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Isiode et Isley
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Isiode et Isley
Jeu 28 Avr 2022, 04:54



~ RP précédent : Un guerrier à l’armure d’azur ~

Partenaire : Solo ♪
Intrigue/Objectif : Isiode subit les examens concernant la Forme Angélique. De son côté, Isley reçoit une lettre inattendue.


Sur les Terres d’Iyora.

Des gens qui avaient aussi bien visité l’Île d’Orhmior que les Terres d’Iyora diront que le Port d’Iyora est d’une tranquillité apaisante comparativement au nerveux et étourdissant bourg côtier de l’île de la Mer Miroir. L’ambiance n’y était guère similaire, ne serait-ce que par les sons qui pouvaient être entendus entre les avenues. De fait, là où certains troubadours pouvaient aisément partager leurs poèmes en mélodie devant les portes de la Citadelle, les vers étaient pourtant rapidement submergés par l’appel assourdissant des navigateurs sur les quais de l’Île d’Orhmior, rebutant tout artiste à essayer de pousser la chansonnette dans de telles conditions. Heureusement pour mademoiselle Nezaya, les bardes gazouillaient aujourd’hui pour le jour de son départ, pour le jour de son renouveau…

« As-tu tout ce qu’il te faut? »

… Même si elle ne semblait pas l’avoir remarqué, bien trop préoccupée par le contenu de ses bagages. Ainsi, prise au dépourvu sous le regard attentif de la Soldate Hémérhys, la jeune femme sursauta brusquement, extirpant en toute hâte le nez de sa besace. Depuis quelques minutes déjà fouillait-elle à l’intérieur de celle-ci, s’assurant pour une énième fois qu’elle n’avait rien laissé derrière elle, à la Citadelle Doka. Expirant un rire gêné, Toni Nezaya reporta ses yeux vers la militaire angélique.

« Excuse-moi. Je suis nerveuse à l’idée d’avoir oublié quelque chose, mais je crois que j’ai tout amené avec moi; l’essentiel, du moins. »

Cela ne l’empêcha pourtant pas de faire une ultime vérification du coin de l’œil. Toutefois, en reconnaissant sa vilaine manie, l’ancienne Écuyère suspendit son mouvement et entreprit plutôt d’inspirer une lente bouffée d’air frais, laissant la brise de la mer caresser ses narines et détendre ses nerfs.

« S’il te manque quoi que ce soit, n’hésites pas à communiquer avec moi : je t’enverrais tout ce dont tu as besoin dans les plus brefs délais, lui assura l’Immaculée en espérant, du même fait, diminuer sa nervosité. Tu as conservé mes coordonnées au moins? »

Elle acquiesça avec promptitude, sautant aussitôt sur l’occasion pour replonger l’une de ses mains à l’intérieur de son sac afin d’y extirper un morceau de parchemin légèrement froissé : sur le jaune singulier du manuscrit avait été inscrit l’adresse de la bienfaitrice qui l’avait hébergé durant tout son séjour sur les Terres d’Iyora; pour sa sécurité, il avait été décidé qu’il s’agissait de la meilleure option. Visiblement rassurée, l’Aile Blanche se détourna quelques secondes de la jeune femme, le lilas de ses iris étudiant le navire qui se trouvait à proximité et qui, très bientôt, accueillerait mademoiselle Nezaya à son bord.

« Depuis la chute de l’Empire d’Hébé, tu disais vouloir rejoindre Arcadia au plus vite afin de constater de toi-même de l’état des lieux, mais il semblerait que tu te sois décidée de faire autrement à la toute dernière minute. »

Une fois de plus, l’embarras coloria ses joues et ses pupilles dérivèrent presque instantanément sur la pointe de ses bottes. Combien de fois s’était-elle excusée auprès d’Hémérhys déjà? Elle avait cessé de compter à partir de la vingtième fois. Lorsque les premiers cafards s’étaient mis à grouiller au fond de son estomac, éveillant cette envie irrépressible de retourner entre les murs de la cité des Chevaliers, Toni avait demandé l’assistance de sa bienfaitrice afin que celle-ci puisse l’aider à réserver une place sur le dernier navire qui devait partir en direction du Continent de Tælora durant le mois. Cependant, au dernier moment, l’apprentie Chevalière s’était repliée.

« Je compte bel et bien y retourner afin de voir comment les choses ont évoluées depuis le siège : cela n’a pas changé. Mais avant cela! La jeune femme insuffla involontairement sa détermination à l’Immaculée. J’aimerais revoir Monsieur G… – en-enfin, Monsieur Köerta, se reprit-elle en bafouant. Je ne suis toujours pas habituée à l’appeler par ce nom. »

La militaire devant elle sourit. Son supérieur, l’officier Ramiel Vaughan, lui avait conté ce qui s’était produit le premier jour où il avait été introduit à la jeune Nezaya par les Olori Galadhras et Hesalà, une fois ces derniers revenus d’Arcadia à la suite de leur rencontre auprès des Sages de l’Ordre d’Hébé. L’histoire que les Archanges avait alors conté à son Maître de Bataillon n’en fût que plus singulière dès qu’il avait prêté oreille à la plaidoirie de l’ancienne Arcadienne. Le regard ébranlé, la voix chevrotante, comme si la peur continuait de l’étrangler, la Nezaya avait fini par admettre avoir été envoyée par le « Chasseur au visage fissuré ». Autant dire que l’Imperio du Deuxième Bataillon avait rapidement compris à qui elle faisait référence; de fait, son chef connaissait très peu d’individus pouvant clamer avoir un visage d’une telle difformité.

« Sans lui, je ne serais pas ici aujourd’hui. »

Dans ces circonstances, Evy Hémérhys comprenait tout à fait l’impulsive motivation de la jeune femme à vouloir changer son programme. Cependant, si elle voulut rajouter quoi que ce soit, son propos fut sèchement interrompu par l’appel enhardi du Capitaine du bateau. Dans la seconde, le quai eut un regain d’énergie, un mouvement irrégulier le prenant d’assaut.

« C’est l’heure. En penchant respectueusement son buste vers l’avant, l’Ange salua l’ancienne réfugiée. Puisse les Sept Vertueux te protéger et t’inspirer au cours de ton voyage, Toni. Aujourd’hui est le commencement d’une toute nouvelle aventure, alors ne laisse pas ton passé obscurcir ton futur : va de l’avant. »

Le vent marin gonfla brièvement l’épaisseur de sa chevelure d’ébène, la faisant voler devant son visage par inadvertance, tandis que l’Écuyère les repoussait d’un geste maladroit de la main.

« Je te le promets. À son tour, elle esquissa une révérence. Je te remercie infiniment pour l’aide que tu m’as apportée et pour ton hospitalité. Je n’oublierai jamais ce que les Anges ont réalisé pour moi. »

Aujourd’hui, plus que tous les autres jours, Toni Nezaya se permettait de sourire en grand. L’angoisse et la peur s’étaient dissipées, la colère et les peines s’étaient lentement apaisées et maintenant, il ne restait plus que sa volonté à tracer son propre chemin : un chemin sans regrets, elle l’espérait.

« N’oublie pas d’envoyer nos plus chaleureuses salutations à Monsieur Köerta.

- Bien sûr! Je n’y manquerai pas. »

Ses bagages en main, son sac en bandoulière, la jeune femme s’engagea dès lors sur le pont qui reliait le navire au quai.

« Fais bon voyage, Toni. Sois prudente. »

Un dernier sourire, puis un dernier regard, avant que les vents d’Ajrov n’emportent le vaisseau au loin, cap orienté vers Ciel-Ouvert.



Le lendemain, sur les Terres d’Iyora.

Le rayonnement de l’Astre-Père venait tout juste de perforer le voile du matin lorsque je lui ouvris la porte. Si un sourire recouvrait la surface de mes lèvres, celui-ci s’ébranla légèrement à la vue de son expression.

« Tu sembles… épuisé », lui fis-je remarquer un tantinet troublé.

Si, en lui-même, le visage d’Isiode n’avait guère changé, l’éclat de ses prunelles, en revanche, ne chatoyait plus aussi intensément que d’accoutumé. Le bleu si caractéristique de ses iris semblait avoir perdu sa flamme, son acuité; l’acier de son regard apparaissait émoussé, comme la lame d’une épée que l’on aurait trop usée à force d’employer. Un certain temps passa ainsi sans que lui ou moi n’esquisse le moindre mouvement. Nos regards s’étudiaient et se jaugeaient calmement, dans le silence le plus impénétrable, et si l’idée de transpercer ce mutisme inexplicable me traversa l’esprit, étonnamment, ce fût Isiode qui brisa en premier la statique qui fixait de la sorte notre échange. Vaguement, il confirma alors ma spéculation en acquiesçant d’un signe du menton.

