Ô douce nuit
Jämiel & Bellone

Dove Cameron, Khalid - We go down together

Les mouvements subits à côté d’elle tirèrent Bellone de son songe. Elle se sentit peu à peu rattrapée par la réalité, prenant progressivement conscience des sensations dans son corps : la douce chaleur diffuse d’avoir été sous la couette, son bras légèrement engourdi d’y avoir trop longuement appuyé le reste de son corps, et puis, surtout, les battements frénétiques de son cœur. Les palpitations affolées ne tardèrent pas à trouver échos dans une angoisse qui lui écrasa la gorge et lui barbouilla le ventre. La rêveuse se réveilla soudainement dans un sursaut : elle ouvrit les yeux d’un seul coup. L’effort lui en demanda trop et ses paupières s’abaissèrent de nouveau. Elle passa sa main à côté d’elle, pour trouver celle de Jämiel. Elle tâta le drap encore chaud mais vide, ce qui ne fit que raviver son anxiété. La brune inspira profondément, tout en se redressant en position assise. Cette lente respiration lui fit du bien. Elle l’aida à comprendre que son état n’était pas dû à ses propres émotions, mais que le Lien mimait en elle les tourments de son Aisuru. Qu’est ce qui avait bien pu le mettre dans cet état ? Nerveuse, elle essaya de se concentrer sur une nouvelle inspiration, afin de démêler ses sentiments de ceux de l’Alfar. « Jämiel ? » appela-t-elle d’une voix encore enraillée par la fatigue tout en se frottant les yeux.

Le Nerethi apparut à ses côtés, comme s’il ne l’avait jamais quitté. La Soerei posa une main sur sa cuisse. « Ce n’est rien. » le rassura-t-elle, posant son regard sur lui. La pénombre rendait difficile de discerner ses traits, mais la jeune femme y décela quelques traces de tracas. « Qu’est ce qu’il se passe ? » demanda-t-elle d’une voix douce. « Qu’est ce qui t’a réveillé ? » La dormeuse jeta un coup d’œil sur la table de chevet, où une horloge lui indiqua qu’il était à peine deux heures du matin. « Tu ne te sens pas bien ? » demanda-t-elle à nouveau, connaissant parfaitement la réponse. L’elfe noir éprouvait des émotions trop négatives pour qu’il pût aller autrement que mal. Inquiète, Bellone lui retourna son regard insistant, essayant de percer le mystère de son mal-être. Lorsqu’il vint toucher son visage, elle appuya sa joue contre ses doigts, accueillant ce contact avec bienvenue. Elle leva également sa main et reproduisit son geste, qu’elle continua en descendant sur son épaule puis sur son bras, avant de trouver sa main à laquelle elle s’arrima. « Ce n’est pas grave. » répéta-t-elle, sans trop savoir s’il s’excusait de l’avoir réveillé ou pour autre chose : son ton avait été trop grave pour une situation si banale.

L’Orine écarquilla les yeux lorsque son Aisuru se jeta à son cou. Naturellement, ses bras s’enroulèrent autour de son corps fébrile, presque tremblant. Elle percevait sa détresse et son désarroi. La brune ferma les yeux un instant et s’accorda une nouvelle inspiration pour maintenir son calme propre. Elle se devait d’être forte pour eux d’eux, pour aider Jämiel à se sentir mieux. « Eh… Tout va bien… » murmura-t-elle d’une voix douce, l’une de ses mains frottant le dos de l’homme pour essayer de le rassurer. Elle prolongea le contact un instant, le serrant contre elle le plus fort possible, comme pour lui faire comprendre qu’elle était bien là pour lui. Puis, doucement, elle se retira de l’étreinte. Ses mains vinrent encadrer son visage, qu’elle détailla minutieusement, comme pour y lire ce qui le préoccupait. « Ça va aller. Je n’ai rien, d’accord ? Tu n’as rien à te reprocher. » assura-t-elle. Bellone essayait de maintenir son inquiétude hors de portée, afin de ne pas impacter encore plus l’humeur de Jämiel.

« Attends. Je vais te préparer quelque chose à boire, ça te fera du bien. » L’Orine s’extirpa hors du lit et alla vers une commode où deux tasses avaient été remontées. Bellone frotta ses mains entre elles puis en positionna une au-dessus de chaque récipient. Elle ne tarda pas à sentir la chaleur sous ses paumes, et l’arome du cacao lui chatouiller les narines. Satisfaite, elle revint s’installer près du brun, posant sa propre tasse sur la table de chevet. « Tiens. » fit-elle en donnant la seconde au Nerethi. Sa main libérée revint caresser le dos de son âme-sœur. « Qu’est-ce qu’il t’est arrivé ? » demanda-t-elle. « Pourquoi pensais-tu devoir te faire pardonner ? » voulut-elle savoir.

