Le début d'un nouvel espoir

Moon's tears

La mine chiffonnée, Astriid suivait de près ses camarades. Après le savon qu'elle avait reçu de Raïm, elle faisait profil bas et évitait d'attirer l'attention sur elle. Les récents événements lui laissaient suffisamment à penser pour que l'Ygdraë reste sagement à sa place sans faire de vagues. La fatigue marquait ses traits, et il manquait la lueur habituelle d'enthousiasme dans ses yeux alors qu'elle admirait les ruelles d'Avalon. Elle n'avait pu fermer l'oeil de la nuit, l'adrénaline encore présente dans ses veines, ses nerfs à vif la maintenant éveillée jusqu'à l'aube. La présence réconfortante du corps chaud de Piäh Nour contre elle et les premiers rayons de soleil avaient terminé de la rassurer et de l'aider à relativiser sa mésaventure nocturne. Elle n'en était pas morte alors pourquoi ressasser ? Souhaitant de tout son coeur oublier, elle avait procédé à ses ablutions matinales avec entrain, se forçant à tracer des figures amusantes sur la buée de son miroir jusqu'à ce qu'elle parvienne à retrouver le sourire.
Armée de ce qu'il restait de son courage, elle arpentait la Cité Déchue et partageait ses impressions avec les autres Eskëts. D'un commun accord, ils avaient décidé de ne plus mentionner la nuit dernière, décidant que son expérience valait tous les sermons qu'ils auraient pu lui donner. Alors que les Ygdraës visitaient les échoppes locales et les lieux touristiques, Astriid nota le manège étrange d'un jeune garçon. Il déambulait comme un fantôme, semblant insensible à l'humeur encore festive de la Cité. Ses ailes blanches étaient déployées mais traînaient tristement derrière lui et elle ouvrit la bouche dans un Ô de compréhension. Que fabriquait un ange à Avalon ? Le pauvre petit paraissait terrorisé par les attentions qu'il recevait et l'instinct protecteur d'Astriid s'éveilla aussitôt. Peut-être était-ce les récents événements qui la sensibilisaient, peut-être était-ce juste le souhait de Raanu, elle ne savait pas, elle agissait juste. Ses pas la portèrent jusqu'à lui et elle plia les genoux pour se mettre à sa hauteur. De près, son visage était presque maladif et l'Elfe sentit la colère poindre en elle ainsi que l'incompréhension. Comment un être si jeune pouvait-il ainsi porter les marques de la souffrance ? Masquant ses sentiments derrière un sourire rassurant pour qu'il n'interprète pas mal ses intentions, elle l'aborda d'une voix douce et joyeuse. «Bonjour, moi c'est Astriid ! Et toi ?» Ne souhaitant pas qu'il reste sur la défensive et cherche la fuite, l'Eskët ne chercha pas à lui poser des questions trop invasives qui le mettraient mal à l'aise. Se concentrant, elle fit apparaître sa propre paire d'ailes. Coinçant ses boucles rousses derrière ses longues oreilles, elle chercha à faire battre ses ailes bicolores mais elle ne parvint qu'à brasser de l'air. «Regarde, moi aussi j'ai des ailes ! Comme toi ! Mais je sais pas m'en servir car je les aies obtenues il n'y a pas très longtemps. Toi, comme tu es un Ange, tu dois savoir voler ! Attends, je crois que j'ai une idée!» Astriid fouilla dans son sac, jurant en Hyriel devant le bric à brac qui s'accumulait à l'intérieur au fur et à mesure de leur voyage. Finalement, après avoir écarté quelques branches d'arbres, crayons, cailloux de différentes couleurs, fleurs séchées et carnets abîmés, elle trouva enfin le bonbon qu'elle avait obtenu la veille. Elle brandit victorieusement la sucrerie sous le nez du garçon. «Tadaaa ! Si tu m'apprends à voler, je te donne ça ! Tu n'auras qu'à rester avec nous, on allait s'installer là pour manger sur les bancs autour de la petite place !»