« L’intervalle entre ses assauts est de plus en plus court maintenant. »

Sans clarifier plus que nécessaire le propos de sa pensée, mon jumeau força son chemin jusqu’à l’intérieur de mon appartement, mon pas se décalant promptement sur le côté pour le laisser passer.

« Est-ce prudent de venir jusqu’ici avec cette… chose toujours attachée à toi? »

Une fois de plus, sa tête dodelina positivement.

« Nous avons remarqué qu’elle est moins active au courant de la journée, alors il m’est possible de me reposer et de m’occuper de mes projets pendant ce temps.

- Mais tes nuits n’en paraissent pas moins fatigantes, exhalais-je en refermant la porte dans notre dos. Sais-tu quand est-ce que les Orishas chasseront cette créature pour de bon?

- Lorsqu’elle cessera de fuir, j’imagine. À son tour, Isiode relâcha un soupir tout en s’asseyant sur le divan du salon. Pour l’instant, à toutes les fois qu’ils ont essayé de la coincer, elle déguerpissait. Une morsure joua distraitement avec ma lèvre inférieure. Prochaine stratégie : on devrait essayer de l’emprisonner dans une cage magique.

- Une cage magique?

- Oui. Une sorte d’habitacle qui se refermerait sur la créature dès qu’elle toucherait à un sigle ou à un pentacle particulier. Au ton qu’il adopta, je sus d’instinct qu’il ne connaissait pas les détails spécifiques. Peu importe ses ruses, une fois à l’intérieur de la cage, elle ne pourra plus nous échapper… Théoriquement. »

Dans cette situation, tout me paraissait couvert de conjectures et de suppositions. Après tout, la nature ésotérique des créatures qui composaient le Monde Invisible ne nous laissait pas encore la possibilité de poser des théories plus explicites.

« Je vois, abdiquais-je finalement d’un ton bas. J’espère simplement que tout se terminera bientôt pour toi. En plus de travailler sur la finition des travaux pour les écuries de la Cavalerie, tu dois maintenant te soumettre à une batterie de tests concernant la Forme Angélique. Tu n’as vraiment pas besoin de ce poids supplémentaire. »

Et pourtant, les épaules de mon frère ne firent que se redresser d’un geste nonchalant.

« Nous avons connu pire, toi et moi. Je ne pus réfuter ses propos dès l’instant où il les formula… Muramasa et Dame Sunano dorment toujours?

- Oui. »

Il n’abonda pas plus que cela, reportant presque immédiatement son attention sur les papiers qui s’étendaient sur la table devant nous.

« Occupons-nous de la paperasse dans ce cas. »

Et sans attendre, nous nous mîmes au boulot. À la suite de l’attaque à Lyscenni et de la victoire de la Marche Terne et de ses alliés contre l’Empire des Chevaliers, d’innombrables travaux de reconstruction avaient commencé sur l’ancienne terre sacrée d’Hébé. Par la même occasion, en remerciement, certains lopins de terre et propriétés avaient été légués à plusieurs acteurs qui avaient agit au cours de l’assaut sur la Citadelle d’Arcadia, mais pour une raison que je ne m’expliquais pas encore, Isiode et moi avions fini par devenir propriétaires de quelques-uns de ces biens. De fait, devant l’accumulation de ces gains, nous nous étions alors décidés à nous donner rendez-vous ici même afin de discuter de l’avenir de ces domaines, car ni lui, ni moi n’avions l’intention de nous occuper de ceux-ci à temps plein : nos responsabilités et nos devoirs nous conviaient autre part.

« En plus, indiquais-je à mon frère en rigolant, tu as reçu un cheval ailé dans le lot. Qui as-tu soudoyé pour obtenir une monture pareille?

- Personne. »

Effectivement, parmi les possessions qu’il s’était vu octroyer, Isiode avait obtenu la garde d’un cheval ailé. Nyellë de son nom, comme plusieurs autres équidés qui avaient miraculeusement survécu après le siège, était désormais dépourvu de cavalier, et au cours de la distribution des anciens biens de l’Ordre d’Hébé, mon jumeau eut la chance de devenir le maître de la robuste monture. Toutefois, il ne voyait pas l’utilité de cet animal auprès de lui, si ce n’était une nouvelle bouche à nourrir.

« Rien ne nous oblige à l’amener sur l’Île d’Orhmior : il pourrait très bien rester à Arcadia et servir au travail dans les champs », lui suggérais-je.

L’idée ne lui déplaisait pas, et Isiode fit aussitôt savoir son accord d’un hochement de tête.

« C’est réglé dans ce cas! Donc, si je résume, nous avons : un cheval ailé, deux propriétés avec une exploitation agricole – un champ d’avoine pour la première et une pomiculture pour la seconde –, une ancienne forge qui se spécialisait dans la fabrication des épées longues…

- … et un navire de transport, avec équipage, qui s’occupera des voyages et des échanges entre Arcadia et les territoires angéliques. Tout en laissant ses mots guider la frénésie de mon crayon, je consignais la dernière donation sur le papier officiel. Très bien. Je pense que cela fait le tour des donations que nous léguons au gouvernement. Cependant, mon frère émit une pause tout en me dévisageant du coin de l’œil. Et qu’est-ce que nous faisons des parcelles de terre qui nous ont été offertes sur l’Archipel de la Méduse? »

… Je les avais complètement oubliées. Pourtant, l’une comme l’autre nous avait été concédées anonymement, et ce, depuis un long moment déjà. Les deux territoires partageaient une frontière commune, si je me rappelais bien, alors la possibilité d’établir un commerce ou une exploitation n’était pas à écarter. Pourtant, aucune idée n’avait véritablement été émise et l’existence de ces terres s’était lentement évadée de nos esprits.

« Restons en statu quo pour le moment, proposais-je après un instant de réflexion. Peut-être que nous pourrons y trouver une utilité, bientôt, avec tout ce qui se passe actuellement.

- Je transmettrai notre lettre comme telle au notaire dans ce cas, acquiesça le Capitaine en se levant. Il est supposé gérer toute l’opération à partir de là, et voir auprès du Trésor royal ce qu’il en est. »

Comme un seul homme, nous soupirâmes de soulagement : ce genre de travail nous épuisait, rien que d’y penser, et nous étions bien contents de pouvoir déléguer. En posant une brève œillade en direction des fenêtres, je remarquais distraitement l’éclat du Soleil, ce dernier s’étant presque entièrement défait du manteau nuageux qui recouvrait l’aube.

« Tu sais, tu peux rester encore un peu, histoire de te reposer. Tranquillement, je coulais un regard sur ses épaules, Isiode s’étant déjà approché de la porte d’entrée. Puis, Wakiya et Ren te tueront si elles apprennent que tu es parti sans même leur dire bonjour. »


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Isiode et Isley
Jeu 28 Avr 2022, 05:24



« […] Puis, Wakiya et Ren te tueront si elles apprennent que tu es parti sans même leur dire bonjour. »

J’avais suspendu mon pas, tout en pivotant mon visage dans sa direction. Je ne savais pas qu’Isley pouvait prononcer ce genre de discours avec un sourire si innocent… Mais il avait raison : si je disparaissais ainsi sans aucune justification valable, elles allaient être sur mon dos pendant au moins trois mois. J’avais alors choisi la meilleure option dans ces circonstances : lentement, je m’étais de nouveau débarrassé de ma veste avant de retourner m’asseoir sur le divan de mon frère.

« C’est vrai qu’il est encore tôt, lui avais-je finalement concédé, Isley me proposant aussitôt de prendre son lit si je souhaitais me reposer. Ce n’est pas la peine. Je ne compte pas m’imposer aussi longtemps.

- Comme tu voudras, avait-il soupiré, résigné. Je te prépare une nouvelle tasse de café? »

L’accord fut silencieux, et lorsque mon frère disparu dans sa cuisine, je m’étais calé plus douillettement au cœur du moelleux de son canapé. Je fermerais les yeux pour quelques minutes seulement. C’est ce que je m’étais dit une fois installé, c’est ce que je m’étais dit dès que mes paupières s’étaient doucement rabattues devant ma vision. Seulement, l’épuisement semblait avoir rapidement drainé mes forces et ma volonté à rester éveillé, ma conscience s’éclipsant calmement jusque dans le Royaume d’Harabella : je m’étais assoupi presque immédiatement, sous l’œil vigilant de mon jumeau.

« Tu peux être une véritable tête de mule parfois. »

Sourire aux lèvres, il n’avait alors rempli qu’une seule tasse.

Et ce n’est que deux heures plus tard que je me rendis compte de tout cela, alors que mon esprit émergeait lentement des embruns de ce sommeil profond.

