Pourquoi . . .

Pourquoi rien n'allait comme je le voulais?
Pourquoi n'étais-je pas capable d'être à la hauteur de mes ancêtres?
Pourquoi n'étais-je pas capable de les venger en retrouvant leur assassin?
Et d'ailleurs, pourquoi étais-je le seul survivant? le seul à rester alors que mon père, ma mère et tous les autres étaient partis . . .
Pourquoi étais-je tout simplement seul, toujours, tout le temps seul?

Un miaulement et un coup de patte me montra que ces ruminations et ces pensées sombres et déprimantes n'étaient pas du tout du goût de mon compagnon et pourtant, peut-être était-ce le contre coup de l'euphorie dûe à l'alcool qui m'avait envahi un instant plus tôt, mais je me sentais au plus mal, comme si, en ce moment même, mon esprit ne pouvait plus que percevoir uniquement ce qui n'allait pas, tout ce qui ne tournait pas rond, seulement les points négatifs de mon existence, exilant le reste dans un endroit qui m'était inaccessible, de sorte que rien ne puisse interrompre mes ruminations.

De chaudes larmes continuait de rouler sur mes joues et de sombres interrogations continuaient d'envahir ma tête lorsqu'un rire cristalin, un brin insolent , aussi léger que la brise hivernale qui soufflait en ce moment même sur le balcon, vint mettre un terme à ma solitude. Et pourtant, pourtant ce rire, bien loin de me délivrer de mes ruminations, fit naître de nouvelles pensées, de nouvelles questions toujours bien sombres et déprimante.

Pourquoi l'avais-je rencontrée?
Pourquoi sa vision me torturait-elle à ce point?
Pourquoi chaque rencontre avec elle était comme si on m'arrachait le coeur?
Pourquoi je ne pouvais me détacher d'elle, l'oublier?

Tant de questions dont je ne parvenais pas à trouver ne serait-ce qu'une bribe de réponse . . .
Et, alors que je sentais sa présence derrière moi, je fermai alors les yeux, poussant ainsi encore quelques larmes à rouler sur mes joues, comme une prière pour que, quand je les rouvre, tous mes tourments aient disparus et la damoiselle avec eux.
Hélas, une voix si douce et pourtant qui résonnait d'une façon si sinistre dans ma tête rententit, comme pour me narguer et me dire que, quoique je fasse, jamais elle ne me laisserait tranquille.

"Et bien, on peut dire que rien n'est conventionnel lorsque l'on danse avec vous."

C'était des paroles si anodines, dites sur un ton amusé et léger et pourtant elles me firent frissoner. Je reserrai alors mes paupières plus fort, comme si cela me permettrait de me concentrer suffisemment pour chasser cette voix, cette présence, transformant mes prières en véritables supplications.
C'est alors qu'une main glaçée, sa main, se posa sur mon épaule, me signifiant que ma lutte était vaine et m'infligeant un autre frisson désagréable. Et alors que cette main si douce et pourtant si froide m'invitait ou plutôt me forçait à me retourner pour faire face à Mitsuko, je rouvrit les yeux, acceptant ainsi que rien ne pouvait changer en un battement de cil. Je lui montrai alors un visage affligé et un peu pâle aux yeux rougis par les larmes.
Elle posa alors une de ses mains sur ma joue, comme pour essuyer les quelques unes qui s'étaient attardées sur mes joues. Puis me parla d'une voix douce, comme si elle cherchait à me consoler.


"Je me suis bien amusée..."

