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 [Coupe des Nations Déchue] - La Guerre du Goût

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Mer 01 Juil 2020, 00:49

[Coupe des Nations Déchue] - La Guerre du Goût - Page 2 Monstr10
Phantom Monster par Richard Wright
La Guerre du Goût


Il n’était plus question de réclamer un baiser à son mari, qu’elle observait en catimini. Il avait sombré dans la frénésie presque bouillonnante de la compétition, où il semblait se complaire. Rien de très surprenant de la part d’un Réprouvé. C’était un peu dommage. Cælys aurait aimé un geste tendre avant le début des épreuves. Juste une petite caresse dans les cheveux ou un mot d’amour glissé à l’oreille. Mais elle avait parfaitement compris qu’elle pouvait s’asseoir sur toute démonstration affective. Il n’empêche qu’elle était bien décidée à lui rendre la monnaie de sa pièce. D’une manière ou d’une autre. Son mari se comportait quelque fois comme un vaurien. Cela ne dérangeait pas la Sirène. Il lui arrivait aussi de se conduire comme la plus abominable des garces.  « Attends ! » C’était d’ailleurs le moment idéal pour une petite démonstration de son attitude de peste. Cælys étira son plus beau sourire et sautilla jusqu’à son époux pour sauter dans ses bras, les jambes autour de sa taille. Elle plaqua sans attendre ses lèvres sur celles de Pendrake, avec une passion quasi enragée. Ses mains fourrageaient dans la tignasse désordonnée, et elle se frottait contre lui avec une pudeur et une décence toute relative. Elle semblait prête à lui arracher sa chemise, là, au beau milieu de la Place du Rift. Elle finit par s’exclamer d’une voix vive et audible : « Bonne chance, mon petit bichon d’amour. Je compte sur toi pour rafler une place du podium, mon nounours. » Un dernier petit bisou sur le bout du nez, un sourire éclatant, un regard éloquent, et la Sirène s’en alla aussi vite qu’elle était apparue. C’est avec les joues légèrement rouges et une petite mine de fripouille qu’elle s’installa à sa place, la tête remplie de pensées plus ou moines impures.

Cælys mordilla délicatement le bout de son crayon à papier, en relisant pour la énième fois les notes qu’elle avait prise sur son petit carnet. Elle avait gribouillé des idées, des projets, et cherchait quelque chose d’intéressant à réaliser pour son épreuve. Un petit sourire - un peu idiot - flotta sur ses lèvres quand elle pensa que tout cela, ce n’était pas de la tarte pour elle. Elle n’était pas exactement une grande cuisinière. Après tout, il y avait suffisamment de domestiques au sein des domaines des Deslyce pour ne pas s’encombrer de quelque chose d’aussi futile que la préparation d’un repas. Vanille était d’ailleurs réputé pour être une catastrophe ambulante en la matière, capable de confondre du sucre avec du sel ou de la levure avec de la farine, sans compter que la totalité des fours du chateau semblait se liguer contre elle pour faire brûler ses tentatives gastronomiques. Cælys ricana en songeant au baba au rhum que la Khæleesi avait voulu préparer, il y a quelque chose. Une lubie de femme enceinte, personne n’avait osé la contrarier. Une bouchée de la pâtisserie aurait pu soûler un alcoolique. A croire qu’elle avait mis toute la bouteille dedans. Seulement … Cælys n’était pas qu’une réplique de Vanille. Autrefois, elles avaient été la même personne. Avec des chemins différents. Il n’y avait plus qu’à espérer que la bonne fae de la cuisine se soit juste perdue en chemin et qu’elle ait retrouvé dernièrement la trace de Cælys. Ca, ou une intervention divine. Sinon, cette épreuve allait être un véritable désastre.

En réalité, Cælys n’était pas aussi lamentable que la version originale, dans le domaine culinaire. Elle ne manquait jamais d’idées, même si elles n’étaient pas toutes comestibles. Alors … Autant partir sur quelque chose de plutôt simple. Rien d'extravagant. C’était plus sûr.

Elle attrapa un petit ruban pour nouer sa longue chevelure bleue en un chignon approximatif, en se répétant tout bas les différentes étapes de son dessert. Cælys avait pris le temps de réfléchir à ses options, avant de choisir de réaliser quelque chose de sucré, un peu en désespoir de cause. Elle ne pouvait pas se résoudre à cuisiner de la viande ou du poisson mais n’était pas assez compétente pour imaginer - et surtout réaliser - un plat salé végétarien. Autant tenter un dessert ! Elle commença par faire bouillir de l’eau avec du sucre, et profita de ce répit pour laver la myriade de fleurs qu’elle avait récupéré. Elles sentaient tellement bon ! Elle ajouta toutes les fleurs à son eau bouillante, hors du feu pour les laisser infuser pendant une dizaine de minutes. Cælys répéta l’opération avec une nouvelle casserole, mais en faisant infuser un thé produit par un petit commerçant d’Avalon. Puis elle découpa des fruits et des plantes aromatiques, qui ne lui étaient pas vraiment familiers. Elle goûtait absolument tout, pour s’assurer qu’elle ne faisait pas de trop grosses bêtises. Mais tout était bon. Séparément, en tout cas. Les fruits étaient sucrés et juteux. Les herbes, très parfumées. Il y avait quelque chose qui ressemblait un peu à de la menthe mais avec une petite touche de vanille, et une autre qui ne lui rappelait rien mais qui avait d’agréables notes d’abricot et de pêche.

Cælys essaya de faire rôtir les cubes et les ronds de fruits qu’elle avait taillé, avec les herbes qu’elle avait coupé et un peu de sucre. Elle croqua dans ses tentatives, pour vérifier qu’ils étaient aussi bons cuits que crus. Elle décida de ne pas tous les faire griller, puisqu’il lui semblait que certains perdaient en qualité. Armée de ses plateaux de baies, elle alla vérifier l’état de sa gelée. Elle avait filtré ses deux infusions et avait ajouté une poudre - assez commune - pour gélifier sa préparation. Ca commençait à prendre. Cælys ajouta tout doucement les dés de fruits. Un par un, avec un pique et une pince. Elle planta aussi des fleurs comestibles - celle de sa première préparation, dont elle avait épargné l’infusion parce qu’elles étaient particulièrement jolies - et surtout des edelweiss. Elle avait décidé de mettre les fleurs dans la gelée de thé, avec l’herbe qui sentait l’abricot et la pêche, et des fruits rouges. Dans la gelée de fleurs, elle avait mis les autres fruits, ceux qu’elle avait fait revenir avec l’espèce de menthe vanillée. En attendant que la gelée prenne et repose, elle se lança dans la préparation de son coulis, avec un espèce de gros fruit jaune avec beaucoup de pulpes. A l’aide d’une petite cuillère, elle vida le fruit dans une casserole et versa un jus de fruit local par dessus. Elle porta le tout à ébullition avec du sucre, rajouta la petite poudre liante, et passa le tout dans un ustensile dont elle ignorait le nom, mais qui servait à enlever les grains. Elle fut satisfaite - et soulagée - de constater que le coulis était un peu acide. Parfait. Elle avait peur que le tout soit trop sucré.

Cælys découpa avec précaution la gelée en petit cube, qu’elle espérait le plus parfait possible. Ses mains tremblaient. Mais elle faisait attention. Elle disposa les morceaux dans une assiette creuse et versa un peu de coulis, des graines qui sentaient la mangue et la pastèque - parce que : pourquoi pas ?-  puis décora son dessert avec des edelweiss. Simple mais plutôt efficace à son goût, avec un sens de la présentation personnelle mais qui lui plaisait. Elle était plutôt satisfaite du résultat. Moins de la quantité de vaisselle qui lui restait à faire, et par l’état de ses mains - saccagées par des coups de couteaux un peu fougueux - ou de son tablier - qui ressemblait davantage à un tableau raté qu’à une protection contre les tâches. Elle avait hérité de quelques hématomes colorés, à force de se cogner contre son stand. Elle avait même manqué de faire tomber un autre candidat, en tombant lamentablement devant lui avec une corbeille de fruits un peu trop lourdes.

Un vrai danger public.


