Les festivités avaient déjà commencer et je m'affairais bêtement à tenter tant bien que mal de trouver un moyen de m'allier avec les elfes. Je retournai le problème dans tous les sens, mais rien, finalement je ne pus m'empêcher de me faire penser au fait que je ne connaissais que très peu leur chef. Il était grand temps pour ma race de monter un peu afin de mettre certains de mes plans à exécution. Puis alors que je me taraudais l'esprit dans moult solutions toutes aussi improbables les unes que les autres je me dis que le chef des elfes serait sûrement à la fête et que peut-être c'était une occasion unique. Je me rassis calmement dans un grand fauteuil de cuir recouvert de satin rouge devant la grande carte des terres puis réfléchis calmement. C'était un être bénéfique donc une approche en douceur était nécessaire, je me dis que j'aurai peut-être mieux fait d'y aller sans artifices et sans réfléchir trop à l'avance à des calculs politiques et c'est ce que je me décidai à faire.

Je me rendis donc dans ma chambre après avoir évité paperasses et gradés me demandant un sceau scellé par ma bague - symbole officiel de la royauté des réprouvés - ou une griffe sur pléthore de documents puis une fois arrivé je commençai à me préparer. Ma faux ne serait pas nécessaire en revanche ma canne épée - espérais-je plus dans sa fonction de canne que d'épée - me serait bien utile, quoi de plus beau et discret qu'une lame sortant d'une rose ouvragée par un artisan minutieux et soucieux du détail, c'est ainsi que tel le jardinier qui taille calmement ses roses avec passion, j'aiguisai ma lame avec pour but de m'en servir le plus vite possible, mais surtout le plus magnifiquement possible. La beauté était à la mort ce que le charisme était à l'humain, nécessaire pour égayer parfois la vie. Je mis une tenue de circonstance, des habits légers décorés de motifs accordés à mes yeux et printaniers. Lorsque je marchais ces derniers caressaient élégamment le sol et tournoyaient au gré de mes envies lorsque je voulais danser, je finis par mettre quelques bijoux, mon collier habituel, le yin et le yang, quelques bagues puis je laissai mes cheveux libre comme l'air flotter le long de mon dos, j'étais fin prêt.

Je me dirigeai donc en bas, là où se donnait la fête, lorsque j'arrivai je vis tout d'abord l'Orishala en train de discuter, puis je vis ma belle Aya ainsi que Masha en train de parler avec un jeune homme inconnu, pour finalement tomber sur Elendil, elfe éternel. Je souris et je ne pus m'empêcher de glisser à l'oreille d'Aya en passant derrière elle :

"A tout à l'heure, enfin je l'espère."

Je passai ensuite mon chemin pour me retrouver en face du chef des elfes. Je souris et tendis la main pour lui la serrer gaiement. Je dis alors :

"Elendil, ravi de vous connaître. Je ne sais pas si vous voyez qui je suis, mais je vais tout de même me présenter : Astaroth'Milel Seigneur des Deux Rives, et fondateur en quelque sorte de l'endroit où vous vous trouvez. Comment allez-vous ? La fête bat son plein n'est-ce pas ?"

Aya n'avait rien à répondu à Yuki, elle c'était contenté de sourire. Il faut dire qu'elle était bien plus préoccupée par la réaction de Masha. Elle pouvait ressentir le doute qui l'habitait. Elle semblait perturbé et agacé de ne pas savoir mettre une explication sur ses fameux doutes. Elle semblait différente, d'ailleurs cela se ressentit dans sa réponse. Elle avait répondu quelque chose des plus banales et qui n'était pas forcément utile. Vraiment étrange pour cette jeune femme si pleine d'entrain et de folie habituellement. Aya eut un petit doute, et si elle comprenait que Yuki n'était pas vraiment celui qu'il prétendait être, et si elle arrivait à ressentir ce mensonge qu'ils étaient en train de tisser tous deux. La belle déchue cependant se disait que même si le doute persistait dans sa tête, il était bien mieux pour elle qu'elle ne sache pas. Le jours ou Yuki redeviendrait celui qu'il avait été, là elle pourrait avoir une raison de lui parler. Pour le moment il était bien plus raisonnable pour ses deux personnes qu'ils s'ignorent ou n’échangent que de courtes phrases courtoises. Sentant la tension qui était plus que palpable, elle cherchait un moyen de décoincer un peu la situation. C'est à cet instant qu'Astaroth arriva, passant près d'elle dans un frôlement de textile, et glissant un tendre murmure à ses oreilles. Elle avait dans l'idée de le rejoindre plus tard, mais pour le moment elle devait s'occuper de son amie. Elle souriait toujours, un sourire de façade.

