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 [Coupe des Nations Déchue] - La Guerre du Goût

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Jil
~ Lyrienn ~ Niveau 40 000 ~

~ Lyrienn ~ Niveau 40 000 ~
◈ Parchemins usagés : 498
◈ YinYanisé(e) le : 23/07/2014
◈ Activité : Prof de Botanique, Puff-Puff Gueurle (Équipe C), Patronne de la Tendre Miche
Jil
Lun 01 Juin 2020, 19:03

[Coupe des Nations Déchue] - La Guerre du Goût Rwq3
La Guerre du Goût

Un soleil de plomb martelait Avalon, qui bruissait du bourdonnement des passants. Si les quartiers populaires étaient embourbés dans la langueur caractéristique de la saison chaude, les hauteurs de la cité se voyaient agréablement rafraichis par les vents qui circulaient dans les innombrables rues qui constituait ses veines. À cette époque du cycle, les marchands itinérants et les saltimbanques étaient monnaie courante, et les étals regorgeaient de fruits juteux et colorés. Le lagon était piqueté de minuscules silhouettes profitant de sa fraicheur, et les parcs plus fréquentés que jamais. Si cette activité n’avait effectivement rien d’inhabituel, ce jour-là était pourtant particulier, car dans les quartiers des sommets se tenait l’édition Déchue de la Coupe des Nations. À cette occasion, on avait réquisitionné la Place du Rift, et là où s’étendaient usuellement les étals du marché, une trentaine de stands avaient été monté. Tous semblables, ils étaient constitués d’une table en bois surmontée d’un large plan de travail en marbre sur lequel on avait disposé assez d’ustensiles de cuisine pour contenter un restaurant entier. De nombreuses toiles aux couleurs ocres étaient attachées au-dessus de ceux-ci, et à chaque poteau était accroché un tablier en cuir. Chaque « cuisine » était équipée d’un four, et d’un fourneau alimenté magiquement. La fontaine centrale faisait office d’arrivée d’eau, et plusieurs gouttières en bambou l’amenaient directement jusqu’aux tables, où un système de levier permettait de l’y faire couler. L’après-midi s’installait paresseusement, et pour l’instant, seuls les tabliers semblaient annoncer l’arrivée prochaine des participants. Le reste de la population s’amassait lentement en profitant des attractions et des stands éphémères qui s’étaient installés autour de la Place du Rift. D’ores et déjà on distribuait pommes d’amour aphrodisiaques, petites banderoles aux couleurs de différentes races, et barbe à papa aromatisées aux goûts les plus insolites. Les représentants des gazettes et des journaux locaux discutaient entre eux, carnet à la main ; au loin, un attroupement plus conséquent annonçait le passage des Puff-puff Gueurles qui se rendaient à l’inauguration de la compétition. C’était un jour d’activité pour la capitale, et l’occasion parfaite – selon Jil – pour organiser une sortie scolaire.

La Professeur de Botanique, qui avait récemment endossé le rôle auto-proclamé d’accompagnatrice en sorties extra-scolaires, menait un petit groupe d’étudiants avec entrain. Pour des raisons qui n’échappaient qu’à elle, on lui avait demandé de ne pas visiter en profondeur la cité Déchue, et de se limiter à ses aspects purement architecturaux et historiques. Après avoir fait un tour par le Lagon et la Porte de Phah, ils étaient remontés le long des Halles des Titans, le temps de faire quelques emplètes dans les boutiques de verre et de spécialités locales. Conformément aux consignes, elle avait évité les rues annexes, les bordels et autres lieux de plaisir. Elle trouvait étrange de vouloir empêcher les enfants de voir quelque chose dont ils avaient de toute façon pleinement connaissance, et conscience. Ça n’avait mené qu’à des ennuis, rien que la matinée, elle avait dû gérer trois tentatives de fuites, certains garçons étant visiblement plus curieux que d’autres. Malgré tout, elle s’était fendue d’un détour pour aller leur montrer sa maison, son chien, et son potager. Ce n’était pas de sa faute si Kethys s’était justement adonné à l’un des coïts bruyants dont elle et son mari étaient friands, pile à ce moment-là. Après s’être arrêtés dans un restaurant typique, elle leur avait fait reprendre la route, en direction des Quartiers des Sommets et de leur principale attraction : l’épreuve de la Coupe des Nations. Cette fois, elle consistait en un affrontement culinaire. Loin des tribulations parfois cruelles et mortelles qu’imposaient certaines races, l’assemblée des Vincidi avait cette fois statué en faveur d’une compétition plus amicale. Jil en expliqua les règles, tandis qu’ils approchaient du sommet de la cité :

— « Donc cette fois, c’est assez simple : on fournit aux participants tous les ingrédients utilisés habituellement ici – donc tout ce qu’on peut tirer des cultures du Cœur Vert, les algues et les poissons du Lagon, et les viandes rares du Plateau. À Avalon, on a déjà eu quelques siècles pour expérimenter avec tout ça, donc le challenge pour les participants, ça va être d’essayer de concocter quelque chose de nouveau. Evidemment, ils ont droit aux épices communes, et on leur fournit presque tout ce qu’ils pourraient demander pour aider à la préparation. Ça va être vraiment intéressant ! En temps normal, j’aurais été là pour l’inauguration, avec mon équipe, mais ç’aurait été dommage que vous ratiez ça par manque d’accompagnateur ! J’aurais bien aimé faire parti du jury aussi, il va y avoir plein de bonnes choses à goûter ! Non, en fait, j’aurais voulu participer – je me débrouille pas si mal en popotte, vous savez ?! Si, c’est vrai ! Bon, vous verrez quand on rentrera à Bapshel, je vous ferai une de mes recettes. Ah ! On arrive : restez près de moi, et si on vous propose des pommes d’amour, vous n’y touchez pas, sauf si j’ai une autorisation de vos parents. C’est la Directrice qui l’a dit, pas moi, pas ma faute ! En avant ! »

Alors même qu’elle posait enfin un pied sur la place, toute l’équipe C des Puff-puff Gueurles se préparant pour leur représentation s’arrêta et vint saluer leur cheffe d’équipe à grand renfort d’accolades et de baisers, ce qui s’avéra bien plus éprouvant pour les élèves que la vue d’un bordel.

900 mots
Explications

Yo! Tout est dans le dialogue de Jil, c'est une épreuve où on va vous fournir les aliments typiques des Côtes de Maübee (tout ce qui vient des cultures du Cœur Vert, du Plateau, du Lagon, d'Avalon elle-même), ainsi que basiquement tout ce dont vous pourriez rêver pour faire la cuisine (les ustensiles, le matériel, les épices, etc.), et avec tout ça, vous devez concocter un plat original. Il n'y a pas vraiment d'astuce ou de motivation cachée, les Vincidi on décidé que vu les autres épreuves, se détendre un peu ne ferai de mal à personne.

La compétition a lieu dans les Quartiers des Sommets à Avalon, sur la Place du Rift (je vous laisse aller jeter un œil à description), en plein air. Tous les participants passent en même temps, et vous avez jusqu'au coucher du soleil pour rendre votre plat. Il y a quand même des contrôles pour vérifier que vous défoncez pas les autres participants, donc Démons et Sorciers, il va falloir la jouer fair pour une fois ! :D

Petite particularité de cette Coupe des Nations : Elle est ouverte au public (notamment aux Déchus, et aux élèves de Basphel qui accompagnent Jil) qui voudraient être spectateur de l'affrontement qui se fait en plein air. C'est important alors faites-y attention : les participants devront utiliser ce codage pour poster (voir ci-dessous), et les "visiteurs" devront utiliser leur codage habituel / un codage simple si votre codage habituel c'est déjà celui des événements.

Code:
<center><div class="regcode">[img]https://i.servimg.com/u/f50/18/11/29/64/monstr10.jpg[/img]
[right][size=10][i]Phantom Monster[/i] par [url=https://www.artstation.com/artwork/r0d35]Richard Wright[/url][/size][/right]
[justify]<blockquote> <div class="titrerace">La Guerre du Goût</div>

VOTRE RP A METTRE ICI (et pensez à supprimer cette ligne, sinon ça n'a aucun sens)

[right][size=10]0000 mots[/size][/right]
</blockquote>[/justify]
</div></center>

Durée du RP : Vous avez jusqu'au 01/07/2020, un mois !
Longueur du message : Entre 720 et 2880 mots.

Bonne écriture !



[Coupe des Nations Déchue] - La Guerre du Goût 3TFZNQ
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Mer 03 Juin 2020, 21:34

[Coupe des Nations Déchue] - La Guerre du Goût Monstr10
Phantom Monster par Richard Wright
La Guerre du Goût


La Coupe des Nations ; une opportunité rarissime — quoique pas tant puisque annuelle — pour qui souhaitait à minima gagner en visibilité et se servir d’elle comme d’un tremplin dans d’autres disciplines. Assurément, le message qu’on désirait passer dépendait considérablement de l’épreuve en question, détail pour lequel ne s’était pas du tout renseigné le renard doré avant de pérégriner à Avalon. Les Déchus étaient assez fourbes pour manigancer n’importe quoi, c’est pourquoi il s’attendait à presque tout venant de leur part. Après tout, des cellules d’Anges coulaient dans leurs veines, ce qui était loin d’être anodin et les rendait d’autant plus suspicieux. Quoiqu’il en soit, c’est en avance et sans pression particulière qu’il s’aventura dans la rue principale, ceci afin de se préparer psychologiquement à ce qui allait suivre. En passant dans cette formation architecturale pour le moins singulière, Deccio s’arrêta à un stand — même s’il n’avait pas un radis — pour faire quelques emplettes ; notamment en s’enquérant de quelques champignons hallucinogènes qui paraissaient forts succulents. Les achats effectifs, il emprunta les escaliers et les ponts qui menaient à la vertigineuse Place du Rift, là où se déroulait le Grand Concours. Le panorama était immensément jouissif pour les mirettes, offrant une vue globale au Continent Naturel à qui aimait se délecter de l’écosystème local. Ou orchestrer une éventuelle déforestation. Au choix.

Après cette minute de contemplation, il s’avança au centre du territoire, où le grabuge était le plus relevé. Quelle ne fut pas sa surprise lorsqu’il vit les dizaines de stands implémentés sur le marché. Des ustensiles et des ingrédients en tous genres étant posés sur ces derniers, la révélation ne fit qu’un tour dans sa tête : l’épreuve consistait donc à se foutre sur la gueule à coups de couteaux et de projectiles comestibles. Manifestement un jeu taillé pour lui et sa précision approximative. Ou pas. Puisqu’après réflexion et une aide fortuite provenant de la formulation des consignes, le Démon capta enfin la troublante véracité. Un concours de cuisine. Rien de plus, rien de moins. Qu’il en soit ainsi dans ce cas ! Ce duel biscornu n’amoindrirait pas sa détermination prolifique. Dépossédé de ses accessoires quotidiens, il se contenterait par la présente à pourfendre ses adversaires avec le poireau astral et assommer la vigilance des juges avec les saintes tomates. Le palais divin n’avait qu’à bien se tenir, car il devra indiscutablement tourner sa langue sept fois dans sa poche pour associer tous les goûts à son projet créatif. Certes, toutes ces allégations étaient bien belles, mais encore fallait-il insuffler la vie à toutes les idées qui lui bousculaient les méninges. L’un des participants hauts comme trois pommes et attribué au poste adjacent — bien sympathique au demeurant — lui souhaita bonne chance. Une attitude fair-play qu’il apprécia largement et qu’il devait retourner avec la plus cordiale politesse. « Hé hé. Ouais. Va niquer ta mère. » La courtoisie supportait plusieurs visages selon les origines ethniques. Pas de quoi tuer une guêpe avec du vinaigre. Et puis c’était avant tout un moyen de briser la glace en gardant la banane. Au moins, il ne casserait du sucre sur le dos de personne, sauf si une insulte raciste démangeait ses lèvres. Auquel cas elle débarquerait comme un cheveu sur la soupe.

Enfin bon. Pour mettre au point sa recette, il devait d’abord la visualiser en dessinant un petit schéma récapitulatif. Il sortit un calepin de sa poche et crayonna quelque chose à l’intérieur, il faut le reconnaître, avec des traits assez irréguliers et dont la finalité semblait provenir d’une planète lointaine. Ou d’un autre espace-temps. Deccio avait deux passions dans la vie, les enquêtes et les renards. Et aussi les poulpes. Mais tout le monde aimait les céphalopodes, avec leurs mignons tentacules, donc ça ne comptait pas. Marier ces deux éléments pour composer un plat unique aurait pu s’avérer être une piste intéressante, sauf que c’était irréalisable en l’état. De plus, il opta dans un premier temps pour un dessert, car le sucre était plus à même d’évoquer sa profonde gourmandise. Sauf que... Oh. Mais un nouveau concept mêlant art culinaire et graphique vint soudainement se soumettre à lui. En effet, puisqu’il représentait les Démons, il lui fallait concevoir une ode à son espèce, quelque chose de vigoureux et percutant en bouche, qui pétillerait avec le même émerveillement que lorsqu’on découvre un arc-en-ciel pour la première fois sous une pluie battante. Oui, c’est exactement cette émotion qu’il voulait transmettre, en réunissant toutes les saveurs en un seul service. Désormais, place à la pratique en laissant ses mimines de diablotin préparer ce qui avait le potentiel de devenir une référence en matière de gastronomie. Le truc, c’est que pour commencer quoique ce soit, il devait mettre la main sur les instruments adéquates. Et ensuite les ingrédients correspondants. Il connaissait la fonction d’une fourchette, d’un couteau et d’une cuillère. Même qu’il était capable de les distinguer sans difficulté, ce qui était plutôt un bon point de départ. Un peu — beaucoup — guidé par l'intervention providentielle et le dieu de la croustillance, le renard piocha avec incertitude dans le matériel à sa disposition. « Hm. Tiens, ce truc me rappelle une soirée bestiale dans les sources thermales des terres arides. Et ce machin… j’en ai déjà vu dans des endroits bien plus étroits lors d’un rite sacrificiel. » Ce n’était pas pour jeter de l’huile sur le feu, mais au vu du déséquilibre mental des citoyens de ce royaume, il ne serait pas surpris d’apprendre que ces engins étaient employés dans d’autres activités beaucoup plus hermétiques et intimistes. Cela étant, qu’importe où ces derniers avaient traînés. Du moment qu’ils apportaient une nuance de sapidité supplémentaire à sa cuisine, c’était l’essentiel.

Toutefois, pour ENFIN débuter sa préparation, Deccio s’empara d’une multitude de légumes, aux couleurs et saveurs plutôt disparates : radis, agrumes et vinaigre pour la pointe d’acidité, oignons, algues et ciboulettes pour le salé. Dans un premier temps, il les découpa en plusieurs morceaux ; en petits, en gros, en cubes, en longueurs, en se coupant par intermittences. Évidemment, aucune de toutes ces formes n’était volontaire. Son couteau s’exprimait telle une entité autonome, encouragée par l’esprit éteint du souverain des pommes, qui on le rappelle contient de la pectine. Cette lame en inox s’abattait sur son plan de travail à l'instar de son sabre accueillant le cou de ses victimes ; de façon maladroite. Avant de les structurer dans son plateau, le Démon goûta chacune des denrées, car quand bien même il ignorait le nom de la plupart d’entre elles, ses papilles elles demeuraient d’excellents indicateurs. Il fit ça pour chaque famille d’aliments avec un ordre bien défini ; des légumineuses et des écorces pour le côté astringent, des légumes feuillus et des racines pour l’amertume, des céréales, des poissons du Lagon et du fromage de Weltpuff pour le sucré, des piments forts et des épices comme le cumin et le raifort pour le piquant. Il composa une couche pour chacune d’entre elles, plus ou moins épaisses selon le bon vouloir de son créateur. Toutefois, pour éviter d’écœurer ceux qui auraient l’audace de déguster, Deccio devait penser à un moyen d’atténuer les saveurs concentrées de tous ces éléments hétérogènes. Se frottant le menton pour tenter d’y voir plus clair, le malin jeta un œil aux divers morceaux de viande à disposition. Sans doute du bicorne ou du cerfeuil, entre autres mammifères moins répandus. Le problème, c’est que le gibier était plus ou moins délicat à préparer selon sa nature, les conditions de vie de la bête ainsi que la qualité de son habitat. Le stress pouvait également engendrer bien des complications, et c’était sans compter sur son manque d’expérience pour s’abstenir de s’attaquer à des produits qu’il méconnaissait de A à Z. Autant ne pas marcher sur des œufs tout de suite.

