Ma propre remarque à propos de son anti-magie et de l'impact que cela a dans sa vie de tout les jours me désespère. Qu'a t-il bien pu se passer pour que j'oublie en si peu de temps ce que cela fait d'être humain ? Mon jugement serait-il faussé uniquement parce que je maîtrise la magie depuis quelques temps maintenant ? Peut-être. Ce résultat bien que désolant ne serait pas réellement étonnant au final. Si j'ai déjà commencé à oublié le sentiment lié à l'absence totale de magie dans son corps, je ne peux pas oublier le sentiment de puissance qui se dégage quand on la ressent pour la première fois, qu'on s'éveille aux pouvoirs et qu'on devient réellement capable de modeler son monde selon ses propres envies. « Oui, tu dois avoir raison dans un sens… Si nous voulons, ou tout du moins s'ils veulent ne pas être dérangé c'est à eux de faire en sorte de parvenir à être tranquille. » Dans mon cas, je vais me contenter d'être ici et de me remémorer tout ce que l'absence de magie implique. Cette phrase m'est uniquement destinée cependant, contre mon gré un air de nostalgie se peint sur mes traits.

Alors que Mancinia se retourne afin de parler à l'inconnue présente derrière nous je fais quelques pas en arrière. Bien que nostalgique en raison de sa nature il y a une chose que je dois définir rapidement. La distance nécessaire afin que son anti-magie ne fasse plus effet. Il est très probable que le trésor soit caché dans un endroit comportant des pièges et si nous souhaitons nous simplifier la tâche alors je dois répondre à cette question rapidement. D'autant plus qu'elle semble être en pleine discussion avec la jeune femme nous ayant rejoins et après les derniers événements vécu ensemble je ne désire pas réellement m'interposer dans ses relations ou la mettre mal à l'aise d'une manière ou d'une autre. Il suffit de voir sa réaction face à mon approche pour comprendre que ses blessures n'ont pas encore cicatrisées et qu'il va falloir un long moment avant que ce ne soit le cas.

Une fois la réponse à ma question trouvée je reviens me placer à côté d'elle, écoutant ce qu'elle dit sans réellement entendre ses paroles. Quelque chose me dérange mais je ne parviens pas à savoir quoi, comme si un mauvais présage planais au dessus de nous et que nous ne pouvions rien faire pour l'éviter. Comme si j'avais besoin d'une nouvelle source de problèmes de quelque nature que ce soit.

Comme pour donner du poids à mes paroles un homme choisit ce moment pour apparaître non loin de nous avant de se diriger dans notre direction d'un pas assuré. Prenant la parole il nous salut rapidement avant de tendre la main vers nous, nous jetant une petite sphère au visage. Dans un premier temps rien ne semble se passer à par la présence d'un épais nuage noir autour de nous et la disparition de l'homme néanmoins, une fraction de seconde après le nuage se mets en mouvement et je découvre avec horreur que ce n'est pas de la fumée qui nous entoure mais une multitude de petites araignées noir, nous marchant dessus et se répandant aux alentours.

Je reste abasourdie devant cette action inattendue, la bouche à demie-ouverte et cherchant la manière dont je suis censée réagir. Trop, il y a trop de ces choses autour de moi, rampante sur le sol, sur ma peau et passant sous mes vêtements. Je dois réagir, je dois faire quelque chose pour les faire partir cependant, mon corps est incapable de bouger et mon esprit de trouver une solution satisfaisante. Finalement c'est le contact des pattes d'une d'entre elle avec mon dos qui me fait revenir à moi, sans un regard vers Mancinia qui doit-être dans le même état que moi ou l'inconnue qui elle semble avoir été préservée, je me dirige vers la mer, laissant tomber mon paquetage sur le sol et enlevant une partie de mes habits. Une fois dans l'eau l'effet est presque immédiat et en une poignée de secondes je suis débarrassée de ces nuisibles néanmoins, tout cela en est trop pour moi et cette attaque est la goutte d'eau faisant déborder le vase.

Rampant sur la plage, je ne fais rien pour retenir les larmes qui me montent aux yeux. Assise à moitié nue dans le sable je me laisse aller aux sanglots, cherchant inconsciemment du confort chez les personnes proches de moi. « Trop… S'en est trop, je ne veux pas aller plus loin… De toute façon tout cela ne sert à rien après tout, il aura le droit de la voir et les choses seront réglées. J'aurais juste une nouvelle fois échouée à mettre en place quelque chose qui me tient à cœur. Je commence à être habituée après tout. »

Rp Spécial – Le duel
« M. et Mme Smith »

« Aïe! Outch! Sales bestioles! Lâchez-moi! Fichez-moi la paix! Aïe! »

Je venais à peine d’entamer ma progression dans la forêt que je me faisais salement malmené par la faune locale. Semblables à des furets en version miniature, ces créatures montaient sur mes jambes, plantant leurs crocs dans ma chair. Je leur envoyais des coups de pied pour m’en débarrasser, pestant et jurant contre leurs assauts acharnés et bien vite, je finis par prendre mes jambes à mon cou, filant le plus rapidement possible à travers ces étranges bois inconnus. Au début, j’avais vu la forêt comme un endroit plutôt sympathique pour une fouille au trésor, mais après m’être perdu et m’être fait gentiment accueillir par ces petites bestioles qui…  

« Aïe! Non mais ça suffit à la fin! Dégagez! »

