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 ● l'Éternité Nous Appartient {Naram} ●

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Dim 19 Déc 2010, 05:16



● l'Éternité Nous Appartient {Naram} ●
Acte 1 : À La Croisée des Chemins

    » Par cette chaude journée d'été, le soleil était à son apogée, brûlant sur place toute personne qui osait s'aventurer sous ses rayons. Même au pied de la mer, où le vent accordait un peu de répit aux voyageurs, la chaleur restait impétueuse et impitoyable, insupportable. Et c'est donc par journée torride que je fus allongé à l'ombre du seul arbre qui surplombait les rives de l'océan, déployait ses branches comme un éventail, offrant un abri de fortune à qui désirait se reposer à la fraicheur des ombrages. Il fallait dire que par une telle fin de matinée, ce chêne fus un véritable miracle sur ma route. Après des heures de vol avec ce soleil qui brûlait chaque parcelle de mon être, j'avais bien mérité de m'étendre sur une branche pour une sieste, loin des villes et des populaces. Hautement perchée sur le plus élevé des perchoirs supportant encore mon poids, j'étais étendue sur le ventre, une main sous la joue pour faire office d'oreiller, car oui, l'écorce n'était pas très agréable au toucher...Et pour accompagner mon repos, rien n'était comparable au bruit régulier et lointain des vagues qui venaient lécher les berges de sables fins, accompagné du sifflement timide du vent dans le feuillage du chêne. Les paupières closes, je savourai la sensation apaisante de la brise sur ma peau hâlée qui avait subit trop longtemps les asseaux du soleil, appréciait la chair de poule qui naissait le long de mon avant bras et qui descendait jusqu'à mon poignet. Le sourire aux lèvres, je poussai un long soupir d'aise. Je n'aurai su dire combien de temps il s'était écoulé depuis que j'avais rejoins la terre ferme, mais il fallait l'avouer, si l'ultime liberté pour un Ange fus de pouvoir voler, se poser quelques jours était loin d'être un supplice. Bien que l'Éther fut mon élément et que je n'aurai désiré pour tout l'or du monde être enchaîné au sol, fouler la terre quelques fois de temps à autres étaient quelque chose de jouissif, d'incomparable. Car si nous avions des ailes, grandes d'envergure et assez puissantes pour de long voyage aérien, nous disposions également de jambes, de pieds, qui réclamait de toucher terre quelques fois par semaine, voir par jour pour certains de notre race. Et au final, si Terre et Air était complètement à l'opposé, il représentait la même nécessité.

    Ce fut d'ailleurs cette nécessité qui m'obligea, quelques instants plus tard, à renoncer à mon repos pour soulager mes ailes, inertes depuis plusieurs heures déjà. Tirée de mon sommeil par l'arthrite qui commençait à naître dans mes membres aériens, je me levai souplement sur la branche, époussetai ma tunique blanche et fixai la plage qui s'étendait devant moi sur plusieurs centaines de mètres, avant de céder sa place à l'Océan d'encre qui couvrait l'horizon d'une ligne bleuté s'étendant jusqu'au bout du monde, et qui sait, peut-être plus loin encore. Envoûtée, je m'avançai jusqu'au bout de l'éminence, jusqu'à m'extirper du feuillage de l'arbre, me livrant de mauvaise grâce au soleil qui ne se fit pas prier pour réchauffer mon visage, jusqu'ici épargné. La branche grinça, se plia sous mon poids mais ne céda pas pour autant. Je regardai, captivée, le mouvement violent mais gracieux des vagues d'ébènes qui s'échouaient sur la plage blanche à répétition, comme prisonnière d'une boucle dans le temps. Au loin, aucun navires, aucun voiliers ne couvraient la ligne d'Horizon. Un silence quasi complet, enchanteur, régnait en ces lieux, comme si aucun être humain n'avait encore foulé de ses pieds ce Jardin d'Éden. Je relevai lentement la tête, laissant le vent marin caresser mon visage, agiter ma chevelure blonde cendré autour de celui-ci. Au-dessus de ma tête, le ciel était d'un bleu éclatant, aucun nuage ne parsemait sa surface clair, et les rayons n'en étaient que plus hostiles. Charmée par cette instant que j'aurai qualifié de magique, je fermai les yeux et humai l'air salé qui parsemait l'air et qui, sans doute, aurait été plus fort si je fus plus proche de l'eau que je ne l'étais. Et par cette chaleur étouffante, je fus tenté d'aller tremper le bout de mes pieds dans la mer que j'imaginais tiède à une telle période de l'année. Et comme rien ne m'empêchais d'exhausser ce souhait capricieux, j'ouvris toutes grandes mes deux ailes d'albâtres, appréciant quelques instants la brise qui agita leur plumage, et pris mon envole d'un bond souple et agile.

    Le sol se déroba sous mes pieds et le vent se fit plus violent, mais ô combien plaisant. Je sentis ma chevelure se rabattre sur mon crâne, et j'agitai puissamment mes ailes qui battaient l'air avec aisance, me propulsant de plusieurs mètres de haut en quelques secondes seulement. Puis les mouvements se firent plus lent, régulier, lorsque j'atteignis une hauteur respectable - ce qui équivalait à une trentaine de mètres d'altitude. Positionnée à l'horizontale, je regardai le sol défiler sous mes yeux à la vitesse de la lumière, et les centaines de mètres qui m'avaient séparé de la mer ne prirent qu'une minute à parcourir. Lorsque l'eau ne fut plus qu'à quelques mètres, j'immobilisais mes ailes, qui restèrent déployé, et je planai quelques instants tout en me rapprochant du sol. Puis, je me mis brusquement en position assise et battis frénétiquement des ailes en sens inverses pour ralentir mon allure. Je finis par faire du sur-place, et réduisais les battements au fur et à mesure que je descendais, jusqu'à ce que mes pieds chatouillent la surface de l'eau, puis, le bas fond. Alors seulement, je cessai mes gestes aériens, et repliais mes membres plumés dans mon dos. Comme je l'avais supposé, la température de l'eau était tiède, voir même un peu fraîche à cette saison de l'année, ce qui fut surprenant vue le soleil de plomb qui régnait de maître depuis plusieurs semaines. Néanmoins je ne pus qu'apprécié cette sensation froide sur ma peau, qui souffrait depuis longtemps de la chaleur de l'été. Les vagues se heurtaient contre mes mollets aux muscles frêles, plutôt habitué au long vol qu'au longue promenade. Le soleil étant décidément très agaçant , je me penchai pour prendre de l'eau dans mes deux mains tenues l'une contre l'autre en coupe et m'aspergeai le contenue au visage. Si cela n'aurait été des deux ailes qui reposaient à la hauteur de mes omoplates, je me serais jetée volontiers dans la gorge des Océans. Je me surpris même à envier les sirènes, reines des eaux, moi qui avait une phobie terrible de l'eau. J'y trempais certes mes pieds, mais vous ne m'aurez jamais vue y mettre plus que cela !

