Je le savais, je savais qu'elle respecterait mes secrets mais pouvais-je réellement lui confier sans la mettre en danger, elle. J'avais bien sûr souri lorsqu'elle m'avait conforté dans ma réponse, mais à présent, il faudrait que j'assure son avenir du mieux que je le pouvais. Je finis par me détendre car rien n'était encore trop chaotique. Nous avions peut-être quelques mois de calme devant nous. Cela dit, il fallait que je lui parle de Naram, qu'elle se méfie. « Je ne sais pas pourquoi je ne t'en ai pas parlé plus tôt mais il y a un homme sur ces terres qui me ressemble vraiment : Le Mârid. Je sais que le lien qu'il y a à présent entre nous ne pourra guère te tromper sur ma personne mais il est très fort pour les illusions. Si tu vois qu'un individu me ressemblant mais n'étant pas moi tend à s'approcher de toi, fuis. L'affronter ne servira à rien en l'état actuel des choses, il est trop puissant et ce qui m'embête c'est qu'il est assez agile avec les mots pour obtenir ce qu'il souhaite sans que son interlocuteur ne s'en rende compte. Lui et moi sommes ennemis et il est dangereux. ». Oh oui, Naram était d'une dangerosité qu'il ne fallait pas négliger, surtout pour moi qui souhaitait toucher à la chose dont il s'était occupé toutes ces années, la seule chose qui faisaient de nous des ennemis. Bien sûr, l'on pouvait également compter l'ancêtre de Mitsuko, mais là, je n'y pouvais rien. Fabriqué pour le remplacer lui auprès de la dame qui se languissait de son retour, retour qu'elle ne vit jamais arriver. Tout était de sa faute à lui finalement et j'avais connu une phase de dépression dans laquelle je m'étais dit que j'aurai réellement souhaité ne jamais existé. Il était la cause de mes maux et j'allais lui faire payer. Je paraissais sans doute un peu songeur mais je pesais le pour et le contre de ce que je devais lui révéler ou non, de ce que je pourrai lui demander sans la mettre trop en danger non plus. A présent que j'avais une orine, je n'avais pas l'intention de la retrouver morte dans deux semaines, surtout que j'étais obligé, à présent, d'être attaché à elle.

Je finis par me dire que, de toute façon, je n'avais rien à perdre. « Comme je te l'ai dit, je vais te laisser la liberté de découvrir le monde jusqu'à ce que je sois roi, au moins, et même ensuite sans aucun doute. Le monde risque d'évoluer quelque peu en vu des tensions qu'il y a dans l'air. Si les anges et les déchus entrent en guerre, ce ne sera sans doute pas la seule guerre qu'il y aura. Les terres du Yin et du Yang pourraient bien devenir plus dangereuses et si j'ai peur pour toi, peut-être que je préférerai te garder à mes côtés. Cela dit, j'espère qu'on en arrivera pas à de telle extrémités. ». C'était l'heure de lui parler des pierres. « Ce que tu peux faire, si tu en as envi, c'est de rechercher les fragments du cristal maître pour moi. Je suis collectionneur et je pense qu'ils pourront m'aider, de par leur pouvoir, à protéger les miens. J'aime beaucoup les vieilles légendes, comme tu le sais, et j'aimerai bien voir si celle qui dit que celui qui possédera tous les cristaux aura la force de l'Aether originel est vraie ou non. ». Je lui fis un clin d'oeil. « Depuis des mois, je recherche les cristaux et j'en ai déjà un nombre certain mais comme je les collectionne, j'aimerai tous les avoir. Après, si tu ne souhaites pas m'aider, je comprendrais et n'en serai nullement fâché. J'aime beaucoup courir après ces derniers, mes voyages me font découvrir des choses extraordinaires, des temples enfouis etc. Enfin, j'aime beaucoup les chercher je dois dire. ». Le pire c'est que c'était la pure vérité, j'aimais partir à la chasse au trésor comme diraient des enfants.

J'eus alors une idée par rapport à ce qu'elle pourrait faire. J'avais prévu de faire un attentat à Aeden dès que je serai roi et si je n'avais nullement l'intention de lui faire diriger les opérations, je pouvais faire d'une pierre deux coups. « Je viens d'avoir une idée aussi! Les orines sont de bonnes artistes non? ». Je réfléchis un instant. « Après l'invasion des morts-vivants, les sorciers se sont faits mal voir de beaucoup de peuples. J'aimerai, si tu le veux, que tu m'aides à nous entendre de nouveau en faisant une tournée artistique dans différentes villes. Tu enverrais une lettre aux souverains de ma part pour leur dire que tu es mon orine et que si ton statut doit rester secret, tu aimerais faire un spectacle dans chaque ville avec une petite troupe que tu peux monter. Si tu ne sais pas comment t'y prendre, je pourrai t'aider. Bien sûr, tu pourrais aller à Earudien, à Aeden, pour montrer que les sorciers ne sont pas tant à craindre que cela. Il faudrait attendre que je sois roi mais comme ceci, ça te laisse le temps de te préparer. Je pense que ce serait vraiment une bonne idée pour conforter ou recréer le lien existant entre les races. ». J'étais plutôt fier de moi en réalité. Si Yûki se produisait dans plusieurs villes et si les souverains savaient qu'elle était mon orine, ils ne me soupçonneraient jamais d'avoir provoqué un attentat qui mettrait sa vie en jeu. De toute façon, il était hors de question qu'elle périsse ou soit blessée. J'y veillerai personnellement. Je lui souris alors, attendant de voir si elle était d'accord. Nous allions bientôt rentrer et nos chemins allaient se quitter pour un petit moment car je n'avais nul endroit où la loger. A l'échiquier, cela serait sans doute étrange et Masha ne le verrait pas d'un très bon oeil. Cela dit, j'allais lui donner de quoi vivre confortablement bien entendu. Elle ne manquerait de rien.