Tout alla très vite. Quelques instants auparavant, Jil conversait gaiement avec la gentille dame et son drôle d’animal, puis elle avait aperçu Thor – occupé à recouvrir de salive une malheureuse innocente. Elle s’était approchée, et en une paire de secondes le Patou l’avait soulevée de sol, et elle ballotait maintenant sur son dos, à l’image d’une poupée de chiffon. Par reflexe, elle attrapa la crinière du grand chien en poussant toute sortes de cris effarouchés, qui se muèrent en encouragement enfantins après quelques coursives parcourues. Le sort de la pauvre jeune femme blonde avait bien moins d’importance désormais, que d’agiter le bras en l’air en chevauchant avec panache sa monture blanche comme neige. Rapidement, ils furent sur le pont, et Jil criait toujours, à intervalles réguliers : « Yee-hee ! Youhou ! ». Thor était encore plein de ressources, il parvenait sans cesse à émerveiller sa maitresse. Elle était maintenant fermement agrippée à sa fourrure d’une main, agitait l’autre en l’air comme une dresseuse de chevaux de Maëlith. En somme ; elle vivait un moment de pur bonheur. Moment qui ne s’éternisa pas : Le bateau sembla scintiller un instant, puis se dématérialisa. La rousse et le gros chien qui lui servait de monture flottèrent un instant, comme figés pendant l’un des élans puissants du Patou, puis tombèrent droit vers les flots sombres et agités. « Ah ? Ah… Aaaaahhh ! ».

Des bulles, de la mousse, quelques étoiles et éclats de lumière çà et là, c’est tout ce qu’elle vit pendant d’interminables secondes. Jil n’était pas une grande nageuse. Elle n’aimait pas l’eau en dehors de son bain, et gardait un très mauvais souvenir de ses cours de natation au lac ; quelques décennies plus tôt. Le flot glacial la paralysa un instant, puis elle hurla de toute ses forces, se vidant ainsi du peu d’air qu’elle avait emprisonné avant de tomber. C’était froid, humide, ça l’envoyait bouler un peu partout et pire que ça, elle avait perdu la trace de Thor. Ses mains battaient vainement, tentant de trouver la surface, sans succès. À la place, elle sentit le poil compact de son chien, et s’y accrocha de toutes ses forces. Lorsqu’ils crevèrent la surface, elle inspira si fort et si longtemps qu’au moment où la gravité l’envoya de nouveau sous les flots, elle avala une gorgée d’eau salée. Puis elle fit surface à nouveau, et recracha le tout en se froissant un poumon. Une pensée lui traversa la tête et elle fit mine de s’écarter du chien ; si jamais elle entrait dans une de ses crises – ce qui, vu la situation, était plus que probable – elle risquait de lui faire mal. Mais rien ne se passa. Pas d’éclair, pas d’étincelle, rien. Elle s’accrocha alors plus fort encore à l’animal, qui déjà l’entrainait vers une masse sombre un peu plus loin. Une île, peut-être. Elle avait si froid, si mal, que ses pensées tournaient plus vite que d’habitude, lui causant parfois quelques étourdissements affligeants. Ses doigts ne répondaient plus, son cœur s’affolait, et finalement, elle s’évanouit, son corps maintenant par reflexe la poigne de ses mains sur le poil mouillé de Thor.