« Tu devais rêver à quelque chose d’extrêmement beau. »

Cela me prit quelques secondes avant de me reconnecter avec la réalité, les visages de Muramasa et de Dame Sunano se dessinant avec plus ou moins de précision devant ma vision.

« Pardon? »

Amusée, la rousse échappa un rire avant de se redresser.

« Non, rien. Tu semblais seulement dormir si paisiblement comme ça. »

Dor…mir? Brusquement, je réalisais, me relevant dans une violente impulsion… fracassant involontairement mon crâne sur le front de la délicate par la même occasion. Le gémissement qui s’arracha à ses lèvres m’alerta instantanément, mon regard se dirigeant vers la demoiselle qui se recroquevillait péniblement sur elle-même.

« Wakiya! Ça va?!

- Veuillez m’excuser, j’ai été pris par surprise, m’expliquais-je en m’agenouillant à hauteur de la jeune femme. Est-ce que vous allez bien? »

Malgré la contraction de sa mâchoire et la rougeur qui pigmentait désormais tout son front, la brunette hocha prudemment de la tête. Malgré tout, ma main se mouva par réflexe, s’arrêtant à moins d’une dizaine de centimètres de sa figure.

« Ne bougez pas », lui conseillais-je avant de poser ma paume contre son front.

Dès lors, une lueur blanchâtre se mit à envelopper ma main, la chaleur et le naturel réconfort de la Magie angélique enveloppant son visage telle la coquille protégeant le futur poussin. Nous restâmes dans cette position pendant un certain temps, jusqu’à ce que je retire définitivement ma main de son faciès.

« Est-ce que vous vous sentez mieux? »

Elle opina d’un signe de tête, ses propres doigts venant effleurer le point de l’impact; la douleur, apaisée par la Magie de soin, devait s’être effacée désormais.

« Qu’est-ce qui se passe? J’ai entendu Ren et…

- Ce n’est rien. Isiode a simplement donné un coup de boule à Waki en se réveillant brusquement. »

Pendant un instant, mon frère se figea, sa brosse à dents au fond de la bouche, mais fini rapidement par briser son immobilité en échappant un ricanement.

« Rien de grave dans ce cas.

- Pourquoi tu m’as laissé dormir comme ça?

- Tu avais besoin de te reposer. Puis, en indiquant son horloge mural du menton, Isley rajouta : Je t’aurais réveillé si tu étais vraiment en retard de toute façon. Et finalement, dans un pivot, il retourna sur ses pas. Mais à présent, prépare-toi. Tu dois de nouveau réaliser un examen ce matin, pas vrai? Autant te présenter là-bas en forme au moins. »



De temps en temps, vagabond, il lui arrivait de longer les façades du secteur dans l’attente impatiente de le croiser à nouveau. Après tout, il n’avait pas assez de courage pour mettre les pieds sur un territoire aussi strict et militarisé que l’Île d’Orhmior, alors il se contentait de se promener, parfois, aux alentours du logement fraternel. Cependant, même après plusieurs semaines à traînasser ici et là dans les environs, jamais il n’avait eu la chance de le rencontrer une nouvelle fois. Il se questionnait. Beaucoup. Avait-il un mauvais timing? Est-ce que son bienfaiteur ne s’entendait pas avec son frère, au contraire de ce qu’il s’était imaginé? Les deux étaient-ils en froid au point qu’ils ne veuillent se rencontrer? Il était sceptique, incertain, mais continuait, malgré tout, ses balades dans le voisinage. Il désirait simplement lui reparler, le remercier, savoir si son présent était arrivé, savoir si celui-ci l’avait plu… Après tout, il avait mis énormément de temps et de réflexions sur le choix de son cadeau. De ce fait, il souhaitait connaître son avis, peut-être apprendre deux ou trois choses sur lui. Cette réunion, il y avait songé plusieurs fois depuis leur dernière interaction et pourtant, dès l’instant où ses yeux se reposèrent enfin sur les contours de son visage, il eut du mal à avancer, à faire le premier pas. La nervosité le paralysait, la gêne le repliant presque instinctivement sur lui-même… Il songea alors : « peut-être aurais-je eu le courage de m’approcher s’il n’était pas déjà entouré. » Peut-être aurait-il eu la bravoure nécessaire pour ne pas se laisser intimider et aller aussitôt l’interpeller. Il soupira. Il n’était pas courageux, encore moins audacieux, mais désirait sincèrement échanger ne serait-ce que quelques mots avec lui. Ayant dévié son regard, il parvint à reposer son attention sur le quatuor qui discutait au pied de la porte. Les frères étaient vêtus de leur uniforme, certainement prêts à partir travailler, tandis que les deux jeunes femmes – leur Orine (il s’était renseigné) et une… inconnue? – s’étaient parées de tenues pour l’entraînement et le sport. Maintenant qu’il y songeait, il est vrai qu’il les surprenait parfois à courir à travers les rues de la Citadelle Doka. Curieux, il continua de les observer; enchanté, il admira en silence les traits de son bienfaiteur. Il aimerait pouvoir lui parler plus souvent, le regarder plus souvent, être à ses côtés plus souvent… Mais pour lui, il ne devait être qu’une personne banale. Il n’avait rien de spécial, il le comprenait bien, mais cela ne l’empêchait pas de le rêver, dans l’espoir qu’un jour, ses vœux deviennent réalité. Toutefois, quelque chose le rendait mal à l’aise présentement. Il aurait voulu se rapprocher pour mieux entendre leur discussion, mais avait peur d’être repéré. Cependant… la manière dont il fixait cette étrangère aux longs cheveux d’ébène… Un fracas martela sa poitrine, mais il parvint à rester solidement ancré sur ses deux jambes, étudiant plus longuement et attentivement la situation. Jusqu’à ce qu’il se pétrifie, médusé. C-Comment? Comment? Pourquoi lui touchait-il ainsi le visage?

« Encore désolé pour tout à l’heure, m’excusais-je auprès de la jeune Sunano tout en retirant ma main de son front, l’éclat diffus de la Magie s’effaçant d’entre mes doigts. Ce n’est pas grand-chose, mais j’espère que cela vous soulagera.

- Plus de peur que de mal, alors ne vous en faîtes pas : je ne ressentais déjà plus rien avant. »

La Fille des Arts m’adressa un sourire bienveillant, se retournant ensuite vers Muramasa afin de lui demander si elle était prête pour leur course du matin – et peut-être pour me démontrer qu’elle allait sincèrement bien.

« Allons-y avant que les rues ne soient trop bondées. Nous tournant finalement le dos après une rapide salutation, la rouquine suspendit pourtant son mouvement. Et toi… Désormais, ses yeux me scrutaient avec intensité. Reviendras-tu nous voir bientôt? »

Je ne me prononçais pas, balançant plutôt ma main en signe d’au revoir.



Sur l’Île d’Orhmior.

Une fois le portail de téléportation traversé, un certain temps nous fut nécessaire pour parcourir le Val du Mistral et atteindre les premières structures de l’Avant-Garde. À partir de ce point, Isiode et moi séparâmes nos chemins : lui s’enfonça encore plus au cœur de la cité, se rapprochant à grands battements d’ailes des hauts édifices que représentaient la petite ville fortifiée de Prætoria, le quartier général de l’Armée Céleste, tandis que mon propre itinéraire m’orientait plutôt vers le Quartier des Apprentis. Exceptionnellement aujourd’hui, je devais conduire deux classes différentes : remplacer l’Instructeur Keele durant son cours d’auto-défense – la jeune femme avait été appelée par son Escadron pour une mission – et donner mon cours en tant qu’Instructeur de formation de vol pour les Aspirants de la plus vieille promotion, ceux qui seraient très prochainement conviés au Test des Preux afin d’être officiellement gradés au sein de l’Armée.

Atterrissant devant l’entrée, cela ne me pris que quelques minutes avant d’arriver dans le corridor des enseignants. Je saluais chaleureusement les autres militaires que je croisais, me dirigeant jusqu’à la salle des Instructeurs avec un collègue.

« Monsieur Yüerell? »

La voix nous arrêta en pleine foulée, le second professeur s’éclipsant tout en me faisant savoir qu’il m’attendrait dans la salle afin que l’on puisse poursuivre notre conversation.

« Oui c’est bien moi. Qu’y’a-t-il?

- Une lettre, qui vous est adressée, a été envoyée au bureau de poste militaire des Jardins de Jhēn. »

L’un de mes sourcils se redressa à cette mention. Depuis la fin de la campagne d’explorations, toutes les lettres qui m’avaient été destinée s’étaient retrouvées dans le courrier de mon frère; depuis que j’avais mon propre logement, les missives étaient dorénavant directement acheminées jusqu’à ma porte. Hum… Avais-je oublié de donner ma nouvelle adresse à quelqu’un? Même Père était au courant de mes nouvelles coordonnées, alors de qui s’agissait-il?

