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 [Q] - Où tu iras, j’irai ; où tu mourras, je mourrai | Solo

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Priam & Freyja
~ Ange ~ Niveau III ~

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◈ Parchemins usagés : 4103
◈ YinYanisé(e) le : 02/02/2018
◈ Âme(s) Soeur(s) : La bière et le saucisson | L'adrénaline et les problèmes
◈ Activité : Berger [III], traducteur [II], diplomate [I] | Soldat [III], violoncelliste [I]
Priam & Freyja
Ven 08 Mai 2020, 22:20



BIRD CAGE by Fanny Marguerie (artstation.com)

Où tu iras, j’irai ; où tu mourras, je mourrai

En solo | Priam & Laëth


Intrigue/Objectif : Suite au décès de sa mentor, Laëth prend du temps pour faire son deuil aux Jardins. Priam, en plus de la soutenir dans ce qu’elle traverse, poursuit ses travaux relatifs aux Anges enfants de Réprouvés.
RP précédents : Escapade et embuscadeDans la peine ou la joie, rien sur terre ne nous vaincra.
RP ou brèves liés : La galette des neigesAux cœurs écervelés (Kaahl)La Sœur d’Iyora (Mancinia)La musique est vie (Kaahl)Lettres (Kaahl).




Elle apparut aux Jardins de Jhēn. Elle fut saisie par la lumière, les odeurs et les sons. Le parfum du fer, de la terre, de la sueur et des feux de camp s’étaient évaporés au profit de senteurs florales et fruitées, avec des pointes d’arômes, d’épices et de grillades. Le printemps avait chassé l’hiver : à nouveau, la vie battait son plein. Les habitants passaient, souriants, sous un soleil éclatant. La luminosité, sur Iyora, à des centaines de kilomètres des terres magiciennes, était un peu différente. On bavassait moins, aussi ; et les bruits avaient le loisir de s’exprimer clairement, car ils étaient moins nombreux. Le brouhaha du village en effervescence contrastait avec la tranquillité des explorations. Laëth rajusta son sac à dos sur son épaule. Elle passa même la deuxième bretelle et entoura chacune d’elles de ses mains. Sa posture rappelait sans doute celle des petites écolières qu’elle avait vu passer de nombreuses fois durant ses entraînements, mais elle avait quelque chose de rassurant. Elle n’avait pas la sensation d’avancer en terrain conquis. C’était comme une redécouverte, un goût de renouveau étrangement familier.

Rapidement, elle se mit en marche, traçant sans mal son chemin jusqu’à la maison qu’elle partageait avec Priam. La fébrilité tendait ses muscles au point de les faire vibrer. Parvenue devant la porte, elle s’immobilisa. Elle avait hâte. Et peur. Une peur idiote mais pas moins tenace. Et s’il n’était pas là ? Et s’il ne répondait pas ? Et s’il ne voulait pas la voir ? Et s’il la renvoyait sur Iyora ? Et s’il avait déménagé ? Tout s’empêtrait dans une absurdité navrante, et elle le savait. L’Ange se mordit la lèvre. Elle toqua, et attendit.



S’approchant de Nalim, Priam posa une pile de feuilles sur son bureau. « Merci. » Il tendit la main vers celle-ci et l’attira à lui. Il feuilleta les premières pages puis releva le visage vers son employé. « J’ai contacté la Compagnie de Yüerell. » Le cœur du Petit Pigeon bondit. « Pour les patrouilles ? » - « Oui. » - « Alors ? » Le diplomate sourit, amusé par son enthousiasme. « Nous avons rendez-vous avec des responsables dans une semaine, pour discuter des détails. » - « Et les Magiciens ? Les Orines ? Après, je suppose ? » - « Oui. Ce sera mieux si nous arrivons avec un projet formé et certain, qui ne dépende que de leur aval. J’ai un contact chez les Magiciens. Trouver un moment pour se réunir ne devrait pas prendre trop de temps. » - « Parfait. Merci. » - « Mais de rien. » Le mentor se recala dans le fond de son fauteuil afin de disposer d’assez d’aisance pour ouvrir un tiroir. « Ce serait bien que tu remettes tes croquis au propre, pour la réunion. En taille réelle, avec les distances et les zones de danger, ainsi que celles qui concerneraient les déplacements de patrouilles. On réajustera tout ça avec eux, mais cela fera une base sur laquelle travailler. » Comme il parlait, il lui donna ses schémas. Priam acquiesça. « Je ferai ça le plus vite possible. Dans trois jours ? » - « Ce serait idéal. » Le fils de Réprouvés acquiesça. « Parfait. A dans trois jours, alors. » Edästur lui fit un signe de la main ; il passa la porte et rentra chez lui.

Il planchait sur ses esquisses cartographiques lorsque quelques coups retentirent à la porte. Il leva la tête vers l’horloge. Kagami devait encore être chez Ahes et, de toute façon, elle entrait sans frapper. De façon générale, il était rare que quelqu’un toquât chez eux. La dernière fois, c’était un jeune Magicien qui vendait ses légumes. D’une humeur massacrante, Priam lui avait claqué la porte au nez. Il avait regretté dans la seconde et rouvert pour s’excuser, sans oublier de grogner. Mais si les Magiciens n’étaient pas si intrusifs, ces situations n’arriveraient pas. Il s’en convainquait. Dès lors que l’on s’en prenait à ses proches, l’Aile Blanche avait la rancune tenace. Puisque quelques mauvaises langues, parmi les Mages, s’étaient amusées aux dépens de sa sœur, et qu’en plus il n’avait rien pu faire pour la réconforter – à défaut de pouvoir arranger la situation –, il en voulait au peuple entier. Sa rancœur ressurgissait sous la forme d’un racisme persistant. Sans plus attendre, il repoussa sa chaise et se leva. Après avoir tourné la poignée et alors qu’il découvrait la personne qui patientait, il se figea.



Message I – 748 mots




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Ven 08 Mai 2020, 22:46



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Où tu iras, j’irai ; où tu mourras, je mourrai

En solo | Priam & Laëth



Palpitations. « Laëth… » Elle resta muette. Ses yeux verts couraient sur le visage de son frère. Ils s’attardaient sur chaque point de détail qu’elle avait pu oublier. Elle s’imprégnait des couleurs, des ombres, des lumières, des traits, des courbes. Elle buvait les émotions qui traversaient ses prunelles ; elle en trembla, jusqu’à lâcher son maintien sur le sac à dos pour se jeter dans ses bras. Sans avoir besoin de réfléchir, il les resserra autour d’elle. Elle resta blottie contre lui, dans une étreinte aussi désespérée que joyeuse. « Tu m’as tellement manqué. » Les ressentis assaillaient sa gorge : ils étaient si nombreux à vouloir s’exprimer qu’ils la nouaient sans le vouloir. « Toi aussi. Je ne t’attendais pas si tôt… Dans ta dernière lettre, tu me disais que- » Sans relever le nez, elle posa une main sur les lèvres de son frère. Il inclina la tête, les sourcils froncés. « Qu’est-ce qu’il y a ? Ils t’ont virée à cause de toutes ces histoires ? Ça a recommencé ? » Elle inspira profondément. C’était une respiration pleine de secousses et de sanglots refoulés. « Non. » Dégageant son visage de son torse, elle posa sur lui des rétines humides. L’expression de Priam gagna en inquiétude. « On peut rentrer, s’il te plaît ? » - « Bien sûr. » Il glissa un bras autour de ses épaules et retourna à l’intérieur. La joie de la revoir n’éclipsait en rien toutes les questions qui fourmillaient aux portes de son esprit.

Dès qu’il referma la porte, Picasso bondit du sommet du canapé pour courir jusqu’aux pieds de sa sœur. Il se frotta avec entrain contre ses tibias. Un sourire faible couvrit ses lèvres tandis qu’elle s’accroupissait pour caresser la tête du chat, ravi de la voir après tant de temps. « C’est peut-être pas si ingrat que ça, finalement, ces bestioles. » Laëth eut un rire soufflé, de ceux qui s’expriment sans son. Rutabaga, jusqu’alors dans le jardin, déboula en galopant dans la pièce : elle se rua sur l’Ange et bondit autour d’elle. Paddy resta dans son panier. L’octopode était plus timide que les deux autres. Un rire plus franc échappa à la brune, qui grattouilla l’un et l’autre des animaux. Comme à leur habitude, ils manquèrent de se disputer, mais elle parvint à les tenir chacun à leur place. « Ils n’ont pas changé. L’éducation laisse à désirer, hein… » - « C’est ton chat qui est infect. » Elle lui jeta un regard en biais. Priam y lut une espièglerie qui lui arracha un sourire heureux. « Donne ton sac, je vais le monter. » Elle le fit descendre de son dos et le lui tendit. « Merci. » - « Pas de quoi. » Il disparut à l’étage.

Laëth observa le rez-de-chaussée. Quelques menus détails avaient changé – l’emplacement d’un cadre, la présence de piles de papier et de livres sur la table de la cuisine, quelques objets oubliés qui traînaient çà et là. Le reste demeurait le même. Les murs de pierres et les teintes jaunes dégageaient leur chaleur habituelle. Les effluves qui régnaient étaient les mêmes ; lessive et gâteaux – ceux que Kagami préparaient régulièrement –, accompagnés de ce léger fumet animal que les bêtes traînaient avec elles. Et puis il y avait l’odeur inoubliable et indescriptible, familière et tendre, qu’elle avait inspirée contre la peau de Priam. La jeune femme se releva et fit quelques pas à travers la pièce. Elle laissa ses doigts traîner sur l’angle d’un meuble, sur la couverture d’un ouvrage, sur la rugosité d’une pierre. Malgré le poids qui semblait vouloir l’écraser, des ficelles de bonheur la maintenaient debout. Elle se sentait vaciller entre l’un et l’autre. Même si elle avait protesté, le soulagement d’être rentrée était intense – si profond qu’il l’ébranlait jusque dans les tréfonds de son être. Un mot, et elle aurait pu tomber à genoux.

Lorsque Priam reparut, il portait sur son faciès une bienveillance qui l’émut. Il s’approcha et ouvrit l’un des placards de la cuisine, d’où il sortit un gâteau au chocolat. Il le posa sur la table, puis se tourna vers sa cadette. « Bon, alors, qu’est-ce qui ne va pas ? » Elle l’avait regardé faire sans rien dire. « … Je veux un câlin. » Il sourit avec tendresse. « Viens-là. » Elle s’avança et il l’enlaça. « Ça y est, le pot de colle est de retour… » Il la sentit rire doucement ; puis les secousses de l’amusement se muèrent en sanglots.



Message II – 754 mots




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Priam & Freyja
Sam 09 Mai 2020, 23:22



BIRD CAGE by Fanny Marguerie (artstation.com)

Où tu iras, j’irai ; où tu mourras, je mourrai

En solo | Priam & Laëth



Il était assis en tailleur sur le canapé. Calée sur une fesse, ses jambes repliées vers elle, elle était blottie contre lui. Il avait perdu l’une de ses mains dans ses cheveux ; elle jouait avec les doigts de l’autre, posée sur sa cuisse. Il la regarda. Sa figure était toujours creusée par les sillons humides de la tristesse. Il lui avait fallu un temps pour se calmer et être capable d’articuler ce qui décimait sa joie. Sa mentor avait péri. Elle avait été violée par un Goled et broyée au creux de sa patte. Priam ne pouvait pas s’imaginer les ressentis de sa cadette. Il ne pouvait pas s’imaginer l’horreur et la terreur qui avaient voulu batailler pour s’exprimer, et qu’elle avait repoussées. Il ne pouvait s’imaginer ni le choc et le désarroi, ni la douleur et la peine qu’elle avait traversés. Il les sentait encore en elle, parce qu’ils disposaient de cette connexion, de cette connaissance profonde de l’autre, qui empêchaient les mensonges et les masques de les séparer. Elle aurait pu afficher son plus beau sourire : il aurait vu l’imperceptible frémissement de ses lèvres, la lueur traîtresse de ses iris, la fine ride soucieuse sur son front. Ses ressentis s’arrêtaient là : ils ne pouvaient être qu’une lecture empathique des siens.

