héritier préférât s'unir à un membre du même sexe plutôt qu'à une demoiselle pouvant lui offrir une longue et digne lignée de mini Gustave en puissance. Le patriarche de Tuorp était finalement le principal problème qu'ils auraient à affronter. « J'irai voir Placide, pour lui dire au revoir. Je peux peut-être lui faire passer un message en attendant vos prochaines retrouvailles ? » fis-je sur les dernières notes de l'orchestre. Le temps de la réponse, et la dernière note retentit laissant un soupir emplir l'air. « Si vous voulez bien m'excuser, on m'attend pour une conversation qui semble ne pas pouvoir être reportée. » commençai-je en m'écartant de Ludoric avant lui offrir une révérence courtoise. « Sir de Tuorp, ce fut un plaisir de partager cette danse avec vous et ce serait un plaisir de réitérer cela à l'avenir. ». Puis, après un dernier sourire et m'apprêtant à m'éloigner, je fus illuminée d'une idée. « Si jamais Coline devait vous causer quelques soucis que ce soit, laissez-moi vous confier ceci. » fis-je, taquine, en me rapprochant jusqu'à frôler son oreille de mes lèvres de sorte qu'en un souffle tout juste audible il put clairement entendre ce que je souhaitais lui partager. « Elle n'a aucune honte à user de coups bas. Il est bon de garder quelques cartes en main face à ce genre de comportement. » ajoutai-je à voix haute en m'écartant. « Messire. » le saluai-je une nouvelle fois avant partir trouver Lénora que j'avais vue revenir plus tôt. Je posai une main sur son bras pour attirer son attention comme je me rapprochai d'elle. « Allons dans mes appartements, nous serons plus tranquille pour échanger. » lui fis-je avant nous diriger vers les couloirs. Lénora était une femme incroyablement gentille qui avait un problème identique au mien : elle s'inquiétait des sentiments des autres avant même s'inquiéter des siens. J'avais pu le constater les jours suivant l'intervention de Clémentin. Je le cherchai des yeux. Un poids écrasa mon estomac en le découvrant encore aux bras de Rosette.

Une fois le silence des couloirs, brisé du simple son du claquement de nos talons sur le carrelage, traversé et mes appartements atteints, je refermai la porte derrière nous afin de nous laisser dans un semblant d'intimité pour échanger plus librement. « Venez vous asseoir. » l'invitai-je en indiquant de la main un large fauteuil au tissu velours teinté de pastel bleu avant m'asseoir moi-même en face. « Que se passe-t-il Lénora ? Ce dont vous souhaitez me parler est-il d'une telle importance ? » l'interrogeai-je en croisant les mains sur mon jupon.
©gotheim pour epicode


Mots | 1441 (Note à Pripri : ce que chuchote Ado, c'est le secret de Coline <3)


La fête va enfin commencer, Sortez les bouteilles, fini les ennuis

Vive les pionniers, Les rebelles et les révoltés

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Min Shào
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Min Shào
Dim 06 Nov 2022, 10:43


Image par Pauline Voß
Les Portes - V


J'avais failli à dissimuler ma gêne : l'inconnue blonde était contrariée par mon comportement. A moins que ce sentiment ait été provoqué en premier lieu par la subtilité d'un buffle dont avait fait preuve Ernelle... mon amie avait le chic pour mettre les pieds dans le plat au pire moment. Mais cette maladresse ne traduisait que son honnêteté, et je la respectais pour cela. Néanmoins, je comprenais que chacun avait sa propre sensibilité.

Clémentine me fit signe de partir, au grand dam de mon amie. Mais de toute façon, elles avaient certainement une discussion importante à tenir. Nous aurions bien le temps de profiter l'une de l'autre plus tard dans la soirée... je m'inclinai et me dirigeai vers les cuisines, où Martin était entré, puis lui intimai de préparer les chevaux. Je retournai dans la salle de bal et entrepris de ranger le buffet. Un blond venait de partir sans même vider son verre. Autrefois, je ne réalisais pas l'étendue du gaspillage de la noblesse. Désormais, cela me faisait tiquer. Je vidai leurs restes dans un pichet caché sous le buffet, puis j'analysai la situation. La piste s'était déjà un peu vidée. Je suivis des yeux des couples qui se disparaissaient vers les couloirs sombres du château, et d'autres vers les jardins. Je soupirai. *Quelles futilités...* déplorai-je intérieurement, en songeant à la pureté de l'amour que le Roi avait porté à sa femme. Lui était au-dessus de cela. Il me semblât que le corps était trop précieux pour le donner à n'importe qui, et je peinais à comprendre des comportements comme celui de Sire De Tuorp.

Il me rappelait douloureusement mon père. Être témoin de ses bassesses m'avait changée. Quand il n'y avait pas d'amour, céder à l'appel de la chair était une preuve de faiblesse. Je songeai que, dépourvue de romantisme, leur vie de dépravés devait être bien insipide. C'était comme une flamme soufflée à jamais. Et au nom de quoi ? Une seconde d'euphorie des sens ? Il y avait bien assez d'autres plaisirs à apprécier dans la vie. Des plaisirs plus nobles. Plus propres. La pitié m'envahit alors que j'observais Dame D'Errazib se transformer en chatte frustrée, enroulant ses griffes autour de sa proie du jour. Était-ce une faiblesse charnelle ou un besoin maladif d'attention ? Le second cas était encore plus tragique à mes yeux.

