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La Liste de notre Présent

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Partenaire - Solo | Inktober 2022
Intrigue - Moments du quotidien entre les Gardiens Azurés

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Aux Jardins de Jhēn

Il pleuvait. Une pluie lourde dégringolait sur les toits, éclaboussant le sol dans un tintement musical, presque insouciant, tout en mouillant les vêtements des passants s'étant laissé surprendre et qui courraient pour se mettre à l'abri, certains mettaient un vêtement au-dessus de leur tête pour se prémunir au mieux et éviter de ruiner leurs habits. Le souffle humide et frais de l'averse caressait le visage de Neah, qui ne prenait pas attention au temps instable de ces derniers jours et continuait de marcher dans la rue comme si de rien n'était. Son esprit était en train de relâcher la pression d'une lourde négociation sur le prix des matériaux qui seraient livrées dans quelques mois. Avec les conflits éclatant ces derniers temps, certains constructeurs étaient devenus assez frileux au niveau de leurs ressources et de leurs prix, mais heureusement pour lui, il avait sa réputation. Que ce soit celle hérité de ses parents, en tant que gestionnaire de leur entreprise, la sienne en tant que membre de la Nith-Haiah, mais aussi celle de Mancinia, qui déteignait sur lui.

Elle incarnait une garantie devant tous ceux qui se tenaient devant lui ; il s'agissait de la Marquise de Nylmord, incarnant une exception dans la Noblesse Magicienne en demeurant une étrangère. Une personne dénuée de magie, par ailleurs. Cela dit, sa richesse ne manquait pas de les intéresser. Surtout qu'un bon travail avec celui qui était considéré comme le futur Marquis pouvait leur permettre d'améliorer leur notoriété à Caelum et, qui sait, de décrocher des contrats pérennes ? Autant dire que cette facilité n'était pas pour lui déplaire, les Anges auraient moins de contraintes que leurs autres explorations. Dégageant de sa main le mur d'eau sur son front, Neah essayait de ne pas penser à son Humaine, mais il lui était délicat de l'écarter totalement, tant ses pensées ne cessaient de le conduire dans sa direction. En ce moment, tout lui rappelait Mancinia. L'absence pesait lourdement, l'éloignement irritait leur Lien ... Ils essayaient de se voir, de partager un repas, ou même de simplement serrer ses enfants dans ses bras avant l'heure du coucher. Son travail s'était alourdi, celui de sa fiancée d'autant ... C'était devenu compliqué. Pour autant, aucun reproche n'était formulé ; ils le savaient. Malgré ses pensées décousues, quelque chose captait instantanément son attention, même au travers d'une vitre battue par les gouttes. Neah avait ralenti sa marche, avant de s'arrêter totalement devant. Ces magnifiques et immenses fleurs en forme de trompette d'une couleur tranchante lui rappelait ... Oui, bon ! se fustigea-t-il en mettant la main sur la poignée.

— Bonj ... ! débutait la vendeuse avec enthousiasme en entendant le son de la cloche teinté, avant de s'interrompre en constant qui était la personne devant elle. Capitaine Katzuta ?

Sa présence avait prit possession de l'ensemble de son commerce, la laissant pantoise quant à la raison de sa visite. Émilia n'était pas mal à l'aise, car son esprit était exempt de mauvaises actions, mais surprise de le voir malgré un temps sombre et une averse dévorante ; l'Ange restait sur son paillasson, dégoulinant d'eau, où de lourdes gouttes tombaient depuis ses mèches rousses. Elle se demandait si elle devait lui proposer une serviette, mais à l'entende de sa voix, la vendeuse perdit ses repères ...

— Bonjour. Je suis venu acheter quelque chose.

Ça semblait être l'évidence, lorsqu'on entrait chez une Fleuriste, mais celle-ci avait l'air tellement tendue qu'il avait choisi ses mots avec soin. Émilia se détendit presque aussitôt devant ses manières et son doux sourire ; c'était toujours un peu stressant de voir un militaire aussi reconnu venir dans son établissement. Neah détournait son regard de sa personne pour se tourner vers ce pour quoi il était venu.

— Ces Amaryllis ... Pouvez-vous m'en faire un bouquet ?
— Oui, évidemment ! ... Monsieur !

Neah ne pouvait que les observer avec un regard attendri, tant cette couleur enflammée lui remémorait Mancinia, mais ce détail était visible aux yeux de la vendeuse, qui savait comment agissait les amoureux avec l'élue de leur coeur. C'était quelque chose qu'elle voyait régulièrement.

— Est-il possible de faire une livraison ? demanda-t-il en rapportant son attention sur elle.
— Bien sûr, Monsieur. Est-ce que ce serait ...

Elle n'osait le demander à voix haute, mais sa curiosité l'y poussait avec une petite voix plus aigüe.

— Est-ce que ce serait pour Madame la Marquise ?
— Ce doit être une évidence, souffla-t-il.

Pourquoi avait-elle l'air aussi joyeuse ? Sans doute parce qu'il était son seul client ... Tandis que l'Ange essayait de remédier à son tracas en observant ses autres plantes, intactes et nombreuses, Émilia était ravie de créer quelque chose pour l'Ecuyère de l'Aurore. Neah sous-estimait la volonté des autres d'observer leur histoire d'amour de près, tant ils la considérait comme hors-normes. Pourtant, la sincérité de ses actions allaient encore se démontrer.

— Est-ce que ce sont vos invendus ?
— Heu ... Oui. Avec le mauvais temps de ces derniers jours ...
— Je vous achète tout.
— Vous ach ... ? demanda-t-elle avec les yeux écarquillés. Pour la Marquise aussi ?
— Non.

Dérouté devant les propos de son interlocuteur, tandis qu'il progressait vers le comptoir en prenant une voix plus discrète, Émilia se demandait bien où le Capitaine voulait en venir.

— J'aimerai que vous en réalisiez des bouquets et que vous les livriez aux différents hospices de nos territoires, c'est possible ?
— Oui ... Oui, ce sera plus long à réaliser, mais c'est tout à fait faisable !
— Bien, procédons ainsi. Je compte sur votre discrétion concernant leur provenance.
— Monsieur, c'est ... !
— Dites qu'un donateur a voulu faire plaisir, sourit-il. Vous avez beaucoup d'invendus, ce serait dommage de tout jeter alors que ces fleurs peuvent redonner le sourire et aider des gens dans leur guérison.

La vendeuse semblait émue d'une telle attention ; elle ne s'y était pas attendue. Cet homme ... aimait réellement les leurs. Il avait insisté pour secourir les prisonniers, avait pris par à tous les combats pour les rendre libre, avait voulu renouer les Liens qu'ils avaient avec les Humains, essayant, encore maintenant, de leur offrir un avenir et, là, en entrant dans sa boutique dans le but de donner un sourire à sa promise, il avait eu une pensée pour ceux qui souffraient encore des abominations commises contre eux ... Encore un peu et des larmes seraient tombées devant tant de dévotion et de gentillesse. Il restait néanmoins un problème ... Et de taille.

— Est-ce que ça ira ... Pour la facture ?
— ... Je ferai des heures supplémentaires, plaisantait-il.

Mine de rien, ce n'était pas donner puisqu'il y avait énormément de travail à fournir en très peu de temps. Peut-être pourrait-elle embaucher quelqu'un pour l'aider ?

— Vous voulez une petite carte pour Madame la Marquise ? dit-elle en l'ayant sortie de son comptoir, avec un petit sourire amusé. C'est la maison qui l'offre.

Émilia venait de réaliser un bénéfice de plusieurs semaines en moins de dix minutes, autant dire qu'elle pouvait bien avoir ce geste pour lui. Elle avait prit le meilleur carton, avec la plus belle des décorations.

— Pourquoi pas, dit-il en prenant la plume qu'elle lui tendait, en écrivant rapidement quelque chose à destination de l'élue de son coeur, avant de le lui rendre. Je m'en remets à vous.
— Vous pouvez comptez sur moi, Capitaine Katzuta !

Que la Princesse aux Pierres Précieuses agrémente sa demeure
avec l'expression de mes sentiments.

Ojuyo Niwayo, Alakoso.

Post I - 1234 mots
Inktober - Jour I - Amaryllis

Alakoso - Souveraine
Ojuyo Niwayo - Je t'aime

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La Liste de notre Présent

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À Haute-Terre

Penchée sur sa table de travail avec des lunettes grossissantes sur le nez, Mancinia positionnait un diamant blanc sur la structure en platine de son ouvrage avec une précision chirurgicale. Comme ses études de médecine, l'art de la Joaillerie demandait de la patience et une pratique constante. Loin d'être mises de côté devant son travail principal, la Sertisseuse devait néanmoins terminer ce dernier avant une date limite de plus en plus rapprochée. Sa réputation en dépendait. Dans cette pièce, une chaleur moite régnait en raison du matériel de confection, où des métaux fondus reposaient dans leurs casseroles de fonte, alimenté par les flammes ardentes du feu, c'est aussi la raison pour laquelle l'ouverture de la porte après quelques coups laissait place à un léger vent frais. Monika se présentait devant elle avec un bouquet à la main qu'elle daignait à peine regarder.

— Marquise, vous avez reçu un bouquet de fleurs.
— ... Encore ?

Mancinia relâchait un soupir en retirant ses lunettes pour constater sa grande taille. Elle ne comptait plus le nombre de personnes lui envoyant des fleurs ces derniers temps ... Sa Camériste eu un sourire malicieux, qui lui fit comprendre que ce dernier allait certainement changer sa perception de la situation.

— C'est de la part du Capitaine.
— De Neah ?

Elle s'était relevée instantanément en posant ses outils pour venir le voir de plus près.

— Des Amaryllis, dit-elle en humant leur odeur. Il me connait si bien ...

Un sourire attendri flottait sur ses lèvres. Neah n'avait plus l'opportunité de venir comme auparavant, mais il pensait à elle et tentait de le lui faire comprendre au travers de ces petites attentions. Sur le visage de Monika, son propre sourire s'était crispé. Il avait de la chance, le Capitaine, d'avoir quelqu'un comme Mancinia ...

— Est-ce que tu peux les mettre sur mon bureau du premier étage ? Elles risquent de se flétrir ici.
— Tout de suite, Marquise, dit-elle avec une légère révérence.

Prête à se retirer de la salle, la Sertisseuse l'interrompit dans sa démarche en requérant d'avoir son avis sur son oeuvre. Elle tournait celle-ci dans leur direction pour une observation plus approfondie, laissant coi sa Camériste.

— Je l'offrirai à la Reine dans deux semaines ... Je t'avoue que la pression commence à grimper. Comment le trouves-tu ?
— C'est incroyable ... ça brille tellement !
— C'est vrai qu'il y a près de quatre mille pierres précieuses dessus.
— Qua ... Quatre mille ?!

Mancinia passait une main dans sa nuque devant l'étranglement de la Magicienne dont l'esprit tournait à vive allure pour essayer d'en estimer le prix réel.

— Peut-être aurais-je du lui offrir un sceptre ? Est-ce que ça aurait été plus convenable avec sa position royale ?
— ... Si je puis me permettre, Mancinia, reprit Monika en ravalant sa salive. Sa Majesté la Reine préfèrera sans doute un collier de cet acabit. Ce sera moins encombrant pour ses mains et de plus, elle peut l'exposer à tous !

Si elle pensait surtout à l'exposition du travail de la personne qu'elle aimait, Mancinia estimait que montrer ce collier au-dessus de la table des négociations n'était pas négligeable. La Reine ne faisait pas grand cas des robes et ornements d'apparat, mais ils démontraient une économie forte et un statut non négligeable.

— Tu as raison.
— Maman !

Mancinia sourit en entendant la voix de son fils dans leur dos, ce dernier ayant repoussé la porte pour entrer dans son cabinet de travail. Elle leur avait interdit l'entrée puisque les outils qu'elle utilisait n'étaient pas sans danger, mais elle avait aussi conscience que la curiosité était un vilain défaut. Elle avait finalement choisi de leur apprendre quelques détails de son métier, de leur permettre de savoir quel outil était à manier avec précaution, de les tenir éloigné des fontes et autres espaces dangereux. Ils étaient prudents, à son grand soulagement, mais gardait constamment ses yeux rivés sur eux dès qu'il se déplaçait ici.

— Maman, regarde, j'ai eu tout bon à mon devoir ! dit-il en tenant fièrement sa feuille dans sa direction.

La Sertisseuse prit celle-ci en regardant ses résultats en mathématiques. Elle n'avait jamais reçu d'éducation - en dehors des savoirs élémentaires dont avait besoin un Humain pour survivre. Elle était arrivée avec un statut, mais avait dû rapidement combler ses lacunes dans de nombreux domaines. Ce n'était pas ce qu'elle souhaitait pour ses enfants, Neah non plus. Ils avaient choisis des précepteurs pour que ces derniers aient un peu d'avance en raison de quelques heures de cours par semaine ; en considérant leur statut d'Élu d'Hel'dra, ils devaient être préparés à toutes les éventualités. Résultat, tous ses enfants en bénéficiaient. Surtout que Blu pouvaient étudier en leur compagnie tout en les surveillant, l'étudiante de Basphel ne devait pas en revenir d'avoir des enfants aussi calmes ...

— C'est vraiment incroyable, Ihsan ! sourit-elle en ébouriffant ses cheveux. Tu es très intelligent !

L'enfant se mis à rire. Fier de lui.

— Idril aussi est très intelligente ! Et Emelyn a inversé toutes ses réponses !
— Méchant, t'as pas l'droit d'le dire !

La rouquine venait d'entrer, l'ayant suivi, avant que son frère ne se réfugie dans ses jambes en la voyant en colère.