Tournant la tête pour scruter brièvement le plan des autres participants, et plus particulièrement celui de son voisin de gauche, le Démon fut immédiatement attiré par la beauté de sa conception, mais aussi de par les effluves qui se confondaient à l’air pour venir s’infiltrer dans ses narines. Réflexe primaire d’un homme doublé d’un mauvais joueur, il attrapa sereinement une immense pièce de viande dans le but de fracasser le crâne de son concurrent. Mais il se ravisa très vite en voyant les yeux espiègles des surveillants qui épiaient la moindre faute pour abattre le carton de la disqualification. Pas question de ruiner tous ses efforts à ce stade de la compétition. Un sourire hypocrite, et c’était reparti de plus belle. « Jure sur ma vie que je vais cramer toute ta famille toi. T’attends rien pour perdre. » Cela ne résolvait pas son équation. Au contraire, il avait maintenant envie de casser des dents en dépit de la concentration qu’il avait réussi à entretenir durant tout ce temps. Ce n’était pas le moment de pédaler dans la choucroute, d’autant que le temps imparti filait à toute vitesse. Ainsi, en toute logique et pour retrouver le goût de l’inspiration, le goût de la vie quelque part, Deccio s’autorisa une petite pause en se servant dans sa réserve pour avaler quelques douceurs régénératrices. Chargé à bloc, il consomma une quantité incroyable de calories en un temps record. Puis il reprit de plus belle en y ajoutant un zeste de cette chose. Et un morceau de ce flanc, fort en arôme. L’ardeur de cet alcool donnerait également un coup de tonnerre à son alchimie. Et puis mettre de l’eau dans son vin — ou du vin dans sa mixture en l’occurrence — lui paraissait tout aussi cohérent.

Et pour couronner le tout, il se servit de son achat précédent pour finaliser sa création, en recouvrant tous les aliments par tranches de champignons hallucinogènes. De quoi apporter le septième et dernier processus de son invention qu’il décida de nommer : Les sept coups vicieux du Diable, version calamité. Car nul doute que celui qui goûtera à ça aura la chance de faire un voyage express et sans frais dans les abysses de l’Enfer. Éclairé alors par la sérénité de la cuisson parfaite, il enfourna l’ensemble dans les ouvrages dédiés, persuadé d’avoir compris son fonctionnement. Enfin, ça, c’était la théorie. La réalité se révélait plus cruelle étant donné qu’il y allait à l’aveugle, chauffant sa création en se fiant uniquement à l’envergure de son esthétisme. En observant la conclusion de son œuvre, Deccio lui-même redoutait de devoir avaler une portion de cette… chose. Finalement, c’était peut-être à ça que s’apparentait le plus la mort. Afin de le rehausser de l’ultime ornementation, il planta une bouteille vide à l’envers dessus. Voilà. Il n’avait plus qu’à symboliser cet élan fantaisiste comme étant la queue frétillante des Démons. « À votre service ! » Déclama le démon en écorchant un pan de son uniforme et en la maintenant au-dessus de sa tête, le poing fermé, dévoilant accidentellement une partie de ses tétons dans l’euphorie. Une inspiration littéraire pour signaler qu’il avait terminé. Restait à savoir si la dégustation allait tourner au vinaigre. Même s’il l’avait souhaité de tout son cœur, il n’aurait pas fait mieux pour éteindre une race entière par le biais de la cuisine. Dommage qu’on prohibait le poison. C'était nul.

1800 mots
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Kyra Lemingway
~ Déchu ~ Niveau III ~

~ Déchu ~ Niveau III ~
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◈ Activité : Tenancière (rang I) ; Négociatrice (rang I) ; Reine du monde des contes à mi-temps
Kyra Lemingway
Jeu 11 Juin 2020, 11:20

[Coupe des Nations Déchue] - La Guerre du Goût Monstr10
Phantom Monster par Richard Wright
La Guerre du Goût


Maximilien relisait la missive avec attention, son esprit vacillant entre questionnement et amusement. Non pas qu'il doute que le message soit arrivé à la bonne personne, après tout, son nom était inscrit en toute lettre dessus. Non, en fait, il se demandait plutôt s'il s'agissait d'un étrange hasard ou d'une curieuse farce. Qu’il soit désigné représentant du peuple des Enfants de Sympan pour la Coupe des Nations ne l'étonnait pas tant, au vu des récents événements. Il était d'ailleurs ravi que ce ne soit arrivé que maintenant. Mais qu’il le soit pour le représenter au sein des Anges Noirs, là était ce qui était cocasse. Peut-être était-ce d'ailleurs la raison pour laquelle il n'avait pas été désigné plus tôt. Les dieux avaient beaucoup d'humour décidément. Un humour auquel l'Obstiné avait cependant beaucoup de mal à adhérer. « C'est les Déchus. Après ce qu'il s'est passé chez les Sorciers, ça ne peut que paraître gentils. Sauf si en fait se sont de vrais psychopathes cachés sous des airs d'Anges, évidemment. » - « C'est pas vraiment à l'épreuve que je pensais. C'est juste... ». Il marqua un temps avant de laisser échapper un soupir. « Avant, je me disais que ma vie était une tragédie. Je me rends compte que c’est une comédie. » - « Comment ça ? ». Le Kaahi ne répondit pas immédiatement. « Nan, rien. Laisse tomber. Ça n'a aucune importance. On en parlera plus tard au pire. Là y a plus important. Je vais prévenir Luam. » - « Comme tu l'sens. Et pendant que tu vas voir cette sociopathe, moi je prépare nos affaires. ». Maximilien, qui s'était déjà éloigné de plusieurs pas, se tourna vers son ami, l'air interrogatif. « Nos ? » - « Hé, mec ! Tu crois sérieusement que je vais rester à suer ici en sachant que tu pars profiter de la cité des plaisirs ? », rétorqua Raa'd presque outré de la réaction du rouquin. Un instant, ce dernier le fixa, immobile, l'incompréhension se lisant dans son regard. « Tu as bien compris au moins que, si j'y allais, c'était pas pour me faire dorer mes vingt-et-un doigts au soleil ? », fit-il enfin après quelques secondes. « Bien sûr, et tu connais le dicton. Après l'effort, le réconfort. Et j'te connais mieux que tu l'crois comme y a pas besoin d'être allé à Avalon pour savoir que les moyens de trouver le réconfort sont larges. », conclut le tailleur de pierre en tournant les talons pour rejoindre la case. Un large sourire se dessinai sur les lèvres de Maximilien, amusé par le comportement de son ami, tandis que lui aussi reprit sa route.

Devant son plan de travail, le rouquin détaillai d'un regard méfiant chacun des éléments d'un œil dubitatif à la recherche de la supercherie. Puis, tandis qu’on leurs expliqua l’épreuve, il resta un instant pantois et fasciné devant l'absurdité de la situation. Ce fut presque s'il dût retenir un rire. Un défi culinaire ? Rien de plus ni de moins ? Vraiment ? Ça semblait tellement invraisemblable. Depuis le début de la Coupe des Nations, on contait ces épreuves implacables, voir immorales, comme celle qui eut lieu chez les Mages Noirs, qu’avaient dû subir les différents Isemssith, parfois au péril de leur vie. Lui-même, de son côté, n’avait pas été en reste tandis qu’il s’était éberlué à courir le monde alors qu'Isemli se dessinait dans le ciel. Il s’était donc attendu à tout et au pire en rejoignant les Côtes de Maübee. Mais sûrement pas à ça. Il en tirait au moins un point positif. Toute la pression qu'il s'était mise sur le dos s'était soudainement estompée. A moins que les Déchus ne mettent à mort ceux faisant honte à la gastronomie, il n'avait pas grand chose à craindre de cette épreuve sinon se couper ou se brûler avec les ustensiles. Qui plus est, sérieusement, ce n'était même plus du hasard là. Il y avait des souvenirs qu'il avait décidé de refouler, et elle en faisait partie. Pourtant, depuis l'annonce de sa participation, c'était comme-ci le monde entier lui intimait que ce n'était pas même envisageable. Un rictus cynique se dessinait sur les lèvres du rouquin comme il balayait rapidement des yeux l'assemblée de badaud, toujours plus nombreuse. Elle était forcément présente. Surtout pour un tel concours. Il ne fallait pas se leurrer. La détente pouvait être le maître mot, cette épreuve représentait l'une des essences qui faisait leur être. Son péché était la Gourmandise. Celui qui, par ce curieux hasard qui le poursuivait, était à l'honneur aujourd'hui. Le regard du Kaahi quitta la foule pour se poser sur les différents participants. Tous visibles et abordables, il y avait possibilité de s’inspirer sans la moindre gène de leurs idées. Heureusement que les Vincidi avaient précisés d’être bon joueur. Il voyait déjà les représentants Maléfiques jouer des coups en traître pour s’octroyer une victoire facile. Cette règle leur ferait les pieds à ceux-là. Enfin, il vint porter son attention sur la réserve de nourriture. Il ne connaissait pas la moitié des ingrédients qui s’y trouvait. Il allait devoir y aller en totale improvisation, sinon se limiter au minimum de ce qui lui parlait et alors, oui, il allait tout de même devoir être très inventif ou cherchait loin dans ce qu'il avait pu apprendre. Finalement, là serait la principale difficulté de cette épreuve.

Maximilien n’était pas cuisinier. Oh, il n'était pas cancre non-plus. Il fallait bien se nourrir dans la vie, aussi l'apprentissage culinaire avait rapidement été devenu une nécessitée. Mais créer de nouvelles recettes, ou les arranger, ça, ce n’était pas son taf. Ce qu'il travaillait était voué à durer et traverser les âges, pas à disparaître dans l'heure qui suivait dans l'estomac d'un autre. La tâche allait être ardue. Aussi décida-t-il de voir les choses par étape et, d'abord, se décider sur ce qu’il pourrait cuisiner. Il élimina d’office tout produits pouvant provenir des océans. Il n'avait pas la moindre idée de la façon dont ces choses se cuisinaient, alors autant ne pas y toucher avant de causer une indigestion à qui que ce soit. Ce serait assez triste à voir. Il songea un instant au gibier. Ça, il connaissait, même plutôt bien. Mais il oublia tout aussi rapidement. Il n’aurait jamais le temps de préparer quoi que ce soit à partir de cette viande. Partir sur des bêtes plus communes alors, sinon des plats uniquement à base de fruits et légumes ? Il n'imagina même pas un instant se lancer dans la préparation d'un dessert. Il avait peut-être un minimum de connaissances culinaires, mais s’il devait se risquer à jouer les Chefs, ce ne serait sûrement pas avec ces sucreries qui sont un véritable coup de poker quand on n’en a pas la maîtrise. Il n’avait pas la maîtrise.

Tendant la main pour attraper une mine, le Kaahi tourna légèrement le visage à la remarque de l'un des concurrents. Lui faisait parti de ces êtres qui auraient surinés sans états d'âmes ceux capable de le surpasser, ça lui semblait évident. Reportant son attention sur son poste, Maximilien exhala un souffle et commença à griffer sur le bois de la table les potentiels ingrédients utilisables et les façons de faire qui lui semblait le plus logique, et surtout  le plus réalisable. En d'autres termes, le plus simple. Ce fut presque s'il n'allait pas se mettre à croquer ce qui lui passait par la tête. Il failli. Les habitudes ont la vie dure. Pourtant, c'est ce qui lui donna une idée. Il se souvenait d'une conversation qu'il avait eu avec Mehreen lorsqu'il lui avait demandé pourquoi elle ne cuisinait qu'à la vapeur. La viande et les aliments étaient bien plus tendre et gardaient mieux leur saveur, ce qui n'était pas forcément le cas du brasero, et encore moins du boucan, lui avait-elle répondu. Le rouquin revit alors ses plans depuis le début et se saisit de quelques bûches qu'il balança lestement dans le four avant de lancer leur combustion. Délaissant le feu, il récupéra une large marmite de terre cuite qu'il posa sur le plan de travail sans ménagement avant de s'en aller chercher les ingrédients dont il avait besoin, à savoir, de quoi faire une marinade, et une pièce de gibier. Car finalement, ce pourrait être possible avec un jeune bestiaux et un bon morceau. Il n'allait pas le parier non-plus, mais au moins il aurai essayé. C'est toujours mieux que de finir les mains vides. Se saisissant d'un couteau, il jetai à l'intérieur de l'huguenote devant contenir la marinade les produits grossièrement coupé un à un - après tout c'était pas comme s'il avait besoin de bien présenter ça - et assaisonnements. Enfin, poussant nonchalamment l'ustensile, il commença à découper la pièce de viande en cubes d'à peu près même taille pour les mettre à leur tour à baigner. Finalement, à s'être lancé dans cette préparation, il commençait presque à oublier qu'il participait à une épreuve de Coupe des Nations.

Laissant la viande dans son coin, Maximilien s'apprêtait à reposer le couteau où il l'avait trouvé avant de marquer un temps, ses prunelles glissant rapidement sur le côté à la remarque de ce même individu qu'il avait entendu plus tôt. Comme il fit claquer sa langue sur son palais, il fit tourner le manche rapidement dans sa main avant de venir planter, d'un geste sec, l'ustensile dans le bois de la table, se foutant éperdument d'abîmer le matériel, évacuant seulement toute l'amertume que ce type pouvait éveiller en lui. Le son des bûches qui craquaient dans le four parvenant aux oreilles de l'Obstiné le ramena à son objectif initial : la compétition. Il alla donc récupérer un panier  en bambou et joua avec celui-ci, le faisant tourner entre ses mains, tandis qu'il réfléchissait à ce qui pourrait en couvrir le fond sans empêcher la cuisson, mais qui serait capable de maintenir les épais morceaux de viande. Il n'avait pas songé à ce détail plus tôt. Il aurait peut-être dû. S'appuyant contre la table, ses prunelles parcoururent la totalité de ce qui leur était permit d'utiliser. Puis il leva les yeux au ciel, observant le parcours du soleil. Il devait se dépêcher. Il avait beau se croire comme à la maison - avec un peu plus d'ambiance, certes - il n'avait pas la journée pour choisir. Son regard fut attiré par la troupe de... Qu'était-ce exactement que ces femmes ? Des danseuses ? Des gymnastes ? Un nouveau craquement détourna l'attention du rouquin de la troupe, la reportant en direction du four. Il devrait avoir assez de braises normalement à présent, sinon ça ne devrait trop tarder.

Tandis qu'il relevait ses prunelles, ses iris rencontrèrent un panier de raisins frais. Soit. Il utiliserai ça. Des feuilles de vignes. Ça irait très bien ! Il l'espérait. Il n'avait pas la moindre idée de la façon dont ces feuilles réagissaient à la vapeur. Sinon il mettrait plusieurs couches, pour assurer ses arrières. Il délaissa, pour ne pas dire jeta, le panier sur le plan de travail et en récupéra quelques unes qu'il étala au fond de celui-ci avant de récupérer les morceaux de viande qu'il disposa à l'intérieur. Puis, refermant le panier, il l'installa au-dessus de la marmite sous laquelle il glissa les braises encore chaudes du four. Maintenant, il n'avait qu'à attendre. Il exhala un souffle comme il s'adossa à la table. Il avait du temps à tuer jusqu'à ce que ce soit prêt. Et entre l'étalage de la bouffe en libre-service et toute les odeurs qui se mélangeaient, il ne pouvait nier que cette affaire commençait à lui donner la dalle. Aussi récupéra-t-il de nouveau quelques braises qu'il calai sous le plateau du fourneau avant d'y installer un large pot de terre dont il rempli le fond d'eau. Après être allé chercher un bol de farine de maïs, le Kaahi versa doucement le contenu dans l'eau qui commençait à chauffer, puis en mélangea la mixture. On ne devrait pas lui en vouloir d'utiliser ça pour combler un appétit naissant. La cruchade était plus économe qu'une miche de pain, et plus facile encore à préparer. C'était pour ça d'ailleurs qu'il se  la cuisinait. Puis, lorsqu'elle se fut épaissi, il la versa dans une écuelle, le temps qu'elle refroidisse.