Message I | 550 mots

Le début d'un nouvel espoir

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Devant l'air effondré de l'Ange, Astriid se sentit fondre. Il était complètement perdu, elle ne pouvait pas le laisser ainsi errer tout seul dans une ville qu'il ne connaissait manifestement pas. Elle ne la connaissait pas non plus mais elle avait l'avantage de ne pas être seule. Décidant de prendre les choses en main, la rousse lui fourra le bonbon dans une main et se saisit de l'autre pour l'entraîner à sa suite. «Viens, je vais te présenter à mes amis. Ils sont très gentils tu verras.» Tout en marchant, elle évalua d'un regard critique l'aspect de Théodore, peut-être aurait-t-elle le temps de reprendre les trous dans ses vêtements ? En y regardant de plus près, ses ailes avaient aussi mauvaise mine que le reste de son corps et elle s'en voulut de lui avoir proposé de voler. En était-il seulement capable avec des membres dans un tel état ? Il paraissait si frêle qu'elle craignait qu'un coup de vent sournois ne l'emporte comme un fétu de paille. La pitié était souvent mal acceptée de ceux qui la recevaient mais Astriid ne pouvait s'empêcher de la ressentir en le regardant. Plutôt que de s'étaler plus longtemps sur sa mine déplorable, elle chassa ses pensées et sourit en désignant ses amis d'un geste ample. «Alors là tu vois, c'est Raïm, ne fais pas attention à son air grognon, il est là pour nous protéger ! Ensuite, tu as Solenn et Daràdir, ils sont d'un rang plus élevé que moi et nous accompagnent aussi. J'apprend la magie avec eux ! C'est rigolo la magie, tu sais faire quoi toi ? Moi je sais courir très vite mais ça ne dure pas longtemps ! Récemment j'ai aussi commencé à apprendre à parler aux animaux ! Il faut que tu rencontres Piäh Nour, mon Kinshäla ! Et là, c'est Välyn, on a fait l'école ensemble !» L'Elfe continua de présenter son groupe, distribuant quelques anecdotes sur chacun d'entre eux tandis qu'ils saluaient à leur tour l'Ange aux cheveux blancs. Plusieurs regards s'attardèrent sur ses ailes pendant tristement derrière lui mais nul ne fit le moindre commentaire. Ils savaient bien mieux qu'Astriid combien la situation avait été mouvementée pour les Anges ces derniers temps et ils l'invitèrent chaleureusement à les rejoindre pour manger. L'Ygdraë lui fourra une galette aux céréales dans les mains avec quelques fruits et s'installa en tailleur sur le sol pour manger, bavardant allègrement. L'Ange était tellement troublé qu'il ne parlait pas beaucoup et ça ne la dérangeait pas de faire la discussion pour deux. «Et en fait j'avais super peur, ils sont trop grands les Réprouvés ! Et tu sais, ils font toujours cette tête de brute ! Mais le pire c'était ces monstres, des Goleds je crois bien. Si tu savais comme j'ai culpabilisé quand j'ai dû en tuer un ! Je suis même pas sûre d'y être arrivée d'ailleurs car j'ai été tuée juste après. C'est une sensation horrible de mourir. Heureusement que c'était pas pour de vrai ! T'es déjà mort toi ?» L'Ygdraë s'approcha de l'oreille de Theodore pour lui murmurer sur le ton de la confidence. «En vérité, j'ai failli mourir hier soir... Tu savais qu'il y a des Vampires à Avalon ? Fais attention la nuit ! J'ai eu si peur, regarde, j'en tremble encore.» Presque aussitôt, Raïm lança un regard foudroyant sur Astriid qui se recroquevilla. C'était sa faute si elle avait frôlé la mort et le Boräk était encore en colère après elle d'avoir passé outre sa protection pour partir s'amuser. Mais la leçon était apprise et l'Eskët s'était promis de rester dans l'ombre de Raïm désormais, du moins jusqu'à ce qu'elle soit distraite par autre chose.

