Partenaire - Solo
Intrigue - Peu de temps avant la Coupe des Nations Angélique, Mancinia est assignée dans une chambre en attendant le début des épreuves, durant quelques jours. De par sa proximité avec le peuple, on lui propose une visite guidée des Jardins de Jhēn. En son absence s'est renforcé le culte d'Ahena, elle converse donc avec une Prêtresse versée dans l'art de cette voie pour la découvrir plus en profondeur.

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Ambiance

Mancinia avait été assignée à des quartiers au sein d'une aile attribuée aux participants de l'Épreuve de la Coupe des Nations. Il y avait un certain confort, c'en était presque du luxe après une double traversée éprouvante et des semaines à construire un village au sein de Taelora, sur leur nouveau territoire. Ce traitement était sûrement une conséquence de son statut et de la proxémie quasiment fusionnelle de leurs deux races qui, même souffrant de désaccords de plus en plus grands, semblait se maintenir au-dessus des vents et des marées. Elle y était aussi consignée. Certainement pour conserver un certain suspens concernant son Épreuve. Elle ignorait totalement de quoi il en retournait, mais la guerrière savait partir avec un net désavantage si elle était liée à la Magie. Sans doute se débrouillerait-elle mieux ou échouerait lamentablement, seul l'avenir le dirait. Une certaine hâte étreignait néanmoins son coeur. Cela faisait longtemps qu'elle n'avait pas pris part à une Coupe des Nations. Représenter les siens chez les Anges lui plaisait assez. Elle aimait tellement ce peuple. Peut-être parce que c'était celui de Neah. Et sans doute que c'était ça qui l'intéressait le plus. L'Humaine relâchait un long soupir en reposant un livre. Quand cesserait-elle d'être aussi lâche ? Ce n'était pas difficile d'avouer ses sentiments et elle trouvait ridicule ceux qui tournaient autour du pot continuellement en se bloquant des chemins possibles. Alors quoi ? Était-ce de la crainte, de l'orgueil ou simplement la fierté d'attendre qu'il fasse le premier pas ? En avait-il seulement envie ? Elle était revenue et occupée par ses fonctions, mais on ne manquerait pas de lui rappeler au détour d'une conversation qu'elle avait désormais besoin d'un mari, pour engendrer un enfant et préserver son héritage.

Si au moins elle était fixée sur les sentiments de Neah à son égard. Éprouvait-il la même chose ou seulement une amitié fusionnelle ? Elle pourrait ainsi consentir à lire une liste de prétendants plus sérieusement qu'un regard. Elle avait commencé à apprendre le Naciaze pour s'intégrer au mieux au peuple de son Gardien, ainsi que facilité certaines communications avec eux. C'était toujours amusant de faire l'ingénue, tandis qu'elle comprenait les propos tenus devant sa personne. Cela dit, c'était un besoin de l'impressionner à son tour après tant de temps à dépendre de lui, de sa gentillesse et de sa force. Un besoin irrépressible de se rapprocher de lui après son long séjour sur Alaithiad. Peut-être n'était-ce pas la bonne méthode, mais elle en avait envie. Pour toucher un Ange, il fallait s'intéresser à ce qui l'entourait plus que lui-même. Elle aimait plus les Humains qu'elle-même et son succès, même s'il faisait sa vanité, était avant tout pour redorer le blason écorné des siens, longuement écarté de la scène internationale. Même si elle tournait en rond dans sa chambre, cela lui permettait de réfléchir. Elle avait tout récupérer. Quelle chance d'avoir eu un Mur et de tout lui avoir confié. Maintenant, il était nécessaire de mettre en place les pièces de son avenir. Surtout concernant cette terre héritée par Ritsuka. Un territoire vierge de toute construction. Elle se demandait quoi en faire vu que son Mur se reposait sur ses choix. Une annexion pour une ville Humaine était proscrite. L'endroit semblait être un lieu trop instable pour autoriser cela, sans compter qu'ils seraient cernés par d'autres territoires, peut-être ennemis. Non. Les risques étaient trop grands.