« Merci beaucoup. »

Visiblement intéressé, j’allais cueillir l’enveloppe des mains du Héraut, reprenant mon chemin jusqu’à la salle des Instructeurs. Cependant, une fois sur place, j’évitais de justesse le dérapage de mon collègue, ce dernier filant à toute vitesse hors de la pièce.

« Nous pourrons nous reparler plus tard! J’ai complètement oublié de déposer un rapport!

- Pas de souci. »

Cette fois, j’étais complètement seul, dépaquetant mon sac et rangeant mes effets personnels dans le casier qui m’avait été assigné depuis mon entrée en fonction. Toutefois, dans ma main, la missive reposait toujours. Je l’étudiais brièvement avant de briser le sceau qui la cachetait, mes doigts agités par la curiosité. Après tout, il me restait encore une trentaine de minutes avant le début de mon premier cours.

Cher Isley, lisais-je mentalement, m’asseyant sur la bordure d’une des fenêtres de la salle commune. Je suis tant chagrinée d’avoir délaissé les prémices de notre relation épisto… Oh. Je compris rapidement, l’identité du mystérieux expéditeur se dessinant entre mes deux oreilles presque instantanément. Elle n’avait pas tort, cependant : j’avais complètement oublié son existence. À l’arrêt subit de ses envois, une multitude de pensées avait occupé mon esprit et pourtant, je ne m’étais jamais véritablement senti triste ou en colère; simplement indifférent, me disant qu’elle s’était finalement faite à l’idée qu’il s’agissait d’une mauvaise décision…

Dans tous les cas, à présent, mon intérêt était capturé, mes yeux reprenant la lecture du message singulier. Contrairement au contenu des autres lettres qu’elle m’avait envoyées par le passé, celui-ci résonnait plus gravement à l’intérieur de mon esprit. Une âme en perdition? Un tête-à-tête? Alors que, depuis le début, elle était celle qui avait dit vouloir conserver nos distances? Il s’agissait d’une demande… étonnante. Cela étant dit, cette surprise n’était en rien comparable à ce qui vint en finalité, lorsque mes pupilles décryptèrent la signature de l’émettrice. Carmine Zuriel… Mes yeux s’écarquillèrent au milieu de mon faciès. Ca-Carmine Zuriel?! Ce devait être… une erreur. Je révisais la signature, une deuxième, une troisième, une quinzième fois, et sans faillir, mes yeux lurent exactement le même prénom à chaque fois. Carmine Zuriel… Ma mystérieuse correspondante était Carmine? LA Carmine?! Qu… Quoi?


2 012 mots (Sans les paroles reprises du post de Latone) | Post II



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Isiode et Isley
Sam 30 Avr 2022, 19:39



« C’était le dernier échantillon de la journée. Comme toujours, merci pour votre coopération, déclara la jeune femme d’Imuō, la branche des Sciences et du Développement de l’Armée Céleste, après avoir précautionneusement retiré la seringue de mon bras. Je vous conseille de prendre une courte pause dans l’annexe et de rejoindre, par la suite, l’Olori Vaughan pour le début de la simulation. »

J’acquiesçais en toute docilité, détachant mon corps de l’assise sur laquelle on m’avait installé avant de tracer mon chemin jusqu’à la poignée qui ouvrait la pièce d’à-côté. Cette dernière n’était guère spacieuse, mais la commodité se joignait harmonieusement à la simplicité et à la tranquillité de l’espace, car une fois la porte rabattue, les sons se noyaient et le brouhaha des conversations se dissipait comme par enchantement. Certes, dans un tel environnement, il était presque impossible que le silence soit roi, alors je pouvais toujours entendre avec distinction l’élégance de certains accents et le sérieux d’autres inflexions. Cela étant dit, l’intensité de l’écho ambiant ne me submergeait plus autant qu’au moment de me retrouver au milieu de cet océan de bruits ininterrompus; un semblant de paix régnait alors au sein de ce milieu reclus, et je comptais en profiter pour le peu d’instant qui m’était alloué.

De fait, troquant avec plaisir un premier siège pour un second, je m’asseyais sagement tout en étudiant le décor de la salle. Ce n’était pas la première fois que je mettais les pieds ici, ayant déjà passé plusieurs jours à travailler en collaboration avec l’équipe de chercheurs. Toutefois, mon regard ne pouvait s’empêcher un tour d’horizon à chaque fois, comme ça, par réflexe, tandis que mon oreille s’imprégnait malgré lui de la rumeur qui bourdonnait de l’autre côté de ces murs : aujourd’hui, l’équipe d’Imuō se partageait avec satisfaction les relevés de la journée et s’échangeaient déjà quelques spéculations quant à ma condition, vivement intéressés de connaître les résultats qui seront extraits de la prochaine simulation.

Faction particulière de la structure qu’était la Nith-Haiah, les membres de l’Escadron Imuō étaient en majorité composés de scientifiques qui, par affiliation ou contrats spécifiques, s’étaient greffés aux forces de l’Armée angélique. C’est pourquoi, depuis que j’avais accepté de subir les tests proposés par les Olori, ils étaient ceux et celles qui s’occupaient de mes exercices et s’assuraient du bon déroulement de chacun de mes examens. Cela faisait déjà plusieurs jours que je me pliais à leurs observations sans broncher, tendant mon bras lorsque l’on me demandait un prélèvement de sang; laissant mon dos à nu quand les mages étudiaient le flux magique qui circulait dans mes veines; ouvrant mon esprit à leurs différentes analyses tout en contrôlant le contenu de mes pensées. Ils semblaient vouloir tout prendre en compte : de mon pouls régulier jusqu’à la moindre activité cérébrale. C’était peu commun pour moi de me faire manipuler et palper de la sorte, et même si les gestes étaient posés en toute ingénuité et professionnalisme, les sensations restaient pour le moins déplaisantes. Malgré tout, j’essayais de faire fi de tout cela, laissant l’équipe réaliser leur travail en toute tranquillité d’esprit et, à présent, elle semblait posséder toutes les données qui leur seraient minimalement nécessaires afin de procéder à la suite des examens.

« Capitaine Yuërell? Je levais la tête, ayant déjà perçu la présence de l’assistante de l’Olori Vaughan avant qu’elle n’atteigne le seuil de l’entrée. Vous pouvez me suivre. Hazel Vaughan et le reste de l’équipe vous attend. »

L’annexe dans laquelle je m’étais temporairement isolé était à quelques minutes de marche seulement de la fameuse salle où se tiendrait l’examen « spécial » de l’Olori Vaughan. Ainsi, auprès de l’Ange, je traversais plusieurs corridors et dépassais nombreuses chambres avant de rejoindre le bâtiment où nous étions attendus. Attenante à l’édifice principal du département des Sciences et du Développement de la Nith-Haiah, la bâtisse dans laquelle nous nous engageâmes possédait trois étages où avaient été rassemblés des salles d’expérimentation et de laboratoires pour les besoins de l’Escadron. Sécurisé pour éviter tous incidents magiques, mécaniques ou alchimiques – et au vue de leur travail, ces derniers étaient particulièrement courants – le bâtiment était également surnommé le « terrain de jeux d’Imuō » par quelques Escadrons de l’Armée.

« Par ici. »

Nous traversâmes une énième allée, esquissant une quarantaine de pas au milieu de celle-ci avant que ma guide nous arrête devant une entrée. À l’intérieur, je pouvais entendre la voix d’une dizaine d’acteurs.

« Olori Vaughan, le Capitaine est arrivé. »

À cette courte introduction, la jeune femme nous conduisit au cœur de la salle et je pus enfin observer les gens à qui appartenaient les éclats que j’avais perçu plus tôt. Cependant, parmi tous ceux et celles actuellement présents, une aura m’attira inexorablement dans sa direction, la Grande Prêtresse souriant doucement à mon arrivée.

« C’est un plaisir de vous revoir. Comment s’est déroulé vos derniers examens? »

Consciencieusement, je me rapprochais de sa position avant de lui adresser une révérence.

« Il semblerait que votre équipe de l’Imuō ait récolté suffisamment de données pour que l’on puisse passer à la seconde phase de la recherche. D’où ma présence aujourd’hui. »

Elle hocha de la tête, m’indiquant d’un mouvement de la main une longue table qui se dressait au centre de la pièce. L’englobant dans un anneau fermé, tous assis en tailleur, les membres de l’équipe semblaient méditer dans l’attente patiente de la suite des opérations. Je les dévisageais un instant, mais la voix de l’Archange m’arracha à mes réflexions.

« Si vous le voulez bien, commençons sans plus tarder. Tout en se postant à côté de la table, elle me fit signe de m’y coucher. Je serais derrière vous en tout temps. »

Je fis comme elle me le demanda, posant mon dos sur la surface froide du meuble. Toutefois, je me figeais au contact subit de ses mains contre mes tempes.

