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 [Q] - Sommeil latent | Solo

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Isiode et Isley
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◈ YinYanisé(e) le : 04/01/2016
◈ Activité : Soldats
Isiode et Isley
Lun 18 Juil 2022, 06:10



Partenaire : Solo ♪
Intrigue/Objectif : La soirée après avoir éveillé sa Forme Angélique, Isiode subit de nouveau les assauts mentaux de la créature invisible qui le hante. Cette fois, cependant, affaibli par la journée qu'il vient de passer, l'Ange risque fortement de tomber dans le piège de la bête.
RP précédent : La Grâce perdue


« Comment vous sentez-vous? »

J’abaissais le verre d’eau que j’avais porté à mes lèvres, tombant nez à nez avec l’Olori Vaughan. Ses yeux d’ocre m’inspectaient comme la toute première fois que nous nous étions rencontrés : elle m’auscultait, prête à arracher tous les secrets que recelait l’intérieur de mon être. Toutefois, au contraire de cette rencontre, je n’étais nullement dérangé par cette étude chirurgicale, l’observant, à présent, d’une attention aussi fine et méticuleuse que celle qu’elle posait sur mes épaules. Après tout, depuis mon réveil – depuis l’extinction du pouvoir d’antan et la dissolution de ma Forme Angélique – il s’agissait de ma première véritable interaction avec la femme de religion.

« Fatigué, admis-je en ne m'inclinant pas sous le poids de son œillade. Encore un peu confus également.

- Cela ne me surprend pas, au vue de ce que vous avez subi aujourd’hui. Tranquille, l’Archange vint s’asseoir tout près de mon assise. La période d’observation est terminée. Vous ne souffrez d’aucun effet secondaire et votre état est redevenu stable. Par conséquent, il vous est possible de prendre congé. »

Ses mains couvrirent sagement une portion de ses jambes, tandis qu’enfin, le doré de son regard se porta sur un tout autre point que ma personne. Droite comme un jalon, sereine comme une mer paisible, elle paraissait fixer le vide sans grande conviction. Pourtant, si je ne pouvais savoir ce qu’elle pensait exactement, je pouvais entendre aisément la chanson de la satisfaction que son cœur fredonnait allégrement. Son projet était une réussite. Elle était parvenue à admirer une première Forme Angélique; si je ne pouvais connaître les propos qui composaient sa réflexion, les émotions qui battaient au fond de sa poitrine m’offraient tout de même plusieurs conjectures sur la question. Cependant, les questions, j’en avais plusieurs… Elles agitaient l’intérieur de mon crâne dans une tempête indomptable et de par son attitude, je savais qu’Hazel Vaughan en avait parfaitement conscience elle aussi. Je pouvais m’en aller pour la journée, m’avait-elle confié : disparaître sous mon toit, m’emmitoufler dans mes draps, et récupérer l’énergie que cette expérience m’avait drainé. Seulement, je ne pouvais tenir ma langue plus longtemps, les mots s’expirant de ma gorge en un discours posé :

« Durant cette simulation… Aussitôt, les pupilles de mon interlocutrice retournèrent sur mon faciès; analystes et perçants. Quelque chose clochait. Je savais que tout ceci n’était pas réel et malgré cela, je ne suis jamais parvenu à m’extirper de l’illusion, comparativement aux autres essais. Tout était si authentique – et si factice à la fois – mais mon esprit a fini par céder et j’ai pris cette réalité pour la vérité. L’Olori conservait le silence, attendant patiemment d'être confrontée à l’interrogation qui se formulait graduellement au coin de ma bouche : Qu’avez-vous fait pour éviter que je ne me réveille? »

Presque instantanément, un sourire se mit à danser sur les lèvres de la jeune femme.

