---

Les Plumes d'Or

---

Planté devant la sculpture, l'Ange ressentait de l'embarras en même temps que son esprit critique la trouvait réussie. Il y avait des murmures dans son dos, émerveillés, taquins, ou d'autres sentiments, ce qui ne pouvait lui permettre d'agir comme s'il n'avait rien vu. Être aussi connu n'avait pas que des avantages ... et celui-ci en faisait partie.

— J'ai voulu illustrer les Grands Héros de la Nation !

L'artiste était dans le même état que lui, mais ce n'était pas pour les mêmes raisons ; son anxiété venait du fait qu'il craignait de ne pas être à la hauteur d'une légende vivante. Il aurait eu envie de demander pourquoi on le considérait comme tel, mais cela aurait été une humilité mal placée. Il connaissait très bien les raisons, mais il estimait simplement ses actions comme normales. C'était son choix de défendre son peuple, cela n'avait rien de surprenant, ils étaient des centaines dans la Nith-Haiah à affronter le Mal, il était simplement plus connu pour des raisons variables.

— Je suis encore jeune pour un tel honneur.
— Pour quelle raison la jeunesse ne pourrait-elle pas vous faire briller ?
— Je n'ai encore rien accompli de plus honorable que nos aînés et ancêtres.
— Ne dites pas cela, Capitaine Katzuta. Regardez ici ! Il s'agit de Vanessa. Elle aussi était jeune !

Vanessa, l'une des premières porteuses des Ailes d'Or, disait-on. Elle ne s'était jamais vraiment élevée socialement, mais son habilité à la magie lui avait creusée un nom. Maître dans l'Art du Feu, ses capacités rendraient presque jaloux un Lyrienn du Feu, tandis que ses mains créaient des d'une beauté délicate au tranchant certain, certaines vivraient encore aujourd'hui dans des collections anciennes ... Elle offrait ses plumes tombées à ses apprentis les plus prometteurs, pour les encourager. Figure maternelle, elle se serait naturellement éteinte à un âge très avancée. Un chemin grandiose, à sa manière. Lorsqu'il avait acquis ses ailes, cela avait été aussi surprenant que soudain. Une vingtaine d'Anges promis à un Grand Destin. Et il en était l'unique survivant, aujourd'hui. Tout du moins, le présumait-il, parce que personne n'avait mis en avant des siennes en détenant une telle teinte.

— J'ai fais selon les légendes, je n'ai jamais vu ces ailes.
— Jamais ? demanda-t-il, surprit.
— Non.

Son embarras était revenu, avait-il l'impression de lui faire une demande déplacée ? Il est vrai que Neah ne les sortaient qu'en cas de nécessité. Mancinia était fière de se revendiquer Humaine, son antimagie était la preuve de son appartenance et de sa volonté. Des Anges avaient brisées leurs ailes pour survivre, craintifs. Peut-être ... Peut-être qu'il devrait être plus fier, lui aussi.

— Remédions à cela, dans ce cas.

Comme il était aisé de respirer, ces dernières apparurent dans son dos, telle la délicatesse d'une caresse. Son action avait provoqué un émoi. Pourquoi se plongeait-il lui-même dans l'embarras ?

— Comme vous le voyez, ce sont des ailes normales, disons qu'elles sont plus ... colorées.

Post I - 542 mots

---

Les Plumes d'Or

---

L'Anjonù essayait de ne pas prendre attention aux souffles extasiées des visiteurs. Cette chose qu'ils considéraient comme exceptionnel n'était que son quotidien. Était-ce pour cette raison qu'on le voyait comme un Héro ? Non, ses actions envers les siens parlaient d'elles-mêmes.

— Elles semblent vraiment avoir été plongée dans de l'or. Et ... Et ça repousse pareil, n'est-ce pas ?
— En effet, c'est quelque chose qui perdure dans le temps.

Si l'une tombait, si on lui arrachait ou si le plumage muait, cela n'y changeait rien. Ça repoussait à l'identique, comme le voulait une bénédiction divine. C'est d'ailleurs à ces excroissances particulières qu'une enfant d'Omi'Ake lui avait attribué le surnom de l'Oiseau Dorée. Il avait conservé son médaillon et se demandait comment celle-ci se portait. Est-ce qu'ils y retourneraient, un jour ? Puis, un nom résonnait à ses oreilles, loin d'être une fausse célébration dans sa poitrine, puisque sa bien-aimée était loin ... Monsieur Mancinia. Ce n'était pas désagréable à attendre.

— Eiko, la salua-t-il en pliant ses genoux pour se mettre un peu plus à sa hauteur. Je vais aussi bien que tu es enthousiaste ! Bien sûr, dès que tu le souhaites, n'hésite pas à nous écrire. Tu es la bienvenue chez nous.

Ce dernier observait sa mère, qui l'accompagnait et la saluait d'un signe de tête et qu'elle lui rendit poliment.

— On voit de qui tu tiens, tu ressembles beaucoup à ta maman.

Ce n'était pas qu'un compliment en l'air. De plus, son invitation était sincère et dénuée de mauvaises intentions ; il ne mettrait pas dehors de chez lui une enfant, encore moins une Orine.

— Non, c'est quelque chose qui m'est propre.

Maintenant qu'elle le soulignait, la situation lui paru assez ironique. Mancinia était réputée comme l'une des meilleures sertisseuses du continent, lui valant le prestigieux titre de Joaillière et lui, son Gardien et époux, avait des ailes aux teintes dorées. Elle hésitait un instant à les toucher, mais Neah fit celui qui n'avait rien vu.

— L'Anjonù Katzuta est connu, n'est-ce pas ? demanda l'artiste d'une voix enjouée. Je voulais absolument qu'il laisse sa marque dans cet événement !
— Comme tu peux le voir ... J'espère être une inspiration pour autrui, comme Mancinia l'est pour toi. D'ailleurs, elle m'a parlée de ta volonté de travailler avec elle, alors j'espère que tu me feras un joli bijou.

Le Capitaine espérait que ses paroles puissent la motiver.

— Que sais-tu des Anges aux Plumes d'Or, Eiko ? demanda-t-il, la voyant chercher sans savoir y répondre. C'est une ancienne légende, sur la Terre Blanche, notre ancien chez nous. L'on dit que l'homme qui a chassé les monstres qui peuplaient l'endroit, avant que l'on s'y installe, était très puissant. Pour avoir consacré sa Force à une cause noble, les Aetheri l'ont Béni. Depuis lors, les Anges qui, comme moi, on des ailes dorées, sont ceux qui perpétuent sa volonté de chasser le Mal. Une reconnaissance d'un ancêtre qui a beaucoup sacrifié pour les autres, un moyen de suivre ses pas, à notre manière.

Se redressant ensuite, il se retournait pour présenter les autres, ceux qui avaient passés les ères, comme lui, peut-être, en passerait encore.

— Tu peux voir ici Cassadee, c'était une enseignante en magie. Oh, là, Gepard, qui a été lui aussi Capitaine. Là, c'est la petite Clara, qui était très douée en horlogerie ... Comme tu vois, chacun avait sa spécialité. Et pour terminer, Cette statue, c'est Vanessa. C'était une Forgeronne très réputée, une véritable artiste dont les oeuvres perdurent encore aujourd'hui. Elle offrait une plume à ses apprentis les plus méritants.

Sur ces mots, l'Anjonù portait sa main vers ses ailes et saisit une plume entre ses doigts pour l'enlever. Cela lui fit un petit pincement, puis, plus rien.

— Tiens, c'est pour toi. J'espère qu'elle pourra t'encourager à atteindre tes rêves, à ton tour.

Post II - 634 mots