— Ouah, maman, Emelyn est pas contente !
— Maman va être fâchée contre moi et ce sera ta faute ! cria-t-elle plus fort.
— Je ne suis pas en colère, Emelyn. Ce n'est pas grave si tu fais des erreurs, tu feras simplement mieux la prochaine fois ... Viens ici.

Elle avait tendu ses bras pour que la petite fille vienne se réfugier dedans, avant que la troisième, Idril, n'apparaisse dans les bras d'Alan. Il avait dû suivre ces deux petits garnements pour les avoir à l'oeil.

— Je veux un câlin aussi ! protesta-t-elle.
— Mademoiselle est exigeante ! sourit le Majordome.
— Où est Sif ? lui demanda Mancinia en prenant la jumelle dans les bras.
— Toujours dans la chambre, en compagnie de Rosie.
— Elle dessine quelque chose, mais c'est secret !
— Arrête de tout répéter ! le gronda Emelyn avec de grands yeux.

Cette dernière avait un fort caractère, ce qui n'était pas pour déplaire à Mancinia ; plus tard, personne n'oserait lui marcher sur les pieds. Elle décrétait intérieurement que poursuivre dans cette salle serait trop risqué si l'un ou l'autre devant turbulent et puis, elle avait besoin d'une pause. Elle remontait en leur compagnie pour prendre un thé et des macarons après avoir sommairement rangé son atelier ... et verrouillé la porte. En remontant les escaliers en leur compagnie, l'Humaine se sentait plus légère. Elle aimait son rôle de maman. Elle aimait sa vie. Elle aimait Neah ... Surtout lorsqu'il avait des attentions pareilles, à lui envoyer des fleurs.

— C'est un dessin pour moi ?

Mancinia s'était penché sur ce que faisait Sif pendant qu'Ihsan et Emelyn se disputait encore avec la soeur râleuse et son aîné qui semblait tout tourner en dérision. L'Ygdraë secouait la tête de droite à gauche tout en continuant de tracer des lignes colorées.

— Pou Mama Astriid ! dit-elle.

Elle savait dire quelques mots depuis un ou deux mois, sans grande exactitude, mais Mancinia parvenait de temps à autre à en comprendre le sens.

— Il faut le garder pour quand elle viendra la prochaine fois, d'accord ?
— Accord !

L'Humaine restait étonnée de la mémoire de sa cadette. Elle se remémorait Astriid avec une simplicité déconcertante, alors qu'elle l'avait très peu vue durant ces derniers mois et, surtout, elle n'était encore qu'une enfant très jeune. À l'image d'Ihsan et Idril, cependant, elle semblait être en mesure de retenir le plus important et son éducation, qui serait partagé entre trois peuples, serait également à se faire tôt.

— Maman, où il est papa ?

La question d'Idril avait fusé dans sa direction, percutant ses oreilles et atteignant son coeur vacillant. C'était si soudain.

— Il est au travail, ma chérie.
— Il me manque ! Je veux le voir !

Mancinia ne savait pas quoi répondre lorsque sa fille se plaignait de l'absence de son père. Un élan de tristesse passait aussi sur son visage ; elle aurait aimé l'avoir avec elle en cet instant.

— Oh ... soit pas triste, maman ! dit Idril en la serrant fort. Papa, il nous aime !
— Oui ... votre papa nous aime plus que tout, dit-elle en caressant ses cheveux, tout en lui rendant son étreinte. Vous lui manquer aussi, il aimerait vous faire des câlins.

Et elle savait à quel point c'était vrai.

Post II - 1410 mots
Inktober - Jour II - Sceptre

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La Liste de notre Présent

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À Vervallée

Sur le balcon en escaliers, l'air nocturne lui semblait glacial, picotant son épiderme. Mancinia sentait son corps se relâcher. Elle se souvenait encore des maladresses et retards accumulé lors de sa semaine de repos, des remontrances de Neah sur son état de santé. Sans doute devait-elle se ménager un peu plus et décliner certaines invitations à venir. Ce n'était pas le moment de tomber malade, son ascension personnelle en dépendait. Sans doute valait-il mieux se restreindre en terres magiciennes, puisque sa position était établie depuis longtemps, consolidée par sa présence marquante aux mondanités. Marquise, elle était conviée naturellement aux soirées de tout Nylmord ; son statut d'Humaine n'attirait plus les curiosités comme auparavant, on ne se moquait plus de ses maladresses, plus personne n'osait dire des insultes à son encontre, on discutait relations diplomatiques et économiques en sa présence, tandis que les dames conversaient enfants et mariages prometteurs. Elle était l'une des femmes les plus puissantes du Continent. Au sein de Vervallé, sa réputation était la même, notamment avec la proxémie des Anges, aux Jardins de Jhēn ... Et de la présence du Capitaine Katzuta, qui, malheureusement, brillait par son absence ce soir.

Ce que lui avait dit Idril ne cessait de serrer son coeur, mais Mancinia avait conscience des devoirs de son mari. Jamais elle n'émettrait le moindre reproche sur ses absences ... Comment aurait-elle pu ? C'était elle qui avait encouragé Neah à travailler sur ce territoire, c'était elle qui lui avait promis les financements, c'était elle qui voulait devenir Reine ... Alors pourquoi devait-elle étrangler son partenaire sous ses propres ambitions, alors que ce dernier la soutenait sans condition ? Ce n'était pas ainsi qu'elle envisageait son couple. À l'image de leur Lien, ils étaient une équipe et, malheureusement, cela comportait des sacrifices, en réponse à leur position respective. Elle se voulait très présente avec ses enfants, mais l'Ange n'avait pas cette opportunité. Pour elle, pour son bonheur, il abandonnait tant de choses précieuses. Et il lui manquait. Elle avait envie de l'avoir à son bras ce soir, de rire avec lui, de danser en sa compagnie ; son sourire, sa chaleur et ses idées étaient une absence que rien ne parvenait à combler ... Un soupir se relâchait de ses lèvres.

— Oh-oh, vous ennuierais-je avant même les salutations ?

Mancinia se retournait vivement, elle avait été si distraite que tout autour de sa personne s'était dissolu brièvement.

— Comte Vidal ! s'exclama-t-elle avec surprise. Je ne savais pas que vous veniez !
— Moi non plus, mon amie, dit-il en lui accordant un baisemain. C'est une décision de dernière minute.
— Qu'est-ce qui vous a convaincu ?

Le Magicien souriait, mais dans son regard se lisait d'autres choses.

— Mancinia, me permets-tu de te poser une question ?

Seuls, ils se tutoyaient.

— Parle sans crainte.
— Tout va bien entre toi et Neah ?

Cette interrogation la prit au dépourvu, la laissant presque droite et sans aucune réactions. Pourquoi cette soudaine demande ? Est-ce qu'il s'était passé quelque chose pour que les gens extérieurs le croient ? Est-ce qu'ils pensaient que plus rien n'allait entre eux, alors que tout allait merveilleusement bien ? Ce que pensait les autres ne l'intéressait pas, mais qu'un ami de longue date le lui demande se voulait inquiétant. Papillonnant des cils, elle vit le sourire taquin sur le visage de son interlocuteur. Ces derniers se froncèrent, montrant son mécontentement, alors qu'il eu un éclat de rire.

— Excuse-moi, excuse-moi ! Ton visage valait son pesant d'or !
— Ce n'est pas drôle ! protesta-t-elle.
— Oh-oh, à une époque, nous étions amants, tu te souviens ?
— J'ai du avoir des relations sexuelles avec tous les Humains, Magiciens et Déchus du Continent avec elles, lâcha-t-elle sans la moindre gêne. Je pense qu'on a tous fait le tour de la question.
— Ces derniers temps, il y a moins de scandales te concernant.
— Et c'est tant mieux !

Son dernier éclat devait avoir été sur la relation entre Mademoiselle Belegad et le Baron Paiberym. Il y avait eu des tensions, mais elles s'étaient disloquées comme toutes les autres. Désormais, on ne savait plus exactement où se trouvait la vérité dans ce qu'elle avait dit et ce qui se démontrait en public, elle-même se retrouvait dans l'incompréhension, mais au final, comme son union avec Neah ; ce qu'il se passait dans le couple présentement ne l'intéressait pas. Elle était simplement inquiète de savoir Laëth entre les mains d'un ennemi, potentiellement enceinte ... Non. L'Ange allait s'en sortir, elle était forte.

— Quelque chose te tracasse ?
— N'y prête pas attention, ce n'est qu'une fatigue passagère ... Alors, cette question que tu voulais me poser ?
— Il y a des rumeurs sur l'accord quant à de nouvelles explorations.

Tristan ne passait pas par quatre chemins. Il venait d'ailleurs chercher l'information directement à l'une des sources, qui plus est.

— Et si elles étaient vraies ? sourit la Marquise.
— Je veux y prendre part en tant que partenaire commercial. Tu sais que je suis moi-même gestionnaire de plusieurs entreprises intéressantes et j'ai même fourni les précédentes explorations menées par les Anges ... Je crois pouvoir dire également que Neah m'apprécie ?

Ce n'était décidément pas certain. Son sourire s'agrandit, amusée.

— Je t'ai mis sur la liste, dans tous les cas. Il a seulement toutes ses charges militaires auxquels il se refuse de déroger, donc il progresse prudemment sur les négociations.
— Il a peu de temps pour lui.
— Oui, ce n'est pas ...
— Pas même pour venir te voir ?
— Tristan ...
— Mancinia.

Son regard tranchant s'était planté dans le sien. Il n'y avait plus de sourire.

— J'ai perdu la femme que j'aimais durant la Guerre des Dieux. J'ai été trahi par une autre des années plus tard, qui a favorisé un homme avec un plus haut rang social. Je ne suis pas chanceux en amour, mais toi, tu l'es. Vous avez tous les deux l'opportunité de vivre quelque chose d'unique, alors, je t'en prie ... Ne me dit pas que sa charge de travail te semble être une bonne excuse pour te priver de sa présence.

L'Humaine ne savait pas quoi répondre. Bien sûr qu'elle avait envie de voir son mari ! Mais elle se devait d'être compréhensive sur sa situation et ne pas l'importunité dans son travail. Ce n'était pas ce qui allait arrêter Tristan.

— Quand tu repartiras vers le sud, va le voir à sa Caserne.
— Tu crois qu'on y entre aussi simplement ? sourit-elle.
— Tabasses les Gardes, si nécessaire ...

Les rires étaient revenus.

— Va le voir ... Prends-le dans tes bras !

L'Écuyère de l'Aurore n'avait envie que de cela. Juste quelques minutes.

— Vous savez mieux que quiconque que rien n'est acquis.

Post III - 1110 mots
Inktober - Jour III - Oh-Oh
PNJ - Tristan Vidal

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La Liste de notre Présent

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Aux Jardins de Jhēn

Ce chemin, Mancinia l'avait tellement parcouru que même avec ses yeux clos, elle aurait été en mesure d'atteindre la Caserne de la Nith-Haiah. Neah devait certainement y être, que ce soit perdu dans sa paperasse, ou en train d'entraîner ses Soldats au travers de ses expériences ... Un sourire naquit sur ses lèvres, elle savait plus que quiconque à quel point son mari aimait son travail et avait de l'estime pour chacune des personnes sous ses ordres. Ce dernier devint anxieux à quelques mètres de l'entrée, la poussant à s'arrêter au milieu de la route ; son esprit hésitait, là où son coeur lui sommait de poursuivre ce pourquoi elle était venue.

— Marquise Leenhardt ?

Relevant ses yeux vers le Garde qui s'était avancé dans sa direction pour voir si tout allait bien, Mancinia prit conscience que sa discrétion n'existait pas ici ; tout le monde la reconnaissait. Tout le monde connaissait son nom, son statut et son Lien avec le Capitaine Katzuta. Elle avait prit l'habitude des tous ces regards dans sa direction et, alors, les Anges des Jardins de Jhēn l'observaient avec admiration et curiosité. Son coeur tambourinait dans sa poitrine. Pourquoi était-elle venue ? Pourquoi avait-elle écouté Tristan ? Pourquoi était-elle aussi égoïste ? ... Elle ne pouvait plus rebrousser chemin. Devant son hésitation, le Soldat aux yeux verts essayait de sonder la raison de sa visite, même si pour tous, elle coulait d'évidence.

— Vous êtes venue voir le Capitaine ?
— ... En effet.

Son honnêteté était la seule chose à même de les convaincre de la laisser entrer, mais l'Humaine n'avait pas songé à une excuse plus cohérente dans la mesure où il lui demanderait le motif de sa visite. On ne dérangeait pas un haut gradé de l'Armée Céleste parce qu'on avait envie de le voir, alors ils n'allaient sûrement pas ...

— Souhaitez-vous que l'on vous escorte ?
— Je connais le chemin, merci.

L'Humaine avait parcouru une dizaine de mètres avant de réaliser que ... Quoi ? Aussi simplement ? Est-ce que ce Soldat n'avait aucune prudence, ou pensait-il que sa venue était sur une question sérieuse ? Est-ce qu'il avait deviné et lui rendait une faveur ? Hein ?

— Marquise ?
— Oh ! se reprit-elle. Ne ... Capitaine ... Imperio Futou.

Son regard s'était posé sur l'un des supérieurs de son compagnon, qu'elle reconnaissait aisément malgré les mutations opérées au sein de la Nith-Haiah suite aux termes des explorations.

— Marquise Leenhardt. Je ne m'attendais pas à vous rencontrer ici.
— Navrée de mon arrivée impromptue, Imperio.

Voyant son subordonné aussi étonné de sa présence que lui-même, Futou choisi de ne rien demander de plus. Mancinia ressentait le malaise dans tout son organisme, mais essayait que rien ne transparaisse.