« Est-ce que cela vous met mal à l’aise?

- Aucunement, Dame Vaughan.

- J’aurais un meilleur contrôle des variables de l’illusion si je peux avoir un contact direct avec vous, justifia-t-elle malgré tout.

- Je comprends, et cela ne me dérange pas. Comme preuve, je détendis mes muscles, calant plus confortablement ma tête contre le petit oreiller. Que dois-je faire maintenant?

- Détendez votre esprit. Videz-le de toute pensée superflue, me conseilla-t-elle tout en m’indiquant de ne pas porter attention aux autres individus qui nous entouraient. Ils sont présents pour étudier vos signes vitaux ainsi que les différents stimulus de votre corps, de votre cerveau et de votre Magie lors de la simulation. Ils consigneront ce qui se produira en vous et, de la sorte, nous pourrons mieux appréhender ce qui vous arrive et peut-être même parvenir à vous aiguiller sur comment il vous serait possible d’utiliser ce pouvoir en toute conscience. Fermant ses paupières par à-coups, je n’eus plus aucun visuel du doré de ses prunelles. Par ailleurs, j’aurais également besoin que vous ne résistiez pas à mon intrusion. Je pris une profonde respiration, l’air s’infiltrant dans une tempête violente au creux de mes poumons. Très bien, Capitaine. Êtes-vous prêt?

- Oui. Nous pouvons commencer. »

L’affirmation s’évada de mes lèvres sans la moindre hésitation, mes paupières se rabattant tout simplement devant mes yeux dès que le contact de ses doigts se renforça. Dans un même temps, la Magie s’éveilla, s’intensifia; je pouvais la sentir pétiller, je pouvais presque la palper, alors qu’elle s’étendait autour de nous pour nous isoler dans un cocon écrasant. C’est alors que je perçu sa présence – et ses pouvoirs surtout – pénétrer mon âme, toucher à mon esprit. Et en un claquement de doigt, ce dernier, alors, sombra.



J’avais l’impression de m’extirper de la vase d’un cours d’eau, attrapant une première inspiration de panique en direction de l’oxygène libre. Seulement, dès les premiers mouvements que mon corps esquissa, une douleur viscérale coupa mon souffle, mon bras entourant immédiatement mes flancs. J’avais de la difficulté à respirer, comprenant que j’avais quelques côtes cassées à travers l’embrun de ma vision et l’incandescence du lancinement qui me clouait sur place. Mes muscles hurlaient à la souffrance, mes articulations grinçaient, menaçantes. Cependant, je n’eus le temps de trop réfléchir, car un tsunami de sensations additionnelles me submergea entièrement très rapidement, le son des armes et le crachat des flammes me vrillant chaque tympan. Par réflexe, ma seconde main se plaqua contre l’une de mes oreilles, le bourdonnement suraigu que j’entendais perforant mon crâne. Que se passe-t-il? Expirais-je intérieurement tout en essayant de distinguer mes environs. J’étais assis, les fesses sur un sol brûlant. J’apercevais la terre rougeâtre sous mon poids, remarquant brusquement que seul mon œil gauche me renvoyait un dessin plus ou moins fidèle de l’environnement qui m’entourait. Pourquoi je ne voyais rien de mon œil droit? Prudemment, j’approchais ma main de l’orbite, l’un de mes doigts s’enfonçant par inadvertance à l’intérieur de celui-ci. Vivement, je le retirais, mon bras assujetti d’un violent tremblement alors que je prenais conscience de ce qui était advenu de mon œil. Calme-toi, m’ordonnais-je tout en reprenant un semblant de contrôle sur ma respiration. Que s’est-t-il passé avant que tu t’évanouisse? Où es-tu? Où étais-je, en effet? La fumée qui s’élevait des flammes à l’horizon m’empêchait de distinguer quoi que ce soit. Aucun bâtiment en vue, aucun drapeau ou emblème particulier qui saurait m’orienter : tout ressemblait à un désert de fumée rougeoyant, des cris dans le lointain m’indiquant pourtant que je n’étais pas seul ci-bas.

De peine et de misère, je soulevais mon corps endolori, traînant celui-ci sur quelques mètres en espérant ne pas m’évanouir une seconde fois. Dans le même temps, j’essayais de soigner mes blessures les plus graves, mais ma Magie ne fonctionnait pas, comme bloquée par une puissance au-dessus de moi. Ma chance… Ironisais-je en continuant ma progression. Avais-je été abandonné, laissé pour mort? Dans mon état, cela ne m’aurait même pas étonné. Pourtant, les affrontements se poursuivaient à quelques distances de moi. Il me fallait rejoindre un camarade au moins, essayer de comprendre dans quelle guerre avais-je été plongé, parce que mes souvenirs ne semblaient vouloir m’aider. Puis, en dépit de la sècheresse de ma gorge, je ne considérais pas qu’il s’agissait d’une bonne idée d’appeler au secours, conscient que mes ennemis pourraient également entendre mon cri. La seule solution qui s’offrait à moi était d’avancer, d’avancer, jusqu’à ce que je puisse distinguer quelque chose… Comme ces ombres qui se modelaient à proximité?

Une seconde, je m’arrêtais, mais reprit rapidement le rythme de mon enjambée. Si je continuais de marcher au milieu du brouillard pestilentiel, je progressais malgré tout avec vigilance, spectateur d’une danse mortelle : devant moi, deux combattants s’affrontaient avec acharnement, chacun ne voulant céder à son agresseur à grands coups d’épée et d’acier. Leurs respirations étaient bruyantes, leurs halètements rugissaient au fond de leur gorge. Je voulus me recroqueviller, m’échapper de leur champ de vision afin de ne pas perturber leur affrontement, seulement, l’une de mes jambes ne répondit que trop tard, un accroc sur le sol me faisant perdre l’équilibre. Ce n’est qu’à l’entente de mon fracas que je réalisais ce qui s’était produit, mon regard s’arrêtant sur le visage de l’un des combattants. Un… Ange? Non… Pourquoi se précipitait-il dans ma direction?!

« Ne fais pas ça, imbécile! Derrière toi! »

Trop tard. La lame lui arracha un cri, alors qu’elle déchirait sa chair et que l’hémoglobine éclaboussait son uniforme. Un soupir se perdit à la surface de ses lèvres, son cadavre me rejoignant à travers la poussière de la terre. Tout s’était déroulé très vite et avant que je ne puisse comprendre ce qui venait de se passer, avant que je puisse comprendre pourquoi son corps ne bougeait plus, une silhouette noire se déploya au-dessus de ma tête, dangereuse, pesante, suffocante. Je levais le regard, happé par le brasier qui écumait du sien. Une soif incommensurable de meurtre et de sang émanait de sa personne. Après ce soldat, il était évident que j’étais le prochain sur la liste, réalisant cela dans un écarquillement d’yeux…



Doucement, Hazel Vaughan émergea, son regard explorant les traits de mon faciès, tandis que je m’éveillais également. L’illusion s’était brutalement interrompue dès le moment où la dernière brise avait sifflé entre mes lippes. Désormais, mon rythme cardiaque ralentissait. L’ennemi factice qui m’avait surplombé s’était assuré de ne pas me tuer trop vite, imprégnant dans mon subconscient, petit à petit, cette idée que j’allais bientôt mourir. Pourtant, à aucun instant, je n’avais ressenti ce que j’avais perçu à Arcadia. Aucune chaleur ne s’était mise à m’envahir, aucune hardiesse ne m’avait grisé, prenant en otage chacun de mes membres, chacune de mes pensées. Au contraire, j’avais surtout eu l’impression d’être submergé, de n’avoir aucune chance, de ne pas pouvoir lutter, tant, que cela me parut tout bonnement impossible de me faire ainsi dominer…

« Je ne sais pas pourquoi cela n’a pas fonctionné. »

L’Archange aux longs cheveux bruns réfléchissait tout en échangeant quelques œillades vers l’assistance qui prenait en note les différentes observations qu’elle avait capturé durant ce premier essai.

« L’impression que vous avez ressenti au cours de cette simulation n’était pas identique à celle que vous avez ressenti à Arcadia… Je vais modifier quelques paramètres pour la prochaine immersion. J’opinais du chef, conservant une certaine rigidité dans mes poings. Comment était-ce?

- Pénible et désagréable, mais rien que je ne puisse supporter.

- Très bien, parce que vous risquez de vivre plusieurs expériences comme celle-ci dorénavant. Lorsque l’un des Anges indiqua à l’Olori Vaughan qu’ils étaient prêts pour une seconde tentative, la jeune femme hocha tranquillement de la tête. Si quoi que ce soit vous gêne, n’hésitez pas à m’en faire part. Nous sommes curieux de connaître la vérité sur l’éveil de ce pouvoir, mais nous n’expérimenterons pas à vos dépends. J’acquiesçais. Réessayons, si vous le voulez bien. »

De pair, nous fermâmes les paupières. Réessayons, réessayons : ce mot, je ne pense pas l’avoir autant entendu de fois qu’en ces derniers jours.