Raaah! J’allais devenir fou! Qu’est-ce qu’elles me voulaient de toute façon, ces bestioles à poil? Ma nourriture? Mon sang? Dans tous les cas, je n’avais absolument rien à leur offrir! Je devais songer à ma survie en premier et il était hors de question que je continue de me faire agresser par ces petites bêtes susceptibles. Je n’étais pas un grand amoureux des animaux – vous ne me verrez jamais en cajoler un par simple plaisir de lui faire des petits gratouilles sous le menton – mais alors, lorsque l’on parlait des animaux qui m’attaquaient sans raison évidente, alors là, je préférais vous dire que ça m’enrageait grave! Les repoussant de plus en plus violemment, mes coups de pieds et mes coups du revers de la main se faisaient avec plus d’énergie, se balançaient avec plus de force aussi. J’en avais marre! Marre de chez marre! J’allais trouver ce maudit trésor, gagner le pactole et à la fin, j’allais retourner au Berceau cristallin dans mon village complètement ravagé avec une somme conséquente qui nous aiderait assurément à rebâtir avec plus d’efficacité et avec plus de moyens notre beau petit village champêtre.

« Outch! LÀ, Y’EN A PLUS QUE MARRE! »

Un furet miniature passa à quelques centimètres de mon pied et, sauvagement, je lui plantais le poignard que j’avais trouvé dans mon paquetage en plein dans la tête. La bête s’effondra instantanément puis, je retirais l’arme ensanglanté, souriant, satisfait. C’était fini de jouer le gentil. J’avais une mission à terminer, un duel à gagner, et il fallait plus que ces petites bestioles pour m’arrêter. Me débarrassant des nuisances sur patte, je plantais mon poignard dans le corps de ceux qui revenaient à la charge, leur gueule méchamment ouverte dans ma direction. En y réfléchissant bien, peut-être que je me trouvais sur leur territoire aussi… Mais tant pis! De la même manière qu’eux devait survivre, je devais protéger ma propre vie de leurs attaques. Cependant, voyant que je les tuais à la chaîne, les petites bêtes s’enfuirent à travers la végétation des bois et je souris, levant mon poignard dans les airs en poussant un cri.

« Ça vous apprendra! »

Aussitôt, je repris ma route, allongeant un pas plus long et plus rapide aussi. Je gagne, j’empoche, et je retourne au village. Point barre. C’était si facile dit comme ça, mais il me fallait encore trouver le lieu où se trouvait le fameux trésor tant désiré par Seigneur Lakus et Dame Weidan. Écrasant les fougères su mon passage, je ne prêtais que peu d’attention à mon entourage, songeant sans cesse au trésor que je devais trouver. Quand tout à coup, j’entendis un projectile filer dans le vent et vivement, je me retournais pour voir de quoi il s’agissait. Un adversaire? Un autre piège de cette forêt? J’aperçus un globe exploser au sol et immédiatement, je me protégeais le visage du verre éclaté. Quand je redescendis ma main, une vague énorme d’eau et d’écume filait dans ma direction, balayant tout ce qui se trouvait sur son chemin. Mes yeux s’agrandirent, sidérés par ce qu’ils voyaient venir à une vitesse hallucinante dans ma direction.

« Oh non… »

SPLASH!

« AAAAAAAHH!! » Criais-je à plein poumons, me faisant, une fois de plus, emporté par la rage des vagues et des flots.

Comme une pierre, je me perdis dans le courant de la vague gigantesque qui venait d’apparaître. Je ne comprenais pas comment ni pourquoi cette vague avait déferlé sur moi ainsi – était-ce l’œuvre de cet étrange globe que j’avais vu explosé devant moi? Quoi qu’il en soit, la peur revenait au triple galop dans ma tête. Encore de l’eau! Encore et toujours de l’eau! Non! NON! Pourquoi ça ne voulait pas s’arrêter, par tous les Dieux! Je tentais de toutes mes forces de me sortir de l’étau glacé des flots, mais je ne parvenais pas à me localiser moi-même dans cette vague déferlante. Où se trouvait le haut? Où se trouvait le bas? Avais-je la tête à l’envers ou il me fallait simplement monter vers le haut pour sortir de l’eau? J’EN SAIS RIEN! Je me faisais crapahuter de tous les bords et par tous les côtés! COMMENT JE POUVAIS RÉFLÉCHIR! L’eau ne tarda pas à passer la barrière de mes lèvres et, une fois encore, je me sentais étouffé. Je me prenais la gorge à deux mains, battant des pieds pour me sortir de là. Je me fichais de la direction que je prenais, tant que je sortais de ce foutu piège! Cependant, ce ne fut pas bien long avant que je perce la surface des eaux, ma tête se relevant dans vers le ciel pour prendre une bonne bouffée d’air. Je me laissais lentement immerger de la vague avant d’atterrir sur le sol des vaches, complètement mouillé – une fois de plus – avec de l’eau qui gargouillait dans ma gorge. Je jetais un regard en direction de cette… chose qui m’avait attaqué, avant de me rendre compte que la vague qui s’était jetée sur moi avait formé une espèce de bulle autour de moi après m’avoir submergé. À l’intérieur de cette bulle, il y avait des courants fous, incontrôlables, qui faisaient même hérisser la surface de la bulle d’eau. Elle resta suspendue encore quelques secondes dans les airs avant de s’effondrer au sol, éclaboussant les environs sur presque dix mètres de rayon. Je crachais l’écume, crachais l’eau, avant de me relever, tremblant sur mes deux jambes. J’avais encore sur moi tout mon équipement, mais l’eau glacée de cette bulle me donna la chair de poule, tant que je me mis à trembler de froid.

