Kyra Lemingway ~ Déchu ~ Niveau III ~ ◈ Parchemins usagés : 4766 ◈ YinYanisé(e) le : 22/03/2016◈ Activité : Tenancière d'un Bar à vin (rang I) ; Négociatrice (rang I) ; Brasseur (rang I) ; Reine du monde des contes à mi-temps
Le Rêvarium. Ce simple nom pouvait laisser deviner facilement où tu te trouvais. À condition d'avoir l'idée qu'il existe un Monde des Songes, ce qui n'était pas ton cas. Pas avant ce jour. D'autant plus que tu entretiens, et depuis longtemps maintenant, une relation conflictuelle avec les rêves qu'ils soient d'Elzédor ou d'Harabella. Tes nuits se trouvaient hantées des fantômes martyrs du Czírnúma, celui lointain de Shiva ou encore celui haïssable de Vulpina. Ton esprit en était marqué au fer rouge, tant que même le plus beau des rêves te laissait dans une détresse hors du commun à ton réveil. Peux-tu alors vraiment être le roi d'une terre si repoussante à tes yeux ? Dirait-on quelque chose de ton absence ? Après tout, il y avait une reine également. Ne pouvait-elle pas se charger seule de cette régence ? C'est bien ce que tu comptais lui dire en voyant une silhouette se dessiner à quelques pas de toi.
Un fantôme abandonnant son invisibilité. Un voile imperceptible se levant brusquement. Trop. Pendant une longue minute, tu te trouves incapable d'effectuer le moindre geste, d'exprimer la moindre parole. Cela faisait si longtemps. Une partie de ton esprit ne put que la considérer qu'en une illusion de plus tant l'apparition te parut impossible. Un rêve de plus. Un faux espoir de trop. L'autre en revanche... Comme si l'on t'avait libéré d'une chaîne attachée trop courte et trop longtemps, tu te jettes sur la Magicienne pour l'enserrer avec force entre tes bras. Le visage enfoui dans son cou, une main à l'abri dans sa longue chevelure blonde, la seconde cramponnée à son dos, tu éprouves avec la hâte de ceux ayant passé leur vie à attendre la sensation de son corps contre le tiens. Son odeur. Sa chaleur. Son souffle. Chacun de ces détails que tu oubliais malgré toi à mesure que le temps s'écoulait. Tu ne retiens pas les larmes qui te viennent. « Tu es là... » souffles-tu comme pour te convaincre un peu plus de la véracité de cet instant. Plus jamais. Plus jamais tu ne la laisserait. Tu refermes un peu plus ton emprise sur elle, ton corps exprimant tes pensées. « Tu es là... » répètes-tu avant enfin la relâcher sans pour autant t'en détacher, de peur qu'elle ne t'échappes à nouveau si tu t'en séparait. Les mains caressant son visage angélique, tu ancres ton regard dans le sien, débordant d'un amour que tu n'avais eu l'occasion d'offrir, avant assaillir ses lèvres, ses yeux, son cou des tiennes. « Je t'aime. Je t'aime. Je t'aime. ». Ces mots tu les prononces entre chacun de tes baisers dans la crainte que plus jamais tu ne trouves l'occasion de les lui dire. À chaque seconde qui passait c'était mille sentiments qui te traversait. Tout ton corps et tes sentiments réagissaient au temps qui vous avez séparé, à la distance que tu avais été incapable de combler, à toutes ces choses que tu aurais voulu partager avec elle, toutes ces choses que tu aurais voulu lui dire, sans jamais le pouvoir. « Ne me quitte pas. Ne me quitte pas. Ne me quitte pas. ». Une prière que tu savais ne serait pas écouté, te laissant l'âpre sentiment d'un bonheur amer. Vous êtes dans le monde des Songes. Si vous en sortez, vous serez inévitablement séparé. Encore. Tu la fixes alors longuement, à nouveau, te perdant dans ses iris si douces, puis l'enlaces, à nouveau, avec une extrême tendresse cette fois-ci, entremêlant tes doigts aux siens et posant ton front contre le sien, respirant à l'unisson comme les poumons d'un même corps. « Dis-moi que tu vas bien. Dis-moi que tu arrives à garder la tête hors de l'eau. » souffles-tu dans un murmure à peine audible. Tu te doutes cependant que la réponse ne serait pas celle que tu attends. Tu gardes tout de même l'espoir du contraire. Un espoir si ténu...