Une moitié de milhade entamée, un regard sur le plat à chauffer, le Kaahi arqua soudain un sourcil. Il avait failli oublier que l'objectif était de réinventer le plat. Comment allait-il s'y prendre, là était la question ? « Hum... ». Il pianota rapidement sur la table, réfléchissant à une idée, s'aidant des domaines qu'il connaissait, même s'ils n'avaient rien à voir avec le culinaire. Rien ne lui vint. C'était bien trop différent. Les outils et la matière qu'il travaillait n'avaient rien à voir. Demandez-lui de retravailler la table, là il saurait bien mieux se débrouiller que de jouer des fourneaux ! D'autant qu'il ne s'était jamais vraiment soucié de la présentation de ses plats. Tant que c'était bon, là était le plus important. Après un long moment de réflexion, il laissa échapper un soupir résigné comme il récupéra le couteau, toujours planté dans la table, pour découper l'autre moitié de sa cruchade en morceau qu'il disposa entre la viande déjà plus rosée que lorsqu'il venait de la sortir de son bain. En même temps il se posa la question : allait-elle rester telle quelle ou fondre sous l'effet de la chaleur pour retrouver sa consistance de base ? Cela faisait beaucoup d'interrogation depuis le début de l'épreuve. Comme quoi, lorsqu'il avait songé que l'improvisation serait de la partie, il ne s'était pas trompé. La seule chose qu'il sut à l'instant, c'est qu'il lui serait difficile de servir le plat individuellement. Tant pis. Ce n'en serai que plus convivial ! Jetant un dernier regard sur la préparation, il haussa des épaules avant de reposer le couvercle en attendant la fin de la cuisson. Ça manquait un peu de classe, il le savait. Il devait surement y avoir bien mieux à faire et tellement plus de possibilité. Inutile de le lui dire. Mais cuisinier n'était pas son taf. Les Aetheri auraient dû choisir quelqu'un d'autre s'ils désiraient quelque chose digne d'une oeuvre d'art.

2364 mots
Et maintenant je vais ouvrir un resto parce que Jil il m'a donné plein d'idée avec sa CdN /mur


La fête va enfin commencer, Sortez les bouteilles, fini les ennuis

Vive les pionniers, Les rebelles et les révoltés

 (:KYRA:)  :
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Priam & Freyja
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Priam & Freyja
Dim 14 Juin 2020, 22:07



Provenance inconnue

La guerre du goût

Réaction à la Coupe des Nations | Déchus | Priam & Laëth


RP précédents : Frappe-moi, accable-moi, mutile-moiSi tu peux conserver ton courage.
RP liés (pour ce message + celui pour la CDN) : Chasse aux Ur’WelluffsQuiproquo.


« La dernière fois que je suis venu ici, il y a eu cet énorme orage, là… » - « Avec les Ur’Welluffs ? » - « Ouais. » Il lui avait raconté cette histoire. Depuis, un Wëltpuff apparaissait de temps à autre. Zizou. Il préférait les vastes étendues où sa liberté pouvait s’exprimer pleinement, plutôt que le confort de l’étable. « Eh bah je suis bien contente qu’il fasse beau. Comme ça, on n’est pas obligés de s’entasser dans des endroits clos bourrés de Déchus. » Elle lui sourit. Elle plaisantait à moitié, Priam le savait. S’il n’avait pas insisté, elle ne serait sans doute pas venue. Les Réprouvés s’entendaient plutôt bien avec les Déchus, dont ils avaient une opinion assez favorable. En revanche, les relations entre les Pécheurs et les Anges étaient tendues et l’animosité palpable. Sa sœur s’en méfiait. Elle avait trop peur de perdre la pureté de ses ailes. « Tu savais que le soleil aurait un effet positif sur le désir ? Il aurait peut-être mieux valu pour nous qu’il fasse moche. » Il sourit, taquin. Laëth lui jeta une œillade désabusée, puis rétorqua, sur le ton de l’humour : « Mais ça met aussi de bonne humeur, alors les Colériques devraient être un peu moins énervés. » En réalité, chacun des Belegad restait prêt à activer le Sanctuaire d’Ahena à tout instant. « C’est vrai. On ne peut pas tout avoir, dans la vie. Et puis le sexe, c’est quand même mieux que de se faire tabasser. » - « Ah, oui, c’est vrai que depuis que le bicorne a défoncé la porte de l’étable, Monsieur sait de quoi il parle. » - « Roh, ça va. » râla-t-il en levant les yeux au ciel. « J’espère que t’es pas le père, sinon… » - « Mais nan, on l’a fait qu’une fois ! Ce serait vraiment mais vraiment pas de chance. C’est ce nutaar de Démon, c’est sûr. » Quoique l’idée le répugnât, il l’espérait profondément. Il n’avait pas du tout envie d’être père. Que faire si Za revenait dans six mois pour lui coller un gamin entre les bras ? Quel cauchemar. « Hum. C’est pas ce que le Prince Noir semblait penser. » - « On va pas croire une saloperie de Sorcier, quand même ? Et comment est-ce qu’il pourrait savoir ? Même Za ne peut pas être sûre ! Bref, de toute façon, on n’est pas là pour parler de ça. »

Ils avaient déjà eu cette discussion. Laëth avait reçu une lettre d’Elias Salvatore, qui lui demandait de féliciter son frère de sa part. Devant son visage blême puis fermé, elle n’avait guère mis longtemps à faire le lien et il avait été incapable de mentir. Il avait cru qu’elle allait l’étrangler, mais lorsqu’il avait commencé à lui expliquer les faits, il avait compris qu’elle préférait égorger la Réprouvée. Elle l’avait insultée de tous les noms, révoltée par son geste. Il avait eu beau prétexter que s’il n’avait pas été un Ange, ils auraient depuis longtemps fait l’amour, philtre d’amour ou non. La brune n’en avait pas démordu. Selon elle, Za aurait dû lui demander s’il était d’accord pour boire la potion, et à ce moment-là, il aurait dit non, afin d’éviter d’aller à l’Agbara. Comme elle semblait particulièrement pointilleuse sur la question du consentement, il n’avait pas plus protesté. Avec son flegme légendaire, il avait haussé les épaules en prétendant que ce qui était fait était fait, et qu’elle n’était certainement pas enceinte de lui. Si elle avait pu le savoir avec certitude, elle le lui aurait dit, non ? Il en doutait encore. Il y avait une chance, infime mais réelle, qu’elle portât son enfant. Cette idée l’angoissait : il préférait ne pas y penser.

Tandis que la jeune femme tendait une main curieuse vers des pommes d’amour, Priam lui tapa sur les doigts et dit en Zul’Dov : « Touche pas à ça, c’est aphrodisiaque. Manquerait plus que je doive te récupérer dans un bordel d’Avalon. Tsss, intenable. » Laëth, la bouche courbée en une forme outrée, s’apprêtait à répliquer, mais il fut plus rapide. Il repassa au Commun. « On va prendre deux barbes à papa à… une à la banane et une à la mangue, s’il vous plaît. » La transaction terminée, les deux Anges repartirent en goûtant les sucreries. « Il faudrait qu’on arrête de dire des conneries, ça va finir par être retranscrit dans l’un de leurs journaux. » lui chuchota sa cadette en avisant un attroupement de reporters, quelques pas plus loin. « Ce serait marrant, non ? » - « Oui, bien sûr, jusqu’à ce que vous organisiez une rencontre entre les Anges et les Magiciens et qu’ils s’amusent à étayer deux cent quarante-cinq rumeurs sur toi à partir de cette base. » Elle sourit. La rencontre entre son frère, Nalim et des officiels des Mages Blancs devait bientôt s’organiser, mais elle ne parlait pas que de cela. La reprise partielle de la Terre Blanche suscitait bien des espoirs, et le corps diplomatique des Immaculés se tournait progressivement vers leurs alliés Magiciens. Ils désiraient organiser des rencontres qui devaient, plus tard, amener à des négociations avec les Sorciers. Théoriquement, celles-ci se fonderaient sur une demande de restitution complète du territoire. Depuis le départ, Laëth savait qu’à terme la Terre Blanche devait revenir aux Vertueux. C’était le plan de Kaahl. « Ou jusqu’à ce qu’Isiode Yüerell te mette la main dessus et te fasse souffrir en entraînement pour expier tes péchés ? » Réputé pour sa droiture et sa discipline, peu de doute persistait quant à sa réaction si jamais sa Conscrite se dévoyait. « Par exemple. » Priam lui sourit franchement et elle lui renvoya son expression amusée. Elle allait mieux, et ce simple constat lui faisait plaisir. Ses plaies n’avaient pas disparu et sa peine non plus, mais le poids sur ses épaules s’était allégé. Elle riait, souriait et s’amusait avec plus de facilité. Il était certain que changer d’air lui faisait du bien, raison pour laquelle il avait tenu à ce qu’elle vînt.



Message unique – 1016 mots




[Coupe des Nations Déchue] - La Guerre du Goût 1628 :


[Coupe des Nations Déchue] - La Guerre du Goût 2289842337 :
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Priam & Freyja
Dim 14 Juin 2020, 22:23

[Coupe des Nations Déchue] - La Guerre du Goût Monstr10
Phantom Monster par Richard Wright
La Guerre du Goût



« Un concours de cuisine, hein ? » C’était surprenant ou, au moins, radicalement différent d’une chasse à l’homme organisée pour de jeunes Vampires. S’il avait souffert d’orgueil, le Belegad aurait pu en être vexé ; en réalité, il avait pris la nouvelle avec nonchalance. Quoiqu’un peu étonné de devoir participer à une seconde Coupe des Nations et inquiet, malgré tout, à l’idée de ce qui l’attendait, il avait finalement souri en entendant en quoi consistait l’épreuve. Il n’avait pas l’occasion de cuisiner souvent, cependant, c’était toujours des moments de détente. Il n’était pas stressé. « Fais gaffe à pas les exciter en lavant une aubergine ou un poireau… » souffla-t-elle en Zul’Dov. « Je croyais qu’on arrêtait les blagues graveleuses ? » La jeune femme esquissa une moue faussement contrite. « C’était trop tentant. Et puis personne n’a dû comprendre. » Un large sourire éclaira le visage de son frère. « Quelle petite maline. Dis, c’est avec ce genre de phrases que t’as séduit ton Magicien ? » Elle lui asséna un coup de coude. « Aïe ! » - « Tais-toi et va faire l’épreuve. Au moins, celle-là, tu t’en souviendras peut-être. » - « Ah ça, je m’en souviens, quand il s’agit de remuer le gigot*. » Elle lui claqua l’arrière du crâne, malgré son sourire. « Tiens-toi un peu. Tu vas finir par devoir rester ici. » - « Tout est sous contrôle, ne t’en fais pas. » affirma-t-il sans se départir de son sourire. « Te fais pas déchoir pendant que j’essaie de ne pas empoisonner les Vincidi. » Le regard noir suscité par le début de sa phrase s’estompa au profit d’une expression plus espiègle. « Si ça arrive, on s’enfuira. » Elle l’embrassa sur la joue puis s’éloigna.



Vêtu de son tablier, Priam observait les autres concurrents présents sur la Place du Rift. Il en reconnut certains avec surprise. « Pendrake ! » l’interpella-t-il en lui adressant un sourire et un grand geste de la main. Il se demanda si Laëth l’avait vu. Comme il la cherchait des yeux, il la repéra rapidement, au moment où son regard se posait sur le Réprouvé de Sceptelinôst. Une ombre passa sur ses iris clairs et il la vit croiser les bras pour s’étreindre doucement. Il aurait aimé pouvoir passer un bras autour de ses épaules. Leurs prunelles se croisèrent et il lui accorda un sourire rassurant. Elle lui en rendit un, plus timide, mais volontaire. Tout ira bien. Il acquiesça, puis reporta son attention sur son environnement proche. Il y avait aussi cet Humain, Élu d’Hel’dra, croisé une fois de plus au Bal des douze cycles lunaires. Maximilien Eraël. Les autres ne lui disaient, à première vue, rien. Il regarda, plus loin, la chorégraphie endiablée des célèbres Puff-Puff Gueurles. Il songea brièvement à Pétasse, ou Alya. Peut-être qu’elle était là, parmi les spectateurs.

L’Ange baissa les yeux sur le plan de travail, pensif. Il n’était pas mauvais, en cuisine. À Lumnaar’Yuvon, il avait souvent aidé ses parents aux fourneaux. Si, à l’époque, il manquait d’adresse, il n’était pas une catastrophe ambulante comme sa sœur. Avec le temps, il avait gagné en dextérité. Néanmoins, il se cantonnait souvent à des recettes basiques, hormis, parfois, avec Kagamiko. Comme il pensait à l’Orine, un fin sourire courba ses lèvres. Elle était plus douée que lui en pâtisserie, mais il pouvait tenter un dessert. Le fils de Réprouvés fouilla sa mémoire à la recherche de l’inspiration. Il se souvint de ce qu’il dégustait à Lumnaar’Yuvon, les jours de fêtes. Il passa en revue nombre de gâteaux, les différentes recettes de pain perdu, avant d’arrêter son choix sur les briinaak. En langage commun, c’était ce qui se rapprochait le plus des crêpes. La spécificité de celles de Bouton d’Or résidait dans le fait qu’on utilisait majoritairement des produits du terroir – du lait et du beurre de bicorne, des œufs de poule jaune, du miel à la place du sucre, et de la farine de blé. Le sel était importé. On les garnissait de miel ou de confiture, ou bien on plaçait – plus rarement – un morceau de chocolat à l’intérieur.

En étudiant les différents ingrédients, il parut évident au Petit Pigeon qu’il ne pourrait pas reproduire l’exacte même recette. Ce n’était, de toute façon, pas le but. Il attrapa la bouteille en verre étiquetée « lait de Wëltpuff ». Le beurre provenait du même animal. Cela ferait sans doute l’affaire. Il prit le paquet de farine, produite à partir de céréales du Cœur Vert, et en versa dans une balance métallique, jusqu’à atteindre la quantité désirée. Il procéda de la même façon pour le sucre, puis ajouta une pincée de sel, récolté sur les territoires marins. Il transféra le tout dans un saladier, où il creusa un puits à l’aide d’une spatule. Les œufs de poule, dorés, rejoignirent la poudre. Dans une poêle, il posa un carré de beurre de Wëltpuff. Après quelques secondes à chercher le fonctionnement du fourneau magique, il fit chauffer doucement la matière grasse. Usant d’un fouet, Priam entreprit de mélanger doucement la farine, le sucre, le sel et les œufs. Lorsque la pâte devint compacte et à peu près homogène, il versa le lait dans un doseur, avant de l’incorporer progressivement à la mixture. À mesure qu’il en ajoutait, la pâte se fluidifiait, dépourvue de grumeaux. Il attrapa la poêle et fit glisser le beurre fondu dans son saladier, avant de la reposer. Il mélangea. Le résultat final était liquide.

La partie la plus délicate débuta alors : il s’agissait de saisir une fine couche de pâte dans la poêle. L’Ange augmenta la température de la plaque de cuisson. Le reste de beurre permettrait que le fond n’accrochât pas. Le cuisinier en herbe rata plusieurs de ses premières préparations. C’était frustrant, mais il eut la sagesse de ne pas s’énerver. Persévérant, il recommença jusqu’à obtenir une première briinaak revisitée, légère et aérienne. Il la déposa délicatement dans une assiette et poursuivit son manège.

Lorsque la pile de crêpes fut assez épaisse, l’enfant de Réprouvés leva la tête vers le soleil. L’épreuve prendrait fin lorsqu’il se coucherait. Il avait encore du temps. Il aurait dû s’occuper de la garniture avant, mais n’y avait pas pensé. Le jeune homme héla l’un des organisateurs et lui demanda s’il pouvait lui trouver des fruits bien mûrs et une bassine à confiture. Comme il lui ramenait des pêches et l’ustensile espéré, il le remercia. Après les avoir fait bouillir, il les pela et les découpa en morceaux, mettant progressivement les noyaux de côté. Il les plaça dans la bassine et ajouta le sucre, puis mélangea jusqu’à ce que les fruits en fussent bien enrobés. Ensuite, il posa la bassine sur les fourneaux, réglés afin de chauffer doucement.

