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Je faisais pivoter le livre des contes et légendes du désert entre mes mains, un petit sourire sur le visage. La dernière fois que j'avais suivi ce vieil ouvrage, il m'avait apporté fortune et avait répondu à certaines de mes attentes. Alors, c'est tout naturellement que je l'avais lu plus en détails, parcourant chacune des histoires avec la plus grande attention. Et, bien entendu, si certaines me paraissaient inintéressantes, l'une d'elle avait attiré mon attention. Celle qui comptait que quelque part dans la pyramide se trouvait un homme ayant le don de lire l'avenir et la capacité de le révéler aux êtres qui viendraient jusqu'à lui. La situation m'amusait puisque, quelques temps auparavant, je m'étais effectivement rendu près de cet édifice très ancien avec une toute autre idée en tête. J'aurai lu ce livre en entier avant, peut-être aurai-je pu faire d'une pierre deux coups. Enfin, me rendre à la pyramide semblait une chose plutôt aisée pour moi, il me suffisait juste de créer un portail en usant de la maîtrise que je possédais sur la clef magique. Cependant, la guerre entre anges et déchus allait bientôt commencer et peut-être serait-il une meilleure idée que je m'entraîne un peu avant de me rendre sur le champ de bataille. Enfin, tout était relatif puisque je serai sans aucun doute plus vers le lac de la transparence que vers la citadelle blanche au début du combat. Peu importait en fait puisque je devais me renforcer quoi qu'il arrive, non pas pour tuer le plus d'anges ou pour faire peur aux magiciens, non, je devais devenir plus fort car mes ennemis étaient puissants. Bien sûr, je ne pouvais égaler Mitsuko, mais j'espérai pouvoir en finir rapidement avec son mari, Zéleph, et mon jumeau, Naram. Je craignais ces deux hommes, je l'avouais et peut-être était-ce là une preuve de force que d'avoir conscience de mes faiblesses. Quoi qu'il en soit, si j'avais peur d'eux c'est que je n'étais pas assez fort. Bien sûr, je me doutais que le seigneur des deux rives ne devait pas avoir bien peur de ma personne et je le voyais comme une sorte d'homme primaire à l'intelligence peu développée pour tout avouer. Mais c'était sa force physique et son impulsivité qui faisait sa puissance et je devais le prendre en compte. Orion avait été facile à tuer, affaibli par son jugement et... Vlad, oui, Vlad j'avais été aidé par les fragments du cristal maître, et également par l'effet de la surprise. Mais Zéleph comme Naram savaient, ils m'attendaient et le deuxième avait sans doute déjà établi une stratégie visant à me détruire. Qu'il vienne.

De ce fait, avec deux ennemis d'une grande puissance, je me devais de devenir plus fort, d'atteindre des hauteurs que j'avais déjà frôlé en tant qu'ange, manquant de peu d'atteindre le trône. Seulement, je n'en étais pas pour autant impatient, je n'avais pas envi de bâcler ce que j'entreprenais. Non, j'agissais doucement, prudemment et c'est pour cette raison que lorsque j'avais parcouru le vieux livre qui m'avait révélé l'existence de ce devin, j'avais décidé d'aller le chercher. Je ne voulais pas connaître toute ma vie, ni même si mes dangereux projets allaient aboutir, non, je voulais simplement savoir si l'idée de gérer l'annexion du lac de la transparence en même temps que la guerre entre anges et déchus était bonne et aboutirait ou non. C'était tout. Peut-être n'étais-je pas assez gourmand mais je savais bien que d'ici quelque temps, le monde tremblerait. Moi je ne faisais qu'allumer les mèches et les autres s'occupaient de l'explosion. Une fois une première guerre entamée, je doutais que d'autres ne viennent pas. Et si je voyais que les choses trainaient, j'allais de nouveau me mêler du fragile équilibre de ce monde fait de tensions. Il n'y avait qu'à voir les rapports entre les individus lors des grandes réceptions, les sourires hypocrites, les regards menaçants. Tous se vouaient un combat silencieux et mon rôle était de le rendre audible le temps que je récupère chacun des fragments pour reformer l'Aether originel et m'emparer de ses pouvoirs.

J'avançais donc, pensif, ayant décidé de me rendre à la pyramide à pied. Avec ma boussole, ce ne serait pas bien difficile de trouver l'édifice et la marche renforcerait mon corps. Entièrement habillé de blanc, j'avais même prévu un bout de tissu à me nouer autour de la tête afin d'éviter de mourir d'une insolation. Et alors que j'allais me lancer, à la frontière entre le début du désert et la fin des terres d'émeraude, j'aperçus une fille et un drôle de petit renard. J'étais de bonne humeur, plutôt bénéfique aussi grâce au pouvoir de ma pierre qui avait le pouvoir d'inverser la tendance de chaque être. Je ne pouvais réfléchir que comme ceci sinon, la noirceur de mon âme atteignait trop mon jugement. « Je crains que votre animal n'aime pas la chaleur du désert. Et il n'est pas dit que vous l'appréciez non plus. ». Je ne disais jamais bonjour en m'introduisant. Peut-être que cela ne paraissait pas poli mais moi j'aimais que ma voix sorte de nulle part avant que l'on me voit, et l'effet d'un « bonjour » était proche d'un zéro pointé. Je finis par sourire. « Bonjour mademoiselle. Je ne sais pas ce que vous avez l'intention de faire dans cette étendue mais, quoi qu'il en soit, peut-être pourrai-je vous guider un bout de chemin. Je me rend à la pyramide. ». Après tout, une bonne action parmi toutes les mauvaises que je réalisais chaque jour n'allait pas m'étouffer. Et puis, cela faisait longtemps que je n'avais pas parlé d'autre chose avec une personne que de complots, de conflits, de trône et de fin du monde. J'avais sans doute besoin de diversité. « Je m'appelle Jun. ». Il serait plus facile pour elle ainsi de mettre un nom sur le visage d'un inconnu qui soit l'accompagnerait, soit lui ferait peur. J'espérai ne pas être effrayant à ce point, surtout après avoir usé de la pierre qui rendait justement bénéfique. Plus ça allait, plus les effets s'estompaient vite, mais pour le moment, ils étaient effectifs, autant en profiter.