« C-C’est p-pas s-s-sympa d-d-du t-tout… Atchoum! Sniff… Par Antarès! » Jurais-je en regardant les alentours.

Mais où se trouvait ce maudit passage?


❧ 1 101 mots

Les joues empourprées par la honte de l’échec, la Magicienne maudissait ses propres faiblesses, les convictions de l’esprit vaincues par l’épuisement du corps. D’un geste tremblant, elle démêlait ses longs cheveux blonds et humides, les yeux rivés au sol sur lequel elle était à genoux, sans se soucier des pierres et de l’or qui ne l’intéressaient pas. Elle osait à peine jeter quelques coups d’œil furtifs aux autres silhouettes de la pièce aux mille et une richesses. Pourtant, une voix douce et enivrante l’incita à relever la tête, à faire preuve d’une once de courage. Doucement, elle s’agita, glissant ses mires claires sur l’étrangère, pour ne plus décrocher son regard de cette femme qui parlait. Sans qu’elle s’en rende compte, ses bras étaient retombés mollement sur ses jambes et elle contemplait cette inconnue d’une mine troublée, confuse. Perdait-elle la raison ? Il lui semblait que ce visage avait des traits familiers, rassurants. Autour de son cou, le médaillon, preuve de son allégeance à l’Aether de la Justice, paraissait lourd. Etait-ce possible ? Se pouvait-il que ce soit elle ? Les questions se bousculaient avec frénésie, sans qu’elle puisse déceler un brin de vérité et chaque supputation entraînait davantage d’interrogations. Tomoe n’avait aucune idée de l’identité de son interlocutrice. Toutefois, elle choisit de croire en ce joli rêve qu’elle se tissait, celui qui murmurait les mots « destinée » et « bonne fortune », comme s’il avait été écrit qu’elle croiserait le chemin de la Déesse, comme si sa participation au duel n’avait eu que ce but-là. L’idée avait quelque chose d’apaisant et lui permettait, malgré les apparences, de ne pas sombrer dans la folie. Elle avait besoin de ses espoirs pour ne pas flancher, pour ne pas prendre de mauvaises décisions pour elle et l’enfant qu’elle portait dont elle assumait mal la paternité. D’un mouvement lent et maladroit, elle se releva. Le contraste avec la détermination de sa bouille enfantine était saisissant et adorable. Toujours aussi gauche, elle fit quelques pas. Contrairement à beaucoup, elle ne clama pas son choix, faute à sa nature discrète. Elle se contenta de prendre une petite poignée d’orbes magiques. C’était Drejtësi. Du moins, elle cherchait à s’en convaincre. Ainsi, elle ne pouvait que boire ses mots et accomplir ses volontés. Le cœur battant comme les ailes d’un colibri, elle sentit les effets de la téléportation, retrouvant la maudite plage sur laquelle ils avaient tous échoués.

Tomoe manquait d’audace, d’ardeur et d’impétuosité ; une tare dont elle avait conscience sans parvenir à la corriger, loin de pouvoir s’épanouir auprès de sa belle-famille sorcière. Effrayée comme une biche qui se serait trop éloignée des bois, elle était crispée et recroquevillée sur elle-même, face aux candidats sur qui s’abattaient une pluie d’orbes magiques. Nerveuse, elle serra les siennes entre ses doigts. Sans réfléchir, puisqu’elle se serait certainement ravisée, elle jeta les sortilèges sur la première personne qui fut à sa portée. Elle écarquilla les yeux, surprise par leurs effets. Une pluie de grêle se mit à poursuivre la personne touchée. Les lèvres frémissantes, elle voulut dire quelque chose. Elle n’en eut pas le temps et fut téléportée à nouveau. De toute manière, elle n’aurait pas su quoi bafouiller. La chute brutale, la tête rejetée en arrière pour dégager ses yeux de ses cheveux, elle constata qu’elle était retournée dans une autre pièce. « Un parchemin. » marmonna-t-elle. Elle ne comprenait pas vraiment les enjeux de la journée. Son petit monde continuait à aller de travers. Cependant, elle continuait à se figurer qu’elle avait rencontré la Déesse en qui elle croyait, un espoir qui illuminait des heures sombres. Elle devait continuer mais la perspective de tomber dans un piège l’inquiétait au plus grand point. Les mains sur le ventre, elle fronça les sourcils, tout en faisant de son mieux pour calmer sa respiration. Elle ne souhaitait pas risquer la vie de son enfant. Rebrousser chemin n’était pas plus envisageable. D’un pas prudent et méfiant, elle rasa les murs, le teint blême.

670 mots

Histoire de ne pas perdre son temps, et de mettre à profit son nouvel équipement, Jil décida de s’occuper pendant que Thor se reposait. Avec toute la concentration que cela requérait, elle commença donc à creuser un trou dans le sable, à l’aide de sa nouvelle « arme ». Quand il fut assez profond pour qu’elle n’en dépasse plus une fois accroupie dedans, elle s’extirpa tant bien que mal, et toujours aussi appliquée, traça dans le sable une rigole qui menait jusqu’à la mer. Puis ; comme une enfant, elle observa – extasiée – le flot ramper lentement jusqu’au trou et s’y déverser lentement. La rousse poussa un cri de victoire, et couru autour du trou en agitant les bras, dans une danse extravagante et insensée. C’était comme ça avec Jil ; extravagant, et insensé. Il faut croire que l’île elle-même finit par être à bout, car l’Élémentale disparut sans un bruit, dématérialisée. La plage retrouva alors son calme, bercé par le chuintement régulier des vagues, et les imperceptibles grognements du chien toujours endormi.

