Elles étaient donc arrivées en plein cœur de la fête. Masha lui tenait le bras s'appuyant un peu sur elle, elle devait être épuisée, mais elles l'étaient toutes deux. Aya avançait donc avec elle, admirant le travail fini. Elles avaient vraiment eu de splendides idées et maintenant que tout cela était en place elles ne pouvaient qu'être fière de leur travail. Aya était heureuse de voir que la fête battait son plein. La place n'était pas encore pleine mais il y avait déjà beaucoup de gens qui dansaient et riaient en cœur. Les guirlandes de fleurs et les décorations en tout genre illuminaient la ville de mille couleur éclatantes. Tout était vraiment parfait et elle en était plus que fière, elle n'avait jamais pensé que cela rendrait aussi bien à vrai dire. Elles pouvaient maintenant s'amuser elles aussi et profiter des convives qui promettaient d'être nombreux. La jeune femme avançait au bras de Masha, admirant les personnes qui les regardaient en souriant, elle rendait les sourires et faisait la révérence à certains passants. Alors qu'elles avançaient une petite fille leur passa devant les jambes manquant de les bousculer puis vint s’engouffrer dans les jambes d'une autre demoiselle. Les enfants étaient heureux et cela faisait chaud au cœur. Aya pensa soudain à son fils, se demandant si Astaroth viendrait avec lui, si elle aurait la chance de le voir, de se rendre compte du beau garçon qu'il était devenue. Elle n'était pas une mère modèle mais malgré son silence au fond elle était une mère tout de même, elle se posait des questions, s’inquiétait puis se rassurait en se disant qu'il était entre de bonnes mains. Et puis contrairement à certaines femmes, elle n'avait peut être pas son enfant avec elle mais elle n'était pas égoïste à vouloir le trainer partout avec elle pour se soulager la conscience, elle préférait avoir le rôle de la méchante et le savoir heureux où il était.

Elle s'approcha du buffet et prit une coupe de champagne, elle attendait en regardant autour d'elle afin de peut être voir quelqu'un qu'elle connaissait. Alors qu'elle allait s'adresser à Masha qui se trouvait juste à côté d'elle , elle remarqua que celle-ci surveillait un homme du regard. Elle semblait totalement figée, fixant cette personne comme si elle le connaissait où pensait le connaitre. Aya retraça vite le chemin de son regard pour se rendre compte que l'homme qu'elle fixait c'était Yuki. Pendant l'espace de quelques secondes Aya se demanda si elle savait pour lui, s'il l'avait déjà vu et s'il lui avait dit qui il était réellement.A en voir le visage de Masha elle pouvait juger que non, car dans son regard d'or elle pouvait vite constater qu'elle se posait mille questions. Elle avait un pressentiment et Aya ne savait trop quoi faire. Elle se dit que peut être si elle lui présentait il lui dirait où ferait en sorte de dissiper ce doute, ou alors devait-elle l'occuper et chercher à attirer son attention sur autre chose. Cependant, elle ne savait que la divertir ne marcherait pas, connaissant la détermination de son amie , elle savait que vouloir l'écarter de lui ne ferait que l'intriguer encore plus et la pousserait à bousculer les choses. Aya prit donc une décision. Elle prit Masha par la main et s'approcha de Yuki avec un grand sourire sur les lèvres.

-"Bonjour Yuki. J’espère que la fête vous plait, il faut dire que nous avons fait en sorte que ce soit le plus parfait possible. Et puis avec la reine des Anges et celle des fées, ainsi que le roi des Elfes nous ne pouvions que réussir cette fête."

Aya avait prononcé son prénom de façon à faire comprendre à Masha qui il était, mais pas réellement. Si elle devait savoir, ce serait à lui de lui dire. En effet, Aya tenait parole et ne révélait jamais les secrets, surtout lorsque c'est une personne qu'elle apprécie qui le lui demande. Elle aussi avait des secrets bien gardés et elle savait à quel point c'était désagréable de les voir révéler par d'autres personnes. Elle présenta Masha afin d'engager la conversation entre eux et peut être ainsi dissiper le doute chez elle.