Une chose était certaine : je ne pouvais pas aider le petit animal car j'étais plutôt un spécialiste de la chaleur, contrôlant le feu, pouvant le créer et étant capable de façonner une chaleur insupportable. Pourtant, si l'on devait décrire mon état psychologique, je me demandai si je serai plutôt feu ou glace. La chaleur du feu ne m'habitait pas, cette chaleur qui réchauffait le cœur, non, j'étais plutôt froid. Néanmoins, que ce soit à n'importe quelle période de ma vie, j'avais toujours essayé de répondre à mes convictions avec une motivation, ne laissant rien se dresser sur mon passage. Et, quelque part, oui, j'étais plus un homme de feu que de glace, bien que je n'ai que les défauts de ce qui brûlait. Le fait que je voulais mettre le monde à feu et à sang était aussi une bonne illustration. Enfin, ce n'était pas tout à fait exact mais mes projets s'arrêtaient pour le moment à la scène de la mort de Mitsuko et de tous les aetheri. Mon parcours n'était pas fini, au contraire, il ne faisait que commencer et j'aurai tout le loisir d'y penser plus amplement quand la guerre serait terminée ou quand je serai roi. Quoi qu'il en soit, je ne pourrai aider cette pauvre créature mais la nuit tomberait et sans doute se trouverait-elle dans une meilleure position. Acquiesçant simplement lorsqu'elle dit qu'elle se rendait à la pyramide, je trouvais la coïncidence plutôt heureuse, mais lorsqu'elle m'avoua pourquoi elle y allait, un petit sourire étira mes traits.

« Excusez moi mais on dirait un coup du destin. Sachez que ce que vous jugez comme des racontars pourraient être bien plus véridiques que certaines légendes urbaines effrayant les populations. ».

Je me rappelais d'ailleurs avoir entendu une mère de famille dire à ses enfants que s'ils n'étaient pas sage, Orion et ses morts vivants viendraient les manger. Pauvres petits, bercés dans des illusions grotesques. Enfin, on ne referait pas les mères non autoritaires qui étaient obligées de menacer leurs enfants avec des balivernes. Sortant la boussole magique qui se trouvait dans ma proche, je soufflais un petit : « La pyramide » avant que les aiguilles se mettent à tourner, indiquant la direction à suivre dans les plus brefs délais. Bien sûr, encore une fois, j'aurai pu me téléporter ou voler, mais je voulais devenir bien plus résistant et puisque cette jeune femme ne connaissait pas mes dons, il suffirait de me taire pour qu'elle continue à les ignorer. Logique, simple, efficace. Surtout que je ne la reverrai sans doute plus après cela alors peu m'importait en réalité. Je lui lançai le bout de tissu que je comptais positionner sur ma tête avant de la rencontrer, préférant lui donner avant qu'elle ne s'évanouisse et que je n'ai à la porter, précisant : « C'est une boussole magique, elle va nous conduire à la pyramide. Elle n'est pas si loin d'ici en réalité, quarante minutes de marche environ je dirai, mais sous cette chaleur, c'est peu supportable. Venez, Yûki. ». C'était amusant car lorsque j'étais un Rehla, je m'étais fait appeler Yuki moi aussi. Je ne savais pas si cela s'écrivait de la même manière mais, quoi qu'il en soit, ce prénom signifiait « neige », ce qui pouvait paraître étrange lorsque l'on se trouvait en plein désert. Enfin, à présent, je répondais au nom de Jun, mon véritable prénom. Commençant à avancer de nouveau, j'aurai bien aimé lui faire la conversation mais plus nous avancions, plus il était difficile de se concentrer sur autre chose que nos muscles. Malgré les chaussures que j'avais, je sentais le sable brûlant sous mes pieds et je suais à grosses goûtes, sentant petit à petit mon corps réclamer de l'eau et se plaindre des maltraitances que je lui faisais subir. Cela dit, je devais tenir bon, c'était important.