-"Dites-moi Yuki, aimeriez-vous danser? Je suis sur que Masha en meurt d'envie!" Puis s'adressant à Masha." Allez, amuses-toi un peu cela te fera du bien!"

Et oui, Aya adorait pousser les gens dans les bras l'un de l'autre. Si elle pouvait faire naitre l'amour dans le cœur des gens cela l'amuserait beaucoup. Laissant ses deux amis refaire connaissance, elle décida de s’éclipser en espérant détendre un peu l'atmosphère et leur permettre de discuter un peu plus tranquillement.

-"Je suis désolé de partir si vite, mais nous nous reverrons surement bientôt. Masha à plus tard."

Elle fit une petite révérence avec élégance puis partit d'un pas léger vers celui qui peu de temps auparavant était venu lui susurrer quelques mots. Elle ne le voyait pas au milieu de la foule et traversa donc la piste de danse en cherchant l'intéressé du regard. Elle fut invité à danser par un inconnu qui lui prit la main et enserra sa taille s'en attendre pour l'entrainer dans une valse à vous en faire tourner la tête. Elle dansa donc un peu, amusée par cette invitation des plus rapide. Puis après que la chanson fut terminée, elle remercia son cavalier et repartit en chasse de l'homme qu'elle recherchait.

L’émanation de la dénommée Oksana n’avait toujours pas changé. Elle était encore chargée de subreptices filaments noirs et pourpres qui ne signifiaient qu’une chose : la méfiance et la ruse. Cette fille devait sans doute avoir vécu des choses affreuses pour qu’elle doute encore de sa bonne foi après qu’il ait pris l’initiative de se présenter convenablement. Ou alors elle était tout simplement folle, ce qui était particulièrement sexy. La dernière fois qu’il avait eu affaire à une paranoïaque, cela remontait à la sorcière vaudou qu’il avait rencontrée pendant l’affaire du profanateur de tombes… Le genre de personnes vraiment dangereuses, prêtes à tout pour tuer, et qui se révélaient tout bonnement incroyables une fois au lit. Cependant, ce n’était pas ça qu’il attendait d’Oksana. Elle représentait pour lui une façon de faire passer le temps, histoire de rendre cette fête réellement moins embarrassante. Au lieu de cela, Blake distinguait dans son aura quelque chose qui ressemblait presque à des envies de meurtre. C’était compréhensible… Lui aussi avait envie de se tuer quand il portait ce genre de tenues.
Ce fut alors que quelque chose vint perturber leurs présentations. Une aura bien plus puissante s’approcha d’eux et même si elle était magiquement dissimulée, le pouvoir de Blake lui permit de s’en rendre compte sans trop de problème. Ses muscles se tendirent instinctivement, ses sens vampiriques s’activant par la même occasion. Si danger il y avait, il ne viendrait pas d’Oksana mais bien plus de cette personne. Alors qu’il s’attendait à voir débarquer un être malfaisant et trempé dans des arcanes plus ou moins douteuses, ce fut une femme qui apparut. Cependant, l’arrivée de la fille qui s’interposa entre eux deux fit légèrement sursauter Oksana qui renversa son verre sur la veste blanche de Blake. Celle-ci prit alors une couleur atrocement orangée, encore pire que la teinte neigeuse originale. Puis, comme si cela ne suffisait pas, la fille partit avec Oksana, le laissant tout simplement seul.

– Génial… Deux fois en une semaine, marmonna-t-il.

Blake les regarda s’éloigner tout en continuant de braquer son esprit sur Oksana encore quelques instants. La venue de la jeune fille l’avait tout d’abord effrayée puis l’avait presque soulagée. De toute évidence, il s’agissait là de connaissances… Il regarda d’un air navré l’état de sa veste. Cette-dernière était encore plus affreuse que tout à l’heure… Blake releva les yeux et se reconcentra sur la nouvelle venue. Cette fille était intéressante et étrange. Il se promit d’enquêter sur elle dès que possible, d’autant plus qu’il était certain, avec le peu qu’il parvenait à distinguer de ses émanations, qu’il s’agissait là aussi d’un vampire. Toutefois, cela restait encore à confirmer. Hélène pourrait sans doute lui donner quelques informations là-dessus, étant donnée la maitrise de l’aura qu’elle possédait et surtout, sa liste interminable de connaissances au sein de la hiérarchie vampirique. Pour l’instant cependant, il avait un problème plus urgent. Blake s’approcha d’un homme qui paraissait occupé à contempler les fleurs aux alentours. Contrairement au reste de la fête, il était en-dehors du cercle magique qu'il devinait aisément et qui protégeait l'ensemble des invités. Ils possédaient à peu près la même corpulence ce qui devrait faire l’affaire.

