Les rayons flamboyants du soleil se couchant passaient entre les arbres de l’endroit où la marche sans but de Suigyoku avait conduit ce dernier. Cependant, malgré la beauté du paysage de ce qui devait être un parc, l’homme se sentait comme envahi par un profond malaise en observant le lieu. Pas âme qui vive aux alentours, pas le moindre son, comme si même la nature avait peur de ce que renfermait cette un peu trop paisible étendue de verdure. S’avançant avec la plus grande prudence, il finit par remarquer ce qui devait être un enfant au loin. Mais cet enfant n’avait plus rien d’humain, de ce qu’il distingua. Du sang plein la bouche, il semblait poursuivre un pauvre animal ayant osé s’aventurer non loin de lui. Qu’est-ce que cela signifiait ? Tandis qu’il se posait la question, une terrible odeur parvint jusqu’à ses narines, et il dut se plaquer une main sur la visage, révulsé, et s’éloigner le plus loin possible de – il ne savait trop quoi – pour y échapper. Et subitement, Midori quitta son épaule, fuyant vers le fond du parc. Paniqué à l’idée de le laisser se promener seul dans un endroit visiblement hostile, celui aux cheveux verts partit à sa poursuite, soucieux, et finit par tomber sur une volière. Le petit polisson voletait devant les ouvertures, regardant ses congénères pour le moins agités. Apparut alors une vieille femme, au visage rassurant mais aux traits tirés par la fatigue. Il devina qu’il s’agissait de la responsable, et s’approcha doucement pour ne pas l’effrayer. Elle lui sourit, voulant à l’évidence entamer la conversation, mais se figea subitement, les yeux rivés sur quelque chose se trouvant derrière son visiteur qui se retourna. A présent face à lui se tenait… Il ne savait toujours pas quoi, mais c’était horrible. Des monstres hideux, à l’odeur fétide, qui s’avançaient en leur direction. A vue d’œil, ils devaient être cinq ou six. Le jeune homme fit signe à la femme de se tenir en retrait tandis que Midori regagnait son épaule, poussant un petit cri de colère contre les nouveaux arrivants. Toutefois… Suigyoku ne savait que faire. Il possédait bien quelques pouvoirs mais… Il ne savait pas s’en servir.

Conscient que ces créatures ne partiraient pas d’elles-mêmes, Suigyoku dégaina son katana et s’attaqua à deux des monstres les plus proches. Il aurait fait n’importe quoi pour ne pas avoir à se servir de ses pouvoirs, malheureusement, son don au sabre n’était pas vraiment meilleur. Quelque peu désemparé, il manqua la crise cardiaque lorsque descendirent du ciel… Des dragons… Un plus gros que l’autre qui se débarrassa des zombies restants. Sans voix, il les fixa, la bouche légèrement entrouverte de surprise, se tenant toujours devant la vieille femme au cas où. Mais ces bêtes ailées n’étaient pas seules. Lui tombant sous le nez, une jeune femme aux cheveux et aux yeux rouges flamboyants. Il se sentait comme transpercé par son regard, comme si elle pouvait lire en lui. Et il n’avait pas tout à fait tord. Lorsqu’elle lui tendit la main, son discours confirma sa pensée.

« - Takias Mirsaalak. Future Reine des Elémentals. Il semblerait que j'ai affaire à l'un de mes confrères que je n'ai pas encore rencontré. Est ce vous qui avez ôté la vie à ces vils créatures dans le but de protéger cette dame? »

Pour le moins prit de court, celui aux cheveux verts remit son katana dans son fourreau et serra la main de celle se nommant Takias en tremblant légèrement. Encore personne à part les gens de son village ne savaient qu’il était un élémental et en réalité, il aurait espéré pouvoir passer à travers ce genre de révélation. Mal à l’aise, il finit par entourer sa propre taille de ses bras, les yeux baissés, et acquiesça à sa question.