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Mer 01 Juil 2020, 23:37

[Coupe des Nations Déchue] - La Guerre du Goût - Page 2 Monstr10
Phantom Monster par Richard Wright
La Guerre du Goût


Monika était relativement nerveuse, son sourire était crispé et ses mains nouées ne pouvaient se retenir d'entremêler ses doigts, tout en gardant son regard obstinément dirigé vers un point invisible, au-delà de la personne réalisant le discours d'introduction. Si cela lui donnait des airs de poupée sage, son esprit était en proie à un certain stress et ses manières trahissaient aisément son état. Écoutant les directives, la Magicienne ne trouvait pas celles-ci insurmontables. Concevoir un plat capable de surprendre les Juges ... ce n'était pas se perdre dans un labyrinthe océanique, ou la conception d'une torture barbare à essayer envers autrui. Elle était assez organisée, savait respecter un horaire ou suivre une recette, mais elle n'était pas très douée pour innover et contenter le palais plus que redoutable et réputé des Déchus d'Avalon. Son collègue, même apprenti cuisinier, Aleran Ward, aurait probablement mieux convenu dans cette Épreuve, mais Isemli semblait la croire capable de prouesses dont elle ne soupçonnait pas l'existence. Pourquoi ? Les Voies des Aetheri étaient impénétrables. Haut les coeurs, Monika ! essayait-elle de s'encourager. Elle ne défendait pas seulement l'honneur des Magiciens, mais également le prestige de sa Dynastie, qui ne manquerait pas de lui rappeler ses maladresses, mais surtout, le nom de la Marquise Leenhardt. Si sa Camériste faisait de graves erreurs, cela déteindrait sur sa personne et la jeune femme aurait préféré disparaître que d'en être responsable. Surtout aux yeux de ceux qui la regardait, remettant une couche supplémentaire.

C'était toujours mieux une épreuve de cuisine qu'une épreuve centrée sur la torture d'autrui, elle n'aurait pas été capable de défendre son peuple. Seulement ses idéaux, comme l'avait fait son homologue en abandonnant. Devant son plan de travail, son regard parcourait les ingrédients. Un héricoq d'agneau. C'était sans doute le plat qu'elle maîtrisait le mieux. Ce n'était pas le plus original, ni le plus incroyable, ni quoi que ce soit, mais elle l'aimait. Attachant ses cheveux en une haute queue de cheval avant de passer ses mains dans une bassine d'eau, la Magicienne essayait de parcourir la recette dans son esprit tout en essayant d'innover. Une idée, basique, parcourut ses neurones. Sans doute que vivre avec des personnes aux origines différentes élargissait ses horizons, après tout. D'ordinaire, cette recette se réalise avec du mouton, mais l'agneau a un goût plus agréable. Ce serait sans doute mieux si les Juges étaient sensibles aux arômes, ce qui éviterait de les rendre malades. Monika prit une grande inspiration pour se concentrer, avant de se mettre à l'étape la plus longue de cette préparation : le bouillon. Un élément nécessaire pour relever le goût du plat principal. Coupant les légumes avec une certaine habilité, prenant son temps pour que ce ne soit pas grossier, mais pas trop pour ne pas empiétez sur le temps imparti en les découpant en morceaux, avant de les mettre en compagnie des pièces et de l'assaisonnement, le tout dans de l'eau portée à ébullition, avant de laissez cuire à frémissements durant un moment, en écumant souvent. Heu ... Elle essaierait de ne pas oublier !

Les ... Les Pouffes-Pouffes-Glues encourageaient les compétiteurs avec une énergie qu'elle leur envierait presque. Vidée de son énergie avant même de commencer, mais un regain d'adrénaline serait bientôt son moteur. Soupirant tout en se disant que ce serait probablement réussi malgré tout, car la viande ne lui importait pas vraiment, elle s'en allait choisi un morceau d'agneau à son goût, avant de la découper en morceaux droits et égaux, puis en cubes de tailles égales, assez pour tenir dans la bouche sans étouffer celui qui la dégustait. Heureusement que sa vie, en compagnie de mère, l'avait habituée à ce genre de découpe. Elle n'était pas certaine que sa cousine, par exemple, serait parvenue au même résultat, car grandir en compagnie de serviteurs ne vous apprenait rien de réellement utile dans la vie ... Sans doute que la magie aidait grandement, mais depuis l'obtention de son travail, la Camériste avait apprit à s'en passé. Être au service d'une Humaine, c'était quelque chose, surtout avec une antimagie aussi vaste. En hachant les oignons de manière grossière, les spectateurs pouvaient voir que ce passage était assez délicat pour quelqu'un d'aussi sensible aux odeurs et ... au reste. Être en extérieur aidait assez bien l'évaporation, mais elle utilisait quelques techniques apprises au fil des ans, comme l'utilisation d'une lame bien lisse pour lui éviter d'écraser l'oignon. Cette étape rougit quelque peu ses yeux, mais aucune larme ne perlait sur son visage. Son honneur était intact.

Maintenant, la Magicienne devait éviter de toucher son visage pour enlever un cheveu imaginaire, ce serait utile en étant concentrée à tourner dans son bouillon, qui rependait une odeur bien agréable aux alentours. Heureusement qu'elle pouvait s'assurer de la cuisson et manger ses propres préparations, alors qu'elle blondissait l'ingrédient des enfers dans de la graisse animale, avant de rajouter les cubes d'agneau, une gorgée d'eau bien fraîche. L'hydratation était importante, surtout qu'ils étaient debout, à courir partout. Rapidement saisit, la viande relâchait son précieux liquide goûteux et une senteur alléchante, tandis qu'elle laissait sa préparation refroidir. Ce n'était que la première étape, elle attaquerait l'accompagnement en attendant la conclusion du bouillon. C'était le moment de sortir son arme véritable ... Son ingrédient secret était des épices. Pour ce genre de plat, on disait que l'assaisonnement était d'une importance certaine, car c'était ce qui en déterminait la réussite. Une saveur tendre qui se dissipait dans la bouche et permettait de ne pas se lasser du goût, ou de le trouver écoeurant et abject. Mancinia adorait manger des plats contenant des épices, lui rappelant ses origines, le Désert et son Soleil, dont elle était la digne héritière. Penser à elle dans ce moment stressant lui redonnait du courage ... Elle avait tant découvert à ses côtés. Intérieurement, ce plat lui était destiné. Ça lui donnait l'illusion que la Marquise était en sa compagnie et l'encourageait.

Lors de la cuisson du riz, Monika le mélangeait avec du curcuma, qui était destiné à colorer son ton d'ivoire, bien plus que parfumer et donner du goût, vu que ce dernier était moins percutant que son épice vedette, le safran. Fondant sur les grains en train de bouillir dans de l'eau salée. C'était le moment de la dernière étape, elle retirait le bouillon, ciselant des herbes aromatiques et ajoutant du verjus dans un plat dans lequel baignait ses morceaux d'agneau, avant de bien les mélanger ensemble, énergiquement. Salant, poivrant, agrémentant de macis, de persil, d'ysope et de sauge et couvrant le met en ultime geste, avant de laisser mijoter jusqu'à la cuisson complète. Encore quelques minutes et viendrait le moment du dressage ... La Magicienne s'impatientait en se dodelinant sur places au rythme de la musique des Glues. Bien veiller au riz, oui ... Le recouvrir d'un peu de bouillon et, lorsque celui-ci serait évaporer, elle verserait les morceaux de viande au-dessus, décorant sa préparation avec du persil et quelques fleurs comestibles. Et voilà. C'est tout. Tout ce travail pour un plat qui serait dévorer en quelques instants, ou balancer dans une poubelle. Prenant une grande inspiration, Monika essayait de faire redescendre la pression. Prête à servir, elle se disait avoir honorer toutes les part de son honneur ... Espérons qu'elle rendrait ceux dû à sa Marquise. Ce qui manquait à certains plats, après tout, c'était une dose d'amour.