Pouvoir utilisé : Esse'Aellun | Chocolat chaud | Il s'agit d'une boisson qui paraît particulièrement savoureuse lorsqu'elle est créée pour être partagée avec l'autre. Elle rend alors les deux personnages liés heureux.

Ô douce nuit
Jämiel & Bellone

Meimuna - Sous la nef

Un cauchemar, capable de tirer un homme du domaine des songes, n’était jamais agréable. Mais pour que celui-ci parvienne à plonger Jämiel dans un tel état d’anxiété et d’affolement, qu’il le force à quitter le confort des draps pour préférer l’air revigorant et salvateur de la nuit, c’est que le tourment onirique avait dû être particulièrement atroce. Bellone avait passé trop de temps dans ce monde tissé d’illusions pour ignorer les effets qu’il pouvait produire sur le réel. Elle comprenait parfaitement l’impact que pouvaient produire les songes sur l’éveil, et les craignaient encore. A dire vrai, elle n’osait retrouver la quiétude de la nuit que depuis peu de temps. Si elle avait d’abord abusé de substances pour se priver de sommeil, son séjour à Maëlith lu avait apporté d’autres solutions. Elles n'effaçaient cependant pas les cicatrices, l’appréhension chaque soir de se laisser de nouveau aspirer par l’univers qui l’avait retenue captive. Elle ne pouvait s’empêcher de craindre de se retrouver de nouveau coincée dans de terribles cauchemars, ou des rêves tellement doux qu'elle ne voudrait plus en sortir. Elle parvenait à repousser peu à peu ses angoisses et ses appréhensions. La présence de Jämiel l'apaisait également. Du moins, jusqu'à présent. Le voir chamboulé à ce point, pour une raison si similaire à celles qui l'avaient maintenue éveillée des semaines durant, jusqu'à en mettre sa santé en danger, raviva un écho d'angoisse qui sommeillait en son for intérieur : l'avait-elle contaminé de ses propres afflictions au travers du Lien ? Ses peurs s'étaient-elles infusées en lui par sa faute ? Bellone se mordilla légèrement la lèvre. Non. Elle n'avait pas ce pouvoir. Du moins ne le pensait-elle pas. Elle l'espérait, en tout cas, car elle ne pourrait pas se pardonner d'être à l'origine de ses tourments nocturnes. Tendant le bras, elle s’empara de la boisson qu’elle avait invoqué pour commencer à la boire.

« Vu l'état dans lequel tu es, ce n'est pas "si peu." Et puis, je suis là pour toi, surtout quand ça ne va pas, n'est-ce pas ? » C'était la promesse de leur Lien. Un soutien mutuel, une personne sur qui compter, vers qui se tourner lorsque le reste du monde semblait trop lointain pour y trouver du réconfort. L'Orine écouta l'Aisuru avec attention. Elle garda le silence, pour lui laisser l'espace de s'exprimer. « Mmh... Cette histoire ne me dit rien... » répondit-elle finalement en comprenant qu'il avait terminé de raconter son anecdote. Mais cela n'avait rien d'étonnant. Les agissements de la Khæleesi remontaient à longtemps, à une époque où la brune n'était pas prédestinée à un Alfar et où les évènements concernant la race ne l'intriguaient guère. L’Orine grimaça en s’imaginant le sort des pauvres créatures qui avaient été braconnées. Son peuple les considérait comme des êtres sacrés, notamment parce qu’ils incarnaient l’une des formes de Sozo. Que l’on puisse vouloir s’en prendre à quelque chose d’aussi pur, d’aussi précieux lui semblait tout bonnement monstrueux.

Bellone observa l’Alfar se redresser. Elle hésita une fraction de seconde avant de le rejoindre et de se placer dans son dos. Plus petite que lui, elle dû se hisser sur la pointe des pieds pour parvenir à voir par-dessus son épaule. La vue de la nouvelle cité s’étendait sous leurs yeux. « J’ai rêvé que l’on avait bâti une cité comme celle-ci, ensemble. Une cité rayonnante, où tous les peuples parvenaient à s’entendre. » Les détails étaient flous, mais elle se souvenait également d’un enfant, du leur. « C’était un rêve heureux, je crois. » souffla la brune en passant ses bras autour de la taille de son compagnon. Elle parlait rarement de ce que lui avaient inspirés les génies. « Quand j’ai trop peur de me heurter à des cauchemars, je me rappelle qu’il m’arrive aussi de trouver des images réconfortantes. » fit-elle, sans préciser que les douceurs étaient capables de gangréner le cœur autant que les fléaux, avec un vice différent, plus sournois, mais pas moins dangereux. « Viens, je vais t’aider à te rendormir. J’ai appris quelques astuces, à Maëlith. »