« Malheureusement, je crains que je ne puisse vous dévoiler ce secret. Connaissant mon caractère sceptique, la Grande Prêtresse rajouta rapidement : Sachez simplement que cela nous aidera à mieux comprendre cette Magie mystique. Cela étant dit, au moment opportun, nous nous permettrons de vous ajouter à la confidence, c’est promis. En écoutant son cœur, je sus qu’elle était sincère, même si elle se refusait à me révéler les tenants de son stratagème. Avez-vous d’autres questions? »

Je ne me fis prier, ma bouche libérant alors un flot continuel de curiosités à propos des données que son équipe était parvenue à extraire de cette simulation ou bien des effets qu’ils avaient pu noter au cours de ma transformation. Comme à mon tout premier éveil, je ne me rappelais absolument de rien. Mes souvenirs se cachaient derrière une épaisse brume opaque et s’il m’était possible d’attraper quelques bribes ici et là, ces fragments étaient bien trop insignifiants pour que je puisse reconstituer fidèlement le fil des événements. De ce fait, que ce soit mes agissements dans la réalité ou bien ceux que j’avais esquissé au cœur du rêve éveillé, je ne me souvenais de rien… Rien, à l’exception – peut-être – des sentiments qui m’avait conduit à réagir aussi intensément. Muramasa, Dame Sunano… Je me rappelais de ma discussion auprès de mon faux frère, de notre démêlé, puis de l’urgence et de l’adrénaline qui m’avait envahi lorsque je crus me trouver dans la réalité. Tout ce qui avait accaparé mon esprit et mon âme à cet instant précis avait été de voler au plus vite à leurs côtés afin de protéger, coûte que coûte, leur si jeune vie. Il avait fallu que j’agisse rapidement pour qu’elles ne soient appelées aux portes de la Mort; il avait fallu que je devienne leur épée et leur bouclier, jusqu’à ce que toutes menaces à leur endroit ne soient plus de ce monde.

« Et vous vous êtes transformé. »

Je lui répondis par un hochement de la tête.

« Je crois, oui, qu’il s’agissait de ce moment-là : rien de plus important ne comptait.

- Important pour le Soldat ou pour l’Homme derrière l’armure?

- Ils ne forment qu’un. Puisque le devoir d’Isiode était le même que celui du Capitaine Yüerell à mes yeux : les deux étaient responsables de la sauvegarde des Anges, et Muramasa comme Dame Sunano faisaient partie intégrante de cette communauté à présent. Ils sont indissociables.

- Dans ce cas, peu importe s’il s’agit de l’un de vos proches ou d’un parfait étranger, c’est bien ça? Une fois de plus, j’acquiesçais. Évidemment, sinon, vous ne vous seriez jamais transformé pour le jeune homme que vous avez sauvé à Arcadia. Dame Vaughan sourit, posant doucement l’une de ses mains sur mon épaule avant de se lever. J’aimerais poursuivre cette conversation plus longtemps, mais je dois rejoindre les scientifiques d’Imuō… De plus, vous devez savoir que, pour les prochains jours, mon équipe et moi-même allons étudier les résultats de cet examen. Par conséquent, vous n’aurez plus besoin de vous présenter au laboratoire pour un certain temps. Profitez de l’occasion pour rattraper le travail et reprendre des forces : nous avons suffisamment accaparé votre temps ces derniers jours. Je me redressais à mon tour, la gratifiant d’une révérence solennelle. Au plaisir, Capitaine. N’hésitez pas à venir me voir si vous avez de nouvelles interrogations : ma porte vous sera toujours ouverte. »


1 050 mots | Post I



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Isiode et Isley
Sam 23 Juil 2022, 06:06



La journée se terminait enfin et même si, en théorie, ma période de sommeil ne devait survenir que dans quelques jours seulement, je me sentais extrêmement las, comme si je n’avais pas fermé l’œil depuis trois mois. Mon corps était de plus en plus lourd à chacun de mes pas, mes sens s’émoussaient plus les minutes défilaient, et mes réflexes n’étaient plus ce qu’ils étaient sous ce poids invisible, mais bien persistant, que représentait mon épuisement. Il semblerait que tous ces jours passés entre les murs des laboratoires d’Imuō aient drainé mon énergie plus qu’escompter. Toutefois, ce ne fût pas en vain, puisque j’étais parvenu à l’éveiller une seconde fois aujourd’hui : le pouvoir d’antan, le pouvoir de nos Ancêtres, coulait bel et bien dans mes veines.