Lorsque Jil revint à elle, elle était étendue sur le sable. Elle ouvrit difficilement les yeux, scellés par le sel, toussa plusieurs fois, la gorge brûlée, et pivota sur le côté en vagissant pitoyablement. C’est là qu’elle vit la masse blanche, inerte. Ce fut comme un électrochoc – au sens littéral du terme, un véritable arc se forma et couru le long de son corps, grillant un crabe qui passait trop près. Elle se redressa violemment, au prix d’un nouveau cri de douleur, et rampa vers Thor. Quand elle se pencha sur lui, elle senti son ventre se soulever régulièrement, et soupira de soulagement. Le gros chien était bel et bien épuisé, mais ne semblait pas en danger. Elle posa la tête contre son flan rassurant, et se rendormit presque instantanément. L’Élémentale se réveilla à nouveau quelques heures plus tard ; le soleil était déjà haut dans le ciel. Thor dormait toujours, mais sa respiration semblait plus profonde, plus régulière. Plutôt que de le secouer dans tous les sens en lui faisant des papouilles, tel qu’elle le faisait habituellement pour le réveiller, elle décida de le laisser un peu tranquille, et passa doucement sa main le long de ses poils presque secs. En relevant la tête, elle aperçut le sac qu’on lui avait confié au départ ; le chien l’avait ramené, tiré avec ses crocs en plus de sa maitresse. Elle le considéra avec plus d’affection que jamais, et alla ouvrir la besace de cuir. S’y trouvaient un papier détrempé comportant des inscriptions presque effacées, qu’elle chiffonna en haussant les épaules, quelques vêtements – de très mauvais goût, hors de question qu’elle porte ça – un peu de nourriture détrempée. Elle fouilla un peu plus et sorti un long objet en partie métallique, en partie en bois, qu’elle considéra un instant, au creux de ses paumes. Elle hésita un instant, puis vocalisa son trouble : « Une… Fourchette ? ».

Sa respiration reprenait petit à petit son rythme habituel et Mancinia tentait de calmer son esprit qui partait dans tous les sens, avalant difficilement sa salive salé pour en chasser le goût désagréable. Nibelungen était encore attaché dans son dos et s'enfonçait dans ses chairs. C'était encore pire comme situation et l'Humaine avait bien du mal à se redresser, son corps venait de prendre quelques kilos rien que par ses vêtements mouillés et le reste était salis de sable. Tout n'était que sensations affreuses ! Elle ne pouvait pas rester ainsi, à la merci de n'importe quoi, alors, dans un effort considérable, la jeune femme parvint à se redresser à moitié, laissant Kamiya et à remettre sa lance dans le bon sens, encore caché sous sa cape. Mancinia referma ses doigts sur le paquetage qu'elle tenait encore en main, elle avait eu du mal à revenir sur le rivage, mais elle ne l'aurait lâché qu'en cas d'absolue nécessité. A son souvenir, il contenait une dague et une chemise, en plus du mystérieux morceau de parchemin avec une drôle d'énigme. Elle avait perdu ce fichu papier en chutant dans l'océan et, de toute manière, l'encre n'aurait certainement pas tenu aux aléas de l'eau. Redressant ce dernier à la hauteur de ses yeux, Mancinia s'attendait à voir les vêtements, entrevus avant sa chute, salis de sable et gorgés d'eau. Hors, ce ne fut pas le cas.

Si une quelconque magie entourait ses affaires, elle avait été à la hauteur des espérances de son utilisateur. Cela voulait dire qu'ils avaient prévus le coup et que la disparition mystérieuse des deux navires était prévue depuis le départ. Relâcher les participants d'un coup dans l'océan sans avertissement devait faire rire les organisateurs. En y repensant, l'énigme qui se trouvait dans le paquetage n'indiquait-elle pas ce qui allait se produire ? Qu'est-ce qui caractérisent à la fois l'eau, l'air et l'électricité ? C'était si évident que l'Humaine eu envie de reprendre un bain d'eau salé. La réponse n'était rien d'autre que le courant. Le courant marin qui l'avait crapahuté dans tous les sens ! Agacée de ne pas avoir répondu plus tôt ou vu ce coup fourré orchestré de manière magistrale, Mancinia serra les dents devant sa bêtise avant de poursuivre son exploration du reste du paquetage en saisissant l'arme et resta un instant coi en la regardant. Ce n'était pas une dague, mais un couteau d'argenterie. Et c'était de l'excellente qualité. Mancinia resta effaré devant cet outil ridicule en le lançant dans les airs pour le récupérer dans sa paume. Un rire nerveux s'échappa de ses lèvres. Cette histoire commençait à prendre des allures d'une mauvaise plaisanterie orchestrée par des organisateurs ennuyés de leur vie luxueuse. Elle ne savait pas l'imaginé autrement.