— Visiblement, le Capitaine ne s'y attendait pas non plus, ajouta-t-il avec un sourire taquin. S'est-il passé quelque chose ?
— Non, rien. Je devais venir voir le Capitaine Katzuta.
— J'imagine que cela concerne le nouveau territoire de Rivellon, reprit-il sérieusement en posant deux doigts contre son menton. Je vais vous laisser en discuter, mais ... Capitaine, n'oubliez pas ce que je vous ai dit, d'accord ?
— Oui, Monsieur.

Une dernière inclinaison du buste de sa part et l'Imperio prit congés des Écuyers de l'Aurore. Neah scrutait Mancinia, dont le regard venait se perdre dans le sien, dans un silence qui ne lui disait rien qui vaille. Il la conduisit à son bureau, de crainte que la nouvelle soit terriblement mauvaise. Avait-elle eu des ennuis avec les financements ? Quelque chose se révélait-il impossible ? Pourquoi était-elle venue ? Lorsque la porte fut close, il se retournait pour relâcher la question consumant ses lèvres.

— Il y a eu un problème ?

Pour toute réponse, elle saisi son bras et l'entraînait dans ses siens.

— Je voulais seulement faire ça ... Juste une minute ... S'il te plaît.
— ... Mancinia ?

L'Humaine ne disait rien. Elle n'avait pas besoin d'en parler, il ressentait. Ses sentiments étaient les mêmes, ils se calaient l'un sur l'autre. L'Ange lui rendit son étreinte ... Ça faisait du bien de la serrer contre lui.

— Je n'aurai sans doute pas du venir pour ça, dit-elle sans le relâcher.
— Pourquoi ?
— Parce que tu es à ton travail, souffla-t-elle. J'ai agis égoïstement, mais ça fait ...
— Deux semaines, admit-il tandis que ses bras l'enserraient un peu plus. Je ne suis pas revenu depuis deux semaines.

Il y eu un silence entre eux, avant que Neah ne se décide de rompre ce contact après un certain temps, de crainte de ne plus vouloir la laisser retourner chez eux.

— ... Comment vont les enfants ?
— Ils sont contents d'aller au Festival qui se tiendra dans quelques jours. Ihsan et Idril ne cessent de me surprendre au niveau de leurs résultats, Emelyn a plus de difficulté, mais elle ne manque pas d'intelligence, nous devrions avancer prudemment et ... Oh ! Sif dessine de nombreuses choses à Astriid, nous devrions l'inviter ! ... Et ... Tu leur manques.
— Ils me manquent aussi.

Grâce au présent de la Demoiselle Cendre, il parvenait à les observer sommairement au cours de leur quotidien. Avec le Conte du Sapin, il ne pouvait se retenir de regarder sa bien-aimée, ne serait-ce qu'une minute ... Il ne pouvait pas se sentir éloigné. Il ne le voulait plus.

— Je ne comptais pas rester longtemps ... Je vais y aller.
— Je vais te raccompagner.
— Attends.

Son regard s'était soudainement attardé sur son geste, moins habile qu'accoutumé.

— Enlève tes vêtements.
— ... Eh ?

Sa remarque le prit au dépourvu, vidant son esprit de toute tentative de compréhension. Elle avait néanmoins un regard sérieux, scrutateur. Il se voulait presque provoquant dans sa réponse ; ils n'avaient aucun secret, pas même celui de leurs corps nus.

— Viens les enlever toi-même.

Mancinia n'avait pas eu la moindre once d'hésitation à tendre ses mains et déboutonner sa veste, avant de glisser celles-ci sur son haut et de le relever délicatement. Ses aptitudes ne s'étaient pas trompées ; il y avait des bandages.

— Tu comptes poursuivre tes entraînements dans ces conditions ?
— Je t'assure que tout va très bi ... ENHAI. Egan ! Mais en ... !

La Dame à la Lampe avait mis sa main sur sa blessure, son simple touché avait déclenché une vague de douleur dans tout son buste.

— Tu oses t'entraîner dans cet état ?!
—Je ne m'entraîne pas, Mancinia. C'est ce que l'Imperio me disait, avant que tu n'arrives, il me recommandait une plus grande prudence et le devoir de me ménager. Avec mes charges actuelles, mon rythme de travail s'est accentué et il me proposait même de me trouver des personnes de confiance pour me seconder.

Mancinia scrutait le mensonge sur son visage, mais rien ne vint.

— Je suis seulement ...
— Inquiète, oui, oh bordel, souffla-t-il en ressentant encore des picotements.
— Tu veux ... ?
— Non.

Rabaissant son haut en reculant sa main, il marquait un temps d'arrêt à son idée en reboutonnant sa veste.

— Crois-tu que mes supérieurs se diront que tu m'as simplement fait un bisou magique ? rit-il, avant de reprendre son sérieux. C'est non. Je suis suivi par l'équipe médicale, ne t'en fais pas.

C'était des mots complexes à entendre, en tant que doctoresse, mais en la raccompagnant, il la rassurait sur ses blessures ; un choc avec le sol au cours d'un entraînement. Il avait été repoussé par une habile manoeuvre et l'impact avait été à la hauteur du talent du bretteur.

— Wa si ile lailewu, déclara-t-il en arrivant à l'entrée de la Caserne. Fi ẹnu ko awọn ọmọde fun mi. Emi yoo pada laipe.
— Pada wa wo wa laipẹ, sourit-elle. Ati jẹun daradara.
— Bẹẹni, Alakoso.

L'esprit plus léger que lors de son arrivée, Mancinia reparti d'un côté et Neah de l'autre, chacun allait prendre du repos ce soir, avant une nouvelle matinée. L'aube succédait toujours à une longue nuit. Le Capitaine Katzuta avait néanmoins l'ouïe assez fine pour l'entendre ;

— Moi aussi je veux une copine qui me dise de prendre soin de moi.

Post IV - 1330 mots
Inktober - Jour IV - Festival
Egan - Juron
Wa si ile lailewu. Fi ẹnu ko awọn ọmọde fun mi. Emi yoo pada laipe - Rentre bien chez nous. Embrasse les enfants de ma part. Je reviens bientôt.
Pada wa wo wa laipẹ. Ati jẹun daradara - Ne tarde pas trop à revenir nous voir. Et mange correctement.
Bẹẹni, Alakoso - Oui, ma Souveraine

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La Liste de notre Présent

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À Haute-Terre

Mancinia dansait.

Elle était d'une beauté exquise dans son sari bleu aux bordures argentées. Recouvrant ses bras, les drapés translucides dansaient sous la brise vespéral au rythme de ses mouvements. Cette tenue était un renvoi aux couleurs de son vêtement militaire ; cette attention le touchait, pourtant, Neah devait l'admettre ; il l'aimait dans des tons chauds, comme le rouge. Les couleurs sombres, désormais reliée à Reine, se voulaient bannies. Pourtant, au creux de cette masse applaudissant les danseurs au rythme de leur prestation, son coeur se serrait.

Mancinia ne dansait pas avec lui.

Malgré toute la chaleur dégagée par l'environnement créer par les Humains, un sentiment glacial saisissait son coeur d'une brusquerie étonnante. Pourquoi ? Pourquoi ressentait-il ce vain sentiment de Jalousie ? Il ressentait l'Amour de Mancinia à son encontre, il Savait tout. Pourtant ... L'Ange n'aimait pas de la voir dans les bras d'un autre, c'est tout. Pas ces danses qu'ils partageaient. Surtout pas avec un homme qui lui avait avoué ses sentiments, il y a quelques années de cela ...

— Oh, le Petit Bouchon !

Interdit, son regard se tournait droit vers l'individu ayant eu l'audace de ressortir ce surnom ridicule. Shapûr avait levé sa main pour désigner sa culpabilité immédiate. Neah relâchait un soupir en se détournant brièvement de lui, il n'y avait bien que le meilleur ami de Mancinia pour être aussi imprévisible. Son visage dur avait du mal à dissimuler l'espièglerie de ses propos lorsqu'il vint à la rencontre de l'Ange.

— Ça va ?

L'Humain se laissait tomber à ses côtés, dans une position assise négligée ; contrairement aux autres, il avait toujours été à l'aise en sa présence. Sa Liée lui avait tant parler de leur relation, de sa naissance à maintenant, que ce dernier n'ignorait quasiment rien et considérait le Capitaine comme un ami de longue date. Il comprenait ce sentiment ... Neah devait avoir une mise soucieuse pour que celui-ci vienne à sa rencontre, il se devait de reprendre son rôle rassurant, le gratifiant d'un sourire. La Canine Blanche ne voulait pas être morose, les rumeurs seraient problématiques.

— Oui, seulement un coup de fatigue.
— T'es venu la voir danser pour te remettre d'aplomb, hein ?
— J'avais dans l'idée de danser avec elle.

Son ton s'était voulu plus amer qu'escompté.

— Oh, t'inquiète, dit son interlocuteur en haussant les épaules. Dès qu't'es là, y'a aucune chance qu'elle partage encore ses pas avec quelqu'un d'autre.

C'était une vérité dont personne ne doutait tant l'évidence sautait aux yeux dès qu'ils étaient ensemble. Seulement, en la regardant avec cet autre homme, l'Ange se sentait exclu. Tardait-il trop ? Shapûr voyait bien, malgré l'embrument de son esprit, que les choses n'étaient pas exactement comme elles devaient.

— Mec, t'as une chance inouïe ...
— Je sais.
— Si tu sais, arrête d'être un con et épouse-là.

Neah scrutait son visage dans un silence suspicieux, mais les manières et le son de la voix de son interlocuteur étaient éloquents.

— Tu as bu, Shapûr.
— Ouais, c'est sûr, admit-il, avant de lever sa bière et de la boire goulument. C'est que le postérieur de Mancinia se dandine comme celui d'un corgi ! Tu as déjà vu ces chiens ? Ils sont grave mignons, en vrai.

L'Ange ne voyait pas vraiment le rapport entre un animal canin et sa bien-aimée, était-ce une référence aux Ira ? Ces derniers ressemblaient plus à des loups qu'aux corgis, ceci dit. Ce qu'il retenait, par contre ...

— J'aimerais que tu évites de regarder le postérieur de mon épouse.

Sa déclaration était presque un avertissement tant sa posture et l'éclat dans ses yeux résonnaient comme tel. Neah n'avait pas besoin d'avoir le moindre geste pour être inquiétant. Pour un Ange, il se voulait aussi meurtrier qu'une tempête de neige.

— Oulà, Monsieur ! dit-il en prenant une position d'innocence, mains relevées dans un signe où il n'avait rien touché de physique. M'regarde pas comme ça ! Tout l'monde reluque Mancinia, elle est trop bonne pour être ignorée et tu le sais très bien !

Neah eu une froncement de sourcils plus évocateur de sa mauvaise humeur.

— La danse, Neah ! La danse !
— Je t'ai à l'oeil, Shapûr.

L'Humain crachait un soupir, comme s'il ne comprenait pas en quoi dire la vérité était un problème. Le Capitaine savait très bien que celle qui lui créait tant d'émotions était observée, pour tout un tas de raison ... Seulement, elle était son Humaine, sa Liée, son épouse et sa Mancinia. Comme si elle avait entendu cette violente envie de possession, ma musique cessât dans l'instant. Dans un battement, il la vit saluer son partenaire, riant avec lui quelques instants. L'Ange se sentait déstabiliser et idiot de son comportement, de ses pensées ... Il ne bougeait pas. Pourquoi cela revenait-il maintenant ? Était-ce en raison de sa longue absence ? Était-ce en raison de son travail ? Allait-elle seulement se rendre compte qu'il était venu la voir ? Mancinia eu un recul pour mettre un terme à la conversation en se tournant vers les gradins. Un regard dans sa direction et l'éclat dans ses yeux changea.

— Neah !

Tout. Absolument tout venait de se métamorphoser dans un éclat irradiant à sa simple vision. Tout ce qu'elle venait d'échanger avec cet autre homme n'avait pas un centième de la puissance de son bonheur de le savoir présent à ce festival. Elle vint dans leur direction presque aussitôt, sa poitrine se soulevant presque au rythme du nouveau morceau musique, les quelques personnes sur son passage s'écartant aussitôt. Elle était loin de vouloir arrêter ce qu'elle avait entreprit ce soir, elle danserait encore. Juste une pause ... pour tomber dans ses bras.

— Neah, tu es venu !

L'Ange voyait toutes ses émotions sur son visage, il les ressentait, balayant tout le reste, alors qu'il vint saisir ses lèvres comme toute réponse. Il n'était qu'un idiot. Shapûr eu un mouvement des yeux vers le ciel, avant que Neah ne vienne susurrer aux oreilles de son aimée.

— Kaisa sharmana aaja nach ke dikha de ...
— Kaisa sharmana tujhe nach ke dikha doon !

Son sourire, en cet instant, valait son univers.
Post V - 1020 mots
Inktober - Jour V - Corgi
- Kaisa sharmana aaja nach ke dikha de - Montre-moi ta danse [souligne l'intérêt d'une personne envers une autre, dans le sens amoureux, mais elle est souvent utilisée entre les Devâdasin]
- Kaisa sharmana tujhe nach ke dikha doon - Laisse-moi te montrer comment je danse [est la réponse usuelle si l'intérêt est partagé]

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La Liste de notre Présent

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À Haute-Terre

Neah l'aimait.

Ne sachant comment le lui dire au quotidien, l'Ange murmurait ces mots en démonstration de ses sentiments. Il était conscient de leur importance, de ce qu'ils voulaient dire et voir Mancinia ainsi sourire, la ressentir si heureuse avec des rougeurs de plaisir peint sur son visage ... ne pouvait que lui donner raison. À un détail près.