-"Yuki je vous présente Masha. Masha voici Yuki, c'est un ami, nous nous sommes rencontré aux terres arides. N'est-ce pas?"

Elle fit un petit clin d’œil des plus discrets afin de faire comprendre à son interlocuteur que s'il fallait mentir elle le ferait. Après tout ils finiraient bientôt par être réunis à nouveau au château de l’Échiquier, alors peut être ne souhait-il pas que Masha soit au courant de se qu'il avait traversé entre temps.

Madame Mimme

La reine jouait de tout son cœur. Cela faisait un an jours pour jours qu'elle n'avait pas joué avec un tel engouement. Elle était tellement heureuse de partager cette fête avec d'autres races et de se rendre compte que d'autres étaient heureux de voir arriver le printemps. Elle savait bien que pour les autres cette fête n'était pas aussi symbolique que pour sa race et celle des elfes mais au moins ils étaient là pour les festivités et c'était déjà touchant de pouvoir le constater. Elle soufflait avec entrain dans sa flute enchantée. Jouant avec son les mélodies qui avaient été choisies par l'orchestre. Elle les connaissaient toutes et les jouaient à la perfection. Il faut dire qu'après toutes ses années elle c'était perfectionnée et désormais elle était reconnue comme la meilleure joueuse de flute traversière. C'était un véritable bonheur de voir les enfants danser et courir sur la piste de danse, de voir les couples s'enlacer puis tournoyer au rythme de la musique entrainante. Elle aimait ce jours, il était si parfait, si poétique que jamais il ne faudrait l'oublier. Elles se devait de faire en sorte de garder cette coutume et de continuer à fêter le printemps. De fêter la naissance des fleurs, le renouveau de la nature et la beauté de la vie qui revient.

Elle était debout bougeant son corps au rythme de la musique. Elle bougeait dans une gigue en délire, dansant gaiment tout en sifflotant amoureusement. Elle aimait, elle jouait, elle dansait et rien ne pouvait ternir cette magnifique journée ensoleillée. Le printemps, le seul jours de l'année où la terre entière est heureuse de vivre, où tous les gens sourient et sont heureux de partager quelques instants de plaisirs simple et heureux. La joie se lisait sur les visage, elle émerveillait les cœurs tristes et rallumaient la flammes des couples éteints. Le printemps c'était la renaissance, c'était la véritable âme de la vie. Elle descendit de l'estrade et alla se mêler à la foule lâchant quelques instant sa flute, la gardant dans une main puis attrapant quelqu'un par le bras. Elle se mit à tournoyer au rythme de la musique puis tourna jusqu'à trouver un autre bras. Dansant avec tous ses gens, ne cherchant pas à les connaitre, tout se qu'elle voulait c'était partagé, aujourd'hui les races, les noms, les conflits n'existaient pas. Tout ce qui existait c'était la joie qui les unissait à l'unissons.

Elle attrapa les mains d'une enfant dansant avec elle gaiment, souriant à pleines dents et sautillants avec entrain. Elle la faisait tourner sur elle même puis la laissa danser pour aller en trouver un autre. Elle ne cessait de danser et alors qu'elle tournoyer au cœur de la place elle leva les mains dans un geste vif et là comme tombant du ciel, une pluie de petite pâquerette recouvrit les gens autour d'elle. Tout était parfait, et elle ferait en sorte que cela le reste. Sa légère robe de mousseline multicolore virevoltait au rythme de ses pas, faisant de l'espace qui l'entourait un magnifique arc en ciel de printemps. Elle était radieuse et ceux qui la croisait ne pouvait que danser avec elle et lui sourire avec joie et entrain.

Pour le moment, dissimuler son identité était plutôt chose facile. Les personnes présentes semblaient totalement absorbées par leurs activités et Lison aussi d'ailleurs. Observer! Cette activité des plus simple qui demandait aucune chose matérielle, si ce n'est les yeux, passionnait L'orishala depuis toute petite. Elle avait tellement développé cette faculté qu'elle voyait des choses que les autres ne voyaient pas. Cela lui permettait de se vider l'esprit.

