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 Les rêveurs égarés | Lucius

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Priam & Freyja
~ Ange ~ Niveau III ~

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◈ YinYanisé(e) le : 02/02/2018
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Priam & Freyja
Sam 07 Sep 2024, 10:53




Les rêveurs égarés

En duo | Lucius & Dastan



La morsure du parquet ne fut absolument rien en comparaison à celle de la trahison de Lucius, rangées de dents acérées qui mâchonnèrent immédiatement le cœur de Dastan. Le corps du Réprouvé dérapa sur le sol de la chambre jusqu’à heurter l’un des pieds du lit avec violence. Il poussa un grognement. Désireux de se relever, les muscles tremblants d’adrénaline, l’esprit embrumé de colère, il se redressa brusquement. Déjà dérangé par le vol impromptu, la téléportation inattendue et la chute inévitable, son estomac ne suivit pas. Le Manichéen s’agrippa d’une main ferme au rebord du lit, son autre paume plaquée sur son sternum. La nausée reflua, inondant sa gorge d’un relent acide. Il cracha, puis toussa. Autour de lui, des odeurs, des sons, des couleurs inhabituelles venaient tourmenter ses sens. Il serra les dents. Où avaient-ils atterri ? Armé davantage de lenteur, le roux se mit debout. Ses iris tombèrent d’abord sur un homme aux cheveux turquoise. D’instinct, il porta la main à sa taille pour y décrocher une arme, mais il n’était équipé que des restes déchirés et calcinés du pyjama de Boraür. Un bruit derrière lui l’incita à se retourner. Sur le matelas, Lucius. Sous l’action de la colère, son visage se déforma. « Qu’est-ce que t’as fait ? » Sa poitrine se soulevait et s’abaissait profondément, mue par les émotions qui bouillonnait en son sein. « On est où, là ? » Il pivota sur lui-même, à la recherche de plus d’indices. « Chez ton père ? » Ses yeux, pareils à deux braises incandescentes, le fusillèrent. Leur humidité n’apaisait en rien le feu qui s’y agitait, au contraire. Elle l’abreuvait. « C’était ma seule chance de me racheter ! » Ses mains se mirent à trembler. Les souvenirs de Gein’Drakul et de Boraür s’emmêlaient derrière ses rétines. Il percevait à peine ses pieds, comme s’il était à moitié décroché du sol, en suspension au-dessus de celui-ci, dans un espace entre le ciel et la terre que personne n’a jamais prénommé, un lieu et un temps qui n’existent pas véritablement, une déréalisation concrète. « Tu comprends pas ? » Il s’avança d’un pas, chancelant. Le mouvement réveilla ses blessures et il dut appuyer un bras contre le meuble le plus proche pour se stabiliser. Le couteau d’Alcide, la lame de Raguel et les serres du dragon entre lesquelles il s’était battu avaient laissé leurs marques douloureuses. La sueur au front, il dévisageait Lucius. La présence de l’étranger ne l’importunait pas – c’est peut-être le dragon, songea-t-il brièvement. Quelle importance ? S’il voulait se battre, il se battrait. Et si le Magicien avait besoin d’un chien pour le défendre, alors il était lamentable. Il se rapprocha encore. « Tout ce qu’ils vont voir, c’est que j’étais avec Érasme ! Érasme Salvatore ! » Ce fut comme si des dizaines d’abeilles venaient piquer ses cornées de leurs dards. Il revoyait le visage du Sorcier, les traits brouillés par une superposition d’expressions qu’ils n’avaient jamais vu cohabiter – le plaisir, la peur, la défaite. Et ses mots, ses mots, ses maudits mots qui lui martelaient les tympans comme s’il était parti sans sa bouche et qu’elle continuait à claquer son amour au creux de ses oreilles. Il n’aurait jamais dû lui dire ça. Il n’en avait pas le droit. Lui, il ne lui avait jamais rien demandé. Il ne voulait pas de ça. C’était trop. « Ils vont croire que je l’ai aidé ! » cria-t-il. « Que tout ça, c’est de ma faute ! Tu comprends, Lucius, tu comprends ce qu’ils vont faire ? » L’une de ses jambes céda et il se rattrapa au col du Mage Blanc. « Tu sais ce qu’on fait aux traîtres, chez moi ? C’est pour ça que je devais tuer cette hydre ! » Le poing serré, il secoua son ami. « Ils vont vouloir me tuer, et si je meurs, ce sera de ta faute. » asséna-t-il. Ça n’était pas le plus grave, pas pour lui, mais ça l’était sans doute pour Lucius. Tant mieux. Parce qu’en l’arrachant au sol de Gein’Drakul, il lui avait volé tous ses rêves. Le son de cette vérité détendit brutalement ses muscles, adoucit ses pupilles et frappa sa poitrine si fort que sa respiration se calma. « Je ne pourrai jamais retourner chez moi. Je ne serai jamais Seigneur des Deux Rives. » souffla-t-il. Les larmes qui patientaient coulèrent enfin.