Durant les trente minutes nécessaires à la cuisson, il remua régulièrement, tout en réfléchissant à la tenue de son plat. Il décida de disposer les crêpes comme les pétales d’une fleur dans un large plat adapté et le fit. Lorsque la confiture fut prête, il la versa dans un petit bol qu’il plaça au centre de sa rosace. C’était terminé. Cependant, comme il eût été préférable que les pêches fussent plus froides, il s’assit et attendit jusqu’à ce que ce fût le cas. Pour s’occuper, il observa les autres concurrents, auxquels il n’avait pas du tout fait attention durant sa préparation. Certains avaient réalisé des chefs d’œuvre quand d’autres paraissaient dépassés par les événements. L’Aile Blanche baissa le regard sur son dessert. Toutes ces odeurs de nourriture lui donnaient faim. Il attrapa une de ses crêpes ratées et la mangea sans véritablement se soucier du goût. Seul l’avis des Vincidi comptait.

1278 mots
*remuer le gigot : ça veut dire faire l'amour, sisi.
Merci pour cette CDN (et les smileys après mon pseudo, ouaaaaaah) ! Bonne lecture, pis bonne écriture aux suivants nastae




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Typhon Gargantua
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Mar 16 Juin 2020, 18:55

[Coupe des Nations Déchue] - La Guerre du Goût Monstr10
Phantom Monster par Richard Wright
La Guerre du Goût


Dhavala atteignit le continent Naturel après une longue escapade en mer d’environ deux ans. Durant ces deux années, l’Eversha n’avait fait aucun usage de son pouvoir de téléportation au monde des portes par le halo de lumière. Il avait atteint sa destination par ses propres moyens et il en était fier. C’était peu dire, puisque le monde des portes avait plongé le changeur de forme au cœur de maints dangers. Il ne tenait donc pas particulièrement réitérée l’expérience. Dhavala voulait simplement retourner chez lui au Rocher au Clair de Lune.

Cela dit, l’Eversha avait débarqué à la ville d’Avalon, dans les côtes de Maübee. Le jeune homme était encore loin de sa destination, mais, disait-on, il y avait une route à partir d’Avalon, qui traversait les Terres d’émeraudes, jusqu’aux Terres du Lac Bleu, où des portails magiques permettaient aux voyageurs d’aller un peu partout.

Sitôt arrivé dans la cité des Déchus, Dhavala remarqua une publicité qui attira son attention. Une grande compétition, la Coupe des Nations déchue, aurait lieu d’ici quelques jours. Des représentants de toutes les races étaient recherchés pour s’affronter dans un défi culinaire. L’Eversha avait fait quelques progrès depuis que le Démon Gal’ulm lui avait enseigné les bases de la cuisine, mais Dhavala ne croyait pas avoir une réelle chance de remporter quoi que ce soit. C’était aux maîtres de représenter leur race dans ce genre de défi. Cela dit, la place des Evershas était vacante et le changeur de forme n’avait rien de mieux à faire, donc il s’inscrivit.

Certes, Dhavala voulait retourner chez lui au Rocher au Clair de Lune, mais après deux ans en mer, il était d’autant plus désireux de se dégourdir les jambes. Comprenant mal les instructions, qui n’étaient pas écrites en Grimwyn, l’Eversha ne réalisa pas que les ingrédients lui seraient fournis lors de la compétition. Trop hâtif d’enfin laisser libre cours à son Totem de grand félin, Dhavala décida d’aller chasser lui-même ses ingrédients dans les étendus sauvages de la région.

***

Lors des trois jours précédents la compétition, Dhavala arpenta les Côtes de Maübee, du haut de son Plateau, à son Cœur Vert, en passant par le Lagon, l’Eversha arpenta les régions sauvages et inhabitées pour obtenir les plus belles prises à présenter à la compétition. Après tout, il était chasseur et cuisinier et il représentait sa race tout entière. Dhavala se remémorait ce que son mentor lui disait. L’important, ce n’étaient pas les ingrédients, mais de les agencer et de les cuisiner d’une manière représentative de la culture du Rocher au Clair de Lune. Dhavala devait donc choisir des proies dignes de représenter la chasse sur le territoire des Evershas.

Après s’être renseigné auprès de pêcheurs locaux, Dhavala choisit un spécimen de poisson, une volaille et une sorte de cerf, abattu le matin de la compétition. L’Eversha avait bien sûr goûté à un autre spécimen de chacune de ces espèces, s’assurant de leur saveur, mais il avait jugé bon vérifier que ces espèces n’allaient pas offenser les juges d’une manière ou d’une autre. Au cours de ses voyages, le changeur de forme avait appris que tous n’avaient pas un estomac aussi solide que les Evershas. Certains étaient également réticents à manger de la viande. Ça ne semblait pas être le cas pour les Déchus.

Ses prises en main, ainsi qu’une quantité non négligeable de champignons et d’épices sauvages, Dhavala se mis en route pour ne pas arriver en retard à la compétition. Il avait donc jusqu’au zénith du midi pour apporter ses prises à Avalon s’il ne voulait pas être disqualifié pour absence. Heureusement, le changeur de forme avait bien calculé son temps.

L’Eversha en surprit plus d’un lorsqu’il se présenta, une heure à l’avance, qui plus est, à l’emplacement qui lui avait été désigné pour cuisiner. L’on ne s’attendait visiblement pas à ce que les concurrents apportent leurs propres ingrédients, puisqu’ils étaient fournis dans le cadre de la compétition. Après s’être donné tout ce mal pour trainer ces prises (plutôt lourde d’ailleurs) jusqu’à Avalon, Dhavala n’avait aucune intention de céder. Il avait chassé cette viande et il allait la cuisiner.

Après une vérification sommaire des ingrédients, pour s’assurer de leur qualité et de leur provenance, on laissa à l’Eversha le droit de compétitionner avec le fruit de sa chasse et de sa cueillette. Il n’y avait là rien qui puisse donner un quelconque avantage au changeur de forme par rapport à ses compétiteurs. L’on ne faisait pas plus frais comme ingrédient de cuisine, mais est-ce que l’effort en valait la peine ? Probablement pas. Seulement des ingrédients de qualité étaient sélectionnés pour être offerts aux participants. Que Dhavala soit en mesure d’acquérir par lui-même des ingrédients similaires témoignait de ses talents de chasseur. Impressionnant ? Certes. Utile ? Discutable.

***

Pour maximiser l’utilisation du temps à sa disposition, Dhavala prépara en tout premier une saumure, un mélange d’eau et de sel, pour y faire tremper son poisson une fois écaillé et vidé. Pendant le trempage, l’Eversha put se concentrer sur la volaille et la venaison de cerf. Le poisson serait fumé à chaud, la volaille rôtie et la venaison grillées sur un feu de bois.

La volaille était la plus simple à préparer. Elle était cuite au four à sec et sans farce, pendant que Dhavala s’occupait de griller uniformément sa venaison de cerf sur un feu. Cette volaille avait pour but d’être un accompagnement au poisson et au cerf, alors elle n’avait pas besoin d’être plus compliquée que nécessaire.

Au terme de trois heures de trempe, le poisson fut installé dans un fumoir à chaud, afin qu’il soit simultanément cuit et fumé. La sciure de bois, utilisée pour produire la fumée, avait été trempée dans du vin pour parfumer légèrement le poisson lors de sa cuisson. Avec la viande de cerf, c’était ce gros poisson qui allait trôner dans le plat préparé par l’Eversha.

Le temps filait et en milieu de compétition, Dhavala n’avait pas grand-chose de présentable. C’est à ce moment qu’il s’occupa de ses champignons et épices sauvages. Pendant que la viande finissait de cuir, le changeur de forme expérimenta avec les assaisonnements disponibles aux compétiteurs et des restes de viandes. L’Eversha en choisit une ou deux pour assaisonner légèrement la viande, sans pour autant masquer le goût.

Ses trois viandes de gibier cuites, assaisonnées et déposées sur un lit de champignon, Dhavala prépara une sauce au poivre pour accompagner la venaison grillée. Pas trop satisfait de sa viande de volaille, le cuisinier décida d’opter pour une brochette et du coup, ajouter des légumes grillés à son plat. Il coupa la volaille en bouchés, qu’il piqua à la broche en compagnie de champignons grillés et de piments de diverses couleurs, le tout accompagner d’une sauce au miel et à l’ail. Le poisson ayant été fumé et parfumé au vin, Dhavala choisit de le servir tel quel.

***

Il ne restait plus beaucoup de temps avant le coucher du soleil quand Dhavala finit d’embellir son plat. Il s’agissait d’énormes assiettes qui mettaient en évidence la viande issue de la chasse et de la pêche, sur un lit de plusieurs champignons sauvages et parsemés d’épices fraiches. Il y avait bien quelques légumes compris dans les brochettes de volaille, mais somme toute, il s’agissait d’un plat carnivore, à l’image du cuisinier qui le prépara.

Les portions étaient d’ailleurs particulièrement imposantes, entre deux et trois kilos chacune. Il faut dire que l’Eversha qui servait ces plats mesurait deux mètres de taille, pour 120 kilos de poids. L’on devinait facilement qu’il aurait aisément englouti une telle assiette. Un juge de taille moyenne, toutefois, risquait d’en avoir pour plus que son appétit.

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Mer 17 Juin 2020, 20:11

[Coupe des Nations Déchue] - La Guerre du Goût Monstr10
Phantom Monster par Richard Wright
La Guerre du Goût

Un nouveau corps s’ajoute à la foule de la Cité Déchue. S’y glisse sans attirer l’attention. Se laisse porter par la marée de gens qui se massent vers la Place du Rift. Une personne de grande taille, à la peau sombre et aux traits androgynes. Des cheveux noirs, lisses, qui vont se perdre dans le creux d’un dos droit aux épaules marquées. D’une démarche fluide, presque décousue, Circe se laisse mener par les autres. Se laisse mener par les Aetheri. Des enfants lâchent la main de leur parents, remontent le courant comme des saumons. Ils se glissent entre un Déchu et la sylphe. Ils devraient frôler son corps, effleurer de leurs bras sa tunique blanche. Il n’en est rien et ils ne le remarquent pas. La sylphe sent son habitacle frotter contre sa cuisse, dans une poche intérieure de son vêtement. Le tapote distraitement de la main droite. « Pas tout de suite. » Elle parle à voix haute, mais personne ne porte attention à elle. Elle demeure invisible, malgré sa stature, malgré sa voix. Cela changera bientôt.

Elle n’avait pas été surprise, lorsqu’elle avait été conviée à la Coupe des Nations. Une voix s’était imposée à elle alors qu’elle errait dans les forêts d’Opium, au-delà des ruines de Somnium. Une marche solitaire sous le couvert d’un ciel obscur. À l’orée de la forêt, elle avait croisé quelques-uns des siens, récoltant les précieuses fleurs pour la revente. L’une des silhouettes penchées au-dessus d’un bosquet lui avait rappelé celle de Jocasta. Quelque chose à propos de la manière dont sa peau reluisait dans la pénombre. Elle l’avait soigneusement évitée. S’était répété la phrase qui prenait peu à peu des airs de devise. « Pas tout de suite. » Un vent s’était levé, avait secoué les bulbes verdâtres qui s'étendaient autour d’elle. Le vent était devenu ricanement. Puis murmure. Puis invitation.

On lui avait donné une date et un lieu. On lui avait aussi laissé autre chose -- un orgueil nouveau qui s’était drapé sur ses épaules, une toison impalpable mais présente.  Un renouveau d’amour pour son soi. Malgré son statut de sylphe, elle avait de toute évidence déjà éveillé l’intérêt des Aetheri pour être désignée comme la représentante de tout un peuple. Ce moment au milieu des champs d’opium était la confirmation qu’elle était digne de ce rôle. N’avait-elle pas déjà réalisé la volonté du Mârid en jouant avec cette pauvre petite chose qui désirait la vengeance? Ne s’évertuait-elle pas de prouver aux mortels l’indispensabilité de son peuple, vérité qui leur avait toujours échappé?  Elle saurait donner visage à ceux qui en possèdent plusieurs, à ceux qui créent et détruisent le Rêve. Jocasta n’avait pas été choisie. Ni pour cette Coupe des Nations, ni pour les précédentes. Des deux femmes, seule Circe avait pu se prouver assez méritante pour obtenir le titre d’Issemssith. Une satisfaction qu’elle s’admettait à voix basse et qu'elle clamerait bientôt afin que tous l'entendent.

Son habitacle se trouvant déjà en Avalon, elle n’avait eu qu’à s’esquiver de la forêt soporifique pour ajouter ses pas à ceux des Ailes Noires.

Les yeux mordorés de son apparence actuelle finissent par s’arrêter sur une station inoccupée. Elle se détache de la foule pour y prendre place. Observe le plan de travail d’un air dubitatif. Une surface nette, propre, soignée. Des ustensiles de cuisine, des casseroles, un fourneau. Surtout, une orgie d’aliments  -- un arc-en ciel de couleurs, d’odeurs, de textures. Un chose feuillue et foncée qui en chevauche une autre, rouge et saillante, dégageant un léger parfum sucré. Elle arrive à distinguer de par leurs formes les fromages des fruits et des légumes, les viandes des produits de la mer. C’est à peu près tout. La nature exacte des denrées lui est complètement inconnue. Un claquement de langue. Elle ne comprend pas encore en quoi consiste l’épreuve. Elle n’aime pas ne pas comprendre. Un bref coup d’oeil vers ses compétiteurs. Certains triturent avec la nourriture, d’autres la hument. Quelques autres participants plus audacieux croquent ici et là dans les aliments leur ayant été fournis. Circe dévisage ces derniers plus ardemment. Son regard se teinte à la fois de dégoût et de fascination. Elle tente de se souvenir de ce que l’on ressent lorsque l’on goûte. N’y arrive pas.

Quelqu’un finit par formuler les instructions et l’objectif de l’épreuve. Le coup de départ est donné. Presque instantanément, les participants s’activent. Les poêlons se réchauffent; le beurre se met à fondre, l’eau commence à bouillir. La foule massée tout autour peut bientôt discerner les effluves chaudes et salées provenant de la station de l’un, puis celles âcres et mordantes émanant de la station d’un autre. La sueur de ceux s’épuisant au-dessus des fourneaux vient se mêler à cet étrange amalgame d’odeurs se répandant au creux de la Place du Rift.

Circe reste immobile. Les bras ballants. Les sourcils froncés.
Ses yeux balaient les lieux de gauche à droite. Puis de droite à gauche. Elle observe sans trop comprendre. Elle n’aime toujours pas ne pas comprendre.
Elle a été conviée à une épreuve à laquelle elle ne peut pas participer. À laquelle elle ne peut même pas prétendre participer. La réalité se présente à elle soudainement.  Elle chuchote la vérité de sa présence en elle même. Tente de la priver de son poids en se l’avouant.

Elle a été envoyée ici pour amuser les Aetheri. Rien de plus.

Elle comprend, maintenant, mais aurait peut-être préféré l’ignorance.

Une rage froide s’installe en elle. Prend la place du voile de fierté dans lequel elle s’était drapée, plus tôt. Les Aetheri se sont joués d’elle comme elle se joue chaque jour des mortels qui l'invoquent. Était-ce cela, la leçon? Y avait-il même une leçon?

Les mets de ses adversaires commencent à prendre forme. Les pâtisseries gagnent en hauteur et en couleurs. La viande grésille, se fait enduire de marinades et d’épices. Elle voit des couteaux qui scindent l’air, qui hachent, qui pèlent. Des mains qui pétrissent, déchirent, mélangent. Des bouches ouvertes, grandes ouvertes, qui goûtent et lèchent et mastiquent et avalent. Frénésie que le public observe, ne manquant pas un seul geste, l’oeil luisant et les lèvres humides. Une danse cruelle et sans fin qui la fait frémir de rage.