Ce fut Adolestine qui me tira de mes rêveries. Elle m'entraîna hors de la salle de bal et mon cœur bondit. Maintenant...? Je n'étais pas prête. Mais le serais-je un jour ? Ses battements m'assourdissaient alors que je suivais la princesse. « Les... les chevaux sont en train d'être préparés », balbutiai-je, en m'accrochant à des éléments tangibles pour me distraire de mes tourments. Nous entrâmes dans la pièce silencieuse et la princesse alla droit au but. Cela ne lui ressemblait pas : elle était résignée, c'était certain. J'inspirai un grand coup. Par où commencer ? J'avais tellement à lui dire. « Je vous conjure d'écouter attentivement ce que je vais vous dire... sans m'interrompre. Vous comprendrez. » Ma paume se posa sur la sienne. « Il m'apparait que vous êtes une personne de confiance. Vous êtes quelqu'un de bien et c'est assez rare pour que je le souligne. » Je me reculai et me rassis, droite comme un pic. « Le rêve que vous nourrissez... je l'ai vécu. » Je me mordis la lèvre : mes mains tremblaient légèrement. Je devais arracher ces mots du plus profond de mon être. « J'ai fui la noblesse. Je me suis échappée de mon Royaume. Je me suis arrachée à ma famille et à ma terre en quête de liberté. Et puis... je suis arrivée ici. » Mon regard tomba honteusement sur mes genoux.

« Ce n'était pas une décision facile. Et la vie que je mène aujourd'hui l'est encore moins. » Je serrai mes doigts et replongeai mon regard dans le sien. « Le lien qui unit quelqu'un à sa famille est inestimable. Il est précieux et fragile. Vivre loin des siens... c'est une souffrance perpétuelle. » Elle voulait réagir : je m'approchai d'elle une nouvelle fois et reposai ma paume sur la sienne. Mes yeux brillaient d'une émotion débordante. « Quand on quitte notre famille, il n'y a plus de marche arrière possible. C'est la mise à mort d'un lien tel qu'il était. D'une confiance. » Des larmes roulèrent sur mes joues. Cette affirmation, je l'avais comprise petit à petit ; mais la formuler me brisait le cœur. Le visage de ma mère me hantait dans les moments difficiles, et je me rassurais toujours en songeant qu'elle n'avait pas disparu, que je pouvais revenir. Pourtant, rien ne serait plus jamais pareil. « Je... je ne regrette pas d'être partie. Mais j'aurais aimé faire les choses différemment. » Je serrai ses mains. « J'aurais dû me battre. J'aurais dû tout essayer avant de fuir. Mais parfois, affronter ses proches est plus difficile que de glisser sans bruit. Alors que parfois... il y a encore de l'espoir. » Ma voix se brisa. Je voulais lui dire que c'était son choix, que j'avais aussi gagné ma liberté. Mais plus aucun son ne sortait de ma gorge. Je tirai un tissu de mon tablier et enfouis mon visage à l'intérieur, honteuse. Je me surprenais à ressentir autant de tristesse. Le sentiment bondissait de mes tripes, inattendu et poignant. Un sanglot secoua mes épaules.

Mots : 938

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Dim 06 Nov 2022, 15:01



Durant l'ingrate tâche de son amie, Ernelle eut ce moment d'absence. Tic. Tac. Cela ne lui plaisait guère de voir Lénora réduite à un tel statut, même au sein d'un aussi illustre palais. Elle devrait briller, elle devrait être rayonnante et faire éclater sa véritable valeur aux yeux de tous sur la piste de danse. Montarville devrait l'admirer comme Ernelle avait pu l'admirer lors de leur première rencontre. Ernelle était peinée, autant par les tous récents événements que par ce méconnaissable portrait que lui offrait la domestique. N'importe quel requin de ce bal userait de cet avantage pour profiter d'elle, mais la D'Ukok se refusait d'utiliser un tel stratagème sur Lénora. C'était bien ce genre de comportement inique qu'elle combattait… Tic. Tac. Elle baissa les yeux, son attention amenuisée à l'encontre de l'inconnue blonde qui les quittait. Pourquoi Ernelle était-elle venue à cette soirée ? On n'avait pas besoin d'elle et elle ne se sentait pas à sa place. Pourquoi la noblesse devrait tant côtoyer la débauche et l'égocentrisme ? Comment De Lieugro pouvait tant attirer ces inepties ? Elle était déjà si lasse, et elle sentait l'inconfort de sa sœur déteindre sur elles. Elle observa une ultime fois Lénora ; elle ne portait pas sa bague, mais bien son ruban. Un sourire trop faible marqua ses traits avant que Clémentine ne la congédiât. Oui, elles auraient le temps de profiter l'une de l'autre plus tard.

La machiniste se figea sous l'impatience de sa sœur. Elle ne se rendait compte que maintenant que sa méthode fut si brutale, mais les mots de Lénora, de Hermilius, et même de Clémentine s'étaient si entremêlés entre ses deux oreilles qu'une boule de laine indissociable s'était formée. Elle s'était imaginée Natanaël dans une situation aussi similaire et avait fini par paniquer. Ernelle s'en voulait, mais maintenant que sa libellule lui indiquait que le danger ne se présentait plus dans la salle principale, la mère D'Ukok reprit contenance. Il n'était peut-être pas trop tard de sauver les meubles pour Clémentine, malgré sa visible impatience face aux semi-révélations d'Ernelle. En soi, cette dernière aurait pu garder les dires de Hermilius dans les tréfonds de sa mémoire, toutefois la position de sa sœur lui paraissait plus délicate. Elle était en droit de savoir. Velléités balayées, dans ce couloir à l'abri de toutes curiosités.