Remettant rageusement ce qu'elle avait extrait dans le paquetage, Mancinia se redressa et fit quelques pas en direction de l'océan pour laver son visage remplit de sable. Ses cheveux devaient être dans un sale état, sans mentionner sa tenue. Mais elle préférait encore resté pouilleuse que d'être redevable à l'imbécile dont elle était sensée défendre les couleurs ! Kamiya vint se mettre sur son épaule en coassant doucement, frottant son plumage contre sa joue pour la rassuré. Lui, il lui serait éternellement fidèle. Ce qui la réconforta quelque peu. Maintenant, elle se devait de trouver son équipe le plus rapidement possible. Espérant que Jil ou la demoiselle aux cheveux blonds se portent bien. Au bout d'une bonne cinquantaine de mètres, l'Humaine vit une silhouette au loin, d'abord désireuse de crier après elle, Mancinia se resserra sur elle-même avant de prendre la décision de cacher son appartenance en enlevant sa broche et en la plaçant sous sa cape. Facile à montrer et dissimuler en cas de nécessité. En s'approchant du dit inconnu, elle prit conscience qu'il s'agissait d'une femme à sa démarche et ses longs cheveux d'un blanc ivoirien. Une aura étrange l'entourait, la rendant très belle malgré son état. Mancinia ne connaissait qu'une seule personne qui avait une telle apparence.

— Tiens, tiens, souffla-t-elle entre ses dents.

Kamiya la regarda, ne comprenant pas.

— Lumi.

Ce nom avait été dit suffisamment fort pour que l'intéressée l'entende et se retourne vers elle. Mancinia croisa les bras et eu un sourire suffisant.

— On se balade encore près des honnêtes personnes, hum ?

715 mots

Rp Spécial – Le duel
« M. et Mme Smith »

L’écume remontait dans mon nez, dans ma bouche et à plusieurs reprises, je crachais l’eau salée qui s’était infiltrée dans ma gorge. Malgré mon paquetage, qui me servait plus ou moins à ma stabilisation dans l’eau, je ne pouvais empêcher le courant de m’envoyer de tous les bords et de tous les côtés, m’aspergeant le visage pour m’interdire de respirer. Chaque occasion où je perçais la surface des eaux était une opportunité de prendre une grande bouffée d’air, mais tout de suite après, les vagues me retombaient de nouveau sur la pastèque et, inlassablement, l’eau continuait de passer à travers mes barrières. C’était la panique totale dans mon esprit et je ne savais plus du tout quoi faire pour me rapprocher suffisamment du rivage. Je nageais du mieux que je le pouvais, mais les flots m’entraînaient sans que j’eusse mon mot à dire. Mais l’épuisement commençait clairement à se faire sentir à travers mes muscles; avec l’eau qui s’imbibait dans mes vêtements, avec le sel qui collait sur ces derniers, j’avais l’impression de combattre un ouragan. Cependant, bien vite, je finis par abdiquer et à fermer les yeux. Je n’en peux plus. C’en est trop pour moi… Allais-je mourir ici? Allais-je finir mes jours noyé et dévoré par ce qui me terrorisait désormais le plus? Sûrement allais-je rejoindre les camarades que j’avais perdus, mon cadavre s’additionnant aux leurs, abandonnés dans les profondeurs de l’Océan. Puis, sans parvenir à lutter encore plus longtemps contre les forces de la Nature, je finis par fermer les yeux et à laisser l’Océan décider de mon sort. Mais une nouvelle éclaboussure me réveilla et, instinctivement, je me remis à battre des pieds, de façon complètement aléatoire. Ce n’était pas maintenant que j’allais déposer les armes. Je m’étais engagé dans cette expédition, ce n’était pas pour abandonner aussi facilement. C’est ainsi que, de peine et de misère, je parvins à rejoindre la côte de ce qui me semblait être une île. Dès que mes pieds touchèrent au sol, je me mis à avancer, déployant tout l’énergie qui me restait, sans cesse crapahuté par le courant marin. Alourdi par l’eau, mes yeux rougis par le sel, j’avais l’impression que cela allait me prendre mille ans avant d’atteindre la rive – et encore, je me demandais si j’y parviendrais bien vivant. Car malgré la proximité de la terre, je n’étais pas à l’abri d’un fâcheux et pénible accident: dans ces eaux, une pierre légèrement relevée dans le sable ou une algue se glissant sournoisement sous ma botte devenait aussitôt un ennemi et un obstacle à ma survie.