Nous arrivâmes à la pyramide, accueillis étrangement par une femme qui semblait affolée. Je sus tout de suite que quelque chose n'allait pas lorsque son regard se posa sur nous comme si nous avions les réponses à toutes ses questions. Elle n'en posa qu'une : « Auriez vous vu un homme par hasard? ». « Non. Pourquoi cela? ». « Mon mari a disparu, je n'arrive pas à le retrouver et avec toutes les visions qui planent dans son esprit, tous les individus avides de connaître leur avenir, je crains fort qu'il ait été enlevé ou qu'il ne se soit perdu. Je ne le sais... et avec la rudesse du jour et la froideur de la nuit je... ». Je compris bien vite que cette femme était tiraillée entre l'idée de partir à la recherche de son mari et celle de rester dans la pyramide au cas où d'autres personnes viendraient afin de connaître leur avenir. Moi je ne voyais que mon propre intérêt là dedans, pas le moins du monde empathique avec elle. Mais bon, le résultat était le même : j'avais besoin de cet homme pour connaître ce que je désirai et puisque j'en avais besoin, je devrais le retrouver. « Très bien, je vais aller le chercher... avec Yûki si elle veut bien m'accompagner. ». J'avais parlé pour deux mais je n'obligeai en rien la jeune femme. Elle ferait ce qu'elle voudrait mais, en ce qui me concernait, dans mon cas, c'était décidé. La vieille femme nous remercia au moins quatre fois avant de nous apprendre que nous ne devions partir à la recherche de son époux à cette heure car le jour allait tomber et le froid nous tuerait sans doute. Je me fis la remarque que son mari devait avoir d'exceptionnels pouvoirs si elle pensait que lui était encore vivant là où nous serions morts. Néanmoins, je n'allais pas la contredire et acceptai, entrant dans la pyramide et me laissant guider par celle-ci dans une chambre qui, apparemment, était destinée à Yûki et moi-même. A l'unique lit, je fis la grimace avant de dire après que la vieille fut partie nous préparer un bon repas : « Quand il sera temps de dormir, je dormirai par terre, ne vous inquiétez pas. ». Je ris, amusé. Au moins, si nous n'avions eu le temps de parler sur le trajet, l'occasion nous était donnée à présent. Contemplant la pièce, je m'aperçus aussi que le bain y était, tout en un, décidément, il faudrait que je m'attache moralement. « Pour le bain, je fermerai les yeux, promis. ». Oui, j'allais pas lui sauter dessus comme un animal enragé, j'avais quand même quelques principes, surtout qu'elle ne semblait pas franchement être une femme à homme, aimant profiter d'eux pour obtenir ce qu'elle voulait. Enfin, c'était l'impression qu'elle me donnait, peut-être cela était-il faux après tout. Je lui dis avec un petit sourire : « Alors, mademoiselle Yûki, et si vous me parliez de vous pour faire passer le temps? ».

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« Voilà pour vous! ».

La femme venait de revenir avec un plateau qu'elle déposa sur la table. Je m'approchai, la remerciant en contemplant ce qu'elle nous avait préparé : de la soupe. Cela paraissait sans doute quelque peu non adapté avec la chaleur étouffante mais je me doutais que d'ici quelques temps, il ferait plus froid. Elle finit par sortir, entrant de nouveau pour verser de l'eau chaude dans le bain. Puis, elle nous souhaita une bonne nuit, sortant de la pièce pour de bon. J'avais écouté ce qu'avait dit Yûki, souriant simplement au fait qu'elle soit une orine. Vu les rapports un peu étranges que j'entretenais avec la reine de ce peuple, j'avais de quoi en être amusé. Je n'avais jamais souhaité en posséder une en réalité, même si cela me tentait déjà plus que le fait de trouver l'habitacle d'un génie et d'être obligé de faire trois vœux. Les orines étaient fidèles au moins et, l'heureux élu pouvait faire entièrement confiance à celle qui avait choisi de lui poser sa question s'il avait au moins l'intelligence d'y répondre convenablement. Bien sûr, je m'imaginais ayant une orine, statut bien compliqué pour cette dernière qui risquerait sans doute gros à se trouver à mes côtés, comme toutes les personnes qui choisissaient de s'y tenir. Je m'assis, l'invitant à venir manger elle-aussi. Je lui souris avant de lui répondre. « Vous savez, si je devais vous raconter ma vie, ça prendrait des heures et des heures. De plus, je crains que si je le faisais, ça vous endormirait. ». Je ris, plongeant ma cuillère dans le liquide chaud avant de la portée à ma bouche. Je lui servis un verre d'eau avant de faire de même pour moi. « Enfin, je veux bien me prêter au jeu tout de même si vous y tenez. ». De toute façon, je préférai parler plutôt que rester murer dans le silence. J'allais lui raconter ce qui avait fait que j'existe, le pourquoi de ma création, puisque je n'étais pas né comme tout le monde. « C'est amusant que vous ayez employé le mot créer tout à l'heure. Je ne sais sans doute que peu de choses des orines, mais vous avez tout de même eu une mère. Moi non. Je suis né adulte et, de ce fait, je n'ai pas connu l'enfance. Je ne suis qu'une création, celle d'une femme pour remplacer son amour envolé dans un premier temps, une sorte de substitut. Enfin, cela fait longtemps qu'elle est morte donc je ne joue plus vraiment les... enfin, vous voyez. ». Mangeant un peu, je continuai donc. « Ma mission ne s'arrêtait cependant pas là car si j'avais été créé c'était aussi pour être l'âme sœur d'une des descendantes de cette femme, celle qui serait digne de son héritage. De ce fait, je devais à la fois l'aimer et la protéger. Enfin, là aussi il semble que ma créatrice n'ait pas prévu qu'elle tombe amoureuse d'un autre, l'homme même que je devais remplacer dans ses bras à la base. Vous voyez, deux femmes que des millénaires séparent et qui aiment pourtant le même homme. ». Qui n'était pas moi. Je pris le bol à deux mains, finissant ainsi, marquant une pause dans mon récit. « Je suis condamné à aimer cette femme, quoi que je fasse. Et même si je devais en aimer une autre, je préférerai tuer cette dernière plutôt qu'un malheur arrive à la première. Je suis maudit en quelque sorte. ». Bon, j'omettais de dire que c'était pour cette raison que je voulais la tuer une bonne fois pour toute mais, après tout, je n'allais pas raconter ce genre de détails à une inconnue avec qui je venais faire qu'un bout de chemin. Je bus mon verre avant de me lever. « Enfin, peu importe, ça ne me touche plus vraiment à présent. J'essaye de vivre avec. ».

