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 Tous les morts ne se ressemblent pas | Parsifal

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Jakov
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Jakov
Sam 17 Aoû 2024, 00:14


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Tous les morts ne se ressemblent pas
Parsifal & Suna

Suna s’arrêta devant l’imposant manoir. La demeure des Rhoswen lui paraissait monstrueusement grande, comme une grotte capable de vous engloutir et de ne jamais vous laisser ressortir. Comme les châteaux dans les contes – sauf que ce n’était que la résidence d’une famille noble : à quelle démesure devait-elle s’attendre face à la demeure d’une famille royale ? La Lyrienne n’avait jamais quitté Yangin de son vivant : elle avait attendu sa mort pour découvrir ce qui se cachait derrière les frontières de son village et de la campagne environnante. Tout l’impressionnait et la rebutait. Tout lui paraissait trop… artificiel. Sa nation lui manquait, sa simplicité et sa familiarité réconfortante. Pourtant, c’était ici qu’elle devait se trouver, dans ce château. Cela faisait des années qu’elle cherchait la trace de son époux, mais ses pistes n’étaient jamais viables, finissaient toujours par s’essouffler comme une bougie étouffée. Les Esprits étaient omniprésents, ils épiaient les moindres faits et gestes des vivants, sans en rater une miette – être mort avait l’avantage de ne plus présenter d’obligation de sommeil et de sustentation – pourtant, obtenir des informations fiables était loin d’être une mince affaire. Il y avait ceux qui mentaient pour le plaisir de se trouver une diversion les tirant de l’ennui, ceux de bonne foi qui se trompaient malgré tout, ou encore ceux qui préféraient garder le silence. Et puis, il y avait eu ceux qui avaient accepté de parler en échange de duels, comme pour ressentir le frisson de leur vie perdue.

Un vivant traversa l’intangible. Cette dernière grimaça. Elle ne se faisait toujours pas à sa nouvelle condition et à cette invisibilité, cette inexistence, ce néant qu’elle représentait. Même si elle n’était plus capable de ressentir de sensations, elle éprouvait toujours une vive surprise et un profond désarroi en s’apercevant qu’on la traversait. Une pointe d’agacement, aussi : elle ne pouvait jamais oublier sa véritable nature. Un fantôme… La jeune femme n’y avait jamais cru. Chez eux, on racontait qu’une fois mort, on devenait une part du Grand Feu, venant alimenter la lave du volcan qui abritait Shaana. On était loin des théories de réincarnation ou de vie après la mort. Accepter la réalité, qui dépassait totalement ses croyances et convictions, avait presque été aussi difficile que d’accuser l’annonce de son décès – de son meurtre. Suna soupira, regardant d’un œil mauvais la pimbêche qui lui était passé au travers. « Un pardon, c’est trop demander ? » maronna-t-elle, parfaitement consciente que sa mauvaise humeur était vaine. Exprimer à voix haute sa frustration restait cependant cathartique.

La Lyrienne soupira. Elle jeta un regard sur la grande demeure puis s’avança dans le château, sans s’embarrasser de manières pour annoncer sa présence. Elle chercha la trace des Enfants de la nuit. Elle avait entendu parler d’un groupe de Vampires vivant chez les Magiciens. L’un d’entre eux correspondait à la description qu’elle avait faite de Dorian. Du moins, c’est ce qu’on lui avait dit, mais il restait cependant à confirmer cette théorie. La fille aux reflets cuivrés essayait de ne pas se faire trop d’illusions : elle avait essuyé tellement de déceptions qu’elle commençait à ne devenir qu’une coquille vide et lasse. Son objectif était cependant plus important que tout le reste, et après quelques crises de colères où ses flammes ne brûlaient rien, elle retrouvait sa détermination.