Tout. Tout était possible ici. Tout ce dont on pouvait rêver. C'est du moins ce que tu avais compris. Ainsi te mets-tu à imaginer l'impossible que tu vis quotidiennement. L'aimer. Vivre une vie paisible à ses côtés. L'aimer encore. Élever ensemble vos enfants, ces trois petits que l'on vous avait arraché. L'aimer à toute heure. Ne subir la pression de rien ni de personne. L'aimer sans relâche. Être ensemble. L'aimer un peu plus chaque jour. Et l'aimer à jamais, pour toujours. Tu restes un moment comme ça, à apprécier de la plus pure des manières sa présence. Certes, après un temps effroyablement long à devoir vivre sans sa présence et la retrouver enfin, il y avait des images qui te traversaient l'esprit. Mais l'heure n'était pas à ce genre d'affaire. Après tant de temps tu ne pouvais te jeter sur elle comme un barbare. Savourer simplement le retour de ton épouse était suffisant pour réchauffer ton être et rappeler à ton cœur ce pourquoi tu en avais fait ta femme ; ce pourquoi tu avais été la dérober à ton propre cousin ; ce pourquoi tu avais été jusqu'à embrasser les ténèbres pour la retrouver, prêt à remuer ciel et terre pour la ramener. Tu te pinces finalement les lèvres. Il y avait une question que tu avais repoussé jusqu'à présent. Le moment était trop beau pour évoqué un tel sujet, mais tu ne veux pas faire l'impasse dessus. Tu n'en avais jamais trouvé la réponse et ceux qui la possèdent refusaient de te la donner. « Shiva... » murmures-tu avant redresser le visage et la détailler avec intensité. Tu es alors incapable de continuer. La pureté brillait dans ses yeux et la bonté dessinait ses lèvres. Après une respiration tu t'exprimes à nouveau. « Shiva... Où te trouves-tu ? Dis le moi, je t'en prie. Je t'en supplie. ».
«
Papaaaa ! Avetis il m'a tapééé ! » - « C'est même pas vrai même que ! » - « Menteur ! ». Les hurlements des enfants eurent plus d'effet que le soleil traversant les persiennes pour y éclairer ta chambre et te sortir du sommeil. Tu poses un regard sur la place à tes côtés définitivement vide, froide, puis expires un souffle. Cela faisait si longtemps que tu n'avais pas aussi bien dormi. Tu ne pouvais donc en vouloir aux enfants. Ils s'étaient habitués à te savoir réveillé avant eux. Tu aurais pourtant aimé qu'ils se disputent un tout autre jour. Ou même juste un peu plus tard ça aurait été assez. Peu importait finalement. Mais pas maintenant. Pas maintenant.
Où suis-je ? songea Dürdane en ouvrant les yeux sur un monde plat et grisâtre qui s’étendait à priori à perte de vue.
Rien ne venait briser cette terne monotonie dans aucune des directions où pouvait regarder la jeune fille, seul un brouillard épais stagnait à ses pieds.
Je... rêve ? pensa-t-elle de nouveau, à la fois intriguée et troublée.
Cela ne ressemblait absolument pas à ses rêves habituels qui étaient, il faut le dire, principalement des cauchemars où elle subissait l'action sans pouvoir rien y faire. Ici elle semblait pouvoir penser et agir. Elle décida de lever le pied droit et l'action se fit sans délais. Elle était donc consciente !
– Bienvenue, Majesté ! entendit-elle tout près derrière elle.
Dürdane se retourna immédiatement en sursautant mais ne vit personne. Elle fit alors lentement plusieurs tours sur elle même dans l'espoir d'apercevoir celui qui avait parlé, sans succès.
– Il y a quelqu'un ? demanda-t-elle distinctement juste avant de tressaillir et de croiser ses bras sur son corps, mal à l'aise.
Elle ne s'attendait pas à ce que sa propre voix résonne aussi fortement dans le paysage vide qui l'entourait.
Elle fit un nouveau tour sur elle même, de plus en plus inquiète. S'agissait-il d'un nouveau style de cauchemar ? Beaucoup moins sanglant mais bien plus oppressant.
Son regard fini par accrocher quelque chose au loin, cela ressemblait à une petite colonne carrée de couleur blanche surmontée de quelque chose d’étincelant. Comme c’était le seul élément de décor visible autour d'elle Dürdane décida de s'en approcher. Que risquait-t-elle après tout à part peut-être se faire attaquer, déchiqueter, morceler... et se réveiller en sursaut dans son lit.
Elle fit deux pas et soudain la colonne se dressa devant elle, alors qu'elle lui avait paru bien plus éloignée avant de se mettre en marche. Les distances n’étaient pas ce qu'elles devaient être et cela perturba beaucoup la jeune fille. De plus, de près, la colonne était en fait un piédestal qui lui arrivait à la hanche où trônait sur un coussin blanc une couronne en or chargée de nombreux joyaux chatoyants.