C'est ainsi qu'elle reconnu au loin, une femme, plus précisément une drow qui était venu à son mariage. Elle avait dû la consoler, mais cela n'avait pas très bien marché. De toute façon Lison avait du mal avec les drows et un petit frisson de dégout lui parcourra l'échine à cette vision. C'était plus fort qu'elle, cette sensation lui venait à chaque fois qu'elle voyait cette race.

Elle en profitait également pour discuter avec son fils pour savoir s'il allait bien et s'il ne s'ennuyait pas trop. En effet, la jeune mère n'avait plus temps d'emmener son fils à l'aventure alors qu'il adorait ça et cela la frustrait un peu. Elle espérait que ce n'était pas trop son cas.

Au bout d'un petit moment, elle vit approcher une femme qu'elle n'avait jamais vu. Celle-ci avait les yeux qui pétillaient d'une étrange lueur. Toutefois, Lison n'hésita pas à lui sourire quand elle les salua. Que voulait-elle exactement? Il est vrai que l'orishala s'était assise là pour être tranquille, mais elle était à une fête après tout, on était là pour faire des rencontres et elle n'allait certainement pas repousser cette femme.

Seulement, quand l'inconnue se présenta, tous les sens de Lison se mirent en éveil, ou plus précisément son pouvoir de révélation. Cette femme venait de mentir sur sa réel identité. L'orisha fronça les sourcils car elle était tout de même partagée. C'était comme s'il y avait une part de vérité dans ses dires. En effet, le pouvoir de révélation était complexe. Quand une personne mentait et qu'elle était parfaitement consciente de son mensonge, alors son pouvoir fonctionnait à merveilles. Cependant, lorsqu'une personne mentait, mais qu'elle en avait pas tellement conscience, son pouvoir ne fonctionnait pas toujours comme il le fallait et il lui arrivait de ne pas détecter le mensonge. Cette fois, son pouvoir semblait être encore plus partagé. Dans tous les cas, Lison était sûr d'une chose, cette femme ne disait pas toute la vérité sur son identité.

Lorsque que cette dernière prononça le nom du jeune magicien, cela ne fit que préciser les soupçons de la jeune reine qui fronça encore plus les sourcils, plus suspicieuse que jamais. La demoiselle voulu se rattraper en s'enfonçant encore plus dans son mensonge. Lison aurait sûrement été sèche dans ses moments là, n'aimant pas vraiment qu'on lui mente de cette façon. Elle avait prit l'habitude de connaître toujours la vérité et lorsqu'elle se rendait compte qu'on lui mentait, cela lui hérissait le poil. C'était d'ailleurs de cette manière qu'elle devinait les mensonges. Néanmoins, quelque chose la bloquait. Cette femme avait beau mentir, ou du moins en partie, son pouvoir d'empathie et de contrôle des énergies lui disait que cette femme n'était pas ici dans de mauvaises intentions. Elle semblait vouloir passer un bon moment et elle avait même peur d'être exclue en quelques sorte. Enfin, c'est ce que Lison en déduisait. Elle semblait mal à l'aise, mais emplie de bonnes intentions. Ainsi, Lison ne savait absolument pas comment réagir si ce n'est, continuer à froncer les sourcils en regardant cette femme. Ce fut donc Sunny qui répondit en premier :

« Oui c'est nous Madame! » Dit-il en souriant. Mais lui aussi avait remarqué le visage soucieux de sa mère et il sembla hésité à en dire plus. Il lui jeta un regard interrogateur et sa jeune mère finit par lui sourire et ce fut elle qui répondit finalement.