La rousse réapparut quelques centaines de mètres plus loin, perchée sur immense tas d’or et de richesses en tout genre. La téléportation conservant l’inertie, elle ne mit pas longtemps à s’étaler de tout son long, et à rouler au bas de la pile de pièces en glapissant. Une fois en bas, elle demeura un instant allongée, le temps que son tournis ne passe. C’est quand une voix s’éleva qu’elle se redressa brutalement, glissant deux fois sur les pièces avant de ne parvenir à trouver l’équilibre pour rester debout. Devant elle se trouvait une femme de petite taille, à la crinière blonde et au teint remarquablement clair. Jil la considéra une seconde ; elle lui disait quelque chose. Nonobstant la première partie du discours de la jeune femme, elle chercha en plissant les yeux où elle l’avait vue. Puis ça lui revint : une bataille, et un petit groupe de mercenaires ; celle-ci en faisait partie. L’institutrice manqua d’aller la saluer en lui faisant la bise, mais jugea au dernier moment que le moment était peut-être mal choisi. Tout le monde avait l’air très concentré, elle ne voulait pas être celle qui briserait cette tension. Le fait d’avoir ce genre de réflexion la surprit elle-même. C’était bien la première fois qu’elle alignait deux réflexions cohérentes de suite avant d’agir. Un peu fière d’elle et toujours sous le coup d’un léger mal de tête, elle se congratula mentalement, avant d’enfin accorder un peu d’attention à ce qui était dit devant elle. Elle eut donc le temps de capter : « À vous de voir si vous êtes joueurs ou non. ». Sans avoir réellement conscience d’avoir raté la partie importante du message, elle opina vigoureusement du chef, en s’avançant. « Ouais ! Moi je suis joueuse ! J’aime jouer ! ». Elle trotta jusqu’aux sphères, qui semblaient tout de même avoir l’attention de tout le monde, et en saisit une. Quand elle releva les yeux, elle était dans la jungle.

Dès lors, il s’écoula quelques dizaines de secondes pendant lesquelles elle se tint là, immobile. De toute évidence, il s’était passé quelque chose qui lui avait échappé. Elle se trouva à considérer l’orbe, sans bien sûr avoir la moindre idée de ce à quoi il pouvait bien servir. Quelque part en contrebas, on entendait des bruits de feuillage, mais elle n’y prêta pas attention. En y réfléchissant, elle devrait avoir l’habitude de ce mode de déplacement instantané. Mais rien à faire ; chaque fois que ça lui arrivait, c’était l’insu de son plein gré, et elle ne savait jamais à l’avance où elle allait atterrir. C’est à cet instant que la jeune femme se rendit compte qu’au fil de ces péripéties, elle en avait oublié Thor. Le pauvre chien était seul et à la merci de n’importe quel monstre, là-bas sur la plage ! Elle sentit une crise panique monter, et elle essaya de faire les cents pas pour se calmer ; peine perdue. Quelques éclairs s’accumulèrent au bout de ses doigts, autour de la main qui tenait toujours l’orbe. Ses cheveux déjà ébouriffés s’hérissèrent d’avantage sous l’air chargé en électricité statique. Et si une pieuvre venait le saisir sur le sable ? Et si un tigre profitait de son sommeil pour l’attaquer ? Et si la pluie tombait et qu’il était mouillé ? Si le vent se levait et qu’il mourrait de froid ? Si, si… Elle ne pourrait jamais se le pardonner s’il lui arrivait quelque chose. De rage, elle lança l’orbe dans la forêt, droit sur les bruits qu’elle avait entendu plus tôt, maudissant cet environnement dangereux et le risque qu’il faisait courir à son partenaire. Quelques secondes plus tard, une explosion retentissait, si forte qu’elle en arrêta de marcher, pour observer ce phénomène, qui, bien qu’elle ne s’en rendit jamais compte, était de son fait. L’orbe avait implosé, et un cercle lumineux s’étendait petit à petit du point d’impact. Tout ce qui se trouvait à l’intérieur du cercle fut soudainement agité comme si une tempête était à l’œuvre. En dehors, c’était le calme plat, et le soleil était de mise. Derrière la limite tracée par une ligne de lumière, la foudre s’abattit, une fois, deux fois, et l’orage se déchaina. Jil demeura pétrifiée, jusqu’à ce que le cercle ne la dépasse. Alors un arc lumineux fendit le ciel et vint frapper le sommet de son crâne déjà agité d’étincelles orangées. Dans un éclair, elle se volatilisa. Un peu plus loin, sur la plage, là où elle avait laissé Thor, on entendit d’abord un grondement sourd, puis une autre explosion lumineuse, et elle réapparut, stoïque, le visage crispé dans une grimace surprise. Elle demeura là, debout, pendant de longue secondes, puis cligna des yeux, et s’évanouit.