Il caressa doucement la naissance de ses boucles brunes, sur sa nuque. Il savait qu’il y avait eu des morts pendant les explorations, surtout à Orhmior. Les nouvelles rapportées par les Hérauts avaient mentionné la mort d’un soldat à Iyora, mais puisque ce n’était pas sa sœur, il ne s’était pas inquiété. Il n’avait pas songé une seule seconde que ce pût être quelqu’un de son entourage proche. Il s’était peut-être attendu à ce qu’elle le lui dît et, n’ayant pas de nouvelles, avait conclu qu’elle le supportait aussi bien que possible. Avec le temps, l’information lui était sortie de la tête. Il ne se rappelait pas même sa réaction, à l’époque. Cette annonce n’avait été qu’une goutte d’eau dans l’océan de son quotidien. L’Ange se sentait stupide et, surtout, profondément égoïste. Où avait-il la tête ? A quoi pensait-il, quand sa cadette, à des centaines de kilomètres, vivait un enfer ? Quelles étaient ses priorités, à ce moment-là, pour qu’il ne s’en fût pas plus soucié ? « Si j’avais su, je serais venu. » souffla-t-il tandis qu’elle traçait du bout du doigt les lignes de sa main. « Tu n’aurais pas pu… Les portails n’existaient pas encore. » - « J’aurais trouvé une autre solution. » Laëth repensa aux Sources. Elle avait essayé. Ça n’avait pas fonctionné. Elle ne dit rien. Elle inspira et se lova un peu plus contre lui. « Ce n’est pas grave. L’essentiel, c’est que tu sois là maintenant. » La jeune femme se redressa un peu. Doucement, elle glissa un bras autour du cou de son frère et l’attira à elle pour embrasser sa joue. Il grimaça. « Le truc mouillé, c’est des larmes ou de la bave ? » Elle fit claquer sa langue contre son palais, faussement agacée. « Je t’ai craché dessus, bien sûr. » - « T’es dégueulasse, on dirait une fille de Réprouvés. » Elle lui tira l’oreille. « Je suis bien pire que ça. » En grognant un « raaah », il défit l’emprise de ses doigts. Elle portait toujours les stigmates de la tristesse, mais son œil amusé n’avait rien de factice. « Tu mérites pas une part de gâteau au chocolat de Kagami, alors. » fit-il en tendant le bras pour se resservir. « C’est pas grave, j’ai pas faim. » Tandis qu’il mordait dans la sucrerie, il la dévisagea. Dès le premier regard, il l’avait remarqué. Elle avait maigri. « Hum, tu veux autre chose ? Y’a du pain, du fromage, du lait, du miel… du saucisson ! » Il leva l’index pour souligner ce dernier mot. Elle sourit faiblement mais secoua la tête. « Non merci, je verrai ce soir. » Il eut envie d’insister mais se retint. Elle n’était pas cadavérique. Il était normal que le poids variât au gré des aléas de la vie. A priori, elle était assez mature pour gérer elle-même sa santé.

Priam bascula la tête en arrière pour la laisser aller contre le dossier moelleux et expira aussi lentement que profondément. De tels deuils ne se comptaient pas en jours. Il faudrait plusieurs semaines, peut-être même des mois, avant qu’elle n’en fût tout à fait remise. La mort de Hena avait été violente et inattendue. Le choc avait dû passer ; elle restait seule avec sa souffrance. Quant à lui, ses questions attendraient. Il se devait juste d’être présent. « Ça te dit de pique-niquer au bord du Lac Bleu, ce soir ? » - « Oui, pourquoi pas. Tu me raconteras ce qu’il s’est passé ici, depuis ta dernière lettre ? La coupe de cheveux, par exemple ? » - « Ah, ça… Kagami est meilleure en pâtisserie qu’en coiffure. » Elle sourit. « Ça va. Moi, je t’aurais rasé la tête, je pense. » Il rit.



Message III – 846 mots




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Dim 10 Mai 2020, 23:57



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Où tu iras, j’irai ; où tu mourras, je mourrai

En solo | Priam & Laëth



« Tu sais que j’ai appris à faire du patin à glace sur le lac, cet hiver ? Pendant la galette des neiges. » Laëth releva le nez de la salade de riz qu’ils s’étaient préparés. Distraite, elle construisait à l’aide de sa fourchette de petits tas avec les grains et les dés de légumes. Elle avait grignoté plus qu’elle n’avait mangé : elle avait un appétit d’oiseau. « Toi, sur des patins ? » La vision la fit sourire. « Comme quoi tout est possible ! » - « Tu m’étonnes. » Elle posa les yeux sur la surface plane de l’eau. Pas un souffle de vent ne venait l’agiter. La scène avait quelque chose d’apaisant. Elle s’imagina la glace enrober l’onde bleue et les gens fendre l’air en patinant d’un bout à l’autre. Ses yeux verts glissèrent jusqu’à Vervallée. Les grandes tours de la cité perçaient le ciel, qui se décomposait en camaïeux de bleus et de mauves profonds. Sous certains toits brique, une vie légère devait se dérouler. Le temps d’une seconde, elle envia ces gens dont l’existence se résumait aux tracas du quotidien. Un buisson attaqué par les pucerons, la farine éparpillée sur le sol de la cuisine, l’enfant qui chahute et s’égratigne le genou en tombant. Elle rêva de ces soucis qui, ces derniers temps, lui paraissaient si futiles. Ses pensées coururent jusqu’à Kaahl et tout le poids qui alourdissait sa conscience. Tous ses secrets qui s’étaient invités dans la sienne. « Ça t’a manqué ? » demanda Priam. Elle tourna la tête vers lui et posa son assiette sur l’herbe. Ils étaient assis en tailleur l’un en face de l’autre. « Un peu. C’est différent, à Iyora. Et je crois que je me suis assez facilement attachée à cet endroit. » Son frère acquiesça. « Tu m’apprendras à patiner, cet hiver ? » - « Bien sûr. J’ai beaucoup trop hâte de te voir te casser les dents sur la glace. » Elle lui tira la langue. « Tu rigoleras moins quand j’aurais percé un trou dedans pour te noyer. » - « C’est pas très angélique, ça, madame. » Arrachant quelques brins d’herbe, elle lui jeta à la figure, avec un sourire mutin.



« Tu vas dormir ? » Il portait sa robe de chambre. « Oui. » Elle opina doucement. « Bonne nuit. » Il s’approcha pour la prendre dans ses bras, mais elle posa la main sur son épaule pour l’arrêter. « Je peux dormir avec toi ? » Il acquiesça, puis répondit : « Oui bien sûr. Picasso est sorti ? » Comme il jetait un regard circulaire au salon, elle secoua la tête. « Non, mais je préfère dormir avec toi. En ce moment, je dors pas très bien, toute seule. » Priam arqua les sourcils et lui servit un sourire en coin qui en disait long. Il avait ce besoin irrépressible de l’amuser, de lui faire oublier. « Ah oui ? Et tu dormais avec qui, à Iyora ? » A peine eut-il posé cette question qu’il la regretta, car il pensa aussitôt à ce foutu Magicien, et vit dans ses yeux qu’elle y songeait aussi. Il faudrait inévitablement qu’ils abordassent la question. Cependant, la tension qui crépita dans l’air les fit tous les deux détourner le regard. Ils devinaient que ce serait un sujet de discorde. Peut-être même qu’ils se disputeraient. Il ne voulait pas être la source d’une nouvelle peine pour elle ; elle n’avait pas la force de s’énerver. Elle voulait juste fermer les yeux, se laisser envelopper par sa chaleur fraternelle, et dormir d’un sommeil sans rêve. « Avec Adriel. » finit-elle par souffler. Elle se redressa et reprit avec plus d’entrain : « Mais parfois il ronflait, alors c’était chiant, j’étais obligée de le secouer. Toi, si jamais tu ronfles, je peux compter sur Picasso pour te mordre les orteils. » Normalement, ce n’était pas le cas, mais cela pouvait arriver à l’occasion. Le chat exécrait ce son irritant et croquait les pieds des importuns. D’une impulsion, elle fit pivoter son aîné et le poussa doucement vers l’avant. « Allez, au lit. » Ils montèrent et s’installèrent entre les draps. Il s’allongea sur le ventre et glissa un bras sous l’oreiller, la tête tournée vers sa sœur, recroquevillée sur la tranche et un bout de couette serré contre elle. « Tu vas encore piquer toute la couverture. » - « Tu vas me taper toute la nuit. » Il rit, elle sourit.

Ils parlèrent encore un moment. Ils chuchotaient comme lorsqu’ils étaient enfants, comme si leurs parents pouvaient surgir à tout instant pour les gronder. Les paroles tranquillisaient Laëth. Elles occupaient son esprit et appliquaient un baume sur son cœur. Quand ils se turent, il ne fallut que quelques minutes à ses démons pour revenir gratter ses plaies. Elle roula pour se tourner de l’autre côté. La respiration de Priam était régulière. Il dormait. Alors, elle relâcha les digues qu’elle s’était imposée, et des larmes tremblantes secouèrent sa silhouette affaiblie. C’était ainsi, parfois : elle s’endormait d’épuisement, noyée dans l’océan de sa tristesse solitaire. Un bras entoura sa taille et la tira vers l’arrière. « Hé, ça va aller. » Sa solitude s’évapora. Elle n’avait aucun droit, ici.



Message IV – 875 mots




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Lun 11 Mai 2020, 11:43



BIRD CAGE by Fanny Marguerie (artstation.com)

Où tu iras, j’irai ; où tu mourras, je mourrai

En solo | Priam & Laëth



« Vous saviez, et vous ne m’avez rien dit ? » Les dents serrées, les mains cramponnées au rebord du bureau, Priam fixait Nalim. Il tournait nonchalamment les pages d’un épais dossier. « Suis-je un crieur public ? » Ses jointures blanchirent, le bois craqua. Le diplomate releva brièvement les yeux sur les doigts de son employé. « C’est un ouvrage coûteux. J’apprécierais que tu ne le détruises pas. » - « Et moi j’aurais apprécié que vous m’avertissiez. » Son interlocuteur inspira vivement avant de plonger ses prunelles céruléennes dans les siennes. « Je n’ai pas à t’avertir de tout ce qu’il se passe dans le monde, Priam. » - « Mais ça, c’était important ! J’aurais pu mieux la soutenir, si j’avais su… Non, j’aurais même pu la soutenir tout court ! » Nalim fit claquer sa langue contre son palais. Il ferma le dossier qu’il déchiffrait et posa un avant-bras sur l’autre. « Oui, tu aurais pu. Tu aurais pu si tu t’étais renseigné. Tu ne l’as pas fait, parce que tu n’as pas bien défini tes priorités. Tu as le choix. Tu peux jouer à l’ermite tant que tu veux. Ça m’est égal tant que j’ai les traductions que je te demande. Mais tu ne peux pas vivre coupé du monde et espérer que le monde vienne à toi. » - « Mais ça n’a rien à voir ! Là on touche à quelque chose de personnel. La mort de Hena me concerne parce qu’elle a des conséquences directes sur la vie de ma sœur. Ce n’est pas juste une soldate morte parmi tant d’autres. C’est sa mentor ! Vous le saviez, et vous n’avez rien dit ! » Il sonda les iris dorés du jeune Ange. « Tu n’écoutes pas. » souffla-t-il, toujours aussi calme. « Ce que je dis, c’est que si tu ne veux pas t’impliquer, je respecte ton choix. Et si tu veux t’impliquer, fais-le. Ce n’est pas à moi de te prendre par la main. Tu es, je crois, assez intelligent et responsable pour faire des choix en toute connaissance de cause. » Priam se redressa légèrement et toisa son mentor. « Vous l’avez fait exprès. Vous l’avez fait exprès pour que je réagisse. » Le politicien ne répondit pas. Il reprit son dossier. « Merci pour les cartes. On se revoit dans deux jours. Huit heures dans mon bureau. » Le fils de Réprouvés ne bougea pas. Il resta figé dans sa colère. Il bouillonnait. Il avait envie d’écraser sa tête contre son précieux bureau. Nalim reprit sa lecture, impassible. Au bout de quelques longues secondes, il lâcha, avec plus de fermeté : « Dehors. » L’Ailé prit sur lui. Il réunit toute sa volonté pour ne pas céder à l’ire qui tambourinait contre son cœur. Il traversa la pièce d’un pas vif, ouvrit la porte et n’oublia pas de la claquer derrière lui. Un cadre tressauta et échappa à l’une de ses accroches : le paysage qu’il représentait prit un angle inattendu. Edästur soupira. Il se leva et alla le replacer. Il y avait encore du travail à faire sur la gestion de la Colère.