La voix sans corps la prit de court avant même qu'elle ne formule dans sa tête ses interrogations :
– Votre couronne, Majesté.
– Comment ça ma couronne ? Et pourquoi vous n’arrêtez pas de m'appeler majesté ? Qui êtes-vous à la fin ? Montrez-vous ! explosa soudainement Dürdane.
Elle était dans un rêve et même s'il était conscient elle pouvait se permettre de laisser sortir ses émotions pour une fois, estima-t-elle.
La voix pouffa ce qui ne fit qu’énerver davantage la jeune fille.
– Eh bien, que de revendications, Majesté ! Pour faire simple ce morceau de territoire du Rêvarium est le votre et vous en êtes la Reine. Vous pouvez le modeler à votre guise. (La voix laissa passer un instant de silence avant de reprendre d'une voix obséquieuse) Cela répond-t-il à vos questions, Majesté ?
– Pou... pourquoi je devrais être reine ? balbutia Dürdane sans comprendre.
Cette idée la paniquait, elle n'avait jamais aspiré à rien de plus que faire du pain et des gâteaux et être reine n’était pas exactement l'idée qu'elle se faisait d'une vie simple, fut-ce dans un monde irréel comme celui-ci.
– Principalement parce que cela peut être amusant à regarder !
– Mais je ne veux pas gouverner quoi que ce soit ! Ça demande bien trop de talents que je n'ai pas alors trouvez quelqu'un d'autre ! s’énerva Dürdane en tournant le dos au piédestal.
Elle voulu s’éloigner le plus rapidement possible de cet endroit mais subitement le piédestal et sa couronne apparurent devant elle.
Pourriture de magie ! pensa-t-elle rageusement, en plus cette couronne est bien trop chargée, je vais me faire écrabouiller le crâne si jamais je la porte !
Étrangement, comme pour répondre à sa pensée la couronne se modifia sous ses yeux pour se transformer en un fin cercle d'argent sans aucune fioriture.
Dürdane regarda la nouvelle couronne d'un air ahuri en se demandant si c’était elle qui avait fait ça. Elle n'arrivait vraiment pas à saisir l'ensemble de la situation et cela l'angoissait. La voix interrompit une fois de plus le fil de ses pensées en lui disant qu'elle pouvait matérialiser tout ce qu'elle voulait dans son Royaume, que sa seule limitation était son imagination. Cela la fit paniquer de plus belle car l'imagination était loin d’être sa caractéristique principale. Si Erkan avait été là, lui aurait su quoi faire de ce monde, mais elle... Raison de plus pour refuser le titre !
Elle s’apprêtait à battre en retraite, souhaitant trouver le moyen de se réveiller et de quitter cet endroit lorsque la brume au sol s’éleva tout autour d'elle, faisant comme un mur. En regardant au travers elle pu discerner la silhouette d'un homme, les bras largement écartés. Les détails se firent peu à peu : un ample manteau à plusieurs pans, d'immenses manches béantes, une imposante ceinture et un collier massif, tous les deux en or. Cet homme étrange avait les cheveux aussi blanc que le piédestal et ses yeux sans pupille brillaient d'un intense éclat doré. Tout autour de lui la brume s'enroula et se densifia, formant un tourbillon chatoyant, et un vent invisible sembla faire bouger ses habits puis des oiseaux au long cou s’échappèrent de ce maelström tandis qu'une branche d'arbre poussa en accéléré et fleurit quasiment instantanément en libérant une poussière dorée aux pieds de la silhouette.
C'est alors que tout prit fin et que le monde retrouva sa pale texture grisâtre. La scène avait semblé durer une éternité et une fraction de seconde à la fois. Dürdane en resta bouche bée, ne sachant interpréter ce qu'elle avait vu.
Quelqu'un s’était-il réellement tenue face à elle pendant ce laps de temps incertain ou cela n'avait été qu'une illusion ? C’était tout le problème avec la magie, on ne pouvait jamais vraiment être sûr de quoi que ce soit !
– Voyez-vous un fragment de ce que l'on peut faire avec de l’imagination, Majesté ? résonna la voix tout autour de Dürdane. N'est-ce pas grisant ? Cela ne vous donne-t-il pas envie d'essayer à votre tour ?
La jeune fille n’était pas encore prête à se l'avouer à elle même mais peut-être que finalement cela pouvait la tenter...