    Occupée à tergiverser entre l'Air et l'Eau, lequel aurais-je choisis si j'eus le choix, je ne sentis pas tout de suite la sensation d'un objet dur et froid contre mon pied, sous l'eau. Mais rapidement, mon regard descendis vers la chose en question, qui se heurtait à répétition contre ma cheville à force d'être balloté par les courants marins. Intrigué par une masse argenté qui brillait sous l'eau, je me penchai et recueillis l'objet en question dans ma paume, me redressant par la suite pour rapprocher de mon visage ce qui semblait être une sorte de coller. C'était une longue chaîne en argent où pendant une pierre bleuté, lisse et luisante, encré dans une plaque argenté aux motifs gravés multiples et incalculable. Il me semblait discerner des ailes, une rose, et toute sortes d'objets ou de symboles étrangers..Je constatai même avec étonnement que le bijoux n'avait aucune trace de rouille, et bien qu'il aurait au moins dû être un peu endommagé par l'érosion, au contraire d'être en parfait état. Je daignai enfin, après quelques instants d'inspection, lever le nez du pendentif pour regarder tout autour de moi, à la recherche d'une quelconque trace de vie qui aurait pus perdre ce magnifique chef d'œuvre dans les eaux. Mais aux alentours, tout était calme, et aucune trace du propriétaire du bijoux. Confuse, mon attention revins vers le collier, que je fixai de nouveau avec intérêt. L'idée de remettre l'objet là où je l'avais trouvé me traversa l'esprit, mais il aurait été bête de renvoyer aux tréfonds de l'Océan une telle œuvre d'art. Et c'est donc sur un coup de tête que je passai la chaîne autour de mon cou, l'attachant à ma nuque en laissant retombé le pendentif sur ma cage thoracique. Admirant mon reflet dans l'eau, je souris, satisfaite.


    « Il aurait été sacrilège de te renvoyer à ton triste sort... » me surprise à dire à l'intention du bijoux.

    J'étais bien loin du compte...

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Lun 10 Jan 2011, 02:59

    Une autre promesse
    .
    With Sayuki

    Je m'étais simplement promis, de ne plus jamais revenir sur la plage des cendres d’un monde qui brûle, des cœurs enflammés au hurlement de ceux qui haïssent. Je m’étais simplement promis, de ne plus jamais revenir là où elle m’avait retrouvé, mourant et damné, où elle m’avait recueilli, menteur et manipulateur, où elle m’avait aimé, éperdu et rongé par les ombres. Je n’avais pourtant aucune pitié mais chaque jour, son visage me revenait tel un fantôme miroitant mes sombres désirs d’une personne qui n’était pas moi ; était-elle la source du premier remord de ma vie ? La muse d’un sentiment humain, La génitrice d’une humanité qui aurait germé en moi puis, qui aurait fané, en même temps que sa propre rose. Je m’étais promis, simplement, de ne jamais revenir là où je l’avais abandonné alors qu’elle avait toujours été là, alors que le monde et ses merveilles se consument, que les hommes dansent et s’enivrent, oui.. Moi je pense bien trop à elle et me jure que je vengerai sa mort, même si cela doit causer ma perte.

    Je marchai le long de mes pensées, sans savoir où mes propres pas mènerait ma folie, prêt à croire que le destin et l’instinct avaient, d’un amour pure, donné naissance à la destination de mes rêves telle une prison d’or. Je repensai souvent à l’amulette, j’étais devenu si faible qu’il était étonnant que je puisse à l’heure d’aujourd’hui demeurer libre et loin de l’habitacle que je ne pouvais, en théorie plus quitter très longtemps. De souvenir, j’étais le seul génie à ce niveau à pouvoir rester indépendant et cela ne voulait rien dire de bon. Je connaissais les lois des génies, tout fait est postérieur au sacrifice et je connaitrai sûrement bien tôt les conséquences d’un tel fait exceptionnel. Pouvais-je vivre dans la peur que mon amulette m’appelle, au fonds de l’océan, que je sois pour l’éternité emprisonné aux tréfonds des mers déchainées sans pouvoir me libérer ? Non, aucun signe de la fatalité, du moins avant ce soir. Ce fut une étrange sensation qui gagna tout mon corps, le frisson dictant sa teneur, il m’était pourtant familier ; ce fut comme si, j’avais déjà connu autrefois, il y a très longtemps, ce même sentiment. Je sentis le vent se lever et tous mes sens s’éveiller alors. Le monde parut si sombre et si trouble que tous mes repères furent comme fauchés par la mort elle-même. Mon corps plongeait dans un vide insoutenable et je semblai dégringoler de milles étages, le sol s’effondrait sous mes pieds alors que les ténèbres étaient devenu mon paysage, je ne pouvais me raccrocher à autre chose qu’à cette crainte que tout, jusqu’à ma raison, était perdu à jamais. Devais-je céder à cet appel du néant ou bien m’y jeter à corps perdu jusqu’à ce que l’espérance reprenne à nouveau ses droits sur moi ? J’étais simplement intrigué, désirant vivre l’exalte et subir le danger. Mon corps compressé par ses ténèbres, qui m’enlaçaient sans amour, finirent par me lâcher et me laisser léger et seul, sur la plage que je redoutai tant, celle où j’avais vue ma belle et naïve mourir par ma redoutable faute, celle où j’avais vue mes rêves mourir, portés à la dérive.

    Je constatai que rien n’avait changé, que tout était comme avant, cette même odeur marine qui semblait m’apaiser me rappeler qu’elle n’était plus là, cette mélodie du tumulte des vagues, si familier, aussi l’environnement m’aurait rendu fou. J’ouvrai les yeux, comprenant que j’étais devenu bien moins humain qu’à mon départ, moi qui aurais tant voulu respecter son souvenir et ses derniers souhaits, être l’homme si bon qu’elle avait aimé et non l’apparence que j’avais voulu donner à une femme aveugle. Elle désirait tant qu’on lui redonne la vue mais celle d’un monstre aurait été un duel sentimental peu gratifiant, elle ne méritait pas ces maux inutiles, sans saveur ni dégoût. Oui je m’étais pourtant promis de ne jamais revenir sur cette plage, mais il semblait évident que le destin en ait décidé autrement, et qu’un tel voyage soit symbolique, l’amulette m’avait appelé, ma liberté conditionnelle avait été écourtée. Je marchai le long de mes pensées, chaviré par les souvenirs, l’écume de mes désirs et un simple flot d’amertume, une mélancolie qui n’avait pas sa place, parasitant mon cerveau et mon esprit.