Je me dirigeai vers le bain, espérant qu'elle ne prenne pas le fait que je me lave avant elle comme un manque de respect. Je pouvais ainsi continuer mon récit tout en me lavant. J'ôtai mes vêtements, les posant consciencieusement sur une chaise que je rapprochai du bain exprès. Je gardai cette tendance à tout faire dans l'ordre, à vouloir que chaque chose soit bien pliée. J'étais légèrement maniaque sur les bords et ceci résultait de mon passé sans aucun doute. Entrant dans l'eau, je souris, la température étant juste parfaite. Je m'assis dans la baignoire avec un contentement non dissimulé lorsque mon dos entra en contact avec le liquide. C'était tellement plaisant après toute cette marche. Fermant les yeux un instant, je finis par dire : « Vous savez, vous êtes encore jeune, ce n'est pas bien grave de n'avoir pas grand chose à raconter. Je suppose que vous avez tout de même eu une vie sympathique à Maëlith, auprès des autres orines. Je comprend pourquoi beaucoup de créatures masculines souhaitent trouver la ville secrète des orines. ». Je ris doucement. Il est vrai qu'un village entier presque exclusivement habité par des femmes ressemblait à un paradis sur terre. « Enfin, ne vous inquiétez pas, je ne vais pas chercher à vous asservir. J'ai longtemps dû supporter de n'être qu'un pantin fait pour exécuter une tâche précise et maintenant que je suis libre, si je puis dire, je ne saurai demander à une personne de vivre selon ma volonté. Je préfère que chacun agisse comme il le souhaite, choisisse de s'allier en pleine conscience ou de refuser s'il ne souhaite pas faire quelque chose. ». J'étais sans doute bien maléfique mais j'avais quand même quelques principes bien ancrés en moi. « Le tout c'est juste d'assumer ses choix je pense. ».

Après m'être savonné, je sortis de l'eau, marchant pieds nus dans la pièce pour aller chercher la serviette poser sur le lit que j'avais oublié de prendre. Je me séchai alors, entourant celle-ci autour de mon bassin avant de m'approcher de Yûki, lui faisant un petit signe vers le bain. « A vous maintenant. ». Prenant une chaise, je m'assis dessus, tournant le dos au point d'eau comme pour attester de ma bonne foi. Mon corps était tatoué d'un peu partout et, au moins, même si j'étais à moitié nu, ça donnait quand même l'impression que je portais des vêtements. « Vous savez, une guerre va bientôt éclater... vous devriez trouver un endroit sûr où vous serez à l'abri. »

Je me déplaçai rapidement en serviette pour retenir Yûki par le poignet. La fixant, je lui dis doucement : « Ce n'est pas la peine, je vous assure. Si le sol est trop dur, j'userai de ma capacité à me transformer en loup et je pourrai passer une bonne nuit. ». Je souris, l'entraînant vers le lit, l'asseyant là avant de s'asseoir à ses côtés, un air songeur sur le visage. Je ne lui avais rien dit lorsqu'elle m'avait posé des questions un peu plus tôt, l'écoutant en fermant les yeux le temps de son bain. « Je pense que la reine ne laissera personne s'introduire dans Maëlith. Néanmoins, je trouve que le statut d'orine est triste. Vous êtes obligées de voir votre mère mourir une fois la maturité atteinte. Oh bien sûr, chaque enfant voit ses parents mourir un jour mais c'est tôt je trouve. Et, savoir que l'on va mourir dans quelques années, savoir exactement le jour de notre mort doit être terrible. ». Je le pensais réellement, bien que je mettais Mitsuko dans la même situation. Le futur était déjà arrêté dans l'état actuel des choses, du moins, selon les aetheri. Néanmoins, dans le cas de ces derniers, je pensais qu'après des centaines et des centaines d'années d'existence, mourir devait plus être une sorte de délivrance. J'étais moi-même très vieux mais je n'avais pas eu une vie à moi avant que Mitsuko ne devienne vampire. De ce fait, je n'avais pas vécu de par mes propres moyens très longtemps. Je lui souris. Elle aussi, lorsque le maître qu'elle choisira dans le futur mourra, tomberait enceinte. Finalement, c'était un cycle tout particulier que celui qui liait les orines à leur maître et à leur enfant. « Si vous cherchez un maître, vous devriez prendre quelqu'un de bénéfique, il ne vous fera pas de mal. Généralement, ces derniers cherchent plus votre bonheur qu'autre chose, contrairement aux êtres maléfiques qui chercheront avant tout à faire de vous une esclave. ». Oui, certes, je ne me vendais pas, mais j'étais un maléfique un peu spécial, tout simplement parce que ma vie d'ange m'avait appris beaucoup de choses. Je n'étais pas bête et méchant, cherchant à détruire sans raison. Mes actions pouvaient être très cruelles mais étaient toujours fondées. Je détestais la destruction gratuite même si, parfois, il m'arrivait de m'énerver plus que de raison, très rarement.