Un rire de satisfaction tinta aux oreilles de Dürdane avant que la voix ne lui souffle une dernière parole :
– Pensez à votre Royaume juste avant de vous endormir et vous reviendrez ici, Majesté.
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Dürdane Bēkara ~ Eversha ~ Niveau I ~ ◈ Parchemins usagés : 191 ◈ YinYanisé(e) le : 09/01/2022◈ Activité : Boulangère [Rang I]
TW : C'est Kitou et Stanislav. Il ne faut pas laisser ces deux là ensemble.
RP lié ;Kitoe - partie II Stanislav pressa légèrement son doigt contre la tranche du couteau, pour en évaluer le tranchant. Il en fut visiblement satisfait, car un sourire inquiétant se dessina sur son visage. « Parfait. » murmura-t-il avant de se retourner. Là, deux tables en forme de croix avaient été installées. La première, celle dont il était le plus proche, était encore vide. Il savait cependant qui y apparaîtrait et cela le faisait jubiler. Il sentit un léger frisson d'excitation lui effleurer l'échine mais réprima son impatience, contournant la stèle inoccupée. « Tout est prêt. » informa-t-il sa partenaire tout en s'approchant du second autel. Un homme à la chevelure rousse y avait été harnaché : ses poignets et ses chevilles le maintenaient en place; ses ailes immaculées étendues de chaque côté de sa silhouette avaient été clouée contre la pierre. Le Mage noir n'apporta guère d'intérêt à leur victime. Il se moquait bien de lui : sa présence ici n'était motivée que par la passion obscène que nourrissait la démone à son encontre. Sans doute avait-il causé du tort à sa Reine : c'était assez pour que le bourreau accepta de le châtier, de toutes les manières possibles.
Aux côtés de Kitoe, le sorcier lui laissa l'espace nécessaire pour qu'elle put exprimer pleinement sa hargne : honneur aux dames. La chaire fut parcourue d’innombrables coups de couteaux. Pourtant, malgré les yeux qui s'écarquillaient, la bouche qui restait entrouverte, le cri restait muet, coincé dans la gorge. Cela ne signifiait pas qu'il ne souffrait pas. Bien au contraire : chaque sensation était décuplée, l'ailé pouvait ressentir la moindre insertion de la lame d'acier, qui perforait son épiderme, saccageait ses entrailles, lancinait sa chaire. Il ne pouvait plus bouger. Ce n'était pas seulement dû aux liens : le roux était paralysé. Après quelques secondes, Stanislav se joignait à la pluie de coups, mêlant sa propre dague dans cette valse sanguinaire. « Mmh... » Le Dementiæ fit remonter son couteau le long du flan du guerrier, créant une entaille suffisamment large pour enfoncer sa main. Là, il délogea quelques côtes puis vint palper directement les poumons. « C'est ce que je craignais. Ils sont dégonflés. Il ne peut plus crier. » se désola le médecin. « Que préconisez-vous ? »
« Mmh... Quelle appétissante raison de vivre... » murmura Stanislav en s'approchant de la silhouette. Il glissa un regard en direction de l'Ange, pour mieux apprécier l'horreur sur son expression. Un rictus mesquin se dessina sur celle du tortionnaire. Il passa une main sur celle de l'Humaine, puis remonta le long de son bras, s'attardant sur sa nuque avant de s'enrouler autour de sa gorge. Un sanglot fit tressaillir la brune : son regard appelait à l'aide, suppliait son partenaire d'infortune de venir la secourir... Elle était magnifique. Stanislav avait toujours adoré admirer cette beauté empreinte de détresse, cette fêlure dans le masque de superbe. Il ne trouvait jamais les femmes plus sublimes que dans l'expression de leur détresse. Peut-être parce que cela lui donnait l'impression de pouvoir leur venir en secours et qu'il convoitait secrètement cette place de preux chevalier. Pourtant, c'était dans son rôle de bourreau que son art s'exprimait le mieux. « Shh... Je ne te veux pas de mal. » susurra-t-il à l'oreille de la femme. Pourtant, l'écho se réverbéra de partout dans la salle, faisant planer la menace qui se dissimulait derrière les paroles réconfortantes. Il huma son parfum, collant sa joue à celle de sa prisonnière. Un frisson d'excitation le parcourut.