« - Oui… Qu’est-ce que… ? »

Qu’étaient ces choses ? Il n’en avait jamais vu auparavant, et il espérait bien ne plus jamais y avoir affaire. Malgré tout, sa gentillesse naturelle réapparut aussitôt et il fit signe à « la Future Reine des Elémentals » de lui accorder un instant. Il se retourna vers la responsable de la volière, les mains jointes sur le cœur.

« - J’espère que vous n’avez rien… »

Il attendit une réponse affirmative puis se retourna vers sa sauveuse.

« - Merci beaucoup. J’aurais été incapable de tous les vaincre, je… Midori ! »

Le petit oiseau s’était précipité vers les dragons, faisant des ronds autour d’eux, visiblement très curieux.

L’homme aux cheveux verts fut très étonné de la réaction de l’un des deux dragons. Celui-ci et son compagnon semblaient beaucoup s’amuser. Cela le soulagea profondément, il eut craint que Midori ne soit transformé en casse-croûte.

« - Ne vous inquiétez pas. Hestia ne ferait pas de mal à une mouche, soyez en sûr. Elle est très curieuse, certainement autant que votre oiseau il me semble. Au fait c'est moi qui doit vous remercier. Si vous n'aviez pas été là, je doute que cette dame aurait pu vivre encore un peu. Nous n'aurions pas été assez rapides, je le crains. Mais vous avez été là.. Ce fut d'ailleurs un grand acte de courage de votre part. Croyez moi, je sais combien il est difficile de se battre en étant transformé en tout autre chose que ce que vous étiez avant. »

Il ouvrit la bouche, poussant une légère exclamation, mais se ravisa à l’idée de répondre. Il n’était pas prêt. Tout cela était encore un peu trop récent pour lui pour pouvoir en parler normalement, même avec une de ses congénères bien que celle-ci soit plutôt avenante envers lui. Il tourna alors les yeux lorsqu’il vit la vieille femme s’approcher de Takias.

« - Merci bien jeunes gens. Je ne sais pas quelles étaient ces immondes créatures, mais peut-être pourriez vous m'en dire un peu plus approchez vous s'il vous plaît. Je tiens à offrir le thé à mes sauveurs, approchez! »

Suigyoku sourit à cette bien gentille dame. Il était soulagé qu’elle ne soit pas blessée, cela aurait pu se transformer en drame… Il jeta un œil à Midori mais celui-ci semblait en pleine « conversation » avec le dragon nommé Hestia, et il jugea donc bon de les laisser. Il aurait certainement la possibilité de garder un œil sur lui là où la femme les emmenait. L’endroit était très agréable, et s’il n’avait pas vu ces zombies, celui aux cheveux verts n’aurait jamais imaginé qu’un parc aussi beau puisse être aux mains de telles créatures. Il s’assit bien sagement face à la jeune femme aux cheveux roux, lui adressant un sourire timide.

« - Je vais vous chercher du thé et des gâteaux, ne bougez pas, je reviens de suite. »

Ce fut alors comme si les deux élémentals avaient eu la même idée au même moment. Suigyoku se retourna pour suivre leur hôtesse du regard, lorsque Takias interrogea son second dragon.

« - Kolio, est ce que...

- Non, je viens de vérifier il n'y a personne autour de la maison ni même à l'intérieur. Pour le moment en tout cas. »

Soulagé, il se remit en place sur son siège.

« - Et puis je connaître votre nom? C'est toujours pratique de pouvoir mettre un nom sur un souvenir qui sera peut-être un jour lointain.

- Oui, excusez mon impolitesse. Je me nomme Suigyoku Naoe, et mon compagnon se nomme Midori. Je suis enchanté de faire la connaissance de l’un… Des miens. » dit-il en plaçant une main sur sa poitrine et en inclinant légèrement la tête en guise de salut.

La vieille dame revint avec le thé et les gâteaux qu’elle leur avait promis. Il la remercia d’un sourire, et se pencha sur les douceurs, les mains jointes devant lui. Certes, il était un grand garçon, mais parfois il pouvait retomber en enfance… Quand on le prenait par la nourriture. De plus, il n’avait pas bu de thé depuis qu’il avait quitté son village. Et ce fut vraiment de bon cœur qu’il en prit une tasse.