    « Pourquoi es-tu partie ? » lançai-je à l’océan dans un silence en sanglot qui avait peur que les hommes soient tristes d’aimer. Je contemplai sans consumer ces derniers instants où je revoyais son souvenir s’effacer. Puis parti, guidé par l’amulette, vers une tout autre personne, une nouvelle aventure et une nouvelle histoire, pour un génie à l’âge millénaire qui avait déjà bien vécu.

    Je ne voyais pas tant son physique mais uniquement sa silhouette par delà la nuit. Elle avait osé mettre autour de son cou un héritage aussi rare que l’amour, aussi précieux qu’un cœur de cristal. La règle de ce pendentif était pourtant simple, une énigme dicterait un avenir commun ou sa mort proche. Elle venait de tendre le fil de sa vie sans en avoir conscience. Et l’amulette hurlait sans que personne d’autre que moi puisse l’entendre, ce bruit insupportable imposait que je m’approche d’elle. Je me positionnai alors, silencieux, derrière elle. Je la regardai fixement, sa chevelure prêtant aux fantasmes des mortels et ses ailes, un ange qui plus est. Quel beau tour que le destin me jouait. L’Eden au service de l’Enfer, voilà là un détour surprenant que l’on m’offrait sans m’avoir concerté. Après tout, la vie ne prévient jamais.

    « Il est beau n’est ce pas » dis-je alors pour manifester ma présence en parlant du pendentif que l’ange contemplait dans le reflet de l’eau. Je me rapprochai alors pour qu’elle puisse me voir par-dessus son épaule dans ce même reflet de l’eau, ne laissant que mon regard dispersé par le courant pour infiltrer doucement ses pensées. Ma voix était douce et calme, mon intonation velouté et grave à la fois. Savait-elle qu’elle venait de pactiser avec le Diable, je n’en étais pas sûre, je n’étais plus sûre de rien à cet instant. J’attendrai, un instant encore, que le destin décide pour moi.
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Dim 16 Jan 2011, 02:47



● l'Éternité Nous Appartient {Naram} ●
Acte 2 : La mer est ton miroir, tu contemples ton âme

    » Je fixai, mélancolique, ce reflet qui contrastait si violemment avec la femme dont je détenais de si lointain souvenir. Cette peau d'albâtre, pâle comme le clair de lune et sans imperfection, dont on ne pouvait deviner qu'une lame avait un jour retiré la vie. Celle que personne de son vivant ne c'était plût à effleurer chaque relief, chaque forme, chaque recoin. Celle dont personne n'avait touché la douceur satinée ou encore humé son parfum sucrée. Cette peau tiède que personne n'avait jamais réchauffé. Un corps chétif et fragile que personne n'avait serré, emporté par la passion. Et que dire du visage...Des lèvres roses et pleines, jamais caressé d'un baiser, surmonté d'un petit nez fin qui n'avait aspiré qu'à l'odeur de la liberté. Ancien minois aux traits fermés et distant dont seul la mort avait semblé apporter des douceurs, soulagés de leur maux inconnu. Un portrait immortel dont la pièce maîtresse était les deux joyaux bleu-gris qui scintillaient sous deux sourcils blonds parfaitement symétriques. D'une couleur blonde cendré était également la teinte de sa longue chevelure bouclée que seul le vent avait eu le loisir de caresser, agitant les milliers de petits fils dorés autour de sa taille de guêpe. La seule chose que j'eus gardé d'elle fut sa minceur inquiétante, rendant l'aspect de ma silhouette encore plus frêle et délicate. Elle, n'aurait jamais osée porter une si mince tunique blanche, qui aurait dévoilé ses jambes galbés aux muscles fermes que les longues journées de marche avaient taillés. Elle n'aurait jamais accepté de devoir trimballer une paire d'ailes de quatre mètres d'envergure dans son dos éternellement, qui désormais étaient des membres tout aussi important, voir plus, que mes bras ou mes jambes. Et pour finir, elle ne se serait jamais encombré de porter un bijou tel que celui qui pendait désormais à mon cou, si beau et si magnifique son aspect fut-il. Ce fut sans doute parce que j'étais à des kilomètres de cette fille-là, que je pus apprécier amplement la femme qui se mouvait dans l'eau sous les courants marin. Il fallait bien l'avouer, ce collier était bien loin de toutes les merveilles qu'ils m'avaient été donné de voir un jour.

    Soudainement, le portrait d'un homme se dessina dans l'eau, la curieuse teinte de sa chevelure océanique attirant mon regard sur son reflet. Le bleu de ses iris et de ses cheveux s'harmonisait curieusement avec la pâleur affolante de sa peau. Le portrait miroitant ne me permettant pas de cerner correctement cet étrange personnage, je fis volte-face lentement, pivotant sur mes talons bien encré dans le sable du bas-fond. Je découvris avec étonnement que l'inconnu était plus près que je ne l'avais imaginé, un mètre à peine nous séparant. La douce brise marine balayait devant ses yeux azurs sa crinière d'eau, ajoutant quelque chose de mystique à son regard déjà indéchiffrable. Ses traits doux et fins n'exprimaient aucune émotion particulière, et ce fut ce détail qui me choqua le plus, outre le fait que sa voix, un doux ténor qui résonnait encore dans ma tête, était bien loin de celles dont j'étais accoutumé. Au-delà de son physique peu ordinaire, il dégageait quelque chose de bien différent que tous les mortels que j'eus croisé : Cet individu n'était pas ordinaire, j'en étais plus que sûr. Intriguée, j'activai mon sixième sens, cherchant ses énergies, ses ressentiments, et j'écarquillai les yeux l'espace d'un instant, trop bref pour être vue à l'œil humain, de surprise en me heurtant à un mur. Pas de ces murs que les gens au mental d'acier érige autour d'eux pour prévenir les intrusions : Non, un mur de vide et de néant complet, celui que l'on perçoit lorsqu'on sonde l'esprit d'un mort. Sans émotion. Sans sentiment. Pas de souvenir, pas de rêve, pas de passion brûlante pour une muse. Non. Seulement une page entièrement vierge où des écrits avaient été effacé et qui n'était désormais plus lisible. Curieusement, je me surpris à ne pas trouver en cet homme une quelconque peine, haine, ou n'importe quel poison humain qui lui aurait, justement, donné un cœur et une âme. Je restai immobile de longues secondes, fixant son visage paisible à la recherche d'un éclaircissement. Puis, me souvenant qu'il avait posé une question qui malgré cela n'appelait pas à une réponse, je repris mon aplomb. Mes yeux s'abaissèrent quelques instants sur le pendentif, caressant du bout des doigts la pierre bleuté qui luisait sous les rayons du soleil, avant de revenir au regard pénétrant et troublant de mon interlocuteur.