Il ne s’agissait pas d’une illusion, d’un coup de chance ou d’une grâce qui m’aurait temporairement été conférée lors du siège à Arcadia : il était bien réel, une certitude qui avait malheureusement commencé à se fracturer dans nos pensées plus les échecs s’amoncelaient sur notre chemin. Je n’étais pas le premier avec qui les Anges avaient essayé de trouver les réponses à ce mythe devenu réalité, mais j’étais le premier qui leur avait permis de l’observer de leurs propres yeux, de leur prouver que la légende était bien plus qu’une rumeur qui aurait pris des proportions démesurées. Tout au long de leurs recherches, ils avaient nourri l’espoir de comprendre ce phénomène et d’en apprendre davantage sur cette inexplicable émergence. Cependant, toutes leurs tentatives s’étaient frappées à des murs, des fortifications qui n’avaient alors cessé de s’épaissir et de les éloigner de la vérité qu’ils cherchaient tant à obtenir. Être au point mort les avait démoralisés et c’est pourquoi l’éveil de ma Forme Angélique les avait élancés sur de toutes nouvelles perspectives : peut-être que cette fois-ci, ils réussiraient à résoudre les questions qui les hantaient.

Leurs attentes étaient grandes, leurs aspirations nombreuses, mais au fil des jours, les progrès s’étaient fait attendre. Sans améliorations et sans nouvelles données à traiter et analyser, de vieilles appréhensions revinrent subtilement accompagner nos trop nombreux revers, au point où quelques esprits vinrent à douter de la nature de la Magie que nous avions éveillé. S’agissait-il seulement de la Forme empruntée par nos Ancêtres ou était-ce uniquement des pouvoirs qui lui serait étrangement similaire? On disait de la Forme Angélique qu’elle était l’apparence la pure que l’on connaisse, nimbée d’une lueur immaculée, afin de repousser les ténèbres de leurs éternels opposés. Et si nous ne pouvions douter de la pureté des Formes qui avaient été observées à Arcadia et au cours de cet affrontement où avait combattu le jeune Belegad, peut-être était-ce possible d’imiter le pouvoir de nos Ancêtres jusqu’à un certain point… C’est ce que certains scientifiques s’étaient mis à croire, m’avaient-ils confié, jusqu’à ce qu’ils posent les yeux sur ma Forme Angélique, il y a quelques heures de cela. Dès cet instant, ils avaient su qu’il ne s’agissait pas que de simples histoires et fantaisies.

Ces réflexions m’accompagnaient alors que je m’étais plongé dans mon lit. Malgré la fatigue qui m’écroulais présentement, je me sentais étrangement bien, surtout après avoir réalisé de tels progrès pour les recherches des Olori. Pas à pas, nous percions les murs qui entravaient notre chemin et c’était plutôt rassurant de voir les scientifiques aussi enthousiastes et optimistes devant les résultats d’aujourd’hui. Nous étions à un tournant majeur et il nous fallait reprendre les rênes pour ne pas perdre notre route. J’échappais un soupir de ravissement, enfonçant plus encore ma tête dans l’oreiller qui soutenait mon profil. Contre mon dos, je pouvais sentir la chaleur de Pepito qui s’était roulé en boule, le félin ayant pris l’habitude de s’étendre dans mon lit. Si je ne voyais aucun inconvénient à ce qu’il dorme près de moi, je restais tout de même vigilant à son endroit : peu importe ce que l’on essayerait de me faire croire, j’étais persuadé que ce chat était un loup déguisé en brebis. Depuis ce qui s’était produit dans le Quartier des Soldats, je ne pouvais voir son visage autrement. Et pourtant, voilà qu’il dormait près de moi à chaque fois que j’atteignais les limites de ma condition… Il semblerait que j’ai été trop indulgent avec cette créature. Et moins prudent que je me l’étais promis. Lentement, je me retournais pour lui faire volte-face, déterminé à poser une certaine distance entre le chat et moi, mais j’eus à peine le temps de réaliser un cent-quatre-vingts à l’intérieur de mes draps que l’ensemble de mon être se pétrifia. Une main large, disproportionnée, s’agrippait à moi, effleurait mon corps en le remontant comme une araignée en quête de sa proie.