Message II | 428 mots

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«Bref, tu fais quoi ici à Avalon ? Et tu fais quoi dans la vie ? Tes parents sont ici aussi ?» enchaîna Astriid en menant quelques baies à sa bouche. L'Elfe était curieuse d'en savoir plus sur le garçon, le seul autre Ange qu'elle eut rencontré était Neah mais sa présence était légèrement écrasante et elle n'avait pas osé le questionner autant qu'elle se le permettait avec Théodore. Tout ce qu'elle savait des Ailes Blanches, elle l'avait lu dans les livres et son avis était contrasté. Elle préférait se forger un avis au travers des rencontres qu'elle pourrait faire. L'Ange qui mangeait à ses côtés était à l'opposé du compagnon de Mancinia. Il était frêle, semblait manquer terriblement de confiance en lui, il ne dégageait pas non plus une aura magique spectaculaire. Cela ne posait pas de problème à Astriid, c'était au contraire plus simple pour l'aborder et le noyer de questions. L'Ygdraë fouilla à nouveau dans son sac pour y prendre une nouvelle galette qu'elle déposa sur les genoux du garçon. Elle avait noté son trouble alors qu'il mangeait et devinait qu'il n'avait peut-être pas mangé depuis longtemps. Était-il perdu ? Peut-être qu'en en apprenant plus sur lui, elle pourrait le ramener à un endroit plus sûr pour lui. «Tu viens d'où ? Tu veux qu'on te ramène chez toi ? Je suis sûre que mon groupe acceptera de t'accompagner ! Et en échange tu m'apprendras plein de choses sur les Anges !» Elle préférait ne plus mentionner les leçons de vol, il fallait d'abord peut-être qu'il voit un médecin. L'Ygdraë se frappa soudain le front, maudissant sa stupidité. Lors d'un trajet en bateau, Daràdir lui avait appris un sortilège pour soigner les blessures, c'était d'ailleurs grâce à ça qu'elle s'en était sortie à la Coupe des Nations Ondine.
Astriid appela l'Erëla qui s'approcha avec un sourire poli mais timide. Ses yeux clairs étaient cachés derrière ses cheveux d'un bleu vert qui rappelait les teintes des Océans. L'Ildra était un Elfe discret, qui parlait peu, préférant écouter les bavardages. «Daràdir, tu peux m'aider à soigner Théodore ? On ne peut pas le laisser comme ça.» L'Ygdraë acquiesça et demanda l'autorisation de l'Ange pour manipuler et palper ses membres, à la recherche des plaies qui pouvaient être soignées. Bien sûr, il n'était pas médecin mais ses années d'expérience hors de Melohorë lui avaient permis d'accumuler quelques connaissances sur le fonctionnement du corps humain. En même temps qu'il examinait Théodore, procédant avec douceur et attention, il expliquait à Astriid ce qu'elle devait faire. «Les principaux dégâts sont sur ses ailes. Je ne suis malheureusement pas expert pour soigner ça mais on peut au moins essayer de s'occuper de ce qui est superficiel.» Sous la houlette de l'Ygdraë, Astriid se concentra jusqu'à ce qu'une aura lumineuse entoure ses paumes. Avec délicatesse, elle effleura les pans abîmés des ailes, là où il y aurait du avoir des plumes pour protéger la membrane. Pendant ce temps, Daràdir observait Théodore, songeur. Bientôt, il s'agenouilla devant l'Ange pour lui sourire gentiment. «Tu n'es pas obligé de répondre mais... Est-ce que c'est toi qui te mutile les ailes ?» Il n'était pas impossible qu'après avoir vécu des événements traumatisants, un si jeune ange développe des troubles et dans ce cas là, il faudrait l'amener à un vrai médecin qui saurait s'occuper de lui et lui apporter l'aide dont il avait besoin.