Le mage noir glissa sa main jusqu'aux cheveux de la protégée de l'Ange, avec une vitesse brusque. Il empoigna sa tignasse et se mit à la tirer violemment, lui arrachant quelques cris surpris et de douleur. Il la dirigea près de la table d'intervention. Proche, pour donner l'illusion de la laisser à portée de l'Ailé, mais suffisamment loin pour qu'elle reste hors d’atteinte. Supplice supplémentaire, privation de l'être aimé qui lui était dérobé juste sous ses yeux. Les mains de l'homme commencèrent à s'aventurer sur les courbes de sa victime. La colère et la rage qu'il lût dans le regard du rouquin lui arracha un rire glaçant. Il se délectait de la situation, de la souffrance inéluctable que cette vision lui provoquait. « J'ai entendu dire que les Anges ne couchaient jamais avant le mariage... » dit-il, presque désolé. « Ce doit être frustrant pour la demoiselle. » Maintenant toujours la femme dans une position soumise, il la pencha en avant grâce à la prise qu'il maintenait sur ses cheveux. « Il faut que l'on s'occupe de régler ce problème. » Le regard mauvais du Sorcier s'accrocha à la démone. Elle devait avoir une vue jouissive : les larmes incessantes de la pucelle et la soif de tuer peinte sur le visage de son Némésis. Il esquissa un sourire en direction de sa Reine puis, d'un seul coup de rein, s'imposa à l'Humaine de la plus ignoble des manières.
Stanislav continuait ses à-coups saccadés. Il ne prenait pas spécialement de plaisir charnel, bien que se voir dominer une femme avec autant de prestance n'était pas pour lui déplaire. Pourtant, sa machination avait davantage attrait à satisfaire sa partenaire par la souffrance que son acte infligeait à l'Ange. Peut-être les choses auraient-elles été différentes s'il avait pu tenir entre ses griffes la véritable incarnation de l'Humaine, mais il n'avait sous son joug qu'une pâle imitation. Elle n'en demeurait pas moins réussie, suffisamment réaliste pour induire un orage d'émotions chez son protecteur. Le plaisir du violeur fut cependant décuplé lorsque la brune s'impliqua à son tour dans la torture de la jeune femme. Elle n'était pas morte : malgré son état cadavérique, elle ressentait encore sa présence qui la souillait de l'intérieur. Cette pensé suffit à le faire terminer son acte abjecte.
Le Souverain des rêves referma le bouton de manchette puis s'installa près de la table. « Bon appétit. » répéta le brun en s'appropriant les couverts que lui avait tendu la cuisinière. « Elle a vraiment l'air succulente. » Il huma le parfum de la chaire. Il passa sa langue sur ses lèvres avec un ait lugubrement alléché. Il goûta une première bouché et laissa un soupir satisfait dépasser ses lippes. « Délicieuse. » approuva-t-il avant de piocher dans le plat, à même la victime. « Les saveurs explosent au palais, c'est... » Il n'avait pas les mots pour décrire l'extasie que ce met lui faisait ressentir. Devant le plaisir partagé avec la démone, le Dementiae ne put s'empêcher de vouloir continuer la tourmente du patient qui attendait toujours viscères à l'air. « Mmh, quelle impolitesse, ma chère. Il faut faire goûter ce plat à notre invité d'honneur. » Il découpa un morceau pour Neah puis s'en approcha. Leurs regards se toisèrent. Une connexion s'établit entre eux, de ces instants qui marquent la conscience jusqu'en dehors du monde onirique. « Faites "Aaaah". » Devant le manque de coopération du patient, le gourmet n'eut d'autre choix que de le forcer à ouvrir la bouche. « Allons allons, ne vous montrez pas plus compliqué que nécessaire, monsieur Katzuta. C'est important pour votre rétablissement. Les ordres du médecin sont clairs : trois bouchées par jour minimum pour guérir. Allez... Une... » Le repas serait long. Une éternité de répugnance.
1252 mots Merci Pardon à Manci qui nous a prêté Neah. FIN
TW : C'est dégueulasse et c'est avec Stan donc : #AbelGideon + violences sexuelles
Kitoe lança un coup d'œil à son partenaire et un sourire étira le coin de ses lèvres.
-Parfait. Répéta-t-elle.
Elle pivota et s'avança jusqu'à leur patient. Elle le parcourait de la tête aux pieds. Il était nu, et elle prenait beaucoup de plaisir à le détailler, le décortiquer à la seule puissance de ses pupilles. Neah n'avait jamais été aussi vulnérable qu'en cet instant. Aussi faible et pitoyable. La seule chose dont l'Ange aurait pu se vanter était qu'elle n'avait d'yeux plus que pour lui. Neah s'était aventuré dans leur royaume et l'emmener ici avait été d'une facilité déconcertante. Dommage peut-être, mais ce n'était pas une occasion à jeter pour autant. Bien au contraire. Arrivée à son niveau, Kitoe posa une main sur son torse, puis fit descendre ses doigts doucement sur son ventre, puis sa cuisse. Elle remonta en s'intéressant au biceps, puis l'épaule. Elle le savait déjà, mais il était sacrément bien foutu.