« Pourquoi moi? »

Ce n’était pas la première fois que cela m’arrivait. Je savais pourquoi cela m'arrivait et pourtant, la terreur que je ressentais était toujours aussi virulente et effroyable.

« Pourquoi... »

Son visage s’extirpa lentement des ombres sous mes draps, s’arrêtant à quelques centimètres à peine de mon nez. À cette distance, le souffle rauque et caverneux de sa voix parvenait aisément à effleurer la surface de mes joues, de la même manière que les longues mèches de ses cheveux s’infiltraient insidieusement à l’intérieur de ma bouche. Elle flottait dans les airs, son corps au-dessus du mien. Je n’arrivais pas à bouger. Je n’arrivais plus à respirer. Son haleine libérait des relents amers et sanglants jusqu’à mon nez et du sang, il y en avait partout sur elle : dans ses cheveux, sur son cou, sur les jointures de ses phalanges, dans ses yeux…

« ... moi? »

Et dans une vive emprise, Turviel Ingvar emprisonna ma tête entre ses doigts longs et crochus.


951 mots | Post II



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Isiode et Isley
Sam 23 Juil 2022, 19:54



« Qu’ai-je commis pour mériter un tel châtiment? »

Cela ne servait à rien de répliquer, alors je ne faisais que supporter la vision d’horreur qui m’avait assailli. Gaspiller ma salive pour justifier mes agissements ne servirait qu’à m’épuiser inutilement. J’en étais parfaitement conscient, parce que j’avais plusieurs fois essayé de lui faire entendre raison. Après tout, ce n’était pas la première fois qu’elle me rendait visite au milieu de la nuit pour me réciter son agonie.

« Ai-je mérité de mourir? »

Non. Bien sûr que non, mais nous avions dû faire un choix. En définitive, c’était à eux ou à nous de mourir, et nous avions choisi l’option qui nous permettrait de sauver le plus de vies au cours de ces expéditions. Ce n’était pas contre eux; ce ne fût jamais contre eux. Nous avions voulu les protéger comme toutes les personnes qui nous avaient accompagné durant cet important voyage, mais nous avons failli dans notre tâche…

« N’avait-il aucun moyen de me sauver? »

Non, aucun. Si nous étions parvenus à détecter plus rapidement le parasite qui les avait contaminés, peut-être seraient-ils encore en vie, elle et les neuf autres qui avaient péri. Sûrement aurait-elle rejoint son fiancé à la fin de nos explorations, peut-être aurait-elle choisi, à ses côtés, de former une famille pour la prochaine génération d’Ygdraë. Je ne doutais pas de ses rêves et de ses aspirations inachevées, mais il était trop tard, aujourd’hui, pour les laisser me culpabiliser. Si nous avions pu les sauver, nous l’aurions fait en un battement de cœur. Cependant, la maladie qui les avait emporté ne connaissait aucune justice, ni aucune pitié. Elle frappait simplement là où elle tombait, sans distinguer les bons des mauvais.

« Ce n’est pas juste. Je ne voulais pas mourir… Je ne voulais pas mourir… »

Aurait-il été plus juste de les laisser vivre, délirer et brutaliser autrui pour le bien de leur propre survie? Aurait-il été plus juste de les laisser contaminer ces centaines de personnes qui avaient composé notre groupe d’exploration jusqu’à ce qu’ils nous entrainent dans leur déchéance? Je n’avais pas de réponses à ces questions, seulement la marque que m’avait laissé l’expérience. Ils étaient devenus incontrôlables, incapables de distinguer la réalité des hallucinations, ce qui les avaient rendus plus violents, cruels et insensibles à tous ceux qui les entouraient. Ils ne faisaient plus la différence entre l’aide et la trahison, croyant que nous nous étions tous ligués contre eux pour les emporter vers leur fin.