Elle devait chercher un autre endroit pour concrétiser son ambition. Peut-être que les Aetheri lui enverraient un signe le moment venu. C'est une main contre sa porte qui la sortit de ses réflexions. C'était un geste doux. L'Humaine souffle en riant avant de se redresser et d'ouvrir. Peut-être que l'heure était venue ? Un Soldat entrait. Elle reconnut immédiatement l'uniforme, tandis qu'il la saluait.

— Mes salutations, Matasif.

Mancinia inclina sa tête en guise de réponse.

— Je suis...
— Chÿsam, n'est-ce pas ?

Lui aussi, elle l'avait reconnu.

— Vous êtes membre de la Compagnie de Yüerell. Je me souviens de vous, c'est vous qui avez prévenu le Capitaine Katzuta de mon retour.
— C'est exact, souffla-t-il, surprit, avant de se reprendre. On m'a demandé de venir voir si vous aviez besoin de quelque chose. Votre épreuve se déroulera dans quelques temps et vous ne pouvez pas rester enfermée continuellement, alors, si vous avez envie de quoi que ce soit, n'hésitez pas à me le dire.

L'Humaine était étonnée, puis s'accordait un temps rapide à la réflexion, mais rien ne lui vint à l'esprit dans l'immédiat. On lui avait offert pas mal de lecture, à sa demande. Puis son regard se portait sur Nibelungen, reposant contre le mur.

— Une Prêtresse.
— Oui ?
— J'aimerais avoir un entretien avec une Prêtresse d'Ahena. J'aimerais en apprendre plus sur l'Aether Protectrice des Anges.

Ils se regardèrent un instant avec un léger silence. Chÿsam devait vraiment être décontenancé par son attitude. Il ne devait pas être nombreux à avoir l'accord d'une certaine liberté pour aller s'isoler dans un Temple.

— Je peux vous conduire au Temple d'Ahena, si vous le souhaitez.
— Oh, oui ?
— Vous pouvez circuler librement si vous êtes sous escorte.

Évidemment. Même si se promener sans armes ne lui plaisait guère tant elle avait l'impression d'être nue, elle était consciente de ne rien craindre à l'intérieur des Jardins de Jhēn, au coeur d'un territoire magicien, avec sans doute l'un des meilleurs soldats de l'armée angélique. Elle s'assurait d'avoir bien refermé la porte, peu désireuse qu'on lui subtilise Nibelungen. C'était un cadeau de Drejtësi. Un secret connu uniquement de sa personne. Et c'était pour cette raison que jamais elle ne la rejetterait. L'Aether n'avait donné aucun signe depuis la victoire écrasante de Sympan, mais ses actions envers le peuple des Humains ne devait pas être dénaturé pour autant. Surtout que...

— Dites-moi, Chÿsam...
— Oui ?
— Comment va le Capitaine Katzuta ?

Il y eu un léger silence.

— Il va bien, ma Dame.
— Bien. C'est très bien.

Elle n'avait pas eu de nouvelles depuis sa sélection à la Coupe des Nations des Humains, surtout qu'elle avait été choisie peu de temps après . En tant qu'organisatrice de la sienne, cela évitait les racontars, extrêmement nombreux sur leur relation. Il faut dire qu'ils lui plaisaient, d'une certaine manière. L'Humaine aurait tellement voulu que certains soient vrais.

— ...Depuis votre retour, nos entraînements n'en sont que plus intensifs.
— J'en suis navrée, sourit-elle.
— On dirait ... Qu'une pièce manquante est revenue.

Chÿsam était tellement gentil. Le sourire de Mancinia s'élargit dans son dos.

— Vous l'aimez bien, hum ?
— ...Ne lui dites pas.
— C'est promis, rit-elle.

Cela la rassurait. Neah n'avait pas tant changé que cela en dix ans. Il était visiblement apprécier et proche des autres. Ça devait aussi le desservir, quelques fois, mais...C'était son Gardien. Elle l'aimait comme ça. Chÿsam s'arrêtait, avant de se retourner vers elle.

— Pouvez-vous attendre un instant ?