" Il calomniait Montarville, soi-disant qu'il cherchait à faire de toi l'une de ses maîtresses. Car, encore selon lui, Madeline D'Eruxul serait aussi l'une de ses conquêtes. Elle détourna le regard, elle n'aimait pas forcément lui parler de ça, mais elle n'avait pas le choix. Écoute, tu ne le sais sans doute pas mais j'étais proche de Montarville autrefois. J'imagine bien que les années et une couronne peuvent changer un homme, mais il m'est impossible de caricaturer notre Roi de la sorte. Ce n'est pas quelqu'un qui abuse de ses pouvoirs pour ses propres caprices. Elle s'en retourna sur elle. Même si Clémentine pouvait l'entendre, Ernelle préférait garder le secret de Lénora. J'ignore ce que les De Tuorp ont comme opinion de la royauté, mais trop de on-dit désignent Hermilius comme un être immoral. Je comprends mieux maintenant pourquoi tu étais désolée qu'il s'était rabattu sur moi… "

Par affection sororale, elle s'agrippa à son bras. Leurs pas, lents, les amenaient comme à la potence à mesure qu'elles se rapprochaient de la salle du bal. À croire qu'elles ne furent jamais destinées à joindre cette table d'échec, où les pions se mouvaient à une vitesse et une précision ahurissantes. Elle retint une brève moquerie, point si détachée du ressenti de sa sœur.

" Ne fût-ce pas toujours le cas ? Est-ce que les D'Ukok sont voués à être les dindons de la farce ? Son sourire s'effaça, l'intensité de son regard se fit plus pressante. Tu n'es pas la seule, ma sœur. Nous… Je suis là. Elle appuya son emprise sur son bras, une pression qui signait comme l'affection d'une mère à son enfant. Libre à toi d'en parler à Childéric ou quiconque si tu le souhaites. Faisons simplement en sorte d'éviter ce… danger. "

La musique et le brouhaha se firent plus proches. Cela lui était d'autant plus insupportable qu'elle aura l'impression d'y suffoquer. Qu'avaient-elles fait de mal, c'était une question juste…

" Allons-y. Abonda-t-elle en l'accompagnant plus dignement. Tu viens de chasser par mégarde mon binôme de ruban, mais tu sais très bien que je n'ai jamais été friande de valse. " Elle mentait éperdument ; puisqu'entre les doigts de Lénora, elle se sentait bien plus radieuse.

Peut-être honorera-t-elle cette fameuse danse, mais l'envie de retourner chez elle la titillait davantage. Dans cette salle de bal, elle laissa Clémentine vaquer à ses occupations et demeura inerte tout près de la sortie. Elle ne se voyait plus y rester. Pour autant… son regard croisa celui de Childéric. Durant un instant, elle hésita à le héler, lui faire prendre conscience que cette garde renforcée ne servait à rien en l'état. Elle se rétracta. Il semblait si accordé aux bras de Dame D'Etamot. Plusieurs sentiments désagréables noyaient son esprit, le plus proéminent étant cet irascible manque de confiance en lui ; et aux autres. Elle sentait comme une épée de Damoclès lui lécher la nuque de sa pointe salvatrice depuis tout à l'heure. Elle se détourna de ces frivolités et sortit une toupie mécanique qu'elle avait emporté avec elle, en guise de porte-bonheur ou d'anxiolytique. Une méthode triviale et pourtant si apaisante, quand elle faisait tourbillonner le gadget sur la table. À son arrêt, Ernelle se décidera. Tic. Tac.


997 mots ~
Je sers à rien




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Dim 06 Nov 2022, 17:26



Madeline fit tourbillonner plusieurs fois l'alcool entre ses joues gonflées. Visiblement contrariée, elle faisait fi des racontars créés par les scènes qu'elle fît depuis son altercation avec Lambert. Lui et Montarville n'étaient toujours pas revenus de leur soi-disant urgence. Mais elle s'en fichait, comme la pluie sur un arbrisseau déjà trop rassasié. Elle avala d'un coup toute la gorgée accumulée et espéra que les effets de la boisson appuieront ceux qu'elle désirait. Puisqu'en effet, ce philtre… Elle était circonspecte. Elle ne ressentait aucune différence, si cela n'avait été le début si capiteux. Se serait-elle trompée sur le dosage ou n'était-ce qu'une arnaque du médecin ? Dans les deux cas, Madeline peinait à y croire. Elle ne savait pas quoi faire, si ce n'était restée planter là, telle une fleur désireuse de se faire cueillir sous sa plus splendide floraison. Son attention rivée sur son verre – sur le reflet de ses iris brûlantes de désirs plus nombreux – elle patientait. Elle n'avait été bonne qu'à ça après. Attendre, encore, que le vent tournât. Elle comprenait encore moins Lambert : elle l'accusait d'adultère et son premier réflexe fût de jeter dans les jupons du Roi. N'était-ce pas là la preuve d'une insolente lâcheté ? Aurait-elle, finalement, épousé un couard doublé d'un parjure ? L'alcool ne l'aidait pas assez. Toutefois, plus il se mêlait avec la potion d'amour, plus son toucher lui donnait l'impression d'effleurer une vérité qui finirait par l'effrayer. Ainsi se raccrochait-elle à cette eau-de-vie, parcimonieuse, et les idées s'accumulaient, s'imbriquaient. Pourquoi Lambert, furibond, irait-il interrompre une valse royale après avoir appris au sujet du palefrenier… ?