Quand Mircella me prit dans ses bras, je me sentis immédiatement apaisée, détendue. Au fur et à mesure du temps, la douleur qui imprégner mon dos disparut. Elle laissa place à une douce chaleur, belle et réconfortante. Je ne me souvenais pas de m’être sentie aussi bien un jour. Levant les yeux vers mon amie, je lui lançais un regard plein de tendresse. « Merci beaucoup. Vous ne pouvez pas savoir à quel point cela me soulage. » Cette étreinte était-elle que le sommeil me prit. Me laissant aller dans les bras de Mircella, je posais ma tête sur son épaule, m’accordant une petite sieste.

Mais malheureusement cela ne dura pas. Quelques minutes seulement après avoir fermé les yeux, la protection qu’avais mit en place la reine des Elfes partit en fumée sous l’effet de projectile. Apparemment elle n’était pas aussi solide que celle qu’elle avait fait apparaitre lors de notre rencontre avec l’hydre. Puis, à peine le temps de comprendre ce qui ce passer, mon amie me souleva une nouvelle fois dans les airs. Ne préférant pas risquer le pire, je me laissais faire. Bien que dans l’absolu je ne pouvais pas y changer grand-chose. Malheureusement, les attaques lancées par des forces invisibles se rapprocher de plus en plus de nous. « Il faut faire quelque chose. » Je ne sus jamais si elle m’avait écoutée, mais quoi qu’il en soit, la reine elfique plongea vers le sol. Mais visiblement la chance n’était pas de notre côté aujourd’hui. Sentant que mon amie perdait l’équilibre, je fermais les yeux de peur. Je ne désirais pas voir la suite des événements.

Le choc avait dû être très violent car je ne sus pas combien de temps s’était écoulé depuis notre chute. J’essayais de reprendre mes esprits, mais ma tête me faisait mal. J’avais dû atterrir dessus. « Mircella, vous allez bien ? » Autour de nous se dresser un long couloir fait de terre. Un souterrain à première vue. Levant les yeux vers le sommet, je ne distinguais aucun moyen de sortir. Le seul chemin semblait être devant nous. « Il serait plus sage de ne pas rester ici. »

Alors que j’allais me mettre en marche, une personne que je connaissais de vue apparut devant nous. Il s’agissait d’Evey, une amie de la reine des Elfes que j’avais rencontré il y a peu de temps. La surprise et la joie apparurent sur mon visage. La grande blonde devait forcement connaitre un moyen de sortir d’ici. Mais ce qu’elle fit me surpris. La boule qu’elle lança créa un gigantesque bain de sables mouvants devant nous. Je ne comprenais pas, n’était-elle pas censé être amie avec Mircella ? Pourquoi lui faisait-elle un tel coup. La jeune femme s’excusa, mais je lui lancer un regard plein de haine, lui promettant silencieusement de lui faire regretter son geste, d’une manière ou d’une autre. Puis, elle disparut aussi soudainement qu’elle était apparut.

« Je ne vois pas quoi faire d’autre à part essayer de passer. » Mes paroles pouvaient tomber sous le sens, mais je ne trouvais rien d’autre à dire. Je n’étais peut être pas capable de voler comme mon amie, mais je ne pouvais pas rester sans rien faire. Respirant profondément, je pris de l’élan pour sauter au-dessus des sables. Malheureusement je n’étais pas assez agile et l’une de mes jambes se prit dedans. Pestant, j’essayais de la retirer, mais je ne parvins qu’à enfoncer celle qui était à l’extérieur. Mes deux membres prient au piège, je poussais sur mes hanches pour me débloquer, mais il n’y avait rien à faire. A chaque secondes qui passer je sentais mon corps sombrer de plus en plus. Alors, je laissais les larmes couler sur mes joues, de rage. « Je ne sers vraiment à rien. » Peut importe ce que je faisais, même si c’était très important, j’en étais incapable. Mircella allait une nouvelle fois devoir me sauver, car je savais qu’elle ne me laisserait pas dans une telle situation.  Mais moi je ne pouvais jamais rien faire pour l’aider, à pars aller chercher des fruits. Je pris ma tête dans mes mains, me laissant aller à mes pleurs.

Lumi n'eut aucune surprise quant à sa remarque concernant son antimagie, résignée qu'elle était en ayant une remarque similaire à la sienne. Sans un mot de plus, l'Elfe tourna les talons et progressa sur la plage alors que Mancinia poursuivait conversation avec Dana. Cette dernière semblait vraiment mal en point, elle due même se tenir au bras de son interlocutrice qui la laissa faire sans savoir d'où venait ce mystérieux mal. Avait-elle eut des difficultés à venir sur cet île après la disparition des navires ? Elle ne s'était pas attendue à la réplique de l'Alfar concernant la puissance qui était sienne. Mancinia eu un instant de recul. Est-ce que son antimagie avait autant augmenté depuis Somnium ? D'ailleurs, est-ce qu'elle pouvait seulement se mesurer ? C'est vrai que depuis quelques temps, les êtres magiques avaient plus tendance à ressentir sa présence et à vouloir qu'elle parte au plus vite malgré tout le respect dont ils pouvaient faire preuve. D'autres étaient d'autant plus agressifs. Si Dana était dans cet état, elle ne pouvait mentir quant à sa perte de magie. Si elle était désolée de lui faire autant de mal malgré elle, l'Humaine savait que ce n'était ni contrôlable ni si cette aura pourrait redescendre vers un stade moins perturbant.

