Le Deal du moment : -50%
Ampli Home Cinema Denon AVR-X1700H à 399€
Voir le deal
399 €

Partagez
 

 [Q] Les mensonges | Solo

Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Aller en bas 
AuteurMessage
Priam & Freyja
~ Ange ~ Niveau III ~

~ Ange ~ Niveau III ~
◈ Parchemins usagés : 4173
◈ YinYanisé(e) le : 02/02/2018
◈ Âme(s) Soeur(s) : La bière et le saucisson | L'adrénaline et les problèmes
◈ Activité : Berger [III], traducteur [II], diplomate [I] | Soldat [III], violoncelliste [I]
Priam & Freyja
Lun 09 Déc 2019, 18:14


L
es mensonges

Solo avec Priam


Partenaire : Solo.
Intrigue/objectif : Après avoir appris les rumeurs qui courent sur sa sœur, Priam a besoin de sortir. Il fera une rencontre qui marquera son évolution au sein de la société angélique.

« Bah alors ? » Ulrich affichait un sourire goguenard. Il s’assit sur le banc aux côtés de l’Ange. « Hum ? » - « Tu n’as pas entendu ce qu’on dit ? » Priam plissa les yeux et tourna très légèrement la tête, dans une pose réflexive. « A propos de…? » - « Ah. » Son ami avait perdu son air moqueur. Forcément, à passer tant de temps avec ses bêtes… il n’était au courant de rien. « Eh ben… » Le brun fronça les sourcils. Une pointe d’agacement perça ses rétines. Il n’aimait pas qu’on tournât autour du pot. « Quoi ? » - « J’étais avec Anthéa et d’autres amis, hier soir… » Il s’arrêta. Il n’avait vraiment pas envie de lui annoncer tout cela. Autant, il trouvait amusant de l’embêter une fois les « informations » digérées, autant, il ne désirait en aucun cas devoir faire face à sa première réaction. Raté. « Et ? Allez, pas besoin de tortiller du cul pour chier droit ! Accouche. » Il haussa les sourcils : il avait oublié à quel point il pouvait être vulgaire – surtout lorsque l’irritation venait chatouiller sa poitrine de ses plumes taquines. Toutefois, cela eut l’effet escompté par le fils de Réprouvés : le Magicien se lança dans son récit. Plus ou moins. « Tu étais au courant que ta sœur et hum… le Baron Paiberym…? » Priam cilla. « Ils se connaissent, oui. » Voulait-il lui annoncer que tout le monde était au courant qu’elle s’était retrouvée coincée, nue, entre lui et Jun Taiji ? Il n’en serait pas étonné : peu de personnes savaient réellement tenir leur langue. Le blond leva la main et pinça presque les doigts devant son visage, avec une grimace. « Un petit peu trop, peut-être. » Avant que le brun n’eût le temps de poser une question, il enchaîna : « Il y a pas mal de… de rumeurs qui courent. » - « Des rumeurs ? C’est-à-dire ? » Le cœur du berger s’était emballé dès qu’Ulrich avait commencé à parler de Laëth. De son côté, celui-ci se demandait comment temporiser les choses. Cela lui paraissait compliqué : certes, il s’agissait de racontars, mais les Mages Blancs avaient l’art et la manière de les répandre en les déformant et en les amplifiant. Chacun s’excitait des nouvelles croustillantes qui émergeaient – y compris lui, qui n’avait pas manqué de s’offusquer, de rire et de commérer au sujet du professeur et de la militaire. « Ce ne sont que des on-dit, hein, et au début, on pensait même que ça concernait quelqu’un d’autre, une certaine Maëlle Visegrád. » Dans un mouvement impulsif, Priam se leva et demanda d’un ton agressif : « Qu’est-ce qu’il lui a fait ? » - « Rien, rien ! » se défendit l’autre, les mains devant lui. L’Ange le toisait de toute sa hauteur, l’œil menaçant. Ces putains de magots. Ils seraient capables de se couvrir les uns les autres pour cacher leurs hontes ; ils n’avaient pas la droiture des Réprouvés, qui punissaient eux-mêmes les crimes des leurs. Il avait envie de l’attraper par le col et de le plaquer contre le mur pour le faire parler. Il se contenait, tant bien que mal. « Qu’est-ce qu’il lui a fait ? » répéta-t-il, impatient. « Il est juste très amoureux d’elle, et hum, ils vont se marier. » Il