Elle se sent soudainement ridicule, prostrée ainsi, immobile, alors qu’autour d’elle les autres s’activent. Elle croise les bras sur sa poitrine pour se donner de la contenance.

On lui présente un carton et une plume pour qu’elle y inscrive le nom de sa création. Un air suffisant vers l’homme qui lui adresse la parole. « Vous pouvez ne rien y inscrire. » D’un bref mouvement de la main, il étale sur le papier la fureur de la sylphe en un simple symbole. ∅. Il s’éloigne.

Elle jette un coup d’oeil à sa droite. Elle y voit un compétiteur semblant surveiller la cuisson de quelque chose au four. Ses yeux traînent sur les mains de l’autre. La peau, les os, le muscle qu'elle devine en-dessous de cette chair qui se fait docile et palpable. Une nouvelle pointe de jalousie la prend à la gorge. Une grimace suffisante vient déformer ses traits. La sylphe hume l’air. Tente de percevoir les désirs de la personne qu’elle observe. Très faiblement, elle arrive à ressentir une certaine hargne. Un désir de gagner. Un dégoût pour l’échec. Dans des circonstances autres, c'est un sentiment avec lequel Circe peut empathiser. Sa colère l'empêche de faire le rapprochement entre son propre tempérament et celui de son adversaire. L’empêche de voir que ce sont peut-être ses propres états d'âme qu’elle a projetés sur l’autre, et non l’inverse.

Elle s’avance vers son adversaire. Feint de s’accouder sur son propre plan de travail et pose le menton sur sa paume. « Hé. » Un ton mielleux, une voix grave. « Désolée de vous déranger. Ça a l'air bon, ce que vous préparez. » Elle feint un air intéressé. « Vous êtes à l’aise derrière les fourneaux, de toute évidence. »

Elle marque une pause. « Dommage. Avec tous les efforts que vous faites, je me sens mal de le dire. J'ai vu un autre, là-bas, faire la même recette. Et en mieux, en plus. » Elle fronce les sourcils et agite le nez. « Cette odeur de brûlé, elle provient de votre fourneau? » Sa Magie Bleue vient perler au bout de sa langue alors que son Subtil Mensonge prend forme. Elle miroite une autre réalité devant les yeux de son adversaire. Tente de lui faire voir ce qu’elle veut qu’il perçoive. Elle fait mine de réprimer un gloussement. « Vraiment, si j’étais vous, j’abandonnerais. Vous vous faites honte. Et vous faites honte à votre peuple, aussi. » Elle continue d’écouler son venin. Espère qu’il est assez fort pour aller corrompre la pensée de son adversaire. « Les Aetheri ne vous ont invité que pour faire une blague. Vous le savez, n’est-ce pas? » La fureur est perceptible sous ses mots. Plus aucun effort pour dissimuler sa hargne. « Parce que eux, ils le savent tous. » Elle désigne la foule amassée d’un bref geste de la main. « Ils se moquent de vous. Vous entendez leurs murmures? » Elle se sent faiblir alors qu’elle tente d’imposer les murmures moqueurs de la foule à la conscience de l’autre. Ça ne lui fait rien. « Ils rient de vous. » Elle se met à ricaner, elle aussi. Plus elle déverse son venin sur l’autre, plus sa colère à elle diminue.

Circe n’est pas du genre qui aime couler seule. Elle en entraînera au moins un autre avec elle dans son naufrage.

Elle distingue un surveillant lui porter un oeil un peu plus attentif. Le perçoit esquisser un vague mouvement en sa direction.

Elle lui adresse un clin d’oeil.


1 620 mots.
Le ou la concurrent.e qu'elle embête, ça peut être vous ^^
Jil, j'ai gardé ambigu à savoir si elle se fait prendre et disqualifier ou non, donc tu fais ce que tu veux  [Coupe des Nations Déchue] - La Guerre du Goût 006

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Eerah
Æther des Bergers et des Wëltpuffs

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Eerah
Sam 20 Juin 2020, 00:24

« Combien de temps est-ce qu’on doit attendre ?
— Aussi longtemps qu’il faudra. J’ai pas négocié des semaines avec les Oxton pour qu’on se la joue Bambi et qu’on détale à l’Utopienne, cracha-t-il en même temps que son tabac.
— Je me les gèle, et le rendez-vous était pour le coucher du soleil.
— Il est couché non ?
— On va rater l’happy-hour chez Molly. »

Les docks d’Avalon n’étaient jamais vraiment silencieux. On y chargeait des navires commerciaux de bonne heure, on y chantait sa joie après une choppe tardive et parfois, on y baisait. Ce soir-là, le soir précédant la Coupe des Nations, les chants peinaient à couvrir le bruit des palans et les gémissements accentués d’une prostituée zélée. C’était une nuit de festivités et de préparations ; les marchants s’affairaient déjà à négocier les contrats du lendemain. William et Edeby Nash, en honnêtes contrebandiers, profitaient de l’arrivée d’un bateau Chaman pour faire passer un chargement de peaux. Toutefois, leur petite entreprise voyait à peine le jour, et investir le marché clandestin d’Avalon n’était pas quelque chose que l’on pouvait faire sans la bénédiction de l’une des familles qui se partageaient cet appétissant gâteau. Parmi eux, la famille Oxton avait la main mise sur les docks : tout ce qui entrait ou sortait illégalement par le Lagon portait le sceau familial, ou risquait de se voir confisqué, et son propriétaire corrigé. C’était ce soir qu’ils avaient réussi à prendre rendez-vous avec un de leurs représentants, et ce soir que leurs produits devaient arriver. La marge de manœuvre était nulle, et les négociations courues d’avance : Edeby, lui, l’avait compris. William n’adhérait pas à l’idée, ni n’appréciait pas que le fruit de leur labeur ne serve qu’à payer leur billet d’entrée. Son frère lui jetait de temps à autre un regard soucieux, craignant que l’acariâtreté de celui-ci ne leur coute davantage que quelques peaux de Bicorne. Malheureusement, il ne pouvait pas décemment l’empêcher d’assister à l’échange.

Ils se tenaient debout contre le mur en brique d’un des hangars depuis presque une heure quand ils virent approcher deux silhouettes coiffées de casquettes sombres. Ils arrivèrent depuis une allée, et sur leur passage, nombreux étaient les marins et les filles de joies qui s’écartaient d’un bref signe de tête. Edeby donna un léger coup de coude à son benjamin, et se redressa ; l’intéressé fit de même, avec une réticence visible. Les talons claquaient sur les pavés du quai, et l’espace d’un instant, il sembla qu’on entendait plus qu’eux. Quand ils se stoppèrent, le brouhaha repris ses droits. Les deux hommes les saluèrent en inclinant le couvre-chef, et William et son ainé firent de même. Le plus vieux portait le bouc et une moustache bien entretenue : il affichait un sourire affable, assuré, et fumait une cigarette du bout des lèvres. L’autre sortait à peine de l’adolescence : sa pilosité faciale était parcellaire, et il semblait vigilant et curieux. Il attira rapidement le regard des contrebandiers : son bras droit se terminait en un moignon au-dessus du coude. Il portait, à l’instar de son parent, une chemise de lin soigneusement boutonnée et passée dans un pantalon en coton, ainsi qu’un gilet sans manche. Quand Edeby releva les yeux de la difformité du jeune homme, il croisa son regard : clair et scrutateur. Le plus âgé initia la conversation :

« Messieurs. Désolé de vous avoir fait attendre, j’étais pris par des affaires urgentes. William Nash, nous n’avons pas encore été présentés : je suis Phillipe Oxton, et voici mon neveu, Samwise Oxton, ajouta-t-il en désignant l’intéressé, qui hocha la tête à nouveau.
— Enchanté. Encore merci pour votre temps, m’sieur Oxton.
— C’est normal, enfin. Il serait grossier de notre part, continua-t-il, de ne pas saluer en bonne et due forme de nouveaux collaborateurs.
— On pourrait p’tet parler affaire maintenant ? »

Le plus jeune des frères Nash s’était avancé, sans un regard pour Sam, mains dans les poches. Il avait le menton haut, et toisait leur interlocuteur avec un œil mauvais. Les joues d’Edeby prirent immédiatement une teinte de rouge, et il donna un coup sur le bras de son frère en grognant une insulte à voix basse. Phillipe l’interrompit d’un geste, sans se départir de son sourire commercial. Imperceptiblement, la main gauche de Sam s’était rapprochée de la poche arrière de son pantalon. Son oncle reprit :

« Vous avez raison. Ne perdons pas de temps, et allons au fait, avant de nous en retourner au pub. Cette Coupe des Nations est très bonne pour les affaires ; mais nos partenaires commerciaux ne sont pas tous responsables et honorables. Pour traiter avec des Chamans, ajouta-t-il, une assurance et une protection ne vous serons pas de trop. La Famille Oxton est bien entendue en mesure d’assurer ce rôle, en échange d’un pourcentage qui s’ajoutera à celui prévu par notre accord.
— Quoi ?! Non mais vous rigolez ! commença William, avant d’être coupé par son frère :
— Merci, m’sieur Oxton. Comme je vous le disais, on sera livré dans la nuit par la Guardienne. J’espérai pouvoir entreposer notre cargaison dans le hangar huit.
— Mais bien sûr, Edeby. Je prendrai les dispositions pour qu’on vous fournisse quelques bras supplémentaires pour le déchargement. Il y a-t-il autre chose ?
— Non, m’sieur, lâcha-t-il avant que Will ne réponde. Encore merci, m’sieur. »

Le temps sembla s’arrêter un court instant. Le plus jeune des frères Nash bouillait de rage, alors que son frère serrait les dents en priant tous les dieux pour qu’il puisse se maitriser ; Phillipe ne lui adressait pas un regard, tandis que Sam ne le quittait pas des yeux, attentif. La tension se dissipa alors qu’un feu d’artifice éclatait bruyamment au-dessus du Lagon.

« Je crois que la bière nous appelle. Je vous souhaite une bonne soirée ; Edeby, nous nous verrons demain pour signer le contrat. Samwise ?
— J’arrive, mon oncle. Bonne soirée, messieurs ! »

Ils s’éloignèrent sans se retourner, et peu de temps après, une dispute éclatait bruyamment entre les deux frères.
1000 mots.


[Coupe des Nations Déchue] - La Guerre du Goût GqzDWY

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Dim 21 Juin 2020, 13:46

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Perchée sur un ouvrage qu’elle avait eu toutes les peines du monde à amener à l’étage, la jeune femme promenait ses doigts sur un morceau d’étoffe. Cadeau de bienvenue de Severus, la taille impressionnante du livre trouvait son origine dans sa conception singulière. Véritable répertoire de ses travaux, il contenait une quantité invraisemblable de matière. Soigneusement annoté par son maître, le manuscrit détaillait les caractéristiques principales des fibres, et entre les pages se glissaient pour l’exemple des pièces de tissu. Réjouie de tenir un pareil trésor, elle s’était dédiée à l’apprentissage sitôt qu’il lui était parvenu. Défi de tous les instants, elle déchiffrait à grand-peine l’écriture du couturier. Son esprit tournait au ralenti. Lorsqu’il était question de travailler, sa faiblesse lui éclatait au visage ; elle voulait croire que la patience et la régularité de sa pratique suffiraient à l’en délivrer. Ses phalanges s’immobilisèrent sur de la soie. Elle avait cru comprendre que, malgré son prix élevé, on la privilégiait pour la confection des draps. Captivée par sa douceur, elle trouvait l’usage légitime. Absorbée par la tâche, elle n’entendit pas les marches de l’escalier grincer. « Est-ce que je peux te voler un instant ? J’ai une surprise pour toi. » Délaissant les explications du manuel, la blonde leva les yeux vers son hôte. Joliel se détournait rarement de son travail à une heure si fraîche, et l’air joyeux qui animait ses traits en disait long sur sa concentration. « Nous sortons. » Une cape sur les épaules, il ne lui laissa pas le temps de poser des questions. Il n'aimait pas perdre de temps.

Comme à chacune de ses promenades, Calanthe ne savait où donner de la tête. Fascinée par la composition singulière de la cité, elle s’attardait sur la structure des bâtiments, incapable de comprendre l’arrangement qui les faisait tenir. Perplexe, elle hoqueta lorsque Joliel la prit dans ses bras. Un son feutré parvint à ses oreilles. Avant qu’elle ne réalise ce qui se passait, elle s’élevait dans les airs. Le cœur battant, elle n’osait bouger. Allait-il lui faire ce dont il avait parlé dans sa lettre ? La décence aurait voulu qu’ils ne s’adonnent pas à ces activités à la vue de tous ; elle connaissait son penchant pour la décadence, et bien qu’elle imaginât la chose autrement, elle se sentait fébrile à l’idée qu’il succombe enfin. Malgré l’ébullition qui secouait ses sens, elle n’eut droit qu’au contact ferme destiné à lui éviter la chute. Dans l’attente de ses caresses, elle ne prêta pas attention au paysage qui défilait autour d’eux. Quelques instants plus tard, il la délivra délicatement de son étreinte en un lieu qu’elle n’avait pas encore visité. Décontenancée par la tournure des évènements, elle demeura immobile. La foule envahissait la place. « C’est la Coupe des Nations, aujourd’hui. J’ai pensé que tu aimerais y assister. » Quelque peu déçue par sa révélation, elle balbutia. Avoir entendu parler de l’événement autrefois ne l’empêchait pas d’être contrariée. Un parfum sillonna jusqu’à elle. Intriguée, elle en oublia vite son mécontentement. Détendue par la perspective d’un repas gourmand, un large sourire étira ses lèvres.

Sa recherche mena la Déchue à une manifestation à laquelle elle ne s’attendait pas. Soigneusement alignés, des stands voyaient des cuisiniers s’affairer. Un florilège de produits défilait entre leurs mains expertes. Réjouie par la vision des plats qui prenaient lentement forme, elle resta de longues minutes à contempler le manège des participants. La valse des couteaux disputait sa majesté au chatoiement des couleurs. « Est-ce que la Coupe des Nations est toujours aussi réjouissante ? » Dans ses souvenirs, l’événement tenait une place de choix dans les conversations ; elle ne se remémorait pourtant pas d’histoires festives à ce sujet. Cela étant, elle en ignorait beaucoup sur le monde, et l’information lui avait peut-être échappé. « Tout dépend de l’humeur de ceux qui organisent les épreuves. Mais il est rare de pouvoir y assister. » Consciente de la chance que représentait sa présence en ces lieux, elle sauta au cou de Joliel. Sur le côté, un individu assurait sur le spectacle. Un poisson gigantesque pendait à un crochet. D’un geste fluide, son sabre déchira aisément les écailles, révélant dans toute sa splendeur la chair du poisson. Respectueusement, il disposa une tranche luisante de fraîcheur sur un rectangle de riz. Plusieurs confections similaires attendaient leur tour. Entre les grains enneigés, elle distinguait des paillettes de la teinte des aiguilles d’un sapin. À les observer en détail, elle ressentit soudain l’envie irrépressible de les porter à ses lèvres. Une seule bouchée suffirait à lui faire découvrir le goût de l’océan ; elle en avait la certitude.

Malheureusement, le délice n’était pas promis au palais de la Déchue. Inquiet de l’attention soudaine qu’elle portait à la recette du candidat, Joliel lui prit la main pour l’emmener plus loin. Pour la distraire de son désir, il lui désigna les étals destinés aux visiteurs. Connaître ses caprices lui donnait l’avantage de pouvoir les prévenir, et il valait mieux qu’elle ne se fasse remarquer de la sorte. « Il n’y a pas que le jury qui puisse se régaler. Choisis quelque chose, je te l’offre. » Devant la profusion de marchandises disponibles, Calanthe manqua tourner de l’oeil. Tout lui faisait envie. Attirée par le teint rosé d’une pastèque, elle tendit la main vers l’une d’elles, avant de se raviser. Quel morceau était le meilleur ? Fallait-il se fier à l’intensité de la pulpe, ou à la quantité de graines qui s’y logeaient ? En y réfléchissant, la surface laiteuse d’un fromage lui mettait davantage l’eau à la bouche. Elle se ravisa une fois de plus, charmée par l’orange sulfureux d’un abricot. Insatisfaite de ne pouvoir choisir, elle ferma les yeux et laissa le hasard de sa main désigner son goûter. Fichée sur un bâtonnet, une pomme d’amour lui tendait les bras. Bien que sa trouvaille ne l’enthousiasmât pas plus que le reste, elle tendit une pièce pour le marchand. Insouciante, sa langue parcourut le rouge satiné en un mouvement circulaire. C’était agréablement sucré. Elle n'avait jamais rien goûté de tel. Attentif à la compétition, le brun ne réagit pas tout de suite à l’achat de sa protégée.