— Est-ce que tu vas mieux au moins ?

Son visage s'était voulu carnassier, comme si l'aura de la Dame à la Lampe écrasait le reste de sa bienvaillance habituelle. Depuis qu'elle avait entamée ses études de médecine, Mancinia avait ce double visage à l'encontre de ceux qui ne respectaient pas les recommandations médicales. Déformation professionnelle, certainement. Neah manquât d'éclater de rire lorsqu'elle posait une main sur son ventre, palpant au travers de son vêtement pour voir si la douleur lancinante d'il y a quelques jours était encore présente.

— Tout va bien, mes blessures sont guéries.
— ... Hum.
— Si tu veux l'dessaper, y'a des coins discrets plus loin.

La voix cassante de Shapûr venait de ruiner l'atmosphère tendre qui régnait entre les deux Liés, Mancinia se retournait vers lui avec une grimace qui en disait long sur son agacement.

— Ah ... Tu es là.
— Qu'est-ce que j't'avais dit, reprit l'Humain en l'ignorant. T'es r'venu, alors le reste, elle s'en branle !
— T'es gentil, mais Neah est occupé par son travail et j'aimerai l'avoir pour moi quand il est présent.
— C'est c'que j'disais à ton Ange là ! ... Il serait temps d'être sérieux et ... !
— Avant mon départ, nous nous marierons.

Mancinia s'était figée, son expression semblait être un mélange de diverses émotions, qui remontaient son Lien au point de toucher le coeur de Neah. Sa déclaration avait coupé toute réplique de la bouche de Shapûr, qui ne savait que répondre devant cette phrase, lâchée l'air de rien, mais empreinte d'une sincérité qui résonnait même dans ses propres tripes. L'Humaine n'osait regarder l'homme dans son dos, qui souriait en observant sa réaction. En la ressentant. Il n'avait aucune crainte d'une éventuelle trahison de sa part, mais il avait conscience que plus il tardait à s'engager ... plus d'autres lorgnaient sur elle en souhaitant l'écarter. Tous n'étaient pas des Anges, tous n'avaient pas le même respect. Avec douceur, le corps de son aimée se retournait vers lui.

— Tu veux que ... ?
— C'est la nouvelle musique, dit-il en saisissant sa main. Nous y allons !

Dans une vague émotionnelle intense, la Fille du Soleil n'articulait pas le moindre mot. L'Insaisissable cédait devant ses émotions, tant seuls les bras de cette Humaine était en mesure de le retenir et de le corrompre. Elle le voyait à son teint rougi. Il demeurait en lui un peu de cette timidité qui l'avait séduite autrefois. Évidemment, ils allaient se marier, mais n'était-ce pas après avoir construit ensemble une ville ? Astura, Rivellon, ou une toute autre idée qui viendrait entretemps ? Avaient-ils trop tarder ? Avaient-ils perdus toute patience ? L'idée que son Ange désire la faire sienne au préalable ... ne la dérangeait pas.

— Ta déclaration était-elle sincère ? demanda-t-elle au milieu de la danse. Tu veux que l'on se marie ?
— Je l'étais, dit-il en l'attirant vers lui, avant de s'amuser de ses mains. Je veux partager le reste de mon éternité avec toi, aux yeux de tous.
— ... Ai-je été trop pressante ?
— C'est moi qui ne l'ai pas assez été.

En trois pas, elle s'était éloignée, tournoyant sur elle-même comme un signe de départ, alors que l'amoureux tentait de retenir sa belle en tendant le bras, l'invitant dans une dernière danse de réconciliation. Il n'en était nullement question pour eux, seulement l'existence d'un nouvel avenir.

— Mancinia Leenhardt ... Voulez-vous m'épouser ?

Le temps s'était suspendu. Elle saisi sa main.

— Oui, Neah Katzuta !

Personne ne les entendait, personne ne comprenait ce qu'il se passait, mais chacun des yeux sur eux étaient conquis de leur prestation. Tout n'était que simplicité pour les Devâdasin, évoluant au milieu des autres pratiquants, éclipsant certains sous leurs regards tendres et l'aisance de leurs mouvements. Il y avait une harmonie dans leur union, une habitude et une connaissance de l'autre en mesure de créer le Délicat autour d'eux. Tout était exécuté avec mesure et douceur, sublimé par les entraînements où le Capitaine avait tout réaliser pour être à la hauteur de sa fiancée. Leurs pas étaient dynamiques, dans un style fluide et gracieux, se caractérisant par la frappe de leurs pieds, aux délicats mouvements de leurs bustes et de leurs visages ; les positions gestuelles, l'expression des émotions et narration d'histoires poétiques.

Mancinia n'était pas seule. Neah était là.

Elle était heureuse. Il était heureux.

Terminant son pichet d'alcool, Shapûr se redressait pour aller en chercher un autre en échange de deux sous, avant de revenir aux alentours de la piste de danse, saisissant une chaise dont le raclement laissait des traces sur le sol terreux, avant de se poser devant ces deux aimants et de les regarder. Des idiots heureux. Des murmures autour de lui, un en particulier, retient son attention ;

— La Gardienne Azurée et son Gardien ...

Mancinia avait une aura éblouissante. Elle n'était rien, elle était devenue tout. Un modèle, une volonté inébranlable en mesure de séduire ceux qui les méprisaient. Il ne pensait pas cela en raison de sa beauté, elle était plus qu'un corps et elle le lui avait prouvé dès leur première rencontre. Quant à Neah, son potentiel se révélait aux yeux de tous depuis les meurtres ayant secoué Haute-Terre ; les Humains le voyait comme l'un des leurs. La Canine Blanche semblait être en retrait, mais il veillait sur eux tous. Autour d'eux, trois papillons aux ailes bleuies semblaient vouloir accompagner leur danse.

— Les Gardiens Azurés.

Post VI - 1060 mots
Inktober - Jour VI - Raclement

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La Liste de notre Présent

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Aux Jardins de Jhēn

Ce que ressentait l'Ange était une euphorie en constant mouvement. Cinq années s'étaient écoulées depuis leurs fiançailles, depuis qu'il avait déclaré l'aimer devant une masse d'individus sur le chemin d'Haute-Terre, depuis que les enfants étaient dans leur vie. Sa vie de Famille, Neah l'avait acquise, mais il désirait plus de sa partenaire, comme Mancinia désirait plus et le lui avait fait comprendre en de multiples occasions. Leurs rêves se concrétisaient et disons que sa récente Jalousie devant Tutafeh lui soufflait à quel point les hommes étaient versatiles ... À quel point lui-même ne pouvait l'imaginer dans les bras d'un autre. À quel point il voulait qu'elle soit sa femme, y compris en dehors de Koelyë. Qu'elle soit sienne, comme il serait sien, à tout jamais ...

— ... taine ? ... Capitaine.

Perdu dans ses pensées en contemplant son bureau, Neah clignait des yeux avant de les relever vers ...

— Imperator !

Son exclamation avait entraîné son redressement brutal de sa chaise. Hyunel Feldhart se tenait devant son bureau et il ne l'avait ni entendu frapper contre sa porte, ni pénétrer dans son bureau. Ce dernier le regardait d'un air mêlant étonnement et suspicion.

— Eh bien ! Serais-ce le choc de notre précédent combat qui vous laisse encore dans cet état ?
— Je suis confus ! dit-il en s'inclinant respectueusement. Je vous prie de m'excuser ...

Réfléchir aussi intensément n'était pas anodin. Et vu comment il avait terminé suite à son entraînement aérien en sa compagnie, Neah n'avait pas envie de retenter d'aussitôt cette expérience calamiteuse pour son corps.

— À quoi votre esprit était-il donc occupé pour ne pas m'entendre à votre porte ?
— C'est-à-dire ...

Pourquoi se sentait-il aussi nerveux exactement ? Pourquoi dissimulerait-il quelque chose qui le rendait heureux sous prétexte que ça ne cadrait pas avec ses fonctions ? Être un mari et un père étaient des termes tout aussi honorables que Capitaine. Il le regardait droit dans les yeux, un sourire franc sur les lèvres.

— Mancinia et moi allons nous marier.

Sa déclaration ne se voulait s'encombrer d'aucuns titres pour bien remémorer qu'ils étaient des fiancés.

— Félicitations ! C'est une excellente nouvelle, Capitaine.
— Je vous remercie.
— Ah ah ... Aetheri. Cela faisait longtemps que nous n'avions pas célébrer de mariage.

Ils s'étaient raréfiés avec la situation calamiteuse des Anges et la perte des êtres aimés. Peut-être allaient-ils relancer une volonté de s'unir au travers de leurs épousailles ?

— Toutefois, même si je comprends que vous ayez l'esprit accaparé par cette nouvelle, vous ...
— Je suis navré, cela ne se reproduira plus.
— Non, ce que je voulais dire, souffla-t-il. C'est que l'Imperio Futou ne vous a pas dit de vous reposer pour que vous vous ajoutiez de nouvelles tâches stressantes dans votre emploi du temps.
— Oh, mais ... Nous n'avons pas grand-chose à faire.

Le ton détendu sur lequel Neah le lui avait dit avait coupé l'élan de son supérieur, qui, décontenancé, ne savait plus quoi dire.

— ... Plaît-il ?
— Nous avions déjà discuté de ce que nous voulions l'un et l'autre. Il ne nous reste qu'une date à choisir et à voir les disponibilités des organisateurs. Oh ... et nos essayages, évidemment. Tout cela pour dire que ce ne sera pas excessivement prenant en ce qui nous concerne.
— Je vois.

Rien n'était plus certain qu'un coeur amoureux, pas vrai ?

— Très bien. Je venais vous voir concernant les réunions de cette semaine que nous décalons en début de semaine prochaine. Nous avons choisi de les décaler par simplicité, mais de ce que je sais, vous avez d'autres entretiens de prévus.
— Hum, en effet.
— Pensez-vous pouvoir vous arranger ?
— Oui, ce ne sera pas un problème. J'ai accéléré le processus pour pallier à ce genre de retard éventuel.
— Très bien.

Son regard se posait sur son bureau, un peu désordonné, mais en particulier sur l'épais livre dont la lecture ne l'avait pas réellement transcendé.

— Cet ouvrage ...
— J'étais en train de me renseigner sur les Alfars, admit-il. Comme ils pourraient regretter de m'avoir transmis ce territoire, j'essaie d'envisager qu'ils soient en mesure de vouloir le reprendre avant que nous n'entamions notre voyage.
— Nous pourrions laisser cela à nos diplomates.
— C'est uniquement dans l'idée de me préparer si je devais me rendre sur leur territoire pour en discuter avec eux.

En effet, depuis sa victoire, le Capitaine Katzuta possédait un laisser-passé lui laissant l'autonomie de se rendre sur les terres de Drosera et dont la parole avait un minimum de valeur à ses oreilles.

L'Imperator ne dit rien de plus, comprenant que tout le travail accompli ces dernières années par son subalterne ... ne serait pas laissé à l'abandon par ce dernier. Il mènerait son projet à bien et envisageait les éventualités retorses de leurs adversaires. S'assurant de lui avoir bien transmis les heures des nouvelles réunions, il prit congé, tandis que dans un soupir, Neah se laissait tombé sur son siège en reprenant sa lecture, quelques paragraphes plus haut, avant le délitement de son esprit vers son mariage. L'Anoraë est une étape décisive dans la vie des Nerethi. Elle débute lors de la réception d'une missive officielle les invitant au Temple de Dothasi dans le but d'honorer l'Aether durant un certain temps, variable selon les individus. Ils ne peuvent quitter ce lieu avant d'avoir reçu leur Anoraë, où les conséquences seraient désastreuses. Ce n'était pas précisé dans cet ouvrage, mais l'Ange devinait aisément qu'ils risquaient un sort similaire à celui qui lui avait tendu un piège lors de l'Épreuve. Cet Anoraë ressemble à une pierre dont la couleur varie selon le Destin de l'Elfe Noir. Ces informations n'étaient pas vraiment précises, mais il était déjà bien qu'ils en eussent sur un peuple aussi hermétiquement fermé. En relisant une seconde fois, une question le taraudait ; est-ce que cette fille ... Juvelian, était une Nerethi ? Était-elle plus jeune ? Plus âgée ? Vu son état dans les souterrains de ce curieux Temple, l'Ange n'aurait su être précis quant à sa condition. Peut-être que s'ils se recroisait, il lui demanderait ... Il allait y avoir de nombreuses choses à organisé dans les mois à venir ; mais avant toute chose, il allait attendre le retour de Mancinia. Et ils allaient se marier.

Post VII - 1030 mots
Inktober - Jour VII - Anoraë

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La Liste de notre Présent

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Aux Jardins de Jhēn

— J'ai opéré des recherches après votre demande, Capitaine ... Je ne vous avais pas oublié !
— J'y ai cru, vu que ma demande remontre à plus d'un an.
— Ex ... Excusez-moi ! Les recherches ... !
— N'ayez aucune crainte à ce sujet, vous m'avez tenu informé, ce qui est preuve d'un grand professionnalisme.

Sa remarque était sincère, mais l'Ange voyait bien à quel point son homologue était mal à l'aise en sa présence. On aurait dit une souris devant un chat sur le point d'être dévorée. Était-il si effrayant que ça ? Il se considérait comme accessible et amical en dehors du travail. Devant Isiode, cet homme aurait certainement eu un malaise.