Ô douce nuit
Jämiel & Bellone

Eclipse 蝕 (手遊《陰陽師》大夜摩天閻魔 角色曲)

« C’est justement parce que j’ai déjà été dans cette situation que je peux t’aider aujourd’hui. » répondit Bellone, un sourire timide se dessinant sur ses lèvres. Elle sortait tout juste la tête de l’eau de ces mois difficiles, c’était vrai, mais elle était désormais en capacité d’aider son Aisuru. « Qui sait, peut-être que Liànjiē m’a mis face ces épreuves pour que je puisse t’être utile aujourd’hui. » plaisanta-t-elle. C’aurait été un jeu bien cruel que celui-ci, car les tourments de la brune avaient été bien plus vicieux que la conclusion d’une simple nuit. « Si ça t’était arrivé quelques mois plus tôt, je n’aurais pas été en mesure de t’offrir quoi que ce soit de plus qu’une vulgaire -oh. »

L’Orine avait sentit l’Alfar tirer sur sa main pour la retenir en arrière. Elle n’exerça pas de contrainte et se laissa attirer vers son Aisuru, surprise. Elle le fut d’autant plus lorsque leurs lèvres se rencontrèrent. Ses yeux s’écarquillèrent, son souffle se bloqua dans sa gorge, ses jambes tremblèrent d’un frisson fébrile. Une explosion gronda dans sa poitrine ; un brasier enflamma ses lippes, et partout où le brun la touchait, un grésillement électrique semblait raviver ses sens. Bellone ne résista pas à ces sensations et, l’effet de surprise dissipé, elle les embrassa pleinement, savourant le contact de l’adolescent et répondant à son baiser. Elle se pressa davantage contre lui, passa ses bras autour de son cou. Puis, lentement, elle laissa ses mains redescendre contre la poitrine de l’Arcesi. Là, elle exerça une pression progressive pour se forcer à se détacher de lui. Troublée par ce qu’ils venaient de faire, elle chercha à sonder son regard pour y trouver des réponses. Gênée, elle laissa un rire lui échapper. « Je n’ai pas appris cette méthode à Maëlith mais, ma foi, elle vaut peut-être le coup d’être essayée. » plaisanta-t-elle pour essayer de se détendre.

« Je… » La Soerei pressa ses lèvres l’une contre l’autre, ne sachant comment rebondir. « Je ne sais pas vraiment ce que ça veut dire… » avoua-t-elle dans un souffle. Elle se plongea dans le Lien qui les unissait, pour essayer de comprendre ce qui avait motivé le brun. Elle esquissa un sourire contrit en comprenant que son Aisuru avançait dans un brouillard comparable au sien. « Je ne suis pas certaine que tu le saches mieux que moi. » Avec délicatesse, elle déposa une main sur la joue du garçon, caressant légèrement de son pouce la peau de celui qu’elle venait d’embrasser. Sa main se détacha pour aller s’enrouler autour d’une mèche de cheveux. « Je t’aime. » Il leur était déjà arrivé de se le dire. De son côté, c'était devenu un peu ambiguë. Elle l’avait d’abord aimé comme un ami, un confident, son pillier, jusqu’à ce que ses sentiments se teintent d’un romantisme qu’elle avait cherché à ignorer. Il lui semblait avoir réussi à renier cette étincelle plutôt bien. Elle n’avait jamais eu le choix : Jämiel était promis à une autre, même aujourd’hui ; leur départ de Drosera avait rallongé les fiançailles, mais le mariage devrait toujours avoir lieu. La brune n’avait jamais voulu compliquer la situation en venant rajouter des sentiments indésirables dans l’équation. Elle n’était pas certaine que ce baiser change quoi que ce soit au devoir du brun. Pourtant, en cet instant, elle avait l’impression que la digue avait cédé, et que chaque impulsion qu’elle avait retenue par le passé réclamait d’être assouvie en cet instant. « Tu n’as pas à me le dire, si tu n’es pas sûr de toi. » assura-t-elle. En ce qui la concernait, il n’y avait plus de doute possible.