Elle acquiesçait, tout en regardant autour pour observer l'intérieur du Temple. Intriguée par les représentations de l'Aether. Le Symbole d'Ahena prenait ainsi l'apparence d'un foetus, incarné dans le ventre brillant et transparent d'une femme. Celle-ci était entourée d'un arbre aux branches de parchemins et au tronc tordu, symbole du fait que malgré les chemins tortueux de la Vie, la fin de l'histoire n’est guère toujours écrite. Une belle interprétation de leur chemin en ce vaste monde. Cet endroit avait quelque chose de paisible autour de lui, il démontrait bien le respect et l'admiration que certains avaient envers Ahena. Mancinia ne pensait pas se convertir au point de devenir une fervente adepte, mais si une entité comme elle lui permettait une meilleure compréhension du monde, ce serait intéressant.

— Dame Esther peut vous recevoir.
— Merci, Chÿsam.
— Je vous attends ici, prenez votre temps.

Avait-il peur qu'elle ne s'enfuit en courant ? Elle ne comptait pas bouger avant la conclusion de la Coupe des Nations. Les yeux levés en l'air, observant l'immensité du Temple, elle n'était pas silencieuse par respect pour l'Aether, mais par admiration pour l'architecture. L'Humaine se laissait assez distraire par ce genre de constructions, elle ne se lassait pas de les admirer.

— Mes hommages, ma Dame.

Mancinia s'inclinait respectueusement devant la Prêtresse aux cheveux blonds, presque blancs, qui l'observait avec un regard ambré très perçant.

— Ainsi, vous souhaitez vous instruire sur notre Grande Déesse ?
— En effet. Je connais quelques lignes sommaires, mais cela m'intéresserait d'en savoir plus de vive voix que dans les livres...Qui ne me paraissent pas vraiment justes.

Elle était venu ici pleine de bonne volonté. Parce que ces derniers lui faisaient défaut. Parce qu'elle avait beau lire des ouvrages sur l'Aether, elle ne parvenait pas à se faire un avis. Sur un coup de tête, elle s'était dit que, peut-être, elle trouverait des réponses à ses questions ici.

— Comme vous le savez certainement, Ahena est au service du Bien et de la pérennité de notre race.
— En quoi assure-t-elle la pérennité de la race ?
— Elle est celle qui fait renaître les Bons après leur Mort. Elle berce ceux qui sont dignes de sa noble lumière et les renvoie chez nous pour perpétuer leurs bons oeuvres parmi les Mortels, les dotant ainsi d'une grâce éternelle.
— Mais...Edel et Ezechyel sont pourtant les principaux Aetheri, incarnant la Vie et la Mort.
— Ahena est comme leur enfant. Sans eux, aucune Réincarnation n'est possible.
— Oh.

C'était cohérent, d'une certaine manière. Comme si les deux Aetheri avaient eu un enfant au cours de la conclusion sanglante de l'ère précédente. Il y avait eu l'avènement du Dieu-Roi, alors pourquoi pas la chute et l'ascension d'autres divinités ? Des changements colossaux qu'elle peinait à maîtriser dans leur ensemble.

— Mais...Où vont les Âmes de ces êtres s'ils ne se réincarnent pas ?
— Dans un lieu merveilleux où toute la souffrance a disparue, où elles vivent paisiblement, tous les sentiments négatifs ayant été balayés.

Une vie agréable dans la Mort. Mancinia se demandait si c'était comparable aux songes qu'elle faisait lors de cette décennie de sommeil. Des songes horribles, spectaculaires, merveilleux. Si tout cela avait une part de réel, comme créer tout un monde en le rêvant. Certains étaient flous, d'autres perdus ou, encore, très précis, impérissables. Ce serait assez amusant de voir s'ils contenaient une part de son avenir. Elle ne le saurait qu'en avançant.

— Ahena est la divinité prenant soin des Âmes de ceux ayant oeuvré pour le Bien durant toute leur existence. Elle est le Bouclier de ceux désireux de repousser les maléfiques, ses plus fervents défenseurs annihilant complètement les forces du Mal. Elle est la Mère Guerrière de ceux se battent en son nom et des valeurs qu'elle prône.

A ses oreilles, on aurait dit un mélange du culte de Drejtësi et celui d'Haziel, comme si eux aussi avaient fusionné pour ne créer qu'une seule entité. Qui sait ? La Prêtresse sourit, amusée devant ses réflexions.

— Vous feriez une bonne Ange, Matasif.
— Ou un mauvais Démon.

Les deux femmes se mirent à rire.

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