— A ... Alors ! se reprit-il en enfouissant son nez dans ses notes. Bien, alors, hem ! Nous avons eu des renseignements concernant le Baiser des Vampires, cela dit, nos récents échanges ont dévoilé qu'il en existait deux sortes ! Oui, deux ! C'est incroyable ! Notre compréhension de ces derniers va ... Oh, excusez-moi, je me suis emporté ! Bref, je disais qu'il en existait deux ! Tout, d'abord, le plus connu ... Le Shihmarg ! C'est le Baiser qui désigne le prélèvement du sang, rien de bien nouveau ni de transcendant, mais le second ! ... Le second ! Le Shaazka ! C'est ce que vous recherchiez ! C'est le nom du rituel de transformation d'un être humain normal en Vampire !

Le Capitaine continuait d'écouter les révélations du chercheur angélique - qu'on lui avait recommandé pour ses expertises sérieuses - extrêmement enthousiaste à l'idée qu'une personne se renseigne sur ses sujets d'études. Si Neah avait voulu comprendre, c'est en raison du souvenir de cette nuit, où ses crocs avaient mordus Mancinia, lui causant une douleur telle que celle-ci avait hurlé de douleur durant un temps interminable. Au bout d'un an, depuis cette nuit sur Boraür, ce rêve ne cessait de le hanter. L'idée de l'avoir séduite dans le seul but de la tuer ... Mais ce n'était pas ce qu'Az'aar voulait lui montrer. Si sa mort lui causait une peur quotidienne, ce qui se reflétait avant tout était un changement d'état. Un changement de race. Ce dont il avait inconsciemment envie, c'était que l'Humaine devienne une Ange. Il le lui avait dit, elle en avait conscience et ... lui-même avait levé sa lame pour que cela advienne, dans un moment de perte totale de lucidité, soumis à un sort d'hypnose dont il s'était sorti à temps. Il ne voyait pas vraiment d'autre explication. Était-ce parce qu'il pensait, de temps en temps, qu'une Leenhardt Ange lui aurait plu ? Mancinia en Ange ... C'était séduisant, mais elles n'auraient eu qu'un physique en commun. Elles auraient été dissemblables dans leur comportement, oh, certainement bienveillante et avec de l'amour à rendre, mais son imprévisibilité et sa combativité auraient été altérées. Était-ce que ce le Rêve voulait lui faire comprendre ? Était-ce pour lui rappeler une chose aussi basique ? Dans cet endroit, cela n'avait duré qu'un instant, mais le supplice d'autres, moins chanceux, pouvait s'étendre durant longtemps. Neah n'avait jamais vu les Vampires sous cet angle, même en sachant qu'ils étaient des menaces. Encore des créatures dont l'extermination serait agréable à leur vie quotidienne.

Dans cette maison aux murs devenus glacials, Mancinia en avait retiré un certain plaisir - c'était ce qu'elle lui avait dit pour ne pas le mettre mal à l'aise, c'était sûr ... - là où lui-même trouvait son comportement méprisant ; qui faisait souffrir la femme qu'il aimait ? Ni lui ni elle n'avaient subi une véritable morsure dans la réalité, mais se devait être un sentiment de désespoir absolu perdu dans une douleur sans borne. Shapûr l'avait vécu durant la Coupe des Nations ; c'était des chasseurs, des monstres ...

— Merci de votre aide, déclama-t-il en lui offrant une poignée de main. Vous vous y connaissez bien en Vampires.
— Ils sont fascinants, enfin, terrifiants, mais fascinants !
— Travaillez-vous avec l'Armée ?
— Hein ? Non ... Je ... Enfin, je n'ai rien contre, mais j'ai des collègues qui ... !
— Pardonnez mon audace, mais je vois de nombreuses opportunités de collaboration dans le futur.

Il lui aurait annoncé l'apocalypse que l'effet aurait été le même. Pourquoi des personnes étaient-elles aussi timides ou n'avaient que si peu confiance en elles, alors que c'était des ressources rares et précieuses ?

— Je peux vous demander ? ... Pourquoi vous vouliez savoir ça ?
— ... J'ai fais un Rêve. Je voulais en connaître la signification.
— Un ... Rêve ... ? Où vous mordiez quelqu'un qui se trans ... ? ... C'est vrai alors ! Vous allez épouser la Marquise ?!
— Comment ... ?
— Ce sont des rumeurs qui courent à Vervallée ! Oh, je sais que ... Je sais que ça ne veut rien dire, mais !

Neah eu un petit rire amusé. Il ne s'était pas attendu à ce que son mariage soit attendu d'autres que les concernés ou leurs proches, mais en vérité, Mancinia avait une réputation non-négligeable ; tout le monde s'intéressait à ce qu'elle réalisait.  Cela dit, Neah ne voulait pas savoir si elle choisissait réellement une robe de mariée ... En ressortant du bureau pour retourner à la Caserne, il marquât un temps d'arrêt dans la rue. En y réfléchissant ... Ces sales Suceurs appréciaient le sang des vierges, non ? ... Heureusement que Mancinia était Matasif depuis leur première rencontre, où il aurait choisi d'aller à l'encontre de ses principes et de lui offrir sa première nuit en dehors du mariage. Ce n'était pas sain de vouloir marquer son corps pour l'éloigner des dangers potentiels, mais quelque chose en lui ricanait en disant que l'Humaine n'aurait pas dit non.

Post VIII - 1045 mots
Inktober - Jour VIII - Shaazka

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Melohorë

Enlevant le bogue protégeant le précieux bien convoité par le regard aguerri de Sif, Mancinia se remémorait lorsque sa mère faisait la même chose pour elle. Ce n'était pas évident de s'occuper de petits êtres qui dépendaient de vous à tout instant, qui pouvait enlever votre énergie en une fraction de minutes, mais elle aimait ses enfants. Et le fait d'en avoir plusieurs l'avait préparé à ce rôle lorsqu'elle aurait les siens. Écrasant le fruit dans un bol pour que sa cadette prenne des morceaux sans prendre le risque de s'étouffer, l'Humaine se sentait ravie d'avoir un moment privilégié avec l'Ygdraë. Elle était venue pour les négociations, dans l'espoir de voir sa marraine, malheureusement absente, mais également de la montrer aux siens, pour qu'ils voient qu'elle s'en occupait bien ; Mancinia comprenait le soin que les Sylvestres avaient concernant leurs enfants à l'étranger, tout comme elle avait à coeur le Destin des Enfants des Cieux. Elle avait reçu de nombreux conseils, surtout sur son alimentation, lui demandant d'éviter toute chaire animale. Sif sera inévitablement proche de la nature et de ses habitants, ce serait d'une complexité pour elle de s'y plier. Il faudrait sans doute lui expliquer cette différence de traitement, mais connaissant les aînés, ils seraient capables de changer de régime alimentaire pour ne pas faire pleurer leur soeur et être solidaires dans cette épreuve - au moins pendant une semaine. Cette idée la fit rire intérieurement. Profiter de ce moment avant de reprendre la route, quittant le territoire lumineux et verdoyant du Continent vers les terres sinistres des Sorciers ... Sa fille rentrerait avec ses domestiques tandis qu'elle irait rejoindre une autre délégation, certainement partie des murs d'Utopia désormais.

Les Humains avaient longuement discuté de ce qu'ils devaient faire avec ces anciens esclaves ; la priorité était de s'assurer qu'aucun d'eux ne soit un espion à la solde d'un Maître puisque la sureté de Qaixopia en dépendait. Ils avaient opté pour la mise en quarantaine d'un ensemble de quartiers, sous couvert de soins et de réhabilitation, mais également de surveillance ; les Gardes seraient présents en nombre et entrer-sortir de cet endroit serait soumis à des restrictions. Ce serait dur pour eux, mais il valait mieux protéger l'ensemble du peuple ; les Mages Noirs étaient retors et si Elias Salvatore avait une parole sûre, si Cyrius Windsor l'intéressait pour ne pas être conventionnel, il y avait d'autres forces en Jeu dont elle ne maîtrisait rien. Si ce détail l'agaçait passablement, elle ferait avec. Si un Humain trahissait les siens, Mancinia le tuerait de ses propres mains. Ce n'était sans doute pas très convenable pour une future doctoresse assermentée, mais elle était une Matasif. Elle était une Protectrice. Elle était Mancinia Leenhardt, l'Iskandar.

— Mancinia, la source est prête.

Monika était entrée dans la salle commune en douceur, mais elle ne parvenait jamais à surprendre l'Humaine. Est-ce que quelqu'un du commun en était capable ? Cette idée fit sourire la Magicienne. La Camériste et la Marquise étaient devenues des amies, voire des confidentes, ce qui faisait qu'en tête-à-tête, elles se tutoyaient.

— Je vais m'occuper de Sif, prend une pause.
— Oui, merci.

Un instant seul à seule avec elle-même ne pouvait pas lui faire de tort.

— Tu restes avec Momo, ma chérie ? Maman reviens vite !
— Accord ! Momo joue !

Confiant sa cadette à son amie, Mancinia pris la direction de la source thermale où tout avait été préparé à son intention ; elle avait privatisée l'endroit et bénéficiait de ce petit traitement de faveur. Au moins, le tenancier n'avait pas trop de travail et gagnait bien sur son séjour. En se déshabillant, l'humidité de la salle attenante parcourait délicieusement son épiderme et un soupire d'aise la saisi lorsque son corps fût immergé dans l'eau. Construit à même le sol avec l'eau puisé directement sous terre, la construction se voulait moderne, sobre et écologique. Cela ne valait rien devant les sensations qui la heurtaient. C'était divin. Surtout seule. De quoi se remettre de ses émotions. Elle avait presque envie de se rouler par terre de joie devant la réussite de son projet, mais la bienséance la rappelait à l'ordre. Se laisser couler, oublier tout durant quelques instants. Son corps reposant sur la pierre dure en savourant la température de son bain et les odeurs entêtantes du lys, Mancinia eu une pensée en direction de son fiancé. Était-il encore en train de travailler ? S'entraînait-il ? Préparait-il l'arrivée de ses nouvelles Recrues ? Avec la restructuration de l'Armée et son départ vers Orhmior, on sentait cette parcelle territoriale qu'était les Jardins de Jhēn comme un stationnement prêt à disparaître.

Sans doute que cela adviendrait lorsque Neah aurait bâti Rivellon ? Peut-être que lui partirait ... Non, c'était certain ! Il le mériterait ! Elle se demandait même si un tel exploit ne lui vaudrait pas une promotion ! Car même si pour lui tout était normal, son Ange méritait d'être reconnu.

Il lui manquait. Elle avait envie de le voir.

Post VII - 813 mots
Inktober - Jour IX - Bogue

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La Liste de notre Présent

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Splash.

L'Humaine clignait des yeux en regardant la masse humanoïde ayant atterrit dans la source. Elle n'avait même pas songé à ce que se fusse un adversaire ou un voyageur, son Lien s'était immédiatement renforcé à sa présence. Neah venait de surgir de nulle part et l'impact de la téléportation l'avait conduit à tomber à la renverse dans l'eau. Son visage dépeignait sa surprise et son agacement passager avant de constater sa présence. L'Ange restait un instant décontenancé avant de détourner les yeux de son corps dénudé. Ce n'était pas de la gêne, mais il ne souhaitait pas la mettre mal à l'aise en laissant ses yeux traîner là où ils ne devaient pas.

— Neah ?
— Mancinia.

La Capitaine se redressait, son uniforme imbibé d'eau en soupirant une insulte dans sa langue maternelle. Le connaissant, il n'était pas venu de lui-même. Pas de cette manière, surtout en réagissant aussi mal.

— Qu'est-ce qu'il s'est passé ?

Mancinia était déconcertée de cette situation. Ce n'était pas que Neah soit dans son bain tandis qu'elle y était, puisque l'un et l'autre avaient prit une certaine habitude quant à leurs corps, mais surtout parce qu'il s'y était retrouvé sans avertissement. Ni elle ni lui ne comprenait.

— J'ai senti quelque chose m'agripper et me forcer à être là.
— J'ai pensé à toi, je ... Pardon !
— Pourquoi tu penses que c'est ta faute ? soupira-t-il. Non ... Je n'ai pas le temps. J'étais en pleine réunion ... Bon sang ! Je dois y retourner tout de suite. Nous en discuterons plus tard.

Essayant de se remettre correctement, l'Ange passait une main dans ses cheveux. Ce geste avait soudainement attiré les yeux de Mancinia, dont le palpitant était en pleine chamade. Tout cela lui rappelait ... Ce Rêve ! L'Humaine se remémorait aisément de sa main dans ses cheveux mouillés, de son torse dénudé, de sa langue sur son corps et sa main sur son sexe. Jamais cela ne s'était reproduit. C'était Neah qui se chargeait de son plaisir. Lorsqu'il sortit de l'eau et en se dirigeant vers la porte, Mancinia détournait les yeux, essayant d'éviter de retomber dans son besoin très primaire de s'accoupler avec lui. Tout ce plaisir abrutissant dont il était capable et dont il la privait. Pire que tout. Il ... Pourquoi ? Ils ne s'étaient pas vus depuis son départ. Pourquoi ne la prenait-il pas dans ses bras ? Juste un baiser ... était-ce trop demander ? Tu es tellement cruel. Neah s'arrêtait en se retournant à moitié vers celle qui ne le regardait plus, qui ne lui parlait pas. Si tu ne veux pas me toucher, regarde-moi au moins, au lieu de prendre cet air déçu ! Elle fermait les yeux, douloureusement. Je suis ta femme, merde ! Ah. Elle se sentait encore blessée. Blessée et frustrée. Tu n'es même pas conscient de combien tu m'as manqué ...

— Mancinia.
— Ah !

Il s'était rapproché. Elle ne l'avait pas entendu. Neah avait l'air si imposant, ainsi debout, tandis qu'elle était assise dans l'eau. Son regard croisait le sien, la contraignant à baisser les yeux vers ses chaussures.