Au moment où elle pensait comprendre, une voix familière s'imposa dans ce melting-pot de plus en plus désagréable. Machinale, son seul geste fut de faire face à Eléontine. Pas un sourire rayonnant, point d'éclat dans les yeux, une simple rotation qui trahissait toute la douleur qui entravait ses muscles. Elle semblait épuisée de toute salinité au point qu'aucune larme noyait son visage. Au-delà de ça, elle n'en avait plus la force : il lui fallait agir. Alors que son amie semblait l'étudier, ses iris bicolores flottaient sur leur arrière-plan. Les convives lui apparaissaient… si beaux. Si magnifiques. Si attirants. Depuis quand n'avait-elle pas été émerveillée par un tel bal ? Comment avait-elle pu encore douter des talents organisationnels de son mari ? La salle était si imposante, si lumineuse et merveilleuse. Toute cette scène éblouissait son regard et la fit paraître comme une enfant qui découvrait sa première soirée au sein du palais, juste l'espace d'une seconde. Elle était happée et étourdie par cette ivresse ; sans une main salvatrice, elle aurait pu choir dans de bien plus sinistres déshonneurs.

Une nouvelle fois, Eléontine la tirait vers le haut alors qu'elle s'était retrouvée si bas. Combien de fois avaient-elles réitérées ce schéma ? Combien de fois encore Madeline devait épuiser le bras de sa tendre amie ? Dans ces couloirs sinueux, le soudain silence – loin de la salle principale – lui fit entendre, limpide, cette culpabilité qui meurtrissait son cœur. Elle avait déçu Lambert, elle avait laissé Rosette dans sa plus cruelle ignorance, et maintenant elle avait envie de repousser Eléontine pour l'épargner de sa misère. La De Tuorp faisait preuve d'une trop grosse bienveillance à son égard et pour une fois, Madeline se sentait indigne. Hélas, comment résister ? Comment ne pas prolonger le contact entre leurs mains et la transmission de cette chaleur, si réconfortante, si honnête ?

Tu es si belle.

Le souffle court, elle braqua son attention sur Eléontine. Elle appréciait son toucher comme des caresses.

" "Pourquoi" ? Je… Elle tenta de dessiner le visage de Lambert dans son esprit, et échoua. Je ne sais pas… " Elle avait besoin de le voir pour elle-même comprendre cette obstination.

Seulement, l'unique visage qui lui apparaissait présentement était nul autre que celui de son amie. Elle ne pensait plus qu'à elle. Elle et l'amitié précieuse qu'elle lui offrait. Elle et ses incroyables histoires que Madeline sirotait avec autant d'avidité que ses thés. Elle et sa force d'esprit qui la rendait si unique et, au fond, fit germer une once de convoitise chez la D'Eruxul. Hélas, sans le vouloir, ce fut cette graine qui s'enracina dans ses présentes pensées. Peu à peu, de vives idées traversèrent son regard. Ces idées se métamorphosèrent en possibilités honteuses, avant de rapidement basculer de l'autre côté de la balance : des désirs irrépressibles.

Pas encore très... adultère.

À ces mots interdits, Madeline se mordit la lèvre inférieure. Elle dévorait le sucré de sa voix.

" Lambert, il… Elle secoua la tête, les yeux rivés sur sa robe. Il m'a poussée à l'attaquer sur notre mariage. Je l'ai vivement soupçonné de m'avoir trompée. Et tu sais ce qu'il a fait ? Elle-même n'en croyant toujours pas un traître mot, elle remonta son regard sur elle. Il n'a pas nié. Il ne s'est pas expliqué. Il s'est tout bonnement énervé que je ne lui ai pas parlé. Est-ce que tu te rends compte de cette absurdité ? Lui qui remet en compte MON silence ? L'embrasement revenait à la charge et l'obligea à en revenir sur le rythme étourdissant de leur promenade. Il était si furieux… "

Et elle en tremblait, la détresse de son être se répercutait sur le bras d'Eléontine. L'adrénaline de leur conversation l'autre jour venait de s'épuiser et Madeline reprenait conscience du pourquoi elle était demeurée fidèle et intransigeante sur sa loyauté, malgré le malheur et l'ennui dans lesquels Lambert l'abandonnait : parce qu'elle avait peur. Elle était terrifiée par sa colère, horrifiée à l'idée qu'il pût la surprendre en pleine acte, pétrifiée face à cette route où il lui ferait payer son audace. Ses lèvres se pincèrent, puisqu'il était sans doute déjà trop tard. Son mari reviendra de son urgence et sa femme retrouvera ses apparats de poupée de chiffon.

Nous changer les idées.

Sa marche cessa, ses jambes tremblaient sous ce supplice qui n'avait plus lieu d'être. Elles ne pouvaient plus soutenir toute la frustration qui débordait de son être. Le philtre l'avait droguée et l'alcool avait décuplé ce sentiment d'injustice qui bouillonnait en elle.

" Eléontine. Elle serra son emprise sur son bras, plus pour la retenir que pour l'emprisonner. Je n'ai pas besoin de la Princesse d'Uobmab pour ça. Le romantisme est mort. Il est mort depuis le jour où Lambert ne me parle plus. Il est mort depuis le jour où Gustave t'a trompée pour la première fois. Il est mort et je suis lasse d'essayer de le déterrer. Mes doigts n'en ont plus la force, mes ongles en sont détruits… Elle fronça les sourcils, emportée à nouveau dans cet ouragan incontrôlable. Je n'en peux plus. Ce n'est pas cette torture que mes mains devraient subir. Elles veulent quelque chose. Elle le sentait, au creux de ses paumes, qu'elles n'attendaient qu'à cueillir un mirage. Madeline grogna et fit à moitié face à son amie. J'ai besoin de ce quelque chose, Eléontine. Elle appuya son regard et l'entraîna, clémente, contre le mur opposé. J'en ai tant besoin, maintenant. "

Ces couloirs s'avéraient bien si silencieux. Madeline entendait son cœur battre, si fort. Et présentement, il ne tambourinait plus pour Lambert. À son tour, son toucher traça son chemin jusqu'au visage de sa confidente. Eléontine était si belle, elle aussi.