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Merci Jil, je me suis grave éclaté nastae


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Lun 06 Juil 2020, 18:27

Exhalant un soupir à la fois envieux et déçu, la Déchue écoutait le discours d'introduction à la Coupe des Nations. Le spectacle se déroulait devant tous et se concentrait sur une Épreuve de cuisinerie. Cela avait fait rire Cédric, qui lui tenait la main. Sans aucun doute, Jeanne aurait été dans son domaine si elle avait été la représentante de sa nation chez un autre peuple, pour autant, elle n'avait pas à rougir. Sa victoire à l'Épreuve des Ygdraë n'était pas sans réel impact dans son existence. Sa renommée avait grandi et elle avait acquis quelques avantages de celle-ci, notamment avec l'acquisition prestigieuse de son restaurant, qui n'était pas moins un cadeau de l'Impératrice des Abysses. C'était tellement incroyable et l'allure prestigieuse de l'Arrêt au Port trônait au coeur du Port d'Avalon. Ce n'était pas encore une table incontournable, mais l'Abjecto veillerait à ce que son travail soit reconnu. En attendant, elle visualiserait de loin le travail des autres peuples venu impressionner les Juges, fervent défenseur de la Gastronomie. Sans aucun doute, ce dont ils avaient besoin était un plat puissant capable d'être présenté comme plat principal. Certains s'étaient mis au travail rapidement, d'autres prenaient le temps de réfléchir. Chacun avait des techniques et des méthodes différentes, pour avoir voyagé dans certains coins et relativement souvent, elle savait reconnaître quelques astuces maladroites ou aguerries. Le palais d'un cuisinier, se construisait avec l'expérience et des différentes qu'il a pu expérimenter par le passé. Sur ce point, la Déchue partait avec un avantage certain, mais qu'en était-il des concurrents ? En dehors d'un plat typique de leur peuple, pouvaient-ils réellement créer une spécialité ?

Contrairement à quelques-uns, dont le regard des autres générait une panique, certains demeuraient tranquilles. Il y avait ce représentant calme et indifférent, poursuivant tranquillement sa préparation. Concentré uniquement sur sa préparation. Jeanne connaissait cela. La cuisson, l'odeur, les ingrédients, le grésillement de la graisse ... Tout cela était la différence. Surtout qu'il se concentrait sur la réalisation du canard et la manière dont il allait l'utilisé aurait un facteur déterminant. Non loin de sa position, l'odeur était alléchante. Les arômes s'entremêlaient et le miel caramélisé était brillant. Un autre cuisait du poisson avec du cognac, le tout agrémenté d'une purée et d'une brioche maison. Elle voyait également un peu de cannelle sur la table de préparation, ce qui donnerait sans doute un goût assez rafraîchissant ! Un autre avait une cuisine sinistre et de mauvaises odeurs s'en dégageait, au point de se dire que ce devait atroce pour les personnes proches de lui, certains spectateurs s'étaient même redresser pour changer de place. Ça ne donnait clairement pas envie. C'était bien pour cette raison que Jeanne n'appréciait guère les candidats oeuvrant à la réalisation d'un plat avec si peu d'investissement. Ne prenaient-ils pas un minimum cette Épreuve au sérieux, cet art à part que format la cuisine ? Elle protesterait si un de ces rustres étaient gagnants ... comme si c'était l'endroit pour faire passer le temps ! Une moue boudeuse sur le visage, elle se concentrait sur ceux qui en valaient réellement la peine à ses yeux et qui aurait, certainement, pu contenter son palais redoutable.

Une autre candidate s'occupait de cuire un autre type de poisson, mais elle semblait terriblement déstabilisée et se contentait avant tout d'une salaison normale. Cela n'enlevait rien à sa peau croustillante et dorée, bien cuit, sa chair serait moelleuse. De la simplicité, mais dans toute sa gentillesse à concevoir un charmant plat. Concentré sur son plat de pâtes à plusieurs couches, quoiqu'assez surchargé entre le bacon et les champignons, le candidat aux cheveux violets prendre son temps sur la réalisation d'un bouillon conçu à partir de jarret de boeuf et d'os de poulet, il semblerait les avoir fait griller avant la décoction. Ne serais-ce pas trop lourd ? C'était le genre de repas où on arrivait à la moitié en abandonnant le reste, trop écoeurant à terme. À côté de lui, une demoiselle s'essayait à une technique simple et connue pour éviter de libérer le jus désagréable des oignons, rendant sa découpe plus ardue en cas de mauvaise gestion. En prenant l'agneau plutôt que le mouton, elle évitait de dégager des odeurs trop fortes, autant dans le nez que dans bouche. Un des concurrents avait réalisé une garniture de bacon, ainsi que des champignons et des oignons glacés. Leur lustre brillant créée une hégémonie dans le plat, avec un service impeccable. Heureusement qu'une majorité des prestations étaient à la hauteur. Entre la réalisation d'un plat timide, celui d'une découpe rapide et appliquée, une oeuvre sans la moindre hésitation ... Jeanne aurait donné cher pour goûter certains ouvrages.

Mais qui sait ? Ce n'était pas une personne vilaine au point de laisser les esprits investis dans l'ombre. C'était toujours bien de discuter de cuisine. Il y en avait quelques-uns qui lui plaisaient, peut-être devrait-elle les inviter à son restaurant ?

817 mots


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Eerah
Æther des Bergers et des Wëltpuffs

Æther des Bergers et des Wëltpuffs
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Eerah
Dim 16 Aoû 2020, 14:02


« Ma ! J’y vais !
— Déjà ?! On n’a pas entamé le dessert ! »

Et pourtant, cela faisait bien trois heures que le repas avait commencé. L’après-midi était bien entamé, et on lui avait demandé pas moins de huit fois « Quand-est-ce que tu vas te trouver quelqu’un à épouser ? ». C’était la fin de semaine : le repas de famille était réglé comme une horloge. On se retrouvait un peu avant le zénith chez Ma, puis on buvait une bière, ou du vin, pour les femmes ; une courte discussion, une cigarette ou un peu d’herbe, et on passait à table lorsque la maitresse de maison annonçait que son rôti était prêt. C’était toujours du rôti – mais c’était toujours un bon rôti – et quelques petites pommes de terre, comme si la famille vivait encore ses heures sombres. Et on parlait. Les plus vieux avec les plus vieux, les plus jeunes avec les plus jeunes, et ceux qui maintenaient le commerce familial en ordre s’abstenait pendant quelques heures d’évoquer le travail. Parmi ces derniers, Sam était le plus jeune. Ça ne l’empêchait pas d’y aller de bon train sur l’alcool, le tabac, la nourriture et les éclats de rires, mais ça lui valait certainement son lot de remarques graveleuses, de clin d’œil appuyés et de soupirs désespérés. Autant qu’il appréciait ces moments, aujourd’hui se tenait la Coupe des Nations, et il avait bien l’intention d’aller voir ça. Il déposa au passage un baiser sur la joue de sa mère, qui, un plateau dans les mains, le morigéna avec un sourcil froncé :

« Samwise Oxton, ce soir c’est l’anniversaire de ton oncle. Coupe des Nations ou pas, si tu n’es pas là pour le repas, tu vas passer un sale quart d’heure. Compris ?
— Pour sûr, Ma ! À ce soir ! »

Il passa par le balcon et quelques secondes plus tard, il filait droit en direction du centre-ville, vers les hauteurs. Dès ce soir, peu après la fête, de nouveaux contrats seraient signés avec des acheteurs venus spécialement pour la Coupe. Il savait que derrière l’avertissement de Ma se cachait davantage que la peur de rater l’anniversaire de son oncle. Mais il ne serait pas en retard, il ne l’était jamais. De son vol chaloupé désormais caractéristique, il approchait des Halles des Titans. Avoir un morceau de bras en moins le rendait plus léger d’un côté que de l’autre ; il compensait en travaillant un peu plus avec son aile droite, mais cela se ressentait sur sa manière de voler. Ça n’était pas vraiment un problème – il avait de toute façon fini par s’y faire – il avait juste l’air d’un corbeau blessé. Arrivé aux Halles, il rentra ses ailes un peu avant de toucher le sol, et s’y laissa tomber. Autour de lui, le brouhaha ; les commerces grondaient d’activité, la journée était particulièrement chargée. Personne ne faisait attention à lui, et c’était pour le mieux : il n’était pas sur le territoire familial, aussi haut en ville. Généralement, les familles évitaient de s’écharper sans raison, mais dans ce milieu, on n’était jamais à l’abri de servir d’exemple pour payer une dette dont on ignorait tout. Toutefois, la journée était chargée, et aucune tension particulière n’était à déplorer depuis plusieurs mois ; il devait être assez libre de flâner, ce qu’il commença à faire sans se presser.