se figea et cligna des yeux plusieurs fois. Il regardait devant lui, sans rien voir. Son cerveau avait lâché ; et dans son cœur montait un détestable sentiment de trahison. Le silence dura, jusqu’à ce qu’il n’affirmât, le visage dur et la bouche crispée : « N’importe quoi. Elle me l’aurait dit. » Ulrich se tortilla sur le banc. « C’est ce que tout le monde dit. » - « Ce sont des racontars. » - « Oui. » - « Affaire close, donc. » Sec et tranchant, comme la lame de sa hache – que le Magicien n’avait vue qu’une seule fois, et cela lui avait amplement suffi. A son tour, il se leva. Il lui fallait un peu plus d’aplomb : au fond, il n’était que le messager de ce que tout le monde se plaisait à colporter. « Elle serait enceinte. » Priam tourna la tête vers lui et se mit à ricaner. « Très drôle. » Il s’avança d’un pas, si bien qu’il se retrouva tout proche de son ami. « Vous, les Magiciens, avez vraiment un don inné pour raconter des histoires. Pour commencer, Laëth n’épouserait jamais un Magicien. Ça fait des années qu’elle nous les brise avec ses histoires d’Anges : je ne vois pas bien pourquoi elle irait fricoter avec quelqu’un de votre race, quand bien même c’est le Baron de je ne sais quoi – en plus il n’était pas censé aimer l’Ultimage, lui ? –, et surtout pourquoi elle voudrait avoir des gamins qui n’aient pas deux jolies ailes bien blanches dans le dos. Maintenant, dans l’hypothèse où tes conneries seraient vraies… ben, elles ne le sont pas, puisqu’elle m’aurait mis au courant. » - « Mais ne m’agresse pas comme ça ! Je n’y suis pour rien, si des tas de rumeurs circulent sur ta sœur ! Il y en a même qui disent qu’ils sont déjà mariés et que le Baron Payberim est veuf ! Qu’elle serait morte pendant les expéditions ! Et d’autres que tu es au courant de la grossesse et que c’est pour ça qu’elle est partie. Anthéa m’a dit que Berthe lui a dit qu’elle avait déjà accouché et qu’on ne la reverrait jamais, il y a aussi des gens qui prétendent que le Baron ne l’a pas encore demandée en mariage mais qu’il va le faire puisqu’elle est enceinte, d’autres qu’elle aura des jumeaux, l’un Ange, l’autre Magicien, et y voient un signe qui entérinerait l’alliance entre nos deux peuples… Aucune des versions n’est la même, il y a même des choses qui sont impossibles. Je voulais juste te prévenir. Inutile de t’énerver. » Priam bouillonnait. « Et puis, au fond, aucune rumeur n’est sans fondement. Il s’est forcément passé quelque chose pour que tout le monde s’enflamme ! Enfin, je veux dire, ta sœur et toi, vous n’êtes pas vraiment des An- » Il n’eut jamais le temps de finir sa phrase. L’Ange l’attrapa par le col, et son poing fusa avec brutalité vers son nez. Il s’arrêta à quelques centimètres à peine, tremblant d’une colère contenue. « Tais-toi, ou je te coupe la langue. » Ce n’étaient pas deux ailes blanches qui faisaient de lui l’un des Bons. Il ressemblait bien plus à un Bipolaire, dans sa manière d’être, d’agir et de parler. « Ma sœur n’est pas comme moi, et ce n’est ni une putain ni une menteuse ni un cadavre. Ce ne sont que des rumeurs. Tu n’as qu’à répandre ça, tiens. Tu feras preuve de Charité, comme ça, vaar. » Déjà, il tournait les talons et s’éloignait vivement, le corps raidi par la tension qui s’y cramponnait. A mesure qu’il avançait, le souvenir de la véhémence de son comportement grattait à la porte de sa culpabilité. Cependant, lorsqu’il s’arrêta et fit volte-face, Ulrich était déjà parti.

***

Il trempa sa plume dans l’encrier. Le fils de Bipolaires n’était pas certain de son état émotionnel. Il avait été en colère, il avait été triste, il avait été désabusé ; désormais, il était sans doute un peu des trois. Peut-être qu’il y avait autre chose, aussi – il n’aurait su le dire. La pointe de l’objet affleura le papier.

Laëth, ou peut-être que je dois t’appeler Maëlle Visegrád ?