« Quant à la guerre... non, je ne fais partie d'aucune de ces deux races bien qu'autrefois j'ai été un ange. Je n'ai jamais été déchu, disons que mon évolution est quelque peu anormale. J'étais esprit, je suis passé ange pour me retrouver dans la peau d'un rehla et, enfin, dans celle d'un sorcier. C'est très étrange de sentir le bien vous quitter pour la neutralité puis le mal. Enfin, je ne suis pas réellement maléfique, il y a bien pire que moi et je pense que pour comprendre le monde, les êtres, il est parfois nécessaire d'avoir vécu les trois états. En ange, j'étais limité par la vertu, en rehla, j'avais les connaissances sans jamais pouvoir agir et, en sorcier, je peux enfin vivre comme je l'entend. ». Lui dire que j'étais un sorcier juste après lui avoir signalé que les êtres maléfiques souhaiteraient sans doute l'asservir n'était sans doute pas une bonne idée mais, après tout, je n'avais aucune envi de la forcer à devenir mon orine ou quelque chose dans le genre. Je préférai être franc, sachant très bien qu'elle n'essaierait pas de me nuire. Bien entendu, mon caractère était peint différemment en fonction des personnes avec qui je me trouvais. Je n'aurai jamais parlé autant avec une sorcière que je savais perfide et manipulatrice. « Oui, je m'intéresse à cette guerre. Je compte devenir roi et je suis déjà le roi d'une organisation qui n'a rien à voir avec les sorciers. Du coup, la politique m'intéresse. Mais ce n'est pas mon seul passe-temps, heureusement, sinon je serai sans doute bien ennuyant à écouter. ». Je ris, le regardant dans les yeux alors que je lui parlais. « J'aime beaucoup les légendes aussi, c'est d'ailleurs l'une d'elles qui nous a fait nous rencontrer. ». Après tout, c'était pas plus mal. J'avais besoin de quelqu'un à qui parler, quelqu'un qui ne me jugerait pas, ne m'épierait pas, attendant que je fasse un seul faux pas. Bien sûr, je faisais confiance aux sorciers qui m'entouraient mais je savais que leur loyauté ne m'était acquise que tant qu'ils voyaient en moi une main de fer. Je ne pouvais en aucun cas me montrer tendre avec eux. Une orine, encore une fois, ne chercherait pas à me nuire, sauf si son maître se plaçait contre moi. « Mes tatouages ont été fait par une sorcière. Ils sont sensés m'apporter un pouvoir mais je n'ai toujours pas résolu l'énigme. ». Je souris, me levant du lit pour aller cherche mes vêtements que j'avais plié. Les positionnant contre le mur, je me couchai là, la tête appuyée contre ce qui me servirait de coussin. « Vous pouvez me parler si vous voulez mais si je m'endors, il ne faudra pas m'en tenir rigueur. Vous n'aurez cas vous dire que vous avez une voix apaisante. ». Je lui fis un clin d'oeil amusé. Demain nous aurons sans doute une grande journée si nous voulions trouver cet homme alors il était préférable de se reposer. De plus, je croulais sous la fatigue, mes muscles fatigués par la marche.

Je souris à son bonne nuit, le petit commentaire me faisant rire. « Vous savez, lorsque je serai à la tête de mon peuple, j'édicterai une loi afin de protéger les orines. ». Je lui avais juste dit cela, tombant littéralement de sommeil. C'était rare chez moi et ça le serait de plus en plus, surtout en devenant roi. Lorsque l'on devenait important, lorsque nos actions avaient des répercussions de telle sorte que celles-ci nous faisait avoir des ennemis, alors la méfiance s'emparait de notre esprit, la paranoïa parfois. Je n'en étais pas encore là et c'était justement pour cela que je voulais devenir plus fort, pour pouvoir dormir sur mes deux oreilles comme maintenant. Je faisais confiance à cette orine et, sérieusement, je ne la pensais pas du tout capable d'essayer de me tuer pendant que je dormais. Je la sentis à peine poser la couverture sur moi, un sourire discret apparaissant néanmoins sur mon visage alors que je plongeais dans un profond sommeil. C'était apaisant, la chaleur étant retombée pour laisser place à la fraîcheur. J'eus un peu froid au beau milieu de la nuit mais cela passa une fois le matin arrivé, le matin qui annonçait la chaleur qui nous brûlerait la peau d'ici peu. J'entendis la voix de Yûki, une voix qui me fit ouvrir les yeux. Je ne dormais plus depuis un petit moment déjà mais je restais couché, attendant qu'elle se réveille, en profitant pour me reposer encore quelques instants. Je lui souris : « Ne vous inquiétez pas pour moi, je pense que si je veux être roi, je dois être capable de dormir ainsi par terre. Surtout que si mon entreprise échoue, je risque de subir bien pires tortures. ». Je souriais, sur le ton de la plaisanterie, mais j'étais on ne peut plus sérieux. Si j'échouais et si Zélia me repérait, alors elle ferait en sorte que jamais je ne meurs mais qu'éternellement je souffre. Toujours en serviette, je me redressai lorsque la femme de celui que nous devions chercher entra dans la pièce avec le petit déjeuner : des fruits frais. Elle avait également disposé deux gourdes remplies avec de l'eau fraîche sur l'une des chaises. Je la remerciai puis elle nous indiqua : « Il est encore tôt, si vous partez maintenant et le trouvez assez vite, peut-être que vous pourrez revenir ici avant que le soleil ne soit trop haut. Je vous remercierai jamais assez si vous le retrouvez. ». Elle sortit alors, nous laissant également un parchemin pour pouvoir sortir de la pyramide. Je pris mes vêtements, me reculant dans un coin pour pouvoir m'habiller sans choquer la demoiselle. Je lui tournais le dos, des fois qu'elle se retourne par manque d'attention.