En arrivant sur la place du Rift, les candidats étaient en pleine préparation. Il passa à côté de certains stands en jetant un coup d’œil rapide, depuis les barrières qui maintenaient le public à une distance raisonnable. Il y avait certainement du beau monde : il reconnaissait au moins Priam Belegad, visiblement affairé sur quelques crêpes. Un peu plus loin, il pu jeter un coup d’œil circonspect à l’œuvre du participant Démon, et un hochement de tête appréciateur devant les plats épicés de la Magicienne. Certaines tables étaient vides, les participants n’ayant pas voulu venir, ou ayant abandonné plus tôt dans la journée. Le – ou la – participant Génie notamment, ainsi que –

Khor s’immobilisa en observant la scène pitoyable. Un petit drame avait lieu au nez et à la barbe de centaines de personnes, mais personne n’en avait rien à faire. La petite Odile était là, seule, effrayée, et pourtant si courageuse et pleine de bonne volonté. Elle avait fait tout le chemin pour être reçue par l’indifférence des mortels, et autour d’elle, une aura de solitude et de tristesse pulsait discrètement ; suffisamment pour indisposer certains spectateurs un peu plus réceptifs, pas assez pour leur faire tourner la tête. Il s’arracha au corps de Sam, et traversa la barrière pour s’approcher de la table de la petite Fae. Comme elle, il n’existait pas aux yeux des autres, mais elle, elle pouvait le voir, tel qu’il était. Il portait pour seul vêtement un pantalon de toile qui lui tombait lâche sur les chevilles, et une crinière impossiblement dense et épaisse, qui flottait doucement dans son dos ; on y voyait parfois, entre quelques mèches argentées, un noir profond et infini, piquetés d’étoiles. Il se laissa tomber en avant, et flotta doucement jusqu’au plan de travail, avant de s’y arrêter, le menton posé sur ses bras croisés. Elle avait besoin d’épancher un peu de sa tristesse, et il lui laissa ces quelques instants de libération ; sur le dos, elle contemplait en silence le ciel. Après un moment, il s’éleva et sans un bruit, alla s’allonger à côté d’elle. Avant de parler, il la laissa prendre conscience de sa présence, pour ne pas l’effrayer davantage. Il se tourna sur le côté, la tête posée sur une main. Il planta ses yeux gris dans ceux de la petite étoile.

« Tu veux que je t’apprenne une recette ? »


[Coupe des Nations Déchue] - La Guerre du Goût - Page 2 GqzDWY

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Kaahl Paiberym
Sam 03 Oct 2020, 00:29

[Coupe des Nations Déchue] - La Guerre du Goût - Page 2 Vc21
La Guerre du Goût



Des larmes silencieuses roulaient sur mon visage. Celui-ci n’était pas bien différent de mon corps, fondu en lui, dans une forme d’étoile. J’aurais voulu scintiller pour quelqu’un, au moins aujourd’hui. J’aurais voulu qu’une personne posât les yeux sur moi et que sa journée, tout d’un coup, devînt bien plus douce et heureuse. Pourtant, personne ne me regardait. J’étais allongée, là, et, sans les autres, j’avais l’impression de n’avoir aucune utilité. Avec Gustine et les enfants, les choses étaient différentes. La vieille Magicienne parlait parfois seule et je lui répondais, comme une conscience, une amie, un Ange Gardien. Elle avait toujours un geste gentil et, même si elle ne se doutait pas réellement de mon existence, elle avait fini par inventer une histoire de petite créature qui venait, durant la nuit, manger la nourriture déposée le soir. Elle encourageait toute la maisonnée à suivre son exemple et tous avaient déjà pu constater que la petite bête existait bel et bien. Une fois le soleil couché et le calme revenu, il était possible d’entendre des céréales croquer dans le salon ou la cuisine, en fonction de l’endroit choisi pour mon cadeau du jour. Face à tant de bonté, j’avais envie, moi-aussi, de rendre les gens que je croisais heureux. Je ne le pouvais pas, à cause de la forme de mon corps et de mon invisibilité. Le monde me tournait le dos, comme si je ne le méritais pas. C’était pour cette raison que cette blessure existait au fond de ma poitrine, cette boule d’émotions douloureuses qui ne voulait pas partir. Je voulais donner mais mes dons étaient refusés. Je voulais être importante pour quelqu’un, rien qu’une fois. Je désirais pouvoir consoler ceux qui avaient peur et que les autres ne voyaient pas non plus, ces invisibles que personne ne remarquait jamais, ceux qui n’avaient pas de toit, ceux qui n’étaient pas beaux, ceux de qui l’on avait peur sans raison, pour être différents. Parfois, je discutais avec les insectes, en imaginant leur réponse. Les araignées terrorisaient bien des individus mais n’étaient bien souvent pas un danger. Je jouais avec elles, parce qu’elles me voyaient. Ou alors peut-être me prenaient-elles simplement pour une sorte d’objet en forme d’étoile sur lequel il était bon de faire sa toile et de gambader ? Je voulais un ami, quelqu’un avec qui parler. L’indifférence de la foule suffisait à nier mon existence, à me faire disparaître. Invisible, j’avais l’impression de mourir à petits feux. Intérieurement, je sentais comme un vide, quelque chose de profond. La solitude me rongeait le cœur.

Alors qu’une nouvelle larme coulait vers les extrémités de mon corps, je crus percevoir un mouvement sur le côté. Mes yeux se déplacèrent jusqu’à un individu. Il était aussi petit que moi. J’eus un hoquet de surprise à retardement. Ma bouche forma un o étonné. Mes bras potelés se rejoignirent dans un mouvement timide. Personne n’était venu se placer aussi près de moi aujourd’hui. Est-ce qu’il me regardait ? J’avais du mal à le croire. Lorsqu’il parla, je tournai maladroitement la tête vers l’autre côté, comme pour y déceler une deuxième silhouette, la silhouette de celui ou celle à qui il s’adressait. Le vide me rendit perplexe. Une moue d’incompréhension apparut sur mon visage. Je tournai de nouveau le regard vers lui et sa chevelure qui semblait revêtir bien des mystères. C’était comme si la carte du ciel y avait été dessinée. Était-il un Fae ? Le gris de ses yeux m’attirait. Il semblait gentil. « Euh… » commençai-je. Ma voix légèrement enrouée eut le mérite de me faire revenir à la réalité. Je passai ce qui me servait de main sur mes yeux, gonflés par la tristesse. Je voulais effacer les traces de mon chagrin, comme si ce simple mouvement suffirait à le faire disparaître. Mes prunelles étaient brillantes d’un espoir que je n’étais pas certaine de pouvoir me permettre. Et si j’espérais et qu’il s’avérait que, lui non plus, ne me voyait pas ? Que ferais-je dans ce cas là ? Peut-être valait-il mieux fuir pendant qu’il en était encore temps, sans connaître la vérité ? C’était parfois mieux de ne pas savoir, de garder une hypothèse heureuse au chaud, au fond de son cœur, plutôt que de la voir se briser en mille morceaux. « C’est… Euh… Pardon. » dis-je, d’une toute petite voix. Je passai encore ma main sur mes yeux, sentant que s’il me voyait vraiment, je me remettrais sans doute à pleurer, pas de tristesse mais d’une joie étrange, comme si le regard de cet homme aurait alors le pouvoir de justifier mon existence à lui seul. Peut-être que, pour une fois dans ma vie, il y aurait quelqu’un qui me verrait vraiment et qui m’aimerait, pour moi, vraiment moi. « C’est que… Je veux bien, oui. Enfin… Si c’est à moi que vous… tu… vous ? » Je me tus un court instant, tout en essayant de reprendre mes moyens. « Je ne sais pas si c’est… C’est que… Personne ne me voit jamais. Mais moi j’aimerais bien apprendre à faire une recette. » Je souris timidement, incertaine.

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Mer 04 Nov 2020, 00:13

Cette petite chose, petite fae, tantôt plongée dans les méandres de la mélancolie, s’accrochait désormais à un nouvel espoir avec une pugnacité qui forçait le respect. Il ne restait que peu de place à l’empathie dans l’esprit de l’ex-Roi ; mais le peu qu’il percevait de cette boule de lumière lui réchauffait le cœur. Il oscillait entre un état d’observation neutre et objective, et un bouillonnement d’émotions primaires. Il jubilait de joie, de la satisfaction d’avoir fait revenir un sourire sur ce visage lunaire, et paradoxalement, il enrageait du mal qu’on avait pu causer à une créature aussi simple et innocente. Il tira la langue :

« Moi, je te vois ! On m’appelle Khor. Enchanté, Odile ! »

Non sans efforts, il puisa dans les ruines de son humanité, et lui offrit son sourire le plus sincère. Intérieurement, il se morigéna ; il s’appuyait trop sur ses petites expériences, il en devenait presque difficile d’interagir normalement par lui-même. L’Æther s’assit en tailleur et passa doucement sa main sur le front d’Odile, comme il l’aurait fait avec n’importe laquelle de ses bêtes, pour la rassurer.