La fille du Feu traversa un mur. Elle tomba sur une pièce remplie de statues et d’œuvres d’arts. Son regard se porta, intéressé, devant une peinture. Elle l’observa un instant, se laissant submerger par sa mélancolie, avant de se reconcentrer sur sa mission. Elle aurait l’occasion de se prendre de fascination pour des toiles plus tard – du temps, ce n’est plus ce qui lui manquait : elle en avait toute une éternité, aussi vertigineux cela puisse-t-être. Alors qu’elle s’apprêtait à retourner chercher la piste de son époux, Suna se figea. En se détournant du tableau, elle avait aperçu la silhouette macabre d’un garçon. Des insectes pullulaient sur son épiderme, rappelant l’apparence cadavérique d’un défunt. La jeune femme n’hésita qu’un instant avant de venir se poster devant lui. « Tu es comme moi. » lâcha-t-elle pour toute entrée en matière. « Tu peux me voir, n’est-ce pas ? » confirma-t-elle alors qu’elle attirait l’attention du putréfié. « Es-tu ici depuis longtemps ? On m’a dit qu’il y avait des vampires qui vivaient ici. Montre-les-moi. » fit-elle, d’un ton directif. Se rappelant que les gens d’ici avaient tendance à aimer la politesse, elle se força à lâcher un « S’il te plait. » du bout des lèvres.
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Ludwine Rhoswen
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Ludwine Rhoswen
Mer 21 Aoû 2024, 19:01



Tous les morts ne se ressemblent pas
Suna & Parsifal



Il y avait exactement deux mille trois cent quatorze carreaux noirs et deux mille trois cent quinze carreaux blancs qui composaient le carrelage en damier de la galerie. Je les avais compté deux fois, pour être sûr, et parce que je n'avais rien d'autre à faire pour cesser de penser à la question angoissante qui me rendait complètement fou. Étais-je condamné à jamais à cette pièce ? Allais-je devenir le spectateur lugubre et invisible de la vieillesse qui prendrait mes parents un jour ? Chaque heure qui passait clouait cette certitude au plus profond de mon être pour l'envahir de pensées plus noires encore que celles qui m'avaient motivé à me passer la corde autour du cou.


Non, compter ne m'empêchait pas de réfléchir à côté. C'était comme lorsque j'étais petit et qu'il fallait compter les moutons pour s'endormir. Je n'avais jamais compris l'intérêt de cette astuce qui n'en était pas une. Aujourd'hui comme naguère, j'étais désespéré et j'en étais réduit à ces méthodes. Que pouvais-je faire d'autre ? Pleurer et supplier ne me conduisaient nulle part. Si quiconque m'entendait, il n'avait envie ni de m'écouter ni de m'aider.

Par la fenêtre, je distinguai les rangées parallèles de vignes au loin et entre elles, les têtes surmontées de chapeaux de paille des travailleurs qui s'échinaient à terminer cette journée. Pour avoir passé quelques journées auprès d'eux de mon vivant, je savais la douleur déchirante des muscles dans leur dos et la ligne migraineuse barrant leur front. Je me rappelais la morsure du soleil sur la nuque, les écorchures aux mains car je n'aimais pas porter de gants, et la sensation des grains de raisin écrasés sous mes pieds nus.

Dans ces grands baquets en bois, j'en étais une fois venu aux mains avec Ludwine. J'étais un enfant alors, et elle une adolescente. La raison de notre dispute s'était dissipée avec les années, mais je me rappelais très bien avoir chargé ma sœur et l'avoir fait tomber à la renverse. Alors qu'elle hurlait que je salissais sa robe et que j'avais ruiné son joli chapeau en dentelle, j'avais attrapé des poignées de fruits écrasés pour les lui étaler partout sur la figure et sa robe tandis qu'elle s'égosillait, rouge de fureur. En définitive, elle avait repris le dessus et avait commencé à me coller le visage dans les fruits tout en essayant de m'étrangler mais nous avions rapidement été séparés par des ouvriers. Il était rare que nos disputes prennent une telle ampleur. J'aimais Ludwine, je l'avais toujours admirée et respectée malgré ses manières précieuses et ses trop nombreux caprices. Je trouvais ses excentricités attachantes et sa générosité inspirante. Je n'avais pas peur de dire que je l'aimais plus que j'avais jamais aimé nos parents. C'est à elle que j'avais confié les premiers émois de mon cœur et vers qui je m'étais tourné les nuits où j'avais peur des monstres sous le lit.