Aaah, putain, je me déteste. Je ne veux pas me disputer.

— Je ne veux pas me disputer non plus.
— ... ?

Son incompréhension fut d'autant plus choquante lorsque la voix de son mari retentit dans son esprit.

Et toi, tu m'entends ?

Mancinia eu un sursaut, soudainement paniquée.

— Je ... C'est quoi ça ?
— De la télépathie.

Il l'avait dit en douceur, comprenant que pour son aimée, c'était quelque chose d'inédit.

— Tu as lu ... dans mes pensées ?
— C'est de la communication par la pensée, non de la lecture.
— Alors c'est ça ... de la télépathie.

La vraie, l'unique, pas celle qu'elle avait sommairement expérimenté dans ses souvenirs. L'Ange s'agenouillait devant elle, toujours un peu plus haut. Dans son regard, il y avait quelque chose de triste.

— Ne me dis pas que tu me trouves cruel ... Même si je ne le montre pas ... Je trouve ça très blessant.
— Je ... !

Instinctivement désolée de ses pensées absurdes, Mancinia n'avait pas le moindre chance de discuter vu que son mari lui saisi les épaules pour la serrer dans ses bras. Ce devait être l'une des rares fois où sa bouche se perdait sur son épaule, Neah n'était pas aussi grand qu'elle, habituellement. Ce n'était pas désagréable.

— Pardon de ne pas te prendre toute entière comme tu le voudrais, mais crois-moi, Mancinia, tu es mon Unique. S'il y a une femme à laquelle je pense, c'est toi. S'il y a une femme avec qui je veux vivre, c'est toi. S'il y a une femme avec qui je veux faire l'amour, c'est toi. Ça ne changera jamais. Jamais. Je veux être ton mari, pour l'éternité.

Il n'avait pas besoin de parler ; cette étreinte avait suffi à apaiser toutes ses peines.

— Peut-être que cette éternité est plus courte pour toi. Peut-être ne serions-nous marier que dix ans ou un siècle ... Mais tu seras mon éternité. Jamais ... Jamais je ne pourrais aimer une femme comme je t'aime toi.
— C'est pareil pour moi ... ! Je t'aime, Neah, je t'aime tellement !

Un amour et un désir inégalé. Cherchant sa bouche, le Capitaine capturait sa proie entre ses lèvres. Dans cette configuration, l'homme ne savait pas se relever. Ses membres inférieurs lui semblaient être en coton, tandis que le reste de son corps était engourdi. Il ne voulait pas la laisser, il en voulait plus. Plus que ce baiser, plus que d'être là au-dessus d'elle avec ses vêtements, alors qu'elle se drapait d'une nudité qu'il connaissait par coeur, mais dont jamais il ne se lasserait. Tout contrôle magique ne lui servait à rien tant leur Lien pulsait entre eux. S'ils le pouvaient, sans doute n'aurait-il pas tenu et il l'aurait tout simplement prise là, mais il se retint. Elle aussi essayer de ne pas succomber au désir, même si cela le rassurait qu'elle eut envie de lui. Il n'y avait rien de plus repoussant qu'un homme contraignant une femme dans son lit. Les femmes les plus charmantes sont celles qui le choisissaient et, à vrai dire ... C'était Neah qui se promettait de la satisfaire. Facile à dire quand il n'avait aucune expérience. Heureusement, Mancinia n'en avait pas non plus. Puis, l'Humaine se reculait pour reprendre sa respiration.

— Mancinia ...

Son esprit failli vriller complètement lorsqu'il vit des larmes couler le long de la commissure de ses yeux vers le sol. Ce n'était pas de tristesse, juste du bonheur. C'était aussi tenace qu'un ratel, quelque chose qui s'accrochait à vous et ne vous relâchait pas.

— Je vais honorer toutes mes promesses.

Scellant ce nouveau serment avec ses lèvres sur les siennes, il prit conscience que l'au revoir n'en serait que plus complexe.

— Il faut que j'y retourne ... ou ils vont croire que j'ai été enlevé, ce qui ne serait pas surprenant.
— ... Je ne veux pas que tu partes.
— Je ne veux pas partir non plus, admit-il en l'embrassant sur le front. Je t'aime. Nous nous reverrons à ton retour ...

Post X - 1180 mots
Inktober - Jour X - Ratel

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La Liste de notre Présent

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Aux Jardins de Jhēn

En revenant aux abords de la Caserne des Jardins de Jhēn avec sa propre capacité de téléportation, Neah essayait de reprendre ses esprits ; Mancinia avait pensé à lui et l'avait emmené de force dans sa direction, puis ils étaient parvenus à communiquer par télépathie. Est-ce que l'inverse était possible ? L'Ange ne souhaitait pas le vérifier tout de suite dans la mesure où sa femme était nue dans un bain et que l'invoquer dans une roue boueuse et fréquentée n'était clairement pas l'idée de l'année. Ils feraient des essais à son retour. Quant à leur nouvelle aptitude de communication ...

Mancinia.

Épousant avec douceur l'esprit de sa promise, Neah tentait de renouer ce contact qui s'était manifesté avec force il y a quelques minutes. Était-ce une simple chance ou quelque chose qui serait permanent ? Ce ne serait pas surprenant que ce tout nouveau lien soit irrégulier.

Tu m'entends ?

D'aussi loin et sans quelqu'un pour transmettre le message, autant dire que la probabilité était inexistante. C'était tout de moins ce qu'il savait des services de communication militaire.

Oui. Et toi ?
Incroyable !

Rien entre eux n'était habituel. On le lui prouvait encore. Mancinia paru décontenancé par son exclamation enthousiaste.

C'est ... si exceptionnel ?
Oui, tout à fait !

La connexion entre eux était fluide, quelque chose qu'il n'avait connu avec personne, si ce n'était Anzass et ses habilités exceptionnelles en magie mentale.

Je te crois. Je n'y connais rien à la magie ... C'est tellement bizarre.

Il ressentait son Humaine embarrassée d'être si ignorante, mais contrairement à ce qu'elle pensait, Neah la savait loin d'être idiote ; entre ses souvenirs et les recherches personnelle du Nylmord, ses capacités de compréhension magique était plus élevée que la moyenne de son peuple ... Elle n'avait simplement pas l'habitude. Cela dit, une chose, réellement, lui faisait plaisir ...

Je peux te parler sans contrainte, désormais.

Et cela le rendait heureux de le savoir. Surtout lorsque le moment de partir en terre lointaine serait venu. Ce Lien lui donnait plus de satisfaction que tout ce qu'il avait pu connaître.

Je t'aime.

Sa déclaration était d'une vibrante sincérité.

Je peux directement te le dire dans la tête, maintenant.
Qu'est-ce qu'il se passe, Neah ?

Mancinia ressentait une certaine inquiétude et son compagnon en compris la raison ; ce n'était pas anodin, pas entre un Gardien et sa Protégée. Pas entre un être magique et un être non-magique. Ce qu'ils vivaient était exceptionnel, mais aussi inédit.

Je ne sais pas. Peut-être s'agit-il de notre Lien ?
Si soudainement ? Pourquoi ? Rien de nouveau ne s'est produit entre nous.
... Je vais me renseigner auprès de l'Institution après mon travail. Je te recontacte dès que j'ai du nouveau.
J'attendrai ... ton appel ?

Un sourire sur les lèvres de l'Ange, un dernier au revoir et ce nouveau lien s'amenuisait avant de s'éteindre. C'était un événement surprenant, mais qui n'avait rien d'anodin. Il devait absolument mettre de la lumière sur cette nouvelle habilité qu'ils partageaient ; Mancinia était en mesure de nouer un contact télépathique avec lui, mais elle demeurait une Humaine. C'était captivant. À moins que ce ne soit le Don de Sympan qui ne décide à la contaminer de plus en plus ? ...

— Où étiez-vous passé, Capitaine ?

L'Imperio Futou était venu à sa rencontre dès qu'il avait eu vent de son retour. Neah retournait là il était avant de disparaître, ce qui n'était pas un événement anodin pour un haut gradé de la Nith-Haiah, mais dans son cas, ce n'était pas une première. Ils étaient habitués. Ils étaient seulement dans l'appréhension de l'état dans lequel ils allaient le retrouver.

— Vous avez atterri dans un lac ? demanda son supérieur avec un léger haussement de sourcils.
— Non, monsieur, répondit le Capitaine en passant une main dans ses cheveux rebelles pour les plaquer en arrière.

Il n'avait pas vraiment prit le temps de se changer ; il préférait régler ce problème au préalable avant d'avoir d'autres ennuis.

— Je suis désolée en ce qui concerna la réunion.
— Vous n'y pouviez rien. Avez-vous une idée de ce qu'il s'est passé ?

... Il y avait des choses étranges le concernant. Ses disparitions impromptues donnaient souvent naissance à des choses curieuses et insensées. La Nith-Haiah devait en tenir compte, mais ne pouvait malheureusement pas agir directement. Leur Capitaine ne parlait pas de leurs secrets et ne trahissait personne ; tout était involontaire.

— Pour une raison mystérieuse ... Il semblerait que ce soit la Marquise Leenhardt qui m'est invoquée à côté d'elle.
— Et vous le déduisez parce que ... ?
— J'étais à Melohorë. Directement dans sa direction, dans la pièce où elle était.
— ... Cela aurait donc contourné toutes nos protections, mais également celles des Ygdraë ?

Les Jardins de Jhēn autorisaient les téléportations, mais des murailles magiques l'empêchaient à certains endroits stratégiques. La Caserne était un de ces lieux où les mesures s'étaient intensifiées ; le fait de passer au travers impliquait une puissance monstrueuse. Neah était puissant, mais pas à ce point.

— Nous pensons qu'il s'agit de notre Lien.
— Ce serait très surprenant, ne pensez-vous pas ?
— Je ne sais pas vraiment, Monsieur. Nous sommes désormais en mesure de communiquer par télépathie, alors les limites du surprenant ne cesse d'être dépassées.
— Depuis quand ? demanda l'Imperio, troublé.
— ... Quinze minutes ?

De plus en plus décontenancé devant cette annonce, il n'y voyait pourtant aucun mensonge, aucun stratagème douteux. Il n'avait aucune raison d'altérer la réalité, puisqu'il était désormais possible pour les deux Écuyers de l'Aurore de s'entendre sans se voir.

— Je n'ai jamais entendu pareille situation avec un Lien !
— Il en va de même pour moi, Imperio. Je suis un Gardien depuis assez longtemps pour savoir que cette situation est assez inédite, mais il est aussi possible que je n'en eusse jamais entendu parler.
— Vous devriez demander à l'Institution des Liens ce qui en est, Capitaine. Peut-être existe-t-il des précédents plus anciens.
— Peut-être ... En tout cas, cela ...
— Cela va faciliter votre communication, n'est-ce pas ?
— Oui.

Neah avait entendu la taquinerie dans sa voix et avait voulu y répondre poliment. La vérité était que son supérieur était dans le vrai puisqu'il n'était qu'un livre ouvert lorsqu'on parlait de sa promise.

— Allez changer votre uniforme, ordonna-t-il. Nous verrons le reste un peu plus tard.
— Si vous le permettez, dit-il en s'inclinant pour prendre congé.

L'Imperio le regardait s'éloigner d'un air songeur. Une Humaine capable d'imposer une téléportation et d'enclencher une télépathie ? Était-ce possible ? Était-ce à cause de leur statut particulier ? Mancinia Leenhardt et Neah Katzuta avaient des titres en commun. Un titre de grand ampleur comme celui de Prophète n'était pas anodin, surtout lorsqu'ils avaient été nommés en tant que véritable paire selon les volontés d'Ësse'Aellun sur son île-mère.

— Il ne cesse jamais d'être troublant, n'est-ce pas ?
— Imperator.

L'Imperio s'était reculé pour lui laisser place. Il avait visiblement entendu toute la conversation.

— Leur Lien est d'une incroyable complexité et en même temps, il dégage quelque chose que je ne saurai nommer.
— C'est sans doute à cause de son Gardien que la Marquise est si généreuse avec notre peuple.
— Ah, vous en doutiez ? nasilla-t-il.

Non, personne n'en doutait. Il n'y avait aucune mauvaise intention dans les actes de Mancinia Leenhardt, elle avait réellement à coeur l'entende des deux races et du bien-être des Ailes Blanches. Pour Neah, elle était prête à se faire accepter parmi eux, comme il s'était fait accepter parmi les siens. Dans sa chambre personnelle, le Capitaine Katzuta enlevait ses vêtements en soupirant. Il devait se sécher absolument s'il ne voulait pas tomber malade. En passant devant son miroir, il distinguait encore la marque laissé à l'endroit où la Griffe du Chat-Dessin l'avait touché. Cette cicatrice ... Cette plaie n'avait vraiment pas bien guéri.

Post XI - 1300 mots
Inktober - Jour XI - Griffe

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La Liste de notre Présent

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Aux Jardins de Jhēn

On pouvait dire ce que l'on voulait de sa vie, Neah se sentait tout de même gâté ces derniers temps. Tout allait très bien, dans une certaine mesure. C'était chaotique dans certaines nations et des événements saugrenus surgissaient à nouveau, mais dans sa vie personnelle, les Aetheri avaient choisis de se montrer cléments. Mancinia et lui avaient soufferts, ils faisaient aussi en sorte que le Bien commun passe avant leur relation, mais leur Amour ne décroisait jamais ; sans doute était-ce pour cette raison. L'Ange devait protéger ce qui était sien ; que se soit son épouse ou ses enfants. Et pour veiller sur la première, de nouvelles capacités s'étaient invitées dans leur existence. En sortant de son travail, il était assez tard, mais un des membres de l'Oúnjẹ ọna Asopọ avait été prévenu de sa venue et l'attendait dans son bureau. Ça ne pouvait pas vraiment attendre, surtout devant son emploi du temps ; Neah allait rentrer pour se charger de la comptabilité juste après l'entretien.