La joie contaminait en douceur les visiteurs. Accompagnées par la musique gaie des saltimbanques, les conversations allaient bon train. Entre les commentaires, quelques paris s’échangeaient sur l’identité du vainqueur. Décidée à découvrir ce que tramait chacun des participants, Calanthe croqua dans la confiserie sans y penser. Malgré la présence tapageuse de ses tatouages, une femme passait presque inaperçue. Une fumée violacée s’en dégagea. À en juger par sa mine déconfite, le résultat n’était pas celui qu’elle espérait. Un visage familier la fit sursauter. Ses pupilles s’attardèrent sur la silhouette de Sebastian. Surprise de le retrouver dans de telles circonstances, elle fit un pas en avant. De crainte de le déconcentrer, elle n’osa pas approcher davantage. Sa présence en ces lieux ajoutait une certaine crédibilité à son histoire. Elle éprouvait l’envie étrange d’aller l’embrasser. À dire vrai, elle avait terriblement chaud. Sans crier gare, Joliel lui arracha la friandise des mains. « Si tu manges ça, tu vas finir dans le même état que moi, et je n’ai pas envie que tu m’agresses. » Un éclair d’intelligence lui permit de comprendre le sens de ses propos. Agacée par son obstination à la rejeter, elle le gratifia d’une remarque acerbe. « Pourtant, tu dis oui à tout le monde. » Il ne pouvait pas dire qu’elle avait tort. Amusé de la situation, il lui caressa affectueusement la joue. « Ne sois pas jalouse. Je ne résisterais pas éternellement. » Avant que l’espoir ne lui donne de chaleureuses idées, il interpella un marchand et lui tendit une monstrueuse barbe à papa. « Goûte plutôt ça. » En silence, la blonde s’en empara, reportant son attention sur l’épreuve. Non loin de là, une candidate adressait de douloureuses paroles à l’un de ses concurrents. Une pointe de pitié chemina jusqu’à son coeur. Qu’on lui parle ainsi l’aurait probablement ramenée vers sa dépression, et elle en conçut une amertume envers l’inconnue. « Je me demande qui va gagner. » Le visage du brun s’éclaira d’un sourire : il était heureux d’avoir réussi à lui faire plaisir. En l’occurrence, il en connaissait un rayon à ce sujet. Puisque son péché ne le laissait jamais tranquille bien longtemps, il se mordit la lèvre inférieure. « Je me demande lequel des participants je vais mettre dans mon lit. » Exaspérée, Calanthe leva les yeux au ciel.

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Kyra Lemingway
~ Déchu ~ Niveau III ~

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Kyra Lemingway
Jeu 25 Juin 2020, 01:15




La Guerre du Goût


Cela faisait des semaines que la charge de travail était monstrueuse à L'Hameau Rouge à cause de la préparation à la Coupe des Nations, aussi Iivo nous avez donné quelques jours de congés, autant pour nous permettre de prendre un peu de repos que pour profiter des festivités offertes par l'événement.Un large sourire aux lèvres, je finissais de me préparer pour rejoindre l'appartement d'Oriane. J'avais une chance sur deux de la retrouver, elle ou Rajiv, en plein coït avec une personne quelconque, ou ensemble, et je le savais parfaitement. Mais à chaque fois c'était étrange. Elle me voyait comme une amie et j'essayais de lui envoyer la réciproque. Mais je l'avais vu grandir et j'avais encore du mal parfois à la voir comme une femme, c'est vrai. Quant à Rajiv c'était plus compliqué que ça encore. Quand on retrouve celui qui porte l'apparence trait pour trait de son frère avec une personne différente chaque fois, ou même avec cette fille que l'on voit parfois malgré soi comme une fillette, alors il y avait quelque chose de dérangeant, oui. Je craignais le jour où lui et Nefraïm croiserait le même chemin et priait Dasha que ce n'arrive jamais. Traversant la Ruche, je me laissais imprégner des couleurs qui dansaient au rythme des artistes de rues et décors du moment. Déjà active en temps normale, c'était un véritable capharnaüm aujourd'hui. Et j'aimais ça. Je ne me passerais de cette ambiance pour rien au monde.

Je marquai un temps devant la porte des Luxurieux afin de jauger la température. Silence. C'était toujours du pile ou face quand on toquait à la porte d'un de ces pécheurs. Aujourd'hui je pariais sur face, soit, j'avais de la chance et je retrouverai l'un ou l'autre normalement, et non pas avant, pendant, ou après l'acte. Je donnai quelques coups à la porte et l'ouvrai... Pour ne trouver ni l'un, ni l'autre des Déchus. « Bah mince alors. ». Les poings sur la taille et une moue décontenancée, je marquais un temps à balayer l'appartement du regard, l'attardant sur une toile que je n'avais encore jamais vu, nouvelle donc. J'ignorais qu'Oriane était amatrice d'art. Quoi qu'il en soit, j'ignorais où le duo pouvait bien être passé et la ville était bien trop vaste et compliquée pour passer ma journée à les chercher. Tant pis. Je décidais donc de rejoindre la Place du Rift sans eux. Ce fut une sage décision.

En survolant la foule, je repérai la tignasse blonde de Rajiv, aussi je rejoins le Luxurieux parmi les spectateurs. « J'ai manqué quelque chose ? » demandai-je à peine installée à ses côtés. « Nope. Je pensais que tu étais déjà sur place depuis une heure au moins. Oriane est partie voir chez toi comme on te voyait pas. » - « Justement, je suis passée par votre appartement avant, c'est pour ça que j'arrive juste » - « Si on se cherche mutuellement on n'est pas rendu. » - « C'est sûr. » conclu-je avec un sourire rieur. Mon regard s'attarda sur le buffet d'ingrédient offert pour l'épreuve et je dus me faire force pour ne pas rejoindre l'une des tables. Tant de possibilités, ça donnait à rêver. « Ah ! C'est ici que tu te cachais ! » fit soudain une voix derrière moi. Oriane atterrit à mes côtés, poussant sans scrupules un grand gabarit qui y avait prit place. « Je viens d'arriver. Je ne pensais pas que vous seriez venus directement ici. » - « Tu as pris le risque de venir directement chez nous ? » ajouta-t-elle alors avec un rictus lubrique. « Ce ne serai pas la première fois. » - « C'est vrai. Alors. Tu comptes virer les mauvais pour prendre leurs places ? » continua-t-elle, moqueuse cette fois-ci. « Bien sûr que non. C'est leur moment de gloire. » - « Ou d'humiliation. ». Il n'avait pas tout à fait tort. Les Aetheri pouvaient se montrer caustiques parfois.

Les participants s'approchèrent enfin, certains ayant un visage déjà connus. Priam Belegad et sa soeur. Ce n'était pas la première fois que je les croisais, mais ils étaient connus pour plus que ça. Rajiv lui-même en portait le titre d'Elu d'Hel'dra. Mais il n'y prêtait que peu considération. Régir le monde ne faisait pas parti de ses préoccupations actuelles. En les écoutants échanger, je fronçai des sourcils. « C'est quel langue ça ? » - « Du Zul'Dov. » me répondit Oriane sans une once d'hésitation. Je me tournai vers elle. Un large sourire amusé étirait ses lèvres. « Quoi ? Qu'est-ce qu'ils ont dis ? » - « Si tu savais. Les Anges c'est plus ce que c'était. » - « Mais qu'est-ce qu'ils... Ont dit. ». Il avait suffit d'un quart de seconde pour que ma volonté et ma curiosité soient balayés tandis que je dévisageais les autres participants. C'est un flot de sentiments aussi divers que variés qui me submergeais alors. L'interrogation. La nostalgie. La rancune. La tristesse. Le manque. La colère. L'envie. Celle de savoir. J'avais fais mon deuil, mais je n'étais pas tranquille malgré tout. Les Aetheri pouvaient se montrer réellement caustiques. Je n'avais pas songé que les concurrents n'étaient pas les seuls visés.

Oriane penchait la tête sur le côté. « C'est étrange ce qu'il fait celui-là. Avec son mille-feuille. ». Je tournai le regard vers lui. En effet, son multicouche était attirant à l’œil, mais le mélange devait être étrange au palais. « Mais j'aime la table du Belegad. J'y goûterai bien. ». Cette fois c'est sur Oriane que je posais un œil. C'est bien ce que je pensais. « On ne t'as pas apprit qu'il fallait laisser les Anges tranquille ? » - « Si on ne peut plus s'amuser. Tu ne les as pas entendus, ça se voit. » - « Si, mais je ne les ai pas comprit cependant. Au fait, tu as remarqué que ton protégé s'était fait la malle ? » - « C'est aussi le tiens. Et oui, j'ai remarqué. Avec ce monde, ce n'est pas étonnant. ». Je revins vers les élus d'Isemli. « Il semble avoir une certaine expérience celui-ci. » - « Mais il se complique la vie à tout récupérer de lui-même alors qu'il a tout à porté de main. » - « Certes. » - « A ton avis, pourquoi elle n'a encore rien fait l'autre fille là-bas ? » - « En manque d'idée ? Ou bien elle n'a aucune connaissance culinaire ? C'est possible. » - « Et l'Humain ? C'est pas celui qui a permit la libération des Anges ? » - « Si. » soufflai-je en posant mon regard sur Max, ne voyant pas l'air contrariée de la Luxurieuse. « J'en pense que le Ma'Ahid n'est pas un atout ici. Tout est alimenté magiquement normalement. Il doit faire sans à cause de ça et s'organiser de manière à perdre le moins de temps possible pour faire en sorte que tout soit près à temps. » - « C'est sûr qu'on s'en passerai bien. De l'anti-magie. » - « Je ne te savais pas si intolérante envers eux. » lui fis-je alors intriguée. « Tu sais ce qu'on dit. Celui que le serpent a piqué prend peur d'une simple corde. » - « Mauvaise expérience ? » - « Plutôt. ». Pourtant mon regard resta longtemps sur cette "corde", me questionnant sur le bien fondé de l'idée qui me traversait l'esprit.

L'épreuve fini, je posais une main sur l'épaule d'Oriane. « Je dois y aller, j'ai quelque chose d'important à faire. » - « Quoi ? Mais je croyais que tu devais nous inviter à manger moi et Rajiv ce soir ? » rétorqua-t-elle, indignée. « Désolée, on remet ça a demain. Tu n'as qu'à aller embêter l'Ange. », m'excusai-je avec un rictus amusé, même si je savais pertinemment qu'elle n'en ferai rien. Je crois. « Et qu'est-ce qui est plus important qu'un défi contre les Isemssith ? », répliqua-t-elle, les mains sur les hanches et la mine courroucée. « Une affaire que j'ai trop longtemps laissée traînée. », répondis-je simplement. « On se voit demain. » ajoutai-je rapidement avant de la quitter ainsi en voyant Max disparaître de mon champs de vision. Il y avait longtemps je m'étais posée la question sur la façon dont se passerai un face à face avec lui. C'était l'occasion à saisir pour y trouver une réponse.
Quand les dieux veulent nous punir, ils exaucent nos prières

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Mots 1391


La fête va enfin commencer, Sortez les bouteilles, fini les ennuis

Vive les pionniers, Les rebelles et les révoltés

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Jeu 25 Juin 2020, 22:19

[Coupe des Nations Déchue] - La Guerre du Goût Monstr10
Phantom Monster par Richard Wright
La Guerre du Goût


Les yeux de la jeune femme passaient sur les lignes sans les voir. L’appréhension alourdissait son corps entier. Cela faisait des jours qu’elle fixait la même page, happée par les sursauts de son imagination. Depuis la réception de la lettre, l’angoisse tiraillait son estomac. Elle ne savait pas qui l’avait désignée ; elle avait envisagé de s’enfuir. Il lui avait fallu consulter les dieux pour ne pas s’y résoudre, et bien que leur réponse fût brumeuse, elle avait fini par refuser de se dérober à l’épreuve. « J’ai un cadeau pour toi. » Le ton joyeux du vieillard ne lui inspirait aucune confiance. D’un étui semblable en tous points à ceux qui renfermaient des alliances, Darius sortit une fiole au contenu translucide. Satisfait de sa trouvaille, il laissa un rayon de soleil fièrement transpercer le liquide. « C’est le seul moyen de rendre ta performance mémorable. » Une vague de colère enfla en elle, charriant jusqu’à ses joues un afflux carmin. Comment osait-il ? Consulter l’historique de la Coupe des Nations en disait long sur ses chances de survie : elle ne comptait pas pour autant saboter le rendez-vous. Ils avaient tous été élus. « Non. Je trouverais une solution, mais je ne vais pas empoisonner les autres candidats. Sinon, je n’aurais aucun mérite à participer. » Qu’elle remporte ou non la victoire ne l’intéressait pas ; son unique désir résidait en la possibilité de ne pas faire honte à son peuple, et elle ne voyait pas quelle gloire tireraient les Sorciers d’un empoisonnement collectif. Désapprobateur, son grand-père rangea négligemment le flacon. Confits d’une touche de mépris, ses prochains mots écartèrent de lui toute bienveillance. « Je t’aurais prévenu. » Isahya frissona.

La brune ne comprenait pas ce qu’elle faisait ici. Stupéfaite par les explications généreusement fournies, elle demeura quelques instants immobile. Bien qu’elle ne fût pas inexpérimentée en matière de cuisine _ lorsque son père s’amusait avec l’esclave qui y était dédié, il lui arrivait de préparer les repas _ , elle ne possédait pas le talent d’un professionnel. En outre, son sens du goût se révélait sensiblement ravagé, et elle doutait que le jury apprécie l’originalité de ses associations. Plus que la chaleur dégagée par les fourneaux, la pression rendait ses mains moites. Si elle ne croyait pas en sa victoire, elle espérait au moins ne pas déshonorer les siens. D’une manière ou d’une autre, on lui avait fait confiance. Ragaillardie par cette pensée, elle fut la dernière à s’aventurer en terre inconnue. Une farandole d’ingrédients dont elle ne connaissait rien, _ pas même les noms _, s’étalait devant elle. Abondance chérie, où couleurs et parfums se disputent la vedette. D’un délice à un autre, formes et teintes changeaient : le désir de goûter persistait. Fruits, viandes, poissons, légumes, épices, sirops, alcools. Tout ce qui pouvait être mangé se réunissait là, paressant au soleil en attendant la caresse d’une lame ou d’une langue. Pareille profusion lui faisait tourner la tête. Bannière de la gourmandise, l’épreuve mettait son ingéniosité à contribution. Longuement, elle resta devant le garde-manger. Ses méninges cheminaient en silence. Humble, elle finit par choisir une recette que sa mère lui préparait autrefois et réunit les ingrédients sans tarder.

D’agréables effluves lui chatouillaient les narines. En provenance d’un stand voisin, ils lui mirent l’eau à la bouche. Néanmoins, un problème de taille survint rapidement ; la Sorcière n’avait aucune idée des quantités à utiliser, ni des techniques à employer. Le plus logique lui parut de faire mariner l’ensemble dans . Debout devant son chaudron, elle prit une profonde inspiration. Prestement, elle y versa plusieurs bouteilles d’un vinaigre violacé. Il lui fallut user de toutes ses forces pour le porter, ainsi lesté, jusqu’au feu. Dans l’attente que sa mixture chauffe, elle arbora un sourire réjoui et se dirigea vers son plan de travail. Des pommes et des betteraves y reposaient patiemment. Enthousiaste, ses doigts saisirent un couteau dont la lame luisait davantage que tous ceux de sa maison. Sans se presser, elle trancha la chair. Le soleil jetait des reflets sur l’acier, accentués par le jus que les fruits distribuaient. Cependant, l’art de la découpe se résumait pour elle à une approche grossière, et, malgré ses efforts, elle ne parvenait pas à obtenir le résultat escompté. Les tranches s’accumulaient en un mélange écru et violacé. Elle était bien loin de la finesse de la cuisine de sa mère. Agacée par sa vision, elle les précipita dans la gigantesque marmite. Conséquence des vapeurs du vinaigre, l’acidité de l’exhalaison lui rongea la gorge. Prise d’une quinte de toux, elle reposa immédiatement le couvercle, ne réalisant pas que le phénomène se reproduirait sitôt qu’elle viendrait récupérer la base de sa recette.