Suigyoku but une longue gorgée du liquide chaud, posant ses yeux sur Takias, occupée à dévorer une tartelette. Lorsqu’il reposa sa tasse, le jeune homme se repencha sur les gâteaux, hésitant sur lequel prendre, mais finit par se décider pour une part de gâteau au chocolat. Toutefois, alors que son stress commençait à redescendre, la responsable de la volière reprit la discussion sur ce qu’il venait de se passer.

« - Bon. Pourrais-je en savoir un peu plus sur ces créatures... elles me font peur, je ne vous le cache pas. Mais j'aimerais vraiment savoir...!

- Ce sont des sortes de morts-vivants. Ils ont été transformé et chacune de leur morsure vous transforme vous aussi en monstre. C'est pour cela qu'ils sont si dangereux...! »

Le silence qui suivit fut lourd. Suigyoku baissa les yeux, ne sachant trop comment réagir. Cependant, sa curiosité l’emporta, et il releva la tête pour demander :

« - Comment cela a-t-il put arriver ? D’où viennent-ils ? Je veux dire… ! Ils ne peuvent pas sortir de nulle part. »

Toute cette histoire était encore très floue pour lui. Il craignait surtout que d’autres de ces zombies ne reviennent s’en prendre à leur hôtesse lorsque tout deux auraient tourné le dos. Comme si de rien n’était, Midori revint vers eux et se posa sur la table pour venir tremper son petit bec dans la tasse de son maître. Lui aussi avait enduré quelques pénibles émotions avec cette aventure, il méritait bien une petite récompense. Une fois fait, le volatile sautilla vers la responsable de la volière, la fixant, comme s’il se posait des questions.

Il se mit à manger son gâteau en fixant Takias. C’était plus nerveux qu’autre chose, il n’avait pas réellement faim, bien au contraire, il était même dégoûté par tout ce qu’il venait de voir… Et ne se rendait pas compte qu’il allait encore plus l’être avec la révélation de la jeune femme.

« - J'ai défendu Aeden durant trois jours, contre l'attaque de ces créatures ignobles. J'ai vu certains archers de mon peuple se faire mordre sans avoir de séquelles apparentes, puis deux jours plus tard, ils se transforment, n'ayant envie que de chair fraîche. Ils se jettent alors sur tout ce qui bouge, les hommes, leurs camarades, leurs femmes, leurs enfants. Ils deviennent zombifiés et n'ont plus de cœur ni d'âme. Aeden est une Ile cachée protégée par de puissantes barrières magiques, il était donc très peu probable que ces monstres privés de toute intelligence puissent réussir à y entrer. Et pourtant ils y étaient. Pas des centaines, des milliers, qui ne cessaient d'affluer. Lorsque nous en terrassions des centaines par dragons, une autre vague arrivait, marchant sur les cadavres sans sembler s'arrêter. Cela dura deux jours, jusqu'à ce que je décidais de retourner à la source, de voir d'où il venait. L’Ile est protégée par magie et perdue dans le Berceau Cristallin, il était impossible qu'ils soient si nombreux à y être entrer. La cause de ces malheurs sont en fait des Sorciers. C'était un Adepte de la Magie Noire qui avait brisé les défense magique de la ville des Elémentaux et qui les attirait jusqu'au centre protégé du château avec de la chair humaine. Nous pensons que ce sont des Sorciers qui auraient créer ces abominations et les aurait répandues dans les Terres du Yin et du Yang, leur armée se serait par la suite renforcée en ne cessant de transformer des humains et d'autres races, victime de leurs morsures. Ils ne cessent de s'accroître, tandis que nous autres chefs de race, ne cessons de les combattre et de chercher un antidote qui nous permettrait de soigner nos sujets transformés... »

