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 L'art de tuer ses fantômes | Solo

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Shanxi
~ Ange ~ Niveau II ~

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◈ Parchemins usagés : 873
◈ YinYanisé(e) le : 06/01/2019
◈ Âme(s) Soeur(s) : Qui ?
◈ Activité : Architecte [Rang II]
Shanxi
Jeu 03 Fév 2022, 20:45



L'art de tuer ses fantômes





L’on ne peut pas tuer ses fantômes. Peu importe ce qu’en disent les autres, il n’y a que la vérité qui compte. L’on ne peut pas tuer ses fantômes. Ce sont eux qui vous tuent. Voilà une leçon – une bien difficile, s’il en est  – dont Shanxi aurait bien voulu se passer. Une pour laquelle sa frustration n’avait eu aucun mal à égaler son impuissance. Si seulement elle avait eu le courage d’ouvrir les yeux… Shanxi aurait alors vu que son mal n’était qu’un symptôme. Qu’un début, qu’elle ne remarquerait, de toute sa conscience, qu’à sa fin.

L’Okan froissait nerveusement les coins du parchemin qu’elle tenait entre les mains. Elle l’avait vu. Il n’y avait pas d’erreur possible. C’était lui. Comment était-ce possible ? L’avait-il retrouvée ? Non, elle devait faire erreur. Le soleil n’était pas encore couché. S’il avait été vraiment là, si c’était vraiment lui… Il n’aurait pas pu se tenir là. Non. Les connaissances de la vertueuse sur le peuple vampirique étaient très limitées, mais elle était presque persuadée que l’homme qu’elle avait vu en rentrant chez elle hier soir ne pouvait pas être Dorian. Elle en savait peu, mais suffisamment pour savoir que les buveurs de sang n’étaient pas adeptes des bains de soleil. Shanxi doutait que l’homme qu’elle avait rencontré lors de son séjour à la montagne d’Edelweiss déroge à la règle. Non, ce ne pouvait donc être lui. La jeune femme commença à se masser les tempes, espérant chasser la migraine qu’elle sentait venir. Elle était épuisée, ces temps-ci, en réalité. A croire que même d’aussi loin, cette satanée démone exerçait encore de son influence sur son esclave. Oui, elle était fatiguée, et c’était cette même fatigue qu’elle jugeait coupable de tous ces maux. C’était un cercle vicieux duquel l’ange éprouvait le plus grand mal à s’extraire. Du peu qu’elle réussissait à dormir, elle cauchemardait. C’était sans faute ces mêmes cauchemars qui la tiraient des bras d’Harabella, chaque nuit, cultivant cette crainte qui la tenait désormais éloignée de l’Aether. Cette nuit elle avait même rêvé de lui. Shanxi se doutait bien que la frayeur de la veille devait avoir suggéré ses songes. Pour elle, cela changeait à la fois rien et tout. Soit elle avait vu juste et devrait prendre son mal en patience. Soit il était vraiment là, et dans ce cas… Qu’attendait-il ? Était-il en train de jouer avec elle ? Non, il serait déjà venu la tirer de ses draps pour lui ouvrir la trachée. Une sensation de picotements grimpait et furetait sur son cou, près de la zone où il avait planté ses crocs. Comme à son réveil, il lui avait fallu passer les doigts par-dessus la plaie refermée pour vérifier qu’il ne lui avait pas rendu visite. Le pouvait-il seulement ? Se glisser par sa fenêtre, et la ravir si rapidement que la douleur ne la réveillerait pas ? Dans ses rêves il le pouvait, en tout cas. C’était une crainte qui était née peu après leur rencontre, et n’avait, depuis, quitté ce petit coin de son esprit que pour gratter à la surface et se nourrir des restes. Mais elle n’en restait pas moins réelle, et au fond, ne pas savoir la terrifiait peut-être plus que tout le reste.

Quelques coups résonnèrent soudainement dans le bureau, la tirant de ses pensées dans un sursaut. La silhouette de Gizja glissa dans l’encadrement de la porte qu’il avait entrouverte, lui annonçant qu’il était temps de fermer boutique. « Je range ça et j’arrive. » déclara Shanxi un peu sonnée, en désignant une petite pile de dossiers sur son bureau. Quelques minutes plus tard, la jeune femme marchait dans la rue avec une forme d’appréhension. Une part d’elle aurait voulu que son rangement dure plus longtemps pour ne pas avoir à sortir maintenant. Mais alors, cela aurait été pire, car elle aurait bien dû rentrer chez elle à un moment, et il aurait fait nuit. L’idée lui avait inconsciemment fait presser le pas, et elle était vite arrivée chez elle. Elle détestait ce sentiment. Au début, quand elle s’était installée dans ce logement, Shanxi s’était dit que l’imaginer comme une bulle protectrice l’aiderait à garder ses démons sur le pas de la porte. Et elle avait eu raison. Aujourd’hui, elle pouvait observer les limites de cette protection qu’elle avait mise en place. La solitude dans laquelle l’ancienne captive s’était lovée pour se ressourcer la rendait à présent vulnérable, et peu importe le nombre de verrous qu’elle pouvait imaginer sur cette porte, elle était désormais certaine que cela ne retiendrait plus personne en dehors. Elle craignait même que ces protections ne se changent en barreaux, et ne l’empêchent de fuir sa prison. Comme elle aimerait qu’Helsinki soit là.

Etendue dans son lit, sans sommeil, l’Okan suivait la course de la lune dans le ciel. Elle n’avait même pas daigné fermer ses rideaux. Elle n’en avait pas eu l’envie. Et puis, ce n’était pas comme si la lumière allait la déranger de toute manière. Shanxi ne pensait pas dormir cette nuit. Elle l’avait décidé, en fait. Elle voulait rester consciente et s’était mise à attendre quelque chose, quoi que ce soit, du moins jusqu’à ce qu’elle perde patience et se rende compte à quel point ce petit manège était stupide. Si les réponses ne venaient pas d’elles-mêmes à elle, alors l’ange volerait à elles. Du moins, l’ange marcherait jusqu’à elles. Elle ne savait pas encore suffisamment se servir de ses ailes pour avoir l’audace de s’élancer dans les cieux des Jardins au milieu de la nuit. Cela dit, si elle décidait de le faire, personne ne serait là pour la voir s’écraser sans élégance sur les pavés glacés de la ville. Un frisson remonta justement dans sa nuque quand elle avait posé un pied dehors. L’ange semblait avoir jugé inutile le port de chaussures dans sa hâte. Peut-être craignait-elle de voir tout son courage – du moins le peu qu’elle avait rassemblé – fondre comme neige au soleil si elle prenait le temps de s’emmitoufler pour braver la nuit. Une faible brise caressait sa peau, chassant peu à peu la chaleur de ses draps à mesure que sa promenade s’allongeait. L’ailée passa près d’une première ruelle ignorée du regard de Phoebe. Elle avait peut-être eu un élan de courage, mais il était trop insuffisant pour qu’elle envisage d’y mettre le pied. Non, elle préférait se cantonner aux endroits un minimum éclairés. De toute manière, ce n’était pas la lune et quelques bougies dans une lanterne qui allaient arrêter le vampire, s’il était vraiment là. Une quinzaine de minutes plus tard, l’Okan était de retour à son point de départ, avec quelque chose en plus : la sensation d’avoir perdu son temps. Et avec cette simple pensée, Shanxi pensait avoir mis ce fantôme à la porte, sans savoir qu’elle venait en réalité de l’inviter à entrer.


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