Elle marqua alors une pause, installant ainsi un silence plutôt étrange entre nous.
C'est alors que je sentis comme une intrusion dans mon esprit qui venait pour chasser mes pensées déprimantes et obscures. Mes yeux rivés dans ceux réconfortant de Mitsuko, je pus sentir que c'était elle qui, par je ne sais quelle magie, venait me secourire de toutes ces sinistres émotions.
Et, toujours avec son irresistible sourire aux lèvres, elle tourna légèrement la tête vers la salle de bal comme pour m'inviter à en faire de même. C'est alors que je découvris l'assemblée en folie en train de danser ou plutôt de gesticuler de telle manière qu'on aurait cru que tous s'était noyés dans un tonneau de vin avant de venir sur la piste.
Et alors que, n'en croyant pas mes yeux, je restais un instant fixé sur ces couples qui se trémoussaient lamentablement, la damoiselle poursuivit sur un ton mystérieusement amusé, un rien énigmatique.

"et je crois que vous avez lancé une nouvelle mode de danse..."

Cette phrase, ajoutée à la vision des aristocrates et nobles se déhancher de façon assez pitoyables, tels des ivrognes, aurait du m'arracher un éclat de rire mais pourtant, l'aspect irréel de la situation, tout comme cet intru tentant de chasser mes remords, me laissait perplexe, comme si je ne voyais que cette femme à l'origine de tout ça.
C'est alors que Kiro se mit à ronronner dans les jambes de Mitsuko, lui qui n'allait jamais vers les autres d'habitudes.

Mon visage s'assombrit, mes sourcils se froncèrent, une colère indicible commença à poindre en moi jusqu'à en devenir insupportable.
Pourquoi fallait-il qu'elle soit parfaite, que tous le monde, que dis-je, que tout l'univers entier semble s'incliner sur son passage?
Et surtout pourquoi fallait-elle qu'elle soit si forte?
Pourquoi avais-je en sa présence toujours la désagréable sensation d'être la faiblesse et elle la force? Pourquoi nos rencontre prenait-elle toujours des allures de contes où j'étais la damoiselle en détresse dont la survie ne dépendait que du bon vouloir du chevalier c'est-à-dire elle?
J'avais l'impression de passer pour le petit faiblards avec le nez qui coule et le mouchoir éternellement vissé à la main alors qu'elle était plutôt comme un grand frère fort, à qui tout réussi et qui me tapottait sur la tête en disant "ça va aller".

Assez !!!

Ces visions où à chaque fois je paraissait tout petit et dépendant d'elle qui semblait toute puissante firent monter ma colère à son paroxysme, au point que je l'extériorise. En effet, sans vraiment me rendre compte mes actes, je levai la main, comme pour la gifler. Et, je sentit alors toute la haine qui m'avait soudain envahi, ajoutée à tout mon désarroi, monter dans mon bras, comme si avace cette gifle, je lui balançerais tout ce que j'avais sur le coeur. Je sentis ma main partir vers le visage parfait de la jeune femme, porter par toute cette colère et ce mal être, si bien que je n'avais aucun contrôle sur ma force qui semblait d'un coup décuplé au point d'envoyer la jeune femme à terre.

Je vécus la scène au ralenti. Voyant ma main s'approcher de plus en plus de la joue de Mitsuko, attendant le terrible choc que j'allais lui infliger.
Et pourtant, pourtant j'en fus incapable, conservant mon rôle de faible et elle celui de puissant, si bien que je ne devais pas donner les coups mais plutôt les encaisser. Ma main s'arreta donc à quelques centimètres à peine du visage étincelant de la damoiselle. Nous restâmes ainsi sans bouger pendant un instant si long qu'il me semblait jamais ne vouloir se terminer. Puis, inexorablement, vu que j'étais celui qui ploierai éternellement et elle celle qui se tiendrait toujours droit, je baissai la main et la tête.

Quelle étrange relation . . .
Alors que tous autour de nous étaient des charmants petit couple où l'homme est le puissant et la dame celle à proteger, où le mari est maître à bord et la femme soumise à son autorité, bref des couples répondant parfaitement à un semblant de logique, nous formion un bien étrange duo, complètement contraire à ceux qui nous entouraient. En effet, elle était la maîtresse et j'étais le serviteur.
Mais pourquoi, pourquoi etais-je à ce point démunie face à elle?