    « Magnifique... » acquiesçai-je dans un murmure emporté par le vent.

    Tout en fixant son visage impénétrable, je m'imaginai tendre la main, caresser du bout des doigts cette peau claire à en faire peur, que je devinais aussi douce que de la soie. Je voyais ma main glisser sur sa joue, descendre dans son cou, m'émerveillant de la faciliter avec laquelle nos deux peaux glisseraient l'une sur l'autre, telle un pinceau dansant sur sa toile. Je me voyais arrêtant mon mouvement près de sa jugulaire, captant les battements de son cœur bien vivant, m'émerveillant de la température chaude de son corps...Je battis des yeux, incrédule, tout en reprenant conscience avec la réalité. Il se tenait toujours, immobile devant moi, en fixant d'un étrange regard le pendentif à mon cou. Les paroles qu'il avait prononcé résonnait dans ma tête, et soudainement je compris que le " n'est-ce pas " de sa question, sous entendait qu'il avait déjà vue l'objet que je venais tout juste de trouver. Je fronçai les sourcils, perplexe, et baissai les yeux à nouveau sur la chaîne d'argent froide reposante sur mes clavicules. Au premier regard, le bijou m'avait semblé exclusivement féminin, mais je devais avouer avoir eu une bien mince ouverture d'esprit : Homme comme femme pouvait bien porter des pendentifs, et surtout lorsqu'il s'agissait d'une pièce aussi belle et rare que celle que j'avais en ma possession. J'envoyai donc un regard compatissant à mon visiteur, portai mes doigts dans ma nuque et défit la fine attache en retirant précieusement le collier, le déposai dans ma main et le fixai un long moment. Je devais l'avouer, j'aurai aimé le garder. Mais au final, à quoi bon s'encombrer de bien matériel ? Silencieuse et immobile, je caressai une derrière fois les gravures uniques et multiples du talisman, m'émerveillai des couleurs riches que créaient le soleil lorsqu'il se heurtait à la surface parfaite et sans égratignures de la pierre bleuté solidement incrusté dans la sculpture d'argent. Et finalement, je tendis la main vers le jeune homme, déçus de devoir renoncer à un si bel objet mais heureuse de pouvoir redonner le sourire à quelqu'un ayant perdu pareil trésor : Car oui, je n'aspirais plus désormais qu'à voir ses lèvres roses et pleines s'étirer dans un sourire ravi.


    « Il est vôtre ? » demandai-je en enchaînant, sans attendre de confirmation.« Vous devriez faire plus attention à l'avenir. Une telle oeuvre d'art...Vous avez bien de la chance que j'eus passé précisément ici et maintenant, autrement, l'océan vous aurait ravi votre trésor.. »

    Le soleil commençait à décliner. Le ciel s'était coloré de rose et de violet, d'orange et de rouge et dessinait sur l'eau une peinture des plus gracieuses. La lune avait commencé à faire son apparition, reprenant dignement ses droits qu'elle avait laissé à son confrère quelques heures plus tôt. Les étoiles, ses fidèles servantes, n'étaient quant à elles par encore visible mais leur lumière bienveillante ne tarderait pas à éclairer le drap noir de la nuit. La chaleur commençait, elle aussi, à céder place au froid nocturne, créant une discrète chair de poule sur mes bras nues. Le vent s'était calmé et le décor tout autour de nous semblait s'être figé dans l'espace temps, comme s'il appartenait à une autre dimension, un autre monde. Même le bruit agressant des mouettes, le clapotis de l'eau ou encore les battements d'ailes d'oiseaux migrateurs s'était tu. À ce moment de la journée qui n'appartenait ni au jour ni à la nuit, il régnait un calme enchanteur et ensorcelant, qu'on aurait souhaité pour des heures et des heures. La nature prenait le temps de revêtir sa belle robe noire, d'affûter ses griffes et ses crocs pour partir à la chasse. Les proies s'étaient terrés dans leur cachette, espérant survivre une nuit de plus au dangereux jeu des prédateurs. Mais elles avaient encore le temps. Le temps n'était pas encore propice aux félins et aux loups, la clarté était toujours présente mais perdait de plus en plus de terrain sur la noirceur ténébreuse qui recouvrait peu à peu la plage de sable blanc. Et au final, il ne restait de vivant en ces lieux que nos deux âmes éternelles ; Celle d'un Ange au cœur égaré, et celle d'un vagabond au trésor retrouvé.

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Dim 13 Fév 2011, 17:46

    « Gardez-le, il est vôtre à présent. Ce médaillon, telle une bouteille à la mer, n’a eu besoin que du destin pour venir à vous. Je n’y tenais pas tellement de toute façon » et la simple énonciation du fait que je lui laissai la chose fit taire le médaillon qui hurlait d’un sifflement infernal dont j’étais l’unique spectateur, le seul à pouvoir entendre avec disgrâce cette cacophonie assourdissante qui venait de s’estomper dans le tambourinement des vagues. je la regardai l’espace d’un instant, croisant son regard fuyant et captant l’essence même de son âme. je souris alors, fier d’avoir tout saisi d’elle jusqu’à la moindre exactitude des profondeurs secrètes de sa personnalité. je vue en cela son passé, son présent, son futur. Ces choses qui n’ont de prix et qui ne peuvent être violés mais que l’on viole tout de même par curiosité maladive. Un ange, quel destin que celui-ci. Pourquoi le ciel avait-il voulu me lier à un ange ? Ces poulets que l’on faisait griller par la foudre du ciel qu’il bénissait comme des moutons aveugles et pauvres, attendant la miséricorde comme on attend que la neige tombe en hiver, comme on attend le jugement dernier. Comment lui expliquer qu’il se trouvait à des kilomètres de profondeurs dans les océans les plus reculées de ces terres, à l’abri des pilleurs et des ambitieux. Comment lui expliquer que sans le vouloir, elle a appelé le médaillon à venir à elle dans une grande détresse inexprimable mais tacite comme l’était le courage des guerriers et l’amour des femmes. Et si après tout, elle n’était pas qu’un ange comme les autres, que l’inéluctable, que la fatalité, dans son incompréhension la plus totale, aurait décidé de mouvoir nos sens et nos aprioris, vouloir changer le sens du courant, la direction du chemin à prendre, celui déjà pris.

    Mon médaillon avait toujours été différent, je le savais. Un réceptacle habituel n’allait pas lier ainsi la personne mais je le savais, il n’était pas conventionnel. Alors pendant qu’elle me le tendait, j’eus le reflexe inhabituel de, toucher l’objet, l’effleurer. Et là, le ciel s’effondra à nouveau, le sol s’éleva dans les airs, du moins j’en eus l’impression, je ne savais d’où provenait ce sentiment de déséquilibre quand soudainement je compris : toucher le médaillon m’avait fait parvenir une vision brusque et pourtant si net.