Message III | 498 mots

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Fascinée, Astriid observait la peau se lisser doucement sous ses doigts, elle pouvait sentir les membranes de l'Ange sans les toucher. Bientôt, son front se couvrit de sueur et elle sentit ses yeux papillonner. Elle avait encore du mal à se familiariser avec la magie, si elle avait vécu avec toute son enfance, la maîtriser était une autre affaire. L'Ygdraë laissa l'aura lumineuse s'affaiblir jusqu'à disparaître et elle poussa un soupir. C'était comme s'éveiller d'un rêve et elle mit quelques secondes avant de se souvenir de ce qu'elle faisait. Daràdir s'était agenouillé devant Théodore pour lui parler mais l'Ange avait tourné son regard vers elle. Surprise par la mine suppliante du garçon, Astriid s'approcha avec un sourire joyeux et passa un bras autour de son cou avec familiarité. «Et voilà ! J'ai fait ce que j'ai pu, tu en penses quoi ? Tu te sens mieux ?» Elle le renifla et se frotta le nez comme pour se débarrasser de l'odeur. «Pouah tu sens le brûlé ! Il y a eu un incendie à Avalon ?» Daràdir secoua la tête, la mine soucieuse. Le cas de cet ange n'était pas de son ressort, il n'avait pas les capacités pour le soigner mentalement. Si le groupe d'Elfes pouvait le soulager physiquement, ils ne pouvaient apporter que leur soutien moral face au traumatisme du garçon. L'Eskët rousse semblait elle complètement imperméable au magma de tristesse qui alourdissait Théodore. En réalité, Astriid essayait de comprendre mais, assez égoïstement et n'ayant jamais vécu d'événement tragique, elle avait du mal à appréhender les conséquences qu'il pouvait y avoir après un choc comme celui qu'avait vécu Théodore. Elle n'avait pas compris son histoire de démons et de portes mais elle avait deviné que cela avait un rapport avec les récents événements. L'Ygdraë n'avait pas beaucoup suivi cette histoire, juste entendu de vagues échos. À ce moment de sa vie, jouer dans les rues fleuries de Dhrosca en compagnie des autres Eblaë était bien plus intéressant que tout le reste.
L'Elfe frotta soudainement la tête de l'Ange pour le décoiffer et éclata de rire en voyant le résultat. «Regarde Daràdir ! Tu crois que je devrais prendre comme métier coiffeuse ?» Oui. Il n'était pas dans la nature de la rousse de pleurer sur le sort des autres ou de s'enfoncer dans l'apitoiement. Le passé appartenait au passé et il y avait tant de choses à découvrir dans l'avenir qu'elle n'avait tout simplement pas le temps de s'attarder sur des choses déjà vécues. L'Elfe aux cheveux bleus secoua la tête en souriant avant de ramener son attention sur le jeune Ange. «Quoi qu'il en soit Théodore, quelles que soient tes raisons, te brûler les ailes ne t'aidera pas. Et puis, tu ne voudrais pas abîmer ce qu'Astriid vient juste de réparer n'est-ce pas ?» Il chuchota soudain. «Elle est effrayante quand elle se met en colère, je serais toi, je l'écouterai au doigt et à l'oeil.»

Message IV | 424 mots

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D'un bond, la sylvestre était sur ses pieds. Le sourire de l'Immaculé était le signal de départ qu'elle attendait pour repartir à la conquête de la Cité des Déchus. L'expérience de la soirée avait teinté de peur ses pensées et tamisé son envie de sortir en terrain inconnu mais en compagnie de son groupe et en plein jour, Astriid se sentait pousser des ailes. Bien que ces dernières ne furent pas sorties, elle avait hâte de pouvoir s'exercer à leur maniement et valser avec les nuages. Elle tira avec impatience la main de Théodore. «Viens Théo - Je peux t'appeler Théo ? - notre temps à Avalon est limité et je veux profiter de chaque minute. On discutera en chemin. Tu es déjà venu ici ?» Raïm et les autres avaient déjà remballé leur déjeuner et c'est en groupe qu'ils reprirent leur chemin. Les Eskëts observaient avec curiosité la frêle silhouette de l'Ailé. Si Astriid était étourdie et oubliait que tout le monde n'avait pas son énergie, eux craignaient que le garçon ne puisse suivre son rythme endiablé. Pour vivre aux côtés de la rousse depuis plusieurs mois, ils savaient à quel point elle pouvait drainer leur énergie vitale et il était si chétif et maladif.
Astriid avait passé un bras sous celui de Théodore, jacassant gaiement dans ses oreilles de tout et de rien. Raïm lui, interrogeait les locaux pour demander leur chemin. Les jeunes Elfes avaient évoqué le désir d'aller visiter un musée afin de se familiariser avec l'histoire des Ailes Noires. S'ils l'avaient apprise au travers des pages de leurs manuels, voir les vestiges et artefacts de ce peuple attisait leur curiosité de même que leurs œuvres d'art. Certains comme Aëvanna prenaient également très à coeur leur mission et râlait à chaque caillou qui pouvait ralentir leurs expéditions. Ces cailloux revêtaient fréquemment l'apparence et la voix d'Astriid qui s'était cette fois entiché d'un hère qui avait une tête à devoir passer un mois entier cloué au lit pour se refaire une santé. L'Eskët n'était pas contre faire la charité mais ils ne pouvaient pas non plus s'arrêter à chaque personne qui avait besoin d'aide si ? Ainsi, la jeune Elfe aux longs cheveux blancs qui cascadaient dans son dos marchait en tête de groupe avec Raïm, la démarche raide et préférant éviter de poser son regard sur l'Ailé qui les accompagnait.
«Après on ira s'amuser dans les Quartiers Simples ! Comme ça on pourra un peu plus respirer et puis tu pourras m'apprendre à me servir de mes ailes ! On pourra faire une course ou jouer à celui qui vole le plus haut ? C'est pas à ça que vous jouez chez les Anges et autres races ailées ? Tu me montreras tout ça.» Ajouta avec assurance l'Elfe en pénétrant dans le musée. «Chut !» La voix d'Aëvanna avait claqué alors qu'elle lançait un regard froid à sa congénère. Daràdir se dépêcha d'intervenir en voyant Astriid ouvrir la bouche pour lui répondre avec humeur. «Elle a raison, c'est un lieu où le silence est requis pour laisser les visiteurs apprécier les oeuvres d'art. D'ailleurs, tu devrais prendre des notes.» Comme souvent, l'Ildra avait raison. Le pouvoir des Savoirs Ancestraux qui sommeillait en elle ne s'était pas éveillé et elle n'était pas encore capable de mémoriser tout ce dont elle était témoin. Les autres avaient déjà sorti leurs carnets et esquissaient des reproductions rapides de ce qui les intéressait le plus en échangeant à voix basse. Avec une pointe de culpabilité de ne pas y avoir pensé elle-même, l'Elfe sortit à son tour son carnet et chuchota à l'attention de Théodore. «Viens, cherchons ce que tu préfères dans ce musée et je prendrais des notes dessus.»