— Vous dites une téléportation imposée par pensées et une télépathie ?

Neah acquiesçait devant l'homme stupéfié devant lui. Admiratif, même. Il venait de lui raconter toute l'histoire, en évitant certains détails intimes ; la réunion, la sensation d'être attiré par une puissance implacable pour se retrouver dans la même salle que sa Liée, mais aussi leur habilité à établie une connexion télépathique, même sur une longue distance.

— Non, Capitaine Katzuta. C'est la première fois que j'entends parler de l'existence d'un tel phénomène ! Et ... Et la Marquise Leenhardt peut vous contacter ?
— Nous n'avons pas réellement fait d'essais, mais elle a été la première à manifester ce pouvoir, c'est assez ... Surprenant. Comme vous le savez, ma fiancée n'est pas connue pour sa sensibilité avec la Magie.

Son Ma'Ahid était percutant, les Magiciens avaient souvent du mal à rester en sa présence, c'était une tolérance en raison de son statut, tout aussi écrasant. Pour autant, ce n'était pas une chose dont elle était coutumière ; même en observant celle des Anges, même en ayant vécu chacun de ses souvenirs lié à son apprentissage de la Magie Blanche, même en détenant un Don de Sympan ; Mancinia demeurait une Humaine. Elle devait donner le change, lui devait le respecter. C'était un moyen de se protéger.

— Je pense qu'il s'agit de la vôtre, c'est elle qui doit soutenir cette potentielle connexion entre vous. À moins que ...
— Que ?
— Que ce ne soit Ësse'Aellun. Excusez-moi, Capitaine, mais vous êtes des Prophètes officiellement reconnus, ce n'est pas impossible que nous devions y voir une intervention de l'Aether en votre faveur. Après tout, pour l'un et l'autre, les Anges et les Humains sont comme une Famille, n'est-ce pas ? ...

Calan n'avait pas tort ; ce n'était pas pour rien qu'ils étaient devenus les Écuyers de l'Aurore.

— Je comprends, dit le Capitaine en se montrant songeur. J'imagine que nous devrions essayer sur une durée assez longue et vous transmettre nos observations ? Après tout, il peut s'agir d'une nouvelle évolution du Lien.
— À ce stade, tout est possible. Comme vous l'avez dit, surveillez cette évolution et tenez-nous au courant dans les prochaines semaines.
— Bien, je ferais cela, dit Neah en se redressant.

Cette entrevue n'avait pas été longue, comme escompté. Sans éléments concrets, il était délicat d'établir une vérité absolue. Peut-être que d'autres Liens évolueraient dans ce sens, qui sait ?

— Ah, heu ... Capitaine ... J'aurai une requête à vous soumettre, si vous le permettez ?
— Allez-y.

Il y eu un léger silence dans lequel Calan choisi ses mots avec soin en croisant ses mains sur son bureau, avant de relever les yeux dans sa direction.

— De nouveaux Anges souhaiteraient devenir des Gardiens. Ils ont des questions et aussi des appréhensions quant à ce rôle et vous, qui avez été au coeur des ennuis nous liant aux Humains, vous comprendrez de quoi je parle, mais ... le témoignage d'un vétéran pourrait les aider à choisir en toute connaissance de cause.

Un vétéran ... Oui, il en était un. Mancinia Leenhardt et Neah Katzuta avaient un Lien depuis une vingtaine d'années, il était l'un des derniers de la Guerre des Dieux à être encore maintenu. Des Anges et des Humains étaient morts et les Liens, quasiment imposé pour sauver quelques Enfants de Sympan, n'étaient pas aussi stables, menant à certaines tragédies. Il avait subi l'absence de Mancinia comme un déchirement dans son esprit, il avait vu la Brisure détruire ceux qui restaient. Depuis quelques années, à dire vrai, la création des Liens était quasiment inexistante ; il s'agissait rarement d'un choix personnel, plutôt du Destin qui décidait, comme cela avait été le cas entre les Écuyers de l'Aurore, comme Élosis ... Les Gardiens, éternellement admiré au sein de sa race, devenait un statut que tous redoutait. Les Humains étaient des enfants ingrats, les Anges voulaient les soumettre dans leurs faiblesses pour redorer leur blason, ou ce genre de conneries.

— Votre Lien avec Mancinia Leenhardt est l'un des plus admirables qui m'est été donné de voir.
— Notre histoire n'a pas toujours été un Conte de Faes, vous savez.
— Oh, oui ! Oui, j'en ai conscience, mais Capitaine, vous et la Marquise avez choisi d'être ensemble. Savez-vous seulement que vous êtes des modèles pour la jeune génération et qu'ils veulent vous imiter ? C'est aussi pour cette raison que je vous le demande ; Je ne veux pas qu'ils aient de regrets. Un Lien ne doit pas se réaliser sur un coup de tête.

Considéré comme une relation unique et incompréhensible aux regards d'autrui, le Lien voit naître un sentiment de sympathie qui n'aura de cesse de croître avec l'évolution de la Paire. Il n'est pas rare que certaines d'entre elles nourrissent de véritables sentiments amoureux, au point de vouloir, comme lui et Mancinia, de se marier et fonder une famille, à l'inverse de certaines autres qui n'éprouvent rien d'autre que de l'amitié durant toute la durée de leur vie, notamment car les Humains vivent moins longtemps ... et que des sentiments n'ont pas le temps d'évoluer en amour sincère. C'était une pièce lancée dans les airs et dont les conséquences, bien que positives, étaient imprévisibles.

— Ce serait, dans tout les cas, des Liens moins désastreux que Laëth Belegad et Adam Pendragon.
— En effet, soupira son interlocuteur. C'est un immense échec pour nous de voir Lié une Ange aussi prometteuse à un vulgaire Déchu. Surtout un lubrique notoire. J'en ai la chaire de poule ... ! Pauvre Belegad !

Neah ne disait rien devant autrui, puisque seule Mancinia savait son mépris envers l'Ange. Il était conscient de ne pas être le seul à trouvé ce Lien abject, dénaturant sa vraie nature. Pendragon n'était qu'un tricheur. Il le paierait, un jour.

— Je m'y engage, dit-il. Je demanderais également à la Marquise d'être présente, si cela est possible. En échange, j'aimerai que vous réalisiez quelque chose pour nous.

Post XII - 1150 mots
Inktober - Jour XII - Gâté

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La Liste de notre Présent

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À Melohorë

Désormais retournée dans sa chambre, allongée sur son lit, Mancinia se sentait assez pitoyable. Qu'est-ce qu'il lui avait pris exactement ? Ce désir envers son compagnon avait été si soudain qu'elle se retrouvait désormais avec une sensation de vide à l'intérieur. Neah la comblait au-delà de tout, mais elle demeurait insatisfaite. Pourquoi ? Était-ce réellement à cause d'un manque de sexe ? Elle n'avait jamais connu la pénétration, en vérité, seulement en imagination en lisant des romans ou lors de conversations avec quelques amies mariées, en se demandant comment ce serait ... Pour le reste, l'Ange ne s'était pas trop retenu pour la toucher et l'embrasser. Elle comprenait sa retenue, son éducation et la prévention de son peuple quant aux dérives, quant aux risques de déplaire aux Dieux. Il était inquiet pour sa sécurité devant Leurs Regards ; c'en n'était que plus attendrissant. Elle savait tout cela. Neah était l'homme de sa vie et elle ne comprenait pas ses doutes intermittents, comme lui ne comprenait pas sa propre Jalousie. Ils s'aimaient. Ils savaient. Ils ressentaient. Jamais elle ne regarderait un homme comme elle voyait Neah. Jamais il ne regarderait une femme colle il la voyait. Était-ce parce que ses yeux trouvaient attrayants certains physiques masculins ? Son mari savait que cela n'irait jamais au-delà. Son mari. Oui, c'est ça, Neah était son mari. Ils avaient réalisé une cérémonie de mariage improvisée sur Koëlye. Elle ne l'avait jamais vu aussi beau, elle ne s'était jamais sentie aussi bien. S'en voulait-elle de s'être endormie durant leur nuit de noces, dans ce bain, dans ses bras ? ... Jamais son Roi ne l'aurait touché, car ne comptait pour lui que l'Asopọ Mimọ.

Au final, n'était-ce pas la même chose en ce qui la concerne ? Le Nikâh al Syanr serait une célébration devant leur Famille, leurs amis, mais aussi une union entre leurs deux races. Une Réconciliation. Elle voulait que tous sache que Mancinia Leenhardt épousait Neah Katzuta, elle voulait que tous sache qu'elle l'avait fait et qu'elle serait heureuse. Elle serait tellement heureuse que ses détracteurs se consumeraient de jalousie. Touchant son Qirān du bout des doigts, l'Humaine se sentait soudainement apaisée.

Neah ?

C'était un essai soudain, mais elle devait mal s'y ...

Tu arrives vraiment à me contacter de toi-même.
Excuse-moi de te déranger, cela me rendait nerveuse de ...
C'est bon de t'entendre.
... Vraiment ?

Un sourire idiot germait sur ses lèvres, où elle se sentait misérable quelques minutes auparavant, Neah avait balayé sa morosité.

Ton absence sera moins pesante, mais est-ce que tout va bien ? N'es-tu pas gênée de la situation ?
C'est assez déroutant, mais j'avoue que te parler de la sorte me plaît vraiment. C'est assez ... naturel, au final. As-tu eu des informations potentielles sur ce phénomène ?
Non. L'Oúnjẹ ọna Asopọ m'a prévenu qu'ils ignoraient si cela pouvait s'agir d'une nouvelle évolution du Lien et que cela pouvait être un phénomène soutenu par ma Magie. Ton Ma'Ahid est aussi très conséquent, j'imagine que cela puisse être un mélange des deux ... À moins que ce ne soit Ësse'Aellun. C'est les deux théories qui ressortent.
Hum.
Ils m'ont demandé de noter tout ce que nous ferions pour ... analyser cette nouveauté.

Mancinia observait les poutres au-dessus de son lit, songeuse. Elle essayait de ne pas se créer des soucis inutiles, même si ces événements dénaturaient sa nature raciale, celle dont elle était si fière. Elle demeurait Humaine, avec quelques particularités en plus.

Tu sais ce qui est pratique dans cette histoire ?
Non ?
Je pourrais t'ennuyer pour les préparatifs du mariage.

Inconsciemment, elle imaginait son Ange relâché un petit rire. Elle le connaissait par coeur.

Je trouve vraiment cet échange pratique pour quand je serais dans des réunions assommantes et que tu me sortiras de mon ennui.

Ce n'était qu'une plaisanterie, le Capitaine prenait son travail au sérieux. Sa remarque n'était qu'en raison de cette situation loin d'être anodine, essayant de rassurer sa partenaire ; mais mieux valait plaisanter et y voir un avantage. Se plaindre, être anxieux ou avoir un rejet ne servait à rien, ils étaient au-dessus de ça. Baissant les yeux vers son bras gauche, Mancinia vit sa cadette endormie, la bouche ouverte, avec un léger filet de bave sur le menton, ton en étant collé près d'elle. Elle avait épuisée son énergie avec Monika.

Sif s'est endormie dans mes bras.
Oh, Poupoune.
P ... Poupoune ?
Oui, j'ai un collègue qui surnomme sa fille comme ça pour dire qu'elle est mignonne.
C'est vrai qu'elle est belle avec ses cheveux qui commencent à devenir longs ...
Ësse'Aellun nous fait un merveilleux cadeau, n'est-ce pas ?
Qu'Il Bénisse notre union en nous permettant d'avoir un enfant.
Je pense bien qu'il le fera, nous sommes ses Prophètes.
Un enfant avec des ailes blanches.

Il y eu un silence, ponctué par un pincement au coeur. Neah n'était pas en mesure de lui dissimuler ses émotions, pas sur son envie d'être un Père. Il l'était, considérant chacun de leurs enfants comme les siens, mais lorsqu'ils seraient mariés, ils en auraient qui leur ressemblerait.

Mancinia.
Je le Jure ... Je ferais tout pour que nous en ayons un.

Neah était touché de sa déclaration, dans la mesure où Mancinia avait toujours désiré un enfant Humain pour perpétuer son nom et son héritage. C'était son inquiétude. Et maintenant, elle déclamait dans son esprit, d'une vibrante sincérité, qu'elle voulait un enfant angélique.

Si ce n'est pas possible ...
Neah.
... Je ferais toutes ces choses avec Ihsan et Idril.

Toutes ces situations normales pour un Ange, mais qu'un Humain ne pouvait réaliser ; en dehors de l'apprentissage de la magie, celui du maniement de leurs ailes. Un moment qui se voudrait privilégié entre le Père et ses enfants.

Ce sont mes Enfants des Cieux, Mancinia. Merci d'avoir fait ce choix.
Merci d'être un mari et un parent aussi merveilleux.

Et puis, soudainement, le contact s'est rompu ...

Post XIII - 1010 mots
Inktober - Jour XIII - Pitoyable
- Asopọ Mimọ ; mariage d'un Ange et d'un Humain se traduisant par Liaison Sacrée
- Nikâh al Syanr ; mariage d'un Ange et d'un Humain se traduisant par L'Union est un Voyage

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La Liste de notre Présent

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Aux Jardins de Jhēn

Mancinia était surprise de cette interruption brutale. Est-ce qu'il y avait une limite de temps ? Est-ce qu'elle ne réalisait pas les choses correctement ? Neah était-il soudainement loin de sa portée ? Elle l'ignorait, attendant que ce dernier la recontacte. Peut-être avait-il eu un contretemps, mais dans tous les cas, son mari allait bien. Le Lien le lui disait. De son côté, l'Ange était décontenancé de la personne l'ayant interpellé.