    --------------------------------------

    Je me voyais, sur une île, peinte des rayons d’un soleil resplendissant, à genou, devant une tombe. Je m’approchai alors de la projection qui avait mon visage dans un monde qui semblait vouloir retracer une phase de mon passé. Me faisant face, je regardai ensuite la tombe sur laquelle était gravée « Jun » et remarquai l’indifférence sur mon visage mêlée à une tristesse invisible. Invisible aux yeux des autres mais je me connaissais, je savais que cet air si indifférent cachait tant de larmes enfuis et je vue le pendentif que je tenais fermement dans mes mains tremblantes, serrant si forts que tout mon corps vibrait. Je ne comprenais pas pourquoi j’avais agis comme ça devant la tombe d’un certain « Jun ». Je ne connaissais aucun Jun ou du moins ne m’en souvenais d’aucun, de mémoire. Pourquoi semblai-je si déboussolé alors ? Si perdu sur cette île paradisiaque sur laquelle l’on fait habituellement rien, si ce n’est un peu de repos et de bain de soleil.

    « Tous tes sentiments ont disparu. Tu crois encore être capable d'aimer mais ça n'est qu'un souvenir de ta vie de mortel. » dit la voix d’une femme qui marqua sa présence en ces lieux, s’approchant de ma projection du passé. Celle-ci lui répondit d’ailleurs

    « Pourtant je ressens cette douleur, brûler plus que tout au fonds de moi. J'ai besoin d'extérioriser cette peine, j'ai besoin de matérialiser cette haine, aide moi, je t'en supplie, j'ai peur de perdre le contrôle. »

    « Imbécile. Tu ne dois pas pleurer pour les morts, ils ne le sauront jamais, crois-moi. Suis-moi à présent, j'ai quelque chose à te montrer. » Et je l’avais suivi, dubitatif.

    ---------------------------------

    Et la vision se troubla, me ramenant devant l’ange, sur la plage au moment du couché de soleil. Je reculai d’un pas et d’un mouvement brusque, jetai sur le sable le pendentif, aspirant et expirant comme si j’avais couru à pleins poumons. J’avais dû lui paraitre silencieux pendant quelques secondes. Je devais sembler bien bête à présent et je regardai un peu gêné la demoiselle à qui j’adressai alors un sourire.

    « De biens mauvais souvenirs accompagnent ce bijou. Il est en effet préférable que vous le gardiez, je sais qu’il connaitra un bien meilleur destin ainsi qu’autour de mon propre cou. » Puis pris le temps de repenser la vision dans laquelle mon réceptacle m’avait plongé. Une douleur nouvelle prit place en mon cœur, une douleur que je ne compris pas pour une personne que je ne connaissais pas. Jun, un nouveau nom sur la liste des mystères. Peut-être avait-il été un ami ou une femme, Jun me sembla alors aussi bien masculin que féminin, comme le bijou. Je décidai de ne plus le toucher, je sentais que ma vie avait dû être peinte de multiples événements aussi beaux que cruels, que je devais les redécouvrir avec précaution et patience.

    « Vous ne serez sans savoir que garder ce pendentif n’est pas… sans conséquence. Irai-je même plus loin jusqu’à faire mention de la notion de contrat. Le destin a décidé de vous confier ce précieux poison mais vous conviendrez qu’il n’est pas merveilleux que de par sa forme mais aussi par son contenant. Oui, mon ange, oserez-vous plonger votre regard dans le cristal de l’objet et y voir se refléter votre âme, comprendre ainsi que cette même sensation est identique à celle que vous avez lorsque vous plongez votre regard, dans le mien. Et qu’un lien puissant unie deux êtres par l’intermédiaire de l’objet dont vous êtes à présent l’unique maitresse. » je m’arrêtai là puis avançai jusqu’à la devancer et avoir l’eau jusqu’aux chevilles. Admirant l’horizon et lâchant l’ange de mon champ de vision, je continuai pourtant par lui adresser mes paroles pleines de sens.

    « Avez-vous peur de la mort, Sayuri ? » dis-je enfin, le sourire aux lèvres, lui prouvant ainsi que rien ne m’échapperait, jusqu’à son nom en prémisse de l’avenir. Je ne parlais bien sûre là pas de la mort d’un corps mortel, cape qu’elle avait déjà passé depuis longtemps. Je parlai là de la mort de l’âme, la souffrance de son corps immortel qui pouvait se réduire en cendre et n’exister, même dans les limbes. Je parlais ici de la réelle mort, celle qui ne permettait plus de vagabonder sur terre.
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Dim 06 Mar 2011, 20:22

● l'Éternité Nous Appartient {Naram} ●
Acte 3 : La mort est douce : elle nous délivre de la pensée de la mort.

    » J'écarquillai les yeux d'étonnement lorsque du revers de la main, il claqua ma paume pour chasser d'un geste paniqué le pendentif qui alla s'échouer quelques mètres plus loin. Je suivis des yeux la trajectoire du bijoux, battis des cils bêtement, avant de revenir à mon interlocuteur, le visage penché sur le côté avec curiosité, les sourcils froncés et l'air hébétée. J'avais bien capté la décharge électrique qui avait traversé son corps lorsque ses doigts avaient touché son collier, ainsi que le malaise qui l'avait suivi. Mes yeux se posèrent de nouveau sur l'objet abandonné dans le sable, puis s'abaissèrent sur ma paume toujours ouverte où le dit pendentif s'était tenu quelques instants plus tôt. Je n'avais rien sentis de particulier lorsque je l'avais eu entre les main, et pourtant lorsque j'observai les traits du jeune homme, son trouble était encore nettement visible, il était clair que quelque chose c'était produit à son contact. Advenant que le bijou était magique, ce que je supposais, cela n'expliquait pas son comportement versatile vis à vis de ceux qui en touchaient les reliefs. Toutefois il était vrai que cet homme était le vrai propriétaire de l'objet, peut-être, ou plutôt sans doute un quelconque lien au-delà de l'appartenance sentimentale liait le bijou et son détenteur. D'ailleurs, son dénis quant à reprendre possession de son bien signifiait clairement qu'il n'y tenait pas tant que cela, peut-être même cherchait-il à s'en débarrasser définitivement. En le jetant à la mer par exemple, pensai-je, et même en méditant ses paroles, je ne pus décidément pas me ranger de son avis : Il était clair que le destin n'avait aucun lien avec le fait que ce trésor se retrouve à mes pieds, intact comme s'il venait d'être fait, à l'instant même où je me trouvais en ces lieux... Tour à tour, je dévisageai l'objet naufragé, puis son propriétaire. Je me doutais bien que tout deux n'était pas ici simplement à cause du destin. Non, pensai-je, c'était bien plus que cela.