Laëth lisait, assise en tailleur dans un fauteuil. Picasso s’était lové entre ses cuisses et dormait d’un sommeil paisible. Lorsque l’on toqua à la porte, ils relevèrent la tête d’un même mouvement. Elle jeta un regard à la pendule. C’était l’heure du courrier. Comme elle dépliait les jambes, le chat sauta au sol. Elle alla ouvrir et tomba nez-à-nez avec un énorme paquet, emballé dans plusieurs couches de tissus destinées à le protéger des chocs. Elle s’accroupit et regarda l’étiquette postale. Son nom était inscrit dessus, ainsi qu’un message du service des postes, qui s’excusait pour le retard de livraison. Comme elle attrapait le colis – plutôt lourd –, les quelques lettres, et retournait à l’intérieur, elle se demanda qui pouvait bien le lui avoir envoyé. Peut-être Kaahl ? Elle avait reçu sa lettre, celle qui avait succédé à leur entrevue sauvagement interrompue. Un rouge coupable colora ses joues : elle n’avait pas répondu. L’attaque des Goled était survenue, et puis… Le monde avait si bien tangué que certaines idées étaient tombées dans le néant. Lorsqu’elle avait repensé à son courrier, elle n’avait pas eu le courage de prendre la plume.

La honte lui pesa un peu plus quand elle reconnut, parmi les lettres récupérées, son écriture soignée. Le cœur comprimé, elle passa une main sur son visage, puis se mordit la lèvre. Elle aurait dû lui écrire plus tôt. Peut-être s’était-il inquiété ? Un afflux de peurs la bouleversa, qu’elle chassa en s’activant autour du paquet. Le tissu retomba sur les côtés et dévoila l’étui ouvragé d’un violoncelle. L’Ange, assise sur les talons, resta muette. Curieuse, elle défit les verrous qui maintenaient la protection et souleva le couvercle. La pulpe de ses doigts caressa l’instrument. La surprise brillait dans ses yeux. Elle ne savait pas en jouer. Néanmoins, un sourire parait ses lèvres. Elle savait qu’il aimait la musique. Elle s’apprêtait à décacheter sa lettre, lorsque la porte s’ouvrit.



Message V – 846 mots




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Priam & Freyja
Lun 11 Mai 2020, 12:52



BIRD CAGE by Fanny Marguerie (artstation.com)

Où tu iras, j’irai ; où tu mourras, je mourrai

En solo | Priam & Laëth


Le regard de Priam tomba presque immédiatement sur sa cadette. Elle était agenouillée devant un violoncelle. Picasso, qui jouait avec la ficelle qui avait maintenu la protection, se releva brusquement et partit en trottinant. « Qu’est-ce que c’est ? » demanda-t-il. Leurs regards se croisèrent. Il y eut un temps de suspension, puis elle finit par répondre : « Un cadeau de Kaahl. » - « Ah. » Il grimaça. Kaahl. Ce n’était pas le Baron Paiberym, Monsieur Paiberym ou même Kaahl Paiberym. Non, juste Kaahl. Il ne dit rien et s’éloigna. Il était déjà énervé. Il ne voulait pas que cela ressurgît sur elle. « Priam. Reste. » Il s’arrêta, tendu, et pivota pour lui faire face. Elle referma l’étui, posa la lettre dessus, puis se leva. « Ce serait bien qu’on en parle. » Elle était revenue depuis plusieurs jours, et ils n’avaient toujours pas abordé ce sujet. Il resta muet. Laëth ramena une mèche de cheveux derrière son oreille. Elle s’assit dans le canapé, en tailleur, les phalanges nouées autour de ses chevilles. Il n’avait pas envie d’en parler. Son attitude, depuis qu’elle était rentrée, confirmait toutes ses craintes. Si elle l’avait détesté, ils l’auraient déjà évoqué. Si elle n’y était pas attachée, elle n’aurait pas observé son présent avec ce regard-là, celui qu’elle réservait aux choses précieuses. « Plus besoin que j’essaie de lui casser la gueule, c’est ça ? » Elle fronça les sourcils. Malgré sa tentative de sourire, il avait un ton bourru et elle devinait aisément que sa journée avait mal débuté – peu importait les raisons, pour l’instant. Ils ne pouvaient plus faire marche arrière, maintenant qu’ils avaient pointé du doigt le malaise qui les séparait. Elle devait prendre sur elle. Ses petits cadenas se rangèrent docilement autour du siège de ses émotions. « Non. Ça s’est arrangé. Il est venu à Iyora, et- » - « Je sais. Il paraît que tu as le pardon facile, maintenant. » Elle serra les dents. « Il n’a pas fait exprès et il s’est excusé. » Le brun croisa les bras. « Quoi ? J’aurais dû lui en vouloir toute ma vie, pour une petite erreur de jugement ? » Il ne répondit pas. Il regardait ses pieds. La jeune femme inspira. Hors de question de se démonter. « Je l’ai vu deux fois quand j’étais aux explorations. » Piqué au vif, son aîné ne put s’empêcher de réagir : « Deux fois ? Où ? » - « Une fois aux Sources et une fois chez lui. La première fois, c’était avant les rumeurs, et la seconde, après. » Les ongles de Priam se fichèrent entre ses côtes. Elle n’était pas venue le voir, lui. « Ce n’était pas voulu. » précisa-t-elle, comme si elle lisait dans ses pensées. « Pas voulu ? » - « J’ai été téléportée les deux fois. Pas de son fait à lui. » - « C’est arrangeant, tiens. » fit-il, acerbe. Elle fit de son mieux pour ignorer son ton. « On a parlé de tout ça, et je l’ai pardonné. » - « D’accord. » Il restait debout, statique. C’était comme si la moindre onde physique avait pu libérer quelque chose de plus terrible. Il refusait le dialogue, emmuré dans sa colère. Elle le considéra quelques instants, silencieuse, puis s’enquit avec douceur : « Priam… C’est quoi, le problème ? » - « Y’en a pas. C’est très bien si tu l’as pardonné, une vraie Ange, bravo. » Il grogna. Il se détestait d’employer un ton si tranchant – mais c’était plus fort que lui. « Arrête ton char. Qu’est-ce qu’il y a ? Tu lui en veux toujours, toi ? Tu lui en veux alors que tout s’est arrangé et qu’il n’y était pour rien ? Alors que moi-même je ne lui en veux plus ? Tu te rends compte à quel point c’est absurde ou pas ? » Il la dévisagea, puis se dirigea vers un placard de la cuisine. Il l’ouvrit et attrapa une bière. « Priam ! » appela-t-elle, alors que l’agacement affleurait à la surface de son âme. « Tu fais ce que tu veux de ton cul, Laëth, je m’en fous. Je veux juste pas en entendre parler. » Stupéfaite, elle cligna des yeux. Les verrous tremblèrent. « Mais tu t’entends parler ? » Elle se leva et s’approcha. De l’autre côté de la table de la cuisine, elle posa ses deux mains dessus. « Qu’est-ce qui te prend ? T’as besoin d’être rassuré ? T’as peur que je sois déchue ? » - « Non. Je t’ai dit que je m’en foutais. Tu pourrais vraiment être enceinte que je m’en foutrai tout autant. » Elle referma ses poings, blessée. Il jouait avec des cordes sensibles et le savait pertinemment. La colère embrasa les remparts qu’elle avait érigés. Ses prunelles tremblèrent, sa voix aussi. « Dis pas n’importe quoi. Pourquoi tu réagis comme ça ? »



Message VI – 824 mots




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Lun 11 Mai 2020, 15:00



BIRD CAGE by Fanny Marguerie (artstation.com)

Où tu iras, j’irai ; où tu mourras, je mourrai

En solo | Priam & Laëth


II ouvrit la bière, la porta à ses lèvres et en but une longue gorgée. Lorsqu’il posa à nouveau les yeux sur sa cadette, il haussa les épaules. « Non mais, c’est bien, continue comme ça. D’abord te barrer de Lumnaar’Yuvon, maintenant fricoter avec un Magicien… C’est bien. Bientôt, tout le monde croira que t’as toujours vécu ici. » Ses iris verts le scrutèrent, une étincelle aussi étonnée que furieuse collée à la cornée. « C’est parce que c’est un Magicien ? Ça fait des mois que tu vis aux Jardins, mais ça te dérange toujours autant ? » Sa main se crispa autour de la bouteille. « Ouais. » Elle se redressa, reculant légèrement son buste. Priam la regarda. Il repensa à la lettre qu’il avait reçue, signée du Baron. J’adorerais en savoir davantage sur la culture de Lumnaar’Yuvon qui a forgé une femme aussi exceptionnelle que Laëth. Il serra les dents. Foder. Il n’avait jamais répondu, et à cet instant précis, il était persuadé qu’il ne le ferait jamais.

La fille de Réprouvés comprenait sa réaction. C’était celle qu’elle aurait essuyé si elle avait annoncé une telle chose à ses parents – quoique la leur eût été encore moins tempérée. Elle aussi aurait préféré qu’il fût autre chose qu’un Mage Blanc. Ce sentiment tendait à s’estomper au fil des jours et à mesure que son amour grandissait, mais elle le comprenait encore. Seulement, elle ne s’était pas préparée à tant de virulence. Elle avait follement espéré qu’il comprendrait, malgré tout. Qu’il verrait la lumière qui baignait ses yeux et qu’il serait heureux pour elle. Ce n’était pas le cas. Il ne criait pas, mais lâchait ses mots comme on plante des couteaux. « Il m’a écrit, pendant toute cette histoire de rumeurs. » Silencieuse, elle l’écouta. Elle ne savait pas. « Il disait que tu ne l’aimais pas. » Son cœur s’empêtra dans ses propres battements. Elle ouvrit la bouche mais aucun son n’en sortit. « C’est bien ce que je pensais. Tu vas l’épouser ? T’as prévenu papa et maman ou tu veux que je le fasse ? Et tu déménages quand ? Combien de gamins ? » - « Arrête. » - « Quoi ? Tu peux y aller, si tu es sincère dans tes sentiments. Personne ne viendra ternir tes précieuses ailes blanches, tu sais. » - « Arrête ! » Il pointa un doigt accusateur sur elle. « Non ! Tu trahis toutes les valeurs qu’on nous a inculquées et tu oses revenir comme ça, comme si tout était comme avant ! Tahrodiis ! » (Traîtresse !) - « Non ! » cria-t-elle, tremblante, en retirant ses mains de la table et en reculant. « T’as pas le droit de me dire ça ! » Tout se brisait, tout s’effondrait, tout s’écroulait. « T’es complètement con, putain ! J’ai rien demandé, moi, rien du tout ! » Ses yeux plein de larmes frappèrent Priam en plein cœur. Il se renfrogna d’autant plus. « Je n’ai pas choisi de l’aimer. C’est arrivé comme ça, et tu n’as pas le droit de m’en vouloir pour ça ! » Une perle salée griffa sa joue. Elle l’essuya avec rage. « Arrête de le voir et tu ne l’aimeras plus. » affirma-t-il froidement. Comme un oiseau agressé, elle déploya vivement ses ailes. Une vague le heurta, qui le fit tituber. Sans même le vouloir, Laëth avait projeté ses émotions contre lui. Les sentir lécher son cœur l’ébranlait. Elles étaient aussi violentes que voraces. « Contrôle-toi ! » grogna-t-il en sortant ses plumes à son tour. En un bond, elle fut juste devant lui. Ses mains agrippèrent son col et elle le tira vers elle pour le forcer à se pencher. « Ne me dis pas ce que je dois faire. » - « Quoi ? T’es pas un bon petit soldat ? T’obéis pas aux ordres ? C’est pas ce que les emplumés t’apprennent ? » - « Kniil rov ! » (Ta gueule !) Elle l’accula contre le plan de travail. « Id io gildarr faal krein pah ney sul, io dreh’fent. Ahrk id io gildarr arzak yurgaa kol diren, io dreh’fent ol. » (Si je veux le voir tous les jours, je le ferai. Et si je veux l’aimer jusqu’à en crever, je le ferai aussi.) L’Ange avait l’air sauvage d’un animal blessé. Il avait conscience d’avoir appuyé là où la douleur se terrait. A chaque syllabe, il l’avait regretté, mais n’avait pas su s’arrêter. L’expression de sa cadette se troubla, jusqu’à s’adoucir. Elle relâcha sa prise sur son vêtement. « Je ne te demande pas de l’apprécier, Priam, ni d’être heureux pour moi si tu ne t’en sens pas capable. Juste de respecter ce que je ressens… » Il la toisa, le menton relevé et la mâchoire crispée. Puis, il fit claquer sa langue contre son palais, attrapa ses poignets pour lui faire lâcher prise et la poussa sur le côté. Elle heurta le plan de travail, mais il ne s’en soucia pas. Il traversa la pièce et sortit. Elle se redressa, la main sur ses côtes endolories. Précipitamment, elle vola jusqu’à l’escalier, passa par-dessus la rambarde et termina l’ascension en courant. Elle se jeta sur son lit.