Message V | 649 mots

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Astriid s'avança avec curiosité vers le choix de Théodore. L'artiste y avait conjugué les silhouettes de trois animaux, de sorte qu'elle avait l'impression de contempler un hybride aussi beau que sauvage. «Tu aimes celle-ci ? Tu dois aimer les animaux alors !» Elle baissa d'un ton en surprenant le regard noir de Raïm posé sur elle. «J'ai chevauché un tigre un jour.» Chuchota-t-elle, ses prunelles scintillant au souvenir de l'intense chevauchée dans la forêt. «C'était un Eversha qui avait passé quelques jours sur les terres de Melohorë. Il était gigantesque ! Je me demande ce qu'il est devenu.» L'Ygdraë marqua une pause, détaillant la peinture à nouveau. Elle griffonna quelques notes pour la bonne mesure avant de se pencher à nouveau vers l'Ange. «J'ai rencontré une peintre formidable pas plus tard qu'hier. Tu sais, il y avait ce Fessetival et j'y ai rencontré la Grande Sùlfr.» Ses joues rosirent. La Peintre était grande à plusieurs égards et avait fait une forte impression sur l'Elfe, à tel point qu'elle avait déclaré son amour pour elle en la rencontrant. Astriid se savait impulsive mais peut-être pas à ce point. Un sourire jouant sur ses lèvres, elle tapota son épaule pour attirer l'attention de Théodore sur la fleur d'hibiscus que la femme avait dessinée sur sa peau. «Elle a fait ça pour moi ! C'est magnifique et incroyable non ? La finesse du détail ! C'est une merveilleuse artiste ! J'ai essayé de peindre aussi, elle m'a donné des conseils, elle était super gentille ! Mais bon, je n'ai certainement pas son talent. Crois-tu qu'il y aurait une de ses œuvres ici ?» «Astriid, arrête de jacasser.» Fit Raïm d'une voix fatiguée mais le reproche coula sur la rousse sans qu'elle ne se départe de son exubérance. «Oui oui !» Répondit-elle distraitement avant de récupérer la main de l'Ange pour l'entraîner un peu plus loin à l'écart des remontrances du Boräk. «Ce qu'il peut être rabat-joie. Mais bon, il n'est pas méchant.» C'était même tout l'inverse. La veille, lorsqu'il l'avait découverte en état de choc après sa rencontre nocturne, il avait pris soin d'elle comme ses propres parents auraient pu le faire et avec une prévenance inattendue chez le Guide qui n'avait ordinairement que grognements exaspérés pour elle. Instinctivement, Astriid porta les doigts à son cou et tressaillit en sentant les plaies encore sensibles qui ornaient sa gorge. Un froid glacial l'envahit à ce contact tandis que les images de son agression l'assaillaient brutalement, avec d'autant plus de force qu'elle faisait tout pour l'occulter mais son corps la trahissait en portant les marques de la morsure. Ses paupières papillonnèrent tandis qu'elle sentait monter les larmes et elle esquissa un sourire tremblant qui n'atteignit pas ses yeux. «Pardon, je pensais à autre chose. Tu disais quelque chose ?»
Leurs pas les avaient porté jusqu'à une salle adjacente. Le soleil se réverbérait sur le marbre blanc des murs et du plafond, l'aveuglant presque mais Astriid trouvait cette luminosité réconfortante. Elle voulait se tenir éloignée des ténèbres et des monstres qui s'y lovaient pour aussi longtemps que possible. En cela, la présence de l'Immaculé à ses côtés l'apaisait plus qu'il ne le pensait et Astriid s'accrochait à lui comme à une bouée bien qu'il soit lui-même endommagé par des épreuves qu'elle ne pouvait qu'imaginer. Ils étaient dans une vaste salle rectangulaire où sculptures et immenses plantes partaient à l'assaut du haut plafond.