– Viens avec moi s’il te plait, j’ai besoin de tes conseils vestimentaires.

Sa voix avait été impérieuse et injonctive, empreinte de son pouvoir d’hypnose lâché à pleine puissance. L’agacement qu’on le coupe, pour la deuxième fois, dans une conversation avec quelqu’un couplé à la frustration d’être ici et en plus que sa tenue soit abimée avait guidé ses pas. Hélène l’avait prévenue que les pouvoirs magiques étaient réglementés dans cet endroit, cependant, il avait choisi une cible un peu à l’écart de la fête de sorte à ce que personne ne puisse le remarquer, et étant donnée la force qu’il avait induite dans ses mots, le pouvoir devrait un minimum fonctionner.
Blake, une fois sa tenue échangée avec celle du pauvre homme, revint vers le centre de la fête. Cette fois, le costume avait été abandonné au profit d’une tenue un peu moins tape-à-l’œil : un pantalon noir ainsi qu’une chemise blanche. La simplicité à l’état brut, mais au moins, il était à l'aise.

Aya c'était enfin débarrassée de son cavalier de danse, alors qu'elle partait à la recherche du Seigneur des deux rives elle fut interceptée par Takias. Une personne qu'elle était vraiment heureuse de revoir, comme toutes celles qui constituaient les Veuves Noires. Elle lui fit un charmant sourire, montrant ainsi sa joie de faire sa rencontre ici.

"Bonjour Aya. J'étais sure de te voir ici, après tout c'est la ville d'Astaroth. J'espère que tu t'amuse bien et que la fête te plaît! Tu me semblais chercher quelqu'un à l'instant. Peut-être veux tu de l'aide? Bien sûr je ne t'oblige à rien, ce n'est qu'un proposition et je comprendrais fort bien si c'est à titre personnel et que tu préfères continuer seule! C'était surtout pour te saluer!"

-"Je me devais d'être ici mais pour une toute autre raison que mes liens avec Astaroth'Milel. Et puis ce genre de choses ne suffisent pas à me faire déplacer, je ne viendrais pas à une fête si celle-ci ne m'intéresserait pas, et encore moins pour faire plaisir à un homme. En effet je cherchais quelqu'un, saurais-tu où serais..."

Elle s'arrêta soudain dans ses paroles car son regard fut soudain attiré par quelqu'un. Ce n'était pas vraiment la personne qu'elle cherchait deux secondes avant, mais ce n'était pas moins aussi important, voir un peu plus. Elle fit une bise à Takias, ne lâchant pas sa cible du regard, cette fois elle ne voulait pas qu'il lui échappe.

-"Pardonne-moi, mais je dois te laisser..."

La belle déchue partait déjà en direction de la personne en question, marchant avec assurance mais ce n'était qu'une façade. Ses mains se crispaient sur le voile de sa longue robe, tentant désespérément de se maintenir. Après avoir bousculé quelques personnes sur son passage et après avoir refusé des danses à plusieurs hommes elle arriva enfin face à lui, Blake. Cet homme qu'elle avait tant désiré revoir, qui avait disparu lors de la soirée au cabaret et avait finalement réapparu au bras d'une autre femme. Elle le haïssait pour ça mais pourtant elle ne pouvait détourner son regard de son doux visage. Le silence avait sa place entre ses deux êtres, seul leur regards parlaient pour eux. Au fond de leurs iris on pouvait lire tout ce qu'ils auraient voulut dire, mais pourtant rien ne serait dit. Aya finit par entamer un semblant de conversation, passant outre les politesses et autres règles de courtoisie, elle n'en avait que faire.

-"Serais-tu perdu? Il semblerait que ta place soit ailleurs...entre les bras de nombreuses courtisanes par exemple!"

Ses douces prunelles de saphir semblaient refléter toute la colère. Mais cette colère était dû à un sentiment bien particulier, car personne n'est jaloux pour quelqu'un qu'on déteste, il s'agit d'un sentiment donc bien plus complexe. Cette façon de parler avait était choisit, elle ne voulait pas lui sembler attacher, comme enchainée à ses pieds. Elle ne voulait pas être le boulet et encore moins l'esclave d'un homme qui n'en avait que faire d'elle plus qu'une autre. Après tout il avait su si rapidement la remplacer ce soir là, qu'elle en avait été profondément touchée. Toute cette histoire avait débutée sur un mal entendu, mais il ne lui avait même pas laissé le temps de s'expliquer, il était parti courir après d'autres jupons comme il savait si bien le faire. La laissant donc perplexe, se demandant encore aujourd'hui si toutes les fois où elle avait eut l'impression d'être plus importante n'avaient pas été que de douces illusions.