    Était donc cet objet si magnifique qui renfermait tout ses souvenirs ? Pensai-je en fronçant les sourcils avec intérêt lorsqu'il s'excusa d'un sourire gêné. Avait-il tout oublié ? Cela expliquait peut-être pourquoi, lorsque je sondais son cœur comme son âme, je ne trouvais qu'une lourde absence de tout : Sentiment ou souvenir, rêve. Rien qu'une page d'un journal où toutes les mémoires avaient été cruellement effacées. Toutefois en écoutant les cris de son cœur, je pouvais sentir la douleur de ce manque qu'il ressentait. Il semblait clair que son pendentif venait de lui fournir une quelconque information : Date, nom, évènement, ou un quelconque fait passé dont, malgré qu'il se le fit remémorer, il n'arrivait à se souvenir. Je me surpris à souhaiter pouvoir éclairer tous ses doutes, écarter toutes les appréhensions qu'il pouvait ressentir. Mais qui étais-je pour pouvoir donner réponse à ce mortel : J'étais en ces terres pour représenter le bien, ou ce qui s'en rapprochait le plus, incarner la lumière divine et faire perdurer l'équilibre sur les terres du Yin et du Yang. Si un ange aurait pus se permettre d'être en colère, j'aurais sans doute ressentis une frustration de ne pouvoir venir en aide à cet homme à la chevelure et aux yeux couleur océan. De nouveau, mon regard le quitta pour observer mélancoliquement son bijou, toujours ensabler sur la plage. Il avait parler d'un contrat, me souviens-je en me remémorant ses avertissements. De conséquences. D'un lien unissant deux êtres par ce pendentif dont je deviendrais la nouvelle propriétaire. Je fronçai les sourcils avec méfiance. Le devoir d'un serviteur des cieux étaient de venir en aide à qui en avait besoin, mais de ne surtout pas privilégié un être vivant plus qu'un autre, ne faire aucun favoritisme et surtout, ne s'unir d'aucun lien que se sois avec quiconque. Son jugement devait être le plus juste, équitable et neutre possible. Alors pourquoi ressentais-je le besoin de sauver cet homme, et surtout : Pourquoi désirais-je lui, plus qu'un autre, délivrer du mal qui le rongeait ?

    Je m'avançai vers la plage en sortant de l'eau, me dirigeai vers le bijou qui reposait toujours, abandonné dans le sable blanc. Je me penchai et le cueillis précautionneusement, craignant l'espace d'un instant de subir le même malaise que mon cher visiteur avait eu quelques instants plutôt. Toutefois à mon plus grand soulagement, rien ne se produisit, et je déposai l'objet d'argent au creux de ma paume. Je ne cessai d'être fascinée devant la perfection d'une telle merveille. Tout en caressant sa surface, je ne souvins des paroles du vagabond : Dès l'instant où je deviendrai maîtresse de ce pendentif, des conséquences surviendraient. Mais n'avais-je pas qu'à le porter autour de mon cou pour le délivrer d'un quelconque poison que se sois ? Je décidai de ne plus y penser et passai la chaîne autour de mon cou avant de sceller l'attache dans ma nuque. Si, de ce simple fait, je l'aidais d'une quelconque façon, alors ce fut sans doute le sauvetage le plus simple que j'eus jamais fait, pensai-je avec une pointe d'ironie en regardant, satisfaite, le collier qui scintillait de nouveau à ma gorge. Et soudainement, de nouveau, sa voix s'éleva dans l'air, un doux ténor comme je n'en avais jamais entendue. Je me retournai pour le voir qui se tenait immobile dans la mer, l'eau jusqu'aux chevilles en fixant l'horizon. J'écarquillai les yeux, surprise de l'entendre prononcé mon nom, mais ne soulevait aucun commentaire : À quelque part, cela ne me surpris pas : Cet homme cachait sans doute bien plus de mystère que l'océan lui-même devait dissimuler. Alors seulement, j'eus un sourire moqueur, amusée par sa question, et je m'avançai jusqu'à me retrouver à sa hauteur, de l'eau jusqu'à la moitié des mollets. Je regardai dans la même direction que lui, aussi loin que nos regards nous le permettait, et je laissai l'air marin me caresser, et le soleil qui déclinait me réchauffer une dernière fois le visage.


    « Je pense que toute personne qui a un minimum d'égard vis-à-vis l'existence des hommes, craint la mort... » fis-je d'un hochement de tête entendue. « Mais, d'un autre côté, la vie mérite-t-elle qu'on la passe à craindre sa fin ? N'est-elle pas assez courte pour que nous ne songions sans cesse au moment où elle s'achèvera ? Après tout, tout peut basculer d'un moment à l'autre, » dis-je en levant les yeux au ciel.« je ne crois pas que nous ayons vraiment le temps de craindre la mort. Elle viendra bien assez tôt. »

    Et certain arrive même à y échapper, pensai-je en fermant les yeux sur ce monde éphémère.
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Dim 27 Mar 2011, 23:33

    Regardant l'océan, une peine insoupçonnée envahissait mon corps imprenable et serrait ma gorge d'un regret certain qui ne me permettait plus de... sourire. Je perdis toute expression et on aurait facilement put croire que le temps à cet instant m'aurait fauché, je n'avais plus de couleur dans le regard. C'est alors que je fis une chose insensée suite à la réponse de la demoiselle. Me tournant face à elle, je m'abaissai pour la faire basculer d'une traite délicate ; ses jambes qu'elle croisait instinctivement épousèrent parfaitement la prise de mon bras droit qui la soutenait alors mon bras gauche faisait siéger son dos et que ses deux bras enlacèrent mon cou pour se raccrocher comme l'on se raccrocherait à une vie pendante. Sa tunique si légère se coinçait habilement dans le mouvement de mon bras pour ne pas que des formes intimes de son anatomie ne soient découvertes au soleil couchant. Je la dévisageai un instant avant avant de courir à toute vitesse, portant Sayuri avec précaution, jusqu'à ce que l'attraction de l'eau me ralentisse et alors je me mis à tourner sur moi même, l'emportant, elle, dans mon manège enchantée, riant de cette spontanéité agréable et pendant que je valsais avec l'océan, Sayuri confortablement installée, l'eau sembla se retirer autour de moi pour s’élever en une pluie de cristaux bleutés qui tombaient en un sens inverse de l’apesanteur, ce fut comme s'il pleuvait à l'envers et que les gouttes rejoignaient le ciel. Et Sayuri pouvait bien tenter d'effleurer ces gouttes éphémères, elles ressentait alors un mécanisme naturel où cette pluie n'avait besoin d'aucune autre force tiers pour s'envoler par milliers vers le paradis. Et je m'en allais à courir à nouveau alors que la mer se fissurait en deux pour nous laisser passer, le mur aqueux se faisant plus grands, le tambourinement des forces retirées de l'eau nous assourdissant presque sans que cela ne soit une cacophonie mais plutôt un catharsis inexplicable. Le sable mouillé du fond léger des eaux séparées trouvait refuge entre mes doigts de pied mais cette sensation humide et froide ne me gênait pas, je portai Sayuri avec entrain, un être qui aurait été précieux, et ce paradoxalement à mon état-d'âme aux stupéfactions habituelles.