Néanmoins, de force et de misère, je réussis enfin à rejoindre la plage et, dans un élan, je me jetais au sol, inspirant et expirant à plein poumon. Plus jamais… Plus jamais…, me répétais-je en songeant à la nage horrible que j’avais dû faire pour parvenir jusqu’ici. Épuisé, complètement exténué, agrippé fermement à mon paquetage, je finis, bien malgré moi, par m’endormir.

Ce fut les premiers rayons de Soleil qui m’ont soustrait de ma léthargie. La tête brûlante, la gorge sèche par tout le sel que j’avais avalé durant ma traversée, cela me prit quelques secondes avant de me souvenir de l’endroit où je me trouvais. Le duel. Seigneur Lakus. Dame Weidan. Ces fichus navires qui avaient disparu. L’île. Toujours étendu sur le sol, je penchais ma tête vers l’arrière, voyant aussitôt apparaître dans mon champ de vision une forêt dense et incroyablement verte, parsemée de couleurs diverses et chatoyantes qui rajoutaient beaucoup de gaieté à la scène: c’était des oiseaux aux couleurs multiples, explosifs. J’eus un sourire en les voyant. Puis, je me redressais, me tournant vers mon paquetage. Rapidement, je l’ouvris pour connaître son contenu: des vêtements, de la nourriture à moitié détrempée – génial… – un morceau de parchemin avec des mots complètement illisibles maintenant qu’il avait été en contact avec l’eau et… hum… qu’est-ce que c’était que ça? Un couteau? Je sortis l’objet du sac avant de constater qu’il s’agissait plutôt d’un poignard. À la vue de cette arme, je sursautais, soudainement nerveux, avant d’apporter ma main à mon flanc pour m’assurer de quelque chose. Oui, je pouvais le sentir; je n’avais pas perdu mon katana du Temple des Esprits. Un soulagement sans nom se répandit dans mon être alors que je me relevais, titubant, sur la plage. Amenant le paquetage dans mon dos, je me forçais à avancer, les vêtements lourds, la tête encore endolorie par les nombreuses secousses de mon voyage dans l’eau. Arrivé à la lisière de la forêt, je balayais les environs du regard, cherchant d’autres participants dans les alentours, ne sachant trop quoi faire maintenant que j’étais parvenu jusqu’ici. Mais bien vite, je décidais de partir et de me plonger dans l’inconnu. Si j’avais peur? Peut-être… En tout cas, cela pourrait expliquer la boule d’angoisse que je sentais au fond de mon estomac. Allez Fried! Courage! Tu vas trouver ce trésor et tu vas vite fait rentrer à la maison! Mais mes plans n’avaient pas vraiment tendance à suivre ce que je m’étais prévu au départ et aujourd’hui encore, j’avais le pressentiment que rien ne se déroulerait comme je le prévoyais.


❧ 874 mots

L'Elfe Éternelle n'appréciait pas la situation dans laquelle elle se trouvait avec la Sirène, c'était le moins qu'on puisse dire. Certes, elle ne montrait aucun signe de nervosité, restait d'un calme olympique là où tous auraient paniqué et hurlé à s'en déchirer la gorge, mais cela ne voulait pas dire que son cerveau ne carburait pas à plein régime. Elle cherchait une solution, seulement, le problème n'était pas qu'il n'y en avait pas. Le problème était qu'elle ne connaissait pas le problème et par ce biais, trop de possibilités se trouvaient devant ses yeux. Fuir ? Mais fuir où ? Utiliser sa téléportation une seconde fois ? Baissant les yeux vers l'Ondine, elle crut bon de se dire qu'il ne s'agissait pas d'une bonne idée. Ce genre de transport pouvait heurter ceux n'y étant pas habitués et elle ne désirait pas brusquer sa jeune amie. Et que serait-elle, après ceci ? Une reine fuyant devant l'adversité ? Un sourire amer vint arquer ses lèvres. L'image que les autres avaient d'elle lui importait peu, mais en tant que souveraine, elle ne pouvait pas faire n'importe quoi et agir selon son bon vouloir. Plissant les yeux, elle se remit en tête tous les événements.