Au début, j’ai cru que tu t’étais fait piquer la vedette, mais il paraîtrait qu’en fait, c’est bel et bien toi. On en est où, avec le Baron Payberim ? J’aurais apprécié que tu me le présentes avant le mariage, quand même. Et apprendre de ta bouche que je vais bientôt être tonton. On part toujours sur des jumeaux, ou les pronostics ont changé ? Tu as déjà accouché, peut-être ? Au moins, tu raviras ton peuple : on a la confirmation que nous sommes capables de procréer ! Merveilleux. Du coup, ils ressemblent à des monstres ou vous les avez conçus en tout bien tout honneur ?
Jehestam.

Priam se redressa. Non. Très mauvaise idée. Peut-être n’était-elle que la victime de la machination de cet abruti de Magicien ? Peut-être payaient-ils tous les deux les affres de quelques langues trop bien pendues ? Cette histoire, à la soirée des Révélations… Ils avaient dû être vus. La popularité du Baron n’était plus à faire. Celle de Laëth effleurait les lèvres. Cela n’aidait pas. L’Ange renifla avec mépris puis froissa la feuille entre ses mains et la jeta à travers la pièce. La ramasser plus tard l’agacerait, mais la jeter le détendait. Les yeux clos, il prit le temps de respirer longuement. Il devait se calmer ; mettre au clair son esprit, ses intentions et ses ressentis pour lui écrire la lettre la plus juste possible. Rasséréné, il reprit sa plume et recommença.

Laëth,


J’espère que tout se passe bien pour vous. Où en êtes-vous ? Tu as encore fait des progrès, au combat ? Hena va bien ? Toi aussi ?

De mon côté, je n’ai pas plus de nouvelles à te transmettre que dans ma lettre précédente. Je ne te harcèle pas : je sais que tu n’as pas forcément le temps de t’asseoir pour me répondre, et je ne t’aurais d’ailleurs pas réécrit si rien ne me préoccupait.

De nombreuses rumeurs courent à propos de toi et de Kaahl Payberim. J’aimerais croire que tu n’es pas une menteuse, ou plutôt, une cachottière – mais j’avoue ne pas être d’humeur à jouer sur les mots. Les Magiciens – et bientôt les Anges, j’imagine – pensent qu’il est extrêmement amoureux de toi, que vous êtes mariés ou que vous allez vous marier, et une bonne partie est persuadée que tu es enceinte (félicitations ? c’est un choc, pour moi qui pensais que tu avais pas niqué). J’aimerais bien que tu me confirmes expressément si je vais gagner un beau-frère et un neveu ou une nièce dans les mois à venir, histoire de me préparer psychologiquement. Ceci dit, on raconte aussi que tu serais morte ou que tu serais partie en expédition pour fuir mon effroyable présence. La stupidité de certains n’a d’égale que l’ironie du sort : moi qui me moquais de t’imaginer recroiser le Baron, voilà qu’on m’apprend que tout cela serait devenu bien plus sérieux que prévu.

J’ai conscience du ton un peu passif-agressif de ma lettre et j’en suis désolé. Simplement, je viens d’apprendre tout ça de la bouche d’Ulrich, qui n’a pas oublié de me préciser que les ragots ont tendance à s’inspirer de faits réels et que nous ne sommes, après tout, pas de vrais Anges. Outre le fait que je suis prodigieusement agacé par ces racontars et ses réflexions d'abruti, et bien que je respecte ton droit à une vie intime et privée – d’ailleurs, je ne veux aucun détail –, je crois que je vivrais assez mal que tu m’aies caché de tels secrets. Je n’ai pas envie d’y croire, mais tu sais, c’est cette étincelle de doute qui embrase tout. Enfin, j’ai confiance en toi : je croirai ce que tu me répondras.


Il hésita à ajouter : j’espère que tout ça n’est qu’un vaste ramassis de mensonges, mais se ravisa. Il n’avait pas envie de faire en sorte qu’elle se sentît mal – ou plutôt, encore plus mal. Laëth voulait à tout prix tenir son rôle d’Ange. Il ne la voyait pas s’amouracher d’un Magicien, se marier en secret et tomber enceinte dans la foulée. Non. C’était absolument irrationnel. Tendant le bras, il attrapa une enveloppe. Il y glissa la lettre, puis la referma. Elle était prête à partir en quête de la vérité. Il soupira ; il avait besoin de sortir.

