Je me tenais au beau milieu des terres arides, attendant Arkham à qui j'avais envoyé une lettre afin qu'il me rejoigne pour récupérer son âme. Depuis que j'avais rencontré Zélia après mon retour de l'antre des marais, elle m'avait forcé à vivre à ses côtés, m'installant dans sa propre demeure, jouissant d'avoir dans son lit ce qui était sensé appartenir à une déesse. Je lui avais bien sûr raconter, cette femme se plaisant dans un fantasme malsain. Tant mieux car, si cela pouvait servir mes intérêts, je n'avais rien à y redire. Alors, quelques jours après mon retour j'avais envoyé la lettre suivante au sorcier :

« Cher Arkham.

Je suis un homme de parole et comme tu as dû en entendre parler, je suis à présent l'amant officiel de notre chère reine. J'ai quelque chose à te remettre, la chose que je t'avais promis de retrouver. Viens me rejoindre dans deux nuits aux terres arides, nous pourrons y discuter tranquillement.

A bientôt, Jun. ».

La situation ne pouvait pas être mieux agencée car j'avais un pied dans la hiérarchie de ma race, Zélia passant des heures à discuter avec moi de certaines de ses stratégies, comme si nos ébats sexuels signifiaient aussi que nous devions partager des choses d'une manière intellectuelle. D'ailleurs, la journée qui avait précédé mon rendez vous avec le sorcier, je l'avais passé dans la chambre de la reine, celle-ci m'invitant à différents jeux, me posant de multiples questions. Elle qui me paraissait si impressionnante auparavant me faisait maintenant vaguement penser à une adolescente venant de trouver le grand amour. Si elle pouvait croire que c'était moi, alors je serai sans doute le plus heureux des hommes, en attendant de pouvoir lui démontrer que tel n'était pas le cas. Lui faire croire que j'étais fou d'elle n'était pas bien compliqué, même si, dans mon esprit, je ne pensais qu'aux moyens de la tuer, tous les moyens existants, toutes les méthodes. Néanmoins, elle devait avoir bien plus confiance en moi pour se livrer davantage, pour me montrer des choses qu'elle n'avait révélé à personne d'autre auparavant. J'attendrais car, après tout, je n'avais pas la puissance nécessaire pour la battre pour l'instant. Il fallait que j'organise mon jeu d'échec, que je trouve ses faiblesses et que je manipule un ensemble dans l'ombre pour attaquer ensuite d'une façon fulgurante en plein jour. Pas si facile que cela mais j'avais été fait pour trouver toujours la façon de sauver Mitsuko... alors je pouvais utiliser mon esprit stratège à d'autres fins, les miennes.

J'entendis un bruit près de moi, souriant en voyant qu'Akham venait d'apparaître dans les ombres. J'allais tout lui raconter, sachant pertinemment que comme j'avais son âme, et aussi le moyen de la lui reprendre – même si j'allais bien me garder de le dire – il m'écouterait et me serait fidèle à l'avenir. J'allais lui parler du groupe de nains et le moyen si intéressant qu'ils m'avaient donné pour les contacter de nouveau à l'avenir. Mais, avant, j'ouvris la boîte, son âme disparaissant dans son corps, englobant de nouveau son esprit. Une promesse de réaliser, chose qui ferait sans doute dire à certains que je n'étais pas si horrible que cela. Oui, c'était encore vrai, j'avais sans doute un fond légèrement bénéfique, mais, bientôt, il disparaîtrait totalement, uniquement fabriqué par magie pour m'éviter toute erreur due bien souvent au mal, le mal qui forgeait l'arrogance, l'impatience, toutes ces choses qui étaient maudites quand on jouait à un jeu comme le mien. Fixant le sorcier, je lui souris avant de lui souffler :

« J'ai beaucoup de choses à te raconter... ».

J'allais même lui parler de cette inconnue qui m'avait ensorcelé, peut-être la mère de mon enfant. Tellement de facteurs, tellement de choses qui ressortiraient plus tard. Demain sera un autre jour, pluvieux pour ceux qui se mettront en travers de mon chemin.

Fin.