Message I – 733 mots




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Kaahl Paiberym
~ Sorcier ~ Niveau VI ~

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Kaahl Paiberym
Dim 08 Sep 2024, 11:40



Les rêveurs égarés



Ma forme animale se résorba vite. Je tombai sur le lit, les lourds tissus du baldaquin avec moi. Un râle s’échappa d’entre mes lèvres lorsque je sentis la structure du meuble vaciller. J’attendis une seconde avant de me redresser. Mes bras débarrassèrent mon corps de sa couverture impromptue. Je sentais mon cœur battre à tout rompre dans ma poitrine. Les souvenirs de ma manœuvre récente ressurgirent un instant, avant de mourir sous le son des régurgitations du Réprouvé. Je sus qu’il risquait de me tuer. Ce que j’avais fait le mettait dans une situation périlleuse. J’avais pourtant l’intime conviction que si je ne m’y étais pas employé, il serait mort à l’heure actuelle. D’une manière ou d’une autre, les Bipolaires l’auraient achevé. Je ne savais pas ce qu’il s’était passé à l’extérieur de la maison de pêcheur mais j’étais persuadé du bien fondé de mon entreprise. Sans moi, son corps serait étalé dans les rues sales de Sceptelinôst. J’aurais pu prédire la suite. Dastan avait à la fois la simplicité et la complexité de son peuple. Je les avais beaucoup côtoyés et les sentiments du rouquin me paraissaient battre en même temps que mon palpitant, accrochés quelque part à l’intérieur de ce dernier. Je fronçai les sourcils, mes muscles tendus pour recevoir ses critiques. Mon regard se planta dans le sien, pour en soutenir le brasier. Je n’avais pas l’intention de lui lâcher la moindre parcelle de terrain. Mon action était juste. « C’était surtout l’occasion pour toi de mourir ! » lui répondis-je, sur le même ton courroucé. Le fait qu’il fût aveugle à cette réalité, que j’avais moi-même ressentie au plus profond de mes tripes, me rendait fou. Il était incohérent. Ses pensées et ses comportements l’étaient. Sinon, il aurait supprimé Érasme de sa vie et aurait tenté de l’éliminer à la moindre occasion. Ce n’était pas ce qu’il avait fait. Le Sorcier le poussait à se retourner contre son propre peuple. Lorsqu’il prononça son nom, je sentis ma poitrine se comprimer. Une phrase acide faillit sortir de ma bouche mais je la retins à temps. La jalousie enrobait pourtant mon cœur. Une jalousie que sa relation avec Érasme provoquait depuis que j’avais compris qu’il le préférerait toujours à moi. C’était inévitable. À chaque fois, les Ténèbres du Mage Noir l’appelaient et il ne pouvait pas s’empêcher de courir à leur recherche. Ses mots le prouvaient. Il était avec Érasme. Comme au Fessetival. Comme à chaque fois que nous étions ensemble et que le Sorcier apparaissait. Boraür en était un exemple parlant. Ils avaient passé leur temps tous les deux. Alors oui, tout le monde voyait qu’il était avec Érasme, parce que c’était la vérité. « Parce que tu ne l’as pas aidé peut-être ? » Je l’assénai comme une réalité. J’étais sûr que c’en était une. J’aurais pu être hésitant, lui demander s’il l’avait aidé ou non, mais l’ire secouait ma respiration d’un élan empli de convictions. Je me tendis davantage. Sa force était à l’image de son état : dangereuse. Je serrai les dents lorsqu’il voulut me faire porter le poids de l’hypothèse de sa mort. Il était le seul ici à ne pas comprendre. Si je l’avais laissé, il serait en train de gésir dans son propre sang.