-Bien.
Avec une lenteur mesurée, elle arracha quelques-unes de ses plumes. Ce n'était pas grand-chose, mais elle savait que c'était douloureux. Elle brandit ensuite le couteau parfaitement aiguisé, apparu dans sa dextre, et cloua l'avant-bras de sa victime, en évitant les veines importantes. Kitoe observa sa réaction, ricana. Elle se retira. Le planta de l'autre côté. Puis dans ses mains, brisant au passages ses phalanges. Puis dans ses cuisses. Puis dans ses mollets. Pour finir par ses pieds. La lame se posa sous son diaphragme et une légère pression suffit à traverser l'épiderme. D'un geste chirurgical, elle dessina une ligne ensanglantée jusqu'au-dessous du nombril. Elle traça une nouvelle ligne à la perpendiculaire afin de faciliter l'ouverture. Elle décolla délicatement la chair pour observer l'intérieur du supplicié. C'était la première fois qu'elle effectuait un travail aussi propre sur un cobaye vivant et cela la stimulait.
-Tu sens quand je fais ça ?
Elle avait glissé sa main dans son abdomen pour s'emparer de son foie, qu'elle pressait doucement. Kitoe observait son visage. Il la défiait en retour, mais la douleur le saisissait avec une telle vigueur qu'il ne pouvait rien dire, ni rien faire. Il était blafard. Sans le quitter, la Démone poignarda l'organe. Un spasme parcourut aussitôt l'Ange et elle crut qu'il allait vomir sur lui-même. Ce ne fut pas le cas. Elle ricana, puis recommença à plusieurs reprises avec plus d'application. Elle tranchait littéralement son foie en lamelles alors qu'elle ne l'avait pas encore séparé de son corps. Ça faisait des sashimis. Ses rires se firent de plus en plus fréquents. Elle jubilait. Dépliant la peau de l'autre côté, elle fit subir le même sort à la rate.
-Ça va ?
L'euphorie du moment était trop forte tandis qu'elle imaginait de nouvelles manipulations. La Vile se fraya un chemin à l'intérieur pour poignarder son dos. Une fois, puis deux, puis trois. Sous ses coups répétés, elle toucha les reins. Peut-être qu'elle toucha aussi la moelle épinière, mais ça ne faisait rien. Stanislav s'était joint à elle et tous les deux s'amusaient à le planter, d'abord partout où ce n'était pas vital, avant de s'attaquer aux zones plus sensibles. Kitoe regarda son partenaire tandis qu'il émettait son diagnostic. Ce qu'elle préconisait ?
-Il ne faut pas qu'il meure avant qu'on le mange.
Ça n'aurait pas eu de sens. La viande perdrait toute sa saveur. Il devait encore palpiter lorsqu'ils le dévoreraient. Curieuse, la Démone plongea sa main dans les entrailles pour pincer le diaphragme. Le patient eut un soubresaut, cela le fit haleter, mais ce ne fut pas suffisant. S'il continuait, il allait crever en laissant un sale goût à sa chair désoxygénée.
-Cela requiert de lui donner une raison de vivre.
Une femme onirique, à l'apparence de Mancinia, fit son entrée dans la salle d'opération.
Un cri déchira ses tympans, mettant fin au calme morbide qui régnait depuis le début de cette entrevue. C'était un cri qui mêlait douleur et colère. Jusqu'ici, Kitoe n'avait alors pas décroché ses yeux de Stanislav, ni de l'acte qu'il perpétrait sur l'Humaine. Son regard avait fait des allers-retours entre l'expression sadique de l'homme, les pleurs et la sidération de Mancinia, puis leurs bassins qui s'entrechoquaient. Stanislav était violent. Elle n'en pensa… rien. En tout cas, elle le crut. Au fond d’elle, voir le Sorcier s’adonner à l’acte charnel en sa présence la dérangeait, mais elle ne se l’expliquait pas vraiment. Les vociférations de Neah lui permirent de se reconcentrer sur la partie la plus importante de leur travail. Elle sourit. Il criait ; il était donc vivant. Sa proposition avait fonctionné.
-Allons, allons. Minauda-t-elle en posant sa main sur sa joue.
Elle lui accorda une caresse et il manqua de la mordre. Elle ramena sa main contre elle, surprise par ce soudain changement de comportement.