« J’ai une idée. Je vais t’apprendre à préparer ce que ma maman me faisait quand il n’y avait que nous deux à la maison. Il va nous falloir quelques ingrédients ! »

D’une poussée, il s’éleva, flotta au-dessus d’elle, avant de retomber sur ses pieds, les orteils au bord du plan de travail.

« Tu viens ? »

Il sauta à bas de la table, en direction du chariot d’ingrédient. Autour d’eux, le temps ralentit doucement. Les gestes brusques se firent doux et prévisibles ; les cris muèrent en murmures. Il réserva ce petit moment de l’histoire à une jeune Fae qui en avait le plus grand besoin. Quand il se fut assuré qu’elle le suivait, il avança à ses côtés, et un petit rouleau de parchemin apparut entre ses mains. Le dieu cornu en déroula les premières lignes, qu’il lut à voix haute.

« Il va nous falloir un peu de farine, un peu de semoule de blé, de l’eau, et du sel. Ça, c’est pour la pâte. Ensuite, du fromage, quelques noix, et du miel. Je vais chercher la farine, tu choisis un fromage que tu aimes bien ? »

Tandis qu’elle mettait le nez dans la réserve, il agita la main, et leur cuisine s’anima ; le feu se mit à brûler dans le four, et les ustensiles se mirent en place. Il s’assura qu’ils soient à la taille d’Odile, quitte à en créer de nouveaux. Il n’avait pas l’intention de faire le travail à sa place ; mais il allait la guider et l’encourager autant que possible. Quand elle s’en revint, ils allèrent disposer les ingrédients sur le plan de travail.

« Alors ! C’est une recette assez simple, mais la préparation de la pâte est primordiale. Dans un saladier… Tiens, tu peux aller prendre celui-ci ? Merci. On met les ingrédients : d’abord la farine, ensuite, la semoule et tu commences par bien les mélanger – fais un petit puit, comme ça, voilà. Ensuite, l’eau. Il faut qu’elle soit un peu tiède. Un coup dans la casserole au-dessus du feu, pas trop longtemps. Tu peux mettre le sel directement dans l’eau, et ensuite, hop ! Attention à ne pas noyer le mélange, tu risque de former des grumeaux… Parfait, comme ça, petit à petit. Et on mélange ! Hop, hop ! Sans faiblir, recrue ! Une fois que c’est presque liquide, il va falloir laisser reposer. Mélange encore un peu, c’est presque bon. »

Deux ou trois heures étaient nécessaire à la pâte pour correctement reposer ; il posa le saladier de côté, et s’assura d’accélérer le temps autour de celui-ci. En attendant, il s’assit à côté de la Fae.

« Tu vois, c’est assez facile, finalement, non ? », avant d’ajouter, doucement : « Ça va mieux ? ».


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Mer 18 Nov 2020, 16:24

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La Guerre du Goût



« Corps ? Comme un corps ? Comme mon corps ? » J’étais un peu bébête. Pourtant, ça venait d’une bonne intention. Peut-être était-il ici pour prendre soin de moi, de mon corps tout endolori et meurtri ? Le fait qu’il connût mon prénom ne m’étonna qu’une fraction de seconde. Je me sentais bien plus apaisée en sa présence. Il devait le connaître par la Coupe des Nations. Il me voyait, c’était déjà miraculeux. Était-il le protecteur des étoiles ? Cet homme doux et bienveillant qui revenait souvent dans les histoires que Gustine racontait aux enfants ?

Mes yeux se mirent à briller de mille feux lorsqu’il formula sa proposition. « C’est vrai ? » demandai-je d'une petite voix, comme pour être sûre. Je n’avais jamais eu de maman. J’étais née dans une fleur, comme toutes les Faes. Pourtant, si je ne savais pas exactement ce qu’était-ce qu’avoir une maman, je savais ce qu’était-ce qu’avoir un papa. Je le voyais quotidiennement, lorsque Kaahl était près de ses enfants, lorsqu’il les faisait danser dans le salon, caressait doucement leurs cheveux ou s’improvisait conteur, chevalier ou danseur pour les faire rire. Il leur apprenait des choses et ils étaient heureux. Il séchait leurs larmes lorsque la vie leur semblait triste, lorsqu’ils tombaient ou lorsqu’ils avaient simplement envie de pleurer. Il réparait les bris et pansait les petits bobos. Il câlinait et déposait des baisers tout doux. Je voyais dans les yeux des enfants qu’un papa était une chose extraordinaire, comme une maman. Alors j’étais heureuse qu’il voulût partager un moment qu’il avait passé avec sa maman avec moi. Il ne me connaissait pas, après tout. J’étais reconnaissante. Les souvenirs étaient précieux.

Je m’élançai à la suite de Khor, que je croyais être Corps, plus confiante que jamais. J’étais sûre que rien ne pourrait m’arriver en sa présence. Je voulais faire cette recette et la réussir, même si personne ne la verrait jamais à part lui. Ce serait notre secret, notre secret rien qu’à nous ! Ce souvenir brillerait sans doute toujours de mille feux dans ma mémoire, celui du jour où quelqu’un m’avait vue et avait accepté de faire à manger en ma compagnie. « Un fromage que j’aime bien ? » Ma bouche s’était transformée en un o d’interrogation. Mon bras en étoile se plia et l’extrémité de ce qui était une sorte de main se plaça devant ma bouche. Je réfléchis, tout en regardant autour de moi. Je vis un fromage trop rigolo, avec des trous dans la pâte. « Celui-là ! » déclarai-je, en l’emportant avec moi maladroitement. C’était un peu lourd et j’étais toute petite. J’y arrivai pourtant, heureuse comme tout d’avoir réussi.

Une fois que tout fut en place, j’écoutai attentivement les instructions. Cette cuisine était fantastique ! Parce que tout était adapté à ma taille. Je n’aurais jamais cru cela possible. Je souris et hochai la tête à plusieurs reprises, tout en exécutant les gestes avec application. J’aimais beaucoup faire un puits dans la farine. C’était aussi drôle que d’y verser les ingrédients et de voir ma création prendre forme. Je me demandai si Sympan s’était senti comme ça, lorsqu’il avait créé le monde ? Comme une petite Fae qui cuisine. « Hop ! Hop ! » répétai-je, comme pour me donner de l’entrain dans mes propres gestes. Il fallait tourner vite pour ne pas faire de grumeaux. J’étais tellement concentrée sur ma préparation que les terres entières auraient pu s’effondrer autour de moi sans que je ne le remarquasse.

« Voui. Ça va mieux. » avouai-je, avec un sourire timide. « Dis ? Tu crois que notre plat sera bon ? » demandai-je, après avoir hésité un peu. « C’est que… Je n’ai pas l’habitude de faire de la cuisine. Tu voudras bien goûter ? » Je baissai le regard puis réunis les deux extrémités de mes bras d’étoile. « Est-ce que tu es le protecteur des étoiles ? » questionnai-je. « C’est une histoire que Gustine raconte beaucoup aux enfants. C’est… » Je m’arrêtai pour réfléchir un peu au début, puis continuai. « L’histoire ça raconte qu’avant, il n’y avait pas la nuit. Les étoiles étaient exposées au soleil. Il était jaloux parce qu’elles étaient plus élégantes que lui, avec leur lumière discrète. Il voulait les brûler pour qu’elles cessassent d’exister. Lorsqu'il essaya enfin de les éliminer, les étoiles se mirent à pleurer. C’est là qu’intervint un homme vêtu d’une longue cape faite de nuit. Elle était unique et possédait un grand pouvoir. Parce que les étoiles l’attendrirent, il décida d’enlever sa cape et de leur faire un manteau protecteur. Il posa sa cape dans le ciel et la nuit fut créée. Pourtant, donner sa cape réduisit ses forces et le menèrent à l’article de la mort. Les étoiles se concertèrent et décidèrent de sacrifier une partie de leur existence dans le ciel pour le sauver. Si la nuit elles resplendissent toujours au milieu de la cape faite de nuit, la journée, elles accompagnent l’homme dans ses missions. C’est lui, le protecteur des étoiles. »

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Sam 21 Nov 2020, 19:03

Il lui sourit en retour, satisfait. Quelque chose à propos de cette enfant embrasait son instinct de berger. Egarée dans la tempête, elle avait bêlé en vain, et il avait entendu son appel ; maintenant qu’il la rassurait doucement, sa bête se montrait encore un peu hésitante, mais il savait qu’une fois qu’elle aurait retrouvé le troupeau, ses peurs s’en iraient. Du bout des doigts, il caressa le plan de travail en bois, inconsciemment, songeur, comme il aurait pu passer la main dans la laine d’un Wëltpuff.