Deux chefs, qu'elle connaissait, que tous connaissaient, tout en ignorant qu'ils avaient organisé cette mascarade, se trouvaient en ces lieux, ou regardaient le spectacle, un sourire narquois sur les lèvres. Ils devaient se délecter de cette vision, du carnage qu'ils avaient provoqué. Seulement, Mircella n'avait pas l'intention de se morfondre comme la plupart des personnes présentes. Elle n'allait pas non plus attaquer. C'était le principe du duel, certes, mais dans une situation pareille, s'entre tuer était bien plus que stupide, et ceux qui se jetteraient sur leurs armes comme des sauvages commettraient une erreur fatale. La voix de Nixy la fit sursauter et elle l'attrapa par le bras, l'empêchant d'avancer. La précipitation la mettrait en danger. Elle ne devait pas se lancer ainsi dans la gueule du loup. « Attends, Nixy. ». Son ton se fit plus convaincant, plus autoritaire. Tout le respect qu'elle pouvait instaurer fit acte de présence en une fraction de seconde. « Nous devons nous préparer au pire. Se jeter dans la bataille ne ferait qu'affaiblir nos forces. ». Qu'elle devinait déjà comme faibles. « De plus, nous ne pouvons nous reposer sur personne. Les traîtres se feront plus nombreux que nous ne le pensons, et donner sa confiance à un ennemi serait notre dernière erreur. ». Elle se faisait volontairement plus grave que ne l'exigeait la situation, puis se détendit.

Mircella lui offrit un sourire réconfortant. « Nous devrions établir un campement. De fortune, certes, qui ne nous permettra pas de nous défendre en cas de siège, mais dans lequel nous pourrons nous replier. ». A ces mots, elle se mit en route vers un endroit complètement vide de l'île qu'elle avait repéré plus tôt. Pendant le chemin, elle ne dit pas un mot, se contentant de surveiller les alentours. Personne ne devait les voir. Posant le monocle qui augmentait sa vue, elle fut capable d'affirmer que personne ne les avait suivi. Une fois qu'elles furent arrivées, la reine se concentra et fit sortir de la terre des barrières qu'elle plaça autour d'elles, formant un cocon. Une protection ressemblant en apparence à ce qu'elle avait utilisé pour sauver Nixy des griffes de l'hydre lors de leur première rencontre, mais bien plus faible. Replaçant sa chevelure en arrière, elle serra les poings. Elle serait prête à l'utiliser. Tant bien que mal. Si combat il devait y avoir, alors il y aurait.

La reine des Elfes était connue pour sa docilité et sa volonté de garder tout le monde sain et sauf, mais assez peu pour ses capacités magiques qui défiaient la normalité. C'était un avantage qu'elle garderait bien enfoui au plus profond de son âme, et dont elle userait à petite échelle. Se penchant vers la Sirène, elle laissa s'échapper un soupir de soulagement. « Désolée de te demander ça, mais est-ce que tu pourrais mettre ensemble des vivres ? Je pense que si nous partageons nos effectifs, nous arriverons à tenir le coup de manière plus efficace. ». Rien de concret, et pourtant. Surveillant les agissements de l'Ondine du coin de l'oeil, l'elfe sortit de leur cachette, se mettant à chercher un peu plus loin. S'enfermer dans leur protection de bois ne ferait qu'attirer l'attention sur elle. Pour l'heure, il valait mieux faire profil bas.

782mots

Je me laissais guider par mon amie, ne désirant pas me retrouver seule au milieu de tous ces inconnus. De plus, j’avais promis à l’Elfe de ne pas m’éloigner d’elle. Mais cela ne m’empêcher pas d’observer les paysages tout autour de moi. Il s’agissait d’une simple île comme j’en avais vu des centaines, bien que sur celle-ci, d’importants combats allez avoir lieu. Pour être honnête, je ne savais pas à quoi m’attendre. Je m’étais mis en tête de vivre de nouvelles aventures, mais je ne comprenais pas exactement à quoi je m’exposais. Mais pour le moment tout ce que je pouvais faire c’était attendre que quelque chose se passe pour voir la suite des événements. En attendant, je continuais de suivre la blonde, jusqu’à ce que celle-ci s’arrête et me demande quelque temps plus tard d’aller chercher des victuailles. « Ne vous inquiétez pas, je m’en charge. » Après tout nous étions sur une île, et il n’y avait pas meilleur endroit pour trouver de la nourriture. Mais avant de partir, je me rendis compte qu’il me fallait quelque chose pour transporter les vivres d’un bout à l’autre. Heureusement, j’avais gardé mon paquetage. Je le prenais délicatement dans mes bras afin qu’il puisse me servir de sac.