" Je t'en conjure, donne-le-moi. Elle ne trouvait plus ses mots, mais ses doigts, eux, exprimaient son appétence en effleurant ces lippes. Donne-moi… " Son souffle se consumait sous l'ardeur de sa géhenne, alors elle partit en quête de ce baiser jusqu'ici fantasmé.


1334 mots ~ (sans les mots d'Eléontine)
Et c'est le clap de fin d'une longue amitié



By Jil ♪
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Dim 06 Nov 2022, 18:03


Image par Joelin Tan

Explications


Bonsoir <3

Allez, on continue tranquillement  Les Portes - Chapitre V  - Page 15 009

Vu que la salle de bal est légèrement déserte, on fera le jeu du cheval à partir du weekend prochain (et on enchaînera avec le jeu à l'aveuglette). Donc ceux qui souhaitent les faire, je vous invite à venir dans la salle de bal  nastae (et les autres, je vous invite à continuer vos petites manigances 8D)

La salle de bal est ainsi : >>> Salle de bal <<< (merci Astriid ^^)

Pour les joueurs qui avaient des personnages dans le conte précédent (des Trois Royaumes) vous pouvez les jouer un peu en PNJ et faire des caméos ;D

Pour le duo du bal :
- Zébella et Déodatus
- Ezidor et Adénaïs
- Gustave et Eléontine
- Adolestine et Merlin
- Clémentine et Montarville
- Yvonelle et Natanaël
- Madeline et Lambert
- Ernelle et Hermilius
- Coline et Ludoric
- Childéric et Garance
- Elzibert et Rosette

Les personnages sans partenaire : Placide, Lénora et Clémentin

Rappel sur les rubans  :
- Montarville & Madeline (ruban jaune à pois roses)
- Gustave & Clémentine (ruban rose à étoiles vertes)
- Déodatus & Eléontine (ruban bleu à rayures vertes)
- Ludoric & Adolestine (ruban orange à losanges bleus)
- Clémentin & Rosette (ruban vert à fleurs rose)
- Ezidor & Placide (ruban marron à pois noirs)
- Hermilius & Zébella (ruban violet à cœurs bleus)
- Elzibert & Coline (ruban rouge à papillons noirs)
- Merlin & Garance (ruban noir à potimarron orange)
- Natanaël & Yvonelle (ruban gris à rayures noires)
- Childéric & Adénaïs (ruban blanc à rayures dorées)
- Lambert, Ernelle et Lénora (ruban bleu à rayures dorées)
- Judas & Irène (ruban doré à rayure rouge)

Longueur des messages ? - 720 mots minimum.

Objectif secret : N'hésitez pas à mettre tout en œuvre pour le réaliser ^o^

Secret : Pareil, n'hésitez pas à vous en servir lâchement 8D

Voilà !  Les Portes - Chapitre V  - Page 15 002

Si vous avez des questions, n'hésitez pas ! Amusez-vous bien  Les Portes - Chapitre V  - Page 15 1628

Participants


La liste des participants est >> ICI << avec les rôles associés.

- Babelda (Montarville) : IX
- Hélène (Garance) : IX
- Kiara (Coline) : IX
- Kyra (Adolestine) : IX
- Ikar (Placide) : IX
- Faust (Gustave) : IX
- Lucillia (Eléontine) : IX
- Laen (Hermilius) : IX
- Dastan (Ludoric) : IX
- Latone (Madeline) : IX
- Adriaen (Lambert) : IX
- Yngvild (Rosette) : IX
- Chelae (Clémentine) : IX
- Léto (Ernelle) : VI
- Tekoa (Childéric) : VI
- Min (Natanaël) : VI
- Eibhlin (Adénaïs) : IX
- Lucius (Elzibert) : IX
- Stanislav (Déodatus) : VII
- Lana (Yvonnelle) : IX
- Thessalia (Irène) : II
- Chuan (Lénora) : VI
- Dorian (Ezidor) : VII
- Gyzyl (Judas) : III
- Wao (Merlin) : VI
- Susannah (Zébella) : IX
- Erasme (Clémentin) : IX

Deadline Tour n°10


Dimanche 13 novembre à 18H

Gain Tour n°10


- 1 point de spécialité au choix
ET
- Un artefact en rapport avec le rôle de votre personnage (C'est un objet magique avec un pouvoir mineur ou majeur, comme vous voulez).

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Lyz'Sahale'Erz
~ Chaman ~ Niveau I ~

~ Chaman ~ Niveau I ~
◈ Parchemins usagés : 297
◈ YinYanisé(e) le : 19/12/2019
Lyz'Sahale'Erz
Dim 06 Nov 2022, 21:28