Une fois prêt, je lui souris, m'asseyant pour manger un ananas exquis. Il faisait déjà chaud et c'était plus qu'appréciable. « Nous allons faire comme hier pour le trouver. Je vais utiliser ma boussole qui nous conduira à lui. Seulement, je ne sais pas s'il est vivant ou blessé et si nous devons rentrer avec un homme à terre, cela sera difficile. Enfin, nous verrons bien, j'espère juste qu'il n'est pas trop loin. ». Je fis une pause, mangeant une pastèque, mon appétit toujours intact. Vidant ma bouche, je finis par la regarder dans les yeux avant de lui dire doucement : « Merci pour hier, je veux dire, pour la couverture, je serai probablement mort de froid sans vous! ». J'attendis qu'elle ait fini, lui faisant signe de me suivre hors de la pyramide. Plus nous nous approchions de la sortie, plus il faisait chaud, réellement chaud. Dehors, je sortis ma boussole, lui demandant alors de m'indiquer l'homme. Les aiguilles mirent du temps avant de m'indiquer une direction, ce qui n'était pas forcément bon signe. Cependant, peut-être était-ce la magie du vieillard qui perturbait l'efficacité de ma boussole. Je dis alors : « Par là bas. ». Nous commençâmes donc à marcher et, contrairement à l'allée, plus je me taisais, plus j'avais envi de lui parler. C'était amusant finalement et je finis par prendre la parole : « Vous savez, votre maître aura de la chance de vous avoir. Vous êtes vraiment prévenante, je suis sûre que vous vous occuperez bien de lui et qu'il prendra soin de vous aussi. ». Parler me fatiguait, aussi, je ne dis plus un mot, de la sueur coulant sur mon front. Je devais m'habituer à cette chaleur, je devais pouvoir la dompter. Me concentrant, je vis enfin une silhouette à l'horizon. Mirage ou réalité? Il s'avéra que ce fut la réalité, le vieillard, semblant ne pas sentir les effets de la chaleur, marchant, une main sur le front pour cacher ses yeux de la luminosité du soleil. Il ne craignait absolument rien, semblant dans son élément. Je lui fis un signe de main et il marcha dans notre direction. « C'est vous qui lisez l'avenir non? ». J'étais trop épuisé pour faire de longue phrase. Il me sourit avant de dire : « Oui, c'est exact. J'ai voulu m'aventurer en terrain inconnu mais voilà que je me suis perdu. Est-ce ma femme qui vous envoie? ». « Oui, c'est le cas. Venez, nous allons vous escorter. ». Faisant demi-tour, le vieillard commença à nous suivre avant de demander : « Et que voulez vous savoir? ». J'étais trop fatigué pour lui poser ma question tout de suite. Aussi, je regardai Yûki, lui soufflant : « Honneur aux dames. ». Je lui laissais le privilège de connaître son avenir avant le mien.

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« Hum... Est ce que je vais devenir roi? ». J'avais demandé ça au hasard, épuisé. En réalité, je ne souhaitais pas poser ma question en présence de la jeune femme et je voulais attendre que l'on soit à la pyramide pour trouver un moment où je pourrai m'entretenir avec le vieillard. Il sourit, semblant conscient de ce que j'étais en train de trafiquer. « Eh bien, en l'état actuel des choses, il y a des fortes probabilités pour qu'effectivement, vous deveniez roi. Ce n'est pourtant pas sûr à cent pour cent, tout dépendra de vos actions à venir. ». Je souris, car même si je n'avais guère envie de lui demander cela à l'origine, il était bon de savoir que des chances d'accéder au trône m'étaient offertes. J'étais cependant dans un état quelque peu lamentable, couvert de sueur. Yûki avait raison, il ne valait mieux pas traîner en route et j'espérai secrètement que nous puissions de nouveau avoir le droit à un bain d'eau fraîche lorsque nous rentrerions à la pyramide. J'en rêvais, si bien que je commençai à voir des bains un peu partout, l'homme me disant d'un air légèrement moqueur, cet air supérieur que prennent certains petits vieux : « Ne vous laissez pas abusé par ce que vous voyez mon jeune ami. ». Je me demandais comment cet homme avait pu survivre dans le désert, semblant frais comme un gardon et insensible à la chaleur. Après quelques minutes de marche, nous arrivâmes enfin, la femme de cet homme apparaissant par la porte comme si elle avait prédis notre retour. Elle se jeta dans les bras de son époux, celui-ci lui parlant dans une autre langue, une langue que je ne connaissais personnellement pas. Après quelques effusions, ses yeux pétillants se tournèrent vers nous : « Je ne pourrai jamais assez vous remercier. Mademoiselle, votre animal vous attend dans votre chambre et j'ai pris soin de remplir le bain d'eau fraîche et de déposer quelques fruits dans une boîte pour que vous puissiez les emporter sur le chemin du retour. ».

