Musique

Alaric revenait tout juste d’une journée harassante, bien trop longue et éprouvante. Son visage était fatigué, marqué par le manque de sommeil et de repos. Il était déjà tard : le manoir était calme et tranquille. Tout le monde devait dormir depuis plusieurs heures. Sa femme, aussi. Il était assez contrarié par cette pensée. Son épouse était devenue si importante à ses yeux. Il appréciait sa compagnie, son rire et son sourire. C’était une jeune fille tellement spontanée et bienveillante. Il ne pouvait pas s’empêcher de la taquiner à longueur de temps, tant ses réactions étaient amusantes. Il multipliait les sorties en tout genre dès qu’il en avait l’occasion, avec elle. Autant pour qu’ils puissent passer du temps ensemble que pour éviter qu’ils se retrouvent seuls … Eva-Luna était jeune. Peut-être un peu trop. Alaric craignait de la brusquer. Il ne voulait pas l’effrayer avec ses ardeurs, et avait mis un point d’honneur à ne plus la toucher depuis leur nuit de noce. Ce n’était pas l’envie qui manquait. Mais cette fille était une incarnation de la candeur. Elle devenait rouge comme une pivoine dès qu’il osait poser la main sur sa hanche, ou déposer un baiser chaste sur le bout de ses lèvres. C’était surement mieux ainsi, pour le moment. « Oh. » murmura-t-il, décontenancé. Alaric avait poussé la porte de la chambre et était surpris de voir que la Magicienne était encore réveillée. Elle lisait tranquillement un roman, à la lueur d’un grand chandelier. Elle esquissa un franc et charmant sourire, en voyant son mari. « Enfin de retour ! » Elle ferma doucement le livre, après avoir glissé une petite carte entre deux pages pour se souvenir de l’endroit où elle avait arrêté sa lecture. Elle se redressa légèrement dans le lit, toujours aussi souriante. Alaric devinait sa tenue sous sa robe de chambre mal nouée : un joli déshabillé carmin, dont la couleur devait terriblement mettre en valeur son teint basané. « Je pensais que vous dormiez. » dit-il avec une nonchalance qu’il ne ressentait absolument pas. Sa femme était dans de la lingerie plus que sensuelle, et Alaric sentait que son imagination faisait des siennes. Un désir - puissant et presque douloureux - s’était fiché dans tout son corps et il tâchait d’en faire fi. « Je vous attendais. » Il eut un petit sourire. « C’est adorable. » Il s’approcha tranquillement de la jeune Magicienne et glissa ses doigts sur ses joues. Elle pencha immédiatement la tête, pour se frotter quelques secondes contre la paume du Comte. Ce dernier finit par attraper son menton et releva son visage. Il se pencha pour l’embrasser, tout doucement. Il ricana - sans méchanceté ni moquerie - en s’écartant et avisant la mine empourprée de la demoiselle. Elle fit une petite moue, avant de demander : « Est-ce que vous avez passé une bonne journée ? » - « Oui. » Il n’avait pas très envie de parler de son travail. Il alla plutôt jeté ses affaires sur la commode et commença à déboutonner son manteau. « Et vous ? Qu’avez-vous fait, en mon absence ? » - « Ma soeur est venue me rendre visite. Nous sommes allées en ville, pour acheter quelques bricoles. Et nous avons passé la journée à parler sur la terrasse. Sa visite m’a fait vraiment très plaisir. » - « J’imagine. » Il savait qu’elles étaient très proches. « Elle m’a aidé à prendre une décision aussi. » Alaric fronça les sourcils, déconcerté par le sérieux de la jeune femme. Elle était beaucoup de choses, mais rarement grave et sage. Il pesta tout bas, en s’acharnant sur ses boutons de manchette. Il allait devoir demander un peu d’aide. « Quel genre de ... » Il se retourna pour poser les yeux sur Eva-Luna. Elle s’était relevée. Il n’avait même pas entendu qu’elle avait quitté le lit. Sa robe de chambre gisait à ses pieds, dévoilant une tenue encore plus belle et indécente que ce qu’il avait imaginé. Elle le regardait sans broncher, avec un tout petit sourire aux lèvres. « … décisions … » finit-il de marmonner, en rassemblant toute la volonté dont il était capable pour regarder son épouse dans les yeux. Un exercice difficile, devant une insolence assumée et une audace qu’il ne lui connaissait pas. Eva-Luna s’approcha doucement de son Magicien, et retira les boutons de manchette avec délicatesse. Elle tremblait un peu. Nerveuse ? Angoissée ? Fébrile ? Sûrement tout cela à la fois. Une fois la tâche accompli, elle releva la tête vers Alaric, qui la dévisageait avec insistance. « Vous m’avez manqué. » chuchota-t-elle, en caressant son torse. Ils restèrent longuement l’un contre l’autre, à s’apprivoiser sagement. Puis Eva-Luna décida qu’il était temps de passer à la vitesse supérieure. Ses gestes se firent bien plus téméraires, effrontés et osés. Certainement un peu maladroits, mais cela ne déplaisait pas à son mari. Elle le voyait. Elle eut un large sourire, lorsqu’il finit par frissonner et la plaquer contre le premier meuble venu.

Alaric n’avait sûrement pas remarqué le petit bazar de sa femme, qui traînait sur son chevet. Il y avait pourtant une bouteille de vin - encore intacte - accompagnée d’une lettre. Ce présent avait fait l’objet de grands et vastes débats entre les soeurs. Eva n’était pas certaine de vouloir être mère. Pas encore, du moins. Surtout pas alors qu’elle n’avait connu qu’une seule et unique fois - au moment de la discussion. Mais elle était persuadée que son Alaric voulait des enfants. Peut-être même toute une ribambelle. Ils allaient sans doute devoir en parler. Ce cadeau allait terriblement faciliter les choses, auquel cas. Juste à côté, il y avait un autre paquet. Celui qu’elle allait envoyer, le lendemain. Un petit quelque chose, qu’elle offrait à un illustre inconnu. Un juste retour des choses, à ses yeux. Un étranger lui avait donné cette bouteille, après tout. Il était de son devoir de continuer à répandre de la bienveillance. Elle avait donc choisi le destin faire son oeuvre, en envoyant le petit bijou. Rien de coquet : c’était un bracelet en cuir, assez épais mais finement ouvragé. Un bracelet qui cachait bien son jeu. Un bouclier.

Cadeau pour Dhavala : Le Bracelet-Bouclier : Il s'agit d'un bracelet en cuir qui fait apparaître un bouclier quand le bras est brandit. Ce bouclier repousse les attaques physiques uniquement - pas la magie - et peut parfois agir de son propre chef et donc protéger en cas d'attaque surprise.

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