Message VII – 825 mots




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Mar 12 Mai 2020, 16:33



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Où tu iras, j’irai ; où tu mourras, je mourrai

En solo | Priam & Laëth



Les haines naissent des incompréhensions. Laëth ne comprenait pas comment son frère avait pu être si violent ; et pour ses regards, ses mots et ses gestes, elle le haïssait. Elle ne comprenait pas pourquoi il avait fallu qu’elle tombât amoureuse ; et pour cela, elle se haïssait. Priam ne comprenait pas comment elle pouvait aimer cet homme à ce point-là ; et pour tout ce qu’elle avait trahi, il la haïssait. Il ne comprenait pas pourquoi il s’était comporté aussi méchamment ; et pour cela, il se haïssait. Le cœur a ses faiblesses qu’il ne pardonne pas.

Priam planta la fourche dans le tas de foin. Un violoncelle. La vue de l’instrument avait ravivé les souvenirs du concert donné par le Baron magicien. Il se rappelait ses mains sur le piano, les animations féériques, les effets décuplés par la magie. C’était tout sauf authentique. C’était tout ce qu’un Réprouvé aurait détesté. C’était tout ce qu’un Réprouvé n’était pas. Il transporta le fourrage jusqu’au box des chèvres, où il le versa. Connard de Mage. Comment pouvait-elle l’aimer, après les rumeurs, après le labyrinthe ? Il se rappelait parfaitement du lendemain des Révélations. Lorsqu’elle lui avait raconté, il n’avait pas pu s’empêcher de rire. Parce qu’il avait été surpris par l’improbabilité de la situation, parce que c’était Laëth et qu’elle avait l’air de craindre plus les Péchés qu’un Réprouvé le Dukaan. Néanmoins, il avait bien vu que cet épisode l’avait bouleversée. Il avait plaisanté pour la détendre, il s’était amusé du fait que Kaahl fût un Magicien connu parce que le recroiser eût été drôle – et parce que cela, à l’époque, n’engageait à rien. Désormais, c’était différent. Que s’était-il passé, entre temps ? Que s’étaient-ils dit ? Qu’est-ce qui avait pu à ce point changer les sentiments de sa cadette à son égard ? Comment avait-elle pu passer au-dessus des humiliations ? Comment pouvait-il l’aimer, lui, après seulement une ou deux entrevues et alors qu’elle était, à l’époque en tout cas, une Ange comme tant d’autres ? Il essayait de rationaliser ce qui ne pouvait pas l’être, et chaque dalle de réflexion supplémentaire pavait le chemin de son incompréhension. Il soupira et appuya son front contre le chanfrein de Yuvon, une main perdue dans sa crinière et l’autre enroulée autour du manche de la fourche. Il avait les yeux humides de rage, de honte et de culpabilité.

Laëth, allongée sur son lit, faisait tourner la bague entre ses doigts. Les rayons du soleil rehaussaient l’éclat de l’anneau. Avant de venir, elle l’avait retiré, pour être certaine de ne pas gâcher ses retrouvailles avec son frère. Peine perdue. Elle renifla et se frotta un œil. Picasso bondit sur le matelas et s’approcha en ronronnant. Il cala sa tête contre son cou, ce qui lui arracha un sourire. Elle gratouilla doucement son front, puis roula sur la tranche pour pouvoir le caresser plus aisément. Il s’étendit près d’elle et posa une patte sur son menton. Elle glissa son index le long de celle-ci, jusqu’à perdre sa main dans l’épaisse fourrure de son ventre. « Tu n’as pas tous ces soucis, toi, hein ? » Elle sourit tristement. « Tu as bien de la chance. Ça doit être tellement plus facile d’être un chat. » La jeune femme se laissa retomber sur le dos en soupirant et fixa le plafond. Elle remit la bague à son doigt, là où était sa place depuis plusieurs semaines. Comme elle le faisait parfois, elle se mit à la faire tourner. Son cœur pesait lourd. Ce n’était pas facile, d’aimer. C’était douloureux. Perdre Priam lui paraissait inenvisageable, parce qu’il était son pilier phare, celui qui ne faillait pas, celui qui jetait de la lumière sur l’ombre. Il ne pouvait pas l’abandonner ; mais ils pouvaient se disputer. Ils pouvaient se détester, et elle ne le voulait pas. Ce lien du sang, au fil des années, avait muté en quelque chose de trop précieux pour être souillé. Elle posa son avant-bras sur ses yeux et soupira. Elle ne voulait pas rejeter Kaahl non plus. Rien qu’au nom de son indépendance et de sa liberté, l’idée lui était insupportable. Ses sentiments amplifiés par le temps et le manque gonflé par l’absence achevaient de la persuader que ce n’était pas possible. Sa promesse l’enchaînait à lui : elle avait juré qu’elle ne partirait pas. Et il y avait cette sorte de mission que Jun lui avait soufflée, ce mal à juguler. Elle ne pouvait ni ne voulait le perdre, de quelque façon que ce fût. L’angoisse lui étreignit la gorge. Ses pensées coulèrent jusqu’à Hena, et elle serra les dents sous le poids écrasant de sa poitrine. Est-ce que c’était toujours aussi douloureux, l’amour ? Le chat grimpa sur son estomac et se lova dessus.



Message VIII – 794 mots




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Mar 12 Mai 2020, 22:34



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Où tu iras, j’irai ; où tu mourras, je mourrai

En solo | Priam & Laëth



« Laëth ? » Elle sursauta et se redressa, en prenant Picasso dans ses bras. L’animal, encore étourdi par le sommeil, bâilla. Priam se tenait dans l’embrasure de la porte. Il tenait l’étui du violoncelle et la lettre. Il n’y avait plus trace de Colère, ni dans sa voix, ni dans sa posture. Elle fronça les sourcils, mais avant qu’elle pût parler, il demanda : « Est-ce que je peux entrer, s’il te plaît ? J’en ai pour cinq minutes. » L’expression de Laëth s’assombrit. Elle n’avait pas envie de rester fâchée avec lui, mais elle souffrait encore de toutes les piques qu’il avait plantées dans son cœur. « Je voulais te demander pardon. » Il avança d’un pas. Comme elle ne disait rien, il entra tout à fait. « Je te pose ça là, d’accord ? » Il cala le violoncelle contre le bureau et fit glisser la lettre sur celui-ci. Puis, il se tourna vers sa cadette. Elle avait le visage fermé. C’était le masque qu’elle affichait lorsque, gamins, il l’embêtait. Les explorations l’avaient changée ; elle ressemblait moins à une enfant, elle avait plus d’assurance, et son regard brillait avec plus de profondeur, cependant, son essence n’avait pas été altérée. Elle était toujours sa petite sœur. Et il l’avait fait pleurer. Il s’était braqué quand il aurait dû interroger. Même les iris verts du chat paraissaient le juger. Il tira la chaise du bureau et la fit pivoter pour s’asseoir face à elle.

Laëth le dévisageait. Il avait les traits tirés par des émotions corrosives. Elle devinait qu’elles devaient froisser son palpitant avec une nonchalance irritante. A force de les subir, elle connaissait les affres qu’elles faisaient endurer. Discrètement, elle diffusa le Sanctuaire d’Ahena. « Je t’écoute. » dit-elle pour l’encourager, cependant toujours sur la défensive. Priam s’humecta les lèvres, visiblement mal à l’aise. Ce n’était pas parce qu’il devait s’excuser. Il n’avait pas l’orgueil de ceux qui pensent que les autres ne méritent pas réparation ou pour qui il est trop insupportable de reconnaître leurs torts. Non, c’étaient les remords qui l’étouffaient. Il déglutit. « Je te demande pardon. » Il avait voulu employer le ton le plus ferme possible, dans l’espoir qu’il reflétât sa sincérité, mais sa voix avait un peu tremblé, éraillée par ses ressentis. Il poursuivit : « Je n’aurais jamais dû te parler comme ça et je suis désolé de t’avoir dit de telles choses. » Dans sa poitrine, la brune sentait son pouls tambouriner. « Je sais que ce n’est pas facile pour toi en ce moment et je m’en veux d’en avoir rajouté une couche. Et même si ça allait très bien, je n’aurais pas dû. C’est juste que… » Il s’arrêta et inspira profondément. Il avait joint ses mains et triturait ses doigts. « Il y a des choses que je ne comprends pas, dans tout ça. J’imagine que tu ne m’as pas tout raconté, et du coup, ça ne fait pas trop sens. Mais ça n’excuse pas mon comportement. » Il leva les mains devant lui, paumes vers elle, avant de les laisser retomber sur ses genoux. Il ne la quittait pas des yeux. « Tu es ma sœur et je t’aime. Peu importe qui tu aimes, toi. Ça ne changera jamais rien. Voilà. » Il n’appréciait pas plus le Baron Paiberym ou les Magiciens dans leur ensemble ; toutefois, il était conscient de devoir faire des efforts en matière de tolérance, au moins pour elle. Une part de lui était fière de l’acceptation dont elle faisait preuve et, malgré ce qu’il avait prétendu, il admirait le travail d’adaptation qu’elle avait fait pour s’intégrer à la société angélique.