Suigyoku reposa lentement sa petite fourchette alors que Midori, qui avait évidemment tout compris, s’était littéralement figé. C’était juste… Incroyable, impensable même. Cela dit, il ne connaissait quasiment des autres races, mais à entendre la demoiselle rousse, les sorciers étaient des êtres maléfiques et cruels. Un peu sous le choc, il s’imagina minute par minute les scènes venant de lui être décrites, pâlissant légèrement, et préférant rester silencieux de peur de dire quelque chose d’inapproprié. Il se sentait désolé, et concerné par le sort d’un peuple qui n’était que depuis récemment le sien. Un peuple dont il ne savait absolument rien, dont il n’avait rencontré aucun membre à part celle se tenant devant lui. La vieille femme semblait à la fois terrorisée et attristée par ce récit, tout comme lui. Il avait beau être un homme, il n’en restait pas moins… Un « homme » avec des émotions, un peu à fleur de peau parfois. Savoir que des personnes innocentes étaient devenues des monstres et que personne ne pouvait encore rien faire pour arranger cela le travaillait énormément. Il leva doucement son index et frotta la petite tête de son oiseau afin de le rassurer, en pleine réflexion. Un élémental ne sachant encore pas se servir de ses pouvoirs tel que lui pouvait-il vraiment se rendre utile dans une telle situation ? Il en doutait, mais il se devait de poser la question.

« - Takias… Puis-je être d’une quelconque utilité ? Je me rend bien compte que vous êtes certainement suffisamment entourée pour cela, mais si jamais… »

Il ne savait même pas comment réellement formuler sa question. Tout ce qu’il savait, c’est qu’un jour où l’autre, il allait bien devoir finir par se faire à ce qu’il était devenu, et de ce fait à se mêler de son peuple d’une manière ou d’une autre. Il lança un regard doux et rassurant vers leur hôtesse, comprenant son inquiétude. Il faudrait la mettre en sécurité avant de partir…

« - Où que vous soyez, et quoi que vous pensiez, à partir du moment où vous combattez ces abominations, vous servez votre peuple. Je peux avoir besoin de vous peut-être à Aeden, ou dans l'Antre Enflammée. Mais je pense qu'en tant qu'imprégné, c'est à vous et à vous seul de décider. Si vous souhaitez vous rendre à Aeden pour défendre notre ville, vous y serez le bienvenu. Si vous souhaitez vous rendre au château, l'Antre Enflammée, au Volcan Ardent, pour le défendre ou aider les familles et les orphelins vous y serez aussi le bienvenue. Mais si vous souhaitez découvrir les Terres du Yin et du Yang, et chercher des réponses à vos questions en abattant les monstres et en aidant ceux qui sont dans le besoin. Une fois encore, vous y serez le bienvenue. Vous êtes utile, quoi que vous puissiez en penser. En débarrassant nos Terres de ces monstres, même si personne n'est là pour vous féliciter. Vous êtes utile, croyez moi. Bien sûr, si vous cherchez refuge, mon château au Volcan vous est grand ouvert. »

Etrangement, ses mots lui firent chaud au cœur. Peut-être avait-il sa place dans ce peuple finalement. Il ne savait pas s’il pourrait réellement combattre quoi que ce soit dans son état actuel, mais une chose était sûre : il ne laisserait pas des personnes innocentes en danger se faire tuer, quelle qu’elles soient. Il pensa à nouveau aux zombies, se demandant vraiment comment de telles horreurs avaient pu être crées et apparaitre si subitement. De plus, à écouter les dires de Takias, ces monstres envahissaient toutes les terres du Yin et du Yang. Poussant un soupire, il préféra laisser ce qu’il était en train de déguster, trop abattu pour poursuivre, et se leva lorsqu’il vit la jeune femme rousse en faire de même, se demandant si elle allait s’en aller comme ça, ou…