Lucy croyait enfin s'être débarassé de Keron quand celui-ci lui attrapa violemment la main et la porta à la bouche. Elle comprit trop tard ce qu'il faisait pour éviter la dague qui entailla son cou, et l'empécher de récupérer quelques gouttes. Néanmoins après cela, elle le repoussa rapidement, et dans une expression de pure fureur recula de deux pas, son poignard dans la manche. Comment osait-il ?!
Elle se rapprocha de nouveau, et de rage le gifla du plus fort qu'elle pût, ce qui n'était peut être pas grand chose mais montrait au moins ses intentions. Pour être sure qu'il sentirait sa main, elle l'avait rendue incandescente. Elle l'aurait volontiers étripé sur place mais elle croisa le regard d'une patineuse, et ne renonça à se faire plus remarquer. Elle dit tout bas et très rapidement, passant soudain au tutoiement de dédain :

"C'est ça que tu choisis hein ? Cette mort là te convient mieux ? Et dire que c'est peut être quelqu'un comme toi qui m'a infligé cela ! Ne t'approche plus jamais de moi, je ne serai pas si indulgente ..."

Comme pour appuyer ses paroles, elle sortit son poignard, et d'un mouvement ample mais sec lui entailla légèrement la joue, juste sous l'oeil. Ce n'était rien, juste un fin trait rouge qui guérirait très vite,mais il laisserait à jamais une cicatrice invisible qu'elle seule pourrait encore deviner. Après quoi, sans lui laisser le temps de lui répondre, ou de la retenir, elle partit en coup de vent, retournant dans la salle de bal. Cela faisait longtemps qu'elle n'avait pas été aussi en colère. Marchant tout droit, regardant à peine devant elle pour ne percuter personne, elle traversa la salle et s'appuya contre le mur dans un coin, ruminant tous les moyens qui lui permettraient de se calmer.

Dayne

Spoiler:

Dayne venait juste de faire son apparition, au plus grand soulagement de son majordome. En fait, si le jeune homme n'était pas venu plus tôt, c'était uniquement pour éviter les multiples questions que ne manqueraient pas de lui poser ses invités. Il n'avait pas envi de trop mentir dans la soirée car, après tout, tout n'était que mensonge...pure invention et même s'il avait une vague idée de la jeune femme qu'il aimerait voir annoncé comme sa fiancée de manière officielle, il ne savait même pas si elle était venue ce soir. Pourtant il l'espérait. Simplement pour la revoir encore même s'il allait en quelques sortes se servir d'elle...oh bien sûr, pas sans son consentement...

Il passa donc le hall de sa propre demeure, l'orisha présent à l'entrée lui souriant. Le roi était vraiment élégant ce soir, d'ailleurs la gente féminine ne tarda pas à lui lancer des regards charmés. Pourtant Dayne n'en avait que faire. Il leur sourit par politesse mais il voulait avoir la paix avec ces femmes...et c'était d'ailleurs pour cela qu'il avait décidé d'organiser cette mascarade, pour cela et aussi pour une raison plus secrète d'ordre familiale.

Il monta à l'étage gracieusement, regardant autour de lui pour voir s'il la trouvait au non...elle n'état pas là. Il arriva dans la salle de bal, remarquant avec étonnement que les danseurs se comportaient étrangement. Il ne savait pas qui était à l'origine de cela mais il utilisa son contrôle des sensations pour rétablir l'ordre, cherchant des yeux cette femme...cette fameuse femme qu'il allait annoncer aux yeux du monde comme étant la sienne. Quelque part, il la plaignait car elle ne manquerait pas de s'attirer la foudre de bon nombre de ses comparses mais de l'autre, peut-être était-il heureux qu'elle apparaisse comme sa fiancé...il ne savait pas trop et il la préférait aux autres de toutes manières.

C'est perdu dans ses pensées qu'il la trouva...discutant avec un homme. Il s'approcha d'eux puis sourit à Lastraé avant de regarder Hawk d'un air plutôt...hum...peu chaleureux diront nous. Puis, doucement, il s'agenouilla devant la sirène, prenant sa main dans la sienne avant de dire :

"Je vous ai appris à danser jadis, et maintenant, me feriez vous l'honneur de m'accorder ma dernière valse en tant que célibataire ?"