« J'étais assise là dans l'espoir que l'on ne me reconnaisse pas afin de profiter de l'ambiance de loin...me reposer un peu... Apparemment c'est raté... » Dit-elle d'une voix à la fois douce et désolé en regardant au loin. Lison était finalement sereine. Ces quelques minutes à contempler les gens l'avait calmé et elle avait enfin trouvé les mots pour répondre à cette étrange femme sans être trop sèche. Toutefois, elle fronça de nouveau légèrement les sourcils pour accuser l'inconnue du regard. « Mais visiblement je ne suis pas la seule à vouloir cacher mon identité... N'est-ce pas? » Elle avait clairement fait comprendre dans son attitude qu'elle la visait elle, sans se montrer forcement méchante.

Je rebondis sur la personne que je venais de percuter puis finis mon chemin dans le sens opposé où j'étais arrivée, par terre. Pour l'occasion, Yoyo m'avait acheté une jolie petite robe vert amande qui semblait être exactement faite pour s'unir avec mes yeux de la même couleur (deux grands yeux), et la couleur un peu rouille de mes cheveux. Si j'avais une remarque à faire sur mon moi de plus tard, c'était que je trouvais dommage que ma couleur de cheveux ce soit perdu avec le temps. Mais pour le moment, je n'avais que cinq ans et mon futur était devant moi, alors peut-être que je pourrai changer ce détail!

J'atterris donc sur les fesses, ma bouche en cul de poule, une mine étonnée sur le visage. Mince, j'étais tombée...que devais-je faire? Pleurer? Cela semblait être une bonne solution comme ça je me ferai remarquée et les gens s'occuperaient sans doute de moi. Mais le problème c'est que si je faisais ça, peut-être que Yoyo voudrait que l'on rentre et moi je ne voulais ça pour rien au monde! Après tout, cet endroit était si beau! En plus, pour une fois que je pouvais me mêler à la foule sans que mon démon protecteur ne soit mort de peur. C'est vrai que nous autre les humains étions des cibles potentiels et surtout, faciles à atteindre. Je savais tout cela malgré mon jeune âge parce que c'était nécessaire à ma survie. Après, il y avait d'autres choses que j'ignorai mais il s'agissait plus de détails ainsi que la confrontation à la mort. Yoyo essayait de me préserver, préserver l'enfant qui était en moi, ce regard innocent et ces pensées naïves. Il ne voulait pas me priver de mon enfance même si le monde qui entourait les humains était froid et sans merci.

A terre, mes yeux encore plus grands que d'habitude, je regardai une femme se tourner vers moi, me demandant si je ne m'étais pas fait mal. Bon, je devais me montrer courageuse. Je n'avais rien en plus, même si mes fesses me faisaient un peu mal, mais ce n'était pas grave. J'attendis un peu, réfléchissant à mes blessures avant de prendre la main de ma sauveuse et de me relever. J'étais petite par rapport à elle et je dus donc lever la tête pour pouvoir la voir et lui parler les yeux dans les yeux. Yoyo m'avait toujours dit que c'était mal élevé de ne pas regarder la personne à qui l'on parlait, alors je mettais un point d'honneur à respecter ses consignes à la lettre. Je lui fis alors un sourire :

« Non ça va, merci! C'est de ma faute, ze ne regardai pas où z'allais! »

Yoyo m'avait aussi appris la politesse et je me présentais donc à la jeune femme :

« Ze m'appelle Violette, Violette cinq ans! »

C'était une manie chez moi de toujours rajouter mon âge après mon prénom, même si bientôt, j'aurai six ans en fait. Mais cela n'était pas encore fait et comme disait Yoyo, cela ne servait à rien de se vieillir lorsqu'on était jeune pour ensuite essayer de rajeunir une fois plus âgée. Je ne comprenais pas trop où il voulait en venir mais bon, je faisais ce qu'il disait! Je finis par remarquer un détail bizarre chez la personne qui était face à moi, ouvrant de nouveau des yeux ronds :

« Vous z'avez des grandes oreilles vous! C'est très zoli! »

Je me rendais compte que je me remettais à zozoter. Heureusement que Yoyo n'était pas dans le quartier...