1898 mots
Vaar = abruti
Jehestam = menteur/menteuse



Codage par Dezbaa




[Q] Les mensonges | Solo 1628 :


[Q] Les mensonges | Solo 2289842337 :
Revenir en haut Aller en bas
http://lesterresdesympan.forumactif.com/t40510-priam-freyja-bele
Priam & Freyja
~ Ange ~ Niveau III ~

~ Ange ~ Niveau III ~
◈ Parchemins usagés : 4173
◈ YinYanisé(e) le : 02/02/2018
◈ Âme(s) Soeur(s) : La bière et le saucisson | L'adrénaline et les problèmes
◈ Activité : Berger [III], traducteur [II], diplomate [I] | Soldat [III], violoncelliste [I]
Priam & Freyja
Mer 11 Déc 2019, 12:36


Il marchait d’un pas vif. A mesure qu’il dépensait son énergie, sa colère s’atténuait. Aussi, plus il réfléchissait, plus il se disait qu’il était absolument impossible que Laëth lui eût caché un mariage à venir – ou pire, déjà conclu. En revanche, qu’il se fût passé quelque chose de plus entre elle et Kaahl, comme l’avait suggéré Ulrich, et qu’elle ne lui eût pas raconté, c’était probable. S’il avait réussi à la voir alors qu’elle se trouvait sur un bateau, en pleine mer… Priam n’avait aucune idée des capacités magiques de l’individu ou de ce qu’il était possible de faire dans ce domaine. Peu importait. Sur le principe, il lui était égal que sa sœur fréquentât ou aimât quelqu’un : ce qu’elle faisait de ses fesses sur ce plan-ci ne le regardait pas et il ne voulait rien en savoir. Tant qu’elle était heureuse… Toutefois, l’idée qu’elle s’entichât d’un Magicien le perturbait, et pas seulement parce qu’ils avaient été éduqués dans une ambiance raciste presque pathologique. Sa cadette se montrait si attachée aux idéaux angéliques, à ce peuple et à ses coutumes qu’il l’imaginait extrêmement mal au bras d’un homme qui n’affichât pas deux larges ailes blanches et une panoplie de vertus plus épaisse encore. L’Honorable, certes. Les noms ne faisaient pas tout. La raison non plus, ceci dit, et si elle aussi était amoureuse de lui – s’il l’était… –, sans doute se moquait-elle qu’il fût un maître de la magie bleue. L’amour ne se contrôle pas : il est ciel d’orage ou de clarté, océan de naufrage ou de félicité. Il parvient toujours à son but ; il serpente dans les allées du cœur, slalome entre les obstacles, se rit des oppositions.

Inconsciemment, il avait ralenti la cadence de sa marche. Son esprit avait glissé vers des souvenirs de sa préadolescence et, bientôt, il repensait aux Réprouvés et à sa vie à Lumnaar’Yuvon. Le destin est joueur : le fils de Bipolaires s’arrêta devant une façade maculée d’affiches. Quelques secondes après avoir commencé à les observer, ses yeux tombèrent sur l’une d’elles, qui retint son attention. Un traducteur pour un diplomate chargé des relations avec ses pairs aux ailes dissemblables. Un éclair de folie le traversa – il pourrait postuler ! – aussitôt chassé par une pseudo-rationalité rabat-joie, de celle qui s’apparente plus à une dévaluation de soi – il ne serait jamais pris, il n’était pas assez bon. Renfrogné, il tendit toutefois la main pour se saisir de l’annonce et l’arracher du support. Il l’étudia avec plus d’attention, avant de la fourrer dans sa poche. Peut-être. A voir.

***

Erza lui avait fait prendre conscience de deux choses à propos de lui-même. La première, la plus désagréable à s’avouer : sa vie tournait sans doute trop autour de sa sœur et de son rôle de grand-frère. Il avait beau dire qu’il savait qu’elle se débrouillait bien seule et qu’elle ne nécessitait pas sa protection, il demeurait toujours dans son ombre, prêt à intervenir. Cela ne partait pas d’une mauvaise intention : il était mu par l’inquiétude que quelque chose lui arrivât. Toutefois, il était orgueilleux de croire qu’il pourrait la sauver, lui. Sur un champ de bataille, elle s’en sortirait certainement cent fois mieux que lui, qui n’avait reçu d’éducation militaire que ce que la culture réprouvée dispensait naturellement. Pour le reste, elle était assez grande pour faire ses propres choix et en assumer seule les conséquences, quand bien même son impulsivité faisait soupirer Priam. A force de penser à elle et à son bien-être, il s’en était oublié. Au fond, il se cachait derrière cela pour ne rien entreprendre. Là résidait la deuxième chose : il s’était résigné à vivre aux Jardins de Jhēn. Pis encore : il s’était isolé. Plutôt que d’essayer véritablement de retourner à Lumnaar’Yuvon, plutôt que de tenter de s’investir sur le territoire angélique, il avait cloisonné sa vie et s’était retranché derrière des remparts confortables. On l’avait arraché à sa zone de confort : il s’en était créé une autre, qui barricadait ses possibilités d’épanouissement. Il vivait dans la cage qu’il s’était construite, et ses barreaux n’étaient même pas faits d’or. C’était stupide et, depuis qu’il s’en était rendu compte, il trouvait cela agaçant au possible. « Pauvre con », elle avait bien choisi ses mots.