Comme je l’avais prévu, l’endroit ne manquer pas de nourriture à disposition. Des baies de toutes les couleurs s’offraient à moi, formant un véritable arc-en-ciel sur le sol. Il était possible que certaines ne soient pas comestibles, mais je n’avais aucune idée de leur variété. Je décidais d’en prendre le plus possible et de faire le trie plus tard. Mon sac de transport de fortune ne tarda pas à être rapidement rempli. Mais malgré cela, j’avais oublié quelque chose de très important, l’eau. Sur le coup, j’eus envie de partir à la recherche d’un étang ou d’une cascade, mais je chassais vite cette idée de ma tête. Je ne devais pas m’éloignais trop de notre camp et éviter de m’aventurer seule dans les profondeurs de l’île, ou du moins pour le moment. Il fallait donc trouver une autre manière d’étancher notre soif. Mais alors que je cherchais une solution, je manquais de tomber au sol, renversée par une noix de coco. Une idée me vint alors. Nous pouvions très bien utiliser le lait de ces noix pour boire, à défaut de trouver de l’eau. Ce n’était peut être pas la meilleur solution, mais pour l’instant c’était la plus sur. Ne pouvant pas atteindre les fruits en hauteur, je décidais de me rabattre sur ceux à terre. Mon paquetage fut alors plus que rempli. Il était même si lourd que je dû le trainer sur le sol.

Mais c’est alors que je remarquais quelque chose d’étrange. Mes victuailles semblaient être en train de remuer, comme si quelque chose était entré dans mon sac. Et c’était bien le cas, car en enlevant les noix de coco, je découvris quelque chose d’étrange. Un drôle de petit animal, semblable à un écureuil roux était en train de se faire un repas de chef avec mes baies. « Ne reste pas là petit. Va trouver ton petit déjeuner ailleurs. » Je le pris délicatement dans les mains, puis je le posais sur le sol avant de le regarder prendre ses jambes à son cou. Je laissais un soupir sortir de ma bouche lorsque je vis qu’il ne me rester plus que quelques poignets de baies. Je fis donc demi-tour pour allez en chercher d’autre.

Puis, au bout de ce que me semblais être deux heures, je finis par avoir assez de nourriture pour tenir quatre jours. Bien sur, mon paquetage était encore une fois trop lourd, et je dû le trainer derrière moi pour avancer. Mon dos me fit également mal plusieurs fois. Je ne pensais pas devenir vieille aussi tôt. Mais après quelques temps à marcher, je finis par arriver à l’endroit que Mircella avait choisis pour être nôtre. Je me laisser tomber au sol, ma colonne vertébrale en compote, puis je commençais à essayer d’ouvrir une des noix pour pouvoir en récolter le lait afin d’étancher ma soif.

Je reste assise pendant quelques temps, reprenant lentement mon souffle, analysant le plus calmement possible la situation. Nous sommes sur une île dont je ne sais absolument rien. Que ce soit la faune, la flore ou les différents éléments présents tout m'est inconnu. Même le soit disant trésor que nous devons chercher. Mes doigts courent dans le sable pendant que je réfléchis calmement. La première chose à faire et de mettre en place un ordre de priorité pour mes actions à venir cependant, je n'ai pas la moindre idée de ce que je vais devoir faire ici et du temps que nous allons être amené à passer en ce lieu et tout cela est loin de m'aider à m'organiser. Baissant légèrement la tête je souffle doucement, dégageant quelques grains de sable avec mon geste. Seule je ne peux rien faire. Ou rien de suffisamment important pour avoir un réel impact sur la suite des événements. Avant toute chose il va falloir que je retrouve en totalité ou partiellement mon équipe. Équipe dont je ne connais absolument rien. Que ce soit l'emblème qui les représente ou les potentiels participants les informations sont faibles. Avec les yeux à demis-clos je me remémore les personnes présentent sur le quai au moment de l'embarcation. Parmi elles certains visages m'étaient connus et je ne pense pas prendre réellement de risque en affirmant savoir pour quelle équipe ces personnes ont pris partis. Tout comme il était évident que Romulus aller rejoindre l'équipe de Lakus, Mircella à probablement rejoint celle de Weidan tout comme sa jeune amie ondine. Avec un hochement de tête je me relève calmement. Je connais au moins deux personnes de mon équipe, il ne me reste qu'à découvrir les autres désormais et dans le meilleur des cas réussir à retrouver les deux femmes.