Il avait dit cela sur un ton légèrement mystérieux. En fait, il avait des choses à dire à Lastraé pendant la valse, des choses importantes qui allaient surement la bouleverser. Il sourit à l'idée que la jeune femme devait avoir l'habitude maintenant, car à chaque fois qu'ils se rencontraient il trouvait toujours le moyen de la mettre dans tous ses états.

Les musiciens entamèrent une magnifique valse, comme s'ils avaient lu dans l'esprit de leur chef. Dayna attendait la réponse de la jeune demoiselle mais quelque chose lui disait qu'elle ne refuserait pas, elle était bien trop gentille pour cela.

Lastraé, encore gênée par la situation, ce laissa entrainer par Dayne au milieu de la salle ou ils se mirent à valser.
Les gestes de son cavalier était très doux, comme-ci il cherchait à la préserver de quelque chose, ou tout simplement de ne pas la choquer.
La danse débuta, et la sirène ce laissa donc guider par l'orisha, qui part acquit de conscience lui soufflait doucement le rythme des pas.
Finissant par trouver ses marques, la jeune fille ce mit à apprécier la valse et sourit doucement.
Et alors que tout semblait aller pour le mieux, Dayne ce mit alors à lui chuchoter d'étranges paroles.
Il fallait qu'elle fasse comme-ci de rien n'était et surtout qu'elle n'ai pas l'air choquée.
Choquée de quoi ?
Cette simple mise en garde lui fit craindre le pire, et par réflexe tous les muscles de son corps se tendirent.


"Bon d'accord, allez y, dit moi ce que vous voulez me dire..."

La sirène ne regretta autant jamais ces paroles que dans les minutes qui suivirent.
En effet, le discoure que lui tient l'orisha avait de quoi la choquée, car il ne voulait rien de moins que de la faire passer pour sa femme !
Totalement déboussolée la jeune fille resta bouche bée, enfin tout en essayant de paraitre normal aux yeux du monde extérieur, comme le lui avait demandé Dayne.
Le choc était quand même immense, et les compliments qui lui faisait n'arrangeait pas les choses.
A ce moment la sirène aurait tout donné pour disparaitre six pieds sous terre et oublier toute cette histoire.
Olala, elle n'allait vraiment jamais ce remettre d'une telle proposition surtout formulée de cette façon.
Heureusement que Dayne la soutenait car elle se sentait vraiment proche de l'évanouissement...

Alors qu'elle s'apprêtait à tout refuser en bloc, la jeune fille vit que le jeune homme la regardait avec de grands yeux implorant. Il semblait si désespérer, comme-ci il avait absolument besoin de son aide.
Devant un tel regard, la gentillesse naturel de la sirène ne pouvait que ressurgir.
C'est donc avec un petit soupir qu'elle répondit, non sans balbutier quelques mots incompréhensibles au début.

"Vous voulez que je fasse semblant de devenir votre femme ?
Mais pourquoi ?
Je veux dire, pourquoi avez vous besoin de vous marier et aussi pourquoi vous m'avez choisi moi.
Je ne pense pas être la personne la plus adapté pour cela...
J'arrive à peine à m'exprimer correctement en public et puis je suis beaucoup plus petite et jeune que vous et et..."

Sentant la panique l'envahir, Lastraé prit une grande respiration tout en essayant de retenir des larmes d'incompréhension.
Enfin calmer elle reprit la parole.

"Enfin, comme vous l'avez dit tout à l'heure, vous savez pourquoi vous faites vos choix...
Je suis prête à vous aider si et seulement si vous avez vraiment besoin de moi..."

Cette dernière phrase, la jeune fille l'avait prononcée tellement bas qu'elle n'était pas sur que Dayne ait put l'entendre.