« J’avais si mal. J’avais si froid. J’avais tellement peur. »

Et tout ce qui avait compté pour les victimes était de fuir cette douleur lancinante qui les avait lentement poussées jusqu’aux portes de la Mort… Nous savions pertinemment qu’elles avaient souffert. Nous savions parfaitement qu’aucun d’eux n’avaient voulu blesser qui que ce soit, mais leur semblant de culpabilité n’avait pas contenu leurs crises; il ne les avait pas non plus incité à arrêter leurs agressions. Ils avaient continué de se comporter comme des bêtes dont le seul instinct était de survivre, peu importe les conséquences, peu importe combien de personnes ils emporteraient dans leur descente.

« J’avais une vie, j’avais des rêves. Mais vous me les avez enlevés. »

Lentement, ses doigts glissèrent jusqu’à ma gorge, le reflet de ses yeux brillant de mille feux dans la pénombre de ma chambre.

« Pourquoi moi? »

Parce qu’elle avait fait partie du groupe qui avait été envoyé en reconnaissance au bayou. Parce qu’elle avait été sélectionnée parmi plus d’une centaine de volontaires. Parce qu’elle avait été malchanceuse. Parce que la maladie n’en avait rien à faire des méchants ou des gentils.

« Pourquoi pas vous? Pourquoi n’avez-vous pas péri à ma place? »

Sans le vouloir, le trait à mes lèvres se retroussa imperceptiblement. Savait-elle seulement combien de fois m’étais-je demandé cela? Combien de fois avais-je voulu échanger nos places? Combien de fois m’étais-je dit qu’il aurait peut-être été préférable que je sois emporté avec eux? Les premiers jours, après les exécutions, je m’étais sans cesse répété que nous avions fait tout cela pour leur bien, pour abréger leurs souffrances et pour préserver le reste des explorateurs d’une fin aussi tragique et douloureuse que la leur. Nous l’avions fait pour le moindre mal – quand bien même il s’agissait d’un mal supplémentaire dans ce monde. Je l’avais fait parce que j’étais convaincu que c’était la meilleure solution dans de pareilles circonstances. Or, malgré mes convictions, je m’étais vu flancher à répétition, je m’étais vu désespéré, je m’étais questionné sur ces vies que nous avions supposément « sauvé ».

Parce qu’au final, Turviel Ingvar et tous ces gens qui l’avaient accompagné vers l’Erāhael (L’Au-Delà angélique) étaient morts. Peu importe les raisons qui avaient porté ma main à agir et celles qui avaient persuadé nos esprits que ce que nous avions fait était la meilleure chose à faire : ces gens étaient morts et plus rien ne serait les ramener à la Vie.

« Est-ce que… Ma voix tremblait en raison de la pression qu’exerçait les doigts de l’entité autour de mon cou. Est-ce que tu m’en veux d’avoir mis fin à tes jours, toi aussi? Doucement, ma tête se tourna sur le côté, orientant mon regard sur une troisième silhouette, plus noire et opaque que toute autre obscurité. Acram? »

Lorsque le phénomène avait commencé, seul le spectre de Turviel Ingvar venait hanter mes nuits. Pourtant, depuis mes deux dernières périodes de sommeil, de nouveaux visages se joignaient à mon tourment. La première fois, c’était Sullivan Rendros qui s’était mis à crier son agonie à mes oreilles, et maintenant, c’était au tour de mon ancien camarade de me juger depuis la porte de ma chambre. Il ne parlait jamais, ni ne bougeait : il ne faisait qu’observer Turviel Ingvar me torturer.

« Est-ce que tu m’en veux? » Répétais-je dans un croassement.

Le visage de mon ancien frère d’armes restait de marbre, imperturbable. Était-ce vraiment ce qu’il ressentait? Cette haine que je voyais brûler dans ses yeux, ce dégoût qu’il laissait ruisseler sur mon visage, sans un mot, était-ce réellement ce qu’il ressentait à mon endroit…? Je fermais brièvement les yeux, mes dents s’enfonçant dans la pulpe de mes lèvres. Méritais-je de vivre après ce que j’avais fait? Peut-être que cela les apaiserait… Peut-être que les rejoindre dans l’Erāhael saurait apaiser leur colère. Peut-être qu’en la laissant épuiser mon dernier souffle de vie, ils pourront enfin reposer en paix.