« - Je peux peut-être faire quelque chose pour vous, si une autre attaque de zombis survenait, je peux installer un portail magique vous menant vers mon château, vous et votre volière. C'est un système complexe que je peux néanmoins créer, vous vous retrouveriez dans les jardins intérieurs de l'immense palais. Vos oiseaux auront la compagnie de leurs semblables de toutes races et vous serez comme dans un parc géant. Cependant je ne peux pas vous y envoyer tout de suite. Peut-être que les zombis ont été éradiquer et que ceux ci étaient les derniers, aussi il est préférable que vous restiez ici et n'utiliser ce portail qu'en cas de besoin si vous le souhaitez, bien sûr. »

Suigyoku écouta attentivement ce qu’elle venait de dire. Un portail magique… Peut-être un jour pourrait-il en faire de même s’il s’entrainait suffisamment. Mais pour cela, il fallait déjà qu’il s’accepte, et ça… Toutefois, il était très impressionné par la description de ce sort, et vit sans surprise la vieille femme acquiescer. Soulagé à l’idée qu’elle serait en sécurité, celui aux cheveux verts les suivit toutes les deux, et se permit, en s’approchant de la volière, de venir caresser quelques oiseaux afin de les rassurer, Midori se joignant à lui dans des piaillements vigoureux. Qu’il adorait la compagnie de ces animaux. Ils étaient si réconfortants, si compréhensifs. Tout du moins à son égard, il ne savait pas vraiment de quoi il retournait avec d’autres personnes. Les oiseaux voletaient autour d’eux, et il était tellement pris par ce moment passé en leur compagnie qu’il faillit en oublier le but premier de leur venue. Il les laissa donc et se retourna vers sa futur reine, afin de la regarder faire, espérant pouvoir apprendre quelque chose. Il était persuadé que la démonstration serait très impressionnante, et que pour un novice comme lui, cela serait encore pire. Il s'imagina alors qu'un jour peut-être, s'il décidait à prendre son avenir en mains, il serait à son tour capable de protéger des gens dans le besoin.

Le vert resta en retrait tandis que Takias inspectait minutieusement toutes les pièces, probablement pour trouver l’endroit le plus approprié pour lancer son sort. Elle finit par s’arrêter dans le hall d’entrée et se retourna vers la vieille femme.

« - Je vais installer le portail ici, il vous sera plus proche en cas d'attaque et le mur est assez grand pour le soutenir. Maintenant, je vais vous demander de vous reculer un peu... »

Suigyoku prit doucement la femme par les épaules et l’écarta loin du champ d’action de la rouquine, mais de manière à ce qu’elle puisse voir toute la scène. Il s’agissait après tout de son lieu de travail, et même plus sentimentalement, il aurait été impoli de l’empêcher de voir chacun des gestes de la future reine. Il observa chaque action, chaque détails de la cérémonie, impressionné, mais également effrayé et inquiet pour sa nouvelle connaissance. Le rituel semblait particulièrement éprouvant pour elle, bien qu’il soit impératif vu la situation. Il fut émerveillé malgré tout par la beauté du sort, par ces étranges petits serpents de feu voletant et se jetant sur les murs de la bâtisse. Le final fut encore plus éblouissant, l’explosion faisant trembler tout ce qui se trouvait autour d’eux malgré qu’aucun dégât ne sembla avoir été fait. Takias s’effondra alors au sol, épuisée comme l’avait supposé celui du vent, qui se précipita vers elle afin de l’aider au moins à se tenir assise contre le mur où elle s’était appuyée. Il était très inquiet pour elle, mais ne dit rien de peur de la blesser dans son orgueil. De plus, il ne savait pas soigner les gens, à part faire un bandage de base, rien de bien utile en soi.