Disposer d’une capacité d’attention considérablement limitée empêchait la jeune femme de se livrer à une quelconque distraction. N’ayant pas la moindre idée du temps qu’il fallait pour que le liquide ramollisse les ingrédients _ ni du fait que le vinaigre leur réservait un sort toute autre que de les confire _, elle se consacra à la seconde préparation. Confiante, elle extirpa un poisson d’un saladier rempli d’eau. Au début de l’épreuve, elle avait eu l’idée brillante de faire jouer les mécanismes de bambou pour le restituer en partie à son milieu naturel ; elle avait entendu dire, un jour, que cela en conservait la fraîcheur. Sous ses doigts, le contact des écailles la dégoûtait. Dans l’ignorance de la manière dont on dépeçait une bestiole de ce genre, elle fit glisser au hasard le couteau. La logique la conduisit à le couper en deux. Maladroite, elle lutta avec les intestins, et du sang lui éclaboussa le visage. Sitôt son ouvrage achevé, elle s’essuya avec un chiffon. Comment pouvait-on avoir envie de déguster une créature dont il fallait auparavant déverser les entrailles ? Le regar enfin levée, elle aperçut sur un plan de travail voisin des bocaux de poussière colorée. Haussant les épaules, elle n’envisagea pas un instant que les épices constituaient fréquemment l’ingrédient indispensable d’un plat. Quelque peu rebutée par sa découverte, elle fouina son stand, à la recherche d’un ustensile spécifique. Lorsqu’elle mit finalement la main dessus, elle s’empressa de farcir l’intérieur de poisson. Tout cuisinier digne de ce nom aurait hurlé au scandale devant ses méthodes pour le moins innovantes.

D’un geste qui se voulait expert, Isahya plongea le capucin dans le fourneau. Rougies par le feu qui les nourrissait, les braises lui renvoyèrent un fumet délicat. Ode à l’océan, le parfum dégageait des notes de sel et de violence. C’était du plus bel effet. Regrettant que le jury ne puisse se pencher sur sa création, elle respira à plein poumons. La chaleur fit perler la sueur à son front. Les sourcils froncés, elle remua le flamboir en douceur, espérant qu’elle n’aurait pas à tendre le bras ainsi trop longtemps. Avant que la fatigue ne relâche ses muscles, elle fit le choix de le ressortir. Des tâches noircissaient ça-et-là la pureté de la chair. Cela en rehaussait le nacré. N’osant croire à la chance qui lui souriait, elle détacha précautionneusement le poisson. Ses phalanges effleurèrent le métal. Un cri de douleur lui échappa. En toute hâte, elle attrapa le saladier qui traînait non loin et y plongea la main. Le sel raviva la brûlure. Décontenancée, elle le balança et fit jouer le mécanisme pour apaiser sa blessure. Lorsque sa peau cessa de la faire souffrir, elle eut une pensée pour le sifflement qui, depuis quelques minutes, émanait du chaudron avec fracas. Avec précaution, elle se munit d’une louche généreuse pour en déverser le contenu dans un bol. Le constat fut amer. En lieu et place de la brunoise impeccable de sa mère se trouvait une soupe au coloris immonde. Déconfite, elle jeta un regard désespéré en direction du cabillaud à moitié brûlé. C’était un véritable désastre.

Alors que le désespoir assombrissait ses yeux, la vérité frappa Isahya. Sa génitrice avait offensé les dieux ; elle avait manqué reproduire son erreur en lui rendant hommage. Seuls les Très Grands méritaient d’être honorés. D’un air désolé, elle envoya valser sa pitoyable tentative dans la poubelle. Il fallait tout recommencer. Une prière sur les lèvres, elle retourna en direction du garde-manger. Les yeux clos, elle tritura en chemin son pendentif. « Mère du Chaos, j’implore votre clémence. Aidez l’humble Sorcière que je suis. Prêtez-moi la grandeur de votre esprit, pour que je puisse apporter la gloire aux nôtres. Offrez-moi l’expertise de vos mains, pour que je façonne l’instrument de ma réussite. » À mesure que les mots lui échappaient, l’échec de sa précédente performance s’étiolait. Qu’Ethelba l’entende ne faisait aucun doute, et sans qu’elle ne sache si elle répondrait à son appel, sa gorge se dénoua. Contre toute attente, ses iris se dardèrent à nouveau sur les pommes. L’inspiration lui vint soudainement. À défaut de confectionner un plat sophistiqué, elle se croyait en mesure de cuisiner quelque chose de correct. Signe de la concentration qui la prenait, ses sourcils se froncèrent. Prenant son temps, elle sélectionna les fruits dont la peau, gorgée de soleil, présentait le moins d’aspérités, et qui, au toucher, se confondaient de douceur. Avant de commencer son œuvre, elle adressa au ciel un regard complice. « Merci. Je vous ferais honneur. » Pour perpétrer son forfait, elle s’empara d’un pot de farine et de beurre.

De retour à son plan de travail, la brune nettoya son chaudron, avant de s’atteler à la fabrication de la pâte. D’après ses souvenirs, il s’agissait de mélanger les ingrédients principaux. Une fois l’ensemble formé, elle se servit d’un rouleau pour l’étaler généreusement. Attentive à ne pas déchirer la gourmande dentelle, elle la disposa dans un moule. Nettement moins précise qu’auparavant, elle coupa les pommes en morceaux inégaux, et en réserva quelques-unes. Joyeux de recevoir une deuxième fournée, le réchaud avala les fruits sans demander son reste. Hésitante, elle laissa son imagination s’emballer. Il lui paraissait impossible de gagner sans marquer la pâtisserie d’une touche personnelle, et en dépit de la facilité de sa recette, elle espérait marquer des points. La poudre rouge se dilua instantanément ; seule la force du piment resterait. Un parfum chaud et sucré ne tarda pas à se dégager du récipient. Un large sourire illumina son visage. Tout n’était peut-être pas perdu. D’un geste brouillon, elle tapissa le plat de la compote ainsi mijotée et la fit disparaître sous une spirale maladroite. Engloutie par les profondeurs délicieuses du four, la tarte s’y épanouit comme une fleur. De l’extérieur, la Sorcière l’observa gonfler attentivement. L'inquiétude la faisait tourner en rond. Lorsqu’elle estima la cuisson parfaite, elle la récupéra et poussa un soupir de soulagement. Malgré des contours irréguliers, sa création tenait la route. Le cœur battant, elle baissa les yeux et présenta son travail. Elle espérait seulement que la langue des jurés survivrait à la dégustation.

1 781 mots
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Kaahl Paiberym
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Kaahl Paiberym
Ven 26 Juin 2020, 19:35

[Coupe des Nations Déchue] - La Guerre du Goût Monstr10
Phantom Monster par Richard Wright


« M… Monsieur… ? » Mes petits bras en forme de branche d’étoile s’abaissèrent de désespoir. Je sentis un léger picotement au sein de mon nez. Je serrai les lèvres alors que mes yeux s’embuaient de larmes en formation. J’étais bien trop loin de chez moi et l’environnement dans lequel je me trouvais actuellement était bien trop bruyant pour moi. Chez le Baron Paiberym, j’avais toujours su trouver une oreille attentive. Malgré les enfants, la maison, qui n’existait plus aujourd’hui, connaissait des moments d’accalmie. Là, ce n’était pas le cas. Cette place était immense et, autour de moi, les participants étaient concentrés à la tâche et les visiteurs s’amusaient, la plupart joyeux et emplis d'un élan propre aux festivités. Moi, j’étais triste, j’étais triste parce que j’étais seule. Je comprenais d’autant plus le ridicule de mon existence. Je comprenais d'autant plus, à présent que ce défaut m'écrasait de tout son poids : j’étais invisible aux yeux des autres. Ils passaient devant mon stand sans me voir. Ils ne s’intéressaient pas à moi et ce manque d’intérêt rendait le conte de ma vie presque illégitime. Je me sentais sans la moindre importance et la pensée fugace que ma propre mort n’engendrerait aucune réaction meurtrit un peu plus mon cœur endolori. Cette ignorance, cette absence de reconnaissance, je la portais depuis ma naissance. Seulement, je savais que les gens qui m’entouraient habituellement étaient bienveillants. Gustine entendait toujours ma voix. Elle allait me chercher à manger et, petit à petit, elle avait même développé une croyance qu’elle s’amusait à raconter aux enfants, la croyance qu’un petit animal magique venait de temps en temps afin de croquer des biscuits et boire du lait. Elle en laissait donc souvent et, lorsqu’elle oubliait, Cendre s’en chargeait pour elle. J’étais ce « petit animal », cette chose invisible mais qui, malgré tout, avait pris son importance au fur et à mesure du temps dans la maison. Même si ses habitants ne me voyaient pas, ils m'entouraient de leur gentillesse et, moi, je les aimais si fort que je me serais battue pour les sauvegarder de ce qui aurait pu les blesser. Et puis, malgré la tempête, la vieille Magicienne avait continué à exécuter son petit rituel sur l’île de Boraür où nous avions emménagé après le drame. Ma vie avait été facilité là-bas puisqu’il me suffisait, à présent, de demander pour que l’île me donnât ce que je désirais mais j'aimais observer Gustine chantonner en préparant des gâteaux à mon attention, ou des petits bouts de fromage, coupés en dés. Ça ne fonctionnait pas ainsi, ici, à Avalon. Je n'étais personne. Je n'étais rien.

« La participante des Faes s’appelle Odile mais elle ne semble pas être là. » dit une élève de Basphel à son amie. Les deux jeunes filles faisaient partie du département de la Craie. Je ne le savais pas, bien sûr, mais celui-ci comportait les étudiants les plus bienveillants de l’endroit. « Il faudrait demander à Jil si tous les concurrents sont obligés de venir… » « Je crois que oui. Ils sont désignés par les Ætheri. » « Je suis là… » murmurai-je, en levant un bras en l'air. Elle nota quelque chose sur son carnet. « Peut-être que les Faes ne savent pas cuisiner ? » « Peut-être… Je n’ai jamais vu une Fae. J’aurais bien aimé lui dire bonjour. » La déception se lisait dans son regard. Je ne voulais pas en être la cause. Je voulais qu'elle me vît, qu'elle pût me dire bonjour comme elle le souhaitait. Comment accepter d'être à l'origine de la peine d'autrui ? Je ne le faisais pas exprès. Ce n'était pas ma volonté. « Je suis là ! » répétai-je, sans plus de succès. Le bruit de la Place du Rift couvrait totalement mes paroles. Je faisais une trentaine de centimètres et possédais la voix qui allait en conséquence : fluette, aiguë, douce. Elles s’éloignèrent, ne me laissant en fond que le brouhaha ambiant et une forme d’affliction profonde. J’étais abandonnée de tous, sur mon plan de travail. J’avais déjà eu du mal à m’y hisser. Tout était plus compliqué à ma taille. Et puis, sans même évoquer la situation actuelle, Boraür avait soigné mon âme des précédents événements néfastes. Ici, à Avalon, je me rappelais des volets qui claquaient, des cris de peur, des mentons tremblotants. Je savais qu’il y avait eu des morts cette fameuse nuit. J’avais perdu tous mes repères. J’avais dû dire adieu à ma vie d’hier pour affronter l’imprévu et je n’y avais jamais été préparée. Méli m’avait choisie pour représenter les Faes mais… je ne représentais rien. Comment pouvais-je représenter quoi que ce fût alors que personne n’était en capacité de reconnaître mon existence même ? J’avais beau avoir demandé plusieurs fois de la farine ou du sucre, personne ne m’en avait fournie.

Au milieu de ma table, je me mordis la lèvre inférieure, la morsure se transformant progressivement en pincement. Je n’avais plus envie d’essayer et les larmes qui coulaient de mes joues en étaient l'aveu silencieux. Chaque non-réponse me blessait. Chaque fois qu’un regard me parcourait sans s’arrêter sur moi, j’avais l’impression de ne pas mériter de vivre, d’être insignifiante. Je l’étais, avec mon corps empoté. Je savais que même si quelqu’un m’avait entendue, je n’aurais pas pu exécuter l’épreuve. J’arrivais à peine à porter une cuillère de céréales à ma bouche en temps normal. Comment aurais-je pu rivaliser avec des individus normalement formés ? « Je ne connais même pas de recettes… » dis-je, misérablement, en m’asseyant d’une manière gauche. Mon petit corps avait tendance à se plier difficilement. Je finis par m’allonger, petite étoile perdue sur une trop grande table. Je me mis à contempler le ciel ensoleillé.  Je voulais juste rentrer chez moi, retrouver Gustine et les autres. Je voulais juste oublier tout ça. J’aurais aimé ne jamais avoir été choisie.

976 mots
Merci pour ce rp. Odile ne réussit pas du tout l'épreuve.
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Adam Pendragon
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Adam Pendragon
Ven 26 Juin 2020, 21:55



[Coupe des Nations Déchue] - La Guerre du Goût 2rjb

La guerre du goût


« … et cette folle a complètement rasé ta baraque avant de la faire reconstruire à l’identique.
— Oui, c'est ce qu'on m'a dit.
— Tu la connais ?
— Je ne sais pas. Sans doute puisqu’elle a détruit ma maison. Je ne dois pas être un aussi bon amant que ça. Elle devait avoir des réclamations... »

Je n’avais pas besoin d’un dessin pour comprendre le fin mot de cette histoire. Il n’y avait pas trente-six-milles personnes capables de faire disparaître la matière avec aisance. C'était Kaahl. Et si ce n'était pas lui, c'était vraiment inquiétant. Il avait voulu me voir sur la Terre d’Edel. Ça ne s’était pas fait et, à présent, j’attendais que le ciel me tombe sur la tête avec philosophie.

« C’est un nouveau style ? »

J’étais torse nu. Des peintures noires décoraient ma peau absolument partout, en arabesques. De loin, je paraissais habillé. Sur l’Île Maudite, j’avais pris goût à ces dessins éphémères et, depuis que j’étais rentré, j’avais trouvé une artiste que j’allais voir tous les matins afin de renouveler les formes et les figures. Ça me plaisait. Je trouvais ça inspirant, même si je n’utilisais pas les codes de couleur chamaniques. Je faisais à l’envie. Seul mon tatouage demeurait, dans mon dos. Depuis que j’étais rentré, je n’avais eu aucun rapport sexuel. Je m’étais tellement fait plaisir dans le harem que j’avais besoin d’une pause. J’allais y retourner dès que je le pourrais. J’avais quelques affaires à régler avant : entrevue avec le Dædalus, assassinat de ma personne par Kaahl, une… Ange à suivre.

« Je te raconterai après.
— Adam ?! Mais où tu vas ?
— T’occupe pas, je reviens plus tard. »

Je l’avais dit en me levant. Je finis mon verre cul sec et partis.

Dans la foule, j’observai le frère et la sœur discuter. J’étais curieux. Mes rêves au sujet de la jeune femme avaient semblé trop intenses pour n’être que le fruit de mon imagination. J’avais l’impression qu’il y avait bien plus. J’avais envie de lui parler. Mes yeux scrutèrent les individus qui gravitaient à leurs côtés, à la recherche de quelque chose de suspect. Je ne vis rien, forcément. Tant pis. Il valait mieux demander pardon que la permission, même si je n’allais demander ni l’un ni l’autre.

« Les interdits sont faits pour être transgressés. » lui dis-je, en lui tendant une pomme d’amour, quelques minutes après le départ de celui que j’avais identifié comme étant Priam.