Voyant ici une occasion en or, je souris à Yûki, lui indiquant : « Vous avez cas y aller en première, je peux attendre. Et puis, hier je me suis baigné avant vous, il me semble plus poli de vous laissez y aller maintenant. ». Je lui fis un clin d'oeil et la femme la prit par la taille pour la conduire à notre chambre. Je me tournai alors vers le vieillard et nous entrâmes tous les deux dans la pyramide, celui-ci me conduisant dans une pièce où nous serions tranquilles. « En réalité, je voulais vous demander si j'allais réussir à annexer le lac de la transparence. Le reste ne m'intéresse pas vraiment, j'ai conscience que prendre connaissance de l'avenir peut être dangereux et j'ai besoin de rester prudent. Me dire que je réussirai ne ferait que baisser ma garde et je ne peux pas me le permettre. La guerre entre anges et déchus va bientôt commencer, je compte annexer en même temps mais j'ai besoin de savoir si je réussirai sur les deux fronts. ». Il sourit, ses yeux changeant légèrement de couleur. « Oui, vous allez réussir. Bien sûr. Après tout, vous n'avez pas été créé pour faillir et même si vous ne respectez plus le pourquoi de votre création à un égard, vous êtes fait pour vaincre, quoi que vous entrepreniez. ». Il fit une pause, souriant soudain. « Je sais que vous ne souhaitez pas entendre la suite mais je vais vous ouvrir les yeux sur quelque chose. Cette jeune fille qui vous accompagne, pourquoi n'envisagez-vous pas de devenir son maître? ». Je fixait jusque là l'architecture de la pièce mais à ses mots je rencontrai son regard. Je souris à mon tour. « Je crains fort qu'elle ne serait pas heureuse avec moi. Je suis maléfique, ce que je fais est mauvais et elle n'a pas l'air ainsi. Je ne veux pas l'obliger, et puis, elle serait une cible facile pour ceux qui s'opposeront à moi. ». « Vous voyez, il n'y a pas que le mal en vous. Je vous assure que ce serait une bonne solution. Vos chances de réussite augmenteront considérablement avec cette fille à vos côtés. ». « Vraiment? ». « Oui. ».

Je me dirigeai vers la chambre qui nous avait été réservée par la femme de celui qui m'avait prédis une bribe de mon avenir. Me postant devant la porte, je commençai à parler, n'osant pas entrer de peur de la voir nue ou de l'indisposer. Pourtant, j'avais des choses à lui dire et je ne pouvais attendre. « Yûki? Écoutes, je dois t'avouer que je n'y avais pas réfléchi avant mais en pensant que nous pourrions nous quitter et ne plus jamais nous revoir, j'ai pris conscience que, peut-être, je pourrai devenir ton maître. Je ne veux pas t'obliger, je ne veux pas que tu te sentes forcée mais finalement, si je devais avoir une orine, je pense que je préférerai que ce soit toi. Seulement, tu sais, si je deviens roi, des gens pourront te prendre pour cible pour m'atteindre, ce sera sans doute dangereux pour toi. Alors je ne sais pas vraiment... peut-être que tu devrais refuser ma demande? Elle est égoïste après tout. Enfin, dis moi. En fait, je me dis que tu préférerais sans doute un autre maître, c'est vrai qu'il y a des hommes sans doute plus bénéfiques que moi. Mais quoi qu'il en soit, je ne t'en voudrais pas. ». J'avais arrêté de la vouvoyer car, si elle décidait de m'accepter, le mur entre nous tomberait de lui-même.