En poussant sur ses pieds, il se releva. « On pourra en parler plus tard si tu veux. » Il s’apprêtait à repartir, lorsqu’elle dit tout bas : « Reste. » Le fils de Réprouvés lui jeta un regard par-dessus son épaule. Elle lâcha le chat et tendit les bras vers lui. « Viens-là. » Il fit demi-tour, grimpa sur le lit et se laissa étreindre. « J’aime pas quand on se dispute. » souffla-t-elle en resserrant l’emprise de ses bras autour de lui. « Moi non plus. » - « Mais j’ai une question. » - « Oui ? » Elle se décala pour pouvoir le plonger ses prunelles dans les siennes. Elle était en tailleur et lui à genoux. Elle passa une main dans ses cheveux, baissa la tête, la releva. « Tu m’en veux vraiment d’être partie de Lumnaar’Yuvon ? » Ses yeux d’or sondèrent son regard émeraude. « Réponds la vérité, même si c’est blessant pour moi. » Une moue tordit la bouche de son frère. « J’aurais préféré qu’on y reste. Et c’est à cause de toi que je suis venu ici, oui – et à cause de papa, aussi. Mais ce n’est pas à cause de toi que j’ai été contraint de rester. » Il s’arrêta pour mieux la dévisager. « Et si je veux partir, je peux. Sauf que, finalement, j’ai une vie aussi ici. Puis tu es là. Pourquoi aller m’installer ailleurs si c’est pour perdre ma seule famille ? » Il se tut. Elle lui adressa un sourire léger, du coin de la bouche. Il ne mentait pas ; elle le savait. Elle toucha distraitement la bague, puis passa un bras autour du cou de son aîné et l’embrassa sur la joue. « Je te pardonne. » Il sourit. « Mais la prochaine fois, je te tranche la langue et je la donne à bouffer à tes chèvres. » ajouta-t-elle avec légèreté. « Argh. Je recommencerai jamais, alors. » Il n’en avait pas l’intention, en tout cas. Il essaierait. « Je vais te raconter. » - « Pas tous les détails, hein. » - « Mais non, roh ! » Elle lui servit un faux air contrarié et le tapa gentiment. Avec un petit cri rauque, il fit semblant d’avoir mal et se laissa tomber sur le matelas. Il posa sa tête sur une cuisse de sa cadette et leva les yeux vers elle. Elle avait pris un air pompeux, qui l’amusa. « De toute façon, je fais pas ce genre de choses, moi, je suis une Ange. » - « Mouais. Je les connais, les Anges. Ils jouent les innocents, mais en vrai… » Un sourire mutin fleurit sur les lèvres de Laëth. Il essaya de ne pas penser à Za.



Message IX – 1070 mots




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Jeu 14 Mai 2020, 12:42



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En solo | Priam & Laëth



Kaahl,

Je suis désolée de ne pas t’avoir répondu plus tôt. J’espère que tu ne t’es pas inquiété. J’ai bien reçu tes deux lettres, mais j’ai été très occupée et je n’avais pas vraiment la tête à écrire.

Tant mieux si Sylbille Liddell a pu rentrer sans problème. Je me demande pourquoi Jun l’a fait apparaître à ma place. Peut-être juste pour embêter le monde.


Connaissant le spécimen, c’était hautement probable. Elle suspendit sa plume au-dessus de la feuille, songeuse. Cela dit, il aurait pu choisir n’importe quelle autre femme et n’importe quel autre moment. Peut-être avait-il jeté son dévolu sur elle parce qu’elle était la femme de Raeden Liddell, qui avait lui aussi aimé l’Ultimage ? Elle l’ignorait. Lorsqu’elle avait lu la lettre de Kaahl, elle ne s’était pas simplement rappelé sa frustration. L’idée que Sylbille se fût retrouvée à sa place, avec le Magicien échauffé, lui était désagréable. Sans doute parce qu’elle aurait aimé être à sa place et passer la nuit près de lui. Elle pinça les lèvres, puis relut quelques lignes de la lettre du Mage. La caresse d’un sourire triste passa sur sa bouche.

Moi aussi j’aimerais être avec toi. Je pense souvent à toi, et à tout ce que tu m’as dit. Je préférerais aussi te prendre moi-même dans mes bras. Bientôt, peut-être. L’aménagement d’Iyora avance bien. On y a installé des portails qui permettent de revenir plus rapidement sur le continent et les constructions se succèdent. Malheureusement, tout ne s’est pas déroulé aussi bien que ce que j’avais espéré.

L’Ange renifla. Peu importait le moment et son état émotionnel. Elle n’arrivait pas à y songer sans avoir envie de pleurer. C’était trop douloureux. Au fil des jours, la plaie se refermait, mais chaque pensée à son égard semblait craquer quelques points de suture. A l’aide de son poignet, elle chassa une larme au coin de son œil.

Hena, ma mentor, est morte. Nous avons été attaqués par des Goled. Ils ont enlevé Hena et Nawen Lemingway – son nom te dit peut-être quelque chose, plusieurs de ses enfants ont participé à des Coupes des Nations. Le Général Vaughan a fait ce qu’il pouvait pour organiser leur sauvetage. Nawen s’en est sortie, et les autres captives aussi – des Orishas, je t’expliquerai si tu veux. Hena a péri pendant le combat. Un Goled l’a

Elle s’arrêta. Elle ne voulait pas lui imposer le fardeau de ses visions cauchemardesques. Elle n’était même pas certaine de pouvoir l’écrire sans s’écrouler sur la feuille. Des tremblements agitaient déjà son corps, quoiqu’elle essayât de conserver une écriture franche et lisse. Elle barra plusieurs fois les quelques mots qu’elle avait esquissés.

C’était horrible. Si je ne m’occupe pas l’esprit, j’y pense souvent, et j’en rêve régulièrement la nuit. Sans parler du fait qu’elle me manque.

C’est Adriel qui a repris mon mentorat. Je m’entraînais avec lui à la maîtrise du métal quand j’ai été téléportée chez toi, d’ailleurs. Il ne fait pas partie de la même troupe que moi – il est à Kahena, spécialisé en combat magique, alors que je suis formée avant tout pour le combat aérien –, donc c’est temporaire. J’imagine que je saurai qui lui succédera dans quelques semaines, quand les choses se seront calmées.
Les entraînements sont différents mais pas moins exigeants, et je dois avouer que dernièrement, je les ai trouvés d’autant plus difficiles. Je sais que ça passera et que c’est simplement une question de temps, mais j’ai du mal. Trop de choses me font penser à elle. Adriel m’a demandé de rentrer aux Jardins, le temps de faire mon deuil. J’aimerais bien retourner sur la Terre d’Iyora pour participer aux efforts et poursuivre mon entraînement. Je sais que ça me permettrait de penser à autre chose.

Le point positif, c’est que j’ai pu revoir Priam. Ça m’a vraiment fait plaisir. On a parlé de toi, forcément… Tu te doutes bien que le violoncelle n’est pas passé inaperçu. Merci beaucoup, d’ailleurs. Je n’ai aucune idée de comment en jouer, mais j’apprendrai. J’ai commencé à me renseigner et il y a plusieurs professeurs de musique aux alentours des Jardins. Si j’arrive à jouer sans trop écorcher les oreilles des autres d’ici à ce que l’on se revoie, je te demanderai peut-être de te sacrifier pour écouter quelques fausses notes. Tu joueras du piano ? Priam m’a dit qu’il t’avait vu en faire. Il n’a pas voulu l’admettre mais je crois qu’il était impressionné.


Elle sourit brièvement.

On s’est disputés. Il ne comprenait ni mon pardon ni mes sentiments, et il réagit souvent comme un Réprouvé. Le racisme et l’intolérance ne s’abandonnent pas si facilement. Les rumeurs sur nous l’ont beaucoup affecté et mis en colère. Toutefois, il s’est excusé et on a discuté. Ça va mieux. Je ne dis pas qu’il te sautera dans les bras le jour où il te verra, mais il devrait réussir à faire preuve d’un peu de civilité.

En réalité, elle n’en était pas tout à fait certaine. Elle l’espérait, mais connaissait suffisamment son frère pour savoir qu’il était parfaitement capable de ne pas adresser un mot à Kaahl, ou en tout cas pas autrement qu’en grognant. C’était toujours mieux que d’essayer de lui trancher la gorge, mais ce n’était toujours pas ça.

Son regard glissa sur les lignes suivantes. Les enfants. Elle releva ses iris verts pour observer les dessins que Kaahl lui avaient fait parvenir. Ils recouvraient aisément toute la surface du bureau et se chevauchaient tous. C’était mignon de voir à quel point il les aimait. Elle avait déjà pu s’en apercevoir lors de leur visite à l’orphelinat. Elle comprenait. Si elle n’éprouvait pas le même désir d’être parent, les gamins l’attendrissaient et l’amusaient. La fin de sa lettre l’avait même touchée. Elle n’avait pas pensé qu’ils l’apprécieraient tant, et encore moins qu’ils verraient en elle une guerrière de légende – ce qu’elle était loin d’être. La dernière phrase du paragraphe sur les adoptions lui arracha un sourire amusé, comme à sa première lecture.

Je ne sais pas si c’est une bonne chose. Si tu deviens un danseur du ventre reconnu, tu pourrais faire de l’ombre à Mancinia Leenhardt, et ce serait lui donner une bonne raison pour répandre de nouvelles rumeurs affreuses sur ton compte. Même en étant la meilleure recrue de Yüerell, je ne suis pas sûre de pouvoir faire grand-chose pour te sauver la mise…

Priam lui en avait parlé. Elle ne comprenait pas trop pourquoi la Matasif avait ainsi critiqué Kaahl et sa relation avec lui. Peut-être qu’elle ne l’avait pas fait et que ce n’était que des on-dit ? Peut-être qu’elle n’avait fait que dire tout haut ce que tout le monde pensait tout bas ? Son frère avait bien été incapable de comprendre. Pourquoi en serait-il autrement pour les autres ? Mais de là à imaginer qu’il la manipulait ? De là à prétendre qu’il était mauvais et qu’elle le surpassait ? Les qualités et les haut-faits du Baron n’avaient plus besoin d’être vantés. Les siens, en revanche… Tous ces éléments saugrenus lui avaient fait froncer les sourcils. Sans doute la Marquise avait-elle bu ? Ou plaisantait-elle et ses auditeurs ne l’avaient-ils pas compris ? Laëth avait fini par écarter tous ces racontars. Même s’ils étaient étranges, elle s’en moquait. Ils lui paraissaient bien futiles en comparaison des derniers événements. En outre, les démarches du Magicien à Iyora lui avaient appris qu’il n’est pas de mensonge qui résiste à la vérité, pour peu qu’on se donne la peine de la défendre. Elle le ferait si nécessaire.

En tout cas, j’espère que cette cohabitation avec une Humaine se passera bien. Je t’avoue qu’il est difficile d’imaginer les effets du Ma’Ahid quand on n’y est pas confronté. Peut-être qu’elle ne le développera pas beaucoup et que ce sera facile à supporter pour toi ? Tu as eu des nouvelles concernant ton dossier, depuis ?

Ne t’inquiète pas pour les enfants. Si j’avais dû partir en courant, je l’aurais fait longtemps auparavant. Si leur présence te rend heureux, je m’en accommoderai. Et puis, elle apporte sans doute un peu d’animation dans le château. Gustine doit être ravie, non ? Je suis même étonnée qu’elle ait le temps de parler de moi et de réfléchir à trente recettes (je les goûterai avec plaisir, même si je dois rouler sur le carrelage ensuite) avec tant d’enfants autour d’elle. Passe-lui le bonjour de ma part, s’il te plaît.


L’Ange relut les lignes suivantes. Elle les avait parcourues plusieurs fois, déjà, et c’était toujours le même effet qu’elles lui faisaient. C’était comme si son cœur s’envolait. Elle avait envie de l’avoir près d’elle et de l’embrasser jusqu’à en perdre son souffle. Elle voulait le serrer contre elle et s’abandonner à son étreinte jusqu’à en oublier le reste du monde. Elle ne pouvait pas empêcher un sourire de courber ses lèvres, en même temps que son buste paraissait se craqueler – parce que son absence décevait ses espoirs. Elle ignorait comment lui répondre ; elle songeait qu’il existait des ressentis que les mots ne savent pas exprimer.

Quant au mariage, ce n’est pas une question de parti, tu sais. Je crois pouvoir affirmer que je me moque complètement de ces choses-là. En fait, c’est très magicien comme façon de penser, je trouve.

Elle sourit, amusée.

Tu pourrais être né sans terre et sans fortune, cela ne changerait rien. Ce ne sont pas dans les bras de tes titres ou de ta richesse que j’ai envie de me blottir. C’est un confort matériel, bien sûr, mais j’ai vécu avec moins, et je vis toujours avec moins, d’ailleurs. Pour être honnête, je n’ai jamais trop pensé à me marier. Culturellement, ce n’est pas très répandu, chez les Réprouvés. Comme tu le sais sûrement, leur mariage est beaucoup trop contraignant. La plupart des couples vivent librement, comme mes parents. A titre personnel, j’ai toujours voulu être une guerrière, et tout le reste était secondaire. Maintenant il y a toi, et je vis chez les Anges.

