Suigyoku garda un bon moment les yeux baissés, se sentant à la fois honteux et craintif face à ce qui l’attendait dans sa nouvelle vie. Lorsqu’il les releva, il se retrouva face à ceux flamboyants de sa future Reine, se sentant littéralement transpercé par celui-ci. Il n’aurait pas été surpris si la jeune femme lui avait affirmé qu’elle pouvait lire dans ses pensées.

« - Vous n'êtes pas sûr de réussir à accepter ce que vous êtes devenu? D'accepter votre nouvelle race et votre nouvelle vie, n'est ce pas? Beaucoup d'Elémentals ont été transformé et subissent à chaque fois des doutes comme vous en ce moment. Les autres sont ce qu'on appelle des Elémentals de sang pur, ceux qui sont né de parents Elémental et le sont donc à leur tour. Eux n'ont pas ce problème de s'accepter comme ils sont, contrairement à nous. Je ne peux pas vous aider plus sur ce chemin, car c'est à vous et à vous seul d'accepter ce que vous êtes désormais. Votre Elément protecteur est ce qui va le plus vous aider je pense...Du moins c'est ce qu'il en a été pour moi. Les flammes ont toujours été là pour me rassurer et un feu s'est toujours allumé de son plein gré pour me réchauffer le cœur, écouter le vent et faites lui confiance. Cela vous aidera d'abord à accepter que ce dernier fait maintenant partie intégrante de votre vie et par la suite, d'accepter votre nouvelle vie. »

L’Elémental du Vent eut une exclamation à peine perceptible à la déclaration de Takias. Elle avait si bien saisi son ressenti… Ses craintes. Il espérait d’ailleurs qu’elle disait vrai, qu’un jour il parviendrait à s’accepter tel qu’il était, à aller de l’avant, à se rendre utile pour son peuple et même pour d’autres personnes, comme la rousse l’avait été pour lui. Le vent… Il l’avait toujours apprécié, et même avant de devenir un Elémental, il avait la sensation que l’air faisait partie intégrante de lui, de sa vie. Là était la chose la moins difficile et pénible à accepter pour lui.


« - Pour ma part j'ai encore beaucoup à faire. S'il reste des créatures comme celles ci, je les tuerais. Mais ma place est à Aeden auprès de mon peuple. Je ne peux plus me permettre de courir sans arrêt les routes des Terres du Yin et du Yang sans remplir mon devoir politique. Mais vous vous le pouvez. Et je vous fais confiance. Je sais que vous pourrez réussir à éliminer ses choses pour votre peuple, mais aussi pour vous. Si vous doutez de quelque chose ou que vous avez besoin d'un asile, sachez que les portes d'Aeden comme celles de mon palais au Volcan vous seront toujours ouverte quelle que soit la situation. »

Suigyoku resta un long moment silencieux. Il était vrai que sa situation lui permettait de découvrir les terres du Yin et du Yang comme il le désirait, sans attache ni obligation quelle qu’elle soit. Il était cependant bien triste de devoir d’ores et déjà dire adieu à sa nouvelle amie mais il comprenait parfaitement que son rôle était bien trop important pour se permettre de s’éloigner d’avantage de son royaume. Ce fut donc avec un pincement au cœur qu’il s’inclina doucement face à elle, et lui répondit avec un timbre de voix dans lequel se lisait une certaine tristesse :

« - Je ne vous remercierai jamais assez pour votre patience ainsi que pour votre aide. J’espère… De tout cœur que nous nous reverrons et peut-être que ce jour là, je serai capable d’être un appui pour vous. Je le souhaite sincèrement. Je verrais où mes pas me conduiront, mais j’ai l’intuition qu’ils feront se recroiser nos routes. Je ne vais pas vous retenir, même si je le voudrais… Je sais que vous parviendrez à protéger notre peuple de ces créatures comme d’autres choses… Vous êtes une incroyable personne. Alors… Ne nous disons pas adieu, mais juste au revoir. »

Il salua également les dragons tandis que Midori se précipitait vers eux pour certainement en faire de même alors que son maître esquissait un sourire triste mais soulagé. Oui… Tout se passerait bien. Il n’avait pas le choix de toute façon, alors… Il devait y parvenir.