Je souris à Laëth. Elle avait dû accompagner l’Isemssith ici. Deux Anges dans une capitale de Déchus. Étonnant qu’ils ne se soient pas encore faits taquiner par quelqu'un. Vraiment ? Pas tant que ça puisque je devais être le fameux taquin de l’histoire. Une lueur espiègle dans le regard, je me mis à la détailler un peu. Je l’avais vu bien plus dévêtue que vêtue. C’était marrant comme des vêtements pouvaient transformer un corps. Le sien semblait conforme à ce que j’avais touché dans mes délires chimériques. Il n’y avait pas que comme ça que j’avais abusé d’elle mais les histoires de reflets dans un miroir n'avaient pas à être racontées.

« Prenez-la. » ajoutai-je, en amenant le bâton jusqu’à ses doigts.

« Je vais vous raconter une anecdote sur la ville puisque, nous autres, les Déchus, sommes toujours accueillants, même avec les Anges. La voici : les personnes connues servent à assouvir les fantasmes de beaucoup de Déchus, surtout celles qui mettent les pieds à Avalon. Ça veut dire que d’ici quelques jours, les bordels seront remplis de prostituées qui prendront vos traits. Ce sera pire pour votre frère, surtout s’il gagne. Amusant non ? Si jamais vous allez dans les bons quartiers, vous pourrez trouver n’importe qui. »

Je léchai lascivement ma propre pomme d’amour et m’amusai à amplifier les sens de l’Ange, le toucher simplement, de façon à ce que le moindre courant d’air lui arrache un frisson.

« Je vous conseille le détour, au moins pour rire. J’aime bien m’y rendre avec des amis, notamment pour constater à quel point le personnel de ces maisons de plaisir est doué. »

Je n’allais pas mentir. J’y allais aussi parce que c’était toujours plaisant de voir telle ou telle personnalité à genoux devant moi. Il y avait vraiment beaucoup de gens, dont certains que je ne connaissais même pas.

« Je ne vais pas vous retenir plus longtemps. Je vous conseille de sucer plutôt que de croquer. Si vous croquez, vous allez vous en mettre partout. Comme c'est sucré, ça a tendance à coller. Croquer n’est jamais recommandé dans tous les cas. » ajoutai-je, avant de partir avec un sourire absolument pas innocent.

Des cornes allaient finir par sortir de ma tête. Je savais très bien qu’elle représentait le fruit défendu.

Je croquai dans la pomme avec appétit et me mis à marcher entre les Esprits et les postes de travail, jetant un coup d’œil gourmand sur les candidats et sur ce qu’ils préparaient, jusqu’à ce que mon attention soit retenue par quelqu’un que je connaissais. Oriane. Elle était accompagnée, ce qui était bien dommage. J’hésitai à raviver ses sens sur certaines zones de son anatomie mais m’en empêchai au dernier moment. Plus tard. Je devais retourner auprès de mon ami et rejoindre Jil ensuite. Ça faisait longtemps que je ne l’avais pas vue et j’avais envie de tester quelques techniques que j’avais apprises chez les Chamans sur elle.

839 mots


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Latone
Sam 27 Juin 2020, 16:05

[Coupe des Nations Déchue] - La Guerre du Goût Monstr10
Phantom Monster par Richard Wright
La Guerre du Goût


Un nouveau son plaintif franchit ses lèvres. Les bras croisés face au plan de travail, Pendrake n'en termina pas d'être un enfant. Il n'était pas impatient de commencer l'épreuve : il avait hâte d'en finir une bonne fois pour toute. Les Zaahin de la Dilon devaient s'égosiller comme jamais. Tss. Il leva les yeux au ciel : le soleil n'en était pas encore à son zénith. Le top départ des organisateurs le plongera, à tous les coups, dans un état second dont il sera incapable de contrôler. Exactement comme… l'Alchimie.

Quelques lunes plus tôt, le Drem reçut cette missive, en mains propres. Si au début, il fut réticent à l'idée d'ouvrir sa porte à qui que ce soit, l'aura particulière des Réprouvés sur le palier l'avait comme obligé à obtempérer. Il ne les reconnaissait pas vraiment, toutefois on savait s'écraser face aux supérieurs à Sceptelinôst. Leurs dires et le contenu de la lettre lui intimèrent de se présenter à la Coupe des Nations d'Avalon, en tant qu'éminent représentant du peuple des Deux Rives. Cette fois, ce n'était pas une blague. Dans une situation aussi critique que la sienne, Pendrake Hrafninn fut obligé de participer. Car oui, il n'était pas un putain de Tahrodiis. Pour la discrétion, on repassera. Son nom et probablement son visage fuiteront un peu partout, et certains cornus feront rapidement le rapprochement entre lui et sa menace la plus évidente. Si les Zaahin ne mourraient pas une nouvelle fois de rire, Pendrake ne les comprendra jamais. Toutefois, la nature du défi l'intrigua. Étant le caractère morbide des précédentes épreuves, il s'était attendu à un nouveau massacre chez les emplumés d'ébène, ou au moins quelque chose d'extraordinairement vicieux. Mais non, c'était bien une épreuve de cuisine. Son regard descendit sur la myriade d'ustensiles à sa disposition. Pendrake n'était pas un bon alchimiste, ses décoctions le prouvaient. Certes, certains succès lui revenaient de droit – comme la fois à Lumnaar'Yuvon – malgré tout, il était loin d'être assidu avec Maître Merwin et ne cherchait pas spécialement à développer davantage ses compétences dans ce domaine. Cependant, au fil des années à Sceptelinôst, il avait fini par se rendre compte qu'il mimait certains gestes techniques autant sur une paillasse que face à un fourneau. Là encore, le Drem ne pouvait se targuer être un cordon bleu, mais s'il envisageait une approche scientifique, peut-être que le résultat serait surprenant. À défaut d'être bon. Oh, puis il était là pour mettre en avant ses compétences, alors advienne que pourra ! Fus ro dah !


" Priam ! Héla-t-il à son tour, étonné de constater que le monde était si petit. Il ne chercha pas vraiment à échanger davantage ; il n'avait toujours pas répondu à la lettre des jeunes Belegad. Au moins, présentement, il leur paraîtrait bien portant. À l'exception près que le Hrafninn semblait plus jeune, ce qui était tout à fait contrôlé : avant de venir, il s'était appliqué une lotion capillaire afin d'effacer durant un temps son ton grisonnant. Il rajeunissait ainsi de dix ans, voire un peu plus. Hors de question de faciliter la tâche de ses détracteurs. Une œillade du côté du stand des Démons, rien de plus. Hé, Cælys ! Tu m'en gardes une part ? " Quoiqu'elle fasse, son mari espérait bien être suffisamment lourd pour lui faire honte. Toute cette mascarade éveillait sa facette noire en lui, il avait tout bonnement besoin de se défouler.

Du fait de ses origines, le natif portuaire se sentait plus à l'aise avec les ingrédients de type poiscaille. Les Déchus proposaient certaines variétés du Lagon. Pendrake n'était pas non plus un expert au point de réellement différencier les goûts et les risques, alors il se rabattit sur une espèce proche du cabillaud. Un seul devrait suffire, il ne comptait pas cuisiner pour dix non plus. Par contre, même si l'ingrédient-phare fut choisi, il hésitait encore sur la manière de le présenter. La poigne resserrée juste en-dessous de la nageoire caudale, son regard traqua les plausibles accompagnements. À force, il fut bien tenté de balancer le poisson pour se calmer. Peut-être sur Laëth plus loin. Une minute… Une odeur assez désagréable commençait à lui monter aux narines, alors qu'il n'avait même pas touché à un seul ustensile.


" Il n'est pas frais ce poisson ! " Déclara-t-il en le balançant au pif dans la foule. On leur avait interdit de mettre des bâtons dans les roues des participants, mais pas le reste ! Toute façon, il n'était vraiment pas frais, ce poisson. Maintenant qu'il en avait choisi un autre et que ses nerfs Réprouvés s'étaient refroidis, il se prépara à salir le tablier.

Il attrapa spécimens de petits choux, des herbacés verts qui feront, il l'espérait, toute la différence dans son plat. Pour ce faire, il avait besoin de les faire cuire. Il les coupa en quartier et les balança dans la poêle chaude, sans aucun ménagement. Certaines feuilles traîneront entre les foyers durant toute la durée de l'épreuve. Pendant ce temps, il s'attaqua au poisson par une incision pour le vider et le rincer. Avec un couteau plus affûté, il coupa net la tête et termina par une incision sur le dos afin d'obtenir deux filets du fameux cabillaud. Il revint tout de suite à sa poêle et approuva la cuisson des choux. Sans plus attendre, il fit mixer ceux-là avec une crème épaisse allégée dans le but d'obtenir une purée épaisse. La consistance point maîtrisée, le Drem chercha une bouteille de lait de Wëltpuff et en rajouta pour détendre suffisamment la préparation. Entretemps, Pendrake se demanda si le lait provenait réellement de l'animal ou des Puff-Puff Gueurles. Pour finir avec cette partie, il sala et poivra cette crème verdâtre.

Sur le plan de travail, il s'empara d'un oignon et le coupa en deux. Ses yeux furent déjà habitués aux assauts volatiles, il avait vécu pire avec plusieurs expériences ratées. Ainsi, il éminça finement le demi-oignon et utilisa une autre poêle pour les faire dorer cinq minutes avec de l'huile d'olive. Oh tiens, c'est vrai qu'il y avait quelques restes de choux par-ci par-là. Tant pis ! Une fois l'oignon coloré, il y déposa un filet du cabillaud. La cuisson ne devrait lui prendre qu'une dizaine de minutes, durant la moitié il s'acharna à émietter le poisson dans la poêle. Le tout dorer, il termina l'assaisonnement par une pincée de sel et de poivres.

Le Hrafninn ne pensait pas arriver jusqu'ici, autant en finir alors. A vrai dire, la recette qu'il avait en tête devait être trop simpliste, d'autres participants suaient encore à réaliser des étapes incroyables. Quoi qu'il en soit, ce n'était pas son problème : chez les Réprouvés, on ne s'emmerdait pas à faire de l'Art dans les assiettes. Il se servit donc trois ramequins, dans lesquels il disposa d'abord le cabillaud émietté avec l'oignon, puis il recouvrit le tout avec la crème de choux. Il arrosa enfin d'un filet de jus de citron… Vu qu'il avait encore pas mal de temps, il fit l'effort de coupé des demi-tranches de citron vert pour les déposer sur la crème, histoire d'égayer un peu ce parmentier de cabillaud à la crème de choux. À vrai dire, le coloris final et le mystère caché sous la couche en question devraient en rebuter plus d'un, mais il en fallait beaucoup pour rendre sceptique les Déchus ; et ça, le Réprouvé le savait pertinemment.


" Ça a une sale gueule, ça ne donne pas envie, n'est-ce pas ? Ironie ou pas, il n'allait même pas défendre son produit sur son aspect le plus mystérieux encore : le goût. Tout son argumentaire reposera sur son souhait de laisser une trace de son ingéniosité. C'est pourquoi, à défaut de nous délecter du sang de nos ennemis, je vous présente ce concentré, l'opiniâtreté de mon peuple : l'Aodh Baran. "


1374 mots ~
N'importe quel visiteur a pu se prendre le poisson pas frais dans la tronche ♪




By Jil ♪
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Priam & Freyja
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Priam & Freyja
Lun 29 Juin 2020, 00:08



Provenance inconnue

La guerre du goût

Réaction à Adam le trouble-fête | Laëth



Laëth pivota. Un homme l’abordait. Il avait un visage à la fois sévère et lisse, comme taillé dans le marbre. Deux yeux noisette perçaient sa figure. La couleur ambrée en était rehaussée par l’épaisse chevelure rousse qui tombait jusque dans son dos nu. Les mêmes peintures qui serpentaient sur son torse devaient s’y trouver. Elle ne le connaissait pas et était à peu près certaine de ne l’avoir jamais vu. Une aura magnétique se dégageait de lui. Si elle l’avait déjà croisé, elle s’en serait souvenue. Ses iris passèrent rapidement sur le reste de sa silhouette, scrutateurs, avant de s’arrêter sur la pomme d’amour qu’il lui tendait. Elle fronça le nez, méfiante, avant de relever la tête vers lui. « Je ne doute pas que ce soit l’une des plus grandes coutumes de votre peuple. » répondit-elle sans lui rendre son sourire. Elle supposait qu’il faisait partie de la race des Ailes Noires, sans pouvoir en avoir la certitude. « Je crains de ne pas pouvoir lui faire honneur. Navrée. » Elle ne l’était pas du tout, et son ton froid, bien que courtois, l’indiquait clairement. L’Ange dévisagea son interlocuteur, les paupières plissées. Il y avait dans ses prunelles une étincelle amusée qui lui déplut. Pourtant, elle finit par prendre la sucrerie qu’il lui offrait, du bout des doigts. Elle ne la mangerait pas.

Il y avait autre chose. Si elle était certaine de ne l’avoir jamais croisé auparavant, il y avait quelque chose, en lui, qui lui rappelait quelqu’un. La façon de sourire, peut-être. C’était une sensation diffuse et insaisissable. Elle ne parvenait pas à retrouver le faciès ou le nom qu’il lui évoquait. C’était peut-être une personne qu’elle avait oubliée. Un Réprouvé rattaché à des souvenirs d’enfance ou un quidam rencontré au gré des mouvements de l’existence. Sans doute. La jeune femme n’eut pas l’occasion d’y réfléchir plus amplement, car l’anecdote qu’il tint à lui raconter lui arracha un geste de surprise : elle se redressa en clignant des yeux, les sourcils froncés. Incapable de masquer son trouble, incapable de jouer des faux-semblants. « … Je vous demande pardon ? » Elle sentit monter une irritation brûlante, en même temps qu’un souffle de brise lui arrachait un frisson. Non, elle ne trouvait pas ça amusant, non. C’était de l’usurpation d’identité. Imaginer ce que n’importe qui pouvait faire à son corps, tous les fantasmes qui pouvaient naître et être réalisés monnayant quelques pièces, la dégoûtait au plus profond d’elle-même. Les Déchus qui lui volaient son visage et le prostituaient sans aucun état d’âme la répugnaient. Que cet homme eût pu coucher avec une copie d’elle-même lui donnait envie de hurler. Elle ne se doutait pas qu’il avait déjà pu faire courir ses doigts sur ses courbes chimériques, par deux fois. Dans quelques temps, il paierait même une femme pour l’incarner et un homme pour figurer leur amant commun ; et avec eux, il assouvirait un rêve dont elle ne pouvait même pas effleurer les contours. Elle serra le poing, sans doute trop fort car le contact de ses ongles provoqua un pic de douleur dans sa paume.

De quel droit l’accostait-il pour lui raconter ce genre de choses ? Elle n’avait pas envie de savoir ce qui se tramait dans les quartiers lubriques de la capitale des péchés. Personne ne livrait ce type de détails gênants à un inconnu. Sauf peut-être un Déchu à une Ange, pour le plaisir de susciter une réponse potentiellement démesurée. En réaction, Laëth déploya le Sanctuaire d’Ahena. Elle ne devait pas s’énerver. Elle ne devait pas le gifler. Elle ne devait pas lui faire manger les pavés. Il y avait quelque chose d’extrêmement agaçant dans son attitude – un soupçon d’insolence et d’inconséquence qui ne pouvait que martyriser les nerfs déjà en alerte de l’Aile d’Acier. C’était renforcé par la manière qu’il avait de lécher sa pomme d’amour sans la quitter des yeux. Elle dardait sur lui un regard dur et féroce, que le vert de ses iris peinait à adoucir. « Je me passerai de vos précieux conseils de dépravé. Vous êtes abject. » trancha-t-elle. Son sourire la poussa à se détourner d’autant plus vite, et elle colla la pomme d’amour dans les mains du premier passant. « Tenez. Charité angélique. » Elle s’éloigna vivement.

L’Ailée repartit vers les comptoirs des candidats. Le trouble que suscita la vue de Pendrake, dont le Roi des Démons était le sosie, effaça tout le reste.



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