Le mariage était une institution importante pour eux, et ils ne reconnaissaient que le leur. Il était contraignant aussi. Et le cérémoniel, beaucoup trop patriarcal pour elle, qui n’avait connu que l’égalité entre les hommes et les femmes. Elle imagina la réaction de son père si Kaahl venait toquer à sa porte pour lui demander sa main et ne put retenir un petit rire. Il repartirait sans main, et sans tête. Il y avait aussi la question des enfants. En voudrait-elle ? En voudrait-elle avec lui ? Pourrait-elle en avoir qui ne fussent pas des monstres si elle ne l’épousait pas selon les sacrements angéliques ? Vraisemblablement, la malédiction qui pesait sur les Ailes Blanches s’étendaient jusque-là. Aurait-elle le cœur à les contraindre à vivre parmi les Ailés s’ils aspiraient à une existence sous l’étendard des Mages ? Elle soupira et cala son front contre sa paume, soutenue par son coude posé sur le bureau. Sans cette histoire de descendance, le mariage magicien aurait peut-être pu être une solution, mais elle n’en savait pas grand-chose.

Peut-être que j’aurai envie de me marier un jour. C’est vraiment important, pour toi ? Qu’est-ce que ça changerait ? Au-delà des questions de légitimité et d’étiquette.

Chez les Réprouvés, on se mariait parce qu’on s’aimait d’un amour inconditionnel et éternel, qui tendait à surpasser la nature changeante des Bipolaires. Ce n’était pas le cas partout, et les Magiciens faisaient partie des peuples qui pouvaient contracter des alliances par intérêt ou pour plaire aux convenances. C’était une société plus codée et moins spontanée.

Merci pour l’adresse de l’orphelinat, j’écrirai aux enfants. J’espère que tu n’as pas trop extrapolé autour de mes aventures, sinon ils risquent d’être déçus en constatant que je ne combats pas des dragons pour sauver des princesses. J’essaierai de leur faire un dessin, aussi.

Cela leur ferait sans doute plaisir. Peut-être un animal d’Iyora que les gens du continent n’avaient jamais vu ?

Je pense que tu peux sans trop de souci venir sur Iyora, si tu tiens vraiment à être sûr que je n’embrasse pas tous les Anges du coin. Ça me ferait plaisir que tu viennes. Peut-être qu’on nous regarderait avec de gros yeux, mais ça m’est égal. Et puis j’ai envie de savoir quelle surprise tu as préparée, maintenant. Je suis curieuse. Mais je comprendrais si tu es trop occupé pour le moment. Ce n’est pas grave, je prendrai mon mal en patience.

Et ta jambe, d’ailleurs ? Est-ce que tu as trouvé une solution ?


Elle ne pouvait s’en cacher : ce qu’il lui avait dit à ce sujet l’inquiétait. Elle n’avait pas osé demander ce qu’il arriverait s’il ne réglait pas le problème. Dans ses plus grands instants de frayeur, le spectre de la mort planait. Le cœur serré, elle s’apprêtait à signer, mais s’arrêta. Elle l’avait dit et le ressentait toujours. Elle voulait qu’il n’en doutât pas, lui non plus. Elle reposa la pointe de sa plume sur le papier.

Je t’aime.

Laëth




Message X – 2157 mots RIP moi




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Mar 19 Mai 2020, 17:10



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Où tu iras, j’irai ; où tu mourras, je mourrai

En solo | Priam & Laëth


RP précédent : Dans la peine ou la joie, rien sur terre ne nous vaincra (Messages X, XI, XII).


« Non, pas comme ça ! Tiens-toi plus droit, les jambes un peu plus écartées, oui, voilà ! » Laëth détailla son frère. Il avait l’air gauche et cela l’amusait. Elle s’approcha et donna un coup de pied, léger, dans son épée de bois. L’arme lui échappa des mains et vola quelques mètres plus loin. Un large sourire fendit ses lèvres et elle le taquina : « Ben alors ? On n’a pas de poigne ? » - « Je ne m’attendais pas à ce que tu fasses ça ! » - « Faut être prêt à tout. » répondit-elle nonchalamment, en haussant les épaules.

Ce matin-là, elle avait l’air particulièrement joyeuse. C’était l’impression qu’elle donnait et celle qu’elle souhaitait que chacun perçût. Le rêve qu’elle avait fait, à propos de Stanislav, la perturbait encore. La mort de sa mentor lui pesait toujours autant. Elle ne parvenait pas à oublier la violence du Goled à son encontre. Dès qu’elle y pensait, une colère sauvage grondait dans sa poitrine et elle avait envie de s’insurger contre toutes les injustices du monde, et particulièrement contre celles qu’elle subissait. Cependant, elle avait aussi conscience que se débattre entre les mailles du deuil n’aurait aucun effet positif ; et elle en avait assez de se morfondre. Puisqu’elle pouvait contrôler ses émotions, elle avait décidé de prendre sur elle et de s’en donner à cœur joie. Dès qu’elle se sentait flancher, elle se rappelait tout ce à quoi elle pouvait se raccrocher en souriant. Elle avait la chance de pouvoir côtoyer son frère tous les jours alors qu’ils ne s’étaient pas vus pendant longtemps. Il l’adorait autant qu’elle le chérissait et constituait un soutien inébranlable. Elle était amoureuse et Kaahl l’aimait aussi ; le tout distillait dans son cœur une euphorie toute particulière, délicieuse dans sa façon de jeter un voile apaisant sur tout ce qui pouvait l’ennuyer. Adriel avait accepté qu’elle poursuivît ses entraînements, et elle progressait, surtout en combat magique. Ce n’était pas le but premier de sa formation, mais ce serait un atout sur le champ de bataille. Rentrée aux Jardins, elle avait pu revoir ses amis ; Ariès, Zeïk, Jenna, Ella et tous les autres. Elle avait une famille, une maison, le ventre plein : elle ne manquait de rien. Elle avait même plus que ce que certains pourraient espérer effleurer au cours de leur vie. Pour tout cela, elle était reconnaissante.

Priam ramassa son arme en grimaçant. Elle lui avait mis un coup dans le bas du dos qui le faisait souffrir. « Si tu continues comme ça, tu vas me casser en deux. » Il se redressa et souffla. « Mais non ! T’es un fils de Réprouvés ! C’est résistant, ces trucs-là ! Puis bon, avec quelques blessures de guerre, tu auras l’air plus sérieux devant les gradés de la Compagnie. » - « Si j’arrive à me déplacer jusque là-bas avec deux jambes en moins. » Elle rit. « Le Fus’Naakar’Lus, c’est plus ce que c’était, hein. » Il lui adressa une mimique mécontente. « Tu vas voir quand j’aurai compris comment tenir tout ton bordel, si c’est plus ce que c’était. Ils vont trembler, tes supérieurs, en entendant ce titre ! » Il s’était remis en garde, et elle recommença à lui tourner autour, un peu à la manière du prédateur autour de sa proie. Elle cherchait ses failles. « Heureusement, ils seront rassurés quand ils sauront qu’on t’appelle le Petit Pigeon. » Avant qu’il pût protester, elle demanda : « Tu y vas à quelle heure ? » - « Seize heures. » Elle acquiesça. « J’irai sur Iyora à ce moment-là. »



« Prêt ? » - « Je crois. » Nalim dévisagea son disciple. Il s’avança et attrapa le col de sa chemise pour en rajuster la forme. « Maintenant que tu n’as plus de cheveux, difficile de cacher les mauvais plis. » sourit-il en tapotant son épaule. Ils se tenaient devant la porte de la salle dans laquelle devrait se tenir leur réunion. Malgré toute sa bonne volonté, Priam était anxieux. Il n’arrêtait pas de tirer sur les petites mèches qui pendaient dans son cou, sur les manches de sa chemise ou sur la ceinture de son pantalon. « On dirait un écolier le jour de sa première rentrée des classes. » s’amusa le diplomate, habitué à s’adresser à des personnages importants dans un cadre sérieux et à parler en public d’affaires bien plus pointilleuses que celle qu’ils souhaitaient porter ce jour-là. Ce n’était pas le cas de l’enfant de Réprouvés. Lorsqu’il vit s’approcher les silhouettes de Séraquiel Tarveras, Imperator, et d’Alphonse Freskin, Capitaine de la Patrouille Isra, une vague de chaleur le secoua des pieds à la tête.



Message XI – 787 mots




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Mar 19 Mai 2020, 19:11



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Où tu iras, j’irai ; où tu mourras, je mourrai

En solo | Priam & Laëth



Priam se remémora tout ce que Nalim et Laëth lui avaient appris au sujet des deux protagonistes. Alphonse Freskin avait intégré la Compagnie de Yüerell bien des années auparavant. Aspirant au sein de la Patrouille Isra, puis Patrouilleur et enfin Capitaine, il avait tracé son chemin sans démériter. Son détachement s’occupait de surveiller les territoires angéliques. Pour le moment, il demeurait aux Jardins. Les nouvelles terres requerraient sans doute sa présence un peu plus tard, lorsque leur aménagement tendrait vers sa fin. Quant à Séraquiel Tarveras, sa vie semblait se résumer à sa carrière militaire. Son père l’avait formé pour qu’il lui succédât dans le rôle d’Imperator. Il en avait fait un soldat juste et exigeant, aux prouesses indubitables. Tous ses subalternes portaient sur lui un regard aussi appréciateur qu’admiratif. Plus il le détaillait, plus Priam les comprenait. Son aura dégageait une force rassurante. Elle n’était pas brute à la manière de celle de bien des Réprouvés. Elle s’exprimait avec plus de douceur et de tranquillité.

Ils étaient tous les quatre dans ce qui s’apparentait à une petite salle de réunion. Le mobilier était rudimentaire. Une carte des Terres du Yin et du Yang s’étendait sur un pan de mur. Celui d’en face portait le blason de la Compagnie. Une table entourée de huit chaises trônait. Ils en occupaient quatre, face à face. Le Belegad avait ouvert le dossier qu’il avait emporté et présenté la carte aux deux militaires. Son appréhension était un peu redescendue. C’était Nalim, de toute façon, qui menait la discussion. Son expérience dans le domaine en faisait un interlocuteur de choix. Avant de pouvoir conduire une conversation de cette envergure, il faudrait que le novice écoutât et apprît. C’était ce qu’il essayait de faire.

Après avoir brièvement rappelé l’objet de leur entrevue, le diplomate avait présenté le projet, en prenant soin d’exposer ses arguments sans avoir l’air de prendre les soldats pour des imbéciles. Au ton qu’il employait et aux regards qu’ils s’échangeaient, Priam comprenait qu’ils avaient déjà traité les uns avec les autres. C’était moins formel que cela aurait pu l’être. Nalim s’appuyait sur la carte disposée sur la table. De temps à autre, il lui demandait une confirmation ou une précision. Il s’assurait à la fois que son travail fût reconnu et qu’il ne se sentît pas lésé vis-à-vis des négociations. Elles se déroulaient bien. L’Imperator comme le Capitaine comprenaient les enjeux et voyaient clairement les avantages à guider les jeunes Anges jusqu’aux Jardins. « La question qui se pose, c’est de savoir si la Compagnie de Yüerell serait prête à inclure cette mission dans celles qui incombent à ses Patrouilles. » Freskin et Tarveras se regardèrent, puis le plus haut gradé prit la parole : « Comme vous l’avez dit, la bien portance de notre démographie est une question cruciale et, aujourd’hui, la Compagnie dispose de suffisamment d’effectifs pour mener à bien des missions plus annexes. Vous pouvez compter sur ses soldats pour participer à ce projet. » Ses yeux émeraude scrutèrent successivement les deux invités. « Il gagnera sans doute d’autant plus de légitimité lorsque les Jardins ne seront plus le seul point de chute de notre peuple. » Nalim acquiesça. La porte s’ouvrit à la volée.