— Oju ti o dara ju, ogbeni banọ Adrestian, débutait-il en s'inclinant respectueusement.
— Ogbeni banọ, Anjonù Katzuta ... Vous pouvez vous redresser.

S'exécutant, ce dernier ne laissait aucun temps mort dans la conversation. Il se doutait bien que son interlocuteur avait certainement mieux à faire que de converser de la pluie et du beau temps.

— Puis-je faire quelque chose pour vous ?
— Non, j'étais parti cueillir des champignons, vous en voulez ? ...

... Qu'est-ce qu'il était en train de raconter ? Son air déconcerté semblait amusé l'homme devant lui, toujours souriant tandis que le Capitaine pris conscience que ce n'était pas la vérité. Il y avait sincèrement cru.

— Je plaisantais. Vous aviez l'air tellement pris dans votre contemplation que j'étais curieux de savoir ce qui vous faisait sourire au milieu de la rue.
— ... Ah !

C'est vrai qu'il n'avait pas mesuré être resté devant les murs l'Oúnjẹ ọna Asopọ, désormais close en raison de l'heure tardive. Calan était retourné chez lui après l'avoir salué et, comme agissant d'instinct, Mancinia l'avait contactée quelques secondes plus tard. Ils discutaient depuis. Mince, il avait omis de discuter de cette histoire d'aide aux Anges concernant le statut de Gardien. En le réalisant, Neah choisi de ne pas esquiver la question en l'éludant habilement.

— ... La Marquise Leenhardt et moi avons découvert que nous pouvions communiquer par télépathie.
— Oh ? C'est récent cette nouveauté ?
— Cet après-midi.
— Quand cesserez-vous d'être encore plus impressionnant à chacun de nos échanges ?
— Ce n'est pas l'objectif.
— Vous devriez.

Sa manière d'énoncer aussi naturellement d'éventuelles ambitions dissimulées avait vraiment l'art de le clouer sur sa position. Pour autant, ce n'était pas lui qui rêvait de ceindre une couronne sur son front, mais ce n'était pas un secret pour la Reine Scylla Taiji que Mancinia envisageait de devenir Reine. Est-ce qu'il s'agissait de la raison pour laquelle il ressentait une pression de la part de sa hiérarchie ? Ou bien ... ?

— ... Monsieur ? demanda-t-il en ignorant cette impression.
— Non, ce n'est rien. Gardez seulement à l'esprit qu'on vous observe.
— À tout instant.

Mais ce n'était pas pour la raison qu'il croyait et c'était ce qui amusait l'Ange.

— Avez-vous vu la Marquise récemment pour vos projets ?
— En effet, nous préparons notre mariage.

C'était lui qui avait pris le dessus de la conversation en relâchant sa situation privée avec une sincérité évidente. Il était évident que la question concernait majoritairement Rivellon, que Mancinia avait choisi de financer en majeure partie, mais au-delà de cet intérêt économique, ses sentiments se voulaient plus sérieux. C'en était trop pour l'Olori Adrestian, qui se mis à rire avec douceur, avant de se reprendre.

— Aetheri, existe-t-il seulement un Ange aimant sa partenaire autant que vous.
— Ah ah, rit-il nerveusement. Je l'espère ...
— Ne soyez pas embarrassé, Anjonù Katzuta, ce n'est nullement un reproche. Il est rassurant de voir un Lien comme le vôtre, il donne une sensation de résurrection devant une Institution à la dérive.

Un sentiment curieux saisi sa nuque, Neah étant conscient que ce choix de mots n'était pas anodin ; il avait la sensation de ressentir la présence de Reine à quelques mètres. C'était désagréable.

— Nous essayons seulement d'être un couple normal, en dépit de nos statuts respectifs.
— Hum, c'est tout à votre honneur, surtout en considérant l'aide qu'elle vous prodigue pour vos projets.
— Je suis ravi qu'elle ait à coeur l'avenir des Anges, en plus de celui des Humains.
— L'avenir des Anges, oui. Je ne l'ai pas relevé durant la réunion, mais ... Il est possible de transmettre votre titre de propriété de Rivellon à la Royauté, n'est-ce pas ?

Pourquoi ressentait-il de la méfiance envers cette question ? Il l'avait anticipé depuis un moment, mais pour quelle raison en discutait-il au milieu de la rue ?

— C'est le cas, répliqua-t-il avec un aplomb surprenant.
— Qu'est-ce qui vous retient ?

Une Aether en qui il n'avait nullement confiance s'est chargée de venir s'imposer dans son existence, ainsi que dans celle de Mancinia et du Capitaine Yüerell. Comment pouvait-il être sûr qu'elle n'allait pas lancer une épidémie après lui avait clairement édicté sur un morceau de papier officiel que tout était à lui ?

— Est-ce parce qu'une partie de ce territoire a été offert par cette prénommée Reine et, par extension, l'Aether Izanami ?

Touché.

— Craignez-vous de déplaire à l'Aether ? ... Ou n'avez-vous pas confiance en votre hiérarchie ?
— Sans doute s'agit-il d'un mélange des deux, mais la seconde option prime sur la première.

Pourquoi disait-il son opinion à voix haute ? Il n'était qu'un membre de l'armée. Non ... Il ne l'était plus vraiment ; pas depuis son échange mémoriel avec Mancinia, pas depuis qu'elle montrait ouvertement sa volonté de régente et qu'il avait choisi d'être à ses côtés. Si elle se hissait au sommet de la hiérarchie des Humains, il serait lui aussi à un rang plus élevé ... Il savait. Il savait que l'ambition de sa partenaire avait marqué son esprit plus qu'il ne le pensait. Son statut de Roi sur Koëlye lui plaisait, prendre soin de ce peuple lui donnait un sens réel à ses actions. Il savait ce que ressentait son épouse en voyant que ses actes avaient des conséquences positives. Il savait. Peut-être que le moment était venu pour lui de ne plus être qu'un Capitaine. Il était temps de ne plus laisser ses ambitions pourrir à ses pieds. Sans doute serait-ce l'unique occasion où il admettrait qu'Izanami avait eu raison.

— Votre honnêteté vous honore, Anjonù. Votre position semble cependant très arrêté.
— Je ne crois plus en l'Autorité d'Erwan Galathiel. Comment avoir Foi envers un individu nous ayant abandonné à un moment de grande faiblesse ?
— Vous êtes bien conscient qu'il n'est pas parti sans une raison valable.
— Quelle le soit ou non, il s'est maintenu au pouvoir en nous laissant sous l'égide d'un individu qui n'était plus apte à nous diriger, qui a tué des nôtres durant notre tentative de les secourir. Sans les aptitudes des Olori, notre Nation aurait pu s'écrouler, ou sombrer totalement dans les mains de l'Ultimage. Seul un idiot aurait agi ainsi, un idiot, ou un traître.

Sa rancoeur était soudainement ressortie. Dans ses oreilles, les cris d'agonie des Anges tué par celui qui était leur Apakan, celui qui aurait dû les sauver, celui qui aurait du les laisser agir ... Entre celui qui les avait abandonné et celui qui les avait achever sur la scène internationale, comment ne pas se sentir trahi ? ...

Post XIV - 1150 mots
Inktober - Jour XIV - Champignon

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La Liste de notre Présent

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Aux Jardins de Jhēn

— Vous savez que je suis en mesure de vous mettre aux arrêts avec de tels propos ?

Neah avait conscience qu'il n'était pas de bon ton qu'un Capitaine de la Nith-Haiah ait un sentiment aussi sombre envers sa hiérarchie, d'autant plus qu'il était un Anjonù et avait des liens étroits avec une race alliée. Ses paroles pesaient ; Erwan Galathiel demeurait son Souverain. Critiquer aussi ouvertement leur dirigeant pouvait être vu comme un acte de trahison.

— Que je sois un exemple, dans ce cas, mais en contrepartie, Olori, vous devez vous montrer plus strict avec tous ceux qui agissent contre l'intérêt des Anges.

Si un grand pouvoir impliquait de grandes responsabilités, son échange mémoriel avec Mancinia lui avait aussi appris que certains rangs étaient plus libres de faire valoir leurs idées. S'il s'était cantonné des années durant à être un excellent élément de l'armée et à rester discret quant à d'éventuelles implications extérieures, les choses avaient changées. Il ne doutait pas de rester un simple pion, ne serait-ce qu'entre les doigts d'Izanami, mais qui tolérerait que Neah Katzuta soit mis en prison pour avoir mis des mots sur leur situation ? Qui allait laisser un individu agissant pour le Bien des Anges rester derrière des barreaux alors que d'autres agissaient sous impulsion de leurs sentiments sans se soucier des potentiels troubles qu'ils causaient ? Comment laisser Laëth Belegad libre lorsqu'un Lien s'était créer avec un Déchu tandis que l'on privait l'Écuyer de l'Aurore de la sienne ? Personne ne doutait que Mancinia n'en resterait pas là, d'autant que la Royauté des Humains ne laisserait pas de côté leur représentant le plus déterminant au maintien de l'Ordre des Ailes Bleue. Le Capitaine avait conscience qu'il était un élément précieux, entouré d'alliés importants et qu'il pouvait se permettre plus qu'une poupée de chiffon.

— Vous n'imaginez pas comment était la Terre Blanche. On ne voulait pas m'autoriser à mener cet assaut, il aurait pu mal se terminer et nous sommes revenus, avec des blessés, certes, mais avec des prisonniers. Je me suis battu pour libérer ceux qui ne pouvaient se défendre. Je me suis même ranger du côté du Chaos pour mon peuple ...

Ses dents s'étaient serrées. Il ne s'était pas rallié à Elias Salvatore par gaieté de coeur, même si les véritables traitres s'étaient avérés être les membres de l'Ordre d'Hébé, désormais disloqué. Il l'avait fait pour son peuple et uniquement pour lui.

— J'ai vu Kahel tuer des nôtres dans un délire macabre. C'est quelque chose qui en va aussi de notre responsabilité, puisque nous l'avons laissé au pouvoir alors qu'il avait été torturé des années par les Démons et que son esprit n'était plus clair depuis des mois, uniquement sous prétexte qu'il nous avait été recommandé par celui qui est parti. Uniquement parce que nous n'avions personne pour accomplir ce rôle.

Prenant une longue inspiration, il observait l'Olori droit dans les yeux.

— Rivellon est mon territoire et il demeurera comme tel jusqu'à la venue d'un Apakan digne de nous.

Quand Erwan Galathiel cesserait de les couvrir de honte après des décisions calamiteuses. Pourquoi était-il encore là ? Pourquoi n'avaient-ils pas nommé une personne plus compétente au sein de leur Olori ? Pourquoi allait-il tranquillement les représenter au Conseil des Chefs, alors qu'il n'était qu'un spectre d'un passé révolu et que peu d'Anges avaient encore Foi en lui?

— Et si aucun Apakan digne de nous ne se manifeste, Anjonù Katzuta ... que ferez-vous ?

Ce serait sans doute quelque chose de long. Des mois, des années, des décennies, des siècles ... Comme les Humains l'avait eu avec le règne de Violette Taiji, la Lumière explosait les Ténèbres dès qu'une volonté inébranlable se manifestait. Viendrait le moment où un Ange aurait cette ambition, cette volonté de rendre la Gloire au Bien et de remettre les Anges sur un seul chemin.

— J'attendrai autant que nécessaire.
— Mais si ce n'est pas suffisant ? ...

Pourquoi cette ... ?

— Les Anges ont des chaînes et une chose est certaine ... J'agirai toujours pour qu'ils soient libres.

Pourquoi avait-il dit ça ? Était-ce parce que Reine lui avait promis de lui donner une arme en mesure de libérer les siens détenus aux Terres Arides ? Allait-il être en mesure de convaincre son Gouvernement de lui donner la permission de s'y rendre pour accomplir son devoir le plus strict, celui pour lequel il avait prêté Serment ?

— C'est l'une des conditions les plus importantes lorsqu'on dirige.
— En tant que Capitaine, il est aussi de mon devoir de faire en sorte que mes Soldats soient prêts.

L'Olori se retenait de sourire plus ouvertement que maintenant ; ce n'était pas ce qu'il voulait dire. Des candidats intéressants siégeant comme Archange pouvaient certainement devenir Apakan, plus que ne le méritait Erwan. Cela dit, Neah était en mesure de prendre des risques évidents pour sauver quelqu'un laissé en arrière. Il ne voulait laisser aucune des Ailes Blanches entre les griffes des Vils, là où d'innombrables avaient abandonné l'idée de les secourir. Protéger les plus démunis ... N'était-ce pas après tout ce que l'on attendait d'un Ange ?

— Je crois que cette conversation a pris un ton un peu trop sérieux, répondit-il en posant une main sur son épaule. Il est néanmoins nécessaire de remettre ses idées en place de temps en temps. Ah, j'oubliais une chose importante !

Il marquât une courte pause.

— Félicitations pour votre mariage.
— ... Merci, c'est un honneur.
— Je vous souhaite par avance beaucoup de bonheur.

Il relâchait son emprise sur lui. Neah avait l'impression d'être pris dans une mer de glace, mais cette sensation désagréable disparu rapidement.

— Passez une agréable nuit, Anjonù.

Le Capitaine lui retournait sa politesse et, en quelques pas, l'Ange disparu dans la pénombre.

Post XV - 950 mots
Inktober - Jour XV - Chaîne