Averti par un sens impossible à définir, je sus que quelque chose avait modifié l'air de la pièce. Je pivotai vivement et il me fallut de longues secondes avant de réaliser que la nouvelle venue me rendait mon regard. Profondément troublé, je restai sans voix, tellement pris de court que j'étais incapable de réagir. Sa prise de parole me sortit de mon hébétude choquée. « Oui. » Paradoxalement, après toutes ces semaines à attirer désespérément l'attention des vivants, je me trouvais presque effrayé d'être découvert. Intimidé, je baissai les yeux avant de les remonter aussitôt quand elle enchaîna avec plusieurs questions qui éveillèrent immédiatement ma méfiance. Ce n'était cependant pas un secret que ma famille hébergeait des Vampires depuis de nombreux mois. Il n'y avait aucun secret, sinon celui que Ludwine avait décidé de devenir comme eux. De ce que j'avais compris des bavardages murmurés par les domestiques quand ils venaient nettoyer la galerie, nos parents attendaient le bon moment pour l'annoncer à la société. Ce moment était-il arrivé ? Depuis quelques jours, le château avait rouvert ses portes les après-midis et à la nuit tombée. Je doutais que l'information reçoive un accueil chaleureux.

« Ils dorment en journée. » l'informai-je. « Pourquoi est-ce que tu les cherches ? Tu les connais ? » Le tutoiement était venu naturellement, bien qu'elle parût plus âgée et plus expérimentée que moi. Ces considérations, mortelles, entraient-elles toujours en ligne de compte désormais ? « Qui es-tu ? » J'étais curieux, et surtout, je ne voulais pas qu'elle parte tout de suite. « J'ai grandi ici. Je m'appelle Parsifal Rhoswen. Viens, je veux te montrer quelque chose. » Rapidement, de peur qu'elle disparaisse comme elle était arrivée, je la conduisis jusqu'au buste d'un jeune homme. Les traits sérieux et harmonieux, ses yeux taillés dans la pierre fixaient le lointain. Il paraissait plus âgé que je ne le serais jamais. « C'était moi. » confiai-je. À côté, un autre buste représentait ma sœur, au même âge. Auparavant, elle portait ses cheveux plus longs et le sculpteur, à sa demande, avait passé un temps infiniment long à traduire avec réalisme le retombé des mèches sur ses épaules et ses tempes. Pointilleuse, elle était restée auprès de l'artiste tout le long de son ouvrage, afin d'assurer les finitions de chaque détail. « Ma sœur, Ludwine. Elle vit ici. Tu la verras tout à l'heure si tu restes avec moi. Elle vient ici tous les jours. Tu pourras me raconter pourquoi tu cherches des Vampires comme ça, en l'attendant. » lui dis-je, plein d'espoir.

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Jakov
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Jakov
Sam 31 Aoû 2024, 08:07


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Tous les morts ne se ressemblent pas
Parsifal & Suna

Dormir en journée… Suna jeta un regard vers le rayon de lumière qui filtrait par l’une des hautes fenêtres de la pièce, peignant une atmosphère délicate qu’elle aurait pu aimer capturer dans ses peintures, à une époque. La défunte éprouva un élan de mélancolie, ressentant presque sa gorge se serrer, le pincement transperçant sa poitrine de part en part. Elle n’avait plus de corps et ne pouvait plus éprouver de sensations ; pourtant, son esprit continuait de lui jouer des tours, se remémorant sans doute les réactions physiologiques qu’elle avait autrefois associé à des émotions. Un peu comme des amputés ayant mal à un membre qui n’existait plus. La jeune femme s’approcha d’un pas dans la lumière : rien. Pourtant, elle se souvint de la chaleur venant caresser sa joue et du bienêtre qu’elle en avait tiré, du picotement brûlant qui rougissait sa peau lorsqu’elle ne se montrait pas raisonnable et s’exposait trop longuement au soleil, ou encore des points fourmillants derrière ses paupières lorsqu’elle s’amusait à regarder directement l’astre dans le ciel. Plus jamais elle ne pourrait éprouver ces sensations. Avec chagrin, son visage se déforma et son poing se serra. Cette idée était déjà suffisamment douloureuse en soi, mais Suna savait que Dorian ne pourrait plus jamais goûter à ces plaisirs non plus, et c’était peut-être ça, plus que tout le reste, qui lui était éprouvant. L’épouse ferma les yeux, et sur ses rétines sembla se peindre une scène du passé : Dorian, assoupi dans un champ à ses côtés, sa respiration sifflante berçant un brin d’herbe envahissant, la pigmentation rosée dans ses joues emplies de vie, la chaleur procurée par le soleil. Il ne pourrait plus jamais en profiter. L’ancienne Lyrienne ne pouvait plus non plus, mais c’était une condition inerrante à son statut de décédée. Dorian, lui, faisait toujours partie des vivants, ou en tout cas des non-morts. En choisissant de rejoindre les Enfants de la Nuit, il avait renoncé à toutes ces futilités du quotidien qui, lorsqu’elles vous étaient inaccessibles, devenaient de véritable trésor. « J’emmerde le soleil. Il m’a abandonné, moi aussi. » songea Suna. Pire que ça, il était celui qui l’avait privé à jamais de ces mêmes plaisirs. Une boule de colère gronda dans l’estomac de la brune, piquante, amère, acide.