Elle se trompait. J'étais loin d'être quelqu'un de bien, au contraire, plus ça irait, moins je le serai. Je me rappelai du jour où Isabella m'avait transformé en sorcier, où j'avais cru pouvoir maîtriser le mal en moi malgré ses avertissements. Je l'avais fait en partie pour pouvoir plaire davantage à Mitsuko, mais également pour pouvoir agir, faire parti de ce monde, prendre part à la politique, prendre part aux guerres et non seulement me contenter d'admirer. Finalement, je l'avais fait pour elle et moi, persuadé que je pourrai me tenir à ses côtés comme par le passé, que nous pourrions régner sur ce monde ensembles. Mais ce temps là était plutôt lointain, hors d'atteinte et j'avais pris des décisions depuis, bien décidé à m'y tenir. M'appuyant contre la porte, je l'écoutai me parler de l'autre côté de celle-ci. Elle était proche, ce qui signifiait qu'elle avait fini de se baigner. Je fermai les yeux, m'imprégnant du son de sa voix. Bien sûr que j'étais aimable avec elle, je l'étais d'ailleurs avec chaque individu du moment qu'il ne se mettait pas en travers de mon chemin. Bien sûr, lorsque je manigançais des plans visant à toucher telle ou telle cible, je ne faisais pas attention aux pertes humaines mais c'était différent. Je soupirai, avais-je le droit de lui faire ça? D'abuser de sa naïveté pour la faire mienne? Je supposai que oui, si je faisais tout ce qui était en mon pouvoir pour la protéger. En plus de cela, et malgré le fait que si je mourrai une première fois, mon esprit irait se loger dans l'âme de Masha, attendant de trouver un corps, si je mourrai une deuxième fois en tant que roi, alors le fils qui naîtrait ensuite de Yûki pourrait continuer mon œuvre. Oh je n'avais pas l'intention de mourir, bien sûr, mais je pensais également à l'avenir, loin de me douter que d'ici quelques temps j'aurai des enfants à la pelle.

Fixant le couloir, je me disais que je pouvais encore reculer, jusqu'au moment où elle accepta, me posant son énigme. Non, je ne pouvait plus, ce serait bien peu convenable de proposer quelque chose pour ensuite refuser son acceptation. Portant ma main à mon front encore chaud à cause du soleil, je réfléchis à la fois à la réponse à apporter mais également à ce que cette jeune femme représenterait pour moi à l'avenir. Je savais que le lien était fort, si fort que je pourrai tout lui demander, tout lui confier sans que jamais celle-ci ne me trahisse, même sous la torture. Peut-être que notre relation devrait rester secrète pour garantir sa sécurité? Je ne le savais pas. Ayant trouvé la réponse après quelques minutes de silence, bien plus perturbé parce que je m'apprêtais à faire qu'autre chose, j'entrai dans la pièce, poussant la porte doucement pour éviter de lui faire mal si elle se trouvait juste derrière. Je m'approchai, posant ma main sur sa joue. Je lui souris. « Comme j'aime bien faire les choses, je vais d'abord aller me baigner, histoire d'être propre, et ensuite je te donnerai la réponse. ». Bon, je voulais être sûr d'avoir bien trouvé aussi, réfléchissant aux autres possibilités qu'il pouvait y avoir. Je pris une pastèque au passage, me déshabillant avant de me plonger dans l'eau froide. C'était vraiment divin.

Je finis par lui dire : « Bon. Je ne sais pas si j'ai la bonne réponse mais elle me paraît faire l'affaire. Seulement, je veux te prévenir avant de quelques petites choses. D'abord, je pense que le mieux pour toi est de rester dans l'ombre le temps que je devienne roi. Cela ne devrait pas être long mais une fois que je serai sur le trône, j'aurai de plus grands moyens pour te protéger. Je ne veux pas qu'il t'arrive quelque chose, je t'apprécie et le lien nous unira encore bien plus. Ensuite, tu auras une place privilégiée dans ma vie et je ne compte pas te faire du tord. Je sais que certains hommes abusent de leur orine, sexuellement, physiquement, psychologiquement. Je ne suis pas comme ça et je ne te ferai jamais rien qui te déplaira. ». Surtout que Masha ne serait pas forcément ravie de savoir que je m'amusais à traumatiser mon orine, elle qui était la première défenderesse des femmes et qui m'avait juré une fidélité à toute épreuve lorsque nous nous étions mariés. Cela dit, puisque je devais être roi, je devais quant à moi ne pas respecter cette fidélité pour le moment. C'était purement stratégique. « Une fois roi, tu pourras vivre à mes côtés si tu le souhaites mais je te laisserai libre de t'occuper comme tu veux. Tu pourras parcourir le monde, vivre des aventures, t'instruire, rencontrer des gens, te lier d'amitié, d'amour. Si tu as besoin de quelque chose, tu n'auras cas me le demander sans avoir peur, je te contenterai. Bien sûr, je risque de te demander quelques petites choses aussi mais si tu ne veux pas, tu auras cas me le dire. Je ne considère pas les orines comme des esclaves mais plus comme des amies et des confidentes. Peut-être que tu pourras m'accompagner lors des réceptions, ma femme ayant décidé de se faire passer pour morte aux yeux du monde le temps de prendre le trône des alfars. De ce fait, je me sentirai moins seul. ».

Je me levai, conscient que si je devenais roi, le fait que ma femme soit « morte » risquait de me placer en tête des bons partis à prendre. Seulement, si Yûki était à mes côtés, les femmes se calmeraient. Je ris à cette pensée, attrapant une serviette pour me sécher. Je m'avançai vers elle après l'avoir enroulé autour de ma taille pour ne pas la choquer. Une fois à ses côtés, je reformulai l'énigme : « Vivant sans souffle, froid comme la mort, jamais assoiffé, toujours buvant, en cottes de mailles, jamais cliquetant... le poisson? ». L'instant de vérité comme qui dirait. Enfin, avec Mitsuko, j'avais développé un certain don pour répondre aux énigmes vu que celle-ci en raffolait et s'amusait à m'en poser assez souvent.