Ou peut-être qu'elle s'en fichait ? Si elle était plus forte, même si les risques d'agressions étaient plus élevés, elle était désormais capable de mettre au tapis quelques mauvaises personnes ? Peut-être était-ce une protection venant de Drejtësi ? Non. L'Aether n'allait pas constamment se pencher sur son cas. Peut-être ne l'avait-elle plus fait depuis que Nibelungen était apparu devant elle à son temple et que tout, absolument tout, ne découlait que d'une chance insolente. Dans tous les cas, Mancinia ne pouvait rien faire pour lutter contre ce qui lui appartenait, autant se laisser porter par le courant en espérant que les dégâts soient moindres. Les deux femmes se toisèrent du regard longuement, toute cette histoire ne lui disait rien qui vaille. Dana fini par s'asseoir avant de lui demander à son tour si elle se portait bien, indiquant sa propre raideur. La jeune femme essaya de se détendre, mais ne parvint pas à sourire.

— Rien. Je suis seulement énervée de toute cette histoire sans queue ni tête dans laquelle deux énergumènes paresseuses nous ont mis. Enfin. Je n'ai qu'à m'en prendre à moi-même. J'ai bien voulu me laisser aller à l'aventure, cela m'apprendra !

A peine Lumi était revenue non loin d'elles que les choses commencèrent à prendre une ampleur démesurée. Se laisser porter par le courant, avait-elle dit ? Oui, mais uniquement quand tout allait bien. Et ici, tout allait mal ! Un homme apparu non loin des trois femmes et, non sans malice, leur envoya une sorte d'orbe magique qui leur explosa près de la figure dans une lumière aveuglante et d'où une horde d'araignées apparut. Mancinia eu un frisson de dégoût rien qu'en comprenant la situation et qu'une d'entre elle lui sauta sur la main gauche. Elle aurait crié de surprise si Dana ne lui avait pas saisi le bras droit pour la faire chuter dans le sable, mais sans prendre conscience de ce qui s'amenait véritablement. L'Humaine se redressa sans attendre et voulu l'emmener avec elle dans l'eau, mais Dana prit une direction opposé dans le but de filé loin d'elle, sans doute pour se débarrasser des nuisibles avec l'aide de sa magie. Elle ne prit pas la peine de réfléchir et alla à nouveau s'immerger dans l'eau froide. Au moins, toutes les crasses disparaîtraient. En revenant péniblement sur la plage en évitant de se salir encore plus, l'Humaine observait les alentours, mais Dana avait complètement disparu de son champ de vision. Tant pis...En crachant l'eau salée qui avait un goût abject, Mancinia observait son corbeau qui continuait de piquer çà et là dans le sable en sautillant.

— C'était à ton goût ? demanda-t-elle en reprenant sa respiration.

Kamiya approuva d'un signe de tête, ravi de ce repas imprévu dont il s'était régalé. C'est que le corbeau n'avait pas hésité un seul instant avant de prendre son envol et d'engloutir quelques arachnides malchanceuses. Lumi n'était qu'à quelques pas et Mancinia osa un regard en sa direction. Sait-on jamais, une morsure de ces saloperies l'avait peut-être défigurée ? Ah, non. Bon. Néanmoins, elle voyait clairement le corps tremblant de la demoiselle avant d'entendre ses sanglots. Mancinia leva son regard vers le ciel sans cacher que toute cette histoire l'ennuyait. Sans doute n'aimait-elle pas les araignées ? Elle-même était complètement dégoûtée que ces saloperies lui soient montées dessus et elle eut un long frisson en repensant à leurs petites pattes immondes. Elle se ressaisit et haussa la voix non sans trahir son énervement ;

— Cesse de pleurer, bon sang ! Tu sais bien que cela ne changera rien à la situation ! Si ton espèce de plan a du mal à se mettre en place, c'est que tu ne fais pas assez d'efforts pour réussir ! Et si tu es habituée à l'échec, c'est que tu n'as rien dans le ventre pour forcer un peu la situation !
— Exactement ! renchérit Kamiya.

Qu'ils sont chiants ces êtres magiques à chouiner pour un rien ! Mancinia avait détourné le regard avant de croiser celui de son interlocutrice, mais elle prenait garde à se préparer à combattre verbalement avec elle lorsqu'une voix résonna dans les environs. Écoutant avec intérêt ce que disait ce Marshmallow. Entre ses formules de politesses et ses bêtises, c'est certains qu'aucun des concurrents ne craignaient rien ! Oui, rien du tout ! Et sinon ? Une promesse. Celle de leur transmettre les plans de cet endroit, qui apparurent devant les deux femmes avant que sa voix ne s'interrompe sans terminer ce qu'elle avait à dire. L'Humaine ne put s'empêcher d'être ironique.

— Il faut bien entendu qu'il ne puisse pas terminer sa phrase ! Surprenant, vraiment. Je ne sais pas qui ils sont, mais dans un premier temps, cet abruti de Lakus va morfler. Histoire ensuite de rencontrer Weidan et de lui dire ma manière de penser sur sa manière de faire ! ...Bon. On ne va pas rester là, hein ! Redresse-toi et marche, ce sera un pas de fait !

Mancinia se redressa et avala la distance entre elles avant de saisir le bras de Lumi sans prendre garde à la douleur qu'elle pourrait lui faire. Quand ce fût fait, elle prit dans ses mains le plan de l'île et le regarda avec minutie. Elle était prête à faire une trêve avec cette Sorcière si cela lui permettait d'apaiser sa colère contre ces deux richissimes hypocrites. Elle ne vit pas ceux qui les observaient depuis la forêt ; elle était incapable de les ressentir...