Message VI | 618 mots

Le début d'un nouvel espoir

Astriid poursuivait Théodore. Sa course fut freinée lorsqu'un Déchu surveillant le musée fronça des sourcils menaçants et elle se contenta de marcher vite en regardant à droite et à gauche pour retrouver l'Ange. Absorbée par la magnificence de la salle, l'Ygdraë n'avait pas senti son ami se sentir mal et ce n'est que lorsqu'il s'était dégagé de son étreinte pour détaler qu'elle avait réalisé son mal-être.
Son regard tomba sur l'angle d'une petite pièce remplie d'artefacts anciens. Plongée dans la pénombre, une douce lumière ocre filtrait du plafond strié de membranes vibrant de magie. En toute autre situation, l'Elfe aurait passé plusieurs minutes à analyser le phénomène mais la vision de l'Ange blotti derrière ses ailes lui fit oublier le cadre fantastique de la pièce. Doucement, elle s'agenouilla devant Théodore et écarta une aile pour capter son attention. La pâleur de son front l'inquiéta et elle tendit une main vers lui pour lui faire relever la tête. «Je suis désolée, je n'ai pas vu que tu t'étais senti mal.» Peut-être était-il allergique aux galettes qu'elle lui avait offert plus tôt ? Elle se mordit la lèvre, sentant la culpabilité étreindre son coeur. «Viens, sortons. Tu te sentiras mieux en plein air.» Elle s'empara de sa main pour l'aider à se relever et caressa gentiment sa joue avant de le mener au dehors du musée.
Assis sur un banc dans l'ombre fraîche délivrée par les hautes façades blanchies du bâtiment, Astriid parlait de tout et de rien, consciente que son ami n'était pas en mesure de tenir une conversation. Faire de longs monologues sur des sujets banals était une spécialité chez l'Ygdraë qui avait l'habitude de faire les questions et les réponses. Son Kinshäla s'était matérialisé sur ses genoux et elle le caressait distraitement. La chaleur montait avec le jour et la rousse souleva ses cheveux dans l'espoir de rafraîchir sa nuque. «Est-ce que ça va mieux ? Si tu as besoin de quoi que ce soit, n'hésites pas. Je ne suis pas médecin mais si je peux faire quoi que ce soit, ce sera avec plaisir. C'était une mauvaise idée de t'emmener visiter un musée alors que tu étais blessé et épuisée, excuses-moi, je n'ai pas réfléchi.» Ce reproche lui avait été souvent adressé mais elle n'avait jamais pris conscience jusqu'à présent que sa négligence pouvait affecter d'autres qu'elle-même. Un soupir s'échappa de ses lèvres et elle serra Piäh Nour dans ses bras, heureuse de sentir son corps doux et chaud contre elle mais l'animal bleuté se dégagea bientôt de ses bras pour aller humer le bras de l'Ange. Apparemment satisfait de ce qu'il sentait, il se mit à ronronner et sauta sur les genoux de Théodore pour frotter son ventre de son front pour quémander des caresses.

Message VII | 500 mots
Piäh Nour est le Kinshäla qui est dans ma fiche et il utilise son pouvoir "insuffler l'amour dans le coeur des individus" sur Théodore pour qu'il se sente mieux :3