-Tout doux.
Mancinia l'avait comme réveillé, alors qu'il aurait dû être quasiment être vidé de ses forces. Neah baignait dans son propre sang et celui-ci débordait et s'égouttait sur le sol à plusieurs endroits. Il était blafard, presque mort, mais il se battait encore. C'était intéressant. Comme il gueulait trop fort à son goût cela dit, elle cloua son couteau dans son épaule et l'y laissa. Elle trouva ensuite des sangles. Sa vigueur froide contrastait avec le plaisir qu'elle avait eu le planter. Maintenant, ses gestes étaient motivés par des pensées encore plus sombres, plus malsaines. La Démone appliqua tout le poids de sa paume sur la tente de son antagoniste de sorte que sa tête reste tournée vers la scène de viol. Elle serra les dents, à peu près aussi fermement qu'elle plaquait et attachait les sangles pour maintenir la tête de Neah tournée.
-Regarde-la.
C'était à elle qu'il fallait faire mal maintenant. Ils avaient un lien tellement fort, celui entre un Gardien et son Humaine. Kitoe savait qu'elle sous-estimait beaucoup trop cela. Alors que Stanislav continuait de la violer, elle se plaça à ses côtés. Une aiguille était apparue dans sa main. Elle l'enfonça sous la mâchoire de la jeune feme, entre sa nuque et sa gorge. C'était précis. Mesuré. Calculé. Le Rêve lui donnait des connaissances anatomiques et criminelles hors normes.
Mancinia s'effondra sur la table. Kitoe ne prêta pas la moindre attention à son partenaire. Il pouvait continuer si ça lui plaisait. Elle s'en fichait. Une auréole de sang apparut sous le crâne de l'Humaine et s'étendit progressivement. De ses yeux exorbités coulaient encore des larmes en abondance. Neah hurlait comme un goret. Il était incapable de mourir de ses blessures.
-Elle n'est pas morte. Déclara-t-elle en essayant de surpasser ses plaintes. Elle est seulement paralysée et elle se vide de son sang.
Autrement dit, elle agonisait en silence. La tortionnaire se demandait à quoi ce genre de douleur pouvait ressembler, celle d'un lien aussi fort que l'on voit se détruire sous ses yeux. D'autant plus lorsqu'on était allongé, impuissant, sur une table d'opération, les viscères à l'air. Ce devait être difficile de crier lorsque les muscles de l’abdomen avaient été découpés. M’enfin, peu importait au final. Kitoe allongea correctement le corps de Mancinia sur la table et elle tendit des couverts à Stanislav, le tout sous le regard ébahi de leur véritable victime.
Kyra Lemingway ~ Déchu ~ Niveau III ~ ◈ Parchemins usagés : 4766 ◈ YinYanisé(e) le : 22/03/2016◈ Activité : Tenancière d'un Bar à vin (rang I) ; Négociatrice (rang I) ; Brasseur (rang I) ; Reine du monde des contes à mi-temps
La Déchue arqua un sourcil à la réplique de sa co-reine, exprimant sa surprise d'un « Oh. » amusé. La fragilité que pouvait dégager ce corps possédait tout de même un esprit un minimum révolté. Voilà qui était rassurant. Ou était-ce tout simplement leurs essences contraires qui se manifestaient. C'était également une possibilité. Elle ne pouvait pas lui donner totalement tort pour cette même raison. À peine s'était-elle approchée, avait-elle senti son être se braquer et juger la pureté de ses plumes par la seule catégorie à laquelle le monde l'avait attribuée. Amenant le verre à ses lèvres, elle sourit. Pas d'un sourire désolé toutefois. « C'est vrai. » lâcha-t-elle après avoir trempé ses lippes dans le breuvage. Oriane ponctua sa réplique d'un court silence. « Tous les Anges ne sont pas purs. » précisa-t-elle sa pensée en posant son verre sur une table matérialisée dans le vide. Le plateau en verre épais était maintenu de quatre pieds d'une même matière. C'était à peine si on la discernait dans le décor encore vierge. « N'y aurait-il jamais eu d'Anges Déchus si ça avait été le cas. » conclut-elle enfin. Ce qui aurait été triste. Elle ne s'imaginait certainement pas dans la peau de ces Vertrueux dont le moindre excès les condamnait. Interdit d'exploser de rage malgré la quantité astronomique d'événements qui pouvaient la causer. Interdit de découvrir de nouveaux horizons consentis avec les autres. Interdit d'avoir l'envie de s'occuper de soi avant tout. D'abord le