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J'étais inspirée, désolée >.<

L'heure n'était pas à la panique, loin de là. Il leur fallait garder leur calme, peu importe les événements, seulement, l'Elfe Eternelle s'avérait être la seule habituée à ce type de situation, et ce n'est pas comme si elle ne comprenait pas les agissements de l'Ondine. Elle la sentait secouée, perturbée par ce qui venait de se dérouler devant leurs yeux. Par l'apparition soudaine de la Magicienne, venue les mettre dans l'embarras, faire apparaître devant eux un bain de sables mouvants, par cette guerre incessante où elles avaient mis les pieds, mais également par son sentiment d'inutilité qui la paralysait. Mircella, quand bien même aujourd'hui réussissait la majorité de tout ce qu'elle entreprenait, ne pouvait que comprendre, que compatir à sa souffrance, à la douleur qui lui tenaillait les tripes, qui la poussait dans ses retranchements. Une nostalgie mélancolique la prit pendant quelques secondes, et elle se revit, jeune, faible, marcher dans les sentiers de la forêt, innocente et naïve face aux dangers du monde. Les Sirènes vivaient au plus profond des océans, loin des hommes, des peuples que la plupart fuyaient, et dans un sens, elle ne pouvait que leur donner raison. Ce n'était pas pour rien que les jeunes elfes restaient dans les forêts pendant toute leur enfance, le temps de se construire. Personne ne devait interférer dans leur développement. Un sourire presque imperceptible naquit sur ses lèvres. Mais tous les oiseaux ont besoin un jour de prendre de l'élan et de déployer leurs ailes.

Plongeant la main dans sa sacoche, elle en sortit une corde, et tout en gardant un calme olympique, elle la passa autour d'elle puis autour de la jeune fille qui se trémoussait dans les sables mouvants. « Garde ton calme. Tu as été prise au piège, et il n'y a aucune honte à cela. Je vais te sortir de là. ». Elle sauta au dessus du trou à son tour, s'aidant de ses capacités de vol pour ne pas vaciller et une fois qu'elle fut de l'autre côté, elle tira de toutes ses forces pour sortir son amie de sa cage de sable. Une fois que ce fut chose faite, elle se laissa tomber mollement sur le sol, épuisée. Ses compétences physiques ne s'élevaient pas au point qu'elle ne ressentait aucune fatigue, loin de là. Et alors qu'elle prenait un temps infini pour se remettre de ses émotions, une voix s'éleva et fit vibrer les souterrains. Ainsi, le maître des lieux agissait enfin. L'Elfe fronça les sourcils, presque étonnée de le voir se montrer au bout de tant de péripéties. Seulement, un rire fit vibrer ses cordes vocales, léger mais détendu. Mieux vaut tard que jamais, sans doute. Elles ne pourraient plus se plaindre d'être ainsi lâchées dans la nature.

Se retournant vers Nixy, elle lui tendit la main, alors que l'autre tenait un des parchemins des plans du souterrain. « Dans un sens, c'est une chance que nous soyons tombées ici, Nixy. Nous n'avons pas à traverser l'île remplie d'assaillants. ». Et elle se retourna, plongeant son regard dans le sien, posant une main sur son épaule. « Je sais que tu n'aimes pas le fait qu'Evey nous ait pris en chasse et ait tenté de nous faire du mal. Cependant.. ». Elle fit une pause, avant de reprendre. « Nous avons tous choisi un camp en arrivant ici. C'est pourquoi nous ne devons en tenir rigueur à personne. La loyauté est une qualité que nous ne pouvons décemment mettre de côté. ». Elle lui sourit une nouvelle fois, chaleureusement, alors que quelque chose la frappait sur les plans des souterrains. Elle n'eut pas à réfléchir longtemps pour reconnaître le nom de Fuzaîl, l'esprit du temple ayant pris la responsabilité de lui apprendre. Cela ne pouvait pas être un hasard. La terre grondait depuis déjà quelques temps, Mircella le sentait. Elle voyait venir la guerre, la catastrophe qui leur pendait au nez. Aussi, elle se contenta de garder le silence, quand un grognement la fit réagir.

Le danger était proche. Attrapant la faux elfique qui se trouvait dans son dos, elle se posta devant la Sirène et se mit doucement à avancer dans les souterrains. « Ne t'éloigne pas de moi et reste prudente. Nous ne sommes pas seules. ». Ce n'était pas des concurrents, oh, non. Rien de plus que la population aussi sauvage que l'île. Par précaution, elle jeta un coup d'oeil à son Sablier d'Eau, et sentit sa peau frissonner. Elles devaient se dépêcher. Il n'y avait pas de temps à perdre. Accélérant le pas de manière presque singulière, s'assurant sans cesse que la jeune brune la suivait, elle fut arrêtée par une ombre devant elle, une présence qu'elle ne connaissait point et qui était loin de lui inspirer confiance. Un individu à la carrure imposante s'avançait, poussant des gémissements peu humains, affamé, et lorsque la lumière vint enfin sur lui, la blonde des bois put distinguer des traces de morsures, de griffures, du sang séché sur ses membres, et le premier réflexe qu'elle eut fut de lancer un sort d'embrouille. Ce dernier se mit à bouger de plus belle, et elle comprit son erreur. « Sila Lumenn. ». Stoppant ainsi les mouvements de celui qu'elle voyait comme leur ennemi, elle le contourna rapidement. « Nixy. Il ne faut pas essayer de les battre. Il faut fuir. ». Ils n'étaient pas plus puissants, non. Mais plus nombreux, et plus à leur avantage sur ce territoire, cela ne faisait aucun doute possible. Suivant le plan du parchemin, elle se dirigeait vers la salle qui portait le nom de l'esprit du temple qui veillait sur elle. Seulement, de nombreux obstacles les attendaient, et c'est quand elle sentit quelque chose lui attraper le pied qu'elle sut que ce ne serait pas une partie de plaisir..