Aaliah aperçu le froncement de sourcil de l’orisha, mais conserva malgré tout son sourire. Un sourire nature qu’Aaliah avait dû mal à croire qu’il s’agissait du sien… Et d’une certainement manière, ce n’était pas vraiment le sien ! Les dents nacrées qui soulignaient ses fines lèvres ne lui appartenaient pas ! En fait, rien ne lui appartenait vraiment… Cependant, elle n’avait rien volé non plus ! La magicienne lui avait volontairement fait don de son apparence afin de continuer à faire croire à son existence. L’ombre, réticente au début, avait fini par accepter. Cela lui permettait d’avoir en quelques sortes une deuxième personnalité. Du moins, en partie. Aaliah ne pouvait faire ce qu’elle voulait du visage qui lui avait été donné. Elle ne pouvait pas se comporter comme elle le faisait auparavant. Froide, glaciale et distante n’était guère le profil de Lysthe. Bien sûr, ce n’était pas évident, surtout pour une ombre telle qu’Aaliah. La vie lui avait bien souvent joué des tours, semant le désespoir tout autour d’elle. Et elle devait voir cela comme une sorte de revanche. Elle pouvait désormais profiter de la joie qui l’entourait, même si cela lui faisait étrangement bizarre comme sensation. Etre gentil et souriant était dans sa nature, mais cela avait été enfouis bien au fond d’elle depuis longtemps… Aujourd’hui, ce n’était pas simple de jouer sur les deux tableaux, mais par respect pour la promesse qu’elle avait fait à Lysthe, elle allait jouer son rôle jusqu’au bout…

L’ombre pouvait ressentir les émotions qui troublaient l’orisha. Elle la sentait nerveux face au probablement mensonge qu’elle avait deviné, mais aussi prise d’un doute. Il lui semblait à ce moment-là, qu’elles se ressemblaient quelques peu, victime de deux émotions distinctes. Car si l’orisha ne savait pas comme réagir face à l’ombre, celle-ci ne savait pas si elle devait se lancer dans la vérité au non… Elle ne savait si Lison se souvenait d’elle, en tant qu’Aaliah, l’ombre glacial. Et elle préférait finalement ne pas prendre de risque. Sa nature d’ombre ne lui permettait pas d’approcher les gens, et son habitude d’être glacial avec les autres était telle qu’elle ne s’imaginait pas un instant sourire avec son propre visage. Le masque lui allait bien… Tout comme la nourriture ingérer récemment. Le mélange des deux lui permettait d’être elle… Ou du moins, en partie… Mais cela, ce n’était qu’un détail. Le physique ne comptait pas vraiment, le plus important, c’était ce qu’il y avait au fond du cœur. Et le sourire du jeune Sunny, le réchauffa étrangement. Aaliah n’avait jamais eu vraiment grand-chose à reprocher aux enfants en général et encore moins au jeune Sunny qui avait été l’un des tous premiers à lui adresser la parole avec naturel, sans voir l’ombre qu’elle était.

Le petit garçon sembla hésité et leva les yeux vers sa mère. L’ombre conserva son sourire, sachant qu’il s’agissait là d’une réaction normale. N’aurait-elle pas fait pareil dans la même situation ? Cependant, elle espérait que le doute de l’orisha lui évite l’exclusion totale. Car Lison pouvait très bien la fuir, bien qu’il lui semblât que cela n’était pas vraiment dans le caractère de la jeune femme. Celle-ci prit la parole, expliquant qu’elle aurait aimé ne pas être reconnue pour profiter de l’ambiance de loin… Etrangement, cet attitude lui rappelait quelque chose… N’était-ce pas là la manière de vivre de l’ombre ? Regarder au loin… Il faut croire que les rôles avaient été inversés aujourd’hui… La sérénité de l’orisha ne dura guère longtemps, car l’ombre remarqua une nouvelle fois son froncement de sourcil. D’ailleurs, la jeune femme repris à nouveau la parole. Lison n’était pas méchante dans ses propos, mais elle souhaitait lui faire comprendre qu’elle avait deviné en partie la vérité. Ou du moins, qu’elle doutait de l’identité Lysthe… Elle n’avait pas vraiment tord... Mais elle n’avait pas raison pour autant. L’ombre ne mentait pas vraiment, car d’une certainement manière, elle était Lysthe de Nâvox. Elle avait la promesse à cette dernière qu’elle se chargerait de la faire vivre, comme elle avait toujours vécu… C'est-à-dire, une magicienne souriante et gentille. Et elle savait d’ailleurs comment réagirait la magicienne face à une telle situation…