« Je suis certain que ça sera très bon. », avant de rire : « J’espère bien que je vais y goûter ! Et toi aussi ! »

Sa voix se fit plus petite, et il s’assit pour l’écouter parler. Elle lui raconta une histoire, et il vit que le conte pour enfant l’avait marquée à plus d’un titre. Son corps de Fae évoquait effectivement une étoile, et il l’avait trouvée en train de pleurer à chaudes larmes. Et que sa chevelure contenait des fragments qu’il était allé voler à la nuit elle-même. Et qu’elle était accompagnée de quelques étoiles. Un instant, il se demanda si ce conte n’était pas une plaisanterie mise en place par un autre divin – peut-être même par une version future de lui-même. Mais il n’allait pas lui mentir. Il n’en avait pas besoin.

« On ne m’a jamais appelé comme ça. Mais je garderai un œil sur toi, et le soleil n’est pas assez fort pour me tenir tête. Tu ne resteras pas toujours une petite étoile, tu sais ? »

En réalité, d’ici la fin de la journée, ses années de solitude seraient derrière elle. Mais pour l’instant, elle n’avait pas besoin du reste du monde ; elle avait juste besoin de lui. Il jeta un œil à leur préparation, qui reposait toujours. Il bougea un doigt, et ralentit un peu le processus, avant de se tourner vers elle, les mains croisées.

« Qu’est-ce que tu feras, quand tu deviendras une grande Fae ? Il y a des endroits que tu veux aller visiter ? Des gens à qui tu veux parler ? Je suis sûr que Gustine serait fière si elle savait que tu as préparé un plat, il faudra penser à lui dire ! Et il faudra que tu aille remercier le baron, également. »

La pensée de savoir une petite chose si fragile à côté d’un nœud de probabilités aussi instable et puissant le mettait dans un état où la colère le partageait à l’inquiétude, mais c’était également à ses côtés qu’elle risquait le moins de subir les retombées de ses plans de conquête. Qu’importe. Il n’était pas du genre à interférer dans les plans des « grands ». Ils étaient tous suffisamment capables de les saboter eux-mêmes. Kaahl Payberim n’était pas un Wëltpuff, ni un berger d’ailleurs. C’était un prédateur, un loup dont il fallait garder son troupeau.


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Sam 12 Déc 2020, 11:59

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La Guerre du Goût



« C’est vrai ? » demandai-je, heureuse. Qu’il voulût goûter mon plat m’apportait une joie immense. Certaines personnes n’étaient contentes qu’en possédant beaucoup. Ce n’était pas mon cas. La tristesse de la solitude me berçait souvent mais dès qu’une éclaircie pointait le bout de son nez, je me dépêchais de la saisir et de ressentir, au fond de ma poitrine, cette petite sensation piquante et chaleureuse à la fois. Sa présence réchauffait mon cœur, au point que j’en avais presque envie de pleurer de bonheur. Parce qu’il me voyait telle que j’étais, je n’avais besoin de faire aucun effort pour attirer son attention. J’étais, en sa présence. Je valais quelque chose. J’existais, quand il était là. Je n’avais pas à battre frénétiquement des bras pour tenter de capter l’attention. Je n’avais pas à crier de toutes mes forces, à m’en rompre les cordes vocales, pour qu’un regard se posât sur moi. Et, malgré tous mes efforts, les individus m’oubliaient quelques secondes après, comme s’ils remettaient en question ce qu’ils venaient d’entendre ou de voir. Je n’étais qu’un mirage en temps normal. Et ça faisait mal. Mais pas avec lui. Avec lui, c’était facile. Je n’avais qu’à être moi-même, à parler normalement. Le fait qu’il me garantît de veiller sur moi créa dans mon ventre une boule de courage. Si je savais qu’il était là, quelque part, alors ça irait. Même si je ne le voyais pas, ça irait, parce que j’aurais la certitude qu’il m’observerait, le Protecteur des Étoiles.

« Voui, je sais. » J’espérais, parce que ce corps n’était pas très pratique. J’étais empotée, par rapport aux gens que je voyais autour de moi. Quand je voulais manger, c’était compliqué. Mes bras ne se pliaient jamais comme je voulais. C’était comme avoir un corps handicapé ou être enfermée dans une enveloppe charnelle qui n’était pas la mienne. Dans ma tête, je pouvais courir. Dans ma tête, j’avais de vrais doigts, fins, des doigts capables de précision. Dans ma tête, je pouvais nager. Mais, tout ceci, j’étais incapable de le faire. Mon corps était un fardeau duquel je ne pouvais me défaire. J’aurais pu pleurer à chaudes larmes, implorer le ciel de me sortir de là, que rien n’y aurait fait. Il existait un unique moyen de défaire la malédiction. Celui-ci m’était inaccessible tant mon invisibilité était grande.

« Alors… » fis-je, songeuse. « Quand je serais grande, j’aimerais bien… aider les autres et les animaux ! J’aimerais que plus personne ne se sente seul ! La solitude, tu sais, c’est vraiment très douloureux. C’est comme mourir de l’intérieur. Et peu importe que le soleil brille, ses rayons ne réchauffent plus. Peu importe que les oiseaux chantent, leur chant paraît n’être qu’un bonheur inaccessible. Il faudrait que chacun puisse recevoir un sourire bienveillant et encourageant, parce que, exister, parfois, c’est dur. » Je ne connaissais rien au monde et aux démons qui l’habitaient. Même s’ils ne me voyaient pas, Gustine, Minéphore, Pauline, Kaahl et les enfants étaient tous gentils. Kaahl était un peu spécial mais il n’avait jamais cherché à faire du mal aux autres, au contraire. « Alors, quand je serais grande, j’aimerais me concentrer sur ceux qu’on ne voit pas, les invisibles, comme moi. Je pense que je vivrai toujours là où j’habite parce que j’aime ma famille. » C’était ce qu’ils étaient à mes yeux. « Mais je voyagerai pour protéger ceux que personne ne protège. Je pourrais même faire un grand jardin, avec des fleurs gentilles ! Et quand les gens iraient dedans, ils seraient heureux ! » Je souris, contente de mes idées. Peut-être que je pourrais même les réaliser ? Peut-être qu’elles ne seraient pas que des mots, prononcés au cours d’une conversation ? Peut-être que j’aurais le courage de mettre en pratique ce que je désirais, que je saurais effacer la peur ? « Oui. Gustine elle serait contente pour moi, comme quand n’importe qui au château réussit quelque chose. Tu sais, Protecteur des Étoiles, tu devrais aussi protéger Gustine. Gustine c’est comme une étoile. Elle brille ! Et quand, autour de toi, c’est tout noir, elle arrive pour te guider. Sa sensibilité fait que, même si elle ne peut pas me voir, elle m’a sentie. Elle n’a pas eu peur de ce qu’elle ne connaissait pas. Elle m’a accueillie comme elle le pouvait, comme elle le fait avec tout le monde. Mais Gustine elle est vieille, tu sais. Pourquoi est-ce que les gens gentils doivent mourir ? Je trouve que ce n’est pas juste, moi. » Quand je pensais à la mort de Gustine, j’avais envie de pleurer. Parfois, je l’entendais qui parlait à Minéphore, son mari. Elle lui disait que ses articulations lui faisaient mal, qu’elle était plus fatiguée que d’habitude, que, dans le temps, une tâche qui lui demandait une heure aujourd’hui lui aurait pris dix minutes. Malgré tout, je savais qu’elle était heureuse de vieillir à côté de l’homme qu’elle aimait, parce qu’il avait toujours été là pour elle et le serait jusqu’à la fin. Si la grand-mère avait bien une certitude, c’était celle-ci. Jamais son Minou ne la quitterait. Parce qu’ils s’aimaient si fort que j’étais convaincue que même les Dieux n’auraient pas pu les séparer ! « Et toi, Protecteur des Étoiles, tu vas faire quoi après ? »