La souveraine avait aussi mis en lumière plusieurs éléments. La politique angélique prenait ses racines dans la peur : la peur du manque – démographique, stratégique –, la peur de disparaître, la peur d’être faible, la peur du Mal. Lorsque certaines de ces craintes s’évaporeraient, les mentalités changeraient très probablement. Elle avait sans doute raison : à quoi serviraient les enfants de Réprouvés, si les Anges trouvaient un autre moyen, aussi efficace, de perpétuer leur race ? La peur d’être rayés de la surface de la terre les conduisait à nouer des alliances avec d’autres peuples ; une fois leur puissance regagnée, ne tendraient-ils pas à se renfermer et à rejeter l’extérieur, parfois avec violence ? Priam connaissait le pouvoir de l’amertume et de la honte sur les Hommes ; et les nations n’étaient composées que de ceux-ci. Les relations entre les Réprouvés et les Anges semblaient déjà empirer, et ce n’était pas la Dovahkiin qui travaillerait à leur amélioration – elle le lui avait clairement fait comprendre. Ne réveillerait-elle pas les vieilles véhémences contre les Ailes Blanches, et par conséquent, envers les enfants bâtards des Bipolaires ? C’était là le serpent qu’on voulait leur faire avaler : on voulait les forcer à choisir entre les Anges et les Réprouvés, en leur faisant croire qu’ils appartenaient à l’un ou l’autre. C’était un mensonge. Ils n’étaient ni l’un, ni l’autre, mais les deux. Ils ne seraient jamais les parangons de Vertu que les Bons voulaient incarner ; ils ne subiraient jamais la condition instable des guerriers manichéens.