Ô douce nuit
Jämiel & Bellone

前方有山 身后有河

Bellone se sentait étonnement calme. Elle était traversée par un torrent d’affection pour son Aisuru, comme si elle découvrait pour la première fois la passion qu’elle nourrissait à son égard, l’intensité de son amour pour lui. Avoir dis ces trois petits mots avaient ouvert les vannes, et leur fantôme courrait encore sur sa langue : elle aurait pu les répéter encore, les crier à plein poumons pour essayer d’exprimer ce qui se passait dans sa poitrine. Elle garda pourtant le silence. Malgré le tumulte, elle se sentait également apaisée, comme libérée d’un secret qu’elle avait trop longtemps gardé pour elle. Elle aurait pu regretter d’avoir laissé échapper ses sentiments face à son contrôle, craindre d’avoir dépassé les limites en révélant ses émotions, angoissé à l’idée que Jämiel n’ait agi qu’à cause de l’état dans lequel l’avait mis son rêve, sans qu’il n’y ait véritablement matière à poursuivre une relation romantique. Tout cela était peut-être vrai mais ne parvenait pas à troubler la brune. Elle avait simplement été sincère. Qu’il ne lui retournât pas ses sentiments ne diminuerait pas les siens, ils resteraient là quoi qu’il lui répondît. Elle ne s’en cacherait plus.

L’Orine laissa l’Alfar s’exprimer, attentive, son regard rivé sur lui. Lorsqu’il plaça ses mains de chaque côté de son visage, elle s’accrocha à lui avec délicatesse, savourant à nouveau ce geste de tendresse. Lorsqu’il lui délivra enfin sa réponse, Bellone en put retenir un souffle et un sourire amusés. Jämiel avait sa façon bien à lui de lui répondre qu’il l’aimait également. C’était une manière détournée, peut-être un peu pudique, sans doute tortueuse voire obscure pour quelqu’un d’autre. Mais la jeune femme n’aurait voulu pour rien au monde qu’il ne la changea. C’était ainsi qu’il était le plus authentique. « D’accord. » murmura-t-elle.

La jeune femme resserra ses doigts autour des poignets de celui qu’elle aimait. Elle aurait voulu cristalliser ce moment dans le temps, qu’il ne cesse jamais. Alors elle ne bougea pas, de peur que se détacher de Jämiel ne brisa le charme, comme si ces quelques minutes n’avaient été qu’une bulle hors de la réalité et que d’y replonger serait aussi cauchemardesque que le songe qui avait tout commencé. Elle aurait voulu posséder l’audace de l’embrasser à son tour également. Elle se contenta d’une étreinte, venant déposer sa tête contre l’épaule de l’adolescent, ses bras se nouant à sa taille. Elle laissa un instant passer avant de laisser un gloussement lui échapper. « Je crois que je suis beaucoup trop galvanisée pour réussir à me rendormir. » avoua-t-elle. « Si l’on avait été chez nous, je t’aurais proposé de te jouer un morceau mais je crains que ce ne soit pas au goût de mes colocataires. » fit-elle à l’idée de réveiller ses voisins de chambre. Elle ne les avait pas encore rencontrés qu’un tel acte risquait de les froisser.

Ô douce nuit
Jämiel & Bellone

Dear my all - Mingginyu

Bellone s’installa sur un banc. La brise fraiche de l’extérieur lui arracha un frisson mais cela ne la dérangea pas – elle avait l’impression qu’un brasier continuait de brûler à l’intérieur d’elle-même, une passion débordante qu’elle ne parvenait plus à maîtriser. Le muret de pierre était entouré d’une plante herbacée qu’elle avait facilement identifié : de la belladone. Des baies pesaient sur les tiges tendres. « Bien, ici on ne devrait déranger personne. » conclut-elle en sortant le Xun d'Estella qu’elle avait apporté. Elle esquissa un sourire complice alors qu’elle approchait de ses lèvres le cadeau que lui avait offert son Aisuru. Elle souffla délicatement dans l’instrument, ses doigts pianotant sur les trous creusés dans le corps de l’objet. La mélodie s’envola dans l’air, reproduisant une musique traditionnelle du peuple des elfes noirs.

Les dernières notes se mêlèrent aux murmures des festivités qui persistaient dans la nouvelle cité cosmopolite. Bellone laissa l’instrument reposer sur ses genoux. Elle esquissa un sourire. « J’ai l’impression que ça faisait une éternité que je n’avais pas joué. » Elle esquissa une moue, entre le sourire et la grimace. « A Maëlith, il est difficile de faire trois pas sans entendre quelqu’un s’entraîner. Et puis, je ne parle même pas des spectacles qui sont organisés. » Il y avait toujours une représentation, dans une ruelle ou bien dans une salle de concert. Même lorsque la musique n’était pas au centre de l’attention, elle accompagnait les mises en scènes, les danses, les récits. L’aura de Kennocha semblait omniprésente dans la cité des Arts, et la musique en particulier. Son manque de pratique lui donnait parfois l'impression d'avoir trop régressé.