« Oui, mais moi j’y suis mieux parvenue ! » Déclara-t-elle sur un ton taquin et avec un large, histoire d’ennuyer un peu plus la jeune femme. C’était également une manière de la rassurer. Si Lison ne souhaitait ne pas être reconnu, c’était également le cas de l’ombre. Les raisons différaient, bien évidemment, mais il n’y avait là, rien de bien méchant… L’ombre regarda la jeune orisha, se demandant comment elle réagirait face à cette innocente remarque. Chercherait-elle mentalement à en savoir plus sur son étrange attitude ou baisserait-elle les bras face à la nature plutôt rassurante de la magicienne qu’elle incarnait.

La vieille, j'avais été rendre visite, en compagnie de Lyssa à la fée qui se trouvait à Fâyris, un endroit se situant caché quelque part sur la montagne de l'Edelweiss enneigée. Mon jardin avait été brûlé depuis peu par un homme dont le visage resterait gravé pour l'éternité dans ma mémoire et c'était désespérée que je m'étais rendue vers celle qui promettait à qui la rejoindrait un don superbe, celui qui permettait de créer des fleurs. Outre ce pouvoir que j'avais acquis avec une joie non dissimulée, ma nouvelle amie fée m'avait redonné courage et confiance en moi, m'indiquant que chaque individu connaissait des peines, des déchirures dans sa vie mais qu'il devait apprendre à les surmonter. J'espérai donc reconstruire ce magnifique jardin qui avait été mien jadis et ne point m'arrêter là. Cette femme m'avait également parlé de festivités célébrant le printemps qui avaient lieux à Stenfek, en territoire Réprouvé. Je ne connaissais pas cet endroit, n'y ayant jamais mis les pieds de ma vie, mais cela me permettrait de me changer les idées. La fée m'avait dit que rencontrer du monde était une bonne chose, une expérience qu'il me fallait absolument vivre et je lui avais promis de me rendre à Stenfek le lendemain.

Le soir je m'étais rendue en compagnie de Lyssa dans la cité d'Earudien afin de trouver un abri pour la nuit. Je connaissais très bien la race des elfes, ayant eu plusieurs fois la visite de ses membres dans mon jardin. Beaucoup d'entre eux m'avaient d'ailleurs complimentés sur le travail que j'avais effectué ici, m'invitant dans leur cité, qu'ils décrivaient comme étant un endroit merveilleux, dès que j'en aurai l'occasion. J'avais donc décidé de saisir l'occasion et de revoir d'anciennes connaissances. Il me fallut peu de temps pour trouver un visage familier qui me proposa de suite de m'héberger pour la nuit. Je devins bientôt l'attraction principale, chacun souhaitant me connaître et, surtout, prendre des nouvelles du jardin que j'entretenais dont ils avaient beaucoup entendu parler. Seulement, lorsque je leur annonçais la nouvelle de l'incendie criminel du lieu, chaque elfe en fut sincèrement peiné. Ce n'était pas pour rien que l'on rapprochait souvent nos deux races, nous ressentions les mêmes émotions concernant la nature, en prenant soin, la considérant comme notre mère à tous. Mon séjour, aussi court soit-il se passa donc parfaitement bien, je reçue même une nouvelle invitation lorsque je partis le lendemain. Avec un grand sourire, j'acceptais, faisant un signe à Lyssa pour lui indiquer que l'on s'en allait. Mon étrange lapine avait été au cœur de bon nombre d'interrogations, les enfants de la cité la prenant en affection. Nous quittions donc la cité pour nous rendre à Stenfek.