Autant agacée par le cheminement de ses pensées que par la réponse fournie par le garçon, la femme claqua sa langue contre son palais puis croisa les bras sur sa poitrine, contrariée. Elle toisa son interlocuteur de bas en haut, agacée qu’il ne lui soit pas d’une plus grande aide. « Ce n’est pas comme si je risquais de les réveiller. » fit-elle d’un ton sec. Puis, comme pour appuyer son propos, elle fonça sur une statue qu’elle traversa : son action ne se répercuta aucunement sur le monde matériel.

« Je suis… » La Narkis s’interrompit. Qu’était-elle, exactement ? Quii était-elle devenue en passant dans l’au-delà ? Elle détestait cette question, car elle lui faisait réaliser tout ce qu’elle avait définitivement perdu. Elle n’était plus une Lyrienne de Deck, ni une peintre ou une enseignante et encore moins l’épouse de Dorian. Elle était morte. Elle n’était plus rien de ce qu’elle avait été, pourtant, elle s’y raccrochait désespérément, comprenant parfaitement qu’elle s’agrippait à une illusion. Elle vivait encore dans la mémoire de certains proches, ceux qui avaient suffisamment tenu à elle pour ne pas l’en effacer. « Suna. » finit-elle par répondre.

« Qu’est-ce que c’est ? » demanda la femme aux reflets cuivrés, suivant son hôte. Elle essayait de calmer son élan d’espoir : allait-il finalement la conduire jusqu’aux Vampires ? Son visage se déforma par l’incrédulité lorsqu’il les conduisit jusqu’à un buste de pierre. La femme l’observa avec un mélange d’inintérêt et de lassitude. « Il ne te ressemble pas. » Elle se retint de souligner qu’il manquait les vers, la chaire en putréfaction, l’air dépressif. La colérique avait appris à ses dépends qu’elle n’obtenait pas toujours ce qu’elle voulait en vexant ses pairs. La mort n’effaçait pas la susceptibilité. L’esprit croisa de nouveau les bras sur sa poitrine. « Ta sœur ? Pourquoi je voudrais l’attendre ? » demanda-t-elle d’un ton grondant, détachant son regard du buste pour le reporter sur le défunt. « Ecoute, j’ai vraiment besoin de retrouver ces vampires. Tu ne peux pas tout simplement me conduire à eux ? Ou bien me dire où est ce que je peux les trouver ? » S’il s’obstinait trop, elle partirait à leur recherche sans son aide, peut-être après l’avoir incendié par les mots, à défaut de pouvoir le carboniser à l’aide de ses flammes. La visiteuse inspira grandement, essayant de ne pas céder à la véhémence de son tempérament. Ce garçon voulait des explications. Était-ce le prix à payer pour obtenir ce qu’elle voulait de lui ? « Ecoute, je me moque des vampires en général. Je n’en cherche que deux… Je suis ici pour vérifier s’il s’agit bien d’eux. Et tu n’as pas à t’inquiéter pour leur sécurité. Comme tu as vu… » Elle écarta les bras, comme pour exhiber la transparence de son corps. « Je ne risque pas d’être en mesure de leur aire le moindre mal. » fit-elle. « J’ai juste… Besoin de le retrouver, pour m’assurer qu’il… va bien. »
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Ludwine Rhoswen
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Ludwine Rhoswen
Dim 01 Sep 2024, 13:49