***

On l’avait fait entrer dans un petit bureau. Les murs blancs accueillaient de larges fenêtres voûtées, à travers lesquelles on pouvait admirer la neige qui parsemaient les rues, en contre-bas. Priam s’était approché et observait l’extérieur, pensif. Il n’était pas stressé. Lorsque la porte derrière lui s’ouvrit, il se retourna avec naturel pour découvrir son hôte. Nalim Edästur n’était pas très grand, cependant, son port altier et ses yeux perçants incarnaient suffisamment sa force pour qu’on ne le sous-estimât pas. Il portait un élégant costume gris foncé, presque violet. Des arabesques argentées ornaient les épaules de sa veste. Il eut un sourire amusé. « Ah, c’est vous. » L’homme le détailla. « Je dois avouer que j’étais curieux de savoir à quoi vous ressembliez. » - « Ma réputation me précède tant que ça ? » grimaça le brun. L’Ange eut une moue exagérément désolée. « Celle de votre sœur, plutôt. » Le visage de l’intéressé se referma. « Ah. Oui. » Un sourire étira les lèvres du diplomate. « Je vous en prie, asseyez-vous. » En réalité, il avait déjà entendu parler de lui. Un élu de la prophétie d’Hel’dra. Les gouvernements n’avaient pas encore statué sur leur sort : ils étaient sur la sellette. Il s’avança jusqu’à son bureau de sa démarche mesurée et s’assit derrière, tandis que le fils de Réprouvés se laissait presque tomber dans l’un des fauteuils. « Diplomatiquement parlant, ce n’est pas une mauvaise idée. » Priam fronça les sourcils et redressa le menton. « De ? Le mariage ? » - « Oui. Votre sœur est connue chez nous, chez eux aussi, c’est une Élue… Quant au Baron Payberim, c’est un bon parti et un homme dont on n’a plus besoin de faire l’éloge, d’autant plus depuis son petit exploit à Volatys. » Il sourit encore, tandis que son interlocuteur le dévisageait, les yeux plissés. « Notre alliance avec les Magiciens gagnerait à être renforcée. On se préoccupe trop souvent de ses ennemis, et jamais assez de ses alliés. » - « Je croyais que votre domaine de prédilection, c’étaient les Réprouvés. » - « C’est vrai. Mais il est essentiel d’avoir une vision d’ensemble, et il m’arrive d’intervenir dans nos affaires avec les Magiciens. » - « Hum. » - « Vous savez, je pourrais jouer en faveur de ce mariage. Si votre sœur aime Kaahl Payberim, évidemment. » Où voulait-il en venir ? « Je n’ai pas eu l’occasion de lui demander, et Laëth est assez mature et intelligente pour prendre des décisions seules. » maugréa-t-il entre ses dents. Pourquoi était-il venu, déjà ? Désireux de se débarrasser du sujet, il conclut : « Ce ne sont que des rumeurs, de toute façon. » Un nouveau rictus, sibyllin, étira les traits de Nalim. Une lueur amusée fusa dans ses iris bleus. « Bien sûr. » Priam avait l’impression qu’il se moquait de lui, et il avait du mal à apprécier ce comportement. Etait-ce ainsi qu’il s’adressait aux Réprouvés ? Dans ce cas, il comprenait pourquoi les discussions ne se passaient pas très bien. « J’imagine que vous savez que je ne suis pas venu pour parler de ma sœur. » L’Ange acquiesça doucement. « Vous avez vu l’annonce, je suppose. » Il se recula dans son fauteuil et posa ses avant-bras sur les accoudoirs. Il avait abandonné sa nonchalance provocatrice et paraissait réellement s’intéresser à lui. « Je ne vous ferai pas l’affront de vous demander si vous parlez couramment le Zul’Dov et le commun. Qu’en est-il du Naciaze ? » - « En apprentissage. » Il leva les yeux au plafond et sembla réfléchir une seconde. « J’ai ouï dire que vous n’étiez pas très impliqué, au sein de la société angélique. Qu’est-ce qui vous a poussé à venir aujourd’hui ? » Le brun s’attendait à cette question. « J’ai justement compris que je ne pourrai pas rester indéfiniment dans l’ombre. » Il se redressa, quittant le dossier du siège. « Je ne peux pas continuer à vivre en dehors de tout. Je ne vais pas vous cacher que la vie aux Jardins n’est pas celle dont je rêvais, mais puisque c’est celle que j’ai… » Il renifla. « Je ne compte pas me couper de mes racines. Peut-être que c’est le désir de certains, peut-être qu’ils y parviennent, mais ce n’est pas mon cas. Alors, autant qu’elles servent à quelque chose. » - « Au moins, vous êtes franc. » - « Héritage familial, je présume… » - « Culturel, même. » Le diplomate sourit. « Entretenez-vous toujours des liens avec des Réprouvés ? » Priam acquiesça. « Ma famille, et quelques amis. » Nalim prit son menton entre ses doigts, songeur. Il savait aussi qu’il avait dansé avec la Dovahkiin, au bal des douze Cycles Lunaires. Soudain, il se redressa et une pile de feuilles apparue entre eux. « C’est ce qu’il y a à traduire cette semaine. » Le fils de Bipolaires ouvrit des yeux ronds. « Ne paniquez pas, c’est largement faisable. Même en devant vous occuper de vos bêtes. Veillez juste à ce que votre chèvre ne dévore aucun de ces papiers. » - « Je… » - « Vous n’êtes qu’un petit pigeon, Priam. Je le sais. Nous avons un long chemin à faire… Mais je saurai faire un vrai Ange de vous. » La provocation résonnait avec clarté et, bien que le tas de paperasse ne cachât son visage, le brun devinait sans mal son sourire mutin. « Je suppose que si vous êtes aussi fort que votre cadette, dont on dit qu’elle soulève des troncs d’arbre à mains nues, vous parviendrez à porter tout ça jusque chez vous sans mon aide. »

FIN

1831 mots




[Q] Les mensonges | Solo 1628 :


[Q] Les mensonges | Solo 2289842337 :
Revenir en haut Aller en bas
http://lesterresdesympan.forumactif.com/t40510-priam-freyja-bele
 

[Q] Les mensonges | Solo

Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Revenir en haut 
Page 1 sur 1

 Sujets similaires

-
» [EVENT solo Partie IV - solo] Rétablir un semblant de vie
» [Q] - Ẹṣọ Kọọ | Solo
» [Q] La fin | Solo
» [XXIV] - Sur un fil | Solo
» La réconciliation | Solo
Permission de ce forum:Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
Les Terres de Sympan :: Zone RP - Océan :: Continent Naturel - Ouest :: Terres du Lac Bleu :: Jardins de Jhēn-