De l’air s’échappa d’entre mes lèvres. Le voir pleurer rendit ma trachée brûlante et mon cœur lourd. J’hésitai, toujours irrité. Je m’adoucis pourtant, comme si je n’avais d’autres choix que de supporter ce Réprouvé stupide qui copinait avec le pire Sorcier du monde. Mes bras finirent par l’entourer tout en prenant garde de ne pas toucher trop de zones accidentées. Lorsqu’il était perdu comme il l’était à présent, quelque chose en moi m’incitait à réparer les fissures de son âme. Je ne lui pardonnerais jamais pour Érasme. Pour le reste, c’était différent. « Tu pourras retourner chez toi plus tard. » lui assurai-je. « Tu serais mort si je n’étais pas venu te chercher. Tu aurais tué l’hydre, et après ? Tu avais l’air de te battre avec quelqu’un d’important. Et tu étais avec Érasme avant. » Je tentai de reconstituer l’écoulement du temps. Je tâtonnai dans mes hypothèses mais pas assez pour me taire. Je m’éloignai légèrement pour que mes mains pussent se poser sur ses joues. Mes prunelles rencontrèrent de nouveau les siennes. La tristesse ne lui allait pas. Elle créait en moi des brisures insupportables. « Reste ici, le temps de te soigner. » Ce serait plus long que ça. Il ne pouvait pas y retourner. Pas maintenant. « Je t’aiderai à devenir Seigneur des Deux Rives. Je te le promets. On trouvera un moyen. »

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Priam & Freyja
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Priam & Freyja
Jeu 12 Sep 2024, 21:59




Les rêveurs égarés

En duo | Lucius & Dastan



Les yeux clos, Dastan s’abandonna aux bras de Lucius. Feuille trop tôt arrachée de l’arbre censé la nourrir, il y tomba avec la même douceur que celle qui rejoint le sol en tourbillons incontrôlés, saupoudrés d’une légèreté qui, pour celui qui y prend gare, ressemble davantage à la lourdeur de la mélancolie. Elle étreignait déjà le cœur du Manichéen. Sa tête reposait sur l’épaule du Magicien, et il songeait que s’il n’avait pas été là, elle se serait fracassée sur le carrelage. Il se serait frappé le front contre celui-ci jusqu’à se l’exploser, et il aurait regardé se répandre cette cervelle qu’il ne savait jamais maîtriser comme il l’aurait souhaité. Le sang aurait aspiré ses tourments. Étourdi, il aurait peu à peu sombré dans un état vaseux, à mi-chemin entre la Laas et la Dilon, à deux pas des Zaahin, qu’il n’effleurerait que pour rejoindre plus cruellement le monde des traîtres. Il se serait enfoncé une dague dans la poitrine, si profondément qu’il l’aurait sentie franchir chaque carré de peau, de veine, de chair, de muscle, d’os, de cartilage, d’organe qu’il lui aurait été possible de cisailler. Les battements de son cœur auraient ricoché sur la pointe métallique de la lame, et de leur rencontre serait né le chant du dernier soupir. Peut-être que sa mort aurait racheté ses fautes, lavé son honneur, tranquillisé sa mémoire, redoré son image ? Il avait quelque chose du soleil. Un rayon semblait s’être accroché aux contours de sa silhouette et, pris au piège de son âme, ne pouvoir briller qu’à travers lui. Mais privé de ses dorures fascinantes, l’astre du jour n’existait plus. Dastan rêvait de sombrer dans une mare de sang comme le soleil se noie dans l’océan.

Les mots de Lucius, pourtant, ne s’entichaient pas de cette possibilité. Ils parlaient d’autres rêves, de ceux qui l’avaient toujours suivi et qu’il se croyait obligé d’abandonner – que son cœur douloureux, déçu de lui-même, avait égaré. Il déglutit. « Ils me tueront. » souffla-t-il. « Quelle différence entre mourir maintenant ou plus tard ? » Il resserra son étreinte autour du torse de son ami. Son visage remonta contre son cou. Alors que cette parcelle de peau était généralement exposée à tous les vents, il y régnait toujours une odeur chaude et réconfortante. Celles de son père, sa mère, son frère ou ses sœurs étaient marquées au plus profond de lui-même, sculptées par une succession d’étreintes chaleureuses. Il se rappelait parfaitement de celle de Draegr et des autres femmes dont il avait pu partager la couche. Il se souvenait de celle de Lucius, et il ne pouvait oublier celle d’Érasme. Il respira celle du Mage Blanc comme si elle avait le pouvoir de gommer toutes les autres. Il n’eut pas le temps de s’y perdre. Les mains fraîches du brun surprirent ses joues brûlantes. Ses iris bronze se coulèrent dans la verdure des siens. Sa proposition lui fit légèrement baisser le menton, les yeux avec. Il réfléchit. Où pourrait-il aller ? Freyja allait sûrement vivre ici. Priam n’avait pas donné signe de vie depuis la guerre. Il se voyait mal aller toquer chez lui pour lui demander l’hospitalité. Il n’avait pas envie de le voir. Son silence l’avait blessé. La seule habitation qu’il possédait se trouvait – ironiquement – à Gein’Drakul. « Je n’ai nulle part où aller. » Il haussa les épaules, avant de se redresser. Ses prunelles percutèrent celles de Lucius. Ses mâchoires se contractèrent et ses lèvres se serrèrent. « Ne dépense pas ton énergie pour rien. » Sa main remonta vers le visage de son ami. Du bout du pouce, armé d’une délicatesse qui contrastait avec la dureté de son ton, il caressa sa pommette, avant de s’écarter.