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Lorsqu’elle revint à elle, Jil bavait sur le sol marbré d’un couloir mal éclairé. Elle bailla, s’essuya distraitement la bouche et fit quelques mouvements de mâchoire pour dissiper l’état d’engourdissement qui s’en était emparé. Toutes ces téléportations commençaient à lui donner un mal de crâne sévère, et elle grimaça en poussant un gémissement plaintif, tentant en vain de se relever. Après quelques essais toutefois, elle finit par se dresser, jetant un coup d’œil circulaire, et bredouillant son incompréhension en ne découvrant qu’un long couloir s’enfonçant de chaque côté dans la pénombre. Où était la plage ? Où était la jungle ? Et surtout, où était Thor ? Son instinct lui disait de prendre à droite ; quelqu’un de plus avisé aurait fait remarqué que, puisqu’elle avait tourné sur elle-même une bonne dizaine de fois, le concept de droite était ici plutôt brumeux. C’est pourtant confiante et avec la ferme intention de retrouver son compagnon qu’elle partit en trottinant vers l’ombre tamisée, ponctuée à intervalle réguliers de la lueur d’une torche enflammée. Du reste, rien ne pouvait différencier les lieues qu’elle parcourut de celles qui l’attendaient. Les murs, le sol et le plafond étaient tous faits de blocs de marbres agencés à la perfection, et les ornements qui maintenaient les quelques torches étaient dans un métal sombre et luisant. Bien des instants plus tard, Jil continuait sa progression. Elle avait abandonné bien vite sa course pour une marche déterminée, mais rien ne semblait vouloir l’arrêter. Le couloir continuait toujours et encore, avec une régularité angoissante, sans que jamais une intersection ou la moindre déviation dans sa trajectoire ne survienne. Au fur et à mesure, l’institutrice se surprit à se retourner de plus en plus souvent, se posant une question simple mais angoissante : Et si la sortie s’était en réalité trouvée dans l’autre direction, à une centaine de pas ? D’un autre côté, on pouvait en dire de même pour le chemin qu’elle suivait ; il touchait peut-être à sa fin, et retourner en arrière ne ferais que décupler le temps qu’elle mettrait à retrouver Thor. Elle continua donc. Au bout d’une heure, l’Élémentale s’arrêta et faillit faire demi-tour ; elle s’en abstint en se disant que puisqu’elle avait marché si longtemps dans cette direction, il n’y avait pas de raison de s’arrêter maintenant. Au bout de deux heures, la même question la taraudait, mais revenir en arrière, c’était s’infliger à nouveau ce trajet interminable, sans garantie de trouver quelque chose à l’autre bout.

Et cela continua longtemps. Jil, obstinée, se refusait à changer de direction, et le couloir, plus obstiné qu’elle, se refusait à la laisser entrevoir une sortie. Chaque pas amenait son lot de peur, la peur de ne plus revoir Thor, de l’imaginer seul ou en danger. Le doute, lui, se faisait de plus pesant. Une dernière fois, elle s’arrêta, et jeta un regard en arrière. Puis elle regarda dans la direction où elle se dirigeait. Et s’il était là-bas, à attendre qu’elle revienne ? S’il était en train de la suivre, la voyant sans cesse s’éloigner ? Elle se mordit la lèvre, et enfin, décida de faire marche arrière. Au bout de quelques pas, de l’obscurité jaillit une lueur naturelle ; le marbre s’effrita et laissa place à la roche, et elle finit par sortir dans une immense caverne. Derrière elle, une cavité rocheuse. Comblée. Elle hésita un instant, puis renonça à chercher à comprendre ; elle devait trouver Thor. À peine quelques mètres parcourut dans ce nouvel environnement, qu’une voix surgie de nulle part résonna dans sa tête, réveillant son mal de tête à peine passé. Toutes ces interventions bizarres et indépendantes de sa volonté commençaient à l’énerver. Quand – cerise sur le gâteau – un parchemin se matérialisa dans un éclat de lumière devant elle, elle le chipa et le déchira en un millier de morçeaux, en laissant éclater sa rage. Puis elle les jeta au sol, les piétina, et cria. « Aaaah ! Trucs de bouse ! Trop nuls ! ». Elle en avait marre, elle voulait rentrer, prendre Thor sous le bras et retourner à Avalon, là où au moins, on ne se téléportait pas à tout bout de champ sans raison. En remarquant que parmi les lambeaux de papier se trouvaient des morceaux de ce qui devait correspondre à une carte, la Rousse décida qu’elle avait bien le droit à un peu de désespoir, et se laissa aller à fondre en larmes. Quelque part derrière le voile de ses larmes, une tâche blanche s'avança doucement.