« Ne triche pas. » Laëth sourit, espiègle. « Je ne triche jamais. » - « Hein-hein. Je les connais, vos techniques de Réprouvés, maintenant. » Le sourire de la Conscrite s’agrandit, mais elle ne dit rien. Après leur séance d’entraînement, Adriel lui avait proposé de jouer au Mẹio. Ils avaient trouvé trois autres partenaires. Le jeu consistait à se débarrasser de toutes ses cartes. Lorsqu’il n’en demeurait qu’une, il fallait s’exclamer : « Mẹio ! » avant que les adversaires n’eussent pu contrer. Néanmoins, pour poser sa carte par-dessus la précédente, il fallait avoir le bon chiffre – de un à neuf – ou la bonne couleur – violet, orange, vert, cyan. Les autres joueurs pouvaient ajouter des difficultés en faisant piocher de nouvelles cartes, en forçant à sauter son tour, en changeant le sens du jeu ou en modifiant la couleur demandée. Ils entamaient la seconde partie, lorsque Thadrias s’approcha. Chacun le salua poliment, et l’un des Anges l’interrogea : « Alors, quelles sont les nouvelles ? C’est Orhmior ? » Quelques heures plus tôt, un soubresaut d’agitation avait éveillé la caserne, dans le sillage d’un messager empressé. Thadrias, affilié au service d’informations, secoua la tête. Il jeta des coups d’œil autour de lui puis, étant certain de n’être en présence que de militaires discrets, il annonça : « Elias Salvatore nous propose de l’aider à reprendre la Terre Blanche. » Tout le monde resta muet. Laëth le fixa. Le monde tangua.



Message XII – 776 mots

Notes : J'ai passé les dialogues d'Adriel en midnightblue (parce qu'en fait ils avaient la même couleur avec Nalim, yeeeeees xD).
Le Mẹio, c'est l'équivalent du Uno, chez nous.
Merci à I&I pour son ultime mini défi lié aux explorations : « Laëth : elle mérite du repos, après tout ce qui s'est passé et pour ce faire, Adriel lui propose de jouer à un jeu. Lequel? Eh bien, c'est à toi de choisir! À la base, je songeais à un jeu de carte de style Uno ou bien Skip-Bo, mais si tu es inspirée par un autre type de jeu de carte ou autres (comme Le Loup-Garou (/sbaf/), Stratego, Clue, etc.) tu peux bien t'essayer o/ Dans tous les cas, ce serait pour calmer un peu les nerfs à la ptite xD »




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Mer 20 Mai 2020, 09:37



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Où tu iras, j’irai ; où tu mourras, je mourrai

En solo | Priam & Laëth



« Excusez-moi, mon Commandant, Capitaine. Messieurs. J’ai une nouvelle urgente. » Le messager n’avait même pas frappé. Bien qu’il se tînt droit et attendît qu’on lui demandât la raison de sa venue, son empressement transparaissait à travers son attitude. « De quoi s’agit-il ? » - « Les Consuls requièrent votre présence, pour discuter de… » Il coula un regard vers Priam et Nalim, qui l’observaient avec curiosité. Il devait y avoir une annonce dans la soirée. Dès le lendemain, la nouvelle serait sur toutes les lèvres. « Le Prince Noir a contacté Kahel Heylik. Il va mener une opération pour prendre la Terre Blanche et souhaiterait obtenir notre soutien, en échange de contreparties. » Le silence plana. Le spectre de la surprise habitait tous les visages. L’Imperator se leva et le bruit de sa chaise sur le carrelage rompit le calme. « Pardonnez-moi, Messieurs. Nous vous recontacterons dès que possible. » - « Bien sûr, c’est normal. » Pour une fois, même Nalim n’avait pas de plaisanterie à faire, tant l’étonnement l’avait sonné. Tous sortirent et se séparèrent.



Non.

Laëth ne quittait pas Thadrias des yeux, comme si elle s’attendait à ce qu’il continuât, à ce qu’il corrigeât ou même à ce qu’il disparût, mirage d’un soir d’égarement. Il s’était trompé. Ça ne pouvait pas être ça. Le nom lui était venu parce qu’il était connu, mais ce n’était pas lui. Elle avait mal entendu. Il mentait. Les théories s’agglutinaient. Elles ne parvenaient pas à étouffer la vérité. Elle criait trop fort. Trop fort.

Non.

« Reprendre la Terre Blanche ? Les Sorciers ? » L’horreur et la colère faisait trembler la voix de l’Ange. Elles touchèrent la brune, qui frémit, sans bouger. C’était comme un souffle glacé sur la nuque. « D’après le Héraut, en cas de participation, le Prince Noir promet le sud du territoire et un quart des Anges détenus. » Adriel, les sourcils froncés, posa ses cartes sur la table. « Comment savoir s’il tiendra parole ? Les Sorciers ne sont pas dignes de confiance. » Il avait raison. Tous le savaient.

Non.

Elle tremblait un peu. Ses mains, surtout, en suspension. Elle lâcha son jeu et les ramena sur ses genoux. Elle serra. Doucement, le monde extérieur devenait abstrait et très secondaire. « Comment savoir qu’il ne le fera pas ? » - « C’est un Sorcier. On les a plus souvent vus poignarder leurs amis que leur serrer la main. » - « Mais malgré les pertes subies, les Démons restent nombreux. Ils ont besoin d’alliés. Pourquoi les aiderions-nous si nous n’obtenons rien ? » - « Tu accepterais que des Sorciers prennent notre terre ? » - « Oui. Ça me serait moins douloureux que de savoir que des Démons y asservissent les nôtres. Surtout si nous pouvons en récupérer une portion. Qu’en est-il du Fleuve des Âmes ? » demanda-t-il en se tournant vers le messager. « Je ne sais pas. Le Régent et les Oloris devraient être en train d’en parler, actuellement. » - « Ils n’envisagent quand même pas sérieusement… » - « C’est peut-être notre seule chance. » Le poing frappa la table. Laëth sursauta et ferma les yeux. « Nous n’allons quand même pas suivre ces engeances ! »

Non.

Elle se leva brusquement. « Je dois y aller. Mon frère doit m’attendre. » prétexta-t-elle, sans voir les regards braqués sur elle. Elle n’écouta pas ce que lui dit Adriel. Elle ne l’entendit même pas. Elle tourna le dos, sortit de la caserne et s’envola. Filant jusqu’à l’un des portails, elle le traversa et reprit sa course à travers les Jardins. Arrivée devant chez elle, elle poussa la porte qui menait directement à l’étage. Le vent s’engouffra dans la bâtisse et fit voler les rideaux d’une fenêtre. « Priam ? » Pas de réponse. Il n’était pas là. Elle aurait pu courir aux écuries ou tambouriner à la porte du bureau de Nalim. Elle n’en avait pas la force. En elle, tout se délitait.

Non.

Ses ailes retombèrent derrière l’Ange, pendantes et tristes. Il lui semblait que son cœur voulait s’arracher à sa poitrine et que ses jambes n’avaient plus d’autre volonté que celle de plier. Pourtant, elle résistait. Elle contrôlait encore ses émotions, autant qu’elle le pouvait, autant que le choc le lui permettait. Elle se débattait. La jeune femme se traîna jusqu’à sa chambre. Plus elle avançait, plus elle tremblait. Plus elle tremblait, moins elle parvenait à avancer. Elle se laissa tomber sur son lit et attrapa un coussin pour l’étreindre violemment. Aussitôt, les sanglots harcelèrent son dos fatigué. Ses plumes reposaient sur le matelas, inanimées comme celles d’un oiseau mourant. Elle avait compris, et elle aurait tellement aimé être stupide. Elle aurait tellement aimé ne pas voir l’évidence et continuer à vivre aveuglément. La douleur qui broyait son buste augmentait à mesure qu’elle revivait les souvenirs qui lui étaient rattachés et que les informations se réalignaient. Il n’y avait pas assez de place dans son corps pour toutes les émotions qui s’y battaient avec virulence.

Non.

C’était pourtant l’évidence. Il tenait une identité sorcière. Il lui avait parlé de la prise de la Terre Blanche. Dans le miroir, elle les avait vus tous les deux. Elle l’avait vu. Son corps se recroquevilla encore plus sur lui-même. Elle enfouit son visage dans le coussin, comme si elle espérait que l’épaisseur du tissu tairait ses pleurs. Rien n’y fit. La toile de secrets et de mensonges mêlés s’était parée de lances qui la pourfendaient de toutes parts. Il n’avait pas le droit. Pas le droit d’être ça, pas le droit de lui faire ça. Pas à elle, qui l’avait voulu dans des élans de passion violente, qui lui avait dit l’aimer, qui lui avait promis de rester quoi qu’il arrivât. Elle comprenait pourquoi il avait esquivé sa question sur son identité et pourquoi ses propres tripes l’avaient poussée à ne pas la reformuler. C’était insurmontable. La dissonance entre les deux hommes était trop importante pour être acceptable. Il lui semblait que leur mise en parallèle faisait trembler jusqu’à son âme.

Non.

Le Chasseur, l’Écorcheur ; l’Honorable, l’Ange de Volatys. Torture, viol et meurtre ; douceur, patience et respect. Pédophilie ; amour pour les enfants. Une épouse et une fille ; célibataire et père de plusieurs orphelins. Les chasses à l’homme, les nobles massacrés en place publique, le musée anatomique ; le dévouement à la société magicienne, le déplacement jusqu’à Iyora, le concert de musique. Elle ne pouvait pas se rassurer en se persuadant que ce n’étaient que des rumeurs. C’était loin d’être le cas. Elle avait vu certaines scènes de ses propres yeux. L’écœurement qui l’avait enlacée à ce moment-là n’avait d’égal que la haine qui se frayait lentement un chemin à travers sa tristesse. Il lui avait dit qu’il devait commettre des choses terribles pour préserver sa place. Mais pas ça, pas se rendre à ces extrémités-là. Il n’avait pas le droit.

Non.

Si elle avait su, elle ne serait jamais restée. Elle ne l’aurait jamais regardé avec admiration, elle ne l’aurait jamais laissé la toucher, elle ne lui aurait jamais dit qu’elle l’aimait, elle ne lui aurait jamais rien promis. Elle aurait voulu le tuer. Il méritait de mourir, et si elle l’avait pu, elle se serait faite juge, jurée et bourreau. Laëth se sentait profondément trahie, en même temps qu’une graine de culpabilité se plantait dans sa poitrine. Elle n’aurait jamais dû vouloir savoir. Comment avait-elle pu penser qu’elle ne saurait jamais qui il était ? À l’instant où il avait mentionné la Terre Blanche, il les avait condamnés tous les deux. Suite à leur entrevue, elle s’était demandé si le miroir ne lui montrait pas la même personne sous deux apparences différentes. Mais cela semblait tellement improbable, et plus le temps était passé, plus elle était tombée amoureuse, et plus cette idée s’était enfoncée dans le déni. Il n’y avait plus de place pour l’hésitation, désormais. Dans une moindre mesure ou totalement, il était ce qu’elle exécrait. On ne pouvait pas faire tout ça sans crouler sous le poids des remords. On ne pouvait pas regarder les gens droit dans les yeux et leur mentir sur toute la ligne. Il ne pouvait pas y avoir une once de bonté qui ne fût pas de la manipulation. C’était impossible. Il n’avait pas le droit.

Si.

Kaahl Paiberym était Elias Salvatore. Une onde de choc se propulsa en une salve dont elle était l’épicentre : elle rabattit les meubles contre les murs, fit voler tous les papiers – les feuilles vierges, les ébauches de lettres, les dessins des enfants –, et frappa les cloisons sans les ébranler. Le violoncelle, posé dans un coin de la pièce, tomba. Des cliquetis de métal tintèrent, sans autre effet qu’une musique cacophonique. Ses émotions étranglaient tous ses organes puis se jetaient à l’extérieur d’elle-même pour mieux revenir l’assaillir. Elle avait mal, plus douloureusement qu’elle n’avait jamais souffert. Je compte sur vous pour faire disparaître le mal. Non. C’était trop. Ce n’était pas son cœur qui voulait s’enfuir. C’était elle qui voulait se l’arracher de la poitrine.