Malgré ses plaies, il quitta le confort du matelas pour se relever. Durant quelques secondes, il dévisagea l’autre homme, dont les cheveux turquoise descendaient en chute libre sur ses épaules. Puis, il se détourna et marcha jusqu’à la fenêtre. Dehors, un tapis de fleurs colorées s’étendait jusqu’à une ligne d’arbres dont les branches oscillaient sous la brise. L’or lui manquait déjà. « J’aurais pu tuer l’hydre, et si je l’avais tuée, Raguel n’aurait rien fait. » Il passa son index sur le bord de la plinthe. « C’est la Thur de Sceptelinôst, la cheffe. Ça la troublait déjà de devoir me combattre, alors me tuer… » Il revoyait encore l’étincelle qui avait vacillé dans ses pupilles, quand il s’était relevé des flammes. « De toute façon, elle n’a pas le droit de décider sans les autres. » Ce n’était pas sa Sentinelle. Se trouver sur ses terres ne suffisait pas pour tomber sous sa juridiction. Il l’avait espéré, tout du moins. Il y avait cru. Il n’en savait rien. Un long soupir fit trembler sa trachée. « Fuir, c’est… » Il pencha la tête et ses épaules se voûtèrent au-dessus de sa nuque. La déchirure de son omoplate lui arracha une grimace, cependant, il ne chercha pas à se soustraire à la douleur. Le silence plomba son esprit. « C’est une condamnation. Elle va le dire à Hazaan et à Graelf, et peut-être à Atthirari aussi, et ils ne me laisseront jamais revenir. » Les poings refermés contre le verre froid de la fenêtre, il observait ses jointures avec une concentration qui excitait le déni. « Ou juste pour me trancher la tête. » Un pli amer déchira ses lèvres. « J’aurais dû prendre celle d’Érasme et la faire rouler à leurs pieds. » La colère gravit brutalement sa poitrine, et dans un élan sauvage, il lança son poing contre la vitre ; le verre éclata et ses crocs pointus déchirèrent sa peau jusqu’au coude.



Message II – 941 mots




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Kaahl Paiberym
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Kaahl Paiberym
Dim 15 Sep 2024, 20:51



Les rêveurs égarés



« Tu n’as qu’à rester ici, chez mon père. » Kaahl n’y verrait probablement aucun inconvénient. Il recueillait tout chez nous, à l’exception des animaux errants qui devaient rester dans le parc et pour lesquels il ne semblait avoir aucun intérêt. Je me souvenais de mon épreuve pour les Dragonniers. On lui avait proposé de se lier, lui-aussi. Il avait refusé là où d’autres auraient tué pour recevoir un tel privilège. De plus, Dastan n’était pas n’importe qui. C’était le frère de Freyja. Je ne le voyais pas refuser. Rapidement, mon esprit imagina des arguments à lui avancer dans le cas où j’avais tort. J’étais prêt à faire ce qu’il voulait pour que le Réprouvé restât ici. J’étudierais mes cours avec plus de sérieux, je garderais mes frères et sœurs, je l’aiderais de différentes manières et je m’occuperais de tout concernant le rouquin, pour qu’il ne cassât rien et s’acclimatât au mieux. Son commentaire m’arracha un soupir venu du cœur. Érasme et lui avaient en commun de tout dramatiser. Quand ça leur prenait, tout semblait négatif à l’excès, tragique à outrance. Je reconnaissais volontiers que sa situation était merdique mais il y avait toujours des solutions. Mon père pourrait nous aider ou bien Adam Pendragon qui jouissait une certaine influence chez les Bipolaires. Peut-être que Freyja ou Priam pourrait jouer un rôle également. Ce n’était pas la faute du Manichéen. C’était la faute d’Érasme. « On peut toujours livrer Érasme… » murmurai-je pour moi-même, alors qu’il s’éloignait. Ce serait une solution. Ça aurait même été la solution idéale s’il n’y avait pas eu Seaghdha. Mon corps entier avait tremblé face à la tentative de suicide du Sorcier. J’étais convaincu de ne pouvoir survivre s’il venait à mourir. Ou alors… ou alors… Une Orine serait la solution. Si je me liais, nos deux vies seraient séparées pour toujours. Je pourrais le tuer. Mon père m’en avait parlé une fois. Je n’avais jamais vu celle qu’il possédait mais je savais qu’il en avait une et que cela lui garantissait la survie si l’un de ses frères mourait. Si les Rêves ou un autre sortilège me liait à Érasme, une Orine pourrait peut-être mettre un terme à cette torture. Mes yeux dérivèrent sur Azur. Mavkae s’était niché en haut d’un meuble et nous observait d’un air princier, en taille miniature. Azur, lui, restait juste là, à nous écouter sans parler.

Mon attention se reporta sur Dastan qui refaisait le monde avec des hypothèses bancales. Ladite Thur l’aurait tué, qu’il eût terminé l’hydre ou non. Tout le monde chez les Magiciens parlait du couple qu’il formait avec Érasme. Les Mages Blanches mouillaient leur culotte en les imaginant ensemble. S’il avait été épargné chez les Réprouvés, c’était surtout parce qu’ils vivaient en autarcie, comme des ermites dans leur grotte. Chez les Sorciers, c’était différent. Certaines choses ne se disaient simplement pas, pas en public, pas à voix haute. Je l’avais compris en discutant avec Érasme. Je me redressai. « Tu n’as pas fui. Je t’ai enlevé. » lui fis-je savoir. D’ailleurs, à partir de maintenant, je pouvais clamer qu’il était mon otage si ça l’arrangeait. Je doutais cependant que sa position fût connue des Bipolaires pour le moment. Ils l’apprendraient plus tard, s’il restait.

J’allais répliquer que trancher la tête d’Érasme serait effectivement une bonne idée mais je n’en eu pas le temps. Le bruit du verre me fit sursauter. « Putain mais ! » m’exclamai-je, en activant ma magie qui alla entourer la silhouette meurtrie de mon ami en se passant de son consentement. Le petit pois qu’il avait dans le cerveau n’était pas prêt de germer. Avoir l’impression d’être le plus raisonnable de nous deux m’arracha d’ailleurs une plainte. Elle se perdit dans mes mouvements. Je le rejoignis et le forçai à me regarder. « Fous pas ton sang partout sinon c’est mon père qui va te buter quand il va rentrer. » le rouspétai-je, le cœur battant. « J’ai une idée. De toute façon, on sait tous les deux que ça doit se finir comme ça. » À cause des Rêves, même si les différentes versions ne répondaient pas toutes à mes vœux. « Je vais me trouver une Orine et ensuite on livrera Érasme. Ou on le tuera. Tu pourras rentrer chez toi avec sa tête. » J’inspirai. « Il veut déjà crever. Et si on ne le tue pas, c’est lui qui nous tuera. Tu sais bien que t’as rien à faire avec lui. » Et plus généralement, le Monde se porterait mieux sans le Sorcier. J’en étais persuadé. « Tu ne pourras pas le sauver toute ta vie sans mourir toi-même. Tu sais que j’ai raison. C’est lui ou toi. » J’enfonçai mes iris dans l’ambre de ses prunelles. Maintenant que j’avais formulé ma pensée à voix haute, elle me paraissait plus acceptable. Il devait me choisir. « Il ne t’a apporté que des emmerdes. Moi je t’offre mon soutien. Mon père deviendra Roi… et moi ensuite. Et j’aurai plein de Dragons. » dis-je, comme si je prophétisais ma propre existence. « On pourra détruire les Mages Noirs ensemble. Ils n’extermineront plus jamais les tiens. » « J’ai faim. » articula distinctement Azur. Je le soupçonnais parfois d’aimer briser l’ambiance. Il rappliquait souvent lorsque j’étais avec des filles.

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