monde. Eux ensuite. Le dévouement était trop important pour elle. Comment pouvait-on sincèrement être bien dans sa peau quand on refusait de totalement écouter son corps ? Ça la dépassait. Pourtant la tonalité que l'Immaculée emprunta pour répondre à l'homme invisible laissa la Luxurieuse perplexe. Le dépit de l'impuissance. « La discussion sera peut-être moins aisée que je ne l'aurai cru. Je ne me suis pas adressée à beaucoup d'Anges et les quelques-uns que j'ai pu croiser, si l'on omet Basphel où j'avais plutôt tendance à les éviter, — parce qu'il n'est jamais facile de retenir ses pulsions à l'adolescence et encore moins lorsque l'on est Déchu — étaient descendants de Réprouvés. ». Elle ne put contenir un rire bref. « Ils sont quelque peu décomplexés sur certains sujets. Peut-être un peu trop pour des Anges. ». Ça l'amusait. Selon elle le caractère de ces Anges était la simple preuve que la passion était inscrite dans les gènes de n'importe quel être un tant soit peu normal sur terre. Tout n'était qu'une question de culture. En même temps que sa mémoire faisait défiler les souvenirs, le paysage se parait des couleurs imprégnant son esprit. Les cascades des Îles suspendues. Les nuages formant parfois un tapis de velours dans les rues de Kamlann et les parcs de l'école. Ces cafés où ils se réunissaient pour étudier, entre autres choses. Le fleuve dessinant les gorges d'Avalon et ses innombrables lanternes rouges. Les hauteurs de Stenfek. « Mais j'ai tout de même l'impression qu'il y a quelque chose sur lequel on pourrait éventuellement s'entendre. ». Elle marqua un temps, ancrant ses iris dans ceux de sa vis-à-vis. « Le choix. ». Le ciel se forma, voile épais d'une nuit claire saupoudrée d'étoiles. Une poussière ocre commença à tomber des nues. « Le libre-arbitre est une belle utopie, n'est-ce pas ? ».
À peine eut-elle prononcé ces mots qu'elle distingua un être plus loin. « Nous avons un invité semble-t-il. » commenta-t-elle après avoir détaillé l'étranger. Un homme. Bien bâti, pas assez pour être Démon ou Réprouvé. Ce n'était pas une mauvaise chose. Ce lieu aurait explosé si une nouvelle essence de ce genre avait pris place ici. Il n'était ni Ange, ni Déchu. Elle l'aurait immédiatement senti. Il n'appartenait pas aux Elfes non plus, qu'ils soient pâles ou de ténèbres. « Accueillons-le du meilleur que nous le pouvons. Peut-être que c'est ce qui nous manquait, un tiers, pour faire tampon entre nos divergences. » sourit-elle avant approcher l'individu, la malice dans les yeux. À proximité, elle ne ressentit aucun relent fétide d'anti-magie. Était-ce un Mage alors ? Avant qu'il n'effectue le moindre geste, Oriane glissa son bras sous le sien, le poussant à la suivre. « Bienvenue parmi nous, très cher. » commença-t-elle en faisant une nouvelle fois face à l'Ange pour se rapprocher. « Avez-vous un nom ? ». Évidemment. Tandis qu'il le lui révéla, elle trouva dans le regard céruléen de sa partenaire imposée une idée amusante. « Je vous présente Helsinki. La bonne conscience de cet endroit. » fit-elle tout en offrant un sourire à celle-ci. « Et je m'appelle Oriane. ». Elle se pencha sur l'oreille de leur visiteur, laissant un souffle se perdre dans son cou avant reprendre la parole. « Le petit diablotin qui murmure de vilaines choses aux oreilles des autres. » murmura-t-elle avec volupté de sorte que les mots lui parviennent aussi clairement que si elle lui eût dit à voix haute, mais assez fort également pour qu'ils puissent parvenir à Helsinki. « À moins que ma partenaire ne préfère tenir ce rôle ? Je ne voudrais pas lui imposer quoi que ce soit, sinon ma présence. ». Peut-être était-elle encore un peu trop taquine avec l'Immaculée. Le monde l'était bien assez avec sa propre personne, elle pouvait bien l'être également de temps à autre. Qui plus est, elle pouvait lui affirmer autant de fois qu'elle le souhaitait qu'elle ne soit pas pure, Oriane aurait parié n'importe quoi qu'elle ne pourrait jamais tenir le rôle de la mauvaise voix sur la longueur. Elle-même n'était pas certaine de réussir à jouer la bonne conscience plus d'une journée de toute façon. Ses plumes étaient trop noires pour ça.