879 mots

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Mer 06 Jan 2021, 22:48

Il écouta la petite Fae parler sans piper mot. Elle avait encore beaucoup à épancher : elle n’avait eu personne pour l’écouter la majorité de son existence. Et quels plans elle avait ! N’en réaliserait-elle qu’une fraction qu’elle serait déjà considéré comme sainte. Plutôt que de prendre sa revanche sur le monde, la première chose qui lui venait à l’esprit c’était de venir en aide à ceux qui connaissaient la même chose qu’elle. La décision était déjà prise avant qu’elle n’ait terminé, il allait consacrer un peu de son « temps » à la suivre de loin. Elle était plus intéressante ; elle avait plus de valeur que bien d’autres. Peut-être qu’il avait besoin d’un peu de simplicité – d’un peu de bonté – de temps à autres. Ce qu’il appréhendait davantage, c’était l’effet presque pervers qu’Odile avait sur lui. L’aider, la libérer de son chagrin était ce qui l’avait approché le plus d’une émotion sincère depuis son ascension. Il en voulait plus, et il voulait la voir heureuse, mais il savait également qu’il n’existait pas de joie réelle sans douleur. En tant que Khor, il avait les pleins pouvoir sur presque tous les aspects de son existence, et il aurait pu la façonner comme il le souhaitait : mais s’il la préservait de tout malheur, elle n’éprouverait jamais à nouveau ce bonheur. Et il ne pouvait pas décemment organiser lui-même les obstacles et les traumatismes qui vont avec le fait d’exister, ç’aurait été encore plus dégoûtant. D’autres Ætheri que lui s’en donnait déjà à cœur joie, et il ne les appréciait pas plus que ça. Non, il était condamné à observer, immobile et silencieux, et à dispenser ses coups de pouce avec parcimonie, discrètement. Lorsqu’il sentit les entrailles de la Fae se serrer à la mention de la mort inéluctable de Gustine, il toussa doucement, et un peu de vie s’échappa de ses lèvres. Quelque part, sur les terres du Baron, une vieille dame et son mari virent leur horloges biologiques remontées d’une dizaine d’années. Jun râlerait peut-être, mais il n’avait aucune leçon à donner en termes de décisions égoïstes et irrationnelles.  

— « Moi ? Je n’y ai pas vraiment réfléchi. Je crois que je vais aller m’occuper de mon troupeau. Je garde des Wëltpuffs – et il traça dans l’air la forme approximative de la bête à laine. Oh, ils sont bien élevés, et ils s’occupent généralement bien sans moi, mais ça ne coûte rien de garder un œil dessus. Et puis, il faut aussi que je garde un œil sur les étoiles, comme toi. Et quand je ne fais ni l’un, ni l’autre, j’aime bien faire pousser des choses. »

Il attira à lui un saladier contenant plusieurs fraises Trougloudou.

— « Tu veux savoir un secret ? C’est moi qui les ai créées, celles-ci. Tiens, goûte. Comme ça, la prochaine fois que tu en verras, tu penseras un peu à aujourd’hui ! »

La pâte était prête à présent. Liquide et légère, comme prévue. Il posa une poêle sur le feu et montra à Odile comment en étaler un petit peu sur la fonte. En quelques minutes, la première feuille était prête, et petit à petit, d’autres vinrent s’empiler par-dessus. La feuille de brick était légère, et fragile. Il lui expliqua comment la manipuler sans la laisser s’effriter, et ils commencèrent ensemble à les garnir.

— « Un peu de fromage et du miel, c’est basique, mais c’est idéal. Tu ajoute un ou deux cerneaux de noix, un peu comme un trésor caché, et tu emballe le tout comme un cadeau. Voilà, comme ça ! Et quand on aura fini, plus qu’à enfourner une petite heure, et ça sera prêt. Mais si tu en refais plus tard, il faudra essayer avec d’autres ingrédients, comme des figues, de la confiture… En fait, c’est ça qui est bien avec ce plat, c’est que tu peux faire un peu ce que tu veux, et la surprise est révélée à la première bouchée. »

Une fois qu’il fut sûr qu’elle ait compris comment refermer correctement la feuille, il s’écarta d’un pas pour la laisser faire, et la regarda s’appliquer avec un sourire.

— « Tu t’en sors très bien. On peut déjà mettre celles-ci sur une plaque au four, avant de préparer les autres. Mais ça, c’est moi qui gère ! Tu pourras t’en occuper toi aussi d’ici peu, ne t’inquiète pas. »


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Ven 22 Jan 2021, 12:58

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La Guerre du Goût



Pendant que le Protecteur des Étoiles m’expliquait ce qu’il allait faire ensuite, je me mis à essayer de danser sur les deux pointes qui me servaient de jambes. J’avais vu Gustine s’adonner à l’activité plusieurs fois avec Minéphore. Kaahl le faisait également souvent avec ses enfants. Ces moments étaient toujours emprunts d’une tendresse infinie. La valse était devenue, pour moi, symbole de bien-être. Bien sûr, je n’arrivais pas à la reproduire correctement. Mon corps était bien trop pataud. Les Faes n’étaient pas réellement vouées à vivre une histoire d’amour comme les autres races. Nous naissions dans les fleurs et n’avions pas besoin de trouver un partenaire masculin pour rester à nos côtés toute la vie et faire des enfants. Pourtant, à force d’observer les interactions au cœur du château, j’avais souhaité, moi-aussi, avoir quelqu’un comme ça : une personne avec laquelle je pourrais tout partager, une personne qui me verrait et me comprendrait, quelqu’un qui ne me jugerait jamais mais, au contraire, m’encouragerait. « J’aimerais beaucoup rencontrer un Weltpüff un jour. » murmurai-je, après m’être emmêlée les pinceaux dans ma danse, en raison de mon observation de ce qu’il me montrait. « Faire pousser des choses ? » Je souris. « Moi aussi j’adorerais faire pousser des choses. » J’avais déjà observé Minéphore et son potager. Le vieil homme l’entretenait patiemment. Les légumes mettaient un peu de temps à pousser mais dès qu’ils arrivaient, tous les jours, il était possible de voir des changements s’opérer. Il leur fallait de l’eau et beaucoup d’amour. C’était, du moins, ce que le Magicien déclarait aux enfants du coin qui venaient contempler son œuvre en espérant grapiller quelques tomates cerises.

« Une fraise Trougloudou ? » demandai-je, comme pour avoir la confirmation. « C’est amusant comme mot. Comme… dodu ou encore popotin ou… raplapla ou zozoter… » Des mots que j’entendais parfois dans la bouche des adultes, quand ils parlaient des enfants. Je ris, avant de prendre ce qu’il me tendait pour le mettre dans ma bouche. Mes joues lumineuses devinrent rosées. « Oh c’est bon ! Et frais ! » J’étais heureuse. « C’est toi qui l’as créée ? Vraiment ? » J’hésitai. « Tu me montreras comment créer des choses, dis ? »

J’admirai la suite avec appétit. Il me sembla même entendre mon ventre gargouiller. Le chèvre fondait sur les bricks chaudes et l’odeur du miel s’en dégagea immédiatement une fois qu’il y fut versé. Le mélange sucré salé ne m’était pas inconnu, loin de là. « Tu sais, Gustine elle fait souvent des tartines de chèvre avec du miel ou de la confiture de groseilles au Baron. Il adore ça. » Malgré la fréquence à laquelle la vieille Magicienne cuisinait ses célèbres tartines pour l’homme, je n’avais jamais eu l’occasion de goûter. Je me dis que ce temps serait bientôt révolu et fis tout pour suivre les instructions avec application. Ce n’était pas forcément évident, eu égard à mon corps d’étoile. Parfois, je devais me mettre de profil pour que mon bras pût faire des mouvements plus précis. « C’est une surprise cachée ! Et seul le cuisinier en a le secret ! » Je l’avais dit avec un ton enfantin. J’étais peut-être naïve ou peu évoluée. Néanmoins, si je souffrais du manque de considération des autres, du fait qu’ils ne me vissent pas, j’étais également capable de m’émerveiller d’un rien. La vie sonnait souvent comme une aventure à mes oreilles, à condition de me trouver avec les bonnes personnes. Lui, il était une bonne personne.