Tous les morts ne se ressemblent pas
Suna & Parsifal



« ... » Piqué par sa remarque, je regardai mon profil de marbre de plus près, comme si je le voyais pour la première fois. Tout en angles aristocrates, l'artiste avait accentué mes pommettes hautes en creusant mes joues, que j'avais dû avoir plus rondes à l'âge adolescent. Mes lèvres avaient été taillées fines, figées dans une moue solennelle. Mes traits harmonieux se brisaient sur la ligne dentelée de mon nez. Ludwine m'avait conseillé de laisser le sculpteur effacer ce qu'elle considérait comme un défaut regrettable sur ma figure autrement séduisante, selon ses standards, mais j'avais insisté pour garder ce détail. Je n'avais pas le même rapport à la beauté que ma sœur. La sienne se définissait par la perfection lisse, de celle qui n'existe que dans sa tête. Je voyais les choses autrement. « Oui, tu as sans doute raison. » admis-je à voix basse, la gorge comme comprimée par un nœud coulant. Mon buste me renvoyait une expression indifférente, inaccessible. Mes doigts aux ongles noircis et ébréchés retracèrent la ligne de mon menton bien que je ne sentis rien de sa fermeté. Qu'aurais-je donné pour redevenir ce garçon ? Quels choix ferais-je alors pour lui donner un avenir autre que cette prison de malheurs ? Vivant, j'aurais pu continuer à protéger Ludwine, la ramener au bon sens et l'éloigner de ces Vampires, faire appel à la raison du reste de notre famille puisque nos parents fermaient les yeux sur ce qu'il se passait sous leur propre toit, faire quelque chose. Mort, j'étais inutile.

Je me détournai pour accorder ma pleine attention à Suna. Je n'appréciais pas son attitude mais elle était la première à briser ma solitude, je ne pouvais pas me montrer difficile. Naguère, je n'aurais pas toléré que quiconque me parle ainsi, et j'aurais exigé des excuses. Mais elle l'avait dit elle-même, je ne ressemblais pas à celui que j'avais été. Je devais agir en conséquence. « Je ne crains pas que tu leur fasses du mal. » En réalité, j'aurais préféré qu'elle m'apprenne vouloir leur nuire, comme j'avais échoué à le faire. Il était trop tard aujourd'hui, je m'étais privé de cette capacité. Ma haine n'était rien pour eux, elle ne faisait que m'apporter un autre type de souffrance. « Ça m'est égal, je m'en moque. » conclus-je avec aigreur.

« Je te parle de ma sœur car elle en est une. Mais elle a été transformée récemment. J'imagine que ce n'est pas elle que tu cherches. » Non, elle avait l'air de chercher un homme. Lohengrin ? Je n'avais rien à dissimuler à leur sujet, mais j'en savais peu car j'avais obstinément évité tout contact avec eux. Je croisais les bras sur mon torse décharné. « Il y a deux autres Vampires, ici. » exposai-je. « La première est Roseline Rengaw. C'est une compositrice, j'ignore si tu la connais. Le second est un Vampire qui l'accompagne, Lohengrin. Est-ce que c'est lui que tu cherches ? Il a des cheveux noirs, et des oreilles pointues comme un Elfe, Ygdraë ou Alfar, je l'ignore, je ne lui ai jamais beaucoup parlé. Je sais juste qu'il s'agit d'un peintre. Je regrette, mais je ne peux pas t'emmener les voir. Ce n'est pas que je ne veux pas, j'en suis juste incapable. Je suis piégé ici. » avouai-je, non sans amertume. « Est-ce que tu peux m'en dire plus sur celui que tu cherches ? J'ai peut-être entendu des choses qui pourront t'aider à le retrouver. »

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Jakov
Mar 10 Sep 2024, 11:16


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Parsifal & Suna

Suna sentit son cœur faire une ambardée lorsque Parsifal lui parla plus en détail de sa sœur. Alors c’était vrai, elle n’avait pas fait tout ce chemin pour rien, pas perdu de temps à suivre des pistes qui l’éloignaient davantage de son véritable objectif. Il y avait bel et bien des vampires dans ce château. Et sa sœur faisait partie de ce groupe… Sa réaction précédente aurait dû déstabiliser l’Esprit, mais la défunte était trop soulagée d’être sur la bonne piste pour s’inquiéter de l’animosité qu’éprouvait le garçon envers les Enfants de la Nuit. « Non, sans doute pas. » répondit-elle. Combien de temps s’était écoulé, depuis sa mort ? Le temps lui paraissait être une notion floue, désormais. Des années, des décennies, des siècles ? Tout ça lui paraissait à la fois proche et lointain : elle avait la sensation d’avoir vécu plusieurs vies, tout en se souvenant comme si c’était hier de la douleur dans sa gorge, de sa suffocation et de sa terreur.