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Isiode et Isley
Lun 23 Mai 2022, 07:45



Il s’agissait de mon cinquième jour à errer au milieu des différents scénarios de l’Archange et de ses associés; mon cinquième jour à combattre, tomber, me relever, mourir et revivre, en perpétuité. Pourtant, malgré les nombreuses tentatives que l’on pouvait désormais compter à mon actif, je n’étais jamais parvenu à me parer une seconde fois de cette Forme mystique. Certes, à quelques reprises, l’équipe avait cru à une résurgence du pouvoir d’antan, lorsqu’elle remarquait l’étincelle du pendentif scintiller soudainement sous mes vêtements, mais avant que le point de non-retour ne soit atteint, le chatoiement finissait inévitablement par s’estomper et mourir, comme un feu que l’on aurait hâtivement étouffé avant qu’il ne devienne un incontrôlable brasier… Malheureusement pour notre étude, puisque nous avions rapidement compris que mon esprit érigeait instinctivement des murs contre les illusions, contrecarrant, du même fait, les initiatives de l’Olori au cœur de mon subconscient. Je ne le réalisais pas volontairement. Je m’éveillais soudainement au milieu de l’hypnose en constatant que tout ceci n’était pas réel : une cicatrice qui aurait dû exister mais qui ne l’était étrangement pas dans cette réalité, un bâtiment aux mauvaises colorations, des paroles qui n’auraient jamais trouvé naissance dans cette inflexion… Parfois, il ne s’agissait que d’une simple impression, mais à plusieurs occasions, c’était ma conscience qui rejetait violemment la réalité qui dansait sous mes yeux. Tout était sujet à questionnement lorsqu’on me plongeait dans ces illusions. Je mettais en doute l’authenticité de ce qui m’entourait, je m’interrogeais sur la cohérence des événements et la justesse des actions. C’est alors que je me souvenais : les odeurs que mon nez capturait, les douleurs qui me torturaient, les cris qui me hantaient et le goût de la poussière qui s’accumulait dans mes poumons n’étaient que le résultat perfide des stimuli que l’Archange me bombardait continuellement. Je m’en rendais compte et aussitôt, la tension et l’adrénaline chutaient dangereusement. La situation ne m’apparaissait plus aussi sombre et désespérée qu’elle était au milieu de cette réalité. Je ne combattais plus, je ne tombais plus, je ne me relevais plus : la lucidité m’arrachait au baiser de cette angoisse accablante et me libérait de cet instinct animal suffocant, m’apportant la logique et la puissance nécessaire pour m’extirper de moi-même de cette illusion. Puis, sans crier gare, j’ouvrais les yeux, la salle d’expérimentation et les Anges qui s’y tenaient s’imposant graduellement à ma rétine : j’étais de nouveau conscient.

Cependant, ce n’est pas pour cela que l’on travaillait depuis des jours, ce n’est pas ce que l’on recherchait et les résultats escomptés tardèrent alors à montrer le bout de leur nez. Toutefois, à force d’acharnement et d’ajustements répétés, nous finîmes par obtenir une partie de ce que l’on désirait, mais ce dernier ne vint qu’à la fin de la troisième journée. Ce jour-là, le regard que la Grande Prêtresse nous avait adressé était sans pareil, un éclat que je ne lui avais pas reconnu sur le moment : elle semblait avoir songé à une grande réalisation afin que nous puissions enfin nous rapprocher des réponses que nous souhaitions obtenir.

« Nous sommes sur la bonne voie », perçus-je à proximité, tandis que les mains de la brune se détachaient lentement de mes tempes et que son ombre se décalait temporairement de mon champ de vision.

Et pourtant, je ne me suis pas transformé une seule fois. Face à ce nouvel échec, ma tête s’écrasa plus profondément dans le moelleux du coussin qui la soutenait, mes paupières se refermant quelques secondes afin d’écouler le plus tranquillement possible les battements de mon cœur et de ma respiration. Progressivement, je commençais à m’habituer à ce soudain retour à la réalité, quand les images et les sensations inventées se dissipaient brusquement et que la brûlure des blessures s’éteignait en même temps. Cela étant dit, j’avais tout de même besoin de quelques secondes de pause avant de pouvoir recommencer l’expérience, ne serait-ce que pour remettre mes idées et mon pouls en ordre.

« C’est le troisième essai de suite durant lequel nous parvenons à faire réagir l’Omije aujourd’hui, l’entendis-je relater d’une voix confiante, son enchantement étant aussitôt transmis à ses assistants. Puis-je jeter un coup d’œil sur les résultats d’observation? »

Inaffectée par les scènes qu’elle projetait à l’intérieur de ma psyché, l’Archange Vaughan ne se permettait aucun arrêt lorsqu’il était question de ce travail. Elle jonglait avec aisance entre les interrogations de ses collègues, l’analyse des questions qui mûrissaient au sein de son esprit et les conjectures qui naissaient de celles-ci. Ainsi, dès qu’une simulation touchait à sa fin, elle se dirigeait droit vers l’un des scientifiques et réclamait les résultats d’observation, sauf qu’aujourd’hui, un sourire soulevait la rondeur de ses pommettes. L’expression imprimée sur l’intégralité de son faciès nous en disait long sur son ravissement actuel : sans aucun doute, les conclusions qu’elle étudiait la satisfaisaient grandement.

« Il n’y a pas d’erreur avec ces données? Voulut-elle tout de même s’assurer.

- Peu probable, confirma l’Immaculée. Nous avons comparé nos résultats et les différentes intensités rapportées par l’équipe sont sensiblement les mêmes.

- C’est le pic le plus élevé que nous avons enregistré depuis le début de l’expérience. Un regard dans ma direction, puis l’Olori reporta son attention sur le rapport de sa subordonnée. Excellent, excellent. Au moins, cela confirme notre hypothèse, marmonna-t-elle en hochant de la tête. Merci beaucoup pour votre travail. Dîtes au reste de l’équipe que nous recommencerons dans cinq minutes. Respectueusement, l’Aile Blanche courba l’échine et alla rejoindre les autres Anges pour leur donner les nouvelles directives. Serez-vous suffisamment remis pour que nous puissions recommencer? »

Je tournais mon regard vers sa silhouette, me concentrant toujours aussi calmement sur ma respiration.

« Je serais prêt à votre signal », lui confiais-je sans une once d’hésitation, la paix m’envahissant plus mon âme touchait à la réalité.

Seulement, les cinq minutes allouées filèrent à une vitesse extraordinaire, comme si, au simple papillonnement de mes cils, elles s’étaient évadées de sous mon nez. De fait, je pouvais de nouveau sentir sur ma peau la chaleur de ses doigts et la fermeté de ses paumes autour de mon crâne. En abaissant ses prunelles jusqu’à ma figure, elle m’adressa un sourire confiant avant de prononcer sa phrase fétiche :

« Réessayons, si vous le voulez bien. »



Ce ne peut être réel. Malgré le diamant qui recouvrait toute la longueur de mon bras, je senti la force surhumaine de mon adversaire s’écraser de tout son poids contre mon radius. Je parvins à encaisser l’offensive, la puissance de l’impact faisant glisser mon pied. Par chance, mes talons s’ancraient fermement au sol, écartant la terre qui s’était compactée sous mes semelles, et ne lui laissant de fenêtre pour répliquer, j’élançais aussitôt mes doigts jusqu’à son avant-bras, refermant la prise à la manière d’une mâchoire affamée. D’un geste, je tordis son poignet, libérant le bras qui m’avait servi de bouclier, afin de coincer son coude dans le pli du mien. Le mercenaire se débattait, mais je l’avais solidement immobilisé avant d’appliquer immédiatement une seconde torsion sur l’intégralité de son bras. Soumis à la pression qui contractait ses muscles, il n’eut d’autre alternative, ma poigne obligeant tout son corps à se recroqueviller, son équilibre à flancher. Soudainement, je pivotais ma jambe, plongeant violemment l’os de mon genou contre sa cage thoracique. L’entité recracha une gerbe de sang, un filet de bave maculant ses lèvres d’un écarlate déteint. Promptement, je relâchais le bras que j’avais fait prisonnier, attrapant cette fois-ci son crâne de mes deux mains. Le son de fracture vibra jusqu’à nos tympans, assourdissant, alors que sa figure rejoignait la pointe de mon genou avec rapidité.