« Vous ne méritez pas cette vie. »

Détaché, je reportais mes yeux sur l’Ygdraë, sur son visage ensanglanté. Je sentais mes poumons se vider de leurs dernières bouffées d’air. Peut-être était-ce mieux ainsi. Peut-être qu–



PAF! Mes yeux s’écarquillèrent brusquement, ma poitrine se soulevant aux respirations que je rattrapais bruyamment. Doucement, je me reconnectais avec la réalité et compris que j’avais encore été piégé par cette entité. Mais cette fois-ci, elle avait vraiment failli m’emporter… Bon sa– PAF! Vivement, j’arrachais la patte qui venait de s’abattre une seconde fois sur ma joue, soulevant d’une main le corps poilu du félin.

« Pepito, ça suffit. Je suis réveillé maintenant. »

À quelques centimètres de mon visage, je pouvais distinguer la figure triangulaire du chat noir. Il semblait sourire.

« Mraww! »

Je soupirais, reposant le matou à mes côtés alors que je me redressais sur mon lit.

« … Merci. »

Peut-être avait-il du bon de garder un monstre aussi près de soi, finalement. Gracieusement, le chat se coucha confortablement non loin de mon flanc. Je fis passer ma main dans son pelage sombre, observant un point à l’autre bout de la pièce. Comme les autres nuits où les Orishas ne se trouvaient pas dans ma chambre, Pepito avait fait fuir la créature qui me poursuivait, mais pendant encore combien de temps pourrais-je résister? Elle s’infiltrait dans ma tête et la fatigue cumulative ne faisait qu’affaiblir mes défenses nuit après nuit. Je comprenais que les Orishas veuillent éviter de tuer cette bestiole pour pouvoir l’étudier, mais était-il seulement possible de la garder en vie? Notre dernière essai – la cage magique – aurait dû l’emprisonner, l’arracher définitivement de ma vie, mais encore une fois, la créature s’était échappée et depuis, les Enfants du Troisième Œil cherchaient un autre moyen de capturer la créature en vie. Seulement, petit à petit, je me faisais à l’idée qu’il serait peut-être judicieux d’abandonner cette perspective et de purement l’éliminer.

Il fallait tuer cette créature du Monde Invisible avant qu’elle ne me tue dans mon sommeil.


1 402 mots | Post III



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Isiode et Isley
Sam 23 Juil 2022, 20:11



Quelques jours plus tard, sur les Terres d’Iyora…

Il marchait sans un mot, son œil parcourant les étalages à ciel-ouvert qui se présentaient dans son champ de vision. Il avait posé l’un de ses poings autour de la bandoulière de sa besace, mais la blancheur de ses jointures exposait l’angoisse qui le martelait de l’intérieur.