Les Portes



« Hum… » fis-je, un sourire étirant mes lèvres alors que la main de la Princesse trouvait place dans mon cou. La mienne se plaça à son tour sur le sien, mon pouce soutenant son menton fermement. Là, je me penchai un peu plus sur elle. « Vous n’avez aucune idée de ce qu’est une véritable tempête. » murmurai-je, avant de l’embrasser sans plus de cérémonie. Mes lèvres finirent par lâcher les siennes. J’aurais pu la mordre mais certaines choses marquaient plus que d’autres. Ce ne serait pas poli de laisser les traces de mes dents sur la bouche de la future Reine. Ma langue vint lécher ma lèvre inférieure et je ris. Mon rire, pourtant, se ternit rapidement. Ma prise sur son visage se raffermit et, après l’avoir ramenée légèrement vers moi, j’envoyai son crâne s’écraser contre le mur derrière elle. Mes mains se posèrent sur ses épaules et mon pied la balaya afin de l'envoyer au sol. J’inspirai et fis craquer mon cou, avant de poser mon pied sur sa main. J’appuyai et la toisai. « Avez-vous résolu votre dilemme ? » lui demandai-je, en continuant à exercer une pression sur ses phalanges. Le dilemme de savoir si j’étais un enfant capricieux ou un Roi réellement dangereux. Je me baissai et me plaçai agilement sur elle, les cuisses écartées sur sa taille. Ma main se posa sur sa gorge, sans pour autant appuyer. Sa peau était bien plus blanche que précédemment. « Vous apprendrez que je menace rarement. C’est une perte de temps. » Tout en l’observant, je calculais le temps qu’il me restait avant le passage probable des soldats de la garde. « Pour le moment, vous ne méritez pas que je vous apprenne à déclencher des tempêtes. » lui murmurai-je à l’oreille, après avoir constaté qu’elle s’était évanouie. Je me déplaçai et m’accroupis à côté d’elle. Je soulevai sa robe, amenai mes mains sur ses hanches et fis glisser sa culotte le long de ses jambes. Je la mis dans ma poche, au cas où le petit orage serait tentée de parler de notre conversation musclée à qui que ce fût. Lorsqu'elle s'éveillerait, je lui indiquerais que je n'hésiterais pas à prétendre l'avoir prise dans une pièce attenante et que, sa vertu brisée et son ventre probablement plein, la diplomatie exigeait qu'elle m'épousât et non qu'elle inventât des histoires sans queue ni tête par peur du jugement de papa Montarville. Sinon, le prétexte serait idéal en vue du déclenchement d'une guerre. Les deux situations me siéraient parfaitement. Je me redressai, après l’avoir attrapée et commençai à faire le tour des pièces afin de trouver ma fille et le d’Étamot, la Princesse dans les bras.

« Je vous en prie, continuez. » dis-je, en entrant dans la pièce où se trouvaient Zébella et Déodatus. Il y avait déjà une odeur particulière, propre au coït. Je n’avais pas eu besoin de poser les yeux sur eux pour être informé de la teneur de leur escapade. Je m’assis dans un fauteuil, toujours accompagné de Coline. Je ramenai sa tête sur mon épaule, afin d’éviter qu’elle ne pendît dans le vide. Le petit orage était fragile. Cela étant dit, la perspective de devoir expliquer à Montarville pourquoi sa fille avait écopé d’un torticolis en ma présence m’arracha un sourire. Le Roi de Lieugro était la cible favorite de toutes mes mesquineries. Peut-être avait-il été trop beau durant sa jeunesse et trop insensible aux charmes masculins ? Néanmoins, même si je ne l’avais pas encore envahi, je lui avais causé beaucoup de tort. Il n’était simplement pas dans la confidence. « Non, vraiment, continuez. Ça ne me dérange pas. » répétai-je, avant de plonger mon regard dans celui du garçon. « En fait… si tu ne continues pas ce que tu as commencé, je te retrouverai, couperai tes couilles inutiles et je te les ferai manger. » Je me demandai quand au juste Montarville allait me recevoir. Il n’était plus que l’ombre de lui-même. Il me suffirait d’un rien pour le tuer : quelques acrobaties bien menées et un poignard en plein cœur. La conquête était sans intérêt. C’était d’ailleurs pour cela que je l’avais confiée à Merlin, pour qu’il se fît la main et pour qu’il m’épargnât d’une corvée. « J’espère que ton frère va réussir à trouver un trou où se fourrer, lui aussi. » Les règles du Royaume d’Uobmab étaient claires sur le sujet du coït. Il ne devait s’effectuer que dans le cadre du mariage. C’était ainsi que mes enfants avaient été élevés mais, personnellement, je voyais dans les lois un simple moyen d’évaluation de la population. Il y avait les idiots qui suivaient les préceptes stupides, et les autres. J’étais heureux de constater que ma fille avait trouvé une queue à engloutir. Néanmoins, le gringalet à qui elle appartenait laissait clairement à désirer.

Ma main remonta sur la joue de Coline. Je la caressai distraitement. Sa peau était douce, autant que celle de sa mère. Elle n’avait pas dû connaître beaucoup de malheurs dans sa vie. La mienne était parcourue de cicatrices. « Comme tu le sais, Zébella, ta mère est morte. » Il n’y avait aucun regret dans ma voix. Quand bien même j’aurais été affecté, il n’y en aurait eu aucun. « J’ai donc entamé une compétition pour déterminé qui serait ma prochaine femme. » Si, jusqu’ici, je ne les avais plus regardés, je tournai la tête vers elle. « Je te le dis, au cas où tu veuilles absolument échapper à ton frère. Tu pourrais essayer. » Je souris. Plaisantais-je, ne plaisantais-je pas, je la laisserais juger. « On se voit plus tard, j'ai cru comprendre qu'il y avait une histoire de ruban... » Je me levai et quittai les lieux en y laissant la fille de Montarville. Elle se rendrait compte toute seule qu'il lui manquait un vêtement. J'espérais qu'elle en tirerait les conclusions adéquates.