Ce ne peut être réel, me répétais-je avec acharnement, tandis que je rejetais le corps de ce deuxième agresseur sur le sol. Je dois être dans l'illusion de l’Olori Vaughan…

Il s’agissait de son cinquième jour à errer au milieu de mon esprit; son cinquième jour à me faire combattre, tomber, me relever, me voir mourir et revivre, en perpétuité. Après tout ce temps à élaborer des scénarios qui sauraient nous amener à la finalité que nous essayions de nous approprier, elle m’accordait ceci : j’étais tenace – mon esprit était tenace. Aucune de ses précédentes interventions n’étaient parvenues à ébranler ma volonté, là où la grande majorité de la population aurait tout de suite flanché devant la nature fictive des mondes qu’elle modelait au sein de leurs pensées. Comparativement à eux, ma conscience s’éveillait obstinément, plus acharné que jamais à retrouver l’authenticité de ma réalité et désormais, combien de fois, pour cette unique séance, avait-elle déployé un nouveau mirage pour que le rêve ne se fracture pas…?

En vingt minutes seulement, elle avait déjà projeté près d’une vingtaine d’illusions.

Pourtant, si je me tenais véritablement au cœur d’une chimère, pourquoi je ne réussissais pas à me réveiller? J’étais conscient de qui j’étais, d’où je me trouvais, et malgré cela, pourquoi diable n’arrivais-je pas à me réveiller comme les autres fois…? Tch! Rapidement, je m’écartais sur le côté, percevant le sifflement d’un javelot qui filait à toute vitesse sur mon flanc droit. Mes sourcils se froncèrent et mes réflexions s’écourtèrent, car un nouvel adversaire souhaitait croiser le fer, ses jambes le propulsant avec fureur jusqu’à ma hauteur. Il avait une deuxième lance en main et j’étais désarmé, pas moins prêt à arrêter les fantaisies qu’il pouvait s’imaginer. Mais avant que j’eusse le temps de réagir, une silhouette s’interposa entre l’ennemi et moi, l’étincelle du heurt s’éparpillant en flammèches devant leur faciès.

« Je m’occupe de celui-là! S’exclama « mon frère » en repoussant l’assaut de toutes ses forces, renversant le mercenaire qui s’écrasa par terre. Elle a pris la fuite dans cette direction! »

Son regard, brièvement, s’ancra vers l’ouest. En temps normal, je me serais jeté corps et âme à sa poursuite, mais pas cette fois, car cette fois, tout était différent. Je ne bougeais pas, observant simplement le dos « d’Isley » avec gravité.

« Ce n’est pas réel. Elle n’est pas ici. Elle ne l’avait jamais été, comme cette chose qui se faisait passer pour mon jumeau, comme ces mercenaires que l’on combattait, comme tout cet univers qui nous entourait. C’est impossible.

- Est-ce que tu as perdu l’esprit?! Son grondement, plus que de raison, secoua mon palpitant, alors que ses yeux, d’un bleu reluisant, me foudroyaient intégralement. Ne reste pas planté là! Nous n’avons pas le temps pour tes hésitations! Elle est partie par là-bas! C’est la direction qu’ont pris Ren et Wakiya! »

Inflexible, je restais silencieux, secouant doucement la tête de gauche à droite. Ce n’était qu’une illusion, un piège que l’on me tendait. Je voulais m’en persuader.

Le vingt-huitième fantasme se brisât, mirage qui fût immédiatement remplacé par la cage de la vingt-neuvième illusion. Cette dernière, comme toutes les autres l’ayant précédé, se cala à la perfection sur les événements qui rugissaient au cœur de ma psyché – qu’elle prenait grand soin d’abrutir à chaque instant où elle la sentait se révolter. De fait, sans interruption, sans aucun signe de fracture, le songe se poursuivait avec une fluidité parfaite sous mes yeux. Elle pouvait le pressentir : au fur et à mesure que les secondes s'égrainaient, ma conscience, quant à elle, commençait à se troubler, à se laisser tromper par le rêve et sa continuité.

Car j’étais enfermé à l’intérieur de cages qui se trouvaient elles-mêmes dans des cages.


1 903 mots | Post IV



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Isiode et Isley
Mer 25 Mai 2022, 04:19



« Isiode! Son cri fût plus mordant encore que le précédent, l’intérieur de mon crâne s’agitant dans un tremblement terrifiant. Secoue-toi! »

À la bordure de ses lèvres, je pus entendre les prémices d’une injure, mais celle-ci mourut dès que son regard considéra les mouvements de notre adversaire, non loin de là. Le mercenaire se redressait tout en s’appuyant sur la lance qui le soutenait. Les dents de « mon frère » se serrèrent machinalement et ses yeux, avec hâte, se reposèrent sur l’indifférence de mes traits.

« Elles ne tiendront pas toutes seules face à elle! Elle les tuera sans pitié, comme elle l’a fait avec Mère autrefois. Ma mâchoire se contracta, à l’instar de mes mains qui se recroquevillèrent en poings. Je ne suis pas assez puissant pour m’opposer à elle, mais toi… Tu possèdes la Force nécessaire pour l’arrêter. L’océan de ses mires me submergeait, l’urgence de sa voix me noyait. Va les aider, je t’en supplie! Malgré cela, je ne réagissais toujours pas, « Isley » finissant par expulser une plainte dégoulinante de détresse et d’affolement en ma direction. Qu’est-ce que tu attends?! Je peux très bien m’occuper de cet ennemi tout seul! Va-t’en!

- Calme-toi. Tout ceci n’est pas réel », lui murmurais-je en retentant de m’échapper du cauchemar vivant…

Trentième illusion.

… Sans succès. Cette fois, « mon jumeau » se mit à crier de tous ses poumons :

« Comment ça « pas réel?! » Tu l’as vu de tes propres yeux, tout à l’heure! Ce monstre est revenu! Et si nous n’agissons pas immédiatement, elle les abattra toutes les deux! »

Mon pouls s’accélérait, signe d’une faiblesse qui se creusait lentement à la surface de ma forteresse. Malgré cela, je m’entêtais. Ce ne sont que des mirages, voulus-je me rassurer en renforçant ma résolution, des stimuli que l’on me projette. Rien de plus. Pourtant, je ne réussissais pas à retrouver la paix, la tranquillité d’un esprit confiant et reposé.

Elle déploya la trente-et-unième illusion au même instant, cette nouvelle cage lui permettant de retenir temporairement toute évasion de la part de son oiseau.

« Elles ne doivent pas mourir! »

Rien de tout ceci n’est la réalité. Rien de tout ceci n’est la réalité, fredonnais-je dans mon subconscient.

Mais, instantanément, elle referma la trente-deuxième cage au-dessus de ma tête, sans sommation.

« Elles ne le méritent pas! » Continuait « Isley » dans un mélange désenchanté d’indignation et d’écœurement.

Trente-troisième illusion. Je succombais. J’acceptais lentement cette fiction, remarquait-elle, pendant que l’un de mes pieds, doucement, esquissait enfin une première foulée vers l’ouest. Comme le scénario le voulait.

Cependant, mon corps se glaça. Mes yeux devinrent immenses, tandis que ma respiration s’altéra en une lente suffocation.

« Fais-tu exprès de jouer les imbéciles ou tu ne te préoccupes sincèrement pas de leur sort?! »

Trente-quatrième illusion. Cette réalité commençait à me frapper de plein fouet.

Et devant mes yeux, des larmes d’indignation réchauffaient les joues de mon… frère. Tout son corps avait pivoté dans ma direction, hargneux et menaçant.

« Pourquoi tu restes planté là?! Je t’ai dit de partir! Tout ceci est bien réel! Mère est morte de sa main, tu te rappelles? Ou tu diras que ce n’est jamais arrivé, ça aussi?! »

Ce n’est pas réel.

Mais la trente-cinquième illusion voulait me faire croire le contraire.

« Elle recommencera avec Ren et Wakiya si tu ne fais rien!

- I-Isley! »

Doucement, l’ombre du mercenaire s’imposait, perfide et dangereuse. La pointe de sa lance se soulevait, sonnant un glas prochain.

« Isley! Derr–

- ELLE RECOMMENCERA! M’interrompit-il, l’œil hagard, choqué. Et comme la première fois, elle n’hésitera pas! Ren et Wakiya vont y pass–

- ATTENTION! »



Hors du rêve, une lueur de plus en plus intense se mit à rayonner à quelques centimètres de la base de mon cou : l’Omije du pendentif éclatait de mille feux sous les yeux absorbés de l’équipe d’Imuō. Seulement, au même moment, mes signes vitaux s’agitèrent brusquement.

« Dame Vaughan! Son pouls s’accélère! Et le rythme ne descend pas!

- Il commence à faire froid, vous ne trouvez pas?

- Sa température corporelle est en hausse.

- Sa Magie s’emporte aussi!