En volant, c'était réellement simple de voyager et nous y fûmes en un temps record. Je ne voulais pas attirer l'attention sur moi, aussi, je ne grandis pas, restant aussi petite que lorsque j'étais née. Voletant, je me posais sur une fleur, laissant Lyssa gambader où elle le souhaitait. J'étais sûre que personne n'essaierait de lui faire du mal dans cet environnement. Je m'adressais alors à la rose sur laquelle j'étais posée :

« Cette fête a été organisée par des souverains bénéfiques n'est ce pas? »

La voix de la fleur s'éleva alors, envoûtante tout comme son parfum :

« Oui, trois souverains : les reines des anges et des fées et le roi des elfes que nous devrions bientôt apercevoir. »

« Ma reine est donc en ce lieu... »

La fleur ne répondit pas, sachant que cette remarque m'était destinée. Peut-être serait-il bien que je me rende aux côtés de ma reine afin de lui parler de ce qu'il s'était passé dans mon jardin. J'hésitais, préférant rester ici pour réfléchir, observer la foule qui se pressait autour des buffets, qui dansaient en cœur. La joie était réellement présente dans ce lieu, cela ne faisait aucun doute. Je me doutais que l'individu qui avait brûlé mon jardin n'était pas ici, pourquoi serait-il venu? Cet être détestable qui n'appréciait pas la nature. J'ouvrais l'oeil, détaillant les personnes présentes, essayant de deviner qui, parmi elles, était la reine des fées...

Madame Mimme

La reine des fées faisait virevolter sa robe de mousseline légère au rythmes de ses pas. Elle tournoyait avec élégance, dansant une gigue endiablé avec quelques passants, des hommes et des femmes de toutes races qui voulaient bien s'amuser avec elle. Elle avait beau être reine, elle n'en restait pas moins une fée, et la fête du printemps était faite pour être célébrée gaiment. Elle ne voulait donc pas rester dans son coin, respectant ainsi le protocole et ne se mêlant pas à la foule. Ici elle ne craignait rien et ceux qui étaient présents étaient tous des gens qui aimaient la nature. Elle se laissait donc aller, montrant son immense joie par sa vitalité sur la piste de danse. La charmante fée était de la taille des humains, elle ne voulait pas être écrasé au milieu de cette foule, et puis en tant que reine il fallait quand même qu'on la remarque. Lorsque la musique sur laquelle elle dansait se termina, elle décida de marquer une pause et d'aller chercher un petit rafraichissement sur l'un des stands de boisson. La jeune femme préféra de loin le jus frais d'un fruit plutôt que toutes les alcools qui ne servaient qu'à enivrer. Elle préférait mille fois s’enivrer des parfums des fleurs que de toutes ces liqueurs. Elle but donc avec élégance son verre de jus de pomme puis reposa le verre sur le bord de la table en bois. La belle reine des fées s'avança vers les rosiers qui ornaient la piste de danse. Elle avait envie de respirer leur parfum des plus sucré. Il faut dire que les roses ont une réputation vraiment connue pour leur parfum enivrants. Elles sont absolument merveilleuses, et puis les amoureux aiment se les offrir pour fêter un événement important. La rose représente l'amour, la passion, la pureté, et bien d'autres émotions.

Madame Mimme était à côté du rosier, elle allait se pencher sur l'une de ses roses pour prendre une bouffée de son parfum lorsqu'elle remarqua l'une de ses congénères qui c'était installée sur celle-ci. Elle recula donc vivement puis une fois redressée elle regardait de façon étonnée la demoiselle. La petite fée avait gardé son apparence d'origine étant aussi petite qu'une souris. La reine des fées était cependant heureuse de voir que plusieurs de ses sujets étaient présents aujourd'hui afin d'honorer la fête du printemps. Elle lui sourit agréablement puis son regards dévia sur un lapin qui lui reniflait les pieds. Elle regarda l'animal avec étonnement puis se baissa lentement pour lui caresser la tête. La petite boule de poil était vraiment à croquer, elle ne pouvait donc s'empêcher de la câliner un peu voyant qu'en plus la petite bête appréciait cette attention. Elle se releva cependant puis désignant l'animal elle prononça.