« C’est vrai ? » lui demandai-je, curieuse. Je m’étais un peu approchée de lui. « Je pense que grâce à toi, je vais faire plein de progrès à l’avenir. Puis, quand je serai désespérée, je penserai à toi. Ça me donnera du courage. » Je tendis un peu plus les bras, pour venir me lover contre le Protecteur des Étoiles. Je voulais lui faire un câlin parce que j’avais déjà vu que c’était une façon de dire merci chez les grandes personnes. Je ne savais pas exactement s’il était une grande personne, mais ça venait du cœur. Les câlins réconfortaient les enfants qui pleuraient et donnaient la force d’aller au-delà de ses peurs. Je ne savais pas de quoi serait fait demain mais je voulais que, lui, celui qui s’était arrêté à mon stand alors qu’il n’en avait aucune obligation, fût heureux. Ce qu’il avait fait pour moi était beau. Il m’avait tendu la main, gratuitement, sans rien attendre en retour. « Merci Protecteur des Étoiles, pour tout. »

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Mer 16 Juin 2021, 13:33

Le résultat de leur labeur enfourné, Odile vint se lover contre lui, et il se laissa faire. Il conjura une épaisse toison de Wëltpuff pour orner sa poitrine et laissa la petite créature s’y reposer quelques instants. Quelque chose en lui se reprochait de se montrer aussi proche d’une créature mortelle. Il avait peur qu’elle ne prenne sa présence comme acquise. Dans le même temps, il ne pensait pas avoir de compte à rendre à qui que ce soit, et il avait littéralement tout le temps nécessaire à s’occuper d’elle. Cet incessant va et vient moral lui faisait presque regretter d’avoir décidé de conserver une part d’humanité. Il jeta un coup d’œil alentour, à tous ces visages inexpressifs figés dans cet instant qu’il s’était créé : il n’avait pas envie de s’occuper de chacun d’entre eux, mais il en avait la capacité. Est-ce que ça faisait de lui un mauvais dieu ? Est-ce que la notion de mauvais avait le moindre sens lorsqu’on s’élevait au-dessus des considérations morales des mortels ? Probablement pas. Il n’était pas bon, ou mauvais, il n’était pas patient ou attentif. Il était, et c’était bien suffisant. Odile lui faisait ressentir quelque chose, et il appréciait sa compagnie. Fractionnant sa conscience, il autorisa une partie de lui-même à ne jamais quitter ce lieu et cet instant, pour y demeurer aux côtés de son assistante de pâtisseries. Il contempla cette poche de calme et de paix, et la laissa s’enfoncer dans le creux des vagues du temps, avant de baisser la tête vers la jeune Fae.

Elle flottait au fil de sa joie d’être, mais il voyait nettement le malheur qui couvait derrière cette illusion d’absolu contentement. Elle brûlait de l’envie de devenir « grande », d’évoluer. Ce n’était qu’une apparence, qu’une enveloppe charnelle, mais toute mortelle qu’elle était, ça représentait beaucoup pour elle. Le four s’éteint de lui-même, et les feuilles allèrent reposer sur la pierre fraiche du plan de travail. Il fallait les laisser refroidir, au risque de se brûler la langue. Khor considéra un instant les embranchements qui naissaient de ce moment, et choisit la branche qui lui semblait la plus solide. Sans effort, il saisit doucement Odile, et la porta devant lui. Il plongea ses yeux aux pupilles rectangulaires dans ceux noirs de la petite étoile.

« Je crois, Odile, qu’il est temps que tu reçoives ton cadeau. Quand cette journée sera finie, tu auras le droit de faire ce que tu veux ; d’aller où tu veux. Parfois, tu rencontreras des gens avec le crâne trop dur pour comprendre tes besoins et tes émotions. Lorsque ça sera le cas, n’oublie pas que même le plus têtu des boucs finit par mordre à la carotte. Ne tombe jamais dans la facilité, sauf si c’est ce qui te plait ; n’emprunte pas les mauvais chemins, sauf si l’envie t’en prends. Et surtout, ne laisse jamais les vieux grognons comme moi te dire quoi faire. À partir de maintenant, petite Odile, tu deviens grande. »

Entre ses mains, le corps de la Fae changea, et il façonna l’étoile en une jeune femme. Il ne décidait pas de son apparence, il ne faisait que se laisser guider par les rêves d’une enfant. Elle savait mieux que lui et mieux que quiconque la vraie forme à laquelle elle aspirait. Mais comme le Déchu qu’il avait été, Khor était orgueilleux, et envers et contre tout bon sens, il laissa sa marque sur elle. Dans les reflets et les recoins de sa chevelure, il cacha certaines de ses propres étoiles, du noir profond qui teintait les murs de son univers. Il insuffla sa volonté avec tant de fierté qu’elle résonna au cœur de tous les autels qui lui étaient adressés : que l’on sache qu’Odile Isemssith n’était pas sous la protection de n’importe quel gardien.

Son travail achevé, il laissa la jeune femme se contempler avant de lui montrer du bout des doigts les feuilles de brick encore chaudes. Ils avaient encore une dégustation à faire, après tout.


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Sam 17 Juil 2021, 20:15

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La Guerre du Goût



« Même le plus têtu des boucs finit toujours par mordre à la carotte… » répétai-je, comme un mantra, avant de comprendre le sens de la fin de sa tirade. « Mais alors… ça veut dire que ? » Est-ce qu’il avait voulu dire que ce qu’il venait de dire n’était pas à prendre en considération ? Je fis la moue, n’étant pas très sûre. Le Protecteur des Étoiles était bien trop fort pour moi. J’avais peur de ne pas bien comprendre ses paroles ou de mal les interpréter, même si j’allais retenir longtemps, pour toujours, que même le plus têtu des boucs finit toujours par mordre à la carotte, au-delà du reste. Je n’étais pas très douée pour me remémorer des choses et puis, aussi, la suite fut extraordinaire, trop par rapport à ce que j’aurais pu imaginer. Devenir grande, j’en rêvais, même si le concept était un peu flou. Je n’étais pas très à l’aise sous forme d’étoile. J’étais peut-être mignonne, peut-être, mais il n’y avait personne pour me le dire de toute façon. Le Protecteur des Étoiles avait été le premier à me voir vraiment. Je voulais changer, pour être plus souple, pour que mon corps ne fût plus si empoté.

L’expérience fut indescriptible. J’avais l’impression d’entrer dans une sorte de communion avec lui, comme un lien invisible, un baiser doux et mystérieux. Je sentais mon corps changer mais ce n’était pas douloureux comme ce que je pensais être la croissance. J’avais vu les bébés du Baron Paiberym faire leurs dents et pleurer. J’avais suivi les cris de Lucius la première fois qu’il était passé d’un nourrisson à un enfant. Là, ça n’avait rien de déchirant. C’était fluide, comme la brise du vent, comme ce que Gustine racontait des vagues de l’océan, comme lorsque Kaahl faisait voler les cerfs-volants de ses enfants. Je fermai les yeux et me laissai aller doucement, jusqu’à ce que la magie fût réduite au silence. Là, je sentis l’appel de la réalité me saisir de nouveau. J’avais des… des choses, dans le dos.

Le monde s’ouvrit de nouveau à moi en même temps que mes paupières se relevèrent. Je tournai directement la tête vers mon dos, constatant que deux grandes ailes s’y tenaient à présent fièrement. « Oooh… » Je ne fus pas au bout de mes surprises. Je pris d'ailleurs un air complètement ahuri lorsque je posai les yeux sur une épaule, mon épaule. « Oh ! » Je fixai mon corps pour de bon cette fois, aussi étonnée que possible, mes pupilles parcourant la peau, mes mains touchant mes cheveux. « Ah ! Mais ! Ooooh ! » J’avais les mêmes bosses que Cendre sur la poitrine, des seins. C’était un peu étrange. Ça rebondissait un peu sous la pression de mon index. Je me mis à rire. « Regarde Protecteur des Étoiles ! J’ai des seins qui rebondissent ! » J’étais extatique. Puis ma voix était légèrement différente. Je pouvais bouger, vraiment bouger. Et marcher, parce que j’avais des jambes ! Des jambes rien qu’à moi ! Et puis des bras ! Et… Oh j’avais un petit ventre avec un petit trou ! Un nombril ! Mes yeux brillaient de mille feux. Verts, ils étaient entourés par une crinière toute rousse dans laquelle s’étaient perdues des étoiles du Protecteur des Étoiles. Et le plus beau, c’est qu’on avait encore le plat à déguster ! Tous les deux !

« Merci. » lui murmurai-je, un peu plus tard, toujours aussi heureuse.
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