Message XIII – 1508 mots




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Mer 20 Mai 2020, 13:21



BIRD CAGE by Fanny Marguerie (artstation.com)

Où tu iras, j’irai ; où tu mourras, je mourrai

En solo | Priam & Laëth



Priam bouillonnait. Des Sorciers pour s’emparer de la Terre Blanche ? Il n’était pas spécialement attaché à ce territoire. Il n’y avait jamais mis les pieds et ne le connaissait que par les livres ou les récits d’Anges plus âgés. Elle ne portait qu’une valeur symbolique, celle de la terre natale spoliée par les Démons. Cependant, comme tous ceux que les Réprouvés avaient éduqués, il nourrissait à l’endroit des Mages Noirs une haine brûlante. A Lumnaar’Yuvon, malgré les siècles, personne n’avait oublié Jun Taiji et les cendres qu’il avait laissées derrière lui. L’impression qu’elles étaient encore chaudes persistait ; à les effleurer, on pouvait s’enflammer. « On ne va pas y aller, si ? » Nalim tourna la tête vers lui. Ils marchaient vers son bureau. « Je ne sais pas. » Le plus jeune fronça les sourcils. « Il faut peser les pour et les contre. » - « Peser les pour et les contre ? C’est un Sorcier. Je ne vois pas dans quel monde ça pourrait bien se passer. » Le diplomate le dévisagea. Il voyait qu’il essayait de rester calme, malgré ses sentiments négatifs à l’égard de cette race. « Les Sorciers ont une armée efficace et les Démons sont affaiblis. Avec notre soutien, peut-être qu’une reprise de la Terre Blanche est envisageable. Probable, même. » Un sourire sibyllin courut sur ses lèvres. « Si la proposition provenait d’un peuple bénéfique, le débat serait sans doute moindre. Il n’y aurait qu’à savoir à quels sacrifices nous sommes prêts à consentir pour la récupérer. » Depuis le Génocide, nul n’imaginait que cette entreprise fût facile. « Mais ce n’est pas un peuple bénéfique. Peut-être que c’est un piège et qu’ils chercheront à nous exterminer après avoir frappé les Démons ? Peut-être qu’ils sont alliés ? » - « Peut-être. » Face à la sérénité de son mentor, l’Ange inspira et se fit violence pour ne pas croiser les bras. « J’imagine qu’il y a plus d’informations dans le courrier qu’a reçu le régent, et que les motivations du Prince Noir apparaissent clairement. » Il se tut un instant, avant d’ajouter : « Mais dans tous les cas, oui, promettre d’intervenir serait un pari risqué. Et on orchestrerait sans aucun doute une alliance historique. » Son sourire s’accentua. Le fils de Réprouvés serra les dents.



Lorsqu’il ouvrit la porte, un courant d’air secoua sa tignasse. Pourtant, il n’y avait pas les chaussures de sa sœur dans l’entrée. Avait-il oublié de fermer une fenêtre en partant ? Peut-être celle de sa chambre. Cela lui arrivait souvent. Il retira ses souliers, les jeta à côté de lui, puis suspendit sa veste au porte-manteau. En déboutonnant le haut de sa chemise, il se dirigea vers l’étage. La porte qui menait sur l’extérieur était grande ouverte. Il fronça les sourcils. Il s’apprêtait à se ranger sur le côté et à se déplacer sans bruit, lorsqu’il entendit quelqu’un renifler puis sangloter. L’Ailé retrouva immédiatement une position moins légère et marcha en direction des sons. Sa sœur était là, recroquevillée sur son matelas, ses appendices blancs étalés derrière elle, un oreiller serré contre son corps. Cette vision lui crispa immédiatement le cœur. « Laëth ? Qu’est-ce qu’il y a ? » demanda-t-il comme il s’approchait. Il s’assit sur le bord du lit et posa une main sur son épaule. Elle se redressa aussitôt et s’accrocha à lui avec la force du désespoir. Comme par réflexe, il l’entoura de ses bras. Son regard doré glissa sur la pièce : on aurait dit que le vent s’y était engouffré et avait réordonné le tout selon son agencement erratique. Il en oublia toute cette affaire de Terre Blanche. Dans l’instant, cela n’avait aucune importance. « Qu’est-ce qu’il s’est passé ? C’est Hena ? » L’étreinte de sa cadette s’accentua, mais elle ne dit rien.

Elle ne pouvait rien lui dire sans lui mentir. Le sceau qu’il avait tracé sur elle condamnait toute parole véridique. Pour toujours, elle serait seule avec ce fardeau qu’elle avait accepté de porter sans en mesurer toutes les conséquences. La solitude serait sa seule compagne. Elle se pendait à son cœur comme un boulet à la cheville d’un prisonnier. Laëth aurait tellement voulu pouvoir tout confier à son frère. Tout aurait été plus supportable. Il aurait su tisser un cocon rationnel autour d’elle. Il l’aurait guidée et soutenue. Il aurait été la lumière dont elle avait intensément besoin. Il ne pouvait rien faire. Elle restait prisonnière de tout ce qui l’ébranlait au plus profond de son être, et la proie de toutes les ombres qui désiraient l’engloutir. « Je n’y arriverai jamais. » gémit-elle contre son épaule. « À quoi ? À surpasser tout ça ? Bien sûr que si. » Il caressait doucement ses cheveux. « Tu en es capable. Il faut juste du temps. C’est normal de ne pas aller bien, au début. Mais ça va devenir de plus en plus facile, d’y penser, de vivre avec… » Sa main descendit dans son dos. Ses mouvements l’apaisaient, et la magie qu’il diffusait aussi. Il en avait pris l’habitude, dès qu’elle montrait les signes avant-coureurs d’une crise. « Et puis, les jours où ça ne va pas, je serai là, pas vrai ? Je serai toujours là. Tu sais ça, non ? » Elle se décala pour le regarder. Ses sclères rougis faisaient ressortir le vert de ses iris. Elle acquiesça doucement, les yeux encore noyés dans les larmes. Elle détestait les promesses. Elle avait envie de toutes les brûler.



Message XIV – 918 mots




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Ven 22 Mai 2020, 11:59



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Où tu iras, j’irai ; où tu mourras, je mourrai

En solo | Priam & Laëth



Les jours se succédaient avec une morosité criblée de détresse. Toutes les nuits, Laëth dormait avec Priam. Parfois, Picasso se frayait un chemin entre les draps et se blottissait contre elle. Paddy la suivait silencieusement, Makao passait son temps à se frotter contre ses jambes, Rutabaga caracolait à ses côtés dès qu’elle sortait. Les chèvres la regardaient avec curiosité, Cassie ne l’agressait pas, Kagabis arrêtait de se pavaner, et les deux chevaux réclamaient son attention avec douceur. Être doté d’un sixième sens n’avait rien de nécessaire pour percevoir la souffrance de l’Ange, mais les animaux y réagissaient si vivement qu’il eût été impossible de l’ignorer. Priam la soutenait du mieux qu’il le pouvait. Il n’y avait pas que Hena. Il l’avait rapidement compris. Son décès remontait à quelques semaines, désormais, et bien que la peine fût toujours prégnante, elle ne possédait plus l’apanage de sa tristesse. Il ne lui avait guère fallu beaucoup de temps pour en trouver l’origine. Dès qu’il avait prononcé le nom « Kaahl », le visage de sa cadette s’était tellement décomposé qu’il n’avait pas pu douter un seul instant. Il la connaissait trop bien. Il l’avait interrogée, cependant, elle avait refusé de lui dire quoi que ce fût. Plus il la questionnait, plus elle se renfermait, et elle finissait toujours en larmes. Il avait arrêté. Sa haine à l’égard de cet imbécile de Baron n’avait fait que se renforcer ; devant sa cadette, il la contenait du mieux qu’il le pouvait. Ils n’abordaient plus le sujet. Ils agissaient comme s’il n’avait jamais existé. Cela n’apaisait rien : ni la colère de Priam, ni la douleur de Laëth.

La jeune femme était incapable de mentir à son aîné. Elle avait essayé. Elle avait vraiment voulu trouver quelque chose. Dans son esprit, elle avait formulé des dizaines de mensonges destinés à masquer la vérité. Elle les avait répétés comme on insiste sur les vers d’une comptine. Néanmoins, à l’instant où il avait prononcé une question, tous ses remparts s’étaient effondrés. Elle ne parvenait pas à retenir les émotions qui la ravageaient. Il y avait les siennes, et d’autres, plus intrusives, qui la poussaient à haïr sans condition ou à aimer avec obsession. Elle sentait qu’elles ne lui appartenaient pas ; elle avait peur de deviner leur provenance. Son instinct le lui murmurait : elle préférait le faire taire. Il y avait, de toute façon, trop de bruits dans sa tête et dans son cœur. Le bourdonnement ne cessait jamais. Il ne s’estompait que lorsqu’elle dormait profondément – et son sommeil avait perdu en qualité.



« Je ne prendrai pas de cours de violoncelle. Je vous le donne, si vous voulez. » dit-elle en s’avançant vers le vieil homme, son instrument dans les bras. La surprise peignait ses traits ridés. « Pourquoi ? C’est un bel instrument, et je suis certain que son son l’est tout autant. » Laëth essayait d’être détendue. Elle avait fait la sieste avant de venir au rendez-vous qu’ils s’étaient fixés, puis elle avait passé près d’une heure à poser un à un des verrous sur ses émotions. « Parce que… le voir m’est devenu pénible. » L’aïeul la considéra quelques instants, puis s’assit sur son tabouret. « Vous savez, la musique fait oublier bien des peines. » Il attrapa une flûte traversière posée sur une table d’appoint. Il en effleura les aspérités, l’air pensif. Lorsqu’il releva la tête, il faisait toujours preuve du même calme. « Je peux prendre votre violoncelle, si vous voulez. Mais si je peux me permettre de vous donner un conseil, ce serait de ne pas abandonner avant d’avoir essayé. Ce serait trop bête de se priver du plaisir de jouer à cause de quelqu’un d’autre. » Les jointures de l’Ailée se resserrèrent autour de l’étui. « Merci. » souffla-t-elle. « Je peux le poser là ? » Il acquiesça. Elle le mit en appui contre le mur. « Au revoir, et encore merci, et désolée du dérangement. » - « Ce n’est rien. » Il lui sourit. Elle tourna les talons et, tandis qu’elle s’en allait, les notes légères de la flûte s’élevèrent dans les airs.

« Tadam ! » s’exclama Priam, bras levés, lorsque la porte s’ouvrit. Laëth apparut. Son regard las courut sur la pièce et s’alluma soudainement. La surprise brilla, puis un amusement non feint. Ses lèvres tressautèrent et, finalement, un sourire sincère s’y épanouit. Son abattement s’évanouit progressivement. Le Mẹio et le Hagydz étaient posés sur la table, aux côtés de trois bouteilles de bière, d’un saucisson entièrement tranché, de dés de fromage, et de quelques légumes, plus présents pour la forme que dans un réel souci de manger équilibré. Tous les animaux de la maison arboraient un nœud de couleur autour du cou. « Kagamiko nous rejoint bientôt, mais on peut commencer à boire sans elle. Cette fois, c’est moi qui te couche ! » La brune haussa les sourcils. « Ça, ça m’étonnerait. » - « Tu vas voir, j’ai fait des progrès. » Il lui sourit avec tendresse, et elle le lui rendit. Elle traversa la pièce pour lui faire un câlin. Ils ne dirent rien, jusqu’à ce que Laëth n’ouvrît une bouteille en déversant la moitié de son contenu dans un bol de fromage et sur le sol, et que leurs rires ne résonnassent à travers toute la maisonnée.



Message XV – 888 mots




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