-"Il est à vous ce petit animal? Il est vraiment mignon, ce serait dommage de le perdre..."

Alors qu'elle attendait la réponse elle réalisa aussitôt qu'elle ne c'était pas présenté. Il était impoli de ne pas le faire et puis en tant que reine elle devait s'annoncer comme tel. La douce reine des fées fit donc un sourire amusé avant de dire à nouveau.

-"Je suis décidément bien euphorique aujourd'hui, j'ai oublié de me présenter. Je suis Madame Mimme, et je suis votre Reine chère demoiselle."

La réponse de l'inconnue agaça quelque peu l'orisha et elle fronça de nouveau les sourcils. Cette femme à l'apparence si gentil était-elle en train de la narguer soudainement? Peut être qu'habituellement Lison aurait réagit plus souplement, mais il fallait croire qu'elle n'était finalement pas de très bonne humeur. C'était sûrement toutes cette pression de reine qui lui collait aux basques qui l'empêchait de profiter de la fête comme il se devait. Elle n'arrivait pas à relâcher tout cette angoisse, toute cette charge qui lui pesait sur les épaules et elle devenait plus facilement irritable. En fait, elle n'avait même pas envie de répondre à cette personne. Elle était vexée qu'elle ne lui dise pas la vérité et elle n'avait pas envie non plus de lui forcer la main. Elle avait envie d'être tranquille. Cependant, cette réflexion lui mit la puce à l'oreille. C'était bien une rare fois où elle, Lison, la dynamique, celle qui aimait les gens, voulait être seule et tranquille, à une fête qui plus ait. Il fallait vraiment qu'elle se ressaisisse.

Sunny se tourna alors vers elle et lui sourit. La jeune mère ne put faire autrement que faire de même. Ce petit garçon avait le don de distribuer la bonne humeur tout autour de lui et personne ne pouvait résister à son charme. Elle tourna ensuite la tête sur l'ensemble de la fête. Avait-elle au moins observé correctement les lieux? C'était magnifique et un nouveau sourire dessina son visage. Il fallait qu'elle relâche la pression à tout prix, surtout dans un endroit pareil.

Finalement, quand elle commença à recouvrir la bonne humeur à force d'auto persuasion, elle se tourna vers cette femme qui se cachait derrière un masque et lui sourit à elle aussi. Après tout, si cette femme avait envie de se déguiser, elle avait le droit, elle s'était elle même déguisé. Le seul truc qui la dérangeait c'est qu'elle ne comprenait pas pourquoi elle ne voulait pas révéler son identité, pourquoi elle voulait la tromper elle, alors que visiblement elles se connaissaient. Est-ce que cette femme avait fait quelque chose qu'elle regrettait? Elle voulu répliquer une nouvelle fois, mais Sunny la devança. Il s'était finalement levé et comme il avait vu que sa mère ne semblait pas si en colère que ça, il avait gardé son éternel sourire sincère qui faisait fondre les cœurs. Cette femme semblait tout ce qu'il y avait plus gentille et il ne voyait pas pourquoi il refuserait de danser avec elle. De plus il n'avait plus tellement envie de rester assis à rien faire.

« Vous voulez toujours danser? » demanda-t-il un peu timidement en tendant les mains.

L'orishala se remit à sourire une nouvelle fois et décida finalement de se lever à son tour. C'est vrai que danser n'était pas une mauvaise idée.

« Vous compter me révéler votre identité, ou bien vous avez d'excellente raison de la cacher justement? Je suis assez mal placé pour vous forcer la main et nous sommes dans une fête où la bonne humeur doit régner, alors je vous ne vous harcèlerez pas avec ça, bien que j'avoue être extrêmement curieuse de connaître votre réel identité. »

Son sourire ne l'avait pas quitter. Elle avait réussis à retrouver sa bonne humeur, s'apprêtant à danser avec le premier venu et c'était plutôt une bonne chose.

« Si vous n'avez rien à me dire de particulier, je crois que je vais aller me chercher un danseur... »