« - Keuf... Vous n'avez rien à craindre, ... le portail magique vous transfèrera vous et vos oiseaux.... Vou n'aurez qu'à passer dedans et tout ira bien...keuf... »

La dame aux cheveux grisonnant sembla soudainement soulagée de savoir que elle et ses petits pourraient s’enfuir au moindre souci. Suigyoku quant à lui, posa de manière hésitante sa main sur l’épaule de l’Elémentale du Feu, lui lançant un regard appuyé afin de savoir si elle désirait malgré tout de l’aide. Jamais il n’avait vu une telle chose. D’ailleurs, jamais il n’aurait pu imaginer que de tels sorts pouvaient exister… Avant de devenir lui-même possesseur de pouvoirs étranges. Il admirait le courage de la jeune femme. Vraiment. Il était certain au fond de lui qu’elle ferait une reine admirable, juste et courageuse et qui défendrait son peuple ainsi que les autres envers et contre tous, quoiqu’il puisse arriver, et au péril de sa vie.

Suigyoku eut une vague exclamation de surprise lorsque Takias se leva, n’arrivant pas à croire qu’elle le puisse dans son état. Il l’aida du mieux qu’il le put, hésitant à la toucher toutefois, doutant du coté approprié ou non du geste. Une fois debout également, il la vit saisir une petite fiole et en boire le contenu. Une potion de soin, probablement, il l’espérait pour elle tout du moins. Le sourire de la jeune femme le fit légèrement rougir, mais il le lui rendit sans hésitation.

« - Et bien, voilà qui est fait. Je dormirais mieux ce soir après cela, et j'espère que vous aussi. Je suis navrée mais je crois qu'il va falloir que je vous laisse! En partant je vérifierais que le parc n'abrite pour le moment plus de morts-vivants, afin que vous ayez quand même quelques instants de répit.


- Merci beaucoup! Je ne sais pas comment j'aurais pu faire sans vous... Et vous aussi monsieur, vous avez terrassé plus d'un zombis devant moi et je ne l'oublierais pas... »

Sur ce, la jeune femme à la crinière flamboyante prit le chemin de la sortie, sous les yeux du vert qui la suivit, frottant du bout de l’index la tête de Midori. Il était temps pour lui de reprendre son chemin… Bien qu’il ne sache en réalité pas où il se rendait exactement. Mais alors qu’il avait mis un pied à l’extérieur, la voix de la vieille femme lui vint aux oreilles, le faisant se retourner.

« - Attendez!!! Attendez!!! Ces rubans permettent à vos compagnons animaux de soigner vos blessures, ils s'adaptent par la magie à toutes tailles de compagnons. Il faut qu'ils le portent sur eux, soi autour de leur cou, ou de leur taille, ou sur une de leur patte, ou encore leur queue, s'ils en ont une. C'est pour vous remercier, tout deux, de ce que vous avez fait pour moi. De toutes façons, je n'en ai pas l'utilité, mes oiseaux en ont déjà tous un à leurs pattes, c'était les deux seules qui restaient... »

En s’approchant, l’Elémental du vent découvrit une boîte dans laquelle se trouvaient effectivement deux magnifiques rubans. Son regard devait parfaitement exprimer sa surprise lorsqu’il en entendit l’utilité. Jamais il n’aurait cru que de tels objets existaient ! Voyant que la rousse en prenait un, il tendit doucement sa fine et pâle main et en fit de même avant de l’attacher à une des petites pattes de son oiseau. Le tissu se rétrécit alors aussitôt, s’adaptant à la perfection à la physionomie de l’animal. Le jeune homme crut entendre Takias « débattre » avec ses dragons de qui aurait le sien. Visiblement ravi de son cadeau, Midori s’envola, et retourna « parler » avec ses nouveaux amis, probablement pour leur dire au revoir alors que leur maîtresse se retournait.

« - Alors, Midori est-il heureux de son cadeau lui aussi?

- Apparemment oui. » dit-il en tournant la tête pour remercier leur hôtesse de ce présent.

Une fois fait, il baissa légèrement les yeux, et attrapa machinalement l’une des décorations de son kimono, qu’il tripota, mal à l’aise, avant de reprendre.

« - Vous… Vous allez poursuivre votre voyage pour sauver les nôtres ? Personnellement… Je ne suis pas sûr de… »

De parvenir à accepter tout ce qu’il venait de lui arriver.

[Ca ne fait rien, je comprend ^^]