940 mots
Merci Priam d'avoir laissé Coline à Judas pour qu'il s'amuse un peu Les Portes - Chapitre V  - Page 15 943930617
Judas (Gyzyl):

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Min Shào
~ Orine ~ Niveau II ~

~ Orine ~ Niveau II ~
◈ Parchemins usagés : 315
◈ YinYanisé(e) le : 25/03/2022
◈ Âme(s) Soeur(s) : Elle m'attend quelque part.
Min Shào
Dim 06 Nov 2022, 21:44


Les Portes - Chapitre V


Rôle:

Nine Inch Nails - All Time Low

Une voix masculine tira Natanaël de ses tourments. Quand il tourna la tête en prenant son verre, il ne reconnut pas son interlocuteur. Le blond sourit en prenant le verre. Perspicace, l'homme lui apportait exactement ce dont il avait besoin... ou presque. Il aurait préféré parler à une belle femme, ne se lassant pas de leur beauté magnifiée dans les apparats de bal. Mais une conversation restait un bon remède. « Ezidor... le médecin de dame D'Etamot ? Enchanté de faire votre connaissance. » Il se tourna vers la mère de ses amis. « Vous semblez avoir fait un bon travail pour la remettre sur pied. Et effectivement, vous tombez à point nommé ! » Natanaël leva son verre et but une seconde gorgée de son breuvage. « Je me nomme Natanaël D'Ukok. Je suis fiancé à Yvonelle D'Etamot, la fille de votre patiente. »

Formuler le nom de la blanche assombrit son esprit. Plus loin, Rosette avait renvoyé le domestique et reprenait sa danse. Natanaël le suivit des yeux alors qu'il allait s'adresser à Elzibert à la place. « Hm...? » La tournure des événements ne lui plaisait pas. Était-elle si obnubilée par son cavalier qu'elle refilait sa tâche à son ami ? Il était pourtant moins proche d'Yvonelle. Cela ne lui ressemblait pas. Le sentiment désagréable de frustration revint à la charge et noua son estomac. Il le conjura en prenant une autre gorgée de la boisson et se délecta de la sensation de bulles qui pétillaient dans sa bouche.

Natanaël ferma les yeux : il avait bu vite et les effets de l'alcool commençaient à se faire sentir. Il avait l'impression de léviter, embarqué dans une danse qu'il ne maîtrisait pas. La musique était doublée d'un écho onirique. Ses troubles devenaient enfin évanescents, chassés par ses douces sensations. Le blond rouvrit les yeux en se souvenant qu'il était en pleine conversation. Mais quand il se tourna vers Ezidor, il s'aperçut que ce dernier se contentait d'observer les convives avec un œil avisé. Natanaël était curieux. Il voulait lui demander comment il était arrivé sur le continent. Peut-être était-il arrivé par bateau ? Si c'était le cas, le blond voulait tout savoir de son épopée.

Pourtant, quelque chose dans son attitude le lui interdisait : il lui semblât que le médecin était plus à l'aise dans le silence. Il ne voulait point paraître impoli. Quand il s'aperçut qu'Elzibert parlait au domestique du coin de l'œil, son corps fut parcouru d'un électrochoc, brisant la douce danse qui avait embrumé son esprit. S'il comptait aller voir Yvonelle, il devait l'intercepter. Quelque chose n'était pas clair : lui et Rosette savaient quelque chose que Natanaël ignorait sur sa fiancée, c'était évident. Le blond posa son verre. « Pardonnez-moi, je dois aller... » il fit un pas, mais aussitôt qu'il mouva son corps, la danse se transforma en tourbillon dans son esprit et le plafond tangua.

La lumière l'aveugla. Les silhouettes des danseurs devenaient aussi indistincts que les remous de l'océan. Natanaël était désorienté. Il s'appuya sur le buffet, sa main libre s'appuyant sur sa tempe. Le blond essayait de retrouver son équilibre, en vain. Il entendit vaguement les mots d'Ezidor, ponctués par une sensation de prise sur son bras. « Je ne sais pas... c'est l'alcool... » Le blond avait déjà ressenti cela, mais jamais aussi soudainement. Avait-il bu tant que ça ? Ces femmes le rendaient fou. Il suivit mollement Ezidor dans les jardins. Quand ils s'éloignèrent de la musique et que l'obscurité les engloutirent, Natanaël se sentit un peu mieux. Il inspira l'air rafraîchissant, comme pour aspirer une nouvelle conscience.

Mais il n'en fut rien. Le contrôle dérivait au loin et le laissait couler dans un trou sans fond. Son corps se ramollissait à chaque pas, jusqu'à ce qu'il n'arrive plus à avancer par lui-même. En voyant un banc sur le côté, le blond voulut demander à Ezidor de s'allonger. « ... » Il ouvrit la bouche, mais aucun son ne sortit. Il leva mollement le doigt vers l'objet. Mais le médecin continua son chemin en raffermissant sa prise sur son corps. S'allonger était tout ce qu'il désirait, mais son ravisseur le traînait plus loin. Il tenta de se débattre, mais son corps s'était comme détaché de son esprit. Quelques minutes plus tard, ses sensations s'étaient tues. Elles étaient mortes, silencieuses. Seul un recoin de son esprit restait éveillé, lui donnant l'impression qu'il observait son corps à travers une lucarne. Il essayait de se débattre de toutes ses forces, mais ses efforts s'évanouissaient dans un faible gigotement de ses doigts.

Soudain, les traits grisâtres du chemin disparurent. Il aperçut une forme ovale aux traits flous. Le visage d'Ezidor ? Certainement. Le blond ne comprenait pas. Ce n'était pas normal. Tout aussi soudainement, son visage disparut et la lumière de la lune virevolta. Il chuta lourdement dans un linceul de feuilles. Une réalité qu'il avait tenté de repousser s'imposa à lui, froide comme la mort : Ezidor nourrissait de sombres desseins envers lui. Les yeux de Natanaël étaient grands ouverts, mais sa vue était engloutie par la nuit. Ce n'était pas normal. Immobile, il se concentra sur ses sens embués. Il lui semblât entendre le souffle d'Ezidor. L'homme était derrière lui et sa présence ne lui apportait plus aucun réconfort. « ... » Le blond essayait de crier et de se sortir des feuillages. Il secoua mollement ses doigts, mais son corps refusait encore de lui obéir. Il n'y avait aucun espoir. Il était piégé hors de son corps, spectateur impuissant de son funeste sort, sans personne pour l'aider. L'homme était à sa merci.