Encore quelques pas, et il la dépassa sans même lui accorder un regard; encore quelques pas et il ralentit sa foulée, l’arrêta complètement dès lors qu’il se tint devant cet énième éventaire qui lui était exposé. Poli, il adressa un sourire au vendeur qui se tenait devant lui, ses doigts semblant s’intéresser aux produits qu’ils soupesaient au creux de ses paumes. Si ses yeux admiraient le travail détaillé de l’artisan, son intérêt se concentrait pourtant dans une tout autre direction. Ses oreilles se laissaient bercer par les éclats de leur excitation, tandis qu’il s’efforçait de ne pas jeter un coup d’œil dans leurs environs. Leur voix l’enveloppait et rebondissait à travers les particules de l’air dans des inflexions en fête. Pourquoi paraissaient-elles si enjouées, si enthousiastes? Il souhaitait en écouter davantage, mais fût brusquement interrompu par le marchand qui essayait d’attirer son regard. Lentement, il redressa son visage, mais cela lui prit un certain temps avant de reconnaître les traits du commerçant. Pourtant, une fois revenu sur terre, il lui sourit, sa main soulevant finalement le bracelet qu’il observait sans observer, qu’il contemplait sans apprécier. Puis, tout naturellement, il se mit à questionner le marchand ailé sur les produits que ce dernier présentait avec autant d’assurance, l’Ange étalant aussitôt sa fierté, qu’il camouflait derrière les traits de l’humilité. Il n’était ni arrogant, ni suffisant, mais semblait vouloir cacher l’extrême contentement qu’avait suscité, chez lui, les réactions de son client. Par ailleurs, celui-ci ne manquait guère de louanges et de curiosité, le vendeur cherchant aussitôt à satisfaire l’intérêt factice du jeune acheteur en lui présentant d’autres bijoux, travaillés et magnifiés dans un style similaire au bracelet qu’il avait en main. Docile, le client laissa son interlocuteur le baigner dans sa fervente passion, mais il était imperméable à l’averse d’amour et d’engouement qui possédait de la sorte l’Aile Blanche, puisque son esprit ne se laissait pas transporter, tourmenté par une autre préoccupation, obsédé par une hantise.

Est-ce qu’il vous est déjà arrivé de revivre, à répétition, le même souvenir et de repasser, dans les moindres détails, chaque seconde de cette mémoire? Est-ce que ce souvenir s’attache à un profond sentiment de culpabilité que vous ne parvenez pas à vous pardonner, ou est-ce en raison d’un regret qu’il vous est impossible d’arracher de votre pensée? Est-ce plutôt à cause d’une colère que vous échouez à apaiser, que cette réminiscence continue de vous assaillir, ou alors est-ce à cause d’une tristesse qui n’a jamais cessé de vous noyer? Pour lui, ce souvenir se résumait à cet « instant ». Gravé dans sa tête depuis des jours, il ne parvenait pas à l’effacer, à l’oublier, comme si l’image s’était figée à la surface de sa rétine, inbile…

Il cessa soudainement de respirer, leur ombre s’orientant sur sa position, leur silhouette glissant, maligne, jusqu’à sa hauteur. Elles continuaient de bavarder entre elles comme si de rien n’était, que ce soit sur le repas qu’ils pourraient manger ce soir, une fois leur colocataire rentré, sur le prochain voyage qui semblait tant les inspirer ainsi que sur les dernières maladresses de leur inaccoutumé animal de compagnie. Plus elles se rapprochaient, plus ses pensées s’ancraient sur cet instant où son sauveur avait approché sa main de son visage, où il l’avait scruté avec cet indescriptible éclat au fond des yeux. Elle n’était personne – elle était comme lui – et pourtant… Son sauveur l’avait caressé; sans une hésitation, il l’avait touché. Pourquoi? Elle n’était rien. Elle était faite du même marbre que son personnage. Elle était aussi faible qu’insignifiante, aussi invisible que ridicule. Alors pourquoi la regardait-il et pas lui? Pourquoi refusait-il qu’il lui repaie sa gratitude alors qu’il avait offert le gîte à cette… Cette incompréhension lui broyait les entrailles, accélérant exponentiellement l’anxiété qui battait dans ses veines. Et dans sa tête, ce souvenir ne cessait de jouer, en boucle. Inlassablement, il nourrissait des centaines d’interrogations dans sa pensée, mais surtout, un nombre incalculable d’inquiétudes et de soupçons à l’endroit de la jeune femme.

Leurs pas se rapprochaient. Il ferma les yeux, lentement, puis laissa leur parfum et le bruit de leurs souliers s’éloigner. Finalement, il expira une première bouffée d’air, mais captura rapidement l’œillade du commerçant. Il n’avait plus écouté un seul mot de ce que celui-ci avait blatéré dès le moment où elles s’étaient mises à bouger. Cela étant dit, dans un charmant sourire, il suspendit le bracelet sous les yeux du vendeur, voulant connaître le prix de ce petit bijou.

Et dans son cœur, une envie soudaine de prendre la mer l’étreignit.


RP suivant : Le chant des baleines nous appelle


802 mots | Post IV | FIN



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