Commençant lentement à marcher je regarde distraitement la forêt, cherchant à accumuler le plus d'informations possible sur ce lieu. Visiblement la flore ne semble pas réellement différente de celle présente sur le continent du matin calme et les quelques animaux présents à l'orée de la forêt sont eux aussi assez courant. Il ne reste qu'à savoir si cela sera la même chose plus loin dans les terres. Ajustant mon paquetage je continu ma marche pendant plusieurs minutes laissant le soleil continuer sa course dans le ciel. Ce n'est qu'une fois sa descente amorcée que je prends quelques temps pour moi afin de m'arrêter et reprendre mon souffle. Pour l'instant à part deviner l'évidence à savoir qu'une partie de la faune et de la flore nous est connue et me fatiguer je n'ai pas réellement fait grand-chose de plus. De plus maintenant que la journée et avancée je doute même de ma capacité à passer la nuit en sécurité.

Un bruit de pas dans mon dos se fait soudainement entendre alors qu'une sensation familière se fait ressentir. Levant ma main à hauteur de mon visage je fais bouger mes doigts alors que toute trace de magie quitte progressivement mon corps. Cela fait déjà quelques temps que j'ai changé d'essence et bien que je n'ai pas oublié mon passé d'humaine le sentiment propre à l'absence de magie lui m'est devenue étranger. Lorsque la voix de la personnes à l'origine de tout cela raisonne derrière moi je ferme les yeux en levant le visage vers le ciel. « Mancinia... » Si je n'avais pas envie de voir Romulus il est une autre personnes que j'aurais préféré ne jamais revoir. « Tu m'excuseras mais je ne suis pas d'humeur à plaisanter aujourd'hui. »

Me retournant je la regarde dans les yeux, un air résigné sur le visage. « En dehors du fait que nous sommes dans une chasse au trésor dont nous ne connaissons absolument rien j'ai eu récemment une conversation qui ma passablement énervée et qui a rajouté un enjeu dont je me serais bien passé dans cette course. » Elle a changée. Depuis la dernière fois il est indéniable qu'elle a changée. Si elle est belle est bien dans mon équipe alors nous aurons un avantage de point contre l'équipe du seigneur Lakus. « Je vais aller droit au but mais je n'ai pas spécialement plus de temps à perdre ici. Fait-tu partie de l'équipe de dame Weidan ? Si c'est le cas alors je serais heureuse de recevoir ton aide dans cette course et j'espère que cela sera un sentiment partagé. » Lui préciser que si elle ne fait pas partis de mon équipe la meilleure solution consiste en son départ n'est pas à préciser, elle sait très bien ce que ma phrase veut dire. Avec un haussement de sourcil je remarque un mouvement derrière elle, visiblement une jeune femme mal en point à cause de sa présence. « On dirait que tu à tendance à provoquer des réactions plus ou moins gênante chez les gens que tu approche. Cela doit-être gênant dans la vie de tous les jours n'est-ce pas ? »

HRP:

Nombre mots:

C'était amusant ces coïncidences, elles qui se retrouvaient à nouveau près d'une étendue d'eau. Entre celle au Manoir Eternam, de la pluie des retrouvailles et, maintenant, de l'océan salé. L'eau lui avait déclaré la guerre ou bien... ? Mancinia retint un soupire d'ennui tant toute cette histoire l'agaçait de plus en plus. Et Lumi qui lui disait ne pas être d'humeur à être divertie ! Comme cette fois où elle lui avait fait boire une saloperie de poison qui l'avait fait disjonctée ? Elle avait eu beau juré par les Aetheri que ce n'était pas elle, l'Humaine refusait de la croire. Qui voudrait croire pareil chose ? Un frisson lui parcourut l'échine de dégoût à ses souvenirs qu'elle chassa bien vite de son esprit. En reportant son attention vers l'Elfe, elle serait presque convaincue de ses dires tant sa mine était affligé. Lumi avait visiblement fait quelque chose en plus en rapport avec ce Duel et dont elle avait du mal à se défaire. Ça lui apprendras, tiens ! Pourtant, Mancinia ne souriait plus. Ce n'était pas son genre de se moquer du malheur des autres, mais qu'elle puisse avoir une bonne leçon et point barre ! Et que devait-elle lui répondre ? Si elle était bien dans l'équipe de Dame Weidan, elle n'avait nullement envie de faire confiance à cette Sorcière. Elle pouvait tout autant mentir et disparaître pour ne pas avoir à la côtoyer. Ce serait une excellente alternative pour la faire disparaître de son champ de vision, mais il y avait un problème.

Comme l'avait si bien souligné son interlocutrice ; ils ne savent rien de cette épreuve. Mancinia devait reconnaître qu'avoir embarqué sur des navires en toute insouciance de leur destination avait été idiot. Ils en payaient le prix. Surtout qu'il n'y avait pas plus d'explication et que l'épreuve pouvait très bien être terminée. Que c'était seulement le loisir de voir des idiots foncer dans un petit piège fait de miel et de promesses ô combien trompeuses. Surtout que les deux organisateurs avaient certainement mentit tout du long ! En voulant répondre, l'Humaine sentit un violent coup dans son dos et les serres de Kamiya dans son épaule droite qui s'enfoncèrent dans ses chairs plutôt que de la lâcher à nouveau, de crainte qu'elle ne disparaisse à nouveau. Elle eut une grimace de douleur avant de se retourner vers l'imprudent qui l'avait bousculée. Elle n'était pas d'humeur et s'apprêtait à le rabrouer, mais elle fronça les sourcils en étant persuadée de reconnaître ce visage. Et cette chevelure de flamme avec ce petit éclat dans les yeux. Mais...C'était Dana. Ça alors ! Mancinia n'avait pas eu la chance de la revoir après leur entrevue à Somnium qui s'était clôturée de manière si sanglante, après le suicide de cet homme au milieu de la réception. Muette de stupéfaction en la dévisageant, Lumi ne manqua pas de renverser la situation en mentionnant la dureté de vivre avec l'antimagie.

— Gênant ? répétât-elle, avant de rire. Je n'ai pas honte d'être née Humaine. Si mon antimagie dérange ceux qui m'entoure, ils n'ont qu'à renforcer cette magie dont ils se vantent tant !

Ce n'était que la vérité. Ils étaient toujours à narguer les Humains, à les traîner plus bas que terre parce qu'ils savaient manipuler cet art ancestrale et que les êtres comme elles étaient privés de ce droit, en plus de leur droit d'exister. Si certaines races avaient une certaine neutralité envers eux et si les relations s'étaient améliorées ces dernières années, un massacre comme celui de Ludwig n'était pas possible à oublier. Ils étaient si peu nombreux...Secouant la tête dans l'espoir de chassé ses pensées, son sourire s'éteignit après sa tirade et se concentra sur des choses plus immédiates. Mancinia se retourna vers la demoiselle aux cheveux de flammes dont un éclat ténébreux venait obscurcir le regard.

— Cela faisait longtemps. J'espère que tu vas bien depuis Somnium...

Mancinia se souvenait bien de Dana. Elle était une Alfar avec un raisonnement qui mettait à mal ses convictions concernant cette race qui avait fait tant de dommages sur le Continent Naturel, en s'attaquant aux Béluas ou à tous ceux qui se trouvaient face à leurs maudites Statues.

— En ce qui me concerne, c'est l'instant des retrouvailles.

L'Humaine ne savait pas pourquoi, mais elle savait que cette aventure allait lui sembler très désagréable...

— Pourquoi me fais-tu cette tête, Dana ? Tu en as assez de faire la comédienne et de tolérer une Humaine près de toi ? Ah ! Les Alfars sont vraiment doués pour la comédie...

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