    Puis, je m'abaissai à nouveau, laissant ses jambes se déplier pour qu'elle puisse se remettre droite et me lâcher. La laissant prendre un peu d'avance, la laissant admirer la cascade d'eau que je venais de créer au milieu de l'océan, je restai derrière elle, lui soufflant à l'oreille

    " C'est ainsi que naissent les beautés et les cruautés de ce monde. D'un émerveillement, on ferme les yeux et on est aspiré dans un rêve si beau qu'il en devient dangereux. " et mon souffle froid comme la glace laissait un léger givre sur la mèche de cheveux qui demeurait sur son oreille. Et je m'en allais à contempler, moi aussi, l'oeuvre du génie désabusé du monde. L'âme sans histoire que j'incarnai n'avait que pour seul passé, le fragment éphémère qui disparaîtrait bientôt. Notre éternité semblait être sans cesse remis en cause sans que l'instinct de survie n'en soit alerté, il avait fané avec notre vie première, celle des mortels. Et une goutte d'eau tomba sur mon visage, levant la tête, d'autres tombèrent, la pluie à l'envers venait de reprendre son apesanteur et finirent par nous retomber dessus d'une lenteur presque magnifique.

    " Sayuri. A présent tu n'es plus seule. Je me nomme Naram et je suis.. Un génie. Le pendentif que tu tiens à ton cou était, un temps, celui du Mârid. Il m'emprisonna à l'intérieur alors que je n'étais qu'un humain. " cette partie de ma vie demeurait floue dans ma tête mais je tournai la phrase de façon à ne le laisser percevoir.

    " La tradition veut que je sois à toi le temps de trois voeux. Tu as tout ton temps pour le faire et j’apparaîtrai dés que tu en ressentiras le besoin. Je serai là tant que notre contrat durera mais n'oublie jamais, s'il faille que tu désires une choses, un sacrifice te sera toujours demandé par le destin lui même pour que l'équilibre demeure. C'est une règle première qui prône chez nous. " et j'avançai vers elle d'un pas lent et doux malgré ma carrure imposante. " je suis capable d'autant de splendeur que d'horreurs, sache-le. N'aie peur de la mort, n'aie peur de moi, Sayuri, je serai le plus doux de tes poisons s'il s'avère que tu viennes à consommer les merveilles que je t'offre"

    Et je sentis comme la brise d'un vent nouveau souffler. Je sentis comme un renouveau que j'aurais connu il y a longtemps, venir me prévenir que le changeai à nouveau de route, que le destin si prévisible était à présent loin, que j'étais à présent libre. Oui, libre. Fut un siècle où je l'avais tellement désiré et où j'avais tant haïs les dieux pour cela. Kurenai en avait été témoin, et peu importe ce qu'il m'en avait coûté à l'époque, tout cela avait fini par payer. C'est alors à cet instant que je me jurai de demeurer libre, libre de mes actes, de mes choix, de mes devoirs ; je ne devais pas me cantonner aux volontés des poids supérieurs, peu importait ce que l'ombre m'avait susurrait il y a un temps, peu importait ces histoires de fragments, je n'étais pas qu'un bout de quelque chose, j'étais moi même, j'avais mes propres souvenirs à présent et ce, peu importe ce qu'il y aurait put y avoir avant. J'avais ma propre existence et bien que cette peine grandissait, que je sentais que ces femmes et ces hommes qui m'avaient entouré ne m'étaient pas inconnus, un jour je trouverai la pièce manquante et ce jour là, Sayuri comme les autres ne disparaîtront pas de ma mémoire, tout ce que j'ai vécu depuis la plage de sable fin, je m'en souviendrai éternellement, je m'en faisais la promesse.
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Dim 16 Oct 2011, 01:28

    » À cet instant où la réalité et la fantaisie se confondaient, j'en oubliais les ailes qui trônaient habituellement dans mon dos, le souffle de vie qui ne me quitterait jamais et les chaines invisibles qui me muselaient au ciel. Je redevins, pour la première fois depuis plus d'un siècle, cette simple humaine que j'avais été autrefois : Celle dont même les années n'avaient pu emporter avec elle l'âme impressionnable qui était si propre aux enfants. Des étoiles dans les yeux, un sourire béa sur les lèvres, je m'avançai dans ce couloir aux murs aquatiques, incapable de retenir le rire mutin qui s'échappa de ma bouche. Les gouttes d'eau montaient vers le ciel dans une valse des plus gracieuses, produisant un bruit léger et enchanteur qui rappelait celui du triangle. Je me risquai même à observer les parois d'eaux qui tenaient surnaturellement en apesanteur, comme si cet homme fut Poséidon et qu'au seul tremblement de sa voix, la mer s'inclinait devant lui et s'écartait de son passage. J'eus le loisir de contempler quelques bancs de poissons filer dans les coraux à ma vue, et d'autres, plus téméraires, défilèrent sous mes yeux et poursuivirent leur route. À quelques mètres à ma gauche, derrière le rempart d'eau, quelques créatures dont j'ignorais l'existence jusqu'à lors longeaient le sol, à la recherche, sans doute, de quelque chose à se mettre sous la dent. Je restai un instant subjugué par tant de beauté et de mystère, et j'allai sitôt m'enquérir de l'existence d'un pareil miracle lorsque quelque chose me chatouilla l'épaule. Je levai les yeux vers le ciel et je vis la pluie reprendre son cours normal, enfin presque, puisque cette dernière ne se pressait pas de rejoindre le sol : Elle s'écoulait aussi lentement qu'elle avait monté vers les cieux, quelques instants seulement auparavant. Je souris de nouveau, plus émerveillé encore qu'un enfant un matin de Noël. Et je me remis à rire, comme je n'avais encore jamais ris auparavant : Je tournoyai sur moi-même, les bras écarté, la tête offerte au ciel dont les larmes glissèrent le long de mes joues. Je ne me souvins pas avoir sentis pareil sentiment depuis des lustres. Je n'arrivai même pas à lui donner un nom, une signification.