Les noms qui suivirent n’évoquèrent rien à la fille du feu. Elle fronça légèrement les sourcils. Elle se sentait légèrement déstabilisée, sans trop savoir si elle devait s’accrocher à cet espoir ou le laisser à distance pour ne pas souffrir d’une éventuelle déception supplémentaire. Des noms, ça ne voulait rien dire, ça se changeait. Lors de ses précédentes recherches, elle avait déjà entendu parler de Vampires adoptant une nouvelle identité, pour fuir leur passé ou simplement pour devenir quelqu’un d’autre en intégrant cette société nocturne. Dorian cherchait-il à fuir ? A oublier la vie qu’ils avaient eu ensemble ? Suna eut l’impression d’éprouver la lacération d’un poignard s’enfonçant dans sa poitrine à cette pensée. La détestait-il au point de vouloir l’effacer de sa mémoire ? « Si ce sont eux, je ne les connaissais pas sous ce nom, mais ça ne veut pas dire qu’ils ne sont pas ceux que je cherche. » La Narkis n’en connaissait que très peu concernant le monstre qui avait transformé son mari. Elle en connaissait beaucoup plus sur Dorian. Les oreilles pointues l’avaient fait tiquer mais, là encore, il pouvait s’agir d’un subterfuge. Quand à la peinture, son époux n’avait jamais daigné s’y essayer, trop absorbé par ses études de médecine, mais peut-être cela lui rappelait-il ses propres œuvres ? « L’homme que je cherche s’appelle Dorian Lang. Il est originaire de Yangin, sur l’archipel d’Aeden. C’était un Lyrienn. »

Suna s’arrêta subitement, songeant à retardement à ce que lui avait dit le garçon. « Attends, qu’est ce que… Qu’est ce que tu as dit plus tôt ? Tu es piégé ici ? » La fille aux reflets auburn éprouva un mauvais pressentiment. Les esprits ne pouvaient pas être piégés, aucune prison n’était capable de les retenir… C’était peut-être bien le seul avantage de leur condition : une liberté et du temps infinis. Que cet esprit soit cantonné à ces quatre murs ne faisait aucun sens. Était-il la victime d’un sortilège ? D’une malédiction ? L’ancienne Lyrienne éprouva un sentiment d’insécurité. Et si c’était cette pièce, qui parvenait à retenir les esprits… ? Son inquiétude muta en panique et, sans réfléchir, elle fit demi-tour, fonça sur le premier mur, craignant à tout instant de ne pas parvenir à le traverser. A son plus grand soulagement, ce ne fut pas le cas. Pour faire bonne mesure, elle s’éloigna jusqu’à quitter totalement la bâtisse. Rassurée, elle fit demi-tour et regagna la galerie. Elle aurait pu partir pour de bon, aller à la recherche de ces vampires qu’avait nommé le décédé, certaine qu’il ne viendrait plus l’importuner. Mais elle avait éprouvé une pointe de peine pour lui. « Si c’est une malédiction, elle n’est lancée que sur toi. » conclut-elle en apercevant de nouveau le prisonnier. « C’est… Très étrange. Je n’ais jamais entendu parler d’un cas comme celui-ci… » avoua-t-elle. « Par contre, on m’a parlé de ces gens, capable de communiquer avec nous. Des vivants qui parviennent à nous voir et nous entendre. Ils se font appeler Chaman. Certains d’entre eux sont là pour nous aider à régler nos problèmes. » Suna avait songé à partir à leur recherche, pour quémander de l’aide, pour qu’on la conduise jusqu’à Dorian. Elle n’avait pas encore été résignée au point d’en venir à demander de l’aide, mais sa patience s’amenuisait à mesure que son désespoir se creusait plus profondément en elle. « Si j’en croise un… Je lui demanderai de venir te libérer. »
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