Mots: 981

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Stanislav Dementiæ
~ Sorcier ~ Niveau II ~

~ Sorcier ~ Niveau II ~
◈ Parchemins usagés : 1378
◈ YinYanisé(e) le : 30/01/2016
◈ Âme(s) Soeur(s) : Aggripina, la seule, l'unique.
◈ Activité : Mangeur officiel de chaire fraiche
Stanislav Dementiæ
Lun 07 Nov 2022, 10:54


Les portes - Chapitre V
Thessalia

Rôle:
« Vous voulez faire souffrir votre frère. » avait répondu la folle, lorsque son amoureux avait paru surpris de la noirceur qu'elle lui prêtait. « Il a fait du mal à votre sœur, mais vous l'avez laissé faire, vous ne l'avez pas empêché. Vous êtes presque complice. » Son sourire se faisait de plus en plus malsain alors qu'elle s'approchait du brun. « Qu'y a-t-il de sage là-dedans ? » susurra-t-elle avant de reprendre le fil de sa pensé et d'exposer sa proposition de mariage. Elle espérait qu'il dirait oui. Elle n'aimait pas qu'on lui refuse ce qu'elle convoitait. S'il déclinait, peut-être que la rage qu'elle nourrissait à l'encontre de Clémentine migrerait sur sa personne. Ce serait dommage. Il avait un joli visage. Elle aurait eu mal au cœur de le défigurer, afin de s'assurer qu'aucune autre femme ne veuille plus jamais de lui.

La Blanche regardait son cavalier avec convoitise. Son rire se heurta aux protestations véhémentes. Il l'aimait. Elle comprenait ce sentiment. Elle aussi aimait sa sœur, de toutes ses forces. « Mmh... » La jeune fille laissa courir l'une de ses mains jusqu'à l'oreille de celui qu'elle désirait. « Je vous aiderai à éliminer Déodatus... » Son index suivit la ligne de sa mâchoire pour s'arrêter sous la pointe de son menton. « Ou tout autre homme qui se s'imposerait dans la vie d'Yvonelle. » La conquérante tourna leurs visages vers Nathanaël, qui était posté près du buffet. Elle laissa tomber sa main sur la poitrine du danseur, sans rompre le contact. « Elle ne sera qu'à vous. » promit-elle. Si les autres habitants de Lieugro n'envisageaient pas ce genre de relation entre un frère et une sœur, Irène ne connaissait pas d'autre façon d'aimer sa sœur. Elle nourrissait la même possessivité sentimentale envers la sienne. Et les réactions du brun n'avaient fait que renforcer ses convictions. Un rire, qui lui avait valu ses premiers soupçons de folie, traversa le rempart de ses lèvres.

L'hilarité s'essouffla bien vite tandis qu'un domestique interrompait la danse du duo complotiste. La d'Errazib le fusilla du regard : comment osait-il les interrompre, alors qu'ils se murmuraient des promesses d'amour ? Elle lui ferait couper la langue, et les mains, ou tout simplement la tête. Son ire fut cependant détournée par la demande d'Elzibert. « D'accord ! » fit-elle, la voix emplie d'une émotion qui faisait vibrer son palpitant. Ils reparleraient de leur union. Elle n'aurait pas à le défigurer, finalement.

Seule sur la piste de danse, la Blanche leva les bras en l'air, encadrant la silhouette d'un partenaire imaginaire. Elle fredonna un air qui n'avait rien à voir avec la troisième valse qui débutait doucement. Elle se mit à bouger, suivant un chemin qui désorganisait la fluidité des autres couples - elle s'attira quelques œillades désapprobatrice qu'elle ne remarqua même pas. Finalement, elle arriva aux côtés de ceux que lui avait désigné son nouveau fiancé, leur bloquant ostensiblement le passage. Là, elle tendit les bras pour s'emparer du visage qui ressemblait tant à celui qu'elle venait de délaisser. « Vous avez de très beaux yeux, vous le savez ? » Irène se colla à Rosette, comme pour essayer de lui voler sa place. « Mais ils ne sont pas comme les siens... » Leur couleur variait légèrement. « Je les veux. » lâcha-t-elle, se rappelant de la phrase qu'avait lâché le d'Etamot. « Je veux les mêmes. » se reprit-elle, comme si ça n'avait été qu'une maladresse de langage. Elle s'imposait tant, désormais, qu'il était impossible pour les tourtereaux de maintenir une proximité entre eux. « Avez-vous vu vos parents ? » L'instigatrice se tourna subitement vers la flamme, lui écrasant au passage quelques orteils. La fautive ne s'excusa pas. Elle se pencha en avant, comme pour la dominer de sa hauteur. « Je crois qu'ils ont des ennuis. » murmura-t-elle fortement. « Vous devriez aller les voir. Vous assurer qu'il ne leur arrive rien. » C'était ce qu'on attendait d'une fille, qu'elle veille sur sa famille. Alors qu'elle s'en aille. Elle voulait contempler les yeux un peu plus longtemps. « Qu'en est-il de votre famille ? » questionna-t-elle en s'adressant de nouveau au brun. « Quelle est-elle ? » En avait-il la moindre idée ? Était-il l’Élu de Judas ? Depuis qu'elle l'avait surpris dans ses machinations, elle avait chercher à connaître l'identité de l'enfant. Elle se posait la question à chaque fois qu'elle rencontrait un garçon.

782 mots
Elle essaye de prendre le visage de Clémentin mais elle n'y arrive pas forcément.
Les manières Eversha de Thessa ressortent. 8D



Merci Kyky  nastae
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Les Portes - Chapitre V

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