    La pluie cessa quelques secondes plus tard et je m'immobilisai, ma mince tunique collée contre les formes pauvres de mon corps chétif, les cheveux plaqués sur le crâne comme si on m'avait cassé une douzaine d’œufs sur la tête. Je me tournai vers mon compagnon, un sourire timide étirant ma bouche pincée, comme gênée qu'il eut été témoin de cet instant d'ivresse. Puis, soudainement, comme si le fil du temps avait reprit ses droits, tout comme la réalité d'ailleurs, je me souvins du nom que Naram -car tel fut son nom, qui sonna étrangement familier à mes oreilles, avait énoncé quelques instants auparavant. Machinalement, mes doigts effleurèrent le pendentif à mon cou et je fus tenté, l'espace d'un instant, de l'y arracher et de le renvoyer des profondeurs d'où il arrivaient. Pas étonnant que cet objet fut à la fois magnifique et porteur d'une magie sélective : Elle était la demeure de mon génie -cette pensée m'arracha une grimace- et fut celle d'un nom que pratiquement tous connaissait et avait appris à craindre..Celui du bourreau des rêves, le maître, à la fois des illusions et des désillusions, Le Mârid. Je frissonnai, serrant le pendentif au creux de ma paume.

    Je finis par soupirer, prise au dépourvue par ce tournant que prenant mon destin et le sien, par la même occasion. À partir de cet instant, nos futurs étaient étroitement lié bien qu'au vue qu'il fut génie et moi ange, tout un monde de cruauté nous séparait. Je fus surprise de constater que cette perspective ne me refroidissait pas autant que cela aurait dû l'être. À l'idée que ceci était notre première mais pas notre dernière rencontre, je ressentais une sorte de soulagement dont je ne comprenais pas la réelle signification.

    « Je conçois très fortement que c'est pour vous éviter pareil engagement que votre...Habitacle s'est retrouvé dieu seul sait combien de temps entre les griffes de l'océan » fis-je d'un sourire taquin, contraste avec mon ton soudainement distant.

    Le feu me monta aux joues lorsque nos regards se croisèrent, et je dû m'éclaircir la gorge pour continuer.

    « Les gens racontent bien des choses à propos des représentants de votre race... Certains disent que vous êtes nées des rêves des mortels, d'autres encore croient que vous n'avez aucune identité propre, que vous vagabonder éternellement, condamné à n'être ni plus ni moins que les reflets des désirs pervers des hommes..Je ne crois en aucune de ses divagations. »

    Mes yeux s'abaissèrent sur le collier que j'avais cessé de serrer pour désormais en caresser les reliefs accidentés. La pierre en son centre avait la même couleur que les iris dangereusement fascinant du génie. Je savais qu'à partir de cet instant, chaque fois que mes yeux s'abaisseraient sur le bijou, mon esprit chérirait cet instant où il m'avait soulevé dans ses bras aussi précautionneusement qu'on l'aurait fait pour cueillir une rose de sorte me faire découvrir une merveille dont lui seul détenait le secret. Je délaissai l'objet et m'avançai de quelques pas, je m'approchai assez près pour que nos souffles s'entremêlent, formant des nuages de buée au contact de l'air marin et glacial du soir.

    « On dit que la demeure d'un homme se trouve à l'endroit où repose son cœur.. » murmurai-je en tendant une main timide vers lui.

    Elle vint se poser tout doucement sur son torse, comme un papillon se posant sur un bouton de fleur. Sous la chair, le sang et les muscles régnait un silence de plomb, constant, éternel.

    « Et vous, Naram ? » m'enquis-je d'une voix douce. « Où se trouve votre demeure ? »
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Dim 30 Oct 2011, 18:23

    " Vous avez raison. La demeure d'un homme se trouve à l'endroit où repose son cœur. C'est peut-être pour cela que je suis un éternel vagabond. Oui, je cours et j'échappe à mon destin. Mais j'ai comme le sentiment que bientôt, celui-ci nous sera révélé avec bien plus de surprises que vous ne pourrez le concevoir et ce même dans vos instants de folies les plus noirs. Vous serez mêlés à des desseins dont vous ne vous seriez doutés en vous levant ce matin car après tout, ce pendentif est d'une magie que je ne serais fort étonné que vous jouiez un rôle encore plus surprenant que les évènements à venir. Mais je peux quant à moi concevoir votre peur. Elle sera mienne tant que vous porterez le bijoux. Vos peines comme vos doutes ou plus grands moments de joie seront miens. Car si je suis vagabond, mon refuge est celui de mon maître, j'emprunte son coeur et lui redonne quand tout est fini. Son coeur bat en moi quand il souhaite. Je suis en effet, un génie un peu particulier. "

    La main de Sayuri pouvait sentir les pulsations de son propre coeur se mettre à battre soudainement dans la poitrine de Naram, une poitrine silencieuse jusqu'à lors.

    " Comprends-tu la particularité de la magie que je possède.. " même si celle-ci serait concrète plus tard, après avoir affronté le Mârid.

    " Elle me permet d'être le plus humain de tous les hommes et le plus inhumain quant je le souhaite. Je manipule ce que je vois, je ne transforme pas la matière mais seulement l'immatériel, l’irréel, les rouages du désir au creux de mes mains de génie. Dans ma voix résonne le mensonge alors qu'en réalité, je fais du monde un mensonge, il s'agit là de ma vérité. Et il n'y tient qu'à chacun d'en faire la sienne ou de la refuser. Mais le mensonge n'existe jamais vraiment, il n'est que dans la conscience de celui qui ne croit pas en ce qu'il dit. Les fous ne mentent jamais parce qu'ils ont reconstruit leur monde, les manipulateurs mentent comme ils respirent car ils ne croient plus en leur monde. Et les autres, écoutent.. Bêtement, le loup assoiffé des brebis qu'ils pourra dévorer et du philosophe qui parle dans le vide car nous préférons en général écouter le loup, n'est ce pas ? "

    Dans la tumulte des gouttes qui nous lavaient de nos pêchers, il appartenait à chacun de balayer devant sa porte ou d'enterrer ses cadavres.

    " Suis-je le loup ou le philosophe ? La différence est maigre, tu le remarqueras. Pourtant, le danger n'est pas le même. L'un ment alors que l'autre ne dit que vérité mais tous ont la même force verbale de persuasion. Difficile de les discerner. C'est par notre négligence que nous plongeons tous dans le chaos. Médite. "

    Et je repris sur le contrat qui nous lierait.

    " Peu importe ce que l'on peut dire sur les génies. Oubliez tout ce que vous savez sur nous car je suis différent d'eux. Je ne suis pas meilleur. Je ne suis pas pire. Je suis juste, à part. Votre pendentif est une boite de Pandore. Une boite qui m'a emprisonné bien des années. J'ai parfois l'impression que ce dernier a une âme et qu'il décide autour de quel cou se voir porté. J'ai parfois la sensation qu'il me guide à travers les ténèbres."

    Spoiler:
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