- Est-ce qu’on a… réussit? »

En l’absence de réponse, quelques scientifiques commencèrent à diviser le foyer de leur attention, la Grande Prêtresse remarquant le relâchement de ses partenaires dans un désagréable pressentiment. Malgré toute la concentration qu’elle appliquait dans cette tâche qu’était le maintien de cette illusion, son instinct l’alerta instantanément.

« Restez concentrés! Nous y sommes presque! »

En appui, l’Aile Blanche qui lui servait de seconde prit la relève :

« Lionel et Zara, vous vous occuperez exclusivement du Capitaine. Si jamais il devient agressif et violent, vous devrez l’arrêter immédiatement avec le Sanctuaire. Les concernés hochèrent vivement de la tête, prêts à étendre la zone de non-violence et de Vertus si jamais la situation le demandait. Le reste de l’équipe : soutenez l’Olori Vaughan! Continuez de surveiller les signes vitaux du Capitaine ainsi que le comportement de son flux magique!

- Entendu! »




Je n’avais pas pour habitude d’élever ainsi la voix, puisque mon ton s’ourlait d’accents particulièrement graves et bas : calme mais austère, profonde mais monotone, c’est ce qui l’identifiait en somme. De fait, elle s’était naturellement accordée sur cette mesure plus je m’étais, au fil des années, détaché de mes sentiments. Ainsi insensibilisé, je ne voyais pas l’intérêt d’une parole tonnante et cacophonique lorsque les actes pouvaient crier par eux-mêmes. Pourtant, à l’instant présent, le hurlement sortit de ma gorge comme une explosion, comme une véritable déflagration volcanique. Il prit source au cœur de mes poumons et détona violemment, gravant son chemin dans mon larynx et enflammant mes cordes vocales par la même occasion.

La trente-cinquième cage fût brutalement ouverte, mais la Grande Prêtresse était rapide, précise, substituant celle-ci par la trente-sixième cage, qui se fixa parfaitement à la continuité du songe.

Les pulsations de mon cœur se heurtaient à ma cage thoracique, remontaient jusqu’à la bordure de mes lippes. Dans l’impossibilité de s’accrocher à une ombre particulière, mes pupilles tremblaient, leurs sursauts faisant frémir ma vision d’une terrible agitation. Étais-je réellement en train de rêver? Est-ce que tout ceci était la réalité?

Trente-septième illusion.

Un battement d’incertitude frappait mes tympans, ménestrel d’une chanson perplexe. J’avais chaud. Extrêmement chaud.

Trente-huitième illusion.

Tout ceci n’est qu’un songe. Une expérimentation.
Alors pourquoi je ne parvenais plus à croire mes propres mots? Ce n’est pas réel. Ce ne peut pas être la réalité…

Trente-neuvième illusion.

… Mais est-ce que cela ne se pouvait vraiment pas? Et si je me trompais depuis le début? Et si ce monstre était bel et bien réapparu, malgré tous ces siècles d’absence durant lesquels elle ne s’était plus manifestée? Tout ceci pouvait-il vraiment être la réalité? Dans ce cas, Muramasa, Dame Sunano et Isley allaient… Non. Non. Je ne pouvais pas me le permettre – risquer leur vie sur un « si » aussi nébuleux qu’hasardeux. Car s’il s’agissait véritablement d’une séance de simulation, j’aurais dû me réveiller depuis longtemps, j’aurais dû ouvrir les yeux et me retrouver dans la salle d’expérimentation auprès de la Grande Prêtresse Vaughan et de l’équipe de scientifiques. Au lieu de quoi, après un temps qui me paraissait aussi long que l’éternité, je n’arrivais toujours pas à me réveiller. J’étais incapable de me sortir de ce cauchemar. Alors que se passait-il exactement? Pourquoi ne réussissais-je pas à briser cette illusion? Pourquoi tout paraissait si… vrai?

Quarantième illusion.

Je ne pouvais prendre ce risque. Il fallait que je les rejoigne, que je les soutienne; il fallait que je me dépêche, que je détruise le danger qui les tourmentait, et ce, au plus vite. La volonté se fracassait entre mes tempes alors que mes jointures craquaient plus férocement encore sous la pression de mes poings. Vers l’ouest, avait mentionné mon frère : elles étaient parties vers l’ouest, parce qu’elles s’étaient assurées de chasser les derniers mercenaires qui avaient filé. Cependant, elle avait fini par les traquer. Si j’étais suffisamment rapide, je pourrais les rattraper, je pourrais les protéger. Vers l’ouest… Où se trouvait l’ouest? Où se trouvait ces Orines?

Je redressais la tête, alerte et attentif. Les localiser ne serait pas un problème, mais parviendrais-je à les rejoindre à temps? Il le fallait absolument, afin de préserver leur vie, afin qu’elles ne rejoignent pas le cimetière déjà trop rempli de tous ceux et celles qui étaient déjà partis. Dès lors, mes jambes commencèrent à tracer leurs premiers pas en direction du soleil couchant. Toutefois, une main m’agrippa brusquement le bras, m’incita à ne plus bouger. Elle tremblait à mon contact, mais je ne percevais pas ces frissons irréguliers, ni cette voix qui tentait de me raisonner. Tout bonnement, j’ignorais sa présence en dégageant sèchement mon coude de son emprise. Je devais les rejoindre. Je devais les protéger. Je devais les empêcher de mourir de sa main ou de celle de n’importe quels autres dangers. Je devais éliminer toutes menaces, et ce, jusqu’à ce qu’ils soient tous en sécurité. Répondant au seul appel de mon instinct, mes jambes se mirent à cavaler et mes ailes s’étendirent dans mon dos, larges, immenses, translucides, et irisées. Dans un saut qui souleva la terre et la poussière, je me propulsais rapidement vers le ciel, la course de mon vol s’accélérant à l’impulsion surpuissante de l’adrénaline qui m’envahissait.

Cependant, derrière moi, au niveau du sol, une respiration se hachait, confuse et médusée. C’était comme si Isley n’avait plus existé dès la seconde où le mercenaire était tombé. À présent, mon jumeau, que j’avais brutalement rejeté au sol, dès qu’il avait tenté de m’arrêter, trempait dans le sang de notre adversaire. Il avait tout vu, tout entendu, et tout enregistré surtout : au moment où j’avais crié, la transformation s’était instantanément opérée. Tout mon corps était devenu arme et armure bleutées, et à une vitesse extraordinaire, je m’étais posté sur le flanc de notre adversaire. Puis, l’instant d’après, mon bras avait transpercé sa poitrine, ressortant au milieu de son dos un cœur sanguinolent, un cœur battant. Pendant quelques secondes, il s’était tenu dans la prison de mes phalanges, mais à un certain moment, mes doigts finirent par le pénétrer, mes jointures ayant férocement craqué sous la pression de mes poings…

« Isley » eut alors un vague sourire, son visage se portant naturellement vers le firmament au-dessus de sa tête.


« Zara et Lionel : Sanctuaire dAhena. Maintenant. »



Hors de l’illusion, la lueur du pendentif diminua graduellement en intensité sous le regard de plus en plus chatoyant des scientifiques. L’excitation et le soulagement transformaient leurs traits faciaux, mais comment pouvaient-ils se sentir autrement? Il s’agissait du phénomène pour lequel ils avaient passé des semaines et des semaines à étudier, lire, théoriser et expérimenter. Toutes ces heures portaient finalement fruit. Ils avaient le résultat de leur dur labeur sous les yeux : mon corps désormais enfermé à l’intérieur de cette armure de fer et de givre. Les scientifiques désiraient fêter cette victoire, exprimer en de grandes acclamations cette réussite, mais la tension qui palpitait dans l’air ne leur offrit l’occasion d’épandre aussi librement leur joie. À leurs côtés, maintenant à bonne distance de la table, l’Olori Vaughan scrutait, fascinée, la manifestation de ce pouvoir que l’on croyait tous oublié. Avec prudence, elle se rapprocha de moi, sa voix interpellant de nouveau les deux scientifiques Lionel et Zara :

« N’abaissez pas vos Sanctuaires tout de suite. Nous devons nous assurer qu’il se soit complètement calmé. »

Autrement dit, elle attendait de mon haubert qu’il s’effrite, qu’il se fragmente, comme je leur avais conté, bien des jours plus tôt, à elle et à ses collègues. Heureusement, elle n’eut pas à patienter bien longtemps, des raies bleus et lumineux affaiblissant progressivement la protection de mon armure de glace.

« Il a réussi… Soucieuse mais enhardie, la jeune femme passa un doigt en toute discrétion sur mon front, une partie de mon visage désormais libéré du casque gelé. Il s’est transformé. »

À ces mots, les scientifiques étirèrent de grands sourires.


2 008 mots | Post V | FIN



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