La musicienne se tourna vers le violoniste. Elle inspira profondément avant de reprendre la parole. « Jämiel… qu’est ce que ça signifiait, ce baiser ? Est-ce que ça veut dire que je deviendrai ta maîtresse, quand tu seras marié ? » Il n’était pas rare qu’un amour naisse entre deux Liés, et qu’une liaison en découle. Certaines étaient reconnues, d’autres moins. La polygamie n’était pas ouvertement admise chez les enfants de Dothasi. « Est-ce que je peux t’embrasser quand j’en ai envie, ou bien dois-je rester discrète ? » Tout était toujours complexe, surtout dans la société Alfar, où les apparences primaient. Elle ne voulait pas jouer de comédie mais elle comprenait que la situation du brun ne leur permette pas de se comporter comme ils le souhaitaient. Leurs sentiments avaient été admis, mais la question était de savoir s’ils pouvaient continuer à l’exprimer en dehors de la sphère privée. « Je me moque de ce que tu décideras, j’ai juste besoin de savoir comment je suis censée me comporter. » fit-elle pour essayer de ne pas mettre de pression sur le brun. « Je n'attends pas de réponse immédiatement, juste... réfléchis-y. »

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Jämiel & Bellone

Dear my all - Mingginyu

Bellone acquiesça en écoutant la réflexion de Jämiel. Le peuple des Alfars subissait les bouleversements des nouvelles politiques de l’Amarante. Malgré les apparences, les jeunes Alfars ne pouvaient pas être impassibles face au traitement qu’on leur réservait : être éjectés de la cité qui les avait vu grandir, du jour au lendemain, après avoir appris à ne vivre qu’en autarcie, sans jamais être confronté à la réalité du monde extérieur. Il fallait témoigner d’une grande force de caractère pour accuser le coup. Bellone serra la main qui était venue s’enrouler autour de la sienne. L’Arcesi faisait partie de ceux qui avaient su rebondir pour tirer le meilleur de la situation. Une pointe de fierté l’étreignit à cette pensée.

L’Orine essaya de masquer sa gêne à l’évocation de Nóirín. Il lui était difficile de savoir comment se positionner face à la promise de son Aisuru. Elle percevait son animosité à son encontre – à une autre époque, elle aurait même pu parler d’hostilité. Leur trio s’entremêlait dans des relations complexes et inextricables : aucun d’entre eux ne pouvait se retirer de l’équation, malgré les tensions qui pouvaient grandir entre eux. « Oui… Ce serait cruel de nous afficher devant son regard. » Leur relation ne changeait pas le statut de la jeune Alfar, mais les sentiments qui s’étaient immiscés entre eux ne seraient certainement pas à son goût.

Bellone se laissa aller dans les bras de l’adolescent, reposant sa tête sur son épaule. Elle esquissa un sourire rêveur. « Oui, c’est une bonne idée. » profiter de l’instant présent, de ce moment qu’ils pouvaient ne partager que tous les deux. Son cœur tambourinant dans sa poitrine, elle se redressa puis, lentement, s’approcha du visage de son amoureux. Son regard oscillait entre celui de Jämiel et ses lèvres, qu’elle vint embrasser, d’abord timidement, puis avec plus de passion à mesure que le contact se prolongeait. S’ils ne savaient pas encore comment se comporter en public, leur prochain baiser ne serait peut-être pas avant longtemps : Bellone ne voulait pas manquer cette occasion. La brune se retira comme elle s’était approchée. La soerei se sentait confuse, tiraillée entre l’envie de continuer à embrasser l’alfar durant toute la nuit, et cette impression étrange qui la tiraillait lorsque leur nouvelle proximité lui faisait tourner la tête. Embarrassée, elle laissa un nouveau rire lui échapper.

« J’ai entendu dire qu’il y aurait une sculpteuse Alfar, à Iyora. » déclara soudainement l’Orine pour essayer de ramener un semblant de normalité. « Une certaine Deirdre Malvulius. » informa l’artiste. « Ce n’est pas très étonnant, vu son héritage… » La Dynastie portant ce nom était réputée dans Drosera pour être infiltrée dans